Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Toutes les publications (108)

Trier par
administrateur théâtres

12273128085?profile=originalHistoire vraie d’un artiste français qui adora La Vestale jusqu'à s'aller tuer pour elle, d'un balle dans la tête! Berlioz raconte: « On doit donner encore la Vestale... que je l’entende une seconde fois !.... Quelle œuvre !... comme l’amour y est peint !... et le fanatisme ! Tous ses prêtres-dogues, aboyant sur leur malheureuse victime... Quels accords dans ce finale de géant !... Quelle mélodie jusque dans les récitatifs !... Quel orchestre !... Il se meut si majestueusement... les basses ondulent comme les flots de l’Océan. Les instruments sont des acteurs dont la langue est aussi expressive que celle qui se parle sur la scène. Dérivis a été superbe dans son récitatif du second acte ; c’était le Jupiter tonnant. Madame Branchu, dans l’air : Impitoyables dieux !, m’a brisé la poitrine ; j’ai failli me trouver mal. Cette femme est le génie incarné de la tragédie lyrique ; elle me réconcilierait avec son sexe. Oh oui ! Je la verrai encore une fois, une fois... cette Vestale... production surhumaine, qui ne pouvait naître que dans un siècle de miracles comme celui de Napoléon. Je concentrerai dans trois heures toute la vitalité de vingt ans d’existence... après quoi... j’irai... ruminer mon bonheur dans l’éternité. » C’est dire si à l’époque (1807), La Vestale de Gaspare Spontini avait ravagé les cœurs!

12273127690?profile=original

On la retrouve en 2015 au Cirque Royal de Bruxelles, un endroit de choix pour monter  cette œuvre méconnue dont on ne se souvient que chantée en italien par La  Callas. L’Orchestre de la Monnaie dirigé par Alessandro De Marchi œuvre à découvert, aux yeux du public dans  une  moitié de l’arène tandis que l’action se déroule en surplomb, dans l’autre moitié du cercle. Les costumes de Marguerite Bordat font plus penser  à L’Antigone de Jean Anouilh qu’au théâtre antique. La mise en scène, signée Eric Lacascade et montée l'année dernière au théâtre des Champs Elysées à Paris, est très stylisée. Epurée et classique à la fois, elle donne le ton d’un drame intemporel.

Comme dans « Les pêcheurs de perles », on retrouve l’amour en butte à la  bigoterie religieuse, le thème du bouc émissaire, mais aussi la  brûlante liberté d’esprit de la victime expiatoire.  Deux thèses en présence: « Le salut exige une victime» s’oppose à un autre camp «  Le salut des états ne demande pas de crime », c'est celui des  jeunes vestales (La Choraline, direction Benoît Giaux). On est glacé par la scène de lynchage qui s’apparente aux scènes insoutenables vécues au sortir de la deuxième guerre mondiale par ces femmes tondues, honnies et  persécutées avec hargne. On respire d’aise  et de bonheur à la fin du drame comme dans « La Clémence de Titus » que présentait La Monnaie la saison dernière.   On ressortira du spectacle avec une certaine exaltation devant  l’homogénéité de la représentation et  la poésie du texte transmise avec une très belle diction, que ce soient les chœurs ou les solistes qui mettent en valeur  la beauté  lyrique  lumineuse de l’œuvre.

12273127460?profile=originalPureté du jeu, pureté du feu,  un flambeau d’amour renaît des cendres de la haine. Le feu symbolise la régénération et la purification, par l’amour et la lumière. Alexandra Deshorties est excellente  dans le rôle de Julia et brille de noblesse naturelle. Son jeu impressionne par la vérité de ses gestes. La tessiture de la voix plonge dans les registres inférieurs de la tragédie désespérée et fuse dans les registres supérieurs du bonheur et de la tendresse charmante et juvénile. La finesse de son, loin d’être un reproche, est au diapason de la pureté des sentiments et de la pureté de la voix. On se sent à la fois envahi par l’innocence, l’illumination palpitante du désir et la rage du désespoir, deux forces qui peuvent changer le monde.

Yann Beuron,  dans le rôle de Licinus a des tempos justes et chaleureux, des phrasés éloquents, une puissance romaine naturelle  dépouillée de toute mièvrerie, une ardeur de guerrier et d’amant passionné. Il célèbre également la vraie amitié et l’amour vrai qu’il éprouve pour sa Julia : « Je vis pour défendre ses jours ! »  Il s’offre héroïquement  pour la sauver tandis qu’elle a choisi de crier en  vestale de l’amour, sa liberté dernière : celle de marcher avec fierté vers la mort et de taire le nom de celui qu’elle aime. De bouc émissaire elle devient martyre glorieuse.   Leurs duos sonnent juste et touchent  les coeurs.    La voix rayonnante du pontife (Jean Teitgen) domine,  impressionne, mais n’arrive jamais à réduire l’innocence de l’amour au silence. Il s’entoure d’une  hypocrite escadre de soutanes noires parées de longues chevelures suant la jouissance de l’anathème et s’alliant les odieux mouvements de  la foule versatile. C’est voulu et  lourd de propos.

DSC_1684press.jpg?width=750 Chargée du rôle de la grande Prêtresse, la mezzo-soprano Sylvie Brunet-Grupposo est  auguste et très crédible, n’hésitant pas à laisser fondre son cœur de mère dans un duo déchirant avant que Julia ne soit enterrée vivante. Sur scène, quelques bancs, ou  longues tables mouvantes, et au centre le siège du feu sacré dans une cage qui sera celle de l’héroïne, entouré de jeunes vestales exquises vêtues de cheveux de feu et de robes blanches. La plus jeune a à peine 19 ans.  Les mouvements fascinants et le lyrisme des chœurs très nombreux utilisent plus que leur espace scénique, ils jouent d’une certaine proximité avec le spectateur, de quoi les clouer dans l’émotion.  

_23M1791press.jpg?width=750

 

Une œuvre sans aucune lenteur, des rythmes enflammés, du désespoir palpable, la flamme immortelle de l’amour omniprésente,  le tout serti dans un très beau travail de chœurs (Martino Faggiani), ne fait que contribuer à l’allégresse qui naît lorsqu'une performance est reçue  comme un cadeau.

Crédit Photos: © Clärchen und Mattias Baus 

http://www.lamonnaie.be/fr/opera/

Lire la suite...


DORIA

Bruxelles chantait, malgré la grisaille d'un soir d'hiver, en ce début de l'an 1991...
Comme bon nombre d'entre nous, je rejoignais mon domicile, fatigué de ma journée et heureux de retrouver mon chez moi, ... de m'y vivre à l'aise, avec pour seul motif celui de me faire plaisir.
Et ... j'avais faim!
J'habite, là maintenant, un petit studio original situé au sommet d'une tour de 10 étages. Cet endroit m'offre surtout une terrasse spacieuse qui donne vue sur la forêt de Soignes, cette forêt qui fut tellement vaste avant l'urbanisation.
Du haut de ma tour, j'ai le loisir d'observer les alentours et les arbres. Là, d'en-haut, j'aime me nourrir de ces géants de la Nature qui se meuvent, si étonnants de vie, au gré du vent, ... que ce soit dans la tendresse d'un vent amoureux à la caresse douce et chaleureuse ou dans une danse endiablée, passionnée, tourmentée aussi parfois, tel un flamenco espagnol lorsque ce même vent se fait soudainement plus violent ... car alors là, la valse du sommet de ces grands se meut dans tous les sens, à l'endroit, à l'envers, dans toutes les directions imaginables...
Cela me passionne, m'effraye aussi quelquefois, ... toujours, il est évident, selon mon état d'esprit du moment et, ... il y a aussi parfois la nostalgie furieuse d'un tango argentin en quête d'amour partagé.
Cette vie là, plus bas, selon la hauteur de ma tour, ... cette nature que j'ai le temps de contempler dans toute son ampleur, m'offre un spectacle quotidien qui me fascine par sa beauté, son mystère et sa diversité dans son mouvement de danse toujours et sans cesse exprimé, renouvelé comme une fureur de vivre.
Et oui, ... je suis relativement conscient combien ma solitude présente m'ouvre de la sorte l'espace/temps intérieur pour observer, contempler la vie, ... la ressentir et m'y vivre, tout en me posant mille questions. J'en ai le temps et je m'en inspire. C'est peut-être, ce que peuvent expérimenter certains drogués lors de leur expansion d'eux-mêmes? Cette expansion, moi je l'expérimente en contact avec la nature dans une forme de télépathie telle une communion et, ... il s'ensuit le libre cours de mon imagination dans laquelle je me permets de voguer, voyager, tourbillonner, découvrir par la simple grâce de la mouvance, ... au gré du vent.
Et je me vois là, ici maintenant, engendrer le futur de mon existence, sans même avoir encore la capacité des mots justes pour l'exprimer, le partager. Les mots sont-ils limitatifs si non vécus consciemment?
Car oui, dans ces moments-là, je permets à tous les états de mon être d'exister, ... la tristesse, la colère, les moments intenses de joie profonde, ... tous ces états intérieurs qui sont partie intégrante de mon expérience existentielle... J'en arrive même à aimer choisir vouloir fusionner le pour et le contre! Que m'arrive-t-il dans cette envie soudaine qui vient de mes entrailles, de voir le pour et le contre comme faisant partie d'un même élan de manifestation?
Pourtant la légèreté qui s'ensuit est une délivrance de toute lutte intestine, je me vis hors lutte et même si c'est nouveau en mon état d'être et, même si je n'y comprends rien, ou pas grand chose encore, cela est indéniablement bien agréable.
Puis soudain, comme à chaque fois que j'atteins cet état, une question primordiale s'interpose: «Et moi, avec et dans tout cela, qui suis-je réellement?»
Souvent, seul le silence me répond, je n'entends rien, ... mais quelque chose se passe, cela je le ressens fort bien.
Mais que se passe-t-il donc en vérité?
Dans le doute conséquent à la non compréhension instantanée, mon côté analytique revient au galop et je me remets à analyser ma situation... Eh non, me dis-je, je n'ai pas encore accompli ce qui, pour moi, est primordial, je n'ai pas encore trouvé l'accompagnent «idéal», ce que certains nomment l'Âme Sœur!
Je ne suis pas un ours pour autant, j'aime la Vie!
Je me sens d'abord un peu comme affaibli, ... la vie, les autres, moi surtout qui se pose tant de questions, je ne sais plus où j'en suis. ... Un temps passe, puis soudain un flash!

