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La newsletter Août 2011 d'Olivier Lamboray

Olivier Lamboray inaugure une nouvelle "Newsletter" mensuelle.

 
Sa lettre d'information est rédigée en anglais, mais vous disposez d'un bouton de traduction dans toutes les langues (traduction machine)

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Dear Friend

Time is moving up with speed and I am pleased to launch my monthly newsletter to keep you informed of the evolution of my work , my running exhibitions and the coming ones, my new videos of my paintings, and soon to be launched my first advertising...
Feel free to reply me or ask me any questions if you have any, I'll be pleased to answer you.

The July Stuff & Taff

I have been working , again , on another amazing masterpiece of architecture, in Brussels, close to the Ixelles' ponds, so inspiring, where, under a full moon , a love story is at its peak...is it a departure, and the difficulty to leave her behind? Or did I just came back and in the hurry to be in her arms, I left the suitcase on the street... But, one way or another, it is this precise moment of being into your arms, I close my eyes, and we are freed in eternity, a very strong feeling inside, where time stops and nothing esle matter than this intense energy bounding us..some lights here and there, a window open, adding the mysteries surrounding this Moment of Eternity!
Even Laly Superstar is patiently waiting, respecting the privacy of the scene
...Time dissapears in this passionate instant...

Moment_d_ternit__web.jpg

 


And to refresh my mind from the huge amounts of bricks and tiles, I escaped in a surreal dream, painting  my own sur-reality, under the authority of Famous Belgian surrealist, Monsieur Renée Magritte at the command of this very belgian Tram...Our Belgian Culture of Surrealism , a pure "local" travel into what seems to be so deeply inscrusted in our country heritage....
My Lovely wife still under the charm of the "AMOUR" words carried by the moon while I am in this poetic journey . Even my machinist cousin holds on to the dream....sharing the same love of oldies....and  tradition...


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I'll be back to you next month with more work and may be a face lift of my website, some probable videos and may be even an advertising if August has enough days and hours to fullfill my dream, announcments of coming exhibitions in October, November and December, a full schedule full of surprises....

This is my first newsletter, hopefully , I'll be able to free up myself a bit along these tracks and be more "Me"..

Allez catch you letter master & wish you all the best untill we meet again under Brussels fantaisies

Olé~
www.olamboray.com

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12272744683?profile=original« Les faux-monnayeurs «  est un roman d'André Gide (1869-1951), publié à Paris partiellement dans la Nouvelle Revue française de mars à juin 1925, et en volume chez Gallimard la même année (mis en vente en février 1926).

 

Gide rédige son roman, auquel il a commencé de travailler dès 1919 et dont l'idée est plus ancienne encore, entre octobre 1921 et juin 1925. Il s'agit, de l'aveu même de l'auteur, du seul «roman» qu'il ait composé, ses autres ouvrages de fiction étant des «récits» ou des «soties». Les Faux-Monnayeurs constituent pour Gide une sorte de testament littéraire: «Il me faut, pour écrire bien ce livre, me persuader que c'est le seul roman et le dernier livre que j'écrirai» (Journal des «Faux-Monnayeurs», 1927).

 

 

Première partie. «Paris». Le jeune Bernard Profitendieu, ayant découvert par hasard qu'il est un bâtard, quitte le foyer familial. M. Profitendieu, juge d'instruction, après une conversation avec son collègue Molinier - le père du meilleur ami de Bernard, nommé Olivier - au sujet d'une affaire impliquant des mineurs, rentre chez lui et trouve la lettre d'adieu de Bernard. Ce dernier vole, à la gare Saint-Lazare, la valise d'Édouard, écrivain et oncle d'Olivier. Vincent, le frère aîné d'Olivier, a eu une aventure amoureuse au sanatorium de Pau avec Laura, épouse de Douviers. Laura et Vincent sont maintenant à Paris et la jeune femme est enceinte mais Vincent ne l'aime plus. Il est désormais l'amant de Lilian Griffith que son ami Passavant, un écrivain à succès, lui a fait connaître. Édouard est venu à Paris car il a reçu un appel de détresse de Laura. On apprend dans le journal d'Édouard - trouvé par Bernard dans la valise - que celui-ci et Laura partageaient de tendres sentiments, mais que la jeune femme a pourtant épousé Douviers sur les conseils d'Édouard. Bernard décide d'aider Laura et lui rend visite. Édouard fait la connaissance de l'adolescent et l'engage comme secrétaire. Pendant ce temps, Passavant propose à Olivier de diriger une revue littéraire. Un vieux professeur de piano, La Pérouse, charge Édouard de rechercher son petit-fils Boris en Suisse.

 

Deuxième partie. «Saas-Fée». Bernard, qui a accompagné Édouard et Laura à Saas-Fée, en Suisse, écrit à Olivier et lui raconte leur rencontre avec Mme Sophroniska, sa fille Bronja et Boris. Édouard cause de ses projets littéraires avec ses compagnons et note la présence d'un certain Strouvilhou. Bernard avoue son amour à Laura mais celle-ci le repousse. Édouard décide de placer Boris dans la pension Vedel-Azaïs où Bernard est embauché comme surveillant. Olivier, quant à lui, est devenu le secrétaire de Passavant.


Troisième partie. «Paris». Georges, le jeune frère d'Olivier et de Vincent, écoule avec ses amis de la fausse monnaie. Strouvilhou, un anarchiste, est à la tête de l'affaire. Bernard devient l'amant de Sarah Vedel, la jeune soeur de Laura. Olivier tente de se suicider. Édouard et Olivier s'avouent et partagent enfin un amour qu'ils éprouvent depuis longtemps l'un pour l'autre. Édouard commence à rédiger son roman. Laura retourne auprès de son mari. Vincent tue Lilian. Boris apprend par une lettre que celle qu'il aime, Bronja, est morte. Les élèves de la pension Vedel, qui martyrisent Boris, imaginent une cruelle plaisanterie à l'issue de laquelle le jeune garçon, victime consentante en raison de son désespoir, est tué. Georges se repent et est pardonné. Bernard réintègre le foyer familial.

 

L'intrigue des Faux-Monnayeurs, tout comme celle des Caves du Vatican, le roman précédent de Gide, est fort complexe. Elle se présente comme une sorte de vaste système combinatoire dont les divers éléments finissent par se rassembler, au gré de coïncidences multiples. Peu soucieux de vraisemblance et de réalisme, Gide réalise une composition subtile et stylisée - l'écrivain Édouard veut présenter dans son ouvrage l'«effort pour [...] styliser la réalité» - qui remet ironiquement en question la tradition romanesque. L'entreprise gidienne participe des interrogations du moment relatives au genre romanesque et procède d'un refus identique à celui que l'on trouve exprimé en 1924 dans le premier Manifeste du surréalisme d'André Breton. A bien des égards, les Faux-Monnayeurs, roman qui porte en lui la contestation du roman, sont, selon la formule de Sartre, un «antiroman» et annoncent le Nouveau Roman.

 

Construction compliquée dont l'Art de la fugue de Bach offre une métaphore - «ce que je voudrais faire, c'est quelque chose qui serait comme l'Art de la fugue», dit Édouard -, les Faux-Monnayeurs requièrent une active collaboration de la part du lecteur. Gide note dans le Journal des «Faux-Monnayeurs» qu'il n'écrit «que pour être relu»; il précise qu'il entend «s'y prendre de manière à lui [le lecteur] permettre de croire qu'il est plus intelligent que l'auteur». Ainsi le système narratif propose souvent une sorte de duplication légèrement décalée des péripéties: trois adultères, deux duels et trois suicides sont par exemple relatés; Bernard écrit à Olivier qu'il est le secrétaire d'Édouard et Olivier écrit à Bernard qu'il est celui de Passavant; la nuit que passe Olivier avec Édouard est aussi celle que Bernard passe avec Sarah. Ce procédé de variation vaut aussi pour les personnages, souvent redoublés: il y a deux romanciers (Édouard et Passavant), deux grands-pères (le vieil Azaïs et La Pérouse), deux bâtards (Bernard et l'enfant de Laura). En outre, les faits parviennent au lecteur par le biais de multiples points de vue: «L'indice de réfraction m'importe plus que la chose réfractée», écrit Gide à R. Martin du Gard le 29 décembre 1925. A travers dialogues ou missives, les personnages deviennent temporairement narrateurs, si bien qu'un même fait peut recevoir divers éclairages, simultanés ou successifs: l'aventure amoureuse de Vincent et Laura est racontée par Olivier à Bernard, par Lilian à Passavant, puis dans des lettres de Bernard à Olivier, de Lilian à Passavant... L'intrigue se nourrit également de divers modèles littéraires. Avec Bernard Profitendieu, qui quitte le giron familial pour découvrir l'existence et accéder à la constitution de sa propre identité à travers les événements dont il est témoin, les deux professions qu'il exerce et les deux femme qu'il aime, les Faux-Monnayeurs tracent le parcours d'une initiation et rappellent le roman d'apprentissage. De plus, les différentes intrigues amoureuses qui se nouent octroient une large place à l'aventure sentimentale. Enfin, l'énigme de la bande des faux-monnayeurs, résolue grâce à la découverte progressive de divers indices, confère au livre des allures de roman policier.

 

Complexes tant par les faits qu'ils relatent que par les procédés narratifs dont ils usent, les Faux-Monnayeurs trouvent en partie leur centre dans le personnage de Boris - «Tout aboutit au suicide du petit Boris; directement tout y amène» (lettre à Martin du Gard, 9 juin 1925) -, de même que les Caves du Vatican avaient Amédée Fleurissoire pour «carrefour». Toutefois, Gide précise ailleurs que le coeur du roman est bien plutôt à chercher dans la construction en abyme sur laquelle il est fondé: «Il n'y a pas, à proprement parler, un seul centre à ce livre, autour de quoi viennent converger mes efforts; c'est autour de deux foyers, à la manière des ellipses, que ces efforts se polarisent. D'une part, l'événement, le fait, la donnée extérieure; d'autre part, l'effort même du romancier pour faire un livre avec cela. Et c'est là le sujet principal, le centre nouveau qui désaxe le récit et l'entraîne vers l'imaginatif» (Journal des «Faux-Monnayeurs»).

Roman dans le roman et roman du roman, l'oeuvre d'Édouard, qui s'intitule les Faux-Monnayeurs, tout comme celle de Gide - celui-ci refuse toutefois qu'on le confonde avec son personnage -, est au service d'une méditation sur la problématique frontière entre la réalité et l'imaginaire. Le roman d'Édouard aura en effet pour sujet «la lutte entre les faits proposés par la réalité, et la réalité idéale». Gide note dans son Journal, le 20 décembre 1924, une remarque qui pourrait s'appliquer à nombre de personnages des Faux-Monnayeurs: «Le monde réel me demeure toujours un peu fantastique [...]. C'est le sentiment de la réalité que je n'ai pas. Il me semble que nous agissons tous dans une parade fantastique et que ce que les autres appellent réalité, que leur monde extérieur n'a pas beaucoup plus d'existence que le monde des Faux-Monnayeurs.» En outre, le procédé de la mise en abyme permet au roman de se commenter lui-même. Ainsi, l'effort pour «styliser» la réalité que se propose de fournir Édouard, Gide le met en oeuvre dans les Faux-Monnayeurs. Le cadre romanesque, jamais décrit, réside entièrement dans le pouvoir mythique ou symbolique des noms de lieux. Les personnages sont eux aussi l'objet d'une sorte d'abstraction dans la mesure où ils n'existent que par leur voix: «J'ai cherché l'expression directe de l'état de mon personnage - telle phrase qui fût révélatrice de son état intérieur - plutôt que de dépeindre cet état» (Journal des «Faux-Monnayeurs»).

