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administrateur théâtres

12272764654?profile=originalDu 22 septembre au 22 octobre 2011

Le tour du monde en 80 jours au Théâtre royal du Parc

Day ONE « Phileas Fogg était de ces gens mathématiquement exacts, qui, jamais pressés et toujours prêts, sont économes de leurs pas et de leurs mouvements. Il ne faisait pas une enjambée de trop, allant toujours par le plus court. Il ne perdait pas un regard au plafond. Il ne se permettait aucun geste superflu. On ne l'avait jamais vu ému ni troublé. C'était l'homme le moins hâté du monde, mais il arrivait toujours à temps. Toutefois, on comprendra qu'il vécût seul et pour ainsi dire en dehors de toute relation sociale. Il savait que dans la vie il faut faire la part des frottements, et comme les frottements retardent, il ne se frottait à personne. »

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Une introduction qui donne le ton. Ironique en diable. Tout l’art de Jules Verne sera de démonter, rouage par rouage la belle mécanique de cet homme imperturbable et froid (Alain Leempoel) où nul grain de sable ne peut - en principe - se glisser. Mais que se passera-t-il  à la fin, en vertu des grands sentiments ?  Sous ses dehors de   séduisant gentleman cambrioleur, le sire est raide et  triste, et il nous fait franchement rire aux éclats.

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 La représentation théâtrale qu’en fait Thierry Debroux  est un spectacle de grand  Guignol explosif, pour grands et petits,  à la fois majestueux et pétillant de malice, et suspendu entre deux époques, toutes deux délirantes.  Chacun y trouvera son compte. Il y a des paroxysmes d’inventivité et de volubilité, sinon de haute voltige.   Il faudra attendre la chute  de  la prodigieuse histoire pour connaître la chute du héros de marbre de son socle d’impassibilité. Mais en attendant le dénouement bien connu, quel plaisir des yeux, grâce à la valse incessante des décors extraordinaires et aux mouvements spectaculaires  des comédiens, quel plaisir  des oreilles pour l’esprit qui suit avec délectation et bonheur les  mille et une réparties, allusions comiques, dialogues extravagants, sauces locales, fumets exotiques, connotations musicales subtiles ou satiriques, et autres anachronismes qui fusent  en continu de la bouche des comédiens.

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Othmane Moumen  est fascinant dans son rôle de Passepartout. Il est partout à la fois aussi coquin qu’un écureuil en délire.  La joute  perpétuelle entre Jean Passepartout (« Je suis français ! ») et le détestable flic Monsieur Fix (Stéphane Fenocchi) est pur divertissement théâtral : des héros à la manière de David et Goliath. Cela fait immanquablement plaisir de voir le petit se jouer du géant ! On aura donc  fait le plein de bonne humeur et de rire en attendant que le personnage principal daigne enfin se dérider, grâce au Miracle Féminin. Ce Miracle Féminin qui tout d’un coup déboule dans ce club exclusif et très sélect uniquement réservé aux hommes  fera définitivement exploser la notion du temps au profit de celle de l’amour. Adieu aux  montres, horloges et clepsydres de malheur! C’est  Jasmina Douieb dans le rôle d’Aouda, princesse des planches.  12272766259?profile=original

Moralité : Avoir une princesse indienne dans ses bagages  ne nuit pas !

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Day LAST « Ainsi donc Phileas Fogg avait gagné son pari. Il avait accompli en quatre-vingts jours ce voyage autour du monde ! Il avait employé pour ce faire tous les moyens de transport, paquebots, railways, voitures, yachts, bâtiments de commerce, traîneaux, éléphant. L'excentrique gentleman avait déployé dans cette affaire ses merveilleuses qualités de sang-froid et d'exactitude. Mais après ? Qu'avait-il gagné à ce déplacement ? Qu'avait-il rapporté de ce voyage ? Rien, dira-t-on ? Rien, soit, si ce n'est une charmante femme, qui - quelque invraisemblable que cela puisse paraître - le rendit le plus heureux des hommes ! 

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En vérité, ne ferait-on pas, pour moins que cela, le Tour du Monde ?  »  

 

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2011_2012_001

 

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12272763279?profile=original« La source des femmes» sortie en Belgique le 9 novembre (avant- première aux Beaux Arts de Bruxelles le 5 octobre)

 

Fils d'un journaliste juif déporté et sauvé Radu Mihaileanu  est né à Bucarest en Roumanie le 22 Avril 1958. A  22 ans, il fuit le régime politique de son pays et s'installe en France.  Il signe en 1992 son premier film, Trahir, comme réalisateur et scénariste. Ce film narre le combat d’un individu contre une puissance totalitaire.   Son  deuxième film, Train De Vie reçoit un très bon accueil au Festival de Venise. En 2005, avec Va, Vis Et Deviens, Radu Mihaileanu devient producteur, et remporte le prix du Public et le prix Européen à Paris. Une histoire réelle de réfugiés juifs éthiopiens rapatriés par Israël  dont le protagoniste est un jeune garçon échappé d’un camp de réfugiés au Soudan et  qui réussit à se proclamer  juif et orphelin et est accueilli dans une famille adoptive française en Israël. Ce long-métrage plein d’humanité évoque les problèmes d’intégration, le racisme, les différences culturelles, la perte des racines.  En  2006 il reçoit le César du Meilleur Scénario Original pour ce troisième film. En 2009, Radu Mihaileanu signe la mise en scène du film  Le Concert, long-métrage avec Mélanie Laurent.

 

 Le voici maintenant  à Cannes pour le film La Source Des Femmes présenté en Compétition du 64ème Festival International Du Film De Cannes 2011 avec 5 nominations :

- Palme d'Or (Radu Mihaileanu)

- Grand Prix (Radu Mihaileanu)

- Prix du Jury (Radu Mihaileanu)

- Prix du Jury Oecuménique (Radu Mihaileanu)

- Prix de la Jeunesse (Radu Mihaileanu)

 

Leïla Bekhti et Biyouna  jouent à la perfection le rôle de deux femmes de générations différentes,  qui vont entamer une guerre contre le machisme, l’inégalité profonde des femmes, dans la société médiévale qui sévit dans ce petit village marocain sans eau et sans électricité. Du Maroc à L’Afghanistan c’est dans doute le même combat : une révolution à accomplir. Parfois une étincelle, infiniment petite,  suffit à allumer un brasier de changements.  Elles sont déterminées, malgré l’opposition de quelques unes et la crainte justifiée de leurs maris.   Elles veulent dénoncer des pratiques qui n’ont rien  à voir avec l’Islam, mais tout à voir  avec cette supériorité masculine atavique, le corvéage sans merci des femmes, les mariages forcés à un âge indécent,  le droit de les violer, de les répudier, de les battre et de leur refuser l’accès à l’éducation… sous prétexte de sorcellerie.

L’idée géniale de ces femmes  c’est  donc de faire la grève del'amour et du sexe tant que les hommes ne s’arrangeront pas pour amener de l’eau au village. Eux qui  forcent leurs femmes à se transformer en bêtes de somme, pour transporter tous les jours, l’eau que l’on ne peut trouver qu’à une source perdue dans la montagne, n'imaginaient pas qu'un jour elles puissent se rebeller et trouver un tel moyen de pression.

Les porteuses d’eau se sont épuisées sur les chemins arides de ce pays « où coule une source d’eau qui  se tait. » Au propre et au figuré. « Mais l’eau  qui apporte la vie emporte aussi  la vie, déplore l’une d’entre elles, qui a malheureusement glissé et  perdu  sur le chemin caillouteux, le bébé qui allait naître.  Et le cœur des hommes est sec et sans amour,   à cause du chômage et de la sécheresse de l’environnement. Les conditions de vie font qu’ils  ne participent plus du tout à la vie économique du village et se prélassent à ne rien faire.  Cela doit changer. Le village est en train de mourir, il s’agit de survie, comme de celle des infiniment petits, ces insectes en voie de disparition  qu’un entomologiste au cœur aussi sec que le leur,  est venu étudier sur place.

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Le film s’accomplit comme une sorte de conte, fourmillant d’humour, d’inventivité, non sans rappeler celle des mille et une nuits. La danse, le chant lancera la première offensive. Les hommes sirotant leur thé à une terrasse seront ahuris devant la montée des exigences qu’ils nommeront aussitôt sacrilèges et se défendront bec et ongles pour garder leurs privilèges. Le ton est malicieux, déterminé, dicté par l’amour et non par la tradition. Les femmes sont généreuses, belles, pétillantes d’intelligence et armées de courage, comme dans un conte. Les images sont superbes, le cœur du spectateur se nourrit de l'allégresse communicative de ces femmes qui croient à la justice de  leur combat.  

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Tout le propos du film sera celui d’une source d’eau qui parle et se fait entendre, enfin. Et la source des femmes, c’est l’amour, qui lui aussi doit se faire entendre, enfin. L’être humain n’est pas fait pour vivre à genoux et est capable de merveilleux. Voilà pour ce conte oriental réaliste et contemporain de l'infiniment petit. Comme les femmes le disent dans l’histoire, «  beaucoup de fourmis tirent un lion ». Le lion c’est l’histoire de l’humanité.

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administrateur théâtres

ADULTERES de WOODY ALLEN Au théâtre Varia

ADULTERES de  WOODY ALLEN  Au théâtre Varia

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Woody Allen n'a pas fait que des films : il a aussi écrit des pièces de théâtre. Voici deux de ses  intrigues mises en scène par Marcel Delval. Du 4 au 27 octobre 2011 à 20h30 sauf les mercredis à 19h30 - relâche les lundis et dimanches. CREATION au Grand Varia.

Avec: Bernard Cogniaux, Joséphine de Renesse, Pierre Dherte, Alicia Frochisse, Marie-Paule Kumps, Valéry Massion, Hélène Theunissen.

 « Pour inaugurer la saison, nous avons choisi de rire de nous-mêmes, de nos hypocrisies et de nos convenances, de nos hautes trahisons, de nos petites lâchetés et même de nos cruautés, avec la création de ADULTERES de WOODY ALLEN, un spectacle au titre explicite, composé de deux courtes pièces mises en scène par Marcel Delval. Une fantaisie évidemment névrotique, un rien féroce, un brin impitoyable et bien truculente. »

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Un thème, deux variations :

Part 1 : ‘Central Park West’
Les Riggs ont une adresse des plus chics. Sauf que leur appartement, où l'épouse, Phyllis exerce en tant que psychanalyste, est sens dessus dessous : dans la bagarre conjugale avec Sam, une statue ethnique a même perdu son pénis démesuré...  C’est le soir et arrive Carol la meilleure amie. The best friend. Confrontation. Trahisons en séries, violents règlements de comptes, vacheries vengeresses, dialogues de sourds,  écarts de parole,  déballages conjugaux sordides s’échapperont au fur et à mesure de cette boîte de Pandore d’un genre très connu : l’Adultère.