Par «flash», je veux dire que, comme venue de je ne sais où, j'enregistre une découverte simple certes mais qui s'avère capitale, ... le mouvement engendre le mouvement, le changement, l'évolution... et donc de nouvelles découvertes au plus profond de soi!
Ici là et d'un coup de bambou, je ressens et vis m'ouvrir à un nouveau niveau de ma conscience, telle une porte vers de nouvelles potentialités non encore explorées. Une vastitude m'emplit, me nourrit et je me trouve dans l'intention, le choix d'aller de l'avant, ... de m'expérimenter tout azimut!
Oh la ... tout azimut! Est-ce dangereux car cela veut dire changement ... et cela peut faire peur?
Oui certes, je le veux mais?
Il est vrai qu'au niveau des pâquerettes, je travaille encore et je ne fais pas ce que j'aime, c'est donc les galères. Et même si d'autres y trouvent encore un quelconque «équilibre», il est évident qu'en ce qui me concerne, je me vis prisonnier d'un job qui ne me correspond pas, mais alors pas du tout.
Honnêteté oblige: travailler pour survivre est une chose, faire ce qu'on aime en est une autre, donc faire ce que l'on n'aime pas est une galère voire un esclavage «moderne»!
Et une question importante s'impose à moi: Ai-je encore envie de «survivre»?
La réponse est instantanée cette fois: Oh non, non et non!... Je ne suis pas suicidaire à ce point et «survivre», «joindre les 2 bouts», sincèrement, me dépriment au plus haut point.
Là maintenant, je sens la colère et la passion de vivre autrement m'envahir avec puissance...
A la fois déprimé, furieux et passionné, je prends une première décision... En homme solitaire donc, je choisis ce qui me vient spontanément à l'esprit et engendre un pas de danse, un mouvement qui me mène à ma kitchenette tout en chantant, j'espère pas trop bruyamment et même si, tant pis, ... j'ai faim, que vais-je donc m'offrir de bon? ...

12273123091?profile=original

Lire la suite...

Créer.

 

Créer, écrire monumentalise ;

un poème, une toile, une musique,

bien sûr c'est soi, mais en bien

plus grand !

Ce qui nous dépasse,

 extraordinairement tient dans un stylo,

 dans un pinceau, voire un instrument,

pour être véhiculé par ceux-ci

 jusqu'à l'esprit de l'autre.

La mère bien sûr donne naissance,

mais une seconde naissance est donnée

par le créateur, pour lui-même.

Oui, créer, écrire, monumentalise !

NINA

Lire la suite...

Une exaltante tendresse

 Pour Adyne

L'énergie solaire éclatant
Crée dans l'immensité céleste
Des zones suspendues qui restent
En un désordre saisissant.

Un pan d'univers envoûtant
Révèle un spectacle sublime.
Il est fait de monts et d'abîmes
En équilibre dans l'instant.

Des masses gigantesques forment
Le relief d'un étrange ailleurs
Où rivalisent les couleurs.
Fleuves et rivières y dorment.

Semblent en feu de grands espaces
D'un rouge-orange ravissant
Que limite un superbe blanc
De fumée pas la moindre trace.

Contemplant grisé les prouesses
De l'énergie qui l'ébahit, 
L'être solitaire applaudit
L'âme débordant de tendresse.

15 octobre 2015

Lire la suite...

Septième promenade - A Bordighera

12273133272?profile=original

Septième promenade - A bordighera

Joie, bonheurs, tendresse, qu’importe
Seul compte ce qu’ils s’apportent
et pourquoi se poser des questions
l’essentiel est d’être à l’unissons.

Temps qui passent les indiffère
Leur alliance est plus dure que le fer
Aucune substance ne peut l’altérer,
Le meilleur burin ne peut la couper.

Insipides pensées qui empêche d’aimer,
allez, oust, elles vont dans le panier.
Morale refuge de ceux qui n’osent pas,
allez, oust, elle va dans le cabas.


Et puis pense aux pauvres timides,
ils voudraient bien mais n’osent pas
Marasme de l’esprit, du bien et du mal
pour simplifier, il ne reste que le banal

Avec le temps l’image s’est ternie
Voici les rides, les rondeurs et les plis.
Mixage savant de honte et de pudeur
Leurs regards expriment une douleur.


On ne doit pas ce montrer dénudé
à nos âges les corps sont déformés
Non, les traits perdent de leur raideur
ils prennent du relief et de la douceur

Où est l’être que j’ai chéri, aimé. ?
C’est moi, ai-je tellement changé ?
Une inconnue, «non, je ne suis pas une chose»,
Tu me reconnais c’est moi, ton paradis, ta rose.

Rappelle-toi, comme nous étions heureux,
les promenades, les enfants joyeux
C’est notre patrimoine, notre trésor
Que veux-tu, malgré tout je t’adore.

J’ai très envi de vivre, excuse ma hardiesse
j’ai besoin de regards pleins de tendresse
ils me réchauffent et me font exister.
Pour le reste peu importe, il reste l’éternité.

Jani

Lire la suite...

Sonnet à ma mère

Ton innocence souriante
Qui perdure au cours des années,
Ta candeur certes surannée,
Te gardent douce, attendrissante.

Une personne bienveillante
Te semblait une âme bien née
Ne pouvant être soupçonnée.
Tu restas toujours confiante.

La joie de vivre fut le lot
Que tu acquis à ta naissance,
Le plus précieux des cadeaux.

Débordant de reconnaissance,
Tu te sens comblée, nous le dis.
Ton rayonnement nous ravit.

27 octobre 1985

Lire la suite...

La présence des maux

   On ne joue pas avec les maux
Bien incapable de le faire.
On les endure et l'on espère
Qu'ils se dissiperont très tôt.

Gros ou petits, on hait les maux.
Ils délogent leurs homonymes
Qui nous enchantent dans des rimes
Nous offrant des plaisirs nouveaux.

On n'évite pas la douleur
On l'apaise mais ne la chasse
Elle s'incruste quoi qu'on fasse
Et crée de brillantes couleurs.

Notre corps enfin la déjoue
Grâce à son énergie suprême.
Lors flottent des airs que l'on aime
Ou un silence trouvé doux.

13 octobre 2015

Lire la suite...

L'enfant rêveur.

 

 

Une petite chambre bleue s'ensoleille à midi,

sommeille dans un lit blanc, un enfant doux-rêveur,

tout autour tourbillonnent ses rêves et ses soleils,

à des années lumière de sa mère qui s'affaire,

qui trotte ici et là dans l'opulente maison par le père désertée.

Reçoit-elle le souffle arc-en-ciel de son enfant qui rêve,

sa chaleur toute laiteuse, câlineuse juste pour elle ?