 

Les Faux-Monnayeurs sont le roman de la crise du roman mais aussi de la crise de la jeunesse, ou plutôt d'une certaine jeunesse, intellectuelle et bourgeoise, partagée entre ses valeurs chrétiennes et nationales et la tentation de l'anticonformisme et de la révolte. Plus largement, l'oeuvre aborde des sujets chers à Gide et déjà présents dans les romans antérieurs: la famille, la religion, le bien et le mal, la sincérité, la liberté et, on l'a vu, le rapport entre la littérature et le monde réel. Elle porte cependant plus loin que les ouvrages précédents deux composantes que ces derniers contenaient en germe: l'une, formelle, est le procédé moderne de la mise en abyme; l'autre, thématique, est l'expression directe de l'homosexualité.

 

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Alcools

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Apollinaire par Marie Laurencin

"Alcools" est le premier grand recueil poétique d'Apollinaire qui n'a publié, avant 1913, qu'un seul ouvrage de poésie: le Bestiaire ou Cortège d'Orphée (1911), mince plaquette tirée à cent vingt exemplaires et illustrée par des gravures de Raoul Dufy. Alcools rend compte toutefois d'un long trajet poétique puisque le recueil rassemble des textes écrits entre 1898 et 1913, que l'auteur retravaille et modifie souvent pour la publication en volume. La critique fut en général peu enthousiaste, voire très agressive - Georges Duhamel, dans le Mercure de France du 15 juin 1913, taxe le recueil de «boutique de brocanteur» - et Apollinaire fut blessé de cette incompréhension à l'égard de son oeuvre.

 

Alcools s'ouvre sur un long poème écrit en 1912 et intitulé "Zone". Le premier vers de ce texte inaugural, riche et multiple, ancre d'emblée le recueil dans la modernité: «A la fin tu es las de ce monde ancien». Viennent ensuite "le Pont Mirabeau" puis "la Chanson du mal-aimé", longue complainte divisée en six sections. Les vingt-sept poèmes suivants, de longueur et d'inspiration variées, se présentent comme une succession d'unités autonomes, mais les titres laissent présager la présence d'images et de thèmes récurrents: "Saltimbanque" et "la Tzigane" se font écho et suggèrent à la fois le voyage et l'errance - de même que "le Voyageur", "l'Adieu" ou "le Vent nocturne" -, la solitude et la marginalité - tout comme "l'Ermite" ou "le Larron". Le déclin et la mort sont inscrits dans des titres tels que "Crépuscule", "la Maison des morts" et "Automne", auquel s'associent "les Colchiques"; un univers légendaire se dessine à travers "la Blanche Neige", "Salomé" et "Merlin et la Vieille Femme"; des noms féminins tels que "Annie", "Clotilde", "Marizibill", "Marie", "Salomé" et "Rosemonde" jalonnent la progression du recueil.

 

Ce dernier comporte ensuite une section intitulée «Rhénanes» et composée de neuf textes d'inspiration germanique parmi lesquels figure le célèbre poème consacré à "la Loreley". Après trois poèmes assez brefs - "Signe", "Un soir" et "la Dame" -, le long poème "les Fiançailles", divisé en neuf parties dépourvues de titres, évoque de façon poignante la fuite du temps, la solitude et le dénuement.

Le recueil propose de nouveau deux textes brefs - "Clair de lune" et "1909" - puis un long poème en six parties, "A la Santé", issu de la triste expérience de la détention effectuée en septembre 1911 par Apollinaire à la prison de la Santé. Enfin, "Automne malade", "Hôtels" et "Cors de chasse" précèdent l'ultime poème du recueil, "Vendémiaire", dans lequel le poète éternise son chant: «Hommes de l'avenir souvenez-vous de moi.»

 

Apollinaire avait d'abord songé à intituler son recueil Eau-de-vie. Alcools est toutefois plus net, provocant et moderne, et rapporte l'acte poétique, dans la continuité de Baudelaire et de Rimbaud, à un dérèglement des sens: «Écoutez mes chants d'universelle ivrognerie» ("Vendémiaire"). Les références explicites à la boisson enivrante sont fréquentes dans le recueil: «Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie / Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie» ("Zone"), «Nous fumons et buvons comme autrefois» ("Poème lu au mariage d'André Salmon"), «Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme» ("Nuit rhénane"). De même, l'univers d'Alcools est jalonné de nombreux lieux pourvoyeurs de boissons: des «tavernes» ("Zone"), des auberges - celle du "Voyageur" est «triste» et celles des "Saltimbanques" sont «grises» -, des brasseries -«Beaucoup entraient dans les brasseries» ("la Maison des morts"), «Elle [...] buvait lasse des trottoirs / Très tard dans les brasseries borgnes» ("Marizibill"). D'un symbolisme multiple, que le pluriel du titre élargit encore, l'alcool désigne l'universelle soif du poète, le paroxysme de ses désirs: «Je buvais à pleins verres les étoiles» ("les Fiançailles"), «Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers / [...] Écoutez-moi je suis le gosier de Paris / Et je boirai encore s'il me plaît l'univers» ("Vendémiaire"). Extrême et intarissable, cette soif, souvent euphorique, court toutefois le risque de demeurer inassouvie: «Mondes [...] / Je vous ai bus et ne fus pas désaltéré» ("Vendémiaire"). L'alcool suggère en outre la transgression, la possibilité de faire fi des tabous et des normes, en somme les audaces d'une poésie novatrice et moderne.

 

La poésie d'Alcools se déploie en effet souvent dans la fantaisie et la rupture à l'égard des normes, mais elle se plie également à certaines règles. C'est ce mélange de nouveauté et de tradition, de surprise et de reconnaissance qui fait l'originalité du recueil. Si, sur le plan prosodique, Apollinaire conserve en général la rime et la régularité métrique - avec une nette prédilection pour l'octosyllabe et l'alexandrin -, c'est en raison d'une nécessité interne à sa poésie et non par souci d'obéir à une quelconque contrainte extérieure. La poésie d'Alcools s'enracine dans le chant qu'elle cherche à rejoindre par son souffle propre. Les enregistrements qui demeurent du poète témoignent d'ailleurs de cette parenté: Apollinaire, lisant ses textes, semble chanter. Or la rime et le mètre ne sont pas seuls à contribuer à la musicalité du recueil. La répétition, savamment agencée, confère à de nombreux poèmes un rythme qui les rapproche du cantique. "Le Pont Mirabeau", par la reprise du refrain - «Vienne la nuit sonne l'heure / Les jours s'en vont je demeure» - et celle, juste avant la dernière occurrence du refrain, du premier vers - «Sous le pont Mirabeau coule la Seine» - a l'aspect d'une litanie tragique et conjuratoire. Dans "la Chanson du mal-aimé", la reprise d'une strophe majestueuse par son adresse et solennelle par la référence biblique qu'elle contient - «Voie lactée ô soeur lumineuse / Des blancs ruisseaux de Chanaan» - donne au poème une dimension incantatoire. Ailleurs, la répétition, plus légère et joyeuse - celle par exemple de la tournure, elle-même répétitive, «Le mai le joli mai» dans "Mai" -, confère au poème des allures de chanson populaire, voire de comptine.

 

Toutefois, rien n'est jamais stable dans cette poésie qui refuse le confort mélodique et préfère l'incertitude. Le poème intitulé "les Colchiques" installe la régularité de l'alexandrin tout en y inscrivant de subtiles fractures: la disposition graphique démembre le mètre - «Les vaches y paissant / Lentement s'empoisonnent» -, certains vers ont plus de douze syllabes - «Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica» - si bien que, finalement, la lecture hésite face à d'autres vers dont on peut faire des alexandrins, au prix de quelques élisions audacieuses - par exemple: «Qui batt(ent) comme les fleurs battent au vent dément» -, mais que l'on peut également considérer comme irréguliers. De même, dans "Marie", un alexandrin unique vient soudain perturber la régularité du poème par ailleurs entièrement composé d'octosyllabes. La prosodie d'Alcools cultive la discordance qui déstabilise, ébranle, introduit comme un déchirement. A l'échelle du recueil pris dans son ensemble, le poème "Chantre", constitué d'un vers unique, qu'Apollinaire appelait drôlement «vers solitaire» - «Et l'unique cordeau des trompettes marines» - produit un effet similaire.

 

Ces fractures sont à l'image de l'expérience, le plus souvent douloureuse et angoissée, qui se dévoile à travers Alcools. Divers poèmes sont d'ailleurs, de l'aveu d'Apollinaire lui-même, directement liés aux circonstances biographiques. Ainsi "la Chanson du mal-aimé" exprime le désarroi du poète dans son amour malheureux pour une jeune Anglaise, Annie Playden. Toutefois, la matière poétique transcende l'anecdote, notamment grâce à la richesse des images. Certaines, récurrentes dans le recueil, contribuent à son unité, voire à l'envoûtement qui en émane peu à peu lors d'une lecture continue. Ainsi, le flux de l'eau est fréquemment, mais de façon toujours renouvelée, associé au temps qui passe, à la fois irréversible -«Passent les jours et passent les semaines / Ni temps passé / Ni les amours reviennent / Sous le pont Mirabeau coule la Seine» ("le Pont Mirabeau") - et immuable - «Je passais au bord de la Seine / Un livre ancien sous le bras / Le fleuve est pareil à ma peine / Il s'écoule et ne tarit pas / Quand donc finira la semaine» ("Marie").

 

L'automne, saison fascinante et tragique, évoque le déclin de toute chose - «Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs / Les fruits tombant sans qu'on les cueille / Le vent et la forêt qui pleurent / Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille / [...] La vie / S'écoule» ("Automne malade") -, la séparation des amants -«Sais-je où s'en iront tes cheveux / Et tes mains feuilles de l'automne / Que jonchent aussi nos aveux» ("Marie") - et la mort - «L'automne a fait mourir l'été» ("Automne"). Ces images sont certes traditionnelles mais la poésie d'Alcools les renouvelle par le traitement qu'elle leur réserve. Amplement utilisée, la comparaison engendre un monde propre qui transmue le poème en vision, souvent violente: «Le soleil ce jour-là s'étalait comme un ventre / Maternel qui saignait lentement sur le ciel / La lumière est ma mère ô lumière sanglante / Les nuages coulaient comme un flux menstruel» ("Merlin et la Vieille Femme"). Ailleurs, la métaphore, dont l'allitération renforce l'efficacité, transfigure ce même spectacle initial d'un coucher de soleil en une scène de décapitation: «Soleil cou coupé» ("Zone").

 

L'univers d'Alcools est en outre résolument ancré dans la modernité, singulièrement celle du monde urbain. La grande ville est présente dans "la Chanson du mal-aimé" - «Un soir de demi-brume à Londres» - ou dans "le Pont Mirabeau" dont le titre évoque explicitement Paris. Le ton est donné dès le premier poème, "Zone", aux références et à la terminologie très contemporaines: «les automobiles», «les hangars de Port-Aviation», «les affiches», «cette rue industrielle», «des troupeaux d'autobus», «le zinc d'un bar crapuleux». Quant au dernier poème, "Vendémiaire", il dresse une sorte de panorama urbain universel: «J'ai soif villes de France et d'Europe et du monde / Venez toutes couler dans ma gorge profonde.»