 Un thème éculé, revisité des milliers de fois par le vaudeville classique et contemporain. Cette fois-ci, les huit comédiens  nous ramènent sans ménagements au  fond de platitude  qui sous-tend les relations adultérines. Plus d’un se sentira gêné. Si dans la vie d’aucuns osent se fourvoyer dans les buissons de la passion extra conjugale,  le théâtre met totalement  à nu et pointe le sordide et souligne le  caractère éphémère de l’Amour ! Répandues au sol la jeunesse et la passion premières. Renversés les élans d’amour et la tendresse, remplacés par des amours furtives et coupables. 

 La jeune Juliet  (Alicia Frochisse) sortie-d’on-ne-sait-zou est un véritable pavé dans la mare qui crée une onde de choc encore plus pernicieuse, car plus cynique que tous, du haut de ses presque 18 ans. Et Howard de renchérir : « le mariage c’est la mort de l’espoir ! » Carol garde l'humour: «  Il ne faut jamais coucher avec un juriste, il te coince toujours sur le vocabulaire. »  Les spectateurs, presque assis sur la scène, sans jamais être pris à partie, se sentent impliqués dans cette vague de  tromperie généralisée et la perte d’idéal. Une comédie plutôt amère que douce. Et voir un spectacle sous les feux de la rampe ou dissimulés dans le noir, ce n’est pas la même chose.

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Part 2 :  'Old Saybrook’

Autre lieu: les mêmes acteurs vont rejouer le même thème avec des personnages différents, plus caricaturaux encore, à coups de costumes et perruques extravagantes. Hypocrisie endémique : James Ensor où es-tu ?  Tout lasse, tout passe, … sauf l’Adultère.  Une charmante  petite ville coloniale du Connecticut.  Sheila et Norman ont invité à un barbecue David et Jenny, la sœur de  Sheila qui plaidera: «  A part, le sexe, c’était platonique ! ». La découverte d'un journal intime et l'arrivée des anciens propriétaires  vont corser les fantasmes et animer - élément nouveau, ouf ! - la créativité d’un auteur en mal d’écriture. 

 

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La distribution  des acteurs belges qui se sont amusés follement à interpréter ces deux pièces est impeccable. Soulignons l’interprétation éblouissante et quasi viscérale de Marie-Paule Kumps, le ton olympien d’Hélène Theunissen  et ses rages homériques, et l’inénarrable Bernard  Cogniaux, Howard  le paumé qui retrouve son entrain sexuel loin de sa femme  et Pierre Dherte un beau salaud, très attachant aux dires de ces dames. Marcel Delval (l’écrivain) quant à lui se pointe sur les planches  dans la deuxième variation, comme un deus ex machina et à l’instar de Woody Allen joue un des personnages qu’il a créés. Le coup de théâtre c’est ce  couple  improbable « d’intrus » interprétés par les excellents Joséphine de Renesse et Valéry Massion et qui jouent avec conviction les  bombes à retardement.  La libération de  toutes leurs émotions refoulées  semble tout droit sortie de la foule … des spectateurs. De la vie elle-même, sans l’aide du théâtre, avec les accents confondants du vécu !

 Arrivez les premiers en haut de l’escalier et choisissez les sofas accueillants tout blancs en bordure de chaque côté de la  scène. Non seulement vous aurez un festival de bons mots et de réparties houleuses mais vous serez dans la pure émotion, par la proximité avec les comédiens. Des close-ups comme au cinéma…mais en live, de douze personnages délurés et de huit comédiens totalement investis. 

Que dire si tout cela avait été joué dans l’élan de la  langue originale? Car la traduction a parfois des côtés moins savoureux que l’anglo-saxon  d’origine avec ses intonations subtilement moelleuses. Il y a des mots et parfois un humour difficilement traduisibles, sauf avec une certaine rugosité, qui  finit par écorcher la volubilité et le  rythme!

 

 

Théâtre Varia Rue du Sceptre 78 1050 Ixelles, Belgique  

 

REPORTAGE-VIDEO David Courier et Denis Caudron - Intervenants
- Marcel Delval, metteur en scène

http://www.telebruxelles.be/portail/emissions/les-journaux/le-journal/16087-qsdf

 

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Monographies proposées par

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12272760090?profile=original                    Jean Paul Bodin  (peintre  -  France)

 

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Patrick de Sagazan
 (peintre - France)

 

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Dan Montelet
  (peintre maquettiste - France)

 

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Emma Lapassouze
  (peintre - France)

 

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Behrouz Riahi, photographe
  (photographe - Belgique)

 

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Muriel Cayet
  (peintre  - France)

 

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Vient de paraître: L’enfant terrible de la littérature Autobiographies d'enfants cachés

Composé par Adolphe Nysenholc

Collection Mosaïque chez Didier Devillez-Éditeur-Institut d'Études du Judaïsme
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Etudes
Des écrivains qui ont subi la Shoah, enfants, ont gardé longtemps le silence.
Le présent livre montre comment ces révoltés silencieux bousculent souvent les codes de la littérature dans leurs autobiographies, comme Perec en France, Raymond Federman aux Etats-Unis, Appelfeld en Israël.
Traqués, cachés aux quatre coins de l’Europe, les jeunes, qu’on a toujours cru chanceux d’avoir échappé à l’horreur de la déportation,  révèlent, en faisant œuvre de mémoire et dans les langues les plus diverses, une souffrance spécifique, farouche.

 

On verra mieux comment, malgré la pudeur derrière laquelle ils continuent à se cacher,  les auteurs arrivent, par leur art du récit, à faire passer le vécu indicible de la période où l’on a voulu leur mort.
Des chercheurs qualifiés de France, d’Allemagne, des Etats-Unis, de Belgique, offrant ici sur eux des études passionnantes, prospectent en pionniers un champ littéraire nouveau dans l’espace de l’autofiction.

 
Table des Matières  

Introduction
     Adolphe Nysenholc  :  Le silence                                       
 

 

Etudes de cas
1975    W ou le souvenir d’enfance  de Georges Perec
    Claude Burgelin   « Rester caché, être découvert »        
1978     Quand vient le souvenir de Saul Friedländer
     Nathalie Zajde   « L'enfant qui meurt et qui renaît »                       
1979    The Voice in the closet de Raymond Federman
    Judith Nysenholc « Enfant caché, en traduction »                                      
1988    Touch Wood !
     Renée Roth-Hano  « La vie continue »                                               
1993    J'existe, je me suis rencontré de Gotlib
     Marion Feldman « Entre exposition et protection »                    
1999    Histoire d’une vie et autres romans d’Aharon Appelfeld    
     Myriam Ruszniewski-Dahan « Comment écrire le sens perdu ? »
1999  La Traversée des fleuves de Georges-Arthur Goldschmidt
     Alfred Strasser « Un enfant caché venu d’Allemagne »                  
2003    Le Caillou de lune d’Ettel Hannah
     Yvette Marin « L'enfant juif caché et la découverte de soi »                   
2007     Bubelè l’enfant à l’ombre
     Adolphe Nysenholc   « Ecrire : vrai ou faux ? »            
Documents
     Renée Fainas Werhmann, « Souvenir de Perec enfant »
     Thomas Gergely 1951. Un enfant de six ans écrit sa guerre dans son cahier
Etudes transversales
     Adolphe Nysenholc « Enfants marranes et récits romancés »           
     Aurélia Kalisky « Quand tremblent les pactes. Poétique(s) de l’enfance traquée »                                                        
Signatures                                                                 
Bibliographie              
Table des matières                            
 
320 p.      25 €
ISBN : 978-2-87396-131-2

Peut-être commandé en librairie
ou à l’Institut d’Etudes du Judaïsme, 17 avenue F.D. Roosevelt, 1050 Bruxelles, tél. 00 32 2 650.33.48, n°compte : BE29 3101 5185 1364

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« Homo Viator » est un recueil d'articles et de conférences publié en 1945 par l'écrivain et philosophe français Gabriel Marcel. Cet ouvrage groupe plusieurs textes importants: "Moi et autrui", "Le mystère familial", "Obéissance et fidélité", "L'être et le néant", etc. "Etre, c'est être en route". L'image du chemin revient sans cesse dans les écrits du philosophe. La réflexion suit la cadence de la marche, connaît la halte, mais non l'arrêt; elle ne construit pas d'abri permanent. Car la philosophie est quête inlassable, aventure, cheminement. L'homme est un être itinérant. Le temps est la forme de son épreuve. La foi répète l'expérience de l'existence. Elle est une marche, un exode. Mais cette marche a un terme, et elle le sait: par-delà l'issue apparente, la mort, un débouché invisible, l' éternité. Nous sommes des pèlerins, non des vagabonds ou des nomades. L' espérance s'oppose à l'ordre du désir et de l' espoir. Sorte de "mémoire du futur", elle affirme résolument un au-delà dont elle repère et précise déjà dans l'obscurité les signes irréfutables. Sa formule développée, c'est "J'espère en Toi pour nous", c'est-à-dire pour la communauté vivante que nous formons. Si la condition même d'une métaphysique de l' espérance est de ne se traduire qu'en termes précaires et toujours renouvelés, l'hymne à l' espérance est par contre l'intarissable source de l' orphisme que Gabriel Marcel évoque. Comme Socrate achève le "Phèdre" par la prière au dieu Pan, ainsi le philosophe et son lecteur se tournent vers un ange tutélaire. Ce n'est plus la philosophie qui parle, c'est le chant qui jaillit; ce n'est plus la réflexion, c'est le murmure de l' invocation. Voici en effet quelle est la conclusion d' "Homo viator": "Esprit de métamorphose! Quand nous tenterons d'effacer la frontière de nuées qui nous sépare de l'autre royaume, guide notre geste novice! Et lorsque sonnera l'heure prescrite, éveille en nous l'humeur allègre du routier qui boucle son sac tandis que derrière la vitre embuée se poursuit l'éclosion indistincte de l'aurore".