Comprend –telle ce grand don d'une enfance débutante,

cette particule d'elle même ?

Oui, en devant "mère", anoblie j'ai été ;

 je porte cette particule dès que ma fille sur moi,

étend et pose son sublime regard vert !

 

NINA

 

Lire la suite...

L'éloquence d'un certain silence

Soliloque

Ne pensent pas à méditer
Sur comment mieux se comporter
Ceux qu'obsède l'idée de vaincre.
La raison pourrait les convaincre.

Téméraire est de s'attaquer,
Ne faisant que le provoquer,
À un géant impitoyable
Qui anéantit les coupables.

La violence redoutable
Apparaît toujours détestable.
Or quand elle cause des morts
Nul ne sait d'où viennent les torts.

Il n'est pas séant de se taire,
De supporter en laissant faire.
Se regroupant, manifester
Est un moyen de protester.

Innombrables sont les témoins
De comportements inhumains,
Souvent de cruautés atroces,
Sans que jamais le ton ne haussent.

Éloquent devient leur silence
Et certes apparaît leur souffrance
Quand ils défilent dignement
Sans provoquer d'affrontement.

Les organismes humanitaires
Assument ce qu'ils peuvent faire.
Leurs membres acceptent les défis,
Leurs interventions portent fruits.

13 octobre 2015

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273129470?profile=original CONCERT EN HOMMAGE AUX HÉROS ET VICTIMES DE LA GUERRE 14-   18 "Avant-première mondiale de la Symphonie le Chemin des Dames"

Bruxelles, jeudi 8 octobre à 20H à la Cathédrale Saint Michel et Gudule

 

 « Bien chers Mère, Frères et Sœurs,

Il est déjà quatre heures du matin, l’heure de notre mort est proche. Avec Alfred et Aloïs, nous sommes réunis dans la même cellule. Nous avons passé la nuit à prier, chanter et deviser. La messe va commencer, puis en route pour le tir national, pleins de force et de courage. Allons, maman chérie, bon courage.

Je vous donne de loin un dernier baiser. Adieu.

Votre cher fils Gustave qui  va mourir pour la Patrie »

Gand, le 10 août 1916 : dernière lettre de Gustave Mus à sa famille.

C’est  avec la lecture de cette lettre tragique que débutait samedi dernier un magnifique hommage AUX HÉROS ET VICTIMES DE LA GUERRE 14-18  à la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, Bruxelles. Au programme,

LA TROISIÈME SYMPHONIE de Saint-Saëns op.78

Le  CONCERTO POUR VIOLON ET ORCHESTRE de Mendelssohn op.64

LA SYMPHONIE "LE CHEMIN DES DAMES" de Jacques Alphonse De Zeegant sur un poème de Marguerite de Werszowec Rey

 12273128866?profile=original

L’univers simple et essentiel du jardin est accroché aux chapiteaux, les arches prient, les lumières de la ville s’invitent à travers les vitraux,  les grandes statues de saints  de  pierre blanche veillent sur une foule nombreuse, venue assister comme chaque année, à un concert exceptionnel organisé par  "Les Amis de la Cathédrale Saint Michel et Gudule", associés cette année  avec "le Hulencourt Art Project". L’intégralité des  bénéfices du concert sera consacrée à la restauration du vitrail du " Jugement Dernier "qui éclaire l’immense nef gothique abritant, depuis tant de siècles, des millions de fidèles et de visiteurs.

  

L’écrivain belge Philippe Marchandise accueille le public assistant à cette grande rencontre musicale, avec des mots vibrants  invitant à être en communion avec ceux qui ont donné leur audace ou leur vie pour la Liberté et la démocratie dans notre pays.  Il évoque les soldats au front, les prisonniers, les victimes de la guerre et surtout « ces femmes désemparées, qui ont perdu leur raison de vivre puis leur raison tout court. » Et c’est une femme,  Marguerite de Werszowec Rey qui a écrit le poème qui a inspiré la symphonie contemporaine  "Le chemin des dames" au musicien Jacques-Alphonse De Zeegant*. Elle le lira devant l’assemblée avant  son interprétation musicale. Cette œuvre,  inspirée par les champs de bataille de la Marne, est évocation, prière et appel à la paix, elle transcende les lieux et le temps. Elle a stupéfié, bouleversé, enflammé le public lors de sa création à la cathédrale de Laon  le 30 août 2014. L’émouvante  mezzo-soprano argentine Alicia Nafé a prêté sa voix avec les chœurs de l’Union Européenne pour l’interprétation de  la symphonie.  L’actrice Caroline Veyt, présentatrice en mai 2014 du Concours Reine Elisabeth,  introduit chaque  œuvre musicale.

12273131053?profile=original

 Né en 1955, Alphonse De Zeegant compositeur belge  au parcours peu commun, a étudié au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles. Il fut l’élève du pianiste André Dumortier (lauréat du concours Eugène Isaye) et du pianiste Valéry Afanassiev (1er lauréat du concours Reine Elisabeth 1972). Depuis une dizaine d’années, Jacques-Alphonse De Zeegant s’est engagé dans les coulisses de la création, laissant courir son inspiration, librement, sans se soucier des modes et des courants esthétiques de notre époque. Jacques-Alphonse De Zeegant souhaite en effet  assurer la transition, entre musique classique et musique contemporaine.

12273131097?profile=originalIl est  le premier compositeur invité en  résidence auprès du Hulencourt Soloists Chamber Orchestra (HSCO) qui  rassemble chaque année la crème de jeunes talents internationaux afin de promouvoir la musique classique et offrir à de nouveaux publics une expérience directe et intime de la musique de chambre et d’orchestre.  Au programme,  une dizaine de concerts prestigieux de très haut niveau  dans des lieux réputés, comme cette fois,  le cadre exclusif de la Cathédrale Saint Michel et Gudule.  La recherche de l’excellence est le maître mot. Les artistes, musiciens solistes professionnels  qui jouent comme solistes et poursuivent leur propre carrière musicale au sein d’orchestres nationaux ou dans des ensembles reconnus, sont conviés aux quatre coins de l'Europe, à participer au programme selon leurs disponibilités. Ils se réunissent au Golf Club d’Hulencourt, un endroit de prestige et de calme situé en pleine nature,  pour les sessions de préparation des concerts et des tournées. Rencontre de 19 nationalités.

12273129876?profile=original

12273128095?profile=original

Xavier Deprez, organiste de la cathédrale, et Augustin Dumay, violoniste de la Chapelle Musicale et futur directeur musical de l’orchestre  HSCO en 2016 ont tenu à s’associer à cette grande commémoration et prière pour les soldats de la guerre de 1914, en interprétant avec l’orchestre de solistes de chambre de Hulencourt sous la direction de Benjamin Ellin deux œuvres poignantes de Camille Saint-Saëns et de Felix Mendelssohn. Nous avons vécu une expérience musicale inoubliable,  authentique et unique,  ainsi que la  rêve, le directeur de l’Hulencourt Art Project: Palmo Venneri.

* www.dezeegant.com

12273131699?profile=original

 12273130098?profile=original12273132262?profile=original

En savoir plus :

^Un haut lieu de souffrance

« Quand j’ai accepté de composer une symphonie sur le Chemin des Dames, je souhaitais y intégrer un texte, j’ai demandé à Marguerite de Werszowe Rey, avec qui j’ai souvent collaboré, de m’écrire un texte ou un poème », explique Jacques-Alphonse De Zeegant. Ce poème évoque la vie des soldats dans les tranchées mais il est aussi un appel à la paix. « Le texte mêle le français et l’allemand, mais on y retrouve aussi toutes les langues des peuples qui ont combattu sur le Chemin des Dames. » Cette voie, autrefois royale qui est devenue un haut lieu de souffrance, le compositeur l’a beaucoup arpentée avant de coucher ses émotions sur une partition. « Des amis me l’ont fait découvrir, j’ai été très marqué par la souffrance qui s’en dégage encore. Un gigantesque drame humain s’est déroulé ici, on sent bien que la terre n’a pas fini de digérer ses morts. »

En une trentaine de minutes, Le Chemin des Dames évoque les soldats, leurs souffrances, les coups de fusil, « la Chanson de Craonne apparaît en filigrane tandis que le 5 e  mouvement se transforme en danse macabre, poursuit le musicien. Ce qui compte pour moi ce n’est pas la beauté, mais l’émotion qui se dégage de l’ensemble. » Pour ceux qui seraient un peu inquiets, le compositeur se veut rassurant : « Ma musique est accessible à tous, elle est au service du texte, et reste un hommage aux souffrances des soldats qui ont combattu, il y a cent ans. »

^ http://gite-chemindesdames.fr/litterature.html

Lire la suite...