 

Les lieux où se déploie cette poésie sont cependant variés, car le voyage est l'un des thèmes dominants d'Alcools. Des titres de poèmes tels que "le Voyageur" ou "Hôtels" en témoignent. Ceux que l'on appelle les «gens du voyage» sont également présents dans les titres - "Saltimbanques", "la Tzigane" - et dans les poèmes - «Un ours un singe un chien menés par des Tziganes / Suivaient une roulotte traînée par un âne» ("Mai"); «Des sorciers venus de Bohême» ("Crépuscule"). Le voyage est en outre fréquemment rapporté à l'expérience personnelle: «Maintenant tu es au bord de la Méditerranée / [...] Tu es dans le jardin d'une auberge aux environs de Prague / [...] Te voici à Marseille au milieu des pastèques / Te voici à Coblence à l'hôtel du Géant / Te voici à Rome assis sous un néflier du Japon / Te voici à Amsterdam avec une jeune fille [...]» ("Zone"). Le voyage dans l'espace va de pair avec celui dans le temps. Le passé du poète est représenté - Alcools se plaît à l'évocation, souvent pathétique, des souvenirs - mais aussi celui de l'humanité, par le biais des mythes, nombreux dans le recueil. Ces mythes sont de sources très diverses - la Bible, les contes populaires, les légendes gréco-latines, orientales, celtiques, germaniques, etc. - et contribuent, par leur exotisme et leur étrangeté, au charme mystérieux et nostalgique qui émane d'Alcools.

 

Spatial ou temporel, le voyage est signe de liberté et peut donc être associé à la fête et à la richesse: les saltimbanques «ont des poids ronds ou carrés / Des tambours des cerceaux dorés» ("Saltimbanques"). Il signale la toute-puissance de l'imagination poétique: «Vers le palais de Rosemonde au fond du Rêve / Mes rêveuses pensées pieds nus vont en soirée / [...] mes pensées de tous pays de tous temps» ("Palais"). Or cet aspect positif du voyage, qui abolit limites et entraves, a son envers négatif. Dépourvu de but déterminé, le voyage est avant tout errance, symbole d'une douloureuse méconnaissance de soi: «Temps passés Trépassés Les dieux qui me formâtes / Je ne vis que passant ainsi que vous passâtes / Et détournant mes yeux de ce vide avenir / En moi-même je vois tout le passé grandir» ("Cortège").

 

Grâce à la richesse de sa prosodie, de ses constructions et de ses images, Alcools exerce une indéniable fascination. Celle-ci ne doit pourtant pas faire oublier le caractère fondamentalement pessimiste et désespéré du recueil.

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Albert TERKEN   1919 - 1992   

Né à Sidney (Australie), a débuté comme

dessinateur lithographe.

 

12272749488?profile=originalAprès des études à St. Luc et à l’Académie de Bruxelles où il remporta différentes distinctions importantes dont un premier prix de dessin avec la plus grande distinction, un prix de peinture et un premier prix de composition, il s’adonna entièrement à la peinture et travailla comme lithographe et aquafortiste.12272750073?profile=original

 

Il obtint également le prix de la Coopérative Artistique et un hommage lui fut rendu par la Ville de Bruxelles à l’occasion du millénaire de Bruocsella.

 

La Biennale de Malte d’Art International lui a décerné en 1997 un Special Distinction Award.

 

Il fit beaucoup de portraits, comme ceux de Michel Simon et de Nelly Beguin, et des compositions telles que le Lundi des Fous, La Fuite en Egypte, Don Quichotte, l’Orchestre, différentes nativités, des Fantasias, une Piéta, un calvaire et de nombreux sujets sportifs acquis par différents champions.

 

C’est aussi un peintre de plein air. Il a fait de nombreuses expositions personnelles aux Galeries Le Régent, Van Loo, la Maison des Architectes, Rubens, le Mont des Arts, la Maison communale et la Maison des Arts de Schaerbeek, la Maison des Artistes à Anderlecht, à Gand, Vresse s/Semois, Namur, dans les Ardennes Flamandes, Courtrai, Lavaux Ste Anne, à Caen, à Paris au Musée Molière.

 

12272750278?profile=originalPlus récemment, ses toiles ont été exposées en 1994 au Centre culturel Rops à Namur et au Centre culturel de Neder-Over-Hembeek, et en 1998, au Kotje à Anderlecht et au Centre culturel de Vichte près de Courtrai.

 

Il a participé à de nombreuses expositions d’ensemble, notamment à Bruxelles, Gand, Vresse-sur-Semois, Profondeville.

 

Ses toiles ont été acquises par de nombreux collectionneurs artistiques ainsi que par l’Etat, les communes d’Anderlecht et de Schaerbeek.

 

Des œuvres se trouvent en France, Australie, Zaïre, Transylvanie, Venezuela, Canada, Hollande ; une station de chemin de croix se trouve à l’église de Vresse s/Semois.

 

Il est répertorié dans diverses monographies et revues d’art : De Begische Beeldenende Kunstenaars, Artistes et galeries, Arts Antiques Auctions, Belgian Artists, Signatures, Arto, le Bénézit (France).

 

 

Maguy HOEBEKE    1918 - 2009    

12272750665?profile=originalFit ses études à l’Académie Royale de Bruxelles,

d’abord en dessin où elle obtint un premier prix, puis en peinture nature ce qui lui valut également un premier prix.

 

Quelques portraits, des paysages d’hiver, des marines, des vergers lumineux.12272751093?profile=original

 

Elle peignit à la Mer du Nord, sur les côtes bretonnes et normandes, mais aussi dans le Brabant, la Fagne, en Champagne, en Cévennes, en Espagne et en Tunisie.

 

De nombreuses expositions personnelles sont à son actif : telles dans les salles Portenaert, au Studio à la galerie Van Loo  avenue Louise, Rubens, la Maison des Architectes, au Mont des Arts, la Maison des Artistes à Anderlecht.

 

En province, à Ostende, Gand, Renaix, Courtrai et différents lieux des Ardennes flamandes, à Vresse s/Semois ; à Paris au Musée Molière et à Caen.

 

Plus récemment, en 1995, au Centre Rops à Namur et, en 1998, au Kotje à Anderlecht.

 

En 1998, elle expose au Centre culturel de Vichte (Courtrai) et, en 1999, en son atelier et à la Biennale « Art en Wallonie ».

 

12272751294?profile=originalElle participe également à de nombreux salons d’ensemble dans les mêmes galeries ainsi que dans les communes de Schaerbeek, Anderlecht, Dilbeek, au Centre Culturel à Neder-Over-Heembeek, à Bruxelles, Grand’Place « La Nativité dans l’Art Contemporain ».

 

Ses toiles figurent dans différentes collections du pays ; ainsi, une station du chemin de croix se trouve à l’église de Vresse s/Semois et d’autres œuvres en France, au Canada, aux Etats Unis et en Transylvanie.

 

Plusieurs de ses toiles ont été acquises par les communes de Schaerbeek et d’Anderlecht.

 

Elle est répertoriée dans diverses monographies et revues d’art : De Begische Beeldenende Kunstenaars, Artistes et galeries, Arts Antiques Auctions, Belgian Artists, Signatures, le Bénézit (France).

 

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Sur les sandales de tes pas.

Sur les sandales de tes pas, mon aimée,

Je posais mon pied menu, pour grandir de toi,

Et marcher sur tes durs sentiers, affamée,

De partager tes souvenirs avec émoi.

 

Ton manteau noir montait la côte du partir,

Jusqu’au chez toi non loin des châtaigneraies,

Nous séparant, désolation du repentir,

D’avoir dans tes cheveux blancs tracé des raies.

 

Tu te retournais sans cesse vers l’enfant blond,

Aux yeux bleus azur et griffes de tigresse,

Qui tous les jours s’impatientait, tournait en rond,

Pétillante de joie, pleine d’allégresse.

 

Les signes de la main et de la menotte,

S’échangeaient, hou hou, jusqu’enfin ne plus se voir,

Je rentrais triste tête de gelinotte,

Craignant à chaque fois de ne plus te revoir.

 

Les années passaient sur ton dos qui courbait,

La ligne du temps m’échappait et l’image,

De la séparation peu à peu se gravait,

Dans la montée de la côte de l’âge.

 

La douleur à l’avance de ton sourire,

Absent de ma vie à jamais, jour fatal,

Du chagrin pesant que mon âme soupire,

Me déchirait déjà le cœur de son signal.    

 

Les jours ont séchés ton corps usé de vie,

Vaine, je te regardais mourir pas à pas,

Mèmère t’accompagner j’avais envie,

De me coucher, sur les sandales de tes pas.

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12272746858?profile=original"Le voyage du condottiere" est un récit en trois parties d'André Suarès (1868-1948), publié à Paris chez Cornély en 1910 ("Vers Venise") et chez Émile-Paul en 1932 ("Fiorenza" et "Sienne la bien-aimée").

 

Vers Venise. A trente-trois ans, Jan-Félix Caërdal, le Condottiere de la beauté, se passionne pour l'Italie. Son besoin d'action s'accomplit dans la contemplation esthétique. Musicien des âmes, il découvre dans l'art l'expression de sa double postulation pour l'héroïsme et la sainteté. Après Bâle, où Holbein trahit son athéisme accompli, Milan grouille d'une vie pleine d'énergie. Léonard de Vinci transfigure la réalité par le symbole: chez lui, la forme donne vie à l'être. Les villes italiennes expriment les passions de tout un peuple: berceau de Monteverdi, l'ardente Crémone s'enivre de mélancolie; la chartreuse de Pavie dresse son décor compliqué; Parme et son monotone Corrège, infidèles à l'esprit de Stendhal, et la sombre Mantoue déçoivent. Passé Vérone, emplie du souvenir de Juliette, c'est Padoue et saint Antoine, terrible ascète; Venise arachnéenne, figure de son désir! Plénitude de Saint-Marc! Ravenne la Byzantine concentre des joyaux de lumière et ouvre les portiques des pins vers l'Adriatique. Franchir le Rubicon, posséder la terre... Le voyage est action, comme l'homme: saisi par une insatiable fureur de vivre, le Condottiere mène campagne dans le monde de la beauté.

 

Fiorenza. Gênes la magnifique, Pise l'irréelle incarnée, Lucques... Toutes ces villes s'ouvrent comme des livres merveilleux à qui connaît leur histoire. Florence inspire une émotion épurée. Que de génies! Donatello féconde les formes, Fra Angelico invente une beauté surnaturelle, Vinci approche l'absolu, Botticelli crée des lignes exquises. Et Giotto, et Michel-Ange, éternel titan... Mais Machiavel et son naïf système, Dante et son adulation aveugle de la Rome antique l'ennuient. Florence semble un musée, un roman où l'on cherche ses enfants; adieu, donc. Quel mérite y aurait-il à tout admirer?