L'ESPERANCE FOLLE DE GUY BEART
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Un certain Plume au théâtre du grand Midi à Ixelles

 

Texte d’Henri MICHAUX   avec Raffaele GIULIANI – Amélie SEGERS – Marvin MARIANO – Sarah FIORIDO
Réalisateur Bernard DAMIEN


les 27 – 28 – 29 – 30 septembre et le 1er octobre à 20h30


Avec le(s) personnage(s) énigmatique(s) de PLUME, le clown n'est plus celui dont on rit, mais celui qui rit du rire ! Et ce rire n'est pas sourire, ou rire entendu, ou simple rigolade ironique : il est risée totale ! Le rire est l'adjuvant de cette démarche, son instrument premier, il ouvre les horizons intérieurs, contrecarre les figures sociales. Il est l'exact inverse de l'importance. Il remet les choses en place, ouvre la temporalité. Sa valeur est bien d'ouverture, d'éclosion heureuse...

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La scénographie de Monsieur Plume est un bijou simple et beau, mobile et en arrêt sur images. Les volumes, les objets, les couleurs, les lumières et les textures, tout est étudié comme pour composer des cartes postales à l’infini. Des tableaux qui nagent en plein ciel.

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 Et pourtant les ingrédients sont d’une banalité insensée. Quelques poubelles - avec couvercle - emboîtables, empilables, jetables et de couleurs vives nous mèneront sur les chemins de l’onirisme. Quatre chapeaux boule et un cinquième sur un invisible personnage, quatre nez rouges, quatre parapluies façon Magritte. Des tailleurs pour les deux femmes ravissantes et des complets vestons pour les deux hommes miroirs en guise d’habillement.

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La musique est tour à tour rock, foire, carrousel et peuple.

 

La poésie est dans la gestuelle, dans les mots, dans les yeux et à la bouche de ces quatre comédiens tombés dans la potion magique du verbe et du geste.

 Un théâtre d’émotion et d’abstraction. Surtout se laisser aller à l’humour bourré de surréalisme, l’imaginaire scandé par les cymbales des couvercles.

S’abstraire du monde réel, glisser dans le fantasme et le dessiner comme Prévert dessine la cage et l’oiseau.

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Oser se réfugier dans le sommeil et les songes. Oser imaginer une compagne écrasée par un train meurtrier, une marche  d’équilibriste au plafond, l’achat d’une côtelette invisible dans un restaurant. Oser faire un bouquet de  têtes coupées, faire la cour à une reine, se faire plumer tout en  rendant des services en nature à des femmes assoiffées de plaisir, tuer des voyageurs bulgares, frôler sans cesse l’idée de la mort et se retrouver sain et sauf.

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 C’est grotesque, surprenant, déroutant et sarcastique. Mais le fil rouge, c’est ce Monsieur Plume démultiplié, serviable, qui a toujours peur de froisser l’autre, en butte avec l’autorité froide de la police, ou de l’administration, ou de la justice. C’est un hapax de gentillesse dans le monde hostile qui nous entoure. «… Et il s’endormit »

 

http://www.xltheatredugrandmidi.be/index.php?pid=1

 

 

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La fille dans le bocal à poisson rouge / Girl in the Goldfish Bowl

Et si on gardait le titre en anglais ?

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L’histoire : 1962, crise des missiles de Cuba, une pension de famille dans un petit port de pêche au Canada. Iris, 11 ans, bouddhiste et très imaginative, est fermement convaincue que son poisson rouge Alakermaisse, (c’est là qu’on le lui a acheté) récemment disparu, est revenu sous la forme de l’énigmatique M. Lawrence qui débarque dans la pension alors que la famille est en pleine crise de couple. Le poisson ainsi réincarné aura une mission : réparer les tensions entre Owen et Sylvia, les parents d’Iris, sous le regard narquois de Mlle. Rose, cette mauvaise fée-poison, lubrique, alcoolique et méchante qui travaille à la conserverie. Redonner à leurs parents  désunis le goût de vivre, c’est le  rêve de tous les enfants victimes de mésententes.  Voici la cueillette subtile  des derniers instants d’enfance et d’innocence de la petite Iris. 

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Tout touche: le texte  inédit est de Morris Panych, la  mise en scène de Georges Lini et l'interprétation de  France Bastoen, Marc De Roy, John Dobrynine, Nicolas Ossowski et Wendy Piette.

 

Histoire d’eau : l’eau c’est la vie, l’enfance heureuse. Le bocal est vide. Alakermaisse the goldfish est mort. Le décor est quelque peu lugubre pour une fillette de 11 ans. Des murs de papier peint à larges rayures vert/gris. Des meubles inconfortables. Une table roulante chargées d’alcools et une table à dessin chimérique appartenant au père. Lieu géométrique de ses rêves inaboutis et de sa désolation. Sa femme ne l’aime plus. Trop de parallèles qui ne se rejoignent jamais, des angles pas assez ronds. La petite fille au début esquisse des mouvements de nage joyeuse, avec palmes et tuba dans la family room. L’eau c’est la vie, l’enfance heureuse. Son seul compagnon, Alakermaisse the goldfish  est mort. Elle est prête à le faire se réincarner sous les traits de Lawrence, le mystérieux inconnu. Et quand fera-t-elle le pas, quand sautera-t-elle  hors de la prison-bocal ? En attendant, elle saute et bondit partout avec une joie de vivre communicative, qui pourrait ramasser les morceaux épars du couple si sa mère n’avait pas une incapacité chronique à être heureuse. Si le sort n’avait pas fait du père un rescapé de guerre sans emploi et sans avenir.

 

La magie de cette pièce réside dans  la transformation précoce de l’enfant à la jeune fille, qui se déroule  là juste sous nos yeux, comme mise en bocal. La mise en scène est pleine de  finesse, de poésie et de justesse. La palette des comédiens est convaincante, à part cette méchante fée antithèse du poisson. La jeune Iris est délicieuse de vivacité, d'humour et de jaillissement spontané. "Ma petite est comme l'eau, elle est comme l'eau vive..."dit la chanson.

 

La mort du personnage mystérieux aura ressoudé la famille un instant, mais la vie séparera ceux qui sont incapables d’amour réciproque. La vie est injuste et le bonheur pour un adulte, aux dires de la mère désillusionnée, sèche et froide, c’est se souvenir de l’enfance heureuse. « L’enfance est le moment où l’on est heureux. Et être adulte, c’est repenser à ces moments où l’on était heureux » Pauvre Iris, au nom de fleur aquatique et qui ne rêve que de bulles... devant son bocal vide.

 

http://www.theatredumeridien.be/

 

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Du  Mardi, 20 septembre  2011  Au Samedi, 15 octobre  2011

 

Extrait:

IRIS. -   J'habite dans un pays où il ne se passe jamais rien. Dans une ville où il ne se passe jamais rien. Dans une maison où il ne s'est jamais vraiment rien passé. Jusqu'à aujourd'hui. Octobre. Nous sommes à la veille de mon onzième anniversaire. Il y a du brouillard qui rampe dans la rue. Qui se cache dans les fossés. Qui regarde par les fenêtres. Je suis partie marcher au bord de l'eau. Tenant en équilibre sur ma tête le missel du dimanche, introduction de l'Évêque Sheen, je marche prudemment sur les rochers, posant gracieusement un pied devant l'autre. L'aisance est essentielle dans de telles circonstances. Je m'entraîne à être un des membres de la famille royale. Plus loin, il y a des feux et des pêcheurs d'éperlan qui jettent leurs filets, encore plus loin, les coques métalliques cognent contre l'appontement, mais ici, tout est calme. Je commence la cérémonie. La lune fait une brève apparition. Et je sais qu'il y a des crabes cachés sous les rochers, mais en dehors de ça, je suis seule. Là, sous l'arbousier, je prie pour sa petite âme. Quand on veut que son poisson rouge aille au paradis, on évite de le flanquer aux ouatères en tirant la chasse. C'est pourtant ce que ma mère a fait. Et pourquoi j'enterre ce bâtonnet de poisson pané en son honneur.
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administrateur théâtres

"Le bruit des os qui craquent " Suzanne Lebeau 
   

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Du 27 septembre au 22 octobre 2011, à 20h30, au Théâtre de Poche.

L'histoire de deux enfants-soldats en fuite et celle d'une infirmière qui témoigne. Une pièce pour tous, dès 14 ans. De Suzanne Lebeau, mise en scène de Roland Mahauden.  Avec : Aïssatou Diop, Olga Tshiyuka-Tshibi, Angel Uwamahoro

 

 

Le cahier ou la kalachnikov

Quel que soit l’âge où leurs yeux se fermeront pour la dernière fois, ils resteront désorientés et perdus, ces enfants volés par des barbares, ces enfants dont on a volé le corps et parfois l’âme. Que peuvent  en effet faire  les enfants-soldats que l’on a  traqués, drogués, et à qui on n’a appris qu’à tuer, brûler et piller, …lorsqu’enfin leur pays accède enfin à la paix ? Ils n’ont ni éducation, ni moyens de subsistance. Aucun avenir. Quelle école les sauvera de la prison ? La question est grave et choquante.

 

Elikia, arrachée à 12 ans  à sa famille et à son village est l’un de ceux-ci. Mais vivre avec les rebelles ses nouveaux frères assoiffés  de sang et de diamants, constitue un perpétuel danger de mort. Quitter le groupe maudit l’est tout autant. Comment garder sa dignité, elle qui est née enfant libre ? « La tête haute chez les rebelles, c’était la mort.» Seule l’obéissance maintenait en vie.  Mais Elikia décide quand même de sauver son âme et fuit avec une compagne d’infortune plus jeune qu’elle,  qu’elle force brutalement à la suivre. « Toute seule, j’ai trop peur ! » Elle est convaincue que « si le fusil tue le corps de celui qui a peur, il tue aussi l’âme de celui qui le porte ».  

 

Un an d’errance dans une forêt tropicale hostile,  avec pour tout bagage, une gourde, sa kalachnikov reçue en cadeau de mariage de son époux, le chef des rebelles, et la fragile Josepha. Sans son arme Elikia se sentait «  comme un oiseau fragile avec le bruit des os qui craquent. »  Elles ont 14 et 10 ans. La nuit elles marchent sans la moindre indication d’orientation, le jour elles se cachent des militaires et des rebelles. « Elikia, mais comment reconnais-tu l’ennemi ? » demande Josepha de sa voix douce. Réponse : « il n’y a pas de bons, rien que des méchants ! » Elle met militaires et rebelles sur le même rang.  Assoiffés de pouvoir et de cupidité.

 

Elles ne parlent pas le même dialecte mais se comprennent. La grande protège la petite et des sentiments humains refont surface. Plus la petite est épuisée par la faim, la soif,  la marche forcée vers la mer, plus la grande sent battre en elle un cœur de grande sœur, jusqu’à lui proposer ses bottes. «  La mer ? Je ne sais pas où elle est, je l’imagine. Je ne connais pas le chemin, mais j’en suis sûre » dit Elikia pour consoler Josepha exténuée.