12273126661?profile=originalLe "Dictionnaire historique et critique" est un ouvrage de Pierre Bayle (1647-1706), publié à Rotterdam chez Reinier Leers en 1696.

En 1689, Pierre Bayle rédigea un Lexicon virorum celebrium lingua gallica, qui est, en fait, la première ébauche de son Dictionnaire: on y trouve des généalogies de familles illustres, et trois cent soixante-quatre articles d'Histoire, de mythologie, de géographie, d'histoire littéraire. Ce texte demeura inédit et fut retrouvé par Émile Gigas à la bibliothèque de Copenhague. En mai 1692, le philosophe publia le Projet d'un Dictionnaire critique; il s'est mis en tête, nous dit-il, de compiler «le plus gros recueil [...] des fautes qui se rencontrent dans les dictionnaires»: il pense surtout au Dictionnaire de l'abbé Moreri (1674), qui lui paraît ressembler parfois à «un vrai sermon de croisade». Il donne vingt articles, parmi lesquels la mythologie occupe une place importante («Achille», «Achillea», «Hippomanes», «Jour», «Zeuxis»). C'est en octobre 1696 que parut la première édition du Dictionnaire. Elle obtint un succès considérable, mais l'ouvrage fut critiqué par les huguenots extrémistes (tel Jurieu) et les plus dévots des catholiques (tel Renaudot). On voulut voir dans cette compilation une machine contre le christianisme. Le consistoire de l'Église wallonne de Rotterdam examina l'ouvrage, y releva un abus de «citations obscènes ou grivoises» et trois articles peut-être dangereux pour la foi: «David», «Manichéens», «Pyrrhoniens». Bayle se justifia: ses plaisanteries trop libres ne visaient qu'à «égayer l'ouvrage et à en faciliter la diffusion». S'affirmant non pas sceptique, mais seulement fidéiste, il se disait prêt à corriger les articles incriminés, et tint compte, en effet, de ces reproches dans la seconde édition de son Dictionnaire, qui parut en décembre 1701: on y trouvait également d'importantes additions, que ses propres recherches ou des mémoires de ses correspondants lui avaient inspirées.

Les articles concernent des personnalités de gloire fort inégale et d'horizons fort différents. Des papes (Grégoire Ier, Grégoire VII, Léon X), des rois (François Ier, Henri II, Henri III, Louis XI, Louis XII, Louis XIII), d'illustres figures de la mythologie (Ajax, Hercule, Junon, Jupiter), de la Bible (Abel, Caïn, David, Judith), de l'histoire politique (Charles, François, Henri de Guise; le chancelier de l'Hospital), des sciences (Euclide, Kepler), de la philosophie (Abélard, Averroès, Charron, Chrysippe, Démocrite, Hobbes, Leucippe, Rorarius, Spinoza, Zénon d'Élée), de la littérature (Ésope, Euripide), et de nombreux hérésiarques - fondateurs de sectes (anabaptistes, arminiens, Jansénius, Knox, Luther, Origène, pauliciens, Socin), ou libertins (Hénault). Des noms très obscurs (Farel, P. Ferri) à côté de gloires européennes.

La tradition positiviste et républicaine du XIXe siècle a proposé du Dictionnaire une lecture que l'on peut qualifier de «machiavélique» ou de «policière». Comme les articles proprement dits sont relativement courts, et accompagnés de notes et de remarques fort longues, il faudrait chercher dans ces ajouts la véritable pensée de Bayle, plus hardie assurément qu'on ne le croirait. Cela est vrai, mais plutôt que de supposer chez le philosophe d'habiles subterfuges, ne peut-on admettre que sa démarche est celle qui convient à un travail d'érudition? Dans le texte, les certitudes; dans les marges, les gloses et les doutes, le probable et le possible.

En fait, le Dictionnaire peut d'abord être considéré comme un ouvrage de polémique protestante, destiné à corriger et à critiquer l'érudition papiste de Moreri. Mais ce projet entraîne le philosophe à présenter et à appliquer une théorie générale de l'Histoire. Contre les cartésiens il veut réhabiliter l'érudition, même la plus minutieuse, et il en vient à soutenir que «les vérités historiques peuvent être poussées à un degré de certitude plus indubitable que [...] les vérités géométriques [...]. Jamais, ajoute-t-il, on n'objectera rien qui vaille, contre cette vérité de fait, que César a battu Pompée». Quelle méthode convient pour éviter le doute et l'approximation en Histoire? S'attacher, avant tout, aux vérités de fait - examiner scrupuleusement les témoignages -, prendre garde à la datation des textes, se méfier surtout de la subjectivité et de l'esprit de parti. Certes, le philosophe ne peut toujours trancher: il demeure parfois dans l'incertitude, mais il parvient au moins à détruire bien des légendes.

Dans les articles consacrés à d'illustres figures de l'Ancien Testament (Adam et Eve, Abraham, David, Judith), Bayle applique cette méthode: loin de s'anéantir devant les Livres saints, il confronte leurs récits à ceux des historiens anciens (Philon le Juif, Josèphe, Celse) et des exégètes modernes (Naudé, Huet, Herbelot). Il semble surtout s'inspirer des travaux de Richard Simon, qui avait mis en doute l'authenticité de toute la Bible. A quoi s'ajoute vraisemblablement l'influence inavouée de Spinoza. Bayle tente, en tout cas, de rationaliser, autant qu'il se peut, le sacré et de faire «l'économie des miracles». Rien là de particulièrement audacieux: Malebranche et les cartésiens avaient indiqué la voie. Le pieux abbé Renaudot, quand il eut à examiner le Dictionnaire, ne se montra nullement choqué de telles pratiques: il le fut davantage de la «manière peu respectueuse» avec laquelle le philosophe parlait des patriarches. Nous retrouvons le problème de l'«obscénité» du Dictionnaire. N'est-ce qu'un agrément de vulgarisateur, ou une fantaisie de professeur soucieux de plaire à son auditoire? En fait, le rationalisme de Bayle et ses grivoiseries conspiraient à détourner les lecteurs d'une aveugle crédulité. Au moment où Jurieu, nouveau Jean de Patmos, prophétisait la ruine de Louis XIV et le triomphe en France des huguenots, la méthode et l'ironie du Dictionnaire pouvaient avoir de salubres effets.

L'examen de l'Histoire laïque et de l'histoire sacrée conduit à une sorte de philosophie. Bayle se refuse au scepticisme absolu et même à un empirisme radical. Il reconnaît la validité d'axiomes qui transcendent l'expérience, tel «le tout est plus grand que la partie». Il admet même la pertinence jusqu'à un certain point de la philosophie cartésienne, apte plus que toute autre à démontrer l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme. Ces affirmations n'empêchent pas le doute de régner: le philosophe ne cesse de mettre en évidence l'infirmité de la raison humaine. A cet échec des démarches théoriques, il oppose l'absolu de l'intention morale. Il est sans doute, comme l'a dit Cornélia Serrurier, «un calviniste froid, mais sincère». Le calvinisme seul lui paraît orthodoxe, mais la religion est affaire de foi, et non de raisonnement: «Les mystères de l'Évangile ne peuvent point et ne doivent point être sujets aux règles de la lumière naturelle.» D'ailleurs la théologie rencontre des difficultés, que notre esprit ne peut surmonter. Bayle est pessimiste, et, avant Voltaire, il ne voit dans l'Histoire «qu'un recueil des crimes et des infortunes du genre humain». Comment concilier le mal qui règne dans le monde avec la toute-puissance et la toute-bonté divines? Les hommes n'agissent jamais selon leurs principes et se laissent toujours entraîner par leurs passions et leur intérêt. Est-ce Dieu qui veut cet apparent désordre pour des fins qui nous échappent, et peut-être pour l'avènement d'un ordre transcendant?

Ce fidéisme n'est pas du pyrrhonisme, mais il y ressemble parfois et peut y conduire. Il faudrait plutôt penser à la véritable tradition protestante, à Rousseau, à Kant (et à Pascal). Le pessimisme de Bayle et son sens du tragique y ramènent, et les «principes synthétiques a priori» qu'il admet, et l'absolu qu'il place dans la raison pratique, non dans la raison pure. Alors que la naissante philosophie des Lumières promouvait une sorte de déisme résolument rationaliste et optimiste, le Dictionnaire de Bayle marquait une volonté de rendre à l'expérience religieuse sa tragique profondeur, et de convier les hommes à s'inquiéter, non à se consoler ou à se rassurer trop aisément.