 

Sienne la bien-aimée. Tous deux natifs d'Ombrie, le peintre Piero della Francesca incarne le Verbe et saint François d'Assise dispense un amour empreint d'une charité adorable. Enfin le voyageur atteint l'objet de son désir, Sienne, la parfaite, qui prend la forme de son attente. Plus ancienne que Florence dans la quête de la beauté, elle touche au sublime dans l'équilibre des proportions. Catherine s'y brûla dans une foi ardente. Guido Riccio enseigne au Condottiere l'"ardente sérénité" et l'accomplissement dans le silence: la suprême beauté naît de l'harmonie entre soi et le monde. C'est ici que la beauté comble l'attente de l'amour. En quittant Sienne, le Condottiere emporte avec lui une ville dont il ne sera jamais absent.

 

Le Voyage du Condottiere témoigne d'une immense culture artistique, héritée de nombreux voyages en Italie et mise au service de l'initiation à la beauté et, par voie de conséquence, à l'absolu. Le narrateur évoque la quête du condottiere moderne, double de lui-même: au travers de la contemplation passionnée des oeuvres d'art, il épuise le patrimoine culturel du quattrocento et du cinquecento italiens pour aller vers la connaissance de soi. Reniant l'héritage de Rome, sa démesure vulgaire, il tente d'approcher le spirituel au travers de la sublimation des formes: l'art invente une harmonie suprême, miroir des âmes, accomplissement de l'idée. Aussi le voyage en Italie s'impose-t-il comme un prétexte à la quête de soi. Du multiple, il conviendra d'extraire l'essence de la beauté: le Condottiere la trouve à Sienne où l'esthétique renonce à toute emphase et exprime l'amour épuré de tout narcissisme. Florence, Venise, Sienne constituent la trinité secrète, les trois pôles de son désir; il s'y promène comme il étreindrait un corps de femme et de cette union, de cette symbiose du corps et de l'esprit, naît la conviction d'une prédilection pour la cité ombrienne. Puisque les villes expriment l'âme d'une époque et d'un milieu, le choix de l'une d'elles révèle les déterminations inconscientes du héros: tel un nouveau Pâris, le Condottiere décerne le prix de la beauté à Sienne, sublimation du projet esthétique. Il y rencontre son maître le condottiere Guido Riccio, qui, aux armes préféra l'accomplissement de soi dans la passion.

 

Ce projet métaphysique ne peut se réaliser qu'au terme d'une investigation complète de toutes les formes d'art. Musique, poésie, architecture, sculpture, peinture: toutes les Muses sont convoquées pour retracer l'itinéraire d'une Italie transformée en un immense musée vivant. Dans un style classique qui ne répugne pas à l'exaltation mais qui sait frapper par ses formules, l'auteur explore avec minutie et exhaustivité tous les musées, toutes les églises, tous les hauts lieux touristiques pour les constituer en témoins d'une humanité pensante. Le passé s'impose comme la source d'une compréhension intime du présent; il se confond avec lui et lui donne sa richesse, car Suarès mène de front les études de moeurs et les analyses esthétiques. Aussi, à chaque pas, les vieux murs évoquent-ils une figure disparue, des personnages historiques fixés dans l'imaginaire collectif par la légende comme saint Antoine de Padoue, saint François d'Assise, sainte Catherine de Sienne; des artistes sublimes dont la science d'un auteur esthète restitue le visage, l'histoire et la technique, au travers d'évocations très fouillées de leurs créations... Ainsi, saisie entre son passé et son présent, l'Italie vit d'une existence à part entière sous la plume de Suarès, dont le héros de fiction incarne le conquérant des temps modernes, l'esprit à la recherche d'une beauté vivante. Il faut épuiser le champ de tous les possibles pour atteindre l'absolu. Certes, le lecteur éprouve souvent quelque lassitude, comme accablé par les descriptions incessantes des trésors italiens, et l'impression diffuse de compulser un guide touristique relevé par les notations très justes d'un exceptionnel amateur d'art. Mais, l'ensemble demeure un témoignage singulier d'un amour total pour une humanité en quête d'elle-même au travers d'un dépassement du réel. Décrivant l'Italie, Chateaubriand y projetait sa propre figure. Stendhal évoquait l'Italie qu'il rêvait. Suarès tente de convoquer toutes les figures du génie pour alimenter le feu de sa passion.

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administrateur théâtres

12272750887?profile=originalIl  y a d’un côté le public et de l'autre, les  trois murs étincelants mais  étouffants d’une  cuisine modèle impeccablement tenue. Tout juste si,  par simple illusion d’optique on ne les voit pas se pencher subrepticement pour avaler cette femme volubile encore jeune, dont la vie a été remplacée par la routine. La femme est banale mais heureusement profondément actrice.  Elle  est, malgré le cadre,  exquise, fougueuse,  incapable de rester en place, craquante de sincérité et de naturel, débordante de convivialité. Elle en est venue  au cours des années, à converser vaillamment avec le mur, le verre de vin blanc à la main, face à  son improbable interlocuteur. Peut-elle encore imaginer ce qu'il y a derrière le mur?

 

Un autre mur,  Joe, son mari lui dit bien de temps en temps «  qu’il l’aime », mais ce sésame n’ouvre paradoxalement  que sur les humiliations répétées, voire, le mépris  ou l’indifférence. Elle l'observe et le voit  en effet parler de façon bien  plus aimable à tous les étrangers qu’il rencontre!   Elle raconte avec délices  les éblouissements des débuts de vie de couple, les ravissements d’enfants en bas âge et  puis, moins drôle,  toutes les trahisons de la vie. Elle s’interroge:  va-t-elle oser sauter le pas, comme quand elle était enfant et qu’elle sautait du toit, pour partir  seule, en voyage de 15 jours en Grèce avec sa copine Jane, qui lui a maintes fois dit de larguer tout et lui a  même offert le billet de ses rêves ? Ses récits de vie et ses interrogations sont poignants, y  mêlant sans cesse le  réalisme des gestes domestiques quotidiens. Elle réalise soudain : « ma vie est un crime contre Dieu car je ne m’en suis pas servie, ne sachant pas quoi en faire ! » Elle est devenue inutile!

 

Doit-elle  « faire ce qu’elle voulait faire ou faire ce qu’elle devait faire ? » Elle découvrira que « les rêves ne sont jamais là où on les attend. »  Mais sautons  tout de suite à la fin de  l’histoire : «  Elle a subitement su qu’elle ne rentrerait pas vers Manchester avec la valise ! ». Elle a largué tous les démons qui l’enchaînaient. Elle ne traîne désormais  plus rien d’encombrant, elle se sent légère !  Elle compatit : « Joe aussi traîne sa vie comme un poids ! » Willy Russel – c’est un homme qui écrit –  a installé une  Shirley Valentine radieuse, décapée de toutes les  scories vénéneuses qui l’étouffaient, face à la mer Egée, sur un rocher … avec qui elle ne peut s’empêcher bien sûr de parler !  Question d’habitude.  Le rocher est couleur banquise, tout le reste du décor est noir.  Elle est belle comme une aigue-marine.

 

Entre l’immensité du ciel et de la terre,  elle  a enfin retrouvé sa dignité d’être humain, son identité  de « Shirley Valentine ».  V comme V Day, alors qu’elle n’était devenue qu’un avatar  oublié de grand mouvement du monde !  Là, assise buvant du vin  à  une table au bord de la mer - son égérie - elle déclarera d’une voix de star, à son mari qui vient la rechercher : « Bonsoir. La femme que tu veux voir n’existe plus. Celle qui était ton épouse  n’existe plus.  Celle qui était la mère de tes enfants, n’existe plus non plus. Celle à qui tu parles , c’est une femme que tu ne connais pas, Shirley Valentine, Amoureuse de la Vie. »

 

 C’est ce que Willy Russel veut pour la société entière : le changement, le réVeil, la ...Vie, quoi ! Au lieu de la manipulation et de  l’anesthésie générale des êtres humains en particulier, par les normes et les diktats de la consommation. Il ose brandir la liberté et souhaite que  les gens se réveillent de leur torpeur ! Et Shirley de souligner que  « les seules aventures de vacances que j’ai eues,  c’est avec moi, et je commence à m’aimer. »  Tout un Programme, une révolution,  à 42 ans !

 

Marie -Hélène Remacle, qui fonce dans cette pièce comme une météorite, nous  a offert un spectacle éblouissant d’humanité et de drôlerie. Pas étonnant que certains spectateurs ou spectatrices reviennent voir le même spectacle plusieurs fois!

 

http://www.bruxellons.net/shirley2011.html

 

http://www.comedien.be/Marie-Helene-Remacle

 





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administrateur théâtres

12272749893?profile=original17-31 Juillet 2011. MUSICA MUNDI  n’est plus à présenter, mais rappelons tout de même à ceux qui ne connaissent pas encore ce fleuron international de la vie musicale belge,  les grandes lignes de ce projet fantastique, créateur de chance pour des jeunes talents musiciens sous la houlette de plus grands noms.  

 C’est donc la 13e édition d’un stage et festival de musique de chambre international ouvert aux jeunes talents âgés de 10 à 18 ans. Il a été créé dans le but, d’une part, de développer le talent de ces jeunes musiciens à la personnalité unique, et d’autre part, de leur permettre de rencontrer d’autres musiciens qui ont déjà acquis une certaine renommée. Les lieux de rencontre sont prestigieux : le Château du Lac à Genval, le Château de la Hulpe, le Concert Noble et l’hôtel Lido à Rixensart, où sont logés gracieusement les jeunes talents.

Parmi les artistes qui ont honoré de leur présence les précédentes éditions du stage et festival de musique de chambre international Musica Mundi citons, entre autres : Maxim Vengerov, Mischa Maisky, Gidon Kremer, Ivry Gitlis, Katia & Marielle Labèque, Heinrich Schiff, Leif Ove Andsnes, Paul Badura-Skoda, Itamar Golan, les King’s Singers, le Petersen string quartet, le Talich string quartet, et le St.Petersbourg string quartet.

 

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Dans le cadre du festival de Musica Mundi au château du Lac à Genval, nous sommes allés écouter  hier avec ravissement Christian Zacharias.

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"Je suis né le 27 avril 1950 à Jamshedpur en Inde, d'un père ingénieur, Friedrich-Wilhelm Zacharias, et de sa femme Susanna, née Haase. Mon père, originaire de la Prusse de l'Est, émigra rapidement à l'étranger et c'est ainsi qu'il passa près de vingt ans de sa vie en Inde, où il épousa ma mère, originaire de Danzig. En 1952, ma famille qui compte encore ma soeur Katarina, retourna en Allemagne et s'installa à Karlsruhe. Là, je commençais l'école et reçu mes premiers cours de piano à l'âge de sept ans. Mon maître de musique au Gymnase, qui reconnut et soutint très tôt mon don, me facilita l'entrée à l'école supérieure de musique de Karlsruhe, où, dès 1961, j'étudiai avec Irène Slavin, une russe exilée. J'obtins, parallèlement à mes études scolaires, les diplômes des branches théoriques musicales (harmonie, contrepoint, analyse, orchestration, composition), si bien qu'en 1969, une année seulement après ma majorité, je pus achever mes études musicales avec les diplômes de professeur de musique et de pianiste de concert. Suivirent des études auprès de Vlado Perlemuter à Paris et ma participation à divers concours de musique, dont Genève et Van Cliburn aux Etats-Unis, où j'obtins le Deuxième Prix, et au concours Ravel à Paris où je reçus le Premier Prix. Depuis 1975, je pus vivre de mon activité de concertiste indépendant et dès lors, ma carrière m'a mené à pratiquement tous les orchestres et centres musicaux importants dans le monde."