 

Après avoir enfin rejoint l’hôpital de Kena, tout ceci sera consigné par Elikia dans un cahier, que l’infirmière Angelina lui donnera après maintes tractations en échange du talisman mortifère de  la kalachnikov. Angelina raconte avec tendresse : « Elle ne parlait que quand son monologue intérieur débordait. » Elikia écrira  donc « car les mots de bouche sont trop près de la haine et de la vengeance. »  Elikia souhaite livrer un témoignage juste de cette réalité insoutenable, un témoignage qui interrompe la chaîne de violence dans laquelle elle a été entraînée. Un texte fort, souple, cru, intense. La jeune adolescente ne pourra pas se présenter devant la commission d’examen. Le cahier ne sera pas pris en compte, car écrit de la main d’un enfant.

 

L’enfant et le cahier glisseront dans l’oubli, à moins que vous n’écoutiez avec votre cœur cette petite voix duelle et solidaire, que vous ne soyez touchés par leur espoir démentiel, et que vous ne décidiez de dénoncer l’insoutenable. Changer l’avenir de milliers d’enfants comme elles. Comme eux.

Trois comédiennes généreuses,  craquantes de soif de vivre, de compassion et de colère justifiée investissent à fond  l’admirable texte de Suzanne Lebeau  sur les planches du Poche : Aïssatou Diop (l’infirmière), Olga Tshiyuka-Tshibi, Angel Uwamahoro.  Voici un début de saison  fracassant, qui fait ouvrir grand les yeux, les oreilles et le cœur. Le rôle essentiel du théâtre.

 

 

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La genèse de la pièce

 

(Interview de Suzanne Lebeau)  / …/  J’ai ensuite passé presque deux années à faire des recherches, en lisant notamment les écrits de la journaliste belge Colette Braeckman. Je suis allée jusqu’en Belgique, au GRIP, le Groupe de Recherche et d’Information pour la Paix. Mais quand je suis arrivée à la fin de l’écriture, je me suis mise à douter de manière extrêmement violente de la possible résilience de ces enfants-là. Je suis donc partie cinq semaines à Kinshasa pour écrire les récits d’ex-enfants soldats.

C’est là que vous avez rencontré Amisi et Yaoundé...

Suzanne Lebeau: Je passais chaque jour 3 ou 4 heures à noter les récits qu’ils me faisaient. J’écrivais en pleurant et je pleurais en écrivant. Tout ce qu’ils avaient vécu pendant les 5 années où ils avaient été enfants soldats était insupportable, pour la femme, pour la mère, pour la personne qui sait à quel point l’enfance est une période de formation, décisive pour ce que l’être humain peut développer de pire et de meilleur. C’est grâce à eux que j’ai pu terminer la pièce et y croire. Le jour où j’ai mis le point final, j’ai eu le sentiment de retrouver ma respiration normale.

Quand on parle d’enfants soldats, en général, on pense à des garçons.

Suzanne Lebeau : Pour moi, prendre un personnage de fille, c’était aller au bout de l’horreur. Parce que le sort des filles soldats est 100 fois plus terrible que celui des garçons. Quand elles reviennent dans leur village, ce sont comme des marchandises dévaluées.

 

http://www.poche.be/saison1112/le_bruit_des_os_qui_craquent/index.html

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administrateur théâtres

Au KVS (Koninklijke Vlaamse Schouwburg)      Oedipus / Bêt Noir

 

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Voici une aventure scénique impressionnante que l’on rêve de partager. Le  metteur en scène Jan Decorte a relu Sophocle à sa façon. Par la danse, le chorégraphe, metteur en scène et  acteur Wim Vandekeybus s’élance dans l’interprétation  de ce texte dépouillé à l’extrême. Trois voies confluentes : le texte, la musique la danse. Une musique galactique sous la direction de Roland Van Campenhout  nous met presque sous hypnose et le langage expressif d’un ensemble de 16 danseurs acrobates fabuleux  nous  jettent éperdument dans l’histoire mythique et sur les pistes de l’imaginaire ou du subconscient. Mais dès le début, tout est déjà consommé.

A la confluence des trois chemins (Thèbes, Delphes, Corinthe) c’est l’embarquement dans le mystère du Destin, des malédictions, des questions mortifères du  Sphinx et des questions éternelles qui hantent Œdipe. Le parricide, l’infanticide et l’inceste. Œdipus : « “Ik ben e zwart beest van schult. »


La musique bouleversante et omniprésente,  la danse, les mouvements défiant les lois de la gravité, la vitesse, la mobilité extrême des acteurs et le texte épuré participent à une création hors du commun. Le résultat est absolument fascinant. Beauté, étrangeté, talent contribuent au  dépassement de tout ce qu’on a déjà vu. Le tempo est étourdissant. On est emmené dans les dédales infinis de l’imagination, on a sous les yeux l’intérieur d’un kaléidoscope géant dont les derniers miroirs se dérobent à l’infini. On est comme aspiré par l’énigme et par la puissance physique de la représentation.

Géante aussi et spectaculaire la représentation du Sphinx, sous les traits d’un astre céleste, soleil ou lune selon les éclairages. Ce disque d’escalade  immense et multicolore est  composé de pas moins de 20.000  rubans de la taille d’un habit humain, dans lequel grimpent, s’agrippent et se fondent les danseurs, faiblement accrochés sur ce cadran vertical, source de tous les dangers et de tous les effrois. 

Au sol  les danseurs aux pieds légers et aux pas de géants s’approprient l’immense espace glissant, et sont partout à la fois dans des rondes infernales. Danses marathoniennes plus que bacchanales. (Quoique…) Ce sont  des moulinets,  des culbutes et des sauts humoristiques de corps désarticulés, des carrousels vertigineux de corps  morts parfois, puis soudain revenus à la vie, cruelle, violente. Mais il y a quelque chose d’harmonieux de coulé, de souple dans toutes ces postures et ces jaillissements  plus qu’inimaginables. Les chants les plus beaux sont les plus désespérés.

Moyens bruts et efficaces. «Now the blood falls like rain !  » chante le musicien. C’est un des moments chocs : cette ballade du pendu et cette  chute de centaines  de chaussures qui tombent du ciel pour écraser Œdipe, jouet du Destin. Autre moment, presqu’insoutenable: les gémissements de  ce bébé de huit mois  en chaussettes rouges porté sur scène par sa propre mère, une des danseuses. Les pieds ou les chevilles de l’anti-héros tragique  ont été percés par Jocaste avant qu’il ne soit abandonné dans la montagne.  Et elle se percera le cœur avant qu’Oedipe ne se perce les yeux. Sont exposés à notre vue et à tous nos sens le percement de l’énigme et la mutilation volontaire des yeux pour se priver du bien le plus précieux, la lumière.  L’aveuglement et l’ignorance humaine. Les dieux resteront muets.  

 

http://www.kvs.be/index2.php?page=program&discipline=1&vs_id=604

 

 

 

du 15/09/2011 > 01/10/2011
Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
Langue de la manifestation: NL FR EN
Public: Tous
Où ? au KVS : 9 quai aux Pierres de Taille 1000 Bruxelles
Téléphone pour renseignements : 02 210 11 12
Site web : http://www.kvs.be
E-mail : info@kvs.be
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administrateur théâtres

"Les hommes préfèrent mentir"

 ( pièce d'Eric Assous)

 

du 14 septembre au 9 octobre 2011

au théâtre Royal des Galeries

 

Réveil féroce de sept personnages au cours d’un dîner mondain. Et pourtant l’un d'eux, Sam/ Frederik Haùgness, homosexuel  est adversaire du « Coming out ». Tout n’est pas bon à dire. Les hommes préfèrent mentir…

 Le casting du théâtre des Galeries a tout pour plaire avec Simon / Michel Pigeolet , visage bien connu*, en tête de liste. Il est d’une vérité fracassante même si soi-disant « les hommes préfèrent mentir ». A travers son emphase, on le voit vulnérable, lâche, désabusé, et coureur impénitent quand même. Il est terrassé, le pauvre,  par « la dictature du choix ! » (sic)

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En second, nommons, non sa femme, Olivia/ AylinYay, la femme trompée qui devient impitoyablement pragmatique et cynique, mais Anne-Catherine/ Maria del Rio, la femme fatale casquée de noir jais, galbée dans une tenue qui ne laisse rien ignorer,  par qui tout arrive, et  qui dès son arrivée dans l’encadrement de la porte, jette l’émoi dans le public et donne à la pièce une saveur toute diabolique et  sulfureuse. 

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 La troisième nomination va équitablement aux deux autres : Aurélie/ Catherine Claeys,  alias «  in vino veritas» qui sème à tous vents son mal d’amour, ses quarante ans nostalgiques et ses gaffes à répétitions, et la jeune  Madison/ Fanny Jandrain alias « I am mad about you » casque blond à la Jeanne d’Arc moderne, montée sur talons aiguilles - rouges sans doute, et plus froide et sûre d’elle que l’argent de son père.

Au-delà des portes du salon bourgeois, il y a ces cris incessants des enfants en bas âge de chacun, puisque, signe des temps, on a échafaudé dans cette comédie de boulevard actuelle, le modus vivandi des familles recomposées. Cri d’alarme ? Ainsi les thèmes éternels roulent dans tous les sens : la trahison, la jalousie, le couple dans tous ses états mais aussi des thématiques actuelles : l’adoption des enfants, l’alcool, l’homosexualité, la course à la gloire éphémère, l’illusion générée par les médias , les nouveaux pouvoirs de la femme…

 

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Malgré quelques lourdeurs liées au genre, dans les situations comiques, les mimiques un peu appuyées ou des réflexions parfois téléphonées,  Eric Assous, loin de s’aligner sur le titre de sa pièce, a réussi une peinture sociétale véridique. Il rapelle l'approche de Simenon : “quand je peins un personnage, je tente toujours de montrer, non pas ce qui le différencie des autres, mais ce qui le rapproche des autres”. A travers cette intrigue qui ménage un petit suspens policier, j’ai voulu traiter de personnages qui nous ressemblent ou qui ressemblent à ceux que nous croisons. Les ordinaires, ceux qui n’ont rien d’exceptionnel. Ni petits, ni grands, ni laids, ni beaux, ni forts, ni faibles. Tout ce qu’ils montrent demeure on ne peut plus humain. La jalousie, la rivalité, l’usure des sentiments, les petites trahisons du quotidien, les arrangements boiteux avec sa conscience. Le ton est à la comédie qui reste selon moi le mode de représentation le plus efficace. » (extrait du programme)

A cet égard le rôle de paumé joué par Richard/Bernard Vens  est fort représentatif et on passe une soirée aigre-douce fort délassante. 