Lire la suite...

12273128256?profile=original"La science du bonhomme Richard" est un almanach publié pour la première fois en l'année 1732 (et ensuite pendant vingt-cinq années consécutives); l'auteur en est Benjamin Franklin (1706-1790) qui se dissimulait sous le pseudonyme de Richard Saunders (nom d'un célèbre faiseur d' almanachs). Dans sa préface de la première édition, l'auteur nous présente le "pauvre Richard" comme un Yankee travailleur, mais peu fortuné, secondé par sa femme Brigitte. Cette préface, comme celles qui suivirent, ne manque ni d'intérêt, ni de sagesse. Elles sont imitées du "Spectator" et font preuve d'une incontestable maîtrise littéraire. La vogue de cet "Alamnach" (qui fut pendant des années l'unique lecture de milliers d' Américains appartenant à toutes les classes sociales) s'explique par l'abondance des proverbes, sentences et maximes que l'auteur y a semés à profusion. Toutes ces maximes sont loin d'être inédites: leurs sources sont très variées, allant de Rabelais et Bacon à Swift et La Rochefoucauld. Mais à coup sûr, un grand nombre sont de l'invention de Franklin: elles sont marquées par son éthique et forment un appel aux vertus moyennes: l'économie, l' épargne, la sobriété. L'auteur a réuni les meilleures d'entre elles dans un curieux discours intitulé: "The way to Wealth" (Comment s' enrichir). Il imagine que ce discours est tenu au cours d'une vente aux enchères par un vieillard, le père Abraham. En voici un exemple: "Si le Temps est le plus précieux des biens, la perte de temps, comme le dit bonhomme Richard,  doit être aussi la plus grande des prodigalités, puisque, comme il le dit encore, le temps perdu ne se retrouve jamais et que ce que nous appelons "assez de temps", se trouve toujours trop court. L' oisiveté, comme dit le bonhomme Richard, rend tout difficile: l'industrie... rend tout aisé; celui qui se lève tard, s'agite tout le jour et commence à peine les affaires qu'il est déjà nuit". A l'époque, quand il était d'usage de citer maximes et proverbes, ceux du "pauvre Richard" étaient sur toutes les lèvres et au bout de la plume de chacun, en Amérique comme en Angleterre; plusieurs d'entre eux ont été traduits et sont devenus partie intégrante de la sagesse des Nations.

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273124082?profile=original12273124480?profile=original We have  the pleasure to announce…

Samedi soir, au Musée de la Bande Dessinée à Bruxelles s’ouvrait  avec Bach et Liszt le tout nouveau Festival ARTONOV. La pianiste Béatrice Berrut, habillée par l'étoile montante de la mode belge Gioia Seghers, attaquait de façon décidée les 5 préludes pour chorals d’orgue pour piano, Cahier 1 de Bach/ Ferrucio Busoni. Au programme encore : La Chaconne BWV 1004 puis les Consolations S172 de Franz Liszt 

12273124669?profile=originalBéatrice Berrut, puissante magicienne, est une force du temps présent qui se fait l’interprète d’une nouvelle esthétique musicale rêvée, par Ferrucio Busoni, il y a 100 ans! Elle désire toucher, atteindre, comprendre l’inconnu !

 Was sucht Ihr? Sagt! Und was erwartet Ihr?“
„Ich weiß es nicht; ich will das Unbekannte!
Was mir bekannt, ist unbegrenzt. Ich will
darüber noch. Mir fehlt das letzte Wort.“
„Der mächtige Zauberer

 Gioia Seghers* la créatrice de mode, se charge  du tableau vivant, une sorte d’horloge faite de femmes dans une palette blanche ou  noire. Jambes et pieds nus,  les filles  sont sans maquillage, quelques-unes en chapeaux… Les tenues font penser à des kimonos réinventés, des drapés fluides et décalés. La cérémonie s’infiltre entre les pauses des différents mouvements musicaux. Regards tournés vers l’intérieur ou vers l’infini.  Touches noires et touches blanches  glissant entre les spectateurs, elles forment un contraste de zénitude raffinée qui exhauste la musique passionnée de Béatrice Berrut**. Musicienne dans des atours de femme fatale 1925, elle aurait fait tourner la tête à Gatsby le Magnifique. Elle a la grâce d’une divine  ballerine classique penchée sur un clavier, à la recherche des questions universelles.

 

Une prestation impressionnante, un assaut du ciel,  une subtile et poignante interprétation où se chevauchent la force vitale et le raffinement. Méditations, souffrance, rythmes brûlants, une frappe précise et dynamique, une variété de ralentis, des couleurs sur fond noir et blanc, un cœur révolté et bouillant d’insoumission. Cela déferle.  Sa colère n’est jamais complètement liquidée. Elle (…la colère ?  ou elle, …la pianiste?) se fait vague créatrice,  à la rencontre de consolations musicales  furtives, pour revenir encore et encore, toujours plus insistante et plus  tragique! Quelle est cette innovante  plaidoirie mystérieuse pour l’avènement d’un monde qui change ?   Quelle est cette puissance musicale, qui met à nu les sentiments, souligne les fiévreux accès de désespoir, et les délicats rêves de pureté ? La dernière note de la Ballade N°1 de Liszt est un point d’interrogation vivant!

12273124901?profile=original

Festival ARTONOV, festival innovant cœur nouveau de l’Art Nouveau

http://festival-artonov.eu/

On ne pouvait pas mieux débuter ce nouveau festival qui  joue sur les correspondances entre les diverses expressions artistiques. Gommer les frontières : dans des petits lieux d’exception mis à portée de tous, les arts plastiques, l’architecture, la poésie, vont servir d’écrin à l’art de la musique, langage sacré universel, Wunderkind de l’humanité, seul capable de transcender le temps. En ce nouveau début de siècle, nous souhaitons au festival naissant, et à son directeur, Vincenzo Casale***, musicien avant tout, l’ivresse de la transmission et du partage par-delà  toutes frontières,  et le bonheur d’un public accueillant, fidèle et enthousiaste. Dans le fracas de notre monde tel qu’il nous agresse quotidiennement, nous avons grandement besoin  de  nouveaux paysages vivants  de culture européenne et de paix !

1493_abc_vincence_casale_c_ivan_put.jpg(© Ivan Put)

http://www.agendamagazine.be/en/blog/abc-vincenzo-casale

 

http://gioiaseghers.tumblr.com/

**  http://www.beatriceberrut.com/

***  http://www.vincenzo-casale.com/ 

Lire la suite...

Un mécanisme protecteur

Soliloque

Sur la planète des humains
L'énergie devient affolante
Et l'aberration grandissante.
Semble périlleux tout chemin.

J'habite ma réalité,
Espace certes confortable
Où la nature est admirable
En sa paisible immensité.

En éveil parcourant ma route,
J'avais retenu des leçons
Les appliquais à ma façon.
Les métamorphoses déroutent.

Mon imprévisible mémoire
A fait le tri dans mon passé
Et apparemment effacé
Certains émois de mon histoire.

Pourtant soudain je me surprends.
Comment cela devint possible?
Je suis devenue insensible
Sans désirer être autrement.

Restent en attente des lettres
Conservées comme mes bijoux
Qui ne me tentent plus du tout.
Faudrait comprendre pour admettre.

Ne pas se souvenir est une infirmité.
Or l'oubli peut avoir un effet salutaire.
D'un malheur, il permet de se laisser distraire
Et de se sentir bien dans la sérénité.

12 octobre 2015

Lire la suite...

Le Plagiste (extraits)

Le Plagiste - extraits sur FACEBOOK

12273126690?profile=original

Ode à La Mèr (1)

Marée basse, je plonge dans la vague et je rentre chez moi. Mon entrée est encombrée de sable chaud, encore tout doré des rêves de la nuit. Au porte-manteau, du varech,encore tout humide des grandes saillies de l’aurore. Au salon, la vague déroule son tapis ; ce n’est pas Cannes, mais seulement la marée haute, avec ses écumes qui se répandent comme des mots creux, des coquillages de chairs qui se donnent comme des gestes vains sur une plage sans horizon. 