 

Voici le  magnifique programme qu’il nous a présenté :

C.P.E. Bach : Sonate en la mineur
C.P.E. Bach : Sonate-Rondo en ut mineur
Brahms : Quatre Klavierstücke opus 119
Beethoven : Sonate pour piano n°31 en la bémol majeur opus 110
Brahms : Sonate pour piano n°3 en fa mineur opus 5

D’aucuns disent « Il comprend tout, il voit tout !... Et lorsque Christian Zacharias joue, c'est clair, net, précis, limpide... il arrive même à nous faire supposer que l'œuvre est facile... et lorsque j'ai la chance de pouvoir aller l'entendre, aucune note ne m'échappe... et ces notes-là, elles sont belles !... » Nous ne pouvons qu’acquiescer car nous avons assisté à un festin musical.

 

Dans la  salle grandiose de l’hôtel du Lac il y a cette fenêtre qui, à la façon chinoise s’ouvre sur une chute d’eau silencieuse, des bambous de différentes espèces, des roches  et des mousses. Recueillement.  Le piano à queue trône devant cet espace poétique du jour qui décroît cependant que s’allument des  illuminations  nocturnes discrètes. Discrète aussi, l’arrivée du pianiste dont le jeu léger des pièces de C.P.E Bach fait penser à des gouttelettes frémissantes, des bruissements d’ailes, de la délicatesse, des annotations cristallines. Il y a des quintes et des trilles humoristiques, des ricochets farceurs, un ballet de pattes de souris. Dans le second morceau les babillages de notes contrastent avec des accords nets et denses d’une magnifique sonorité.  Sous des dehors O combien austères, le pianiste développe toute la finesse de la musique de façon presque juvénile. Une vraie dentelle ancienne.

Avec l’opus 119 de Brahms c’est la confidence qui prime, la douceur et même la langueur, tout en ne se départant jamais de cette légèreté lumineuse du début du concert. Le deuxième mouvement s’accélère, une danse ou une berceuse ? Flots de  romantisme et cela se termine comme  le rayon vert à la surface de la mer ou l’observation attendrie d’une respiration endormie. Le 3eme mouvement emporte dans des rêves ou des chimères lâchées comme un troupeau joyeux. Le final reprend passionnément les thèmes de l’ouverture.

 

On aurait pu penser que pour Beethoven, le pianiste oserait une certaine violence de sentiments. Au contraire, ses doigts sont des étoiles filantes, les notes, des cascades de voie lactée… Une musique de grande légèreté encore qui semble évoquer l’innocence pure de l’enfant. La main droite énonce des notes claires tandis que la gauche étouffe sa puissance. Puis les portes claquent, un adolescent découvre la fermeté d'accords rebelles.  Le troisième mouvement devient sombre, empreint de mélancolie. L’âge d’or révolu ? La perte de l’insouciance. Sous ses doigts on assiste à la naissance d’accents très profonds soudains révélés au monde. Méditation. Puis il a ce retour au thème principal : temps retrouvé ? Crescendo de bonheur, élan de tendresse, plénitude même. Et malgré des accords écrasants aux accents de Fatum, le final est un jaillissement de notes joyeuses débordantes et libres. Le public est sous le charme. Autant de douceur, des mains de ce grand homme viril étonnent. Une fabrique de bonheur et de beauté.

La sonate en 5 mouvements de Brahms démontre toujours autant d’aisance et de maîtrise. Jouerait- il    ici son moreau de prédilection ? Une fougue nouvelle s’empare du pianiste. Mais celle-ci s’oppose à nouveau avec des intermèdes ruisselants de douceur où  le musicien semble presque s’évanouir. Voltiges ralenties, plaisir musical évident. Une légèreté presque féminine s’empare des deux mains. On pense à la fragilité de fleurs de cerisier, à des  pétales de délicatesse. Les derniers grains quittent le sablier à regrets, c‘est le retour de tons graves, la concentration est extrême, jusqu’à l’épuisement des basses avant une ultime caresse finale. Le troisième mouvement s’emporte. Le jeu est vif et brillant, sonore et frappé. Mais le 4e renoue avec « cette douceur avant toute chose », comme si son but était d’effacer coûte que coûte, note par note toute la violence et la misère du monde. Musique et douceur se confondent.  Il s’enivre de la saveur de la musique comme d’un parfum entêtant. C’est tout juste si  on ne voit pas tomber des plumes de cygne sur le pianiste et son instrument. Ces instants sont magiques.  Le dernier mouvement est un   bouquet d’été : monumental,  royal, tout en camaïeux riches et exubérants.
 Un bis bien sûr : «  Les arabesques » de Schumann. Il  virevolte une fois de plus entre le Ying et le Yang, de façon savante et décontractée. Ce festival de saveurs douces et lumineuses a fait lever la salle entière à la dernière note  pour applaudir à tout rompre l’art poétique de ce musicien extraordinaire.  

Il vous reste un dernier soir pour vous joindre à cette atmosphère  envoûtante très particulière  de têtes blondes et cheveux gris et c’est la soirée de gala :

«  Course and Festival GALA Concert   »  le 31 juillet à 19 heures au château du Lac.                      (Black tie)

 

http://www.musicamundi.org/fr/index2.htm

 

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Horta à la Maison Autrique

Jusqu'au 31 décembre 2011

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L'exposition consacrée à Victor Horta par la Maison Autrique se propose de voir ou revoir les moments clés d'une œuvre architecturale aujourd'hui disparue. Cette démarche s'inscrit dans ce mouvement de mémoire renaissante de l'Art Nouveau déjà bien marqué en région bruxelloise depuis plusieurs années.

On a peine à croire qu'une œuvre architecturale célébrée en son temps, ancienne d'un peu plus d'un siècle et construite avec un savoir-faire magistral dans des matériaux de qualité se soit révélée si fragile. Son histoire pourrait être le thème d'une fable moderne.

 

Biographie

exposition

Horta naît à Gand le 6 janvier 1861, voici très exactement 150 ans. Dès l'âge de 12 ans tout son esprit était tourné vers les choses de l'architecture. Jusqu'en 1891 il travaille par intermittence dans les bureaux d'Alphonse Balat (Serres Royales de Laeken) qui lui donne la connaissance du vrai classique. La commande de l'édicule Lambeaux (Parc du Cinquantenaire) en 1889, obtenue grâce à Balat, marque véritablement le début de sa carrière à Bruxelles. Horta a 32 ans lorsque Eugène Autrique et Emile Tassel lui accordent leur confiance et par conséquent la liberté de créer une architecture nouvelle caractérisée par l'abandon des styles et l'application généralisée des matériaux apparents.

Les commandes de maisons particulières vont se succéder : Frison, Winssinger, Solvay, Van Eetvelde... Jusqu'à la Maison du Peuple en 1895, que lui confie le Parti Ouvrier Belge, et le jardin d'enfants des Marolles commandé par le bourgmestre de Bruxelles Charles Buls.

En 1898 Horta est assez fortuné pour se construire sa propre maison et son atelier Rue Américaine à Saint-Gilles. A l'apogée de sa carrière, tant dans la construction que dans la décoration et le mobilier, Horta est devenu l'architecte à la mode. Les propriétaires de grands magasins font naturellement appel à lui : Innovation, Grand Bazar, Wolfers.

Non sans difficultés, il se consacre à l'enseignement et à la refonte des cours d'architecture de l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Mais la première guerre mondiale interrompt ses activités. Exilé d'abord en Angleterre puis aux U.S.A., il en reviendra avec des conceptions architecturales complètement changées. Lui qui avait produit une architecture exigeant d'innombrables heures de travail était arrivé à la conclusion qu'il fallait désormais simplifier. Le concept de maison artistique a été balayé par la guerre. Horta décide de vendre sa maison et son atelier pour s'installer Avenue Louise dans un immeuble qu'il modifie. Il entame le projet du Palais des Beaux-Arts et retravaille les plans de la Gare Centrale.

Horta est chargé d'honneurs mais est devenu amer. Il sait que l'Art Nouveau est désormais raillé, démodé. Après avoir brûlé la plupart de ses dessins dans les années qui précédent, il décède le 8 septembre 1947.

Les citations en italique sont largement extraites des « Mémoires » de Victor Horta cités par Françoise Aubry dans son livre « Horta ou la passion de l'architecture » (Ludion, Bruxelles 2005)

 

Thématiques

exposition

La Maison du Peuple

Rue Joseph Stevens (Place Emile Vandervelde), Bruxelles

Horta voulait construire un palais qui ne serait pas un palais mais une « maison » où l'air et la lumière seraient le luxe si longtemps exclus des taudis ouvriers ; une maison où serait la place de l'administration, d'un café où les consommations seraient en rapport avec les aspirations des dirigeants combattant l'alcoolisme. Des salles de conférence pour élargir l'instruction, et, couronnant le tout, une « immense » salle de réunions pour la politique et les congrès du parti et aussi pour les distractions musicales et théâtrales des membres. (p.95, § 3, l.1)
La Maison du Peuple fut inaugurée le 1er avril 1899. En 1911 et 1912 des transformations lui firent perdre sa couleur rouge dominante. En 1965, elle fut démolie et certaines parties jugées importantes furent démontées. Les vestiges récupérés connurent alors bien des tribulations jusqu'à disparaître presque entièrement, à l'exception de rares éléments comme ceux montrés ici.

 

Anna Boch

En 1895, l'artiste peintre et collectionneuse avertie Anna Boch demande à Horta la décoration et la transformation de certaines parties de sa maison, 75 Avenue de la Toison d'Or.
Les projets successifs pour les tapis révèlent bien la logique constructive de l'ornement qui n'est pas pure fantaisie. Il est rare qu'Horta ait conservé autant de croquis pour une commande à laquelle il travailla durant trois ans.
Les plans de transformation ont été conservés aux archives communales de Saint-Gilles ; les projets de tapis, aux archives du Musée Horta et les croquis de la main d'Anna Boch, à la Maison des Arts de Schaerbeek.

Les grands magasins

Avec l'Innovation Rue Neuve, et comme à la Maison du Peuple, Horta conquiert un remarquable équilibre dès la façade, estimant que jamais construction ne reçut plus complète et plus fidèle application de la théorie que la façade doit être la résultante de l'intérieur. (p.124, 3 dernières lignes) Cette façade depuis longtemps camouflée réapparut aux yeux du public lors du tragique incendie de l'Innovation en 1967.

Pour les magasins du sculpteur orfèvre Wolfers, Rue d'Arenberg, le programme du bâtiment était complexe. Réaliser le plan en tirant tout le parti artistique et constructif possible, c'était démontrer une compétence et une expérience considérables pour sortir au mieux des intérêts de tous. (p.194, fin du § 1) Horta avait dû livrer un nombre de plans inusités en raison de la complication de la structure métallique qui variât à chaque étage. (p.195, § 2, 3 dernières lignes)
Considérablement transformés, les magasins Wolfers abritent actuellement les locaux de la KB.

Seul survivant des grands magasins bruxellois construits par Horta, les Magasins Waucquez de la Rue des Sables sont devenus le Centre Belge de la Bande Dessinée.

Le pavillon du Congo

Elaboré essentiellement en 1898 par Horta pour l'Exposition universelle de Paris en 1900, ce Pavillon du Congo resta à l'état de projet.

Hôtel Aubecq

520 Avenue Louise, Bruxelles

L'Hôtel Aubecq était une des œuvres dont Horta s'enorgueillissait. Jamais client et architecte ne furent plus reconnaissants l'un envers l'autre, jamais non plus famille ne fut mieux d'accord pour aimer la maison et y vivre. (p.120, dernier §)
La maison fut démolie en 1950, comme la plupart des hôtels de maître de l'Avenue Louise ; le mobilier dispersé entre musées et collectionneurs. Une partie de la façade, démontée, attend toujours un remontage, ainsi en témoignent les deux travaux d'étudiants en architecture de la Cambre que nous présentons ici et qui datent des années 1970.

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« Nous ne  s o m m e s  pas toute la misère du monde ! »

 

 Joué devant des dizaines de milliers de spectateurs en Europe, au Canada, à la Guadeloupe…  et en Afrique, le spectacle «  UN FOU NOIR AU PAYS DES BLANCS » a dépassé les 1500 représentations. L’Européen a coutume de dire : « on ne peut quand même pas accueillir toute la misère du monde ! »  Pie Tshibanda rétorque courageusement :

« Nous ne  s o m m e s  pas toute la misère du monde ! » Et de nous conter avec verve son histoire personnelle, celle de son pays, celle de son exil, celle de sa réussite …Et de nous prouver que le genre humain  est à la fois unique et multiple. Que les attitudes xénophobes ne tiennent pas l’analyse rationnelle. Voici un spectacle tout en humour et en finesse conté avec une volubilité généreuse et sans failles. C’est l’occasion de réviser nos jugements à priori, de mettre à la poubelle certains stéréotypes tenaces.  C’est un spectacle qui fait mouche car il est fort toxique pour nos  attitudes sécuritaires et notre repli habituel sur nous-mêmes. 

 

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Il a des armes : de la ténacité, la conscience d’exister malgré toutes les rebuffades, un sourire touchant, une façon d’oser aborder l’autre sans brusquer, convainquant l’autre de ses bonnes intentions et de sa bonne foi. Une pépite d’humour dans le cœur, il désarmera nombre de citoyens Belges majoritairement hostiles à l’arrivée des sans-papiers. Il a aussi une bonne étoile.

Et il est intarissable.

 

Il va démêler avec tendresse  les  questions cruciales posées par son fils : « Papa, pourquoi sommes-nous les autres ? » «  Papa pourquoi t’es tout seul ?  » En Belgique il a découvert ce que c’était d’être « noir », de ne pas être d’abord « un homme ».  Il va démonter les causes lointaines de son exil, les rapports viciés Nord-Sud, les guerres tribales qui faisaient rage en 1992. Ce qui nous est donné à entendre est atroce et effarant. Et si on se bouchait les oreilles?

 

Il va prouver que la misère est dans les villages désertés,  là où il n’y a plus de boulangerie, plus d’emploi  et plus personne qui parle avec les autres.

A l’accusation courante de « Vous venez manger notre pain », il répond finement « Pourquoi pas ? ». Du pain, il en a donné, il a créé une école des devoirs à Court St Etienne, sa maison est ouverte à tous,  il a même créé des emplois.  Si on ajoute un couvert au réveillon, est-on plus affamé, ou bien y a-t-il un peu moins dans la poubelle ?  

 

Un petit détour par Wikipedia nous rassure : ce n’est pas un sorcier, ce n’est pas un funambule, encore moins un fou… En résumé, la famille de Pie Tshibanda est originaire du Kasaï et fait partie des nombreux Congolais amenés au Katanga pour y travailler dans les mines.

Après des études de psychologie à l’université de Kisangani, de  1977  à  1987, il est  professeur en humanités, conseiller d’orientation scolaire et directeur des études dans divers établissements scolaires du Katanga. Il est  enfin psychologue d’entreprise à la Gécamines (Union Minière) à Lubumbashi.

Mais en 1992 une épuration ethnique à l’encontre des Zaïrois originaires du Kasaï se met en place  au Katanga. Mobutu ferme les yeux. Les Kasaïens qui échappent aux massacres, après avoir tout perdu, se trouvent parqués durant des semaines dans des conditions épouvantables dans divers lieux dont la gare de Likasi, en attente d’évacuation. Un train de l’infortune doit ramener les rescapés. Il faut un mois pour couvrir les 1000 km qui les séparent du Kasaï d’origine. Les décès sont journaliers.   Pie Tshibanda nous conte son vécu sans aucun  pathos, avec une dignité remarquable. Néanmoins il estime devoir dénoncer les massacres dont il a été témoin. Il réalise un film vidéo, publie une bande dessinée et écrit plusieurs articles. Devenu un témoin gênant, Pie est contraint d’abandonner sa famille  et le Congo où il est en danger de mort. Il obtient finalement l’asile politique en Belgique.

Il y a « les gens respectable et les bousculables » Nouvelles humiliations et tribulations tout aussi angoissantes. Existe-t-il seulement ? Il en arrive à se poser la question. D’intellectuel estimé, le voilà passé au statut de réfugié. A 44 ans, il se trouve alors confronté à l’exil et à la solitude, aux problèmes de communication et aux différences culturelles apparemment insurmontables. Mais, intrépide, il surmonte  les difficultés, fait  venir son épouse et ses six enfants et fait reconnaître ses diplômes. La suite, c’est sur les planches, devant des milliers de spectateurs stupéfiés, la réconciliation et la générosité brandies en étendard !

 

Pie n’a rien d’Hamelin, il a tout de l’humain. Il est la très belle voix des sans-voix.

 

http://www.bruxellons.net/founoir.html

 

Spectacle présenté dans le cadre du festival « Bruxellons » au château du KARREVELD, le 23 juillet 2011, malgré la pluie !

http://www.tshibanda.be/

 

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administrateur théâtres

Festival de l' Orangerie du Château de Seneffe

12272746871?profile=originalCette année, au Festival de L'Orangerie, Véronique Bogaerts et Patricia Raes ont invité tous leurs amis solistes pour un feu d'artifice musical au cœur de l’été.

… Et si le troisième et le quatrième  soir se rapportent au deuxième, ce festival de musique de chambre est la perle des hôtes de ces bois ! L’orangerie du Château de Seneffe a vécu un 22 juillet étincelant, vibrant, convivial et raffiné. Une soirée consacrée au piano dans tous ses états.  

 

MMM ... : merveilleux moments musicaux!

Un festival de doigts  - de 5 à quarante -  parfois tous sur le même clavier. Des interprètes de  renommée mondiale : Dominique Cornil, Muhiddin Dürrüoglu, Philippe Raskin, Jean-Claude Vanden Eynden, quatre pianistes … deux pianos… et des œuvres allant crescendo dans l’implication du nombre de mains : Scriabine, Ravel, Stravinsky, Czerny, Ligeti,  Rossini, Beethoven, Elgar, Schumann, Chopin. Ce  répertoire fait de  12 joyaux de la musique puisant tant dans le classique que dans le contemporain a enchanté le public enthousiaste massé dans la longue salle de l’orangerie du château.  Mais ce concert extraordinaire véhiculait surtout une ambiance  de joie, de connivence et  de partage. L’ espièglerie des quatre artistes s’ingéniait véritablement à séduire le public tout en s’amusant follement entre eux et avec leur instrument. C’est la transmission de  la joie profonde de la musique qui menait le jeu. Demandez à Muhiddin Dürrüoglu! Et le séduisant Philippe Raskin est toujours aussi craquant! Un contraste frappant dans le climat plutôt morose qui a envahi la Belgique depuis plus de 400 jours. Parole de J-C Van de Eynden qui préfère l’hymne à la vie, l’ode à la beauté, la création du bonheur partagé.

 

 

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Epinglons une interprétation extraordinaire de Dominique Cornil du célèbre Nocturne opus 9 de Scriabine pour main gauche seule … à 5 doigts donc. L’autre main reposant tranquillement sur le genou droit. Mais cette musique est loin d’être tranquille, elle est enflammée, romantique en diable,  éblouissante. Dominique Cornil, sous des dehors sérieux si pas sévères, nous livre des sonorités retentissantes, en force et en nuances. On ne voit qu’une main, on en dirait trois! Cette pièce de musique d’une  prodigieuse subtilité devient d’une expressivité fascinante sous ces cinq doigts à la fois de fer et de velours. Sans compter le jeu invisible des pédales… 

 

Le public ose à peine  respirer quand ces Quatre Mousquetaires de la musique s’attaquent ensemble  à l’Ouverture de Guillaume Tell,  à 40 doigts, sur deux pianos.  Si tout commence dans une ambiance plutôt bucolique et élégante, l’attaque du thème principal est délirante et les 4 artistes ont presque du mal à se retenir de rire et personne ne perd les pédales. Véronique Bogaerts tourne tranquillement les pages, pendant que les artistes s’amusent.

 

Mais le plus frappant dans ce concert c’est l' interprétation fracassante du Sacre du Printemps, fauve et colorée par Jean-Claude Vanden Eyden et Dominique Cornil. L’ambiance est tribale. Il n’y a que deux pianos, quatre mains et c’est tout un orchestre que l’on entend. Mais ici avec un détail, une clarté, une définition musicale intense. Tour à tour se projettent la trépidation de la vie, le bouillonnement, l’apaisement, le renoncement même. Une vraie frénésie contraste avec des éclats de lumière. Cette musique emporte comme un fleuve démonté qui charrie tous les objets de la création. Panta Rhei. Tout coule, tout passe avec rage et déferlement, mais les artistes restent. Radieux. Et c’est l’ovation !

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Des tas d’autres  surprises ludiques ornent ce concert. Signalons ces trois mages penchés de leurs six mains de lumière sur le même clavier, gobant les notes de Czerny – Les trois Amateurs - de leurs mimiques expressives, de leurs œillades complices, anticipant le rire de Mozart, révélant son élégance. Le trio magique se délecte et est délectable. Le final est majestueux et la joie des compères, contagieuse ! C’est comme si on avait déjà bu le champagne ! Sourire massif du public.

 

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Le dernier morceau : « Pomp and Circumstance » de Edward Elgar, l’incontournable des Proms,  sera inoubliable pour les participants que se sont levés, inspirés par J-C Van de Eynden.  Les artistes sont ovationnés et le public se met à chanter à la paix et à la sérénité à retrouver ! Land of Hope and Glory !  Bis très émouvant, le public se lâche. 

Puis c’est la réception comme à chaque concert, dans la verrière de l’Orangerie.

 

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Consultez le programme la fête continue ce soir et demain soir encore!

Samedi 23 juillet 2010 – 20h00  

«Sextuors à cordes de Straus & Brahms – Souvenir de Florence de Tchaikovsky»         

France Springuel, Sarah Dupriez (violoncelle), Véronique Bogaerts & Frédéric d’Ursel (violon), Thérèse-Marie Gilissen & Vincent Hepp (alto)

Programme :

R. Strauss                         Sextuor à cordes extrait de Capriccio

J. Brahms                         Sextuor n° 1

P. Tchaikovsky                Souvenir de Florence

 

Dimanche 24 juillet 2011 – 17h00

« Octuor de Schubert & C° »

Véronique Bogaerts & Elisabeth Wybou (violon), Vincent Hepp (alto),  France Springuel (violoncelle), Christian Vanden Borght (contrebasse), Alain Cremers (basson),Jean-Luc Votano (clarinette), Jeroen Billiet (cor)

Programme :

C. Stamitz                        Trio pour cor, violon et violoncelle

Anonyme 1750                Trio pour cor, violon et bason

F. Schubert                      Octuor

 

 

Lieu des concerts : Orangerie du Château de Seneffe – rue L. Plasman – 7180 Seneffe

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12272743274?profile=originalEn 1967, le philosophe et cinéaste Guy Debord publiait "La société du spectacle", "la seule théorie (selon lui) de la redoutable révolte de mai", qui inspira de fait plus d'un soixante-huitard. Vingt ans après, ses Commentaires sur la société du spectacle prolongent sa critique radicale du mode de vie et de pensée en vogue dans les sociétés contemporaines. Ennemi déclaré de l' "ordre" établi, Debord dénonce dans ce qu'il appelle "le Spectacle" un processus universel (et multiforme) de mystification sociale, à l'oeuvre dans toute société moderne quel qu'en soit le régime politique. Ce que Marx appelait "aliénation" ou "idéologie" atteint aujourd'hui son comble, son stade suprême, à l'époque précisément de la prétendue "fin des idéologies".

Le capitalisme en gloire, ou la tyrannie du Spectacle.
Pour Debord, l'apparition de la "société spectaculaire" (dans les années 20) constitue l'avènement du siècle, "et aussi celui qu'on s'est le moins aventuré à expliquer". Ses "Commentaires" s'ouvrent même sur un constat désabusé: depuis mai 1968, l'empire du Spectacle n'a cessé de s'étendre et de se renforcer.
Qu'est-ce que le "spectacle" au sens de Guy Debord? Ce n'est pas seulement l'omniprésence des médias, de la télévision, de la "communication" ou du divertissement, le règne des images, mais plus généralement un certain rapport social entre les personnes, médiatisé par des apparences et des images. Séparés du réel, de nos semblables et de notre être véritable dans la consommation d'un bonheur individuel et factice, nous ne vivons aujourd'hui qu'en représentation. Socialement, nous ne sommes plus, nous paraissons être et ne sommes que pour paraître. Le Spectacle est l'essence illusoire, fantasmatique, mensongère de toute la société moderne. Plus que jamais, la vrie vie est absente.
Cette conception de la vie moderne comme aliénation radicale repose sur une analyse de la société industrielle et marchande d'inspiration hégéliano-marxiste. Pour Debord, le capitalisme moderne a fondé une véritable religion terrestre: le culte de la Marchandise, de la Production pour la Production; le fétichisme de la valeur d'échange (dont l' argent est l'image symbolique et sacrée). Dans cette idolâtrie des produits échangeables, c'est la puissance du Capital lui-même qui se réalise sur le mode ostentatoire. Et la société entière, avec toute sa technique, tout son équipement, l'infinie profusion de ses biens matériels, n'en est que la représentation "spectaculaire" et triomphale.
Qu'est-ce alors que la marchandise-devenue-spectacle, sinon la forme très concrète de l'illusion sociale, la présence réelle de la fausseté, l'expression matérialisée d'une pure Idéologie, sans nom ni contenu, qui imprègne la pseudo-collectivité? Qu'est-ce que le "spectacle", sinon la dissipation de toute société réelle et le camouflage de la lutte des classes?
"L'expérience pratique de l'accomplissement sans frein des volontés de la raison marchande aura montré vite et sans exceptions que le devenir-monde de la falsification était aussi un devenir-falsification du monde."

Le nouvel ordre spectaculaire.
Or cette société où "le spectacle s'est mélangé à toute la réalité, en l'irradiant", correspond plus précisément au stade "post-moderne" du système de la "domination spectaculaire": celui du "spectaculaire intégré, qui désormais tend à s'imposer mondialement".
Dans "La société du spectacle", Debord distinguait "deux formes, successives et rivales, du pouvoir spectaculaire, la concentrée et la diffuse". Le "spectaculaire concentré" était représenté par les sociétés bureaucratiques totalitaires, qui entretenaient en fait un véritable capitalisme d' Etat, concentré idéalement autour de la personnalité d'un dictateur-vedette (Staline, Hitler, Mao, etc.). Le "spectaculaire diffus", quant à lui, correspondait aux sociétés libérales bourgeoises, sociétés d'abondance au mode de vie plus ou moins américanisé.
Mais, dès 1967, il était clair pour Debord que ces deux formes rivales en apparence reflétaient seulement le développement inégal d'un seul et même Système spectaculaire universel. Vérité qu'aurait pleinement vérifiée l'apparition récente, dans les Etats avancés, du "spectaculaire intégré", "unificatin fructueuse" des deux formes précédentes sur la base d'une victoire général de la forme "diffuse".

L'administration du mensonge.
Les "Commentaires" dégagent alors les caractéristiques particulières du "spectaculaire intégré", ou les "nouvelles techniques de gouvernement" d'un pouvoir "centralisateur par la force même des choses, et parfaitement despotique dans son esprit".
"Tendance la plus manifeste de ce siècle", la "fusion économico-étatique" est devenue le moteur du développement économique avancé. Progrès technique oblige: la gestion de la production et de la société requiert l'intervention de cohortes en tous genres. Mais ces derniers servent surtout de caution scientifico-médiatique aux décisions du pouvoir réel. Car tout projet important relève en fait des choix arbitraires et incontrôlables d'une poignée de décideurs-technocrates, qui sont les vrais "propriétaires du monde".
Du coup, la prétendue "communication" se fait toujours à sens unique. Leurre "spectaculaire" par excellence et simple monologue de l' ordre existant, elle "fait paisiblement admirer la décision déjà prise". D'une manière générale, l'information "autorisée", ponctuelle et invérifiable, n'est qu'une perpétuelle "désinformation", destinée à falsifier radicalement notre perception des choses.
Au fond, la toute-puissance du spectacle se mesure moin à ce qu'il montre qu'à ce qu'il cache. Debord l'affirme sans ambages, le spectacle "a fait triompher le secret", cet envers du décor spectaculaire. "Le secret domine ce monde, et d'abord comme secret de la domination." Les services secrets et tous les réseaux d'influence (y compris ceux de la Mafia!) ont des beaux jours devant eux.
Enfin, le "spectaculaire intégré" est le fossoyeur de toute pensée critique: "Jamais censure n'a été plus parfaite." Car, dans le monde dit "libre", il ne peut plus exister de vrai parti d'opposition, ni de programme politique vraiment alternatif. On voudrait même faire croire à la "fin de l'Histoire". Mais sur quoi repose ce très fallacieux "consensus spectaculaire", si l'on y regarde bien? Sur le recul de la conscience historique, l'appauvrissement d'une "pensée" engluée dans "un présent perpétuel" et en lui-même insignifiant. Sur la "paresse du spectateur", fasciné par le flux des "images(s) construite(s) et choisie(s) par quelqu'un d'autre", et qui fait ainsi "(l') expérience concrète de la soumission permanente". Et donc sur la liquidation du jugement, la "dissolution de la logique", la fin du dialogue et de la dialectique.
"Car in n'existe plus d'agora (...); nulle place où le débat sur les vérités qui concernent ceux qui sont là puisse s'affranchir durablement de l'écrasante présence du discours médiatique, et des différentes forces organisées pour le relayer."
L' opinion publique, est non seulment trompée, mais même impuissante à se constituer. Où est-tu, Démocratie?
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administrateur théâtres

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 "Pensez-vous, Maître qu'il ne faut pas rire? "(Adso)

 

Le titre « Le nom de la rose »  fait rêver certes mais n’est pas une des clés du roman d’Umberto Eco.  Le premier titre, « l’Abbaye du Crime » eût été bien plus approprié mais ne fut pas accepté par son éditeur, étant trop explicite ou trop polar.   Eco choisit alors  « le nom de la rose » parce que cela sonnait bien, cela fait moyen âge, mystère, inaccessibilité, …labyrinthe ?

 

Dans cette création mondiale sur scène, dont le texte a été soigneusement revisité par Umberto Eco lui-même,  on retrouve un concentré de l’aspect divertissant du roman détective : introduction, intrigue, conclusion. Les  détails de la mise en scène magistrale et des costumes nous plongent dans l’époque avec des allures de grand spectacle, tout en frémissant sous la  parole silencieuse des pierres et  le charme mystique des ruines de l’abbaye de Villers-la Ville. Car elle est bien plus qu’un décor !

 

 La deuxième partie du spectacle, située au cœur de l’Abbatiale  vous coupe le souffle : nous plongeons dans la dictature de l’église et  l’obscurantisme comme si on y était. Le fanatisme religieux et le cynisme de l’inquisiteur Bernado Gui,  rival de Guillaume  et personnage historique, est un morceau d’anthologie. Le spectateur  est totalement révolté par sa manière tronquée d’aborder le procès des malheureux  Salvatore et Rémigio,  tous deux inculpés sans preuves, où l’inquisiteur ne s’encombre d’aucune vertu de l’église, ni charité, ni  pitié, ni même de sens de la justice. Scène inoubliable et forte.

 

 Et surnage l’éblouissement des citations  d' Umberto Eco. Ses références littéraires grésillent dans tous ses personnages. Des références à Lucien, St Thomas d'Aquin...

Le personnage de Guillaume de Baskerville est inspiré à la fois de Guillaume d’Ockham, moine franciscain, célèbre rationaliste et disciple de Roger Bacon, et du célèbre détective Sherlock Holmes du roman d'Arthur Conan Doyle « The Hound of the Baskervilles ». Selon sa théorie, les hypothèses les plus simples sont les plus vraisemblables, principe de base des sciences et de l’art du détective.   « Il ne faut pas multiplier les explications et les causes sans qu'on en ait une stricte nécessité ».

 Le novice Adso est un raccourci phonétique du Docteur Watson qui pose sans relâche des questions très astucieuses à son maître.  

 Jorge de Burgos, le  vénérable personnage aveugle, gardien du livre interdit, est directement inspiré de l’écrivain argentin Jorge Luis Borges.

 La bibliothèque, construite comme un labyrinthe complexe magnifiquement décalqué sur les ruines dans la troisième partie du spectacle, est un personnage en soi. Représente-t-il l’importance de ce trésor qu’est notre culture, l’importance du mystère, comme à Stonehenge ou à Chartres? Représente-t-il la complexité de l’univers, celle de notre spiritualité ?  

Le risque que cette bibliothèque mythique prenne feu, confrontée à la folie humaine, est grand. A chacun de choisir son chemin dans ce labyrinthe, outil de méditation, ou de rester en dehors. … Guillaume Baskerville, aidé  son jeune et fidèle assistant, aura jusqu’à la fin la passion dévorante  de découvrir la vérité cachée dans la salle secrète et interdite de la bibliothèque, nommée «  Finis Africae ». Le savoir ne demande-t-il jamais autre chose qu'à être découvert ?

 

Mais surtout on assiste aussi à une excommunication du rire, un enjeu idéologique de première importance au Moyen Age. Jorge de Burgos, la véritable âme de cette abbaye le condamne, ... sans coup férir. A voir! 

Depuis le début, ce  vieillard repoussant et  intransigeant cherche à tout prix à interdire l'accès au livre inédit d'Aristote dans lequel le philosophe grec aurait prononcé l'éloge irrévérencieux du rire. Celui de la vie ?  Jorge de Burgos ne veut pas que les hommes se croient autorisés à rire: il faut, pense-t-il, les tenir ployés sous la terreur. Le rire est source de doute. Le rire, selon lui, anéantirait la crainte de Dieu et amènerait la ruine de L’Eglise.
Le Christ riait-il ? Rien dans ses paraboles ne prête au rire. Dieu voit et punit. Rien de drôle. Le Christ possédait-il, en propre, sa tunique? Une paire de lunettes est-elle ou non un outil du Diable?

Sarah a ri !

Guillaume émettra l'hypothèse que " Le diable, c'est la vérité qui n'est jamais effleurée par le doute".

 

 

Ceci ne manquera pas de nous rappeler un autre polar, moderne celui-ci, très  documenté et divertissant : « le rire du Cyclope » sur le même thème de l’infaillible subversivité  du rire. Et de méditer.  En tous cas cette représentation théâtrale est  une manière d’aborder de façon humoristique et efficace  les conflits intellectuels, religieux et politiques du début du 14e siècle et du nôtre. 

 C’était une première, la mise en place des personnages dans la première partie est un peu rocailleuse surtout avec le personnage loufoque et peu crédible de Salvatore, mais le reste du spectacle devient de plus en plus passionnant. La seule figurante féminine est craquante et les moines idéalement croqués.

 

http://www.deldiffusion.be/prochaines_productions/prochaines_productions.asp

 

 

  • Quand ? Du 13 juillet au 13 août 2011
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« Misérable ? Regards sur la pauvreté du XIIIe au XVIIIe siècles » jusqu'au 10 septembre 2011

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Quelles sont les origines de l’assistance publique ? De quelles aides bénéficiaient les pauvres au Moyen Âge ou à la Révolution française ? La pauvreté a-t-elle toujours été mal perçue ? Pour répondre à toutes ces questions et bien d’autres, les Archives générales du Royaume ont puisé dans leur riche patrimoine. 

A l’aide de documents authentiques (dénombrement des foyers, chirographes, obits, comptes, miniatures, etc.), l’exposition « Misérable ? Regards sur la pauvreté du XIIIe au XVIIIe siècles » explique au visiteur les difficultés à quantifier la pauvreté, la façon dont cette pauvreté est perçue au cours des siècles, les différents moyens d’assistance aux pauvres durant le Moyen Âge et l’Ancien Régime, les prémices de l’assistance publique, la répression de la mendicité et du vagabondage via le travail obligatoire, la détention ou les aumônes générales et les Monts-de-Piété.

Même s’il est difficile de quantifier le phénomène, la pauvreté a existé de tout temps. La perception de la pauvreté a cependant évolué au cours des siècles. Au Moyen Âge, les pauvres et les mendiants n’étaient pas mal perçus : le mendiant était considéré comme un intercesseur privilégié permettant au riche de gagner le paradis. La charité était principalement exercée par les instances ecclésiastiques. Au Bas Moyen Âge, des communautés laïques commencent à s’occuper de l’assistance aux pauvres, mais de manière extrêmement disparate. L’image traditionnelle du pauvre change complètement au XIVe siècle, suite aux famines catastrophiques et à la résurgence de la peste. Les pauvres sont de plus en plus assimilés à des criminels. Les mendiants et les vagabonds sont considérés comme des voyous, des fainéants, des hypocrites. Suite à cette évolution sociale, l’assistance aux pauvres est profondément remaniée. Le nouveau système se base sur trois principes, à savoir l’interdiction absolue de la mendicité, l’obligation du travail pour tous les pauvres valides (sans considération d’âge ou de sexe) et la centralisation des caisses des pauvres en une « bourse commune », afin de pouvoir trier et surveiller les « véritables » nécessiteux. Le principe selon lequel l’assistance aux pauvres faisait partie des missions des pouvoirs publics est définitivement adopté. Le dernier volet de l’exposition traite des Monts-de-Piété, établissements de prêts sur gages où les personnes n’ayant pas suffisamment de ressources y portaient, en tout dernier ressort, leurs humbles effets personnels.

L’exposition « Misérables ? Regards sur la pauvreté du XIIIe au XVIIIesiècles » se tient dans le hall d’entrée des Archives générales du Royaume jusqu’au samedi 10 septembre 2011. Elle est accessible gratuitement, du mardi au samedi (fermé le samedi, dimanche et lundi en juillet-août).

Des visites guidées sont organisées sur demande au 02 513 76 80 ou via communicat@arch.be (45€ par groupe et par heure).

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Au sujet de la précarité

 

Voilà un sujet qui préoccupe beaucoup de monde aujourd'hui. Après une petite plongée dans le passé, quelques réflexions bien d'aujourd'hui.

 

 

La précarité, voilà un mot qui nous est de plus en plus familier. En tant qu’artistes ou marginaux – souvent ces deux notions vont de pair – cela nous parle immédiatement. Nous l’avons connue cette précarité dans les années 50 avec d’autres personnes qui parfois nous étaient proches, comme ce couple qui s’est battu comme un beau diable pour nourrir les deux enfants qu’il avait eu le courage d’adopter. Avec le recul, certains souvenirs prêtent à sourire. Comme la vision de mon mari démontant de vieux radiateurs dans une maison promise à la démolition, sur les indications de ce voisin et ami. Il paraît qu’à deux nous avons poussés ces radiateurs, sur une charrette à bras, jusqu’au chez un démolisseur. On a ensuite partagé l’argent avec l’informateur. Celui-ci a ensuite démonté en douce des cheminées de marbre dans des maisons promises à la démolition pour les vendre, brûlant ainsi la politesse aux démolisseurs. Toujours dans cet esprit de débrouille, il a liquidé les quelques meubles qu’il avait gardés pour lui, après avoir tourné la page de l’époque où il était antiquaire. Je me souviens d’avoir gardé sa boutique un jour où il devait s’absenter et où il m’avait octroyé un billet de 500 Fr que j’ai été très contente d’empocher pour cette presque sinécure. N’empêche que je paniquais à l’idée qu’un acheteur éventuel aurait pu me poser des questions sur tel meuble ou tel bibelot.

Mon compagnon, de son côté, a travaillé au rafistolage de transformateurs qui devaient être envoyés dans les pays de l’Est et il partageait avec son coéquipier le bénéfice de la vente à la sauvette de quelques kilos de cuivre. Aujourd’hui, en France comme en Belgique, des pilleurs délestent la nuit les chemins de fer de ce précieux métal provenant des caténaires ou d’autre matériel. De temps à autre, l’un d’eux se fait électrocuter. Ce malheureux travaillait-il à son compte ou pour une bande organisée ? Appât du gain ou nécessité de survivre, ce type de vol conduit de plus en plus souvent à des issues dramatiques.

Tout est une question d’échelle. Nous pouvons sourire lorsque, autour d’une tablée amicale, les fidèles potes de notre jeunesse, racontent comment ils trouvaient normal, dans leur état de dèche, de piquer dans les grandes surfaces, de la nourriture mais aussi des jouets, au moment de la Saint Nicolas. A quoi bon épiloguer sur ces péchés de jeunesse ? Il n’y a sans doute pas de quoi fouetter un chat. Mais ce qui se passe aujourd’hui n’est pas anecdotique. C’est toute une partie de la planète qui est contrainte de migrer à tout prix, parfois jusqu’à risquer la mort, pour trouver de quoi survivre. Des exploiteurs de tout poil se pressent au portillon pour faire leur profit de toute cette misère. Passeurs, marchands de sommeil, fournisseurs de main-d’œuvre au noir, maquereaux…

Ces réflexions me sont inspirées par « It’s a free world » film de Ken Loach que j’ai découvert à la télévision ce 9 juin. Angie et sa colocataire Rose s’engagent, en ouvrant une officine de placement de travailleurs clandestins, dans un terrible engrenage, au risque de perdre tout sens moral et toute chaleur humaine. Pas de jugement de la part du cinéaste mais quel monde cruel il dévoile à nos yeux ! « Réussir », gagner beaucoup d’argent, plutôt que de subir un monde du travail sans pitié où l’on est pressé comme un citron, avant d’être jeté. Ecraser les autres, comme on a été écrasé, ne se termine pas en apothéose, lorsqu’on rencontre sur sa route des broyeurs autrement puissants et organisés que soi-même.

 

La précarité est au coin de nos rues, avec la multiplication des mendiants et des sans abri. Cela nous gêne car le spectacle n’est pas plaisant. Pourtant ces êtres déchus sont nos semblables. On n’ose toutefois pas les regarder dans les yeux, comme si la pudeur nous ordonnait  de détourner la tête d’un spectacle dégradant. Je déteste – je l’avoue – les femmes qui mendient en geignant, berçant un enfant qui n’est pas nécessairement le leur. Comme je suis scandalisée que des parents n’aient pas d’autre ambition pour leurs mômes que de les apprendre à tendre la main. Ces enfants pourtant restent des enfants et je m’attendris de les voir courir gaîment sur un quai de métro, avec une belle insouciance, lorsqu’ils cessent un court moment de faire la manche.

La charité que pratiquaient les dames patronnesses ne me paraît plus de mise, à une époque où règne l’Etat Providence. On a beau jeu d’ailleurs de parler des cotisations  que nous versons  à la Sécurité Sociale, pour se dispenser de donner une pièce aux nombreux solliciteurs que nous croisons sur notre route. Leur présence obsédante dans le quartier finit pourtant par nous interpeler.

C’est ce qui m’est arrivé cet hiver, au cours duquel j’ai vu, jour après jour, un homme, entre cinquante et soixante ans, assis en tailleur sur le trottoir, le dos appuyé à une voiture, murmurer à mon passage, une main à la place approximative du cœur : « S’il vous plaît, Madame, pour manger, Inch’Allah ». Là où j’habite, cette référence à Allah doit rapporter car certains Musulmans continuent à faire l’aumône. Pour moi, Allah ou tout autre « bon dieu » sert plutôt de répulsif. Mais, enfin, cet homme, que j’ai vu un jour de grand gel, remplacé par un homme jeune, portant un enfant de trois à quatre ans sur les genoux, il fait à présent partie du quartier.

J’ai appris, par une femme qui sortait de la pharmacie, qu’il a cinq enfants et que, lui, au moins, mendie pour manger et non pour boire.  Je me suis dit, à part moi, que lorsqu’on n’a plus rien, il est assez humain de se réfugier dans la chaleur trompeuse de l’alcool. Je me suis dit, également, qu’il est irresponsable de faire cinq enfants quand on n’a pas un clou pour se gratter le derrière. Toutefois, comme le disait ma belle-mère, dans sa sagesse populaire, l’amour, c’est quelque chose qu’on ne fait pas avec la main, en d’autres termes, c’est une activité pas totalement « contrôlable ».

Si bien qu’un jour, après avoir donné une pièce à cet homme, je lui ai adressé quelques mots. Je lui ai demandé s’il ne recevait rien pour ses enfants. A quoi il a secoué négativement la tête. Je lui ai demandé aussi s’il habitait le quartier. Pas de réponse à cette question mais dans les yeux noirs très doux de cet homme que je regardais de haut – fatalement puisqu’il était assis en tailleur sur le sol – j’ai lu qu’il préférait éviter de répondre. Drôle de contact humain qui m’a bouleversée. Je n’avais pas, d’évidence, à poser des questions. Je n’étais ni flic, ni « bienfaitrice » attitrée, ni de sa culture, ni de sa religion. Alors du bout des doigts il m’a envoyé un baiser, comme pour m’absoudre. J’en suis restée toute bête. Les copains à qui j’ai conté l’anecdote se sont esclaffés. Ils n’ont rien compris à mon émotion.

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