 

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Conversation avec Eric Assous

http://www.trg.be/Public/Page.php?ID=3395&ancestor1=3194&saison=3180

 

Pour en savoir plus:

http://www.trg.be/Public/Page.php?ID=3392&ancestor1=3194&saison=3180

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administrateur théâtres

12272756897?profile=originalJeudi 22.09.2011 20:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

Christian Arming direction - Orchestre Philharmonique Royal de Liège

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Présentation :

Né à Vienne il ya tout juste 40 ans, Christian Arming est l’un des chefs d’orchestre les plus demandés de la jeune génération. Aussi à l’aise dans le répertoire classique et romantique que contemporain, Christian Arming confronte les œuvres et les époques et recherche les raretés : les œuvres  méconnues des grands compositeurs, ou les chefs-d’œuvre de compositeurs moins renommés.

 A l’âge de 24 ans, Christian Arming dirige pour la première fois l’Orchestre Philharmonique Janácek d’Ostrava. Peu après, il est le plus jeune chef nommé à la tête de cet orchestre, dans l’histoire musicale tchèque. Depuis le début de sa carrière en 1994, Christian Arming a déjà été invité dans le monde entier, par plus de 50 orchestres. Tout en étant encore  directeur musical du New Japan Philharmonic, il est maintenant, après  François-Xavier Roth*, le nouveau directeur musical de l’Orchestre Philarmonique Royal de Liège. « Je ne suis pas le genre de personne qui arrive pour s’en aller aussitôt. Créer un style personnel et une véritable relation avec un orchestre ne se fait pas en un an. Je souhaite construire quelque chose dans la durée à Liège où je ressens un grand potentiel,  tant dans l’orchestre que dans la vie culturelle d’ailleurs. » (Le Soir Liège, 12/05/2011)

Le programme de ce soir est représentatif de sa curiosité et de son ancrage dans la tradition viennoise.

 

Sandor Veress, Threnos
Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 5, op. 67
Bela Bartok, Concerto pour orchestre, Sz. 116 

 

Dès les premières mesures de l’œuvre Threnos, du compositeur peu connu, Sandor Veress, on ressent cette alchimie particulière qui unit l’orchestre et son chef aux mains libres de baguette. C’est un aller simple vers l’émotion et l’intelligence de cœur.  Christian Arming est un être communicatif, il sait diffuser une lumière solaire même dans un œuvre funèbre. Après quelque percussions infiniment douces, comme s’il ne fallait pas réveiller une personne endormie, les violons traduisent une atmosphère sombre, le fracas des cuivres et les cymbales éclatent avec ostentation, le morceau prend le rythme d’une lourde marche, et la harpe détend l’atmosphère en quelques caresses. Back to square one avec les percussions douces. La plainte mélodique est reprise par les seconds violons. Christian Arming dirige à grands coups de rame le fleuve musical. Au deuxième mouvement c’est un frétillement de cordes qui précède une profonde respiration mélodique, ou un large soupir. Une mélodie timide de clarinettes et hautbois est entrecoupée de silences et cliquetis discrets et répétitifs. On est surpris par la résonnance déchirante  d’une grosse caisse, ponctuée par les cordes. Il y a la sonorité voluptueuse de la flûte et les  échos profonds des cuivres. On est dans une musique magistrale et émouvante. Après le long decrescendo, de nouveau la délicatesse des maillets impressionne, le son unique est presque devenu inaudible.

 

Décrire la Symphonie n° 5 de Beethoven par le menu ne présente que peu d’intérêt car l’œuvre est mondialement connue. Mais il faut néanmoins souligner que Christian Anning utilise ici sa baguette, qu’il obtient un modelé immédiat. L’attaque est franche, le résultat chantant. Il puise les accords à même le sol, se démenant comme un danseur de ballet moderne. Sa gestuelle est totalement romantique et la chevelure masculine abondante y est pour quelque chose. Ambassadrice d’un tempérament généreux et vif, elle transmet à coup de vibrations, l’émotion et l’énergie triomphante de l’œuvre. L’orchestre répond avec passion et émet des chapelets de belles sonorités marquées rondes et vivantes. Ce chef d’orchestre est le maître des bruissements, des grondements  et résonnances profondes.  Une touche de musique tzigane à la fin, la finale de la finale de la finale sera réellement décoiffante et applaudie avec bonheur immense par un public conquis.   

 

Le départ du concerto de Bela Bartók se fera dans l’austérité, sur d’imperceptibles hululements de cordes: des voix humaines ? L’illusion de grands espaces vierges ? Puis c’est l’explosion soudaine de toute une vie biologique nocturne qui déferle. Christian Aming prend des allures de forgeron sculptant le métal incandescent de la musique et l’embrasement de la vie. On repère les notes syncopées des hautbois et de la harpe, des coups de tonnerre, et l’intervention puissante et graphique des cuivres avant  une  étrange et dramatique explosion de violons. C’est la fin du premier mouvement. On est séduit.

 

Changement d’atmosphère radical avec des tapotements sautillants, goût métal qui initient le deuxième mouvement, façon cigales ou insectes bavards. C’est l’humour qui prévaut avec une certaine élégance sarcastique dans les dissonances : grincements d’amphibies ? Les tapotements se liguent avec les cuivres pour introduire la matière liquide des violons et des bois. Un oiseau frappeur achève de nous étonner. Le troisième mouvement se caractérise par des sifflements, des vocalises appuyées de flûtes soutenues par les cordes et quelques accents de cuivres. Il y a ce déchirement à l’unisson des violons «  forte ». On est dans le drame, l’angoisse. Mais les violons désespérés seront apaisés par les violoncelles aux doigts de fées et surtout par  la note d’espoir infini transmise par un piccolo farceur émergeant d’un gentil passage élégiaque. Que du bonheur. Les deux derniers morceaux constituent d’abord un pot pourri de danses folkloriques et puis le chef d’orchestre exulte dans le dernier mouvement. C’est le foisonnement, la joie, l’exubérance qui nous montent à la gorge. Les jeux de bassons ourlés de violons tendres laissent la place à la harpe. Les violons se livrent à des mélodies aigües,  à la chinoise. Bruissements de voix féminines haut-perchées, glissando des violons en mode bavard, la caquètophonie s’amplifie, le chef d’orchestre donne des coups de reins en se penchant dangereusement en arrière. Voici les épousailles viscérales du chef et de son orchestre. La conclusion passe par un orage lugubre et menaçant  et la fin est échevelée. Ovation bien méritée.

  

Notes : *Chef d’orchestre français qui a ouvert récemment le Klara Festival à Bozar avec la symphonie de la divine  comédie de Liszt et la symphonie du nouveau monde de Dvorak (1/09/2011)

 

Sites à consulter:

http://www.rtc.be/reportages/262-general/1443651-christian-arming-est-le-nouveau-directeur-musical-de-loprl

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=10873&selectiondate=2011-9-22

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administrateur théâtres

L’ECUME DES JOURS de Boris Vian (A l’atelier 210)

12272756691?profile=originalL’ECUME DES JOURS de Boris Vian

A l’atelier 210 (jusqu'au 8 octobre)

Un monde monté  sur des roulettes: voici l’univers imaginaire et déroutant  de Boris Vian, où la fantaisie et le merveilleux sont omniprésents, présenté par Emmanuel Dekoninck.  Le texte de Vian est resté en partie au vestiaire.  Les mots swinguent moins. On n’entend pas les pas des amoureux clapoter sur le parquet de l’appartement de Colin, qui ne cesse de rétrécir et de s’assombrir au fur et à mesure des progrès du nénuphar.  Pas de narrateur mais un piano et une jeune chanteuse habillée Courrèges. Rien que des dialogues vifs et bien enchaînés, neuf comédiens-musiciens juvéniles  bondissants, le swing de la musique d’aujourd’hui, toute une grammaire d’éclairages, de la chorégraphie, des scènes muettes (le mariage, la nuit de noces). On applaudit en plein milieu du spectacle devant les  jeux de scène délirants, tirés à l’extrême  et les accessoires et ustensiles loufoques dignes du salon  des inventions, qui ont un pied dans le réel, un autre dans l’imaginaire.

Et  le tout marche comme sur des roulettes. Emmanuel Dekoninck a réussi le défi de   montrer un univers parallèle que l’on peut réellement voir, un monde qui jongle  avec la vitesse et avec la mort. Une façon efficace d’appréhender le réel. Dénonciation moderne  de tout ce qui tue: le travail érigé en valeur plutôt qu’en moyen, la guerre, la pauvreté, la maladie. La folie de l’administration. La folie religieuse qui tue le plaisir. La folie du culte de la personnalité avec ce personnage délirant, lui aussi monté sur roulettes, et pas des moindres,  représenté comme un philosophe grotesque présentant ses échantillons de vomi lors de ses conférences de presse. Rapport à la Nausée.  Allusion à son meilleur ami  Jean-Paul Sartre. Pardon, Partre.  Dérision. Tout roule n’est ce pas ? Est-ce vrai ? Et de méditer tout aussitôt sur  la magnifique phrase d’entrée de jeu :

 «Dans la vie, l’essentiel est de porter sur tout des jugements a priori. Il apparaît, en effet, que les masses ont tort, et les individus toujours raison. Il faut se garder d’en déduire des règles de conduite: elles ne doivent pas avoir besoin d’être formulées pour qu’on les suive. Il y a seulement deux choses: c’est l’amour, de toutes les façons, avec les jolies filles, et la musique de la Nouvelle-Orléans ou de Duke Ellington. Le reste devrait disparaître, car le reste est laid, et les quelques pages de démonstration qui suivent tirent toute leur force du fait que l’histoire est entièrement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre.  Boris Vian, La Nouvelle-Orléans 10 mars 1946. » Jamais, il n’est allé en Louisiane.

Et pendant ce temps là,  l’immense nénuphar  de  tout ce qui bloque l’homme, se développe, mortifère et imperturbable,  se nourrissant du fleuve de nos émotions et de notre angoisse. Les hommes sont des souris pour le chat. Roulette russe. Colin, au contraire de ce monde, est ce jeune homme aisé  et rêveur, qui aime le jazz, la vie et l’amour et qui déteste la violence et le travail. La délicieuse, la frêle et douce Chloé incarne la féminité et la beauté. Celles-ci sont vouées à un bien triste destin. A la fin, Colin pleure et son amie la souris, incapable de contenir sa douleur,  mi-animale, mi-humaine,  préfère se précipiter dans la gueule du chat sous nos yeux. La lutte pour le bonheur est vraiment trop  inégale.