À voir, entre le lit des golfes,un fond de galets blancs, et sur ma table de mes chevets, enchevêtrés, gisent,les reliquats de mes nausées nocturnes. Sur mon bureau, un sang d’encre coule encore, mon Bic attend la confluence, pour écrire toute la nuit les fluxions océanes. Le Cosmos tout entier n’est qu’un unique gémissement, un océan de vagues et de symboles écumant. Au-dessus de moi, le ciel se repend à la corde tendue des nuages gris et blancs et mon sang ne fait qu’un détour, comme un raz-de-marée d’équinoxe, tel un chaos sans origine. Sur le parquet, les restes de mes nuits blanches, et mes draps maculés de méduses, à la fibre encore toute perturbée des étreintes nocturnes entre le ciel et la terre. Alors, au réveil, dans un silence meublé de mots pleins de sens, je tente de retrouver les liens, les souvenirs éparpillés, les cris crépusculaires des marins de nuit et ceux des chercheurs de Sens et de lumière. 

Derrière l’horizon, au-delà de ma cuisine,cela ressemble au laboratoire d’un initié au mystère du Sel, mais ce n’est qu’un mirage, celui d’une noyade vieille d’il y a plusieurs décennies que l’on croirait même y voir couler l’éternité.

(...) 

Le regard pétillant, Le Plagiste semble assez satisfait de la tournure que prend son texte "EMBRUN". L’idée de dédicacer cette logorrhée moite à Sandor Ferenczi, auteur de Thalassa, vient à peine de lui traversait l’esprit, qu’une cliente de l’autel Mona Lisa lui brise les ailes en plein vol ou en plein délit d’écriture, tout comme un vilain policier coupe l’élan du contrevenant, ou comme une contre-vague brise les jarrets du nageur. 

Là où il a pied, Le Plagiste n’est pas du genre à se laisser interrompre ou distraire pour si peu. Posant son Bic et son carnet de notes sur la table la plus proche, il se dirige vers son interlocutrice pour répondre au mieux aux souhaits de cette vieille habituée de l’hôtel. À son âge avancé, Madame Louise n’a peut-être plus toutes ses jambes, mais son esprit est encore assez vif pour se commander un rafraîchissement, qui viendra comme une source claire exaucer un vœu simple, mais essentiel, se boire une menthe à l’eau pétillante.

Après avoir satisfait la cliente et déplié un parasol pour la protéger du soleil de cette belle arrière-saison, Le Plagiste reprit sa place et son texte là où il l’avait laissé auparavant, comme en suspension entre deux vagues et deux petits services.

À Sandor Fenrenczi, auteur de Thalassa, psychanalyse des origines de la vie sexuelle.

Il existe des dysenteries de Mèr, de douloureuses diarrhées qui vous embrument la mémoire quand les vents se font défis… Il existe des mots, des mots qui sentent la poussière et le sel. Et à la crête de l’âme,au fond de nos entrailles, subsistent toujours les mêmes flux sanguinolents, les mêmes menstrues intérieures.

Quelque soit le temps, la couleur du ciel, son reflet dans l’océan, partout,l’homme reste le même à se chercher dans la vague et le vent... 

À moins que cet athlétisme distraction ne soit « un art », assis à la terrasse de l’hôtel avec son carnet en main, la cursive agile et l’œil contemplatif, Le Plagiste se livre à son sport favori, la poésie ou à une sorte d’écriture intuitive à laquelle il ne peut se résoudre à donner un nom plus précis que "poésie".

Incognito comme l’oiseau qui traverse notre champ de vision, il aimait voyager ainsi, entre le Ciel et La Terre, en passant bien sûr de longues heures à planer sur l’océan, comme assis devant un retable, « retro tabula altaris »,en passant en revue le déploiement des colonnes d’écumes et des sculptures de nuages.

(…)

FLUX

L'Océan aligne ses vagues une à une
Sur la laisse de mon œil dénudé
Leurs grands fusils de sel posés
A même l'écume.

Lié à la plus haute falaise
Les yeux bandés de varech
Comme chaque jour
J'attendais le GRAND-LARGE.
L'Océan a commandé les vagues
Et les mille grands fusils de Sel
De concert
Baïonnette au canon d'Eaux
Se sont tournés vers moi
Il y eut un silence profond
L'Océan a crié FEU !
c'est-à-dire
Raz de marée !

REFLUX

Lié à la plus haute falaise
Le corps criblé de sable chaud
Dégoulinant d'algues rouges
Sur la laisse de mon œil
J'ai vu s'étendre l'Infini
Mille aigrettes pourpres
Et mille sternes bariolées
Mille oiseaux de feu oiseaux de sang
Cormorans et macareux
Mouettes et foulques flamboyantes
Ont jailli de mes plaies ensablées
Et comme par routine
Les mille fusils de Sel
Sont retournés à la Mèr.

(…)

Une hirondelle de mer se pose sur le papier. De son dos gris et de ses pattes palmées, comme volent les mots, à coups d'ailes elle trace sa cursive. Tout comme Le Plagiste, les oiseaux de mer voyagent entre la terre et le ciel. Rien n’étonne plus notre poète qui connait bien les mœurs de ces grands oiseaux de mer, puisque, huppés, voyageurs, argentés ou bridés, les mots sont des sternes aux rivages de la littérature et de la métaphysique. Sur la terre ferme, face à l’océan, Le Plagiste attend un signe du Ciel.

Chimère de chimère, après avoir expérimenté toutes les facettes des mirages et toutes les formes trompeuses que peuvent prendre les apparences, Le Plagiste sait quel’imaginaire est le lieu même de toutes les illusions, là où porteuses de chimères les évidences nous égarent et où les sens nous aveuglent , là où les croyances nous leurrent et où les certitudes nous rassurent en vain.

Les pieds dans le sable encore humide des marées de la veille, face à l’océan, Le Plagiste, fait O - raison(eau-raison) car infidèle, la raison nous trompe, mais l’oraison permet d’évider les évidences comme la pelle peut creuser et sonder en profondeur toutes les formes tronquées des miracles.

Nos réalités quotidiennes, sont le Lieu même où Méduse comme Sirènes menteuses nous fourvoie de l'os jusqu’à l’oeil, et ça, Le Plagiste semble le savoir depuis sa prime enfance ; mais il sait aussi qu’entre lui et le ciel, il existe de nombreuses médiations, et que c’est là justement que les vagues vaguent et que la mer intercède par ses flux et ses reflux, et que c’est justement là qu’elle se fait l’interface excellente, porteuse de vie comme de mort, à mi-chemin entre le passé et l’avenir, la poussière et le vent, la matière et l'esprit.

C’est là, à juste titre, que la mer reste pour lui le lieu le plus « symbolique »,le plus fluant et le plus confluent, afin de lui permettre d’accéder au seuil du Réel.

Alors, s’essuyant les pieds au paillasson de varech aux fortes fragrances,il avance dans l’eau jusqu’aux genoux, pour constater que sur la surface de l’eau,quel que soit le temps, la couleur du ciel ou la forme des nuages, la mer reflète leurs reflets changeants, tout comme les mots laissent une odeur de marée après toute écriture. D’ailleurs, en français, le mot « Laisse », qu’elles soient de haute mer comme de basse mer, ne signifie-t-il pas aussi ce lieu frontière, cet espace intermédiaire ou cet état limite des eaux que la mer laisse à découvert après chaque marée.

C’est donc sur cette ligne de marée qu’il lui faut écrire, et si la marée oscille entre les hauts et les bas, il lui faut aussi laisser ses propres mots-galets, ses mots-coquillage ou mots-étoiles de mer, là où il se retire. Tout comme, l’intuition laisse ses alluvions sous forme de sensations comme le pied laisse son empreinte ensablée et comme le sels’incruste après le bain dans toutes les profondeurs de l’être. 

(…)

Comme un retable au chœur d’une cathédrale, le paysage se structure et se dispose tout autour en registres et en volets. C’est ainsi que face à l’Hôtel Mona Lisa, la terre, l’océan atlantique et le Ciel se déploient verticalement et horizontalement comme les retables se déploient derrière les autels, là où l’or des sables se mélange à l’ivoire des nuages pour se jeter enfin dans l’émail des eaux. 

Le Plagiste connait tout de ces verticalités, lui qui éprouve depuis toujours le trip des triptyques, et qui du matin au soir avec le fil à plomb de son écriture, se joue des verticales et des diagonales métaphoriques de cet immense retable naturel.

Dans le fond de la baie de La Forêt, Cap Coz se love comme une orchidée dans le terreau de cette Riviera bretonne. Sur la plage, vêtu de son crépi blanc, face à l’Océan, l’hôtel se dispose humblement, mais sûrement pas à la manière d’un palace du sud. Pratiquement, à trois parasols de la plage, seule une terrasse entourée d’un petit muret sépare l’hôtel du sable. Pas d’angle mort, à 180 degrés, la vue sur la baie et l'océan est totale. C’est une situation d’excellence sur la baie de Fouesnant, avec une vue imprenable et sublime pour tous les contemplatifs en manque de panorama lumineux et d’images fortes. 

À environ 20 km de Quimper, entre Benodet et Concarneau, l'Hotel Mona Lisa,bénéficie bien d'un emplacement exceptionnel où les habitués bénéficient de la plus merveilleuse des vues. Et sans entrer dans les détails de la carte, la cuisine y est bonne, et d’ailleurs, l’hôtel porte bien ses trois étoiles comme l’hôtesse porte avec distinction ses trente années de loyaux services. D’hôte en hôtes, entre marées hautes et marées basses, l’Hôtel Mona Lisa vit sa vie d’hôtel, pareillement à son Plagiste qui ne cesse de vivre sa vie de poète.

(…)

Marée haute
L’eau envahit mes sens
C’est-à-dire 
Qu’elle donne sens aux choses
Et dirige mes pulsions comme mes pulsations.
Marée haute
Sur la plage comme en mer
Il y a les fils de Poséidon
« les fils à papa »
Pleins de réponses sur mesure 
Et de solutions toutes faites. 

Mais il y a aussi des hommes de la Mèr
Des fils à Mèr
Des fils amers 
Qui se posent des questions
Sans réponses.

Temps-tête de tempête 
Tout n’est que tempête ! 
Né sous le signe du trident
Et de la Manche
Je suis l’un de ces fils 
Ballotté de vents et de vagues
Se brisant sur mes côtes
Fragiles 
Au confluent des eaux claires 
Et des eaux plus saumâtres. 

(…) 



(1) Extrait de Mèr 1972. La Mèr, représentent la somme de plusieurs années de notes et de réflexions, c’est-à-dire plus ou moins « huit mille pages » de flux. 

Dans les années 70, au sujet de ces logorrhées marines, le comité de lecture des Éditions de l’Athanor de Paris écrivait au Plagiste ce qui suit : 

" On ne peut qu'admettre cette poésie, ou la rejeter. Elle nous ouvre un monde composite, éclaté, ravagé, reconstruit par les trouvailles du langage, qui cependant, donnent l'impression, à la fois, de la circulation cosmique et d'une sorte d'expérience surréaliste avec, à la clé, le "dérèglement de tous les sens". Pour décrire son "moi", par exemple, Reumond montre un goût de l'audace qui rejoint l'éblouissement de la vérité. Pas de quartier, pas de choix, apparemment, devant ce qu'accueille son conscient et son inconscient ! La jonglerie des mots, de toute façon, révèle ici une recherche acharnée dans le besoin de se dire - jusqu'à une révélation attendue, qui ne vient d'ailleurs pas. Mais subsiste la pulsation de ces poèmes, lançant dans leur détraquement leur monstruosité cosmo physique, une sorte de défi au vide. Un ensemble très intéressant. C'est pourquoi nous envisagerions avec plaisir son édition dans notre collection de : "Poésie". Nous pensons aussi que la qualité de la poésie de Reumond mérite que celle-ci soit présente dans notre "Anthologie la Poésie française contemporaine".

« Subsiste la pulsation de ces poèmes, lançant dans leur détraquement leur monstruosité cosmo physique, une sorte de défi au vide. » 

De tout ce fatras d’éditeur, Le Plagiste ne retient que ce passage où il se retrouve, comme on se retrouve dans une vieille missive oubliée entre les pages jaunies d’un vieux livre. En l’occurence, le Livre en question était une édition originale de l’ouvrage d’Émile Vehaeren, Les forces tumultueuses (Mercure de France – janvier 1902). 

« Loin des yeux, loin du cœur » Psalmodient les vents dans les voiles qui s’éloignent. 

Alors, pour mieux se rapprocher du cœur des choses, Le Plagiste, dès l’aube, se gave le regard de brumes matinales ; les cils et les sourcils encore frissonnants de la fraîcheur du petit matin, il ouvre tout grand les sens de son être pour se laisser remplir d’horizon ; à s’en saturer le plus noir des pupilles, à s’en lasurer les paupières de mille firmaments bleutés, en s’en laissant combler, débordant de toute part. 

Même durant la nuit il se laisse faire par les bruits de la Mèr, ouvert à s’ouvrir béant les yeux comme on dégage de leur gangue des mollusques fraîchement pêchés dans la baie. Il se laisse façonner, à s’en taper dans l’œil avec les coups du sort ; levant les yeux comme s’exhausse l’ascenseur pour exaucer nos vœux ; en couvant du regard la plage, de gauche à droite, à portée de vue et d’espérance, comme roulent des yeux de galet, il se laisser porter comme l’enfant confiant dans les bras d’un parent. 

Il se laisse faire, à se laisser remplir les orbites de visions crues, nues et vives, à se déchausser les globes, à s’en teindre le blanc de l’œil avec tous les verts et les bleus des eaux ; ouvrant béant les paupières comme on pose un décor avant de tirer les rideaux de l’aurore d’un océanique théâtre. 

Il joue le jeu, celui des sens tout déployés ; plein la peau, les mains, les oreilles et les yeux, tel est son leitmotiv au saut du lit. 

Comme le fil de chaîne d'un métier à tisser les pensées, dès le matin, il est tendu horizontalement et verticalement attentif pour servir lui-même de support à la trame des jours et pour soutenir le tissu de ses pensées formées dans l’épreuve des eaux. 

Sous l'effet du vent et de l’esprit, ce sont les fils des vagues qui se nouent et de dénouent à la trame des jours, et qui soutiennent le flux et le reflux, déformant la surface plane des eaux et les états d’âme et de consciences du Plagiste.

(…)

Il y a des vagues qui accourent comme des mots qui reviennent sans cesse et des phrases qui sentent même la marée. Quand les ondes de la marée rencontrent les ondes de la pensée, et quand le train de la vague charrie le flot des mots, il éprouve souvent de grandes houles de conscience, tout comme l’Océan connait ses propres tsunamis et ses raz-de-marée. 

La Mèr flue, créant chez lui des turbulences et des courants de tête, comme il existe de grands courants marins, parce qu’en vérité la poésie est elle-même sujette aux mêmes phénomènes que les eaux de la mer, ce qui est d’ailleurs commun à toutes les ondes, l’est aussi à toutes les formes du langage, aux pensées, aux mots et aux images : réflexion, réfraction et diffraction, participent pareillement au flux de cranes et au flot des mascarets. 

(...)

Il nous faut suivre son cours
Sa démarche salée
Sa raison de fluer.
Suivre l'alphabet de ses gestes liquides
Du rivage de nos sens
Au Grand-Large de son Sein.

Il nous faut épouser les formes
De son corps et nous pénétrer de ses remous
Et parcourir en ELLE, des sillages plus symboliques que
symphoniques.

Il nous faut rompre la chaîne de nos attachements 
Nous déposséder de tout et surtout 
De nous-mêmes
Partir à la dérive en des mondes vasculaires
Rouge d'un sang neuf, lumineux 
Comme l’étincelle dans un regard de corail.
IL NOUS FAUT LA Mèr
Combler le vide de la vague 
Avec des mots trop vides pour arrêter son geste.
IL NOUS FAUT LA Mèr
Cordon d'écume, beauté perlée, comme
Un lien entre nous et le Monde.

Désespérance des mots-clés, du clapet froid 
Qui n'ouvre que le champ de mes pensées.

Boire la rosée sperme-embrun 
A même la lumière torsadée.
Tisser des poèmes-mâture
À hisser des frissons dans le vent.
Ventre des marées pleines de noyés énormes 
Parfum des varechs et des lunes-oasis.
Rythme à flots d'eaux
De laits de mots 
Symboliques et moites.

Grande aventure éclaboussée d'écumes 
Et de sangs, bombardée de regards neufs.
Silence démonté comme Mèr en chaleur 
Éternelle palpitation
Éternel ruissellement intérieur.
Un esquif de trop et un mousse trop moi
Dans l'onde maléfique d'un Océan trop charnel.

La vague, bandée comme un arc humide 
Et moi, bandé comme un mât turgescent
Bic plein de mémoire.
La vague est sensuelle comme une nuit étoilée 
Et moi, pauvre mousse déchu du droit de fils 
Nageant à la surface de mes idées folles.
Le regard ensablé d'un sable sanglant 
Fasciné par l'hypnose moite des vagues 
Plus démontées que jamais
Plus montées que légions de sirènes.

La queue schizophrène éclatée sur son lit 
Comme la chair après la guerre des ondes 
Plus écartelée que fuseaux de lumières.