 

Jetez un coup d’œil sur la vidéo :

http://www.telebruxelles.net/portail/emissions/les-journaux/le-journal/15871-lecume-de-vian-sur-scene-et-en-musique

distribution et infos pratiques :

http://www.atelier210.be/programme_information-A210-82.html

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La bibliothèque Max Elskamp de l'ULB (Réserve précieuse) fournit une documentation riche, voire unique, sur le symbolisme littéraire et sur les relations littéraires franco-belge entre 1860 et 1900.

Elle révèle la curiosité et la soif de connaissance du poète, et ouvre de multiples domaines: histoire du livre, occultisme, philosophie et psychologie, religions, sciences sociales, folklore et vie sociale, philologie, sciences pures et appliquées - avec un souci particulier pour l'astronomie et la cosmologie - arts, littérature, géographie et histoire.

Ces collections sont complétées par près de 70 titres de revues littéraires quasi complètes, dont la Jeune Belgique et la Société nouvelle. Cet ensemble permet de reconstituer assez finement l'univers intellectuel du poète, de retrouver, grâce aux nombreuses dédicaces, ses amis et correspondants, de connaître mieux ses centres d'intérêt, de le suivre sur les voies de son imaginaire.

 

La bibliothèque Max Elskamp rassemble, dans une atmosphère paisible, la majeure partie du fonds. Certaines pièces remarquables sont présentées sous vitrines: lettres, autographes, bois gravés, ex-libris, volumes dédicacés, documents issus des presses de l'imprimeur Buschmann qui publia les oeuvres d'Elskamp.

 

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administrateur théâtres

"La fausse suivante" de Marivaux (Théâtre Le Public)

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LA FAUSSE SUIVANTE

de MARIVAUX
Mise en scène: Patricia IDE / Avec Serge DEMOULIN , Baptiste BLAMPAIN , Xavier DELACOLETTE , Jeanne KACENELENBOGEN , Caroline KEMPENERS et Chloé STRUVAY

 

DU 09/09/11 AU 19/11/11

 

 Aucune fausse note dans cette partition  féroce et magnifiquement écrite de Marivaux.  La langue est succulente, la vérité empoisonnée. Si on s’attendait à une pièce célébrant l’amour et picolant dans le marivaudage, on a tout faux. Il s’agit d’une éducation sentimentale tout à l’envers. La mélodie est plutôt une impitoyable farce en sous-sol. Le décor romantique est pourtant bien planté : ajoncs, mare au diable, barque retournée, chant d’oiseaux et de batraciens,  mousses, lichens, lierres dont la devise  est « je meurs ou je m’attache. » Eh non !  La devise c’est le louis d’or, l’écu, l’euro. Une mine d’or dans la tête et rien dans le cœur. Modernité ?   Tout  est pur calcul sordide : comment augmenter mon bénéfice ? La grille du château est là, entr’ouverte, face aux spectateurs, et personne ne s’aventurera dans les paysages bleus de l’amour.   Et ce magnifique décor représente à lui seul l’illusion d’optique voulue entre les sentiments et  la rouerie, l’art de feindre et de dissimuler.

Confusion des sentiments, des valeurs et des sexes. Déguisements. Une belle aristocrate  s’est déguisée en chevalier pour tenter de connaître les intentions  réelles de Lélio qu’elle doit bientôt épouser. «J'ai du bien ; il s'agit de le donner avec ma main et mon cœur ; ce sont de grands présents, et je veux savoir à qui je les donne. » C’est une femme de caractère.

Elle découvrira bien vite que ce dernier, mû par l’arrivisme et l’appât du lucre plus que par les nobles sentiments, est  déjà engagé auprès d’une comtesse avec laquelle il a signé un dédit. Selon ce contrat, sorte d’avenant à leur promesse de mariage, le premier qui trahit l’autre devra lui verser en dédommagement une rente de plusieurs milliers de livres. Or, pour Lelio, la comtesse vaut moins que l’aristocrate de Paris et son choix est vite fait. Comment donc se défaire noblement de la comtesse sans payer le dédit ! Il utilisera le chevalier à ces fins. « Le chevalier, à part. Ah ! L’honnête homme ! (Haut.) Oui, je commence à te comprendre. Voici ce que c'est : si je donne de l'amour à la Comtesse, tu crois qu'elle aimera mieux payer le dédit, en te rendant ton billet de dix mille écus, que de t'épouser ; de façon que tu gagneras dix mille écus avec elle ; n'est-ce pas cela ? »

Et la comtesse, légère,  tombera follement amoureuse du mystérieux chevalier. Cela vaut son pesant d’or! Mais, elle non plus, n’a pas envie de payer un dédit.

Qui est le plus fourbe, le séduisant Lelio aussi froid que la mort ou le chevalier si habile au complot ? Avant de révéler sa véritable identité, la parisienne fortunée se sera fait passer pour chevalier, et ensuite comme servante de ladite Parisienne. « Je suis fille assez jolie, comme vous voyez, et par-dessus le marché, presque aussi méchante que vous. »

 Pour souligner la poursuite effrénée du gain il y a deux autres personnages, des valets, presque des gueux, prêts à tout pour une obole, et qui n’arrêtent pas de courir dans tous les sens. Trivelin : qui porte bien son nom,  sorte de SDF truculent, manipulateur et rapace. Arlequin : moitié elfe, moitié laquais  affamé, qui vit sans doute de la cueillette d’escargots quand il ne peut pas noyer sa misère dans le vin. Ils rendent tous deux  le propos encore plus cru, les scrupules encore plus inexistants. Lelio accumule les formules à l’emporte-pièce : «  Lelio : Est-il besoin d'aimer sa femme ? Si tu ne l'aimes pas, tant pis pour elle ; ce sont ses affaires et non pas les tiennes. » Le public gronde.

 

Le mot de la fin est chanté par le guitariste.

Cet amour dont nos cœurs se laissent enflammer,

Ce charme si touchant, ce doux plaisir d'aimer

Est le plus grand des biens que le ciel nous dispense.

Livrons-nous donc sans résistance

À l'objet qui vient nous charmer.

Au milieu des transports dont il remplit notre âme,

Jurons lui mille fois une éternelle flamme.

Mais n'inspire-t-il plus ces aimables transports ?

Trahissons aussitôt nos serments sans remords.

Ce n'est plus à l'objet qui cesse de nous plaire

Que doivent s'adresser les serments qu'on a faits,

C'est à l'Amour qu'on les fit faire,

C'est lui qu'on a juré de ne quitter jamais.

 

Lorsque l’on remonte du sous-sol, on emporte avec soi,  l’art sûr de ces jeunes  comédiens talentueux qui excellent dans leur jeu, dans leurs poses, leurs regards,  dans la transmission de la vivacité de la langue de Marivaux. Un exploit.  On a été éblouis et confondus.

 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=283&type=1

 

 

 

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administrateur théâtres

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"Désordre public" (pièce d' Evelyne de la Chenelière)

 

Désordre public ou désordre mental ?  Voici une pièce sans prétention de la canadienne Evelyne de la Chenelière, jouée avec humour, dérision, et pétillements. Les acteurs sont jeunes, dynamiques, et il y a même un surdoué. L’action se passe dans un autobus. "Max dans l’autobus", le comble de l’anti-héros, a été lâché par sa femme et son boulot. Il a perdu même sa voiture, c’est pour cela qu’il prend désormais l’autobus, et se retrouve tout-à-coup sur le pavé.

 

 Et soudain, alors qu’il commence tout doucement à ne plus se sentir exister, il perçoit les bruits des autres, les bruits d’âme et du cœur des autres passagers de la vie. Est-il en train de devenir fou, schizophrène, à devoir  ainsi  être le témoin de leurs transports intérieurs ?  Les gens anonymes qui roulent autour de nous soudain deviennent audibles. Egoïste dans l’âme, il rejette cette nouvelle faculté, sous-entendant qu’il a déjà bien assez  à faire avec ses 5 sens pour survivre. Mais il ne peut s’empêcher de parcourir ce chemin obligé de la compassion. On tombe donc avec lui dans la cour des miracles de notre société contemporaine, faite de solitude et de « foule sentimentale assoiffée d’idéal ». Il y a tous les paumés de la vie  qui se trompent de reflet dans le miroir.  Dans le kaléidoscope, on rencontre des personnages cocasses, dont l’enfant surdoué.  Mais on se serait aisément passé des allusions à la politique belge puisque tout  se passe au Québec, terre de rêve. Laissez-nous donc rêver ! …  Les allusions par contre au métier d’acteur font mouche.  On remonte dans le temps avec des chansons phares comme "Let the Sunshine in",  "Unbreak my Heart !" ," I will survive!", chorégraphiées comme au Club Med ! On invite même des spectateurs à danser. Tout cela est très peace and love. Le matériau est donc souvent décousu, hétéroclite ou expérimental, mais la vie n’est-elle pas que chaos et expérience ?

 

On retiendra en revanche le très beau monologue final de Max qui donne une certaine  profondeur humaine à la pièce. « Plus j’entends, plus je disparais. Je suis le réceptacle de tous leurs maux. On traîne tous les échos superposés de ce qui s’est dit. Je suis devenu les autres, (rires). Suis-je devenu un grand acteur, enfin ? Mais je n’ai plus de vanité. Personne ne fait le poids de centaines d’ êtres humains. Le monde m’envahit, j’entends tellement loin que je n’entends plus rien. Tout se superpose, tout s’empile pour me rendre sourd. Je ne peux plus rien dire, je n’ai plus de mots. Tous ces balbutiements… quelque chose dont je ne trouve pas le sens !  »

DESORDRE PUBLIC

d’ÉVELYNE DE LA CHENELIÈRE
Mise en scène: Olivier Coyette / avec Benjamin Boutboul, Olivier Coyette, Sophie Jonniaux, Virgile Magniette, Mirabelle Santkin et Emilienne Tempels

 

DU 16/09/11 AU 05/11/11

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=284&type=2

 

 

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administrateur théâtres

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Oscars ou Toques pour  Patrick de Longrée et Stephen Shank qui nous ont ravis avec leur adaptation grandiose -sensible et juste  - du chef-d’œuvre de Victor Hugo : LES MISERABLES ?

Une trentaine de scènes toutes dynamiques,   majestueuses même dans le sordide,  illuminées de passion pour la justice, l’amour et  la bonté vont se dérouler devant nos yeux ébahis. La mise en scène sera explosive, les odeurs de poudre au rendez-vous dans toute la plaine. « Waterloo, cela vous dit quelque chose ? » Les costumes sont d’une richesse imaginative à couper le souffle.

Un menu en 12  tableaux :

1.   L’accueil de Jean Valjean chez Monseigneur Myriel

2.   Monsieur Madeleine, maire de Montreuil

3.   Fantine et Cosette

4.   La mort de Fantine

5.   La rencontre de Jean Valjean et de la petite Cosette

6.   La taverne des Thénardier qui “vendent” Cosette à Jean Valjean

7.   Javert poursuit Cosette et Jean Valjean qui trouvent refuge dans le Couvent du Petit Pic-Pus  

8.    L’éducation de Cosette  

9.    La rencontre de Cosette et Marius  

10.  Eponine

11.  Les barricades et les combats  

12.  La mort de Jean Valjean

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Ce roman en deux tomes  est une fresque épique, sociale, humaniste et c’est tout un art que d’en savoir dégager ainsi toute la substantifique moelle. Emotion, humour, violence, romantisme et crises de conscience sont chorégraphiés avec soin extrême sur les pentes douces de ce décor splendide et subtil, fait de pavés de Paris ou d’ardoises de chez nous, surplombés de panneaux de vitres de notre siècle.  Les images sont superbes, les tableaux esthétiques. La musique et les lumières ricochetant sur la mosaïque de petites vitres donnent un relief extraordinaire à l’ensemble.

 Il y a cette valse récurrente de Chostakovitch, jouée dans le ton ou en discordances…de plus en plus perceptibles. 

 Il faut observer la rosace de Notre-Dame de Paris, ou les ponts, ou les pieds de la Tour Eiffel qui se répandent sur la butte.

 Il faut se laisser conduire par la voix délicieuse de la narratrice, Sylvie Perederejew.

 Il faut craquer avec l’interprétation exceptionnelle de Jean Valjean par Pascal Racan.

Il faut ricaner sur le funeste Javert, et aussi s’émouvoir sur sa crise de conscience. Par trois fois, il a un ‘Non’ colossal qui fusera dans la plaine. Inoubliables, celui de Jean Valjean qui soudain décide de se convertir à la Bonté et celui de Javert qui se jette à la fin  dans les égouts de Paris. Et le non avorté dans le  croassement rauque de la Thénardier qui pleure le corps sans vie de sa fille Eponine.

 Après les conversions, il y a les illuminations : celle de l’amour entre Cosette et Marius, un morceau de féerie d’ailleurs orchestré par la fée de la narration. Et tout ce chapelet d’actes de compassion de Jean Valjean, ce forçat, cet homme dangereux. 

Il a a la mort de Gavroche.

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 Il y a ces détestables gueux, les Thénardiers, qui n’hésitent pas à détrousser les cadavres, voler et séquestrer les enfants, manier  le chantage le plus sordide.  Des misérables. Des sauvages. « Sauvages. Expliquons-nous sur ce mot. Ces homme hérissés qui dans les jours génésiaques du chaos révolutionnaire, déguenillés, hurlants, farouches, le casse-tête levé, la pique haute ruaient sur le vieux Paris bouleversé, que voulaient-ils ? Ils voulaient la fin des oppressions, la fin des tyrannies, la fin du glaive, le travail pour l’homme, l’instruction pour l’enfant, la douceur sociale pour la femme, la liberté, l’égalité, la fraternité pour tous, l’idée pour tous, l’édenisation du monde, le Progrès ; et cette chose sainte bonne et douce, le progrès , poussés à bout, hors d’eux-mêmes, ils la réclamaient terribles, demi-nus, la massue au poing, le rugissement à la bouche. C’étaient les sauvages, oui ; mais les sauvages de la civilisation.» « Ils proclamaient avec furie le droit ; ils voulaient, fût-ce par le tremblement et l’épouvante, forcer le genre humain au paradis. Ils semblaient des barbares et ils étaient des sauveurs. Ils réclamaient la lumière avec le masque de la nuit. » IV, 1, 5 Les Misérables

Et voilà de quoi réfléchir. « « Ni despotisme, ni terrorisme. Nous voulons le progrès en pente douce. Dieu y pourvoit. L’adoucissement des pentes, c’est là toute la politique de Dieu. »

Tout est dit.

Revenons quand même à cette  pléiade éblouissante d’acteurs, à leurs  prestations exceptionnelles car on savoure encore bien après le spectacle, l’amour maternel désespéré de Fantine,  le charme angélique et innocent  de sa fille Cosette, la séduction intense et l’agilité nerveuse de la provocante ingénue Eponine et surtout  la façon inoubliable dont tous les comédiens ont fait chanter la magnifique langue française de l’écrivain Victor Hugo sur cette terre chargée d'histoire.

 

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http://www.tvcom.be/index.php/info/news/6947

La distribution

PASCAL RACAN (Jean Valjean)
LAURENT BONNET (Javert)
JEAN-LOUIS LECLERCQ (Thénardier)
JACQUELINE NICOLAS (La Thénardier)
STÉPHANIE VAN VYVE (Fantine & Cosette)
VALENTINE JONGEN (Cosette enfant)
CLÉMENT MANUEL (Marius)
JÉRÉMIE PETRUS (Gavroche)
STEPHEN SHANK (Mgr Myriel)
FRANÇOISE ORIANE (Mme Magloire)
JEAN-FRANÇOIS ROSSION (Enjolras)
DENIS CARPENTIER (Grantaire)
PETER NINANE (Laigle)

http://www.deldiffusion.be/prochaines_productions/prochaines_productions.asp

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administrateur théâtres

Imagine Paradise  Klara festival

OFFICIAL OPENING CONCERT

 Jeudi 1er septembre 2011 (festival > 16 septembre)

 

IN SEARCH of HEAVEN12272753888?profile=original

FRANCOIS-XAVIER ROTH (chef d’orchestre)
LES SIECLES (orchestre)
LA MAITRISE DE CAEN (chœur de 22 garçons)

Bozar, Salle Henry Le Bœuf

On a déjà pu voir François-Xavier Roth à la tête de l'Orchestre philharmonique de Liège Wallonie-Bruxelles mais aussi avec le London Symphony Orchestra et l'Ensemble Inter Contemporain. Pour la saison 2011-2012, il officiera comme Chefdirigent du SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg.

Le répertoire de ce jeune chef s'étend de la musique du 17e siècle aux créations contemporaines, du répertoire symphonique ou lyrique à la musique d'ensemble. Il a ainsi créé en 2003 Les Siècles, un orchestre  de jeunes musiciens qui joue tant sur instruments anciens que modernes et cela au sein d'un même concert et qui surtout refuse de se laisser enfermer dans un genre : ni "baroque", ni "classique", ni "romantique", ni "contemporain", mais un peu tout cela à la fois.

L’Orchestre Les Siècles dirigé par le Chef François-Xavier Roth  a ouvert hier soir le festival Klara aux Beaux-Arts de Bruxelles avec un programme de choix :

 

FRANZ LISZT Eine Symphonie zu Dantes Divina Commedia, s. 109
ANTONÍN DVORAK Symphony no. 9 in e, op. 95 “From The New World”

 

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Note d’intention: Un jeune orchestre jouant sur instruments historiques, un chef débordant d’énergie, deux symphonies emblématiques du XIXe siècle, l’une méconnue, l’autre adorée du grand public, autant d’éléments inscrits chacun dans le thème du Paradis, non pas perdu mais enfin trouvé. Franz Liszt représente à lui seul une des personnalités les plus riches et les plus généreuses du XIXe siècle, poursuivant dans son soutien à la Nouvelle Musique un idéal éthique et spirituel autant qu’artistique; ses liens avec l’œuvre poétique de Dante s’inscrivent dans cette recherche. Écrite pour grand orchestre avec chœur, la Dante Symphonie comprend trois mouvements: Inferno, Purgatorio et Magnificat, trois des étapes menant au septième ciel. Autant Liszt aborde le thème de l’utopie par de savants détours, autant Antonín Dvořák le saisit à bras le corps ! « Un appel pur, une sorte de sonnerie de rassemblement, qui par son rythme syncopé instaure un esprit de danse et d’optimisme » (Michel Chion), voilà le Nouveau Monde qui s’ouvre à l’auditeur. Il s’agit de l’Amérique, bien sûr, mais abordée de façon symbolique, intérieure, universelle. Avec une nuance d’humilité, comme l’atteste la tonalité de mi mineur.

 

12272759688?profile=original  FRANZ LISZT Eine Symphonie zu Dantes Divina Commedia, s. 109

 
    Dans cette symphonie, Franz Liszt se transforme en Hitckock avant la lettre. L’enfer, c’est la peur. Et  la terreur est au rendez-vous. F-X Roth, sorte de deus ex machina , conduit son orchestre toutes griffes dehors. Cuivres déchaînés, batterie et cymbales se relaient dans leurs avertissements  fatidiques. Surprise, le premier mouvement s’éteint sur quelques coups de maillet feutrés. Ensuite , au deuxième mouvement, les instruments à vent, les cordes et deux harpes discourent avec un saxo empli d’émotion ; il y a la douceur des flûtes traversières, les arpèges coulés de la harpe, l’atmosphère intime d’un violoncelle en solo qui déborde de nostalgie.

Le paradis débutera comme le tableau d’un champ de fleurs, mais c’est tout juste si les chants mêlés des instruments n’incitent pas à un certain engourdissement ...jusqu’à l’entrée des voix de la Maîtrise de Caen. Ces jeunes garçons  sont apparus au deuxième balcon à la droite de la scène. La préparation à la rencontre divine est ample et ordonnée. Il y a des silences bourrés de sens. L’absurde n’a pas de lieu. La piété infinie des violons soutient les notes graves des cuivres distillant l’émotion. Il faut même regarder attentivement les mains de F-X Roth pour percevoir certains souffles. L’Esprit ? Le cristal des harpes s'envole soudain dans un duo et les enfants s’enlacent à ces deux instruments célestes. « Magnificat anima mea Dominum, et exultavit spiritus meus in Deo salutari meo. » On n’a jamais rien entendu de pareil. La pureté fuse. Tout finira par un long arrêt sur image de l’orchestre, figé dans l’émotion.

 

ANTONÍN DVORAK Symphony no. 9 in e, op. 95 “From The New World”

 

Ce qui nous a frappés particulièrement  dans la  9e symphonie de Dvořák, c’est le relief que F-X Roth donne à cette œuvre chatoyante. La justesse des sons aussi. Le début démarre tout en douceur et en nuances mystérieuses vite interrompues par des cors forte. Dès le départ, il y a ce thème siffloté joyeusement, presque les mains dans les poches - le chef est sans baguettes - qui reviendra comme un refrain tout au long de l’œuvre.  Il y a ces envolées bourrées d’espoir. La flûte solo, une rose rouge déployée sur son épaule est fascinante de confiance et de légèreté. Confiance qui gagne vite les cordes.

 Puis il y a le largo : un rythme de légende séculaire,  auréolé d’un éventail de flûtes qui tranche avec le premier mouvement si exubérant. Montée en puissance, et les cordes ensommeillées se mettent à respirer harmonieusement. Tout cela est palpable. On dirait qu’on entend cette musique pour la première fois. Les cuivres acquiescent. Sommes-nous entrés dans une nature inviolée, illimitée, comme celle des paysages américains? Ou bien est-ce l’American Dream qui prend lui-même la parole ? Peinture idyllique d’une utopie heureuse… On entend les pas de loup des contrebasses et la  séduction de leurs sonorités. Et toujours ce relief musical prodigieux: un kaléïdoscope musical,fascinant. Il y a aussi le vent tremblant dans les  violoncelles, comme une nostalgie du pays natal. On croit entendre des chœurs d’hommes. Mais l’orchestre tout entier bondit de bonheur. Une astuce du chef d’orchestre : ces silences pieux, allongés à l’extrême pour découvrir une note cachée derrière une autre. La dernière note pour la violoncelliste, émotion ciselée. Le troisième mouvement est énergique et brillant. Hautbois, flûtes, violoncelles s’accordent pour accueillir le thème majestueux du Nouveau Monde.  Cette formation de jeunes musiciens adultes transpire elle aussi l’émotion commune devant l’aventure de la vie. Atmosphère trépidante, exubérance, gloussements humoristiques des bois. Le batteur s’amuse. Spectaculaires, dans le quatrième mouvement, voici des vagues mugissantes en ascension vertigineuse : Est-ce le Bonheur ? La victoire ? La Liberté ? Le courage ? Tout à la fois ? L’attaque finale des cors anglais  entraîne le rêve musical vers des  paroxysmes,  et le feu d’artifice final n’en finit pas d’éclater.   

Le site du Klara Festival
Le site des Siècles
Le site de François-Xavier Roth
Le site de la Maîtrise de Caen

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administrateur théâtres

Imagine Paradise (part 4) (Klara festival) 14/9/ 2011 EROICA

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CHRISTOPHE ROUSSET Conductor
LES TALENS LYRIQUES
Jeremy Ovenden tenore

Au programme: Pierre Gaveaux & Joseph Haydn (en première partie)  

Ludwig van Beethoven - Symphonie n°3 en mi bémol majeur, op. 55 Eroica
(Quatre mouvements: Allegro con brio, Funebre de Marcia : Adagio assai, Scherzo: Allegro vivace
Finale: Allegro molto )

 

C’est définitivement la seconde partie du programme que nous avons préférée. « Spécialiste de la musique baroque, puis classique, et, depuis quelques années, du début du Romantisme, Christophe Rousset est un chef visionnaire, fin et profond. A la tête des Talens Lyriques, il dirige Beethoven pour la première fois. » Il dirige à mains nues. On sent tout de suite une agilité extrême dans les gestes, une passion, une fougue qui fera éclater comme du tonnerre les deux accords brefs en mi bémol majeur qui  introduisent l'œuvre, de façon théâtrale. Critique de musique, J.W.N. Sullivan décrit le premier mouvement comme une expression du courage de Beethoven confrontant sa surdité, le deuxième, lent et funeste, représente son immense désespoir, le troisième, le scherzo, comme une « indomptable révolte d’énergie créative » et le quatrième mouvement comme une effusion exubérante de la même énergie.

 

 Le premier thème, exposé par les violoncelles dans la nuance piano est repris avec magnificence un nombre  incalculable de fois, comme si patiemment le compositeur s’amusait à élever la  flèche ajourée d’une cathédrale, les arcs-boutants et les ogives des nefs latérales tout à la fois. A la fin il y a un éparpillement d’éclats lumineux des violons, puis un crescendo de luminosité, souligné par l’entrée dramatique des cors anglais.  La percussionniste veille. Elle est tout devant à gauche, chose rare. La blonde Aline Potin, au nom de tintamarre et au physique élancé et gracieux décoche sans frémir ses coups de maillets avec des mains de fée.

 

Le deuxième mouvement commence dans les couleurs sombres des violoncelles, il y a la voix presque humaine de la clarinette, le rythme se fait héroïque, la clarinette ricochette. Il y a de dramatiques accords des vents. Trois accords répétés des contrebasses et le rythme se métamorphose en marche ample. C’est le vent lui-même qui s’empare des cordes et les flûtes exultent. Les gestes de la percussionniste soulignent  l’ensemble comme si elle dirigeait un ballet gracieux. Etonnant. Après une rupture en douceur, on glisse dans la nostalgie. Il y aura le tic-tac des altos, et des diminuendos qui vous mènent au cœur de la confidence. Une musique que presque personne n’a pu s’empêcher d’applaudir entre les mouvements. Hommage au chef d’orchestre.

 

La légèreté et la souplesse sont au rendez-vous dans le scherzo. Les cors donnent le ton et entraînent les violons suivis des hautbois et le thème puissant a été rattrapé au vol. Les cuivres sonnent la fanfare et le trio de cors s'enflamme. Où sont les chevaux? Assiste-t-on aux soirs de batailles gagnées, à la joie et les libations des guerriers victorieux, au bonheur des idées de liberté répandues par-delà les frontières ? La joie (masculine) est palpable. L’accord final sera leste et joyeux. Et toujours, aux côté de la brillante trompette, la percussionniste… aux maillets de fée.

 

Dernier mouvement : l’ouverture se fait sur un parade précipitée des violons suivie d’un arrêt brusque pour laisser libre cours aux variations.  Des pizzicati scintillants entrecoupés de respirations vivantes, mettent en lumière les belles sonorités de l’orchestre, les notes tenues, si harmonieuses. La princesse des cymbales observe tout cela le sourire aux lèvres,  avec un métronome dans sa chevelure qui ponctue la mélodie. La quatrième variation tourne à la fugue. On est surpris par un point culminant de dissonance mais d’autres variations arrivent comme des vagues toujours plus surprenantes. Il faut se laisser porter par l’amplitude chantante et se préparer à applaudir à tout rompre.

 

 

 

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http://www.bozar.be/activity.php?id=11038&selectiondate=2011-9-14

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http://www.klarafestival.be/nl/node/1316

 

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L'actualité du Réseau Art Nouveau

Des nouvelles du Réseau Art Nouveau

Bernasconi - Détail - tuiles papillon

Réseau Art Nouveau Network
Lab historique 3: «La nature, la créativité et de production au moment de l'Art nouveau" à la Lombardie à Milan Palazzo - 19 Novembre 2011

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Appel à communications jusqu'au 30 Septembre ème !

Couvrent Dépliant

Réseau Art Nouveau Network

Le nouveau dépliant du Réseau introduisant ses villes est déjà disponible en 6 versions PDF:

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Femmes tapis tissées à la main

EXPOSITION À BUDAPEST

Les femmes, tissées à la main Tapis, de l'Industrie à la MaisonMusée d'Ethnologie - du 24 Juin to 26 août 2012

 

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Kirchgaessner & Kraft, Pforzheim. Gürtelschließe euh 1903-1905 Hessisches Landesmuseum de Darmstadt

EXPOSITION A DARMSTADT

L'éclat d'une époque - Bijoux Art Nouveau de l'Europe, à laMathildenhöhe - du 21 août au 11 Décembre 2011

 

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© Barbara Van der Wee - Studio d'Architecture et de la Conservation

Exposition à Bruxelles

De restauration du Musée Horta à la mairie de Saint-Gilles à Bruxelles 9-23 Septembre 2011

Poste r

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Jacques Gruber - coloquintes

EXPOSITION A NANCY

Jacques Gruber et l'Art nouveau. Un chemin de décoration, à l'Ensemble Poirel - du 16 Septembre 2011 au 22 Janvier 2012

Dossier de presse - Catalogue capot avant

Lire plus sur les activités de l'exposition, de conférences et autres

Jacques Gruber - Vitrail

EXPOSITION A NANCY

La Veranda de La Salle par Jacques Gruber à l'Agence CIC - 16 Septembre to 30 Octobre 2011

 

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Self-Portrait d'Egon Schiele. Source: <a href=

Exposition à Vienne

La mélancolie et la provocation. Le Egon Schiele-projet à l'Leopold Museum - du 23 Septembre 2011 au 30 Janvier 2012

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Photo: Albert Schmidt - Teerkocher

EXPOSITION à Alesund

Bâtiment pour une nouvelle vie à la Jugendstilsenteret - 24 Septembre to 31 May 2012

 

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Toulouse-Lautrec - Jane Avril

EXPOSITION EN GLASGOW

L'art de l'affiche à la Galerie Hunterian - 8 Octobre 2011 au 8 Janvier 2012

 

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Gustav Klimt - Le baiser

Exposition à Vienne

Gustav Klimt - Josef Hoffmann. Pionniers du modernisme aumusée du Belvédère - du 25 Octobre 2011 au 4 Mars 2012

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Horta - Un monde perdu - Affiche

Exposition à Bruxelles

Victor Horta, un monde perdu à la Maison Autrique - du 8 Avril au 31 Décembre 2011

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Couvrent programme Événement à Bruxelles

Biennale d'Art Nouveau - 8-30 Octobre 2011

 

Programme

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Rik Wouters (1882-1916), Le flutiste (1914). Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique. Événement à Bruxelles

Bruxelles en tant que la convergence des arts (1880-1914) - 24 au 26 Novembre 2011

Programme (en français et en néerlandais)

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Victor Horta Symposium organisé à Bruxelles
Victor Horta revisité au Centre belge de la Bande Dessinée 
3 Décembre 2011

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Atelier-maison de Georges Lemmers, Gabriel Charle, 1904. Photo: Centre Urbain-Jérôme Bertrand PUBLICATION
Le 133 ème numéro du Patrimoine Nouvelles du (Nouvelles du patrimoine) est dédié à l'Art Nouveau Art Déco Biennale 2011 à Bruxelles Couverture - 
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En couverture: Emile André PUBLICATION
Emile André - Art nouveau et Modernités, par Hervé Doucet.Maison d'édition: Honoré Clair annonce (en français) 

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Couverture de magazine PUBLICATION
Le 17 ème numéro du Magazine CoupDefouet est publié par l'Institut du Paysage urbain du Conseil municipal de Barcelone

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