Les bourses pleines de jazz-vague 
Et de rythmes 2/4 de sel et d'azur 
De 12 mesures à pleines marées
3 harmonies pleurantes
Ciel bleu 
Si bémol flux tiède
Mer verte
Mi bémol d’un temps de reflux
Terre dorée 
Fa 
7e de dominante
Flot-blues triste à noyer
Ses rêves dans la mer bleue
Savonnée d'écumes qui perlent
A même ma peau-cri tatouée de mot-embruns 
Et des cendres encore chaudes d'un langage à naître
Phénix.

Iris-bourgeons œil corail
Un instant poétique fixé 
Au vide
Dans l'éclaboussure
Des vomissures du LARGE.
Trombe d'eaux dans ma gorge fendue 
Tendue comme lèvres d'agonie
Vers l'Immaculée
Aux poitrines-nébuleuses.
Saillies-jazz
coïts-blues
À dissoudre la chair
Aux nappes de l'Éternité.

Iris-bourgeons 
phosphènes de plomb
Au ventre de l'Infini
Dans ma tête fêlée.

Ciel corail larme-cristal
Sang et sperme caillés
Dans le grand tourbillon de l'Océan 
Plus ORIGINEL que flux original
Tiède et suave naissance
Des flux et des raz 
ainsi que
des mots-notes sur la VIE VÉRITABLE.

Un mal de Mèr Absolue
un mal noir
Sec et froid
De part en part 
me martèle le ventre
Jour et nuit …


(Extrait de Mèr - 1970) 


Une crampe freine sa main gauche, oui, comme trop souvent, il aura écrit toute une partie de la nuit. L’encre sèche encore au bout de ses doigts, douloureux comme une banale atrophie, et des calculs viennent se lover comme crottes de sable aux coins de ses yeux éreintés. 

Le regard n’y est plus, l’horizon devient trouble …
Le Plagiste est fatigué d’avoir tant navigué entre les mots et les rochers saillants. Il ferme son cahier et s’allonge sur son lit en regardant les spirales de lumière qui se jouent de lui sur le plafond de la chambre.

Le Plagiste n’a jamais été trop sensible aux apparences, les évidences l’inquiètent tout comme les convictions le terrifient ! 

Il y a en réalité en lui une réelle fascination pour les questions, pour l’inconnu, le doute et l’étrangeté. Ce qui captive entre tout Le Plagiste, chez les autres, c’est justement ce qu’ils ont d’étranger au-delà de leurs certitudes, de leurs croyances erronées, ce qu’ils ont vraiment à eux entre la tête et le cœur, ailleurs, au lointain, dans cet entre-deux où la vie même se déploie et déploie ses propres parasols et ses chaises longues, pour faire de l’ombre aux vérités illusoires et allonger ainsi les évidences comme le ferait ce bandit de Procuste afin de les évider, de les creuser plus encore, de les allonger ou de les raccourcir, selon. Son autre nom de poète ou de plagiste pourrait être celui du « très nuisible » Polupemôn, ou encore celui de Damastès, ce dompteur de croyances.

Plagiste à ses heures et poète à toutes les autres, n’est-il pas lui-même le fils prodigue de Poséidon, Dieu des sources, des mers et des océans en furie, et tout comme Poséidon, son principal outil n’est-il pas une sorte de « trident » , dont l'ensemble des trois dents reste lié sans se croiser, chacune de ces dents ne pouvant être détachés de l’ensemble du trident sans perte d’identité ? 

Le Plagiste, en nommant ainsi chaque dent: Le Ciel (le Réel), La Mer (le Symbolique) et La Terre (l'Imaginaire) tous les trois lié par l’esprit même de la matière, plante son trident au cœur des sables pour s’orienter et s’en servir comme d’un fil d’Ariane ou plutôt comme d’un sextant. 

C’est ainsi que dans l'hindouisme, ce même attribut du dieu Shiva concentre dans chacune de ses pointes : la création, la permanence et la destruction.

Le Plagiste ne l’ignore pas, et d’ailleurs comment pourrait-il l’ignorer, lui qui l’expérimente jour et nuit par la chair et l’esprit ! Qu’ il écrive, qu’il dessine, qu’il sculpte ou qu’il s’éclate au piano, la jouissance est immédiate ! C’est pareil à une disposition de l’être tendu vers un but qui souvent s’ignore lui-même, comme un chemin qui se chercherait des limites à l’orée de ses traces. 

Comme la conscience et la jouissance passent toujours par les trois sens : sensation, signification et direction, par :

- Des sensations et des sentiments propres au « Je » 
- Des représentations ou des significations liées aux « Jeux » 
- Et enfin, des directions ou projets (objectifs) associés aux « Enjeux » 

Les trois sont « inséparables » et essentiels l’un à l’autre, comme les anneaux borroméens le sont entre eux et l'un vis-à-vis de l’autre. 

La conscience elle-même ne peut se concevoir sans cette triple liaison en trident qui fait de tout être vivant une sorte de trinité à lui seul ! 

Tout se tient, tout est lié et tout est par là même de l’ordre de l’analogie, comme entre le trident, les anneaux de la famille Borromée ou le triptyque Terre-Mer-Ciel. 

Si Le Plagiste imagine « Des vagues de chairs qui clapotent contre la falaise nue », il n’est pas dans le pur imaginaire, car la pure imagination relève de la chimère, il y a dans son énoncé, « Des vagues de chairs qui clapotent contre la falaise nue », toute une de symbolique (La Mer), qui dit elle-même quelque chose du Réel (Le Ciel). En fait, notre réalité personnelle est toujours lié aux autres dimension ou composante du Réel, comme « je » ne peut se concevoir sans « tu », comme en tout cas sur Terre, un océan ne peut s’entendre sans rives et sans horizon (Ciel). 

(…) 

Le Plagiste (extraits)

Lire la suite...

Le silence.

Qu'Est-ce que le silence ?

Cet espace indéfini, où l'essentiel est perceptible,

jusqu'à être palpable ;

les coussinets de mon chat la nuit sur le parquet,

le son des arbres, la chute d'un fruit,

la descente de l'ombre en même temps

 que l'endormissement du soleil,

le murmure de l'air extrêmement bleu,

le bavardage des fleurs au fond de mon jardin,

le bourdonnement d'une abeille

 au moment de la sieste dans une chambre blanche,

le lait qui danse dans une casserole cuivrée ;

le silence au fond n'est que sonorités, musique douce,

 propagé par toutes ces choses perceptibles ici et là !

Tout le reste, n'est que bruit.

 

NINA

 

 

Lire la suite...

Le petit garçon JGobert

Dans les bras de son père, un petit garçon aux yeux de khôl regarde avec intérêt et une grande inquiétude un grand homme blanc. Celui-ci est planté devant lui, appareil photo en main. Il gesticule dans tous les sens pour prendre des clichés. Il est arrivé depuis quelques jours dans ce pays pittoresque, captivant où s’interposent, se mêlent richesse et pauvreté. Ce forçat des temps modernes avale les kilomètres de ville en ville. Un circuit élaboré le conduit de Palais en Palais sous un soleil de plomb.

Les yeux de l'enfant se sont emplis de larmes. Une peur soudaine, subite, venue des abysses de sa vie naissante, le secoue, l’agite. Petit homme, c’est la première fois qu’il voit de près un humain différent des siens.

Le grand homme blanc, surpris, étonné, dans l'embarras devant les larmes de ce petit enfant, redevient en une seconde, le petit gamin vulnérable qu'il était. Ses souvenirs l’envahissent, le prennent et le rendent  fragile un instant.

Une rencontre, inopinée au centre de cette cité historique, profonde de sens où deux mondes se font face dans un cadre inhabituel, donne à cette situation un caractère exceptionnel.
L'homme bafouille  d
oucement des mots dans son langage étranger et touche de ses mains malhabiles le visage mouillé de l'enfant attristé. Il l'embrasse avec douceur, d'une bonté dissimulée voulant lui offrir tous les trésors du monde. Il essaie de le réconforter avec des mots vides que l'enfant ne comprend pas. L’enfant l’évite de son regard noir.
Autour de lui, le souffle court, les autres touristes, vivent cette scène avec émotion, s’attendrissent, s’émeuvent aussi.

L'enfant, toujours accroché  à son père, se tourne, pivote et sourit enfin.
Le joli minois couleur de miel s'éclaire, s’illumine dans la lumière et la chaleur accablante. Il reprend le chemin de sa jeune vie.  D’un geste amical, un sourire esquissé, il salue l’étranger avant de disparaître.

Lire la suite...
RSS
M'envoyer un mail lorsqu'il y a de nouveaux éléments –

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles