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administrateur théâtres

Ça commence toujours par une envie. Et il arrive parfois que cette envie se réalise.

L'envie de faire du théâtre tout près des gens; comme si le spectacle n'était qu'une conversation. Les grandes salles ne sont pas faites pour les conversations; et si l'on y converse, c'est derrière le cadre de scène. La rue est un endroit où cela devient possible et c'est une belle école pour tout le monde mais ce n'est pas assez convivial. Et puis c'est un autre fantasme.
Alors, quoi de plus convivial qu'un lieu clos, mi-salon, mi-café, chaleureusement décoré où l'on peut siroter son verre en assistant à un spectacle. C'est ça le café-théâtre.
Le café-théâtre "Le Jardin de ma Sœur" est né en 1994 à l'extrémité de l'ancien Grand Béguinage de Bruxelles, sur un des quais du vieux port de Bruxelles où œuvrent encore les fantômes des ouvriers dockers et où passent encore ceux des béguines en longues mantes noires.

23 novembre:



A l'angle du Quai au Bois à Brûler
et de la Rue du Grand Hospice,
à 1000 Bruxelles
(Marché au Poisson, Métro Sainte Catherine)
Tel: +32.2.217.65.82
E-mail: info@leJardindemaSoeur.b

 

La Religieuse... d'après Denis Diderot ( Pamphlet ) publié à titre posthume en 1796

 Texte: Arthème (adaptation pour le théâtre), Denis Diderot, Maggy Souris (adaptation pour le théâtre), Viviane Collet (adaptation pour le théâtre) ON STAGE Performance: Viviane Collet /  BACKSTAGE Mise en scène: Arthème, Maggy Souris

 Novembre: 9, 10, 11, 12, 16, 17, 18, 19, 23, 24, 25, 26    

  

 

« J’avais alors seize ans et demi. …il s’agissait de m’engager à prendre l’habit. …Je me plaignis avec amertume, et je versai un torrent de larmes. La supérieure était prévenue ; elle m’attendait… Elle parut avoir pitié de moi… …elle me promit de prier, de remontrer, de solliciter. Oh ! monsieur, combien ces supérieures de couvent sont artificieuses ! …Savoir se contenir est leur grand art » (Diderot 4-6). 
  

Nous avons été comblés par la conteuse, Vivianne Collet qui  nous a proposé une adaptation monologuée du roman de Diderot.  Diderot prend la défense de la novice forcée par ses parents à prononcer des vœux auxquels elle n’adhère nullement. Le ton est indigné, un premier pas vers le refus à la soumission? La voix est chaleureuse, débordante de vie alors que ce premier couvent où la jeune fille se voit enfermée de force, … est une véritable tombe où elle est enterrée vivante.

 La voix est multiple, débordante de personnages fort bien campés. Le monologue est une mise-en scène adroite de toutes les petites et grandes histoires de la jeune recluse qui voulait vivre.  La lumière, celle d’un esprit libre, se voit dans les yeux de la comédienne. La piété est dans ses mimiques car elle a cette foi spontanée  et respectueuse qui lui vient du cœur. Les quatre actes qu'on lui intime de réciter ne viennent pas d'une prière apprise par cœur, mais du fond de son âme innocente et bonne. Ce qui Diderot condamne, c’est l’institution qui vous supprime votre libre arbitre, l’obscurantisme qui mène droit aux dérives. Notre siècle a de quoi réfléchir, car de-ci, de-là traînent encore des fanatismes liberticides, des embrigadements monstrueux, des tentatives religieuses totalitaires.

Entre résignation et désespoir, elle a subi des sévices, la  mise à l’écart systématique, le  harcèlement,  les punitions corporelles, des  interrogatoires humiliants. Dans son épreuve,  la jeune sœur Sainte-Suzanne compare sa souffrance à celle du Christ et reprend courage. Elle  se rappelle les paroles de sa défunte amie, ancienne mère supérieure  parlant du couvent : « Entre toutes ces créature si innocentes et si douces, il n’en n’est presque pas une dont je ne puisse faire une bête féroce. »

Devenue bouc émissaire de toute la communauté, elle n’accusera pourtant personne du couvent où elle est si malheureuse, même pas l’hypocrite mère supérieure, cause de tous ses tourments. Elle reste pleine de dévotion et de douceur. Devant  le grand vicaire qui l’interroge : « Etes-vous nourrie ? « Je demande à l’être »  « Vous ne l’êtes donc pas ! » s’exclame le dignitaire indigné.» Elle murmure: «Je ne suis pas venue pour accuser, mais pour me défendre ! »

La conteuse échange des regards discrets  avec un  public qui lui est acquis, tant la proposition  est  à la fois, pathétique et nuancée. Il bourdonne, allergique aux prises de pouvoir, à l’hypocrisie, et à  bien plus encore.

Très bon spectacle, dans un lieu en suspension entre les époques.

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Amour, mes vingts ans.

 

Une entrée longue et claire,

quelques portes fermées,

des chuchotements à peine,

des masques d’Afrique, d’Océanie, d’Asie,

une lampe contemporaine, jolie,

un petit chat en bois,

une fenêtre large et nue, avaleuse de soleil,

la Seine juste derrière, interminable et bleue, sereine.

 

Tout près les pas de l’homme que je chéris,

qu’à chaque instant j’épouse,

que je vole en secret,

Raisonnent, illimitent mon cœur, le désencombre.

 

La blancheur de l’ombre.

 

Ses pas feutrés et chauds,

tels des battements de cœur mesurés et sonores,

 me touchent,  exacerbent mes sens,

me bouleversent, bien avant l’heure de

notre rendez-vous.

 

C’est un galop violent dans mon corps,

dans ma tête, qui entonne mon amour,

ma solitude, ces mots rouges et intimes que je

ne peux pas crier.

 

L’entend-t-il ?

 

Enfin la porte s’ouvre,

L’inaptitude verbale entrouvre mes lèvres,

ma bouche, puis laisse tomber cette phrase si détachée de

moi, étrangère, amère ;

 

« Oh bonjour comme ça va ? »

« Bien merci et vous ? »

« ça va merci ».

 

Décalage, déroute.

 

Je quitte la salle, je m’assois, parle, raconte,

avec mes yeux j’ose à peine embarrasser les

siens, les agrandir, les mordre, leur dire tout.

 

Sonne l’heure, déjà !

 

Je me lève, je pars,

Je ferme la porte, j’ai froid.

Profond regret de ne pas avoir osé.

 

Obscurité.

 

Je vais écrire alors.

 

 

 

 

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Un jour (presque) comme les autres.

Gnagna secoua vigoureusement Boubou.
-Debout, feignasse ! Il est l’heure !
Boubou entrouvrit un œil et le referma aussitôt.
-Bougre de salopard, race de dégénérés, cochon de paresseux, enfant de salaud, fils de pute, lève-toi !
Car une bonne épouse doit parler à son mari avec la plus énergique grossièreté.
Réconforté par le langage de sa femme, Boubou émergea enfin du sommeil. Et considérant Gnagna avec amour et admiration :
-Quelle heure est-il ?
-Midi vingt. Et tes cinq minutes de travail hebdomadaire commencent dans peu de temps.
-Alors, aide-moi, femme. Appuie sur les boutons.
Gnagna s’approcha de son homme, dégagea le boîtier de commande de sa combinaison vestimentaire et actionna dans le bon ordre les différentes opérations matinales : lavage, séchage, débroussaillage des quelques endroits encore pourvus de poils, défroissage des plis du visage, grattage des coins sensibles, massage des membres supérieurs puis inférieurs, guiliguili le long de la colonne vertébrale, curage des oreilles et des narines, puis, pour terminer, grand entretien des espaces compris entre les orteils.
En trois minutes, Boubou était prêt.
Gnagna contempla fièrement son mari.
Un mètre cinquante de haut, un mètre cinquante de large, un mètre cinquante d’épaisseur : quel magnifique spécimen de mâle humain ! Quelle chance elle avait eue lors du tirage au sort des époux ! Que de jalousies avait-elle suscitées ! Avec son teint blafard, ses petits yeux rouges profondément enfoncés dans la graisse de ses joues, son nez court et largement épaté, son abondante chevelure blanche descendant en triangle sur son front rétréci, sa bouche mince, presque sans lèvres, d’où on avait eu soin d’arracher toutes les dents disgracieuses, son menton complètement effacé qui soulignait l’harmonie des trois bourrelets superposés lui servant de cou, Boubou avait de quoi séduire et faire rêver bien des femelles de cette fin du XXXIII°siècle.
-Allez, infâme pourceau, complet abruti, crétin congénital, dépêche-toi. Tu vas être en retard.
Boubou était toujours ébloui par les égards que Gnagna lui manifestait en s’adressant à lui. Elle avait vraiment reçu une excellente éducation.

Par hygiène, Boubou mettait un point d’honneur à parcourir les cent mètres qui le séparaient de son bureau à pied. Cela lui prenait une bonne demi-heure, mais il jugeait qu’un bon exercice physique était salutaire en préparation à son travail intellectuel. Ce jour-là, pourtant, il arriva un peu essoufflé au pied de l’immeuble de la SCJD13H01A13H06 (Société de Comptage du Jeudi De 13h01 A 13h06).
Boubou occupait un poste important au sein de l’administration de la Cité. Lourd de responsabilités car impliquant d’innombrables répercussions sur la vie de toute la communauté, cet emploi ne pouvait être confié qu’à un homme de confiance avec un quotient intellectuel de minimum 57. Ce qui n’était pas courant du tout…
A 13h01, Boubou, installé devant son bureau, se mit à compter les Ronds de Carottes. Les Ronds de Carottes étaient la monnaie utilisée depuis bientôt trente et un ans sur toute la planète. C’était une longue période et, d’ailleurs, le gouvernement siégeait depuis huit mois pour déterminer s’il était judicieux d’en revenir aux Queues de Cerises, l’ancienne monnaie, ou d’en créer une nouvelle, par exemple, les Noyaux de Prunes. On craignait en effet une prochaine dévaluation des valeurs morales et spirituelles qui risquait de faire flamber le cours des Ronds de Carottes. Mais les avis étaient partagés et les discussions âpres et passionnées. Ce qui maintenait un statu quo provisoire.

Lorsque la sonnerie retentit à 13h06, Boubou était épuisé mais radieux : mille treize Ronds de Carottes ! Il avait réussi à compter mille treize Ronds de Carottes à lui tout seul ! Jamais il n’aurait pensé arriver un jour à dépasser le chiffre magique des mille Ronds de Carottes.
Son chef lui-même, quand il passa collecter les comptages, en fut réellement émerveillé.
-Zig Boubou, vous vous êtes surpassé aujourd’hui ! Je savais que vous étiez doué (vous aviez déjà comptabilisé neuf cent quarante huit Ronds de Carottes, l’an dernier, n’est-ce pas ?) mais je n’espérais pas vous voir arriver à un résultat aussi exceptionnel avant de prendre ma retraite.
Il est vrai qu’il avait déjà vingt neuf ans.
-Zig Boubou, cet exploit mérite que je vous propose à mes supérieurs pour l’attribution de la médaille du RESTA (qui est, comme chacun le sait, le Rendement Extrêmement Supérieur du Travail Administratif). Mais tout de suite, en mon nom personnel, je veux marquer l’événement de la manière qu’il mérite.
Il appuya sur un bouton de sa télécommande, les larmes lui montèrent aux yeux, puis, d’un geste solennel, il puisa un Rond de Carotte dans la poche de sa combinaison et le tendit à Boubou.
-Prenez, mon bon, ce signe de ma grande satisfaction. Je vous autorise à sucer ce Rond de Carotte jusqu’à la semaine prochaine. Veillez-y bien et prenez soin de me le ramener en bon état. Mais allez maintenant, courez vite porter la bonne nouvelle à votre épouse !

Boubou marchait comme dans un nuage. Avoir mérité un tel honneur ! Et dû à son seul travail, à sa concentration, à son expérience, à sa dextérité, à sa conscience professionnelle : quelle joie ! quel bonheur ! Il ne mit que vingt cinq minutes pour rentrer chez lui tant il était pressé de tout raconter à Gnagna . D’ailleurs, c’était sans doute aussi grâce à elle, à ses encouragements et à ses marques d’affection, qu’il avait pu ce jour-là, dépasser ses limites.

Lorsqu’elle lui ouvrit la porte, Boubou envoya une gifle à Gnagna qui l’envoya, sonnée pour le coup, sur la porte de la penderie. Car il voulait lui faire partager son bonheur.
-Chérie, devine ce qui m’est arrivé !

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La mode au noir - Réflexions hors mode sur la mode

La mode au noir Réflexions hors mode sur la mode

C’est à l’heure actuelle le règne du noir. Dans les rues, dans les bureaux, dans les réceptions, à la maison, les manteaux, pantalons, vestes, anoraks, foulards, chapeaux que portent les femmes, plus particulièrement, sont noirs ou gris anthracite. Les bals de fin d’année vont bientôt avoir lieu; y verra-t-on encore de ravissantes adolescentes en vêtements de deuil, les lèvres brunes et les ongles endeuillés? Danseront-elles avec ces bottes d’armée qu’on ose appeler chaussures et qui donnent à leur démarche l’allure d’un soldat qui monte au front?1 Tout se passe comme si l’adolescente, la femme, mais l’adolescente surtout, n’osait plus être fleur, comme l’était de façon souveraine Audrey Hepburn dans My Fair Lady, sous les doigts féeriques d’un grand couturier.


La mode vestimentaire est l’une des signatures d’une culture et d’une époque donnée dont il vaut la peine de faire l’analyse. Son caractère transitoire est en soi une grille très précieuse. Lorsque nous nous étonnons des vêtements que portaient nos mères, nous prenons note par le fait même de la disparition d’une façon de vivre… Mais la mode a ceci de particulier que son pouvoir d’attraction empêche souvent l’exercice de l’esprit critique. “Elles sont à la mode”, vous dira la vendeuse de chaussures, en vous présentant des sandales noires d’été aux talons aussi gracieux que des blocs de béton!


Cette force attractive de la mode tient au besoin, si fort chez l’être humain, de reconnaissance sociale et d’insertion dans la société. Nos vêtements sont notre signature, peu importe qu’ils soient absolument à la mode, ou hors mode, comme un cognac hors d’âge. Car le vêtement jugé démodé n’a que le défaut du décalage dans le temps. Il aura été furieusement à la mode à son époque… Ou au contraire, il aura toujours échappé à la mode, - comme la casquette Sherlock Holmes, à double palette - , parce qu’il aura atteint une perfection telle que de génération en génération, on aura continué à le rechercher et à le porter. Il faudrait s’arrêter ici à la survivance de certains vêtements dont la coupe, l’adaptation à un climat, à un type de travail ou à un style de vie sont intouchables: l’imperméable anglais, le sarong indonésien, le sari indien, le kimono japonais, etc.


Pour revenir au noir, comment expliquer que, réservée au deuil il y a quelques décennies, cette non-couleur ait été offerte par les prêtres de la mode et adoptée par leurs fidèles avec une telle unanimité?


«Une veuve, écrivait en 1949 Evelyn Bolduc, peut porter le plus grand deuil, y compris le long voile, pendant deux ans, ou se contenter de s’habiller de noir pendant quelques mois… mais si elle est obligée de participer à la vie des affaires, si elle se présente au bureau ou au magasin couverte de crêpe, elle causera vite un malaise parmi ses compagnons de travail et ses chefs. Qu’elle adopte plutôt une robe noire toute simple…» L’homme n’était pas exclu de cette coutume: «Le veuf, toujours selon Evelyn Bolduc, portera un habit noir ou gris foncé, une bande noire à son chapeau, des cravates, des chaussettes et des chaussures noires. La durée du deuil varie entre dix-huit mois et un an », etc.


Le noir était la signature d’un malheur, d’une souffrance, dont la politesse, ou la curiosité, incitaient à reconnaître l’existence. De quelle douleur, de quels deuils témoigne maintenant ce noir devenu une mode quasi universelle en Occident? De quelle mise sous le boisseau de la joie de vivre? Si on survole rapidement l’actualité avec ses innombrables guerres, on y trouvera matière à tous les deuils imaginables. Ce n’est pas vers ces bouleversements que nous voulons braquer notre lorgnette mais vers des transformations sociales qui nous semblent avoir atteint en profondeur le rapport des femmes au vêtement.


La grande révolution, le changement radical de ce rapport, c’est au XXe siècle, à l’occasion des deux grandes guerres qu’il se fera sentir, avec la stylisation et l’extrême simplification de la robe, l’apparition du maillot qui dénude le corps, et la généralisation du port du pantalon qu’adoptent les femmes, obligées de remplacer les hommes dans les travaux de la ferme et à l’usine. Le vêtement féminin se désencombre de la quantité de jupes, jupons, chemises qui le caractérisait jusqu’alors. Au cours des années mil neuf cent quarante, apparaissent les robes au genou, à la carrure militaire, caractéristiques de cette stylisation. La guerre, la révolution industrielle, en généralisant l’entrée des femmes dans le monde du travail, les dépouillaient en partie du plumage qui avait été pendant des siècles l’un des attributs de leur séduction…


Car, si on laisse de côté les mille détails – le port de la fraise, par exemple – par lesquels les costumes renvoient à un siècle particulier ou à une période de l’histoire, on peut dégager une façon quasi inchangée de se vêtir, depuis le Moyen Âge jusqu’à la fin du XIXe siècle: la robe longue constituée des étoffes et des couleurs les plus variées pour les femmes, les pourpoints ou justaucorps et les chausses pour les hommes, qui n’adopteront le pantalon qu’après la Révolution française.


Les transformations apportées à la vie sociale par la deuxième guerre ont donc achevé cette simplification du costume de la femme que la première guerre avait amorcée. En ayant accès au marché du travail et à celui des loisirs au même titre que l’homme, la femme ne pouvait que revendiquer l’égalité sexuelle. Est alors apparue la mode unisexe: pantalons, Tshirts, vestes et anoraks de toutes sortes sont désormais interchangeables. Et les différences s’estompent même dans le domaine des chaussures: les mêmes bottes militaires sont portées par les filles aussi bien que par les garçons.


Les vêtements sont désormais pour la grande majorité subordonnés au travail ou au sport. C’est ce qui les différencie de ceux de l’Ancien Régime qui étaient d’abord et avant tout conçus comme une œuvre d’art, une architecture presque. Si dans les châteaux et les fermes, peu ou mal chauffés, la multiplication des étoffes était un recours essentiel contre le froid, le confort était toujours subordonné à l’esthétisme; on n’imagine plus de nos jours, sauf dans la haute couture, le travail que pouvait représenter la confection d’une robe ou d’un justaucorps. Ni la quantité de corps de métiers liés à la couture, tisserands, tailleurs, marchands d’étoffes, etc. La fabuleuse diversité des tissages, les matières nobles utilisées, soie, lin et laine, tout relevait d’un toucher et d’un regard artistique. Et il y avait une harmonie certaine, si humble fut-elle, entre l’ameublement d’une maison, son architecture et les vêtements de ses habitants. Les insurpassables tableaux des maîtres hollandais en font foi.


Cette harmonie était aussi intimement liée au désir de plaire et de séduire. Si on compare la mode actuelle à celle des temps passés, on constate ce qu’on pourrait appeler un déplacement des points de séduction; les parties du corps humain qu’on mettait alors en évidence étaient les parties supérieures : le buste chez la femme, avec des décolletés plongeants, la carrure chez l’homme, avec des épaulettes et des épaules rembourrées.C’est maintenant le bas du corps qui est privilégié, avec la minijupe et le short.


La jambe de la femme pendant des siècles a été dissimulée sous plusieurs épaisseurs de jupons et de jupes. Pour montrer «sa jambe faite au tour», et sa fine cheville, une jolie femme devait les dévoiler par un geste coquet qui faisait rêver les poètes et les amants. C’était l’ère du Romantisme qui s’accommodait bien du mystère des voiles féminins. «Ce soir-là, par un de ces bonheurs qui n’arrivent qu’aux jolies femmes, Valérie était délicieusement mise. Sa blanche poitrine étincelait serrée dans une guipure dont les tons roux faisaient valoir le satin mat de ces belles épaules des Parisiennes, qui savent (par quels procédés, on l’ignore!) avoir de belles chairs et rester sveltes», dit Balzac de Mme Marneffe, dans son roman La Cousine Bette.


Autre trait de notre temps, aussi important que l’égalité vestimentaire sexuelle: le corps, celui de l’homme autant que celui de la femme, se présente sur les plages dans sa nudité totale ou partielle. Du bikini aux maillots de bain révélant tout, «quel que soit l’état des lieux», pour reprendre le mot de Benoîte Groult, la chair maintenant s’étale, ne laissant rien à deviner. Siècle de la dénudation des corps, de quelque corps que ce soit. Aussi n’est-ce pas au nom de la morale qu’on peut déplorer cette mise à nu, mais au nom de l’esthétisme. Il y aurait long à dire sur l’affaiblissement de la juste perception de notre image corporelle, cette conscience de l’harmonie de l’âme et du corps, que nos ancêtres avaient plus que nous puisqu’ils avaient su créer les vêtements les plus aptes à la mettre en valeur. La beauté des costumes folkloriques, dont la coupe convenait à tous les types physiques, en est une preuve irréfutable


Comment ne pas relier cette mise à nu du corps à cette autre mise à nu, celle de la vie intime? On n’ose plus parler d’âme! Lorsque la psychologie particulière d’un être est traitée devant n’importe quel auditeur, lecteur ou voyeur comme un moteur dont on démonte, monte ou remonte les parties mécaniques, avec le consentement, sinon le contentement de la victime, pourquoi le corps serait-il exclu de cette exhibition?


Ce corps que n’en finit pas de dévoiler et violer la science jusque dans ses phénomènes les plus secrets. La reproduction humaine est passée de l’alcôve à l’éprouvette; et nous avons peu protesté. Transmettre la vie a cessé de nous mobiliser comme une chose précieuse, tant symboliquement que physiquement. La sexualité humaine n’est plus un objet de découverte progressive, d’autant plus attrayante que plus cachée; elle est enseignée sur un tableau noir ou sur un écran. Là où le poète s’écriait: «ô Femme, argile idéal sorti des doigts du divin statuaire», le biologiste présente sur des diagrammes les organes sexuels mâles et femelles. A-t-on oublié qu’avant l’ère moderne, c’est par la dissection des cadavres qu’on a pu connaître et reproduire les organes féminins de la reproduction? C’est sur le corps mort, et non plus sur le sujet vivant et frémissant d’amour, qu’on a établi l’enseignement de la sexualité, en écartant tout le symbolisme et surtout toutes les passions liées à l’acte amoureux.


Dans la lutte contre les aliments modifiés génétiquement, l’instinct de conservation vient de se révéler plus fort que l’instinct sexuel, lorsque le commun des mortels a subitement pris conscience que les manipulations génétiques ne faisaient plus que concerner la transmission de la vie, mais sa propre vie à lui, celle que maintient jour après jour la nourriture consommée. Narcisse amoureux, non de son image, mais de son ventre…


Vous nous entraînez loin de la mode, direz-vous. Moins que vous ne croyez. Il est impossible que cette mise en pièces détachées de l’être humain n’ait pas d’effets sur la culture et l’organisation sociale d’une époque, sur la mode même, dont les funèbres représentations révèlent peut-être que nous sommes en deuil de nous-mêmes, en deuil de notre identité féminine et masculine, en deuil de cette humanité dont Fukuyama a proclamé la mort! La femme croit s’être rapprochée de l’homme en pratiquant l’égalité des sexes. Et jamais peut-être les sexes n’auront été aussi antagonistes qu’en cette fin de siècle où sont en voie de disparition les vêtements différenciés et séduisants.


Au moment des amours, les oiseaux se parent de leur plus beau plumage, liant ainsi le besoin de plaire à la beauté. Chesterton voyait l’enlaidissement des arts comme une des calamités de notre époque. Il comprenait dans ce mot l’art de se vêtir et rêvait d’un retour aux coloris vivants du Moyen Âge, à ces robes ou à ces costumes masculins, taillés dans des étoffes aux couleurs vibrantes des fleurs, que reproduisent si fidèlement les miniatures. Car l’uniformisation de la mode apparaît comme un appauvrissement d’une des expressions humaines les plus visibles, au même titre que la disparition d’espèces animales appauvrit le bestiaire imaginaire de l’être humain.


Le vêtement est plus qu’une apparence, il est la signature d’une civilisation; par-delà la mode, il est un mode, non seulement de représentation, mais de communication entre les hommes et les femmes, avec tous les abus que cela suppose, mais aussi toutes les jouissances que procure le vêtement, lorsque l’étoffe et la coupe, en parfaite harmonie avec la personne, la révèle alors à autrui autant que la parole. Séduction? Oui, mais comme prélude à la communication et à l’union…


Depuis quelques années, des Médiévales ont fait leur apparition dans diverses régions. Et c’est sur ce retour vers ces costumes joyeux et enveloppants, où l’homme et la femme sont bien différenciés, que je proposerai au lecteur l’aphorisme suivant – moins paradoxal qu’il semble l’être, car il est connu que le nudisme a pour effet d’inhiber le désir – «En dehors de l’alcôve, l’attraction exercée par le corps humain est inversement proportionnelle à sa nudité» (auteur inconnu).


Si nos modes de vie actuels ne permettent pas d’adopter ces costumes, du moins leur résurrection occasionnelle témoigne-t-elle d’une recherche esthétique et d’une joie de vivre qu'un vers anglais a célébrées dans une forme trop parfaite pour être traduite: A thing of Beauty is a joy for ever.


Beauté du costume

Les Japonaises, celles du moins qui sont fidèles au kimono, portent à notre avis l’un des vêtements les plus esthétiques qui soit; sa création, qui se perd dans la nuit des temps, n’a pas été dépassée, d’où sa pérennité. Le même constat s’applique au sari, d’une grâce parfaite. Un regard aussi au boubou africain, dont les couleurs artisanales sont raffinées et le plus souvent éclatantes comme doivent l’être les vêtements aux pays du soleil. Leur coupe généreuse s'adapte en plus à toutes les formes corporelles...

 

in "Lettre de l'Agora"

 

Note

1. Cet article a été écrit à la fin du XXe siècle. Depuis, les modes ont bien évidemment changé: et on est passé de la botte guerrière à l'invraisemblable soulier pointu comme un clou et au talon haut comme un couteau! Légende urbaine ou réalité? On dit que des adolescentes se seraient fait raccourcir le gros orteil pour pouvoir le porter. 
.

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LE DEFI (extrait de "Des illusions"

Phoenix aimait relever les défis.

C’était l’histoire de toute sa vie : sa naissance malgré qu’on ne voulait pas d’elle… Sa survie alors, qu’à cette époque la médecine lui prédisait un avenir plus que précaire et, à tout le moins, peu confortable… Dépasser les limites territoriales permises en s’asseyant tout simplement derrière les piquets repères… Se marier pour être enfin libre… Parvenir à faire cohabiter l’eau et le feu et ne faire plus qu’un avec son être d’exception…

Même les nombreux animaux improbables qui avaient partagé son  existence s’étaient merveilleusement entendus : Jimmy, le hérisson qui prenait le « taxi Youcky », le groenendael en s’agrippant à sa queue… Malika, le furet qui faisait des bisous aux cobayes… Na Nouh, la pékinoise qui a toujours ignoré qu’elle n’était pas un chat… Blub, la moule qu’elle avait sauvé du carnage… D’innombrables grenouilles et lézards… Une tourterelle… Des dizaines d’oiseaux qu’elle aurait préféré voir voler dans la nature…

Elle avait toujours eu un don avec les animaux… Ils lui rendaient bien l’amour qu’elle leur donnait…

Ce n’était pas toujours le cas des humains…

Elle n’avait pourtant jamais baissé les bras et dépensé toute son énergie pour être aimée d’eux… En vain pour certains.

On lui avait appris à se battre… Avec tout ce qui pouvait se mouvoir : pieds, poings, genoux… Même avec ses forces chancelantes, elle devrait encore être capable d’étaler un adversaire animé de mauvaises intentions…

Mais jamais à aimer… Elle était pourtant sa pire ennemie : à chaque fois qu’un possible amoureux s’approchait d’elle, elle commençait à devenir agressive… Ou trop hautaine, voire glaciale… Ca en avait déjà refroidi plus d’un…

Elle n’avait pas eu à se battre pour conquérir son être d’exception… Il s’était donné à elle corps et âme… Mais il fallait qu’elle continue de se battre pour reconquérir l’amour de Merlin…

S’il n’était pas en danger avec Mélodia, elle lui aurait souhaité tout le bonheur du monde…

Si elle ignorait encore que la fée était la complice de Viviane, elle sentait que, rien chez elle n’était naturel… Il fallait donc qu’elle ouvre les yeux de Merlin. Mais très adroitement, sinon, il se braquerait en pensant que tout cela n’était que pure jalousie…

Elle devait impérativement amener Melodia à commettre une erreur qui lui mettrait la puce à l’oreille. Mais ce n’était pas gagné d’avance : un homme amoureux est souvent aveugle…

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La muraille

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LA MURAILLE

 

 

Passer indifférentes royales hautaines

Devant le mur gris des visages pétrifiés

Qu’on ne sait quels démons ont un jour édifié

Pour punir le mensonge et l’orgueil et la haine

 

 

La grimace à jamais figée dans la veine

Calcaire et le rictus à jamais momifié

Ils envient du gris de leurs yeux putréfiés

La démarche splendide des trois souveraines

 

 

La première est la joie d’être en vie et de plaire

Et de suivre au soleil un chemin exemplaire

La seconde  rassemble en ses yeux d’infini

 

 

Tous les clairs idéaux  en faisceau réunis

Et la troisième suit douce et tendre et très sage

Après tout ces trois-là ne sont que de passage

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EXPO SUR CROIX(NORD DE LA FRANCE)°

nous sommes trois peintres et ns vous invitons au vernissage du JEUDI 1 DECEMBRE 2011 A CROIX regardez le carton d'invitation, tous les renseignements vous seront indiqués- venez nomgreux nous soutenir et à très bientôt, nous l'espérons de tout coeur sabine boulinguiezundefined

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Le silence, voile et quintessence

 

Voile répandu

Ciel nappé de satin noir

Froissements et plis, lourds et profonds, moirures

Parure de nuit giratoire

Alcôve et drap, ciel de lit,

L'homme est sous le zénith,

Ecartelé entre zénith et nadir

Et déployé comme une étoile humaine

...

Ses yeux s'ouvrent comme au réveil

Avec la même lenteur que celle qui préside

Aux ondoiements onctueux de l'étoffe nocturne et céleste,

Et ce qui envahit son regard

Depuis la racine des cheveux jusqu'aux profondeurs de la gorge,

Ce qui recouvre tout son être comme une laque ou un vernis parfait

C'est un voile répandu,

Ciel nappé de satin noir,

Froissements et plis, lourds et profonds, moirures,

Parure de nuit giratoire,

Alcôve et drap, ciel de lit

Comme en la nuit qui précéda le premier matin du monde

...

L'homme s'est réveillé à cause d'une étoile,

Tétin rose et doré

Enfouie, nichée, lovée, plantée, piquée

Absolument seule, unique et solitaire

Dans les moirures soyeuses de l'interminable caresse noire.

C'est que la nuit n'est point ténèbres, souvenez-vous

La nuit est douce, elle est sollicitude discrète et amicale

Elle est chuchottement complice, bienveillant, amoureux ...

Parole de silence, voile et quintessence,

Solitude

...

La solitude, le silence et l'amour

Le recours perpétuel au poême

Comme le seul et le dernier moyen

D'avoisiner au plus près le rayon vertical ou la clarté infuse

Comme la seule manière vraiment appropriée de dire.

Rien de possible,

Rien qui vaille la peine que témoigner

Rien d'autre à faire.

...

Toute parole est inutile, vaine

Voire impossible

Si elle n'est pas l'écho d'une connaissance préexistante

Et l'instrument de la reconnaissance.

Compréhension, nécessité profonde de la solitude et de la nuit

Consentir à la solitude et à la nuit comme à d'inestimables cadeaux

Y consentir au point de les aimer

Non seulement malgré tout

Mais encore comme la seule source vive,

Le seul territoire vraiment pur.

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administrateur théâtres

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Flagey Chamber Music : L'Abbé Liszt, mardi 22 novembre 2011

le  vlaams radio koor, sous la direction de nicolas andré

jan michiels, piano

bart naessens, orgue

 

Programme 

Franz Liszt
Missa Choralis; (a capella)
Agnus Dei Della Messa Da Requiem Di Giuseppe Verdi, S437 (piano solo)
12 Lieder von Schubert, S558/R243‚ Ave Maria (piano solo)
Confutatis maledictis en Lacrymosa du Requiem, K626, S550/R229 (piano solo)
À la Chapelle Sixtine ‘Miserere D’Allegri  et Ave Verum Corpus de Mozart’, S461 (piano solo)

Gregorio Allegri
Miserere

 

 

 C’était une soirée de voix de cristal hier soir à l’église Sainte-Croix. Le concert célébrait le centenaire de la naissance de  l’abbé Liszt.

 Le Vlaams Radio Koor a interprété avec grande sensibilité une merveilleuse partition de Liszt, faite de prières sans ornements, allant à l’essence du texte et rendant la foi lumineuse. La direction était assurée par un jeune chef d’orchestre au curriculum  déjà très fourni, Nicolas André, né en Normandie. Elle  a conféré à l’œuvre choisie : «  La missa choralis » une épaisseur, des contours et une émotion mystique très perceptibles. La structure musicale de la partition très complexe apparaît comme sous une loupe: tout est défini, net, précis et fondu à la fois. Les sonorités aigues  sont d’une pureté exquise, soulignées par des basses impressionnantes.  De l’excellence, surtout avec un tempo  si souvent vif et enlevé.  Quel talent ! Chaque visage des choristes reflète le sourire intérieur et  une communion évidente dans la musique, qui redonne chaleur au cœur des auditeurs transis.Car c’est une église, et c’est un soir de novembre  humide et frisquet. Cette messe laissera les auditeurs dans une émotion profonde après le magnifique « Agnus Dei ».

 

 Chaque prière de la missa choralis était enchâssée entre des réécritures  de Liszt, pratique courante à l’époque,  où Liszt  réécrit pour le piano des œuvres célèbres qui lui tiennent à cœur. Ainsi , joué au piano avec passion et  piété profonde, nous avons eu en  premier  interlude (entre le Kyrie et le Gloria de la Missa Choralis) « l’ Agnus Dei Della Messa Da Requiem » Di Giuseppe Verdi. Une pièce intime, méditative et pleine de sobriété. Ensuite,  « L’Ave Maria » de Schubert, retranscrit et paraphrasé par Liszt, nous a plongé dans le bonheur. Et ainsi en a -t-il été pour tous les autres interludes entre les prières de la Missa Choralis. Une église n’est peut-être pas le cadre acoustique idéal pour un  instrument comme le piano, mais la musique était véritablement sentie et jouée des mains d’un virtuose. En particulier la transcription de « l’Ave Verum Corpus » de Mozart.

 

Pour conclure il y a eu cet incroyable morceau de piété et de bravoure musicale aux accents de chant grégorien alternant avec des voix célestes. Quatre solistes détachés du chœur se sont    installés comme par enchantement au jubé. Le dialogue établi entre le choeur et ces quatre chanteurs sublimes était une pure merveille. Une musique que l’on reconnait après  à la première note pour l’avoir écoutée une seule fois tellement elle est s’insinue dans le subconscient.  Il s’agissait du «  Miserere » de Gregorio Allegri, une composition du psaume 51 qui  était exécuté uniquement pendant l’Office des ténèbres de la semaine de Pâques. A cette époque, l’œuvre était  un bien exclusif du chœur papal et ne pouvait être publiée. C’est Mozart qui à 14 ans, l’ayant écouté dans la chapelle Sixtine  avec son père, réécrit de mémoire cette œuvre de 9 voix. Ce qui permit à l’œuvre d’atteindre enfin le public. Et nous, d’être touchés en plein cœur par tant de beauté. Inutile de dire que les applaudissements se sont faits Debout.

 

http://www.flagey.be/fr/programme/7737/flagey-chamber-music-l-abbe-liszt/vlaams-radio-koor-nicolas-andre

 

 

 

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fleur d'automne.

 

 

Quoi de plus érotique que le déshabillage

d’une fleur par le vent taquineur !

 

Exhibition de couleurs, de contorsions

soyeuses et neuves;

 

impudeur dans la grâce d’un corps qui

se défait, se délace, sous l’ondée de

novembre qui glace ;

 

Puis,

 

à la terre rousse et chaude s’abandonne,

se donne en un murmure,

presque un chant ;

 

est-ce le poids d’une fleur s’inanimant au sol,

ce musical chagrin,

cette petite fin que j’entends bien trop fort ?

 

Nous.

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La petite douleur lancinante

 

L'enthousiasme flamboyant des retrouvailles

S'est épuisé et s'est éteint

Presqu'aussi vite qu'il s'était allumé

 

La rencontre a sonné la débâcle

Et l'espoir d'un peut-être

N'est enfin qu'un mort-né

 

Nous ne sommes de la même eau

Du même bois ni du même métal

Et nos voix, et nos voies tellement dissemblables

Que même une amitié paraît invraisemblable

 

Qu'il est loin, qu'il est loin

Le temps de ces amours ardentes

Qu'on ne consommait pas ! ...

 

Il est de ces souvenirs  qu'on ne devrait jamais toucher

De peur de les voir s'évanouir

Comme cendre ou poussière ou fumée ...

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Si le destin n'était qu'une partie de notre devenir....

            Si le destin s'ouvre à nous pour nous préserver de notre avenir

             Si le monde n'est qu'une ronde où dansent nos âmes

 

 

             Alors je peux vous dire que le chemin est bien lomgt

            Alors je peux espérer que tout celà finisse par s'arrêter.

 

            Si le seuil de ma porte ne peut acceuillir la souffrance

             Si ma vie se résume à me battre , à survivre ....

 

 

            Alors je peux m'étendre et m'endormir sans réfléchir

           Le soleil n'est pas le seul à illuminer la nuit

           Je veux me réveiller dans un monde où tout serait serein

           en harmonie avec notre conscience et nos espérances...

 

           Un jour je partirai vers d'autres horizons

           où la lumière fusionnera à l'unisson

           où la colère sera enfouie dans l'oublie

           Où les regards reflèteraient la bonté.

 

           Un monde où l'incroyable serait possible

           où l'imaginaire serait extraordinnaire....

 

         Peu à peu je me réveille , les heures s'écoulent

         peu à peu comme les larmes sur mes joues

         je me réveille avec le coeur lourd

        Mais comment, comment vivre sans un sourire

       trop de chagrins dans un passé trop consommé

         

 

           Alors je reprends mon baton de pélerin

          voyager dans mes rêves, à l'abri des soucis.

 

         Dans mon monde tout est possible

         l'invible comme le visible

         Dans mon monde tout brille

          l'amour , seul ,donne un sens  à notre existence.

 

    

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En noir et blanc

  

Un soleil noir et des nuages tout autour
Mot pour corps 
Détaché du ciel
Sur ce rocher tu aiguises la lame
Présente comme de la porcelaine
Fragile et transparente
Pour exister habillée de blanc
La vie circule 
Aveugle ouvrant les paupières

C’est écrit
Comme une fin implacable
La peur

Le ciel tourmenté bouscule l’absence
Laisse filer les boîtes à musique
A travers les plis de la mer
Et toi qui cherches à tâtons
Qui donc es-tu ? Toi, l’aimé
Oubliant l’abîme
De cette forme liée au vent 

Le buste de papier
Offert au cimetière
Personne ne peut savoir
Quand cela bouge au creux du ventre 

La voix son cortège
Annonce le seuil d’une nouvelle demeure





B - 18-11-2011

 



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Un fantasme surprenant

 

Baudelaire prétendit qu’il maltraita un homme

Qui lui parut avoir perdu sa dignité.

Celui-ci réagit avec brutalité.

Un vieillard mendiant mais son en égal en somme.

 

Promptement, il conclut qu’en lui bouchant un oeil,

Il provoqua en lui une rage inouïe.

Son ancienne énergie qui s’était affaiblie,

Resurgit lui rendant sa force et son orgueil.

 

Redevenu lucide, écoutant sa raison,

Le poète eut voulu savoir si son remède

Pouvait réellement constituer une aide.

Que pourrait en penser le citoyen Proudhon?

 

La Fontaine souvent nous offrit des leçons.

La fourmi, dont il parle, en demeurant aimable,

Était bien peu prêteuse et jamais charitable;

Que s’aident en dansant les faiseurs de chansons!

 

La morale serait de laisser chacun faire,

Vivant, en fournissant de multiples efforts

Ou bien dans la paresse, en se fiant au sort,

Qui peut rendre à son gré misérable ou prospère.

 

Or « aide-toi, toi-même et le ciel t’aidera »

Nous paraît un adage à ne pas rejeter,

Un avis, dont nombreux ne peuvent profiter.

Les faibles, les maudits, qui les assistera?

 

22 novembre 2011

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L'état amoureux.

 

Imaginez une rose Baccara

ne cessant jamais de s’ouvrir,

d’éclore de la terre jusqu’au ciel,

offerte à l’univers, à vous ;

c’est pareil !

 

Point cueillie un instant, libre,

à conquérir tout le temps.

 

Imaginez cette insomnie florale,

sans fatigue,

 l’entrebâillement entre vos

doigts habiles d’un fourreau végétal,

puis l’écarlate cœur décoiffé un peu ivre,

 assoiffé de soleil, de pluies chaudes,

 d’inépuisables baisers.

 

Les vôtres.

 

 

.

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L’œuvre ultime de Giacometti : son vertige abyssal

L’œuvre ultime de Giacometti : son vertige abyssal

12272767485?profile=originalUNE SÉRIE ANIMÉE PAR JACQUES-LOUIS BINET, CORRESPONDANT DE L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS
Jacques-Louis Binet se penche sur les dernières œuvres du suisse Alberto Giacometti, mondialement connu pour ses dessins et ses sculptures de personnages longilignes aux surfaces accidentées. Issu d’une famille d’artistes, Alberto Giacometti vit une enfance heureuse. Il arrive à Paris à 21 ans à l’atelier Bourdelle après avoir suivi les beaux-arts à Genève. Et très vite on voit apparaître dans son travail le conflit entre la vision et le toucher, la vue et la main du sculpteur.

 

Durant les derniers mois, un vertige le saisit...

Les derniers mois de la vie de l’artiste : un vertige qui l’envahit complètement
Au début des années 1950, Alberto Giacometti part pour les Etats-Unis en bateau. Il se retrouve au milieu de l’océan « qui n’a pas de fin, qui n’a pas de nom, au milieu de cette eau noire dans laquelle je pourrais sombrer, dans laquelle je pourrais être mangé, dévoré par des poissons aveugles et sans nom » écrit-il.
« Il retrouve dans la mer cette vision du fond sans fond » fait remarquer Jacques-Louis Binet.
Pour son retour, il lui devient impossible de se concentrer, « la mer envahit tout » écrit-il.
« Ce fond sans fin devient une obsession, une phobie incarnée par la mer. Il se retrouve complètement noyé dans cette perspective. Ce n’est pas la folie qui l’a emportée en 1966, mais sa vision est à la fois ce qui l’a sauvé et ce qui l’a tué » conclut Jacques-Louis Binet.
L’œuvre ultime de Giacometti n’est pas unique, mais multiple. Elle concerne toute la série de dessins et de sculptures tournant autour du fond abyssal et de la profondeur résume-t-il.

Source: Canal académie

On écoute JACQUES-LOUIS BINET (document Canal académie) :

 

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Deux cousins en retard

 

Si l’on dépend des autres, un retard est possible,

Ou si l’on avait cru moins longue une distance,

Un obstacle surgit, parfois imprévisible.

Il peut être prudent de partir à l’avance.

 

Dans le cas où l’on voit qu’on manquera de temps,

On peut se résigner à tirer de l’arrière,

Croyant ne pas pouvoir parvenir à l’avant,

Ou bien imaginer ce que l’on devrait faire.

 

Deux cousins assurés qu’ils manqueraient leur train,

L’un se mit à courir voulant tenter sa chance,

Mais l’autre ralentit, trouvant que c’était vain.

Il resta sur le quai, face au train en partance.

 

Les proverbes nous rendent avertis et plus sages.

« Rien ne sert de courir, il faut partir à point »

Est une vérité que parfois l’on partage.

Trop de temps gaspillé ne se remplace point.

 

19 mars 2011

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Premier baiser.

 

Depuis vous

mes yeux ont l’amplitude du Monde,

mes mains se féérisent,

le recomposent.

 

Alors jaillissent,

le sens et la richesse de l’instant,

traversé et vécu,

bouleversant,

jamais perdu.

 

Grandir, écrire,

devenir infinie,

à vous m’offrir.

 

Ma bouche,

pomme d’amour,

d’adolescente toujours,

par vous inabordée, désirée,

vous donne son encre rouge ;

d’abord l’aube d’un baiser,

puis l’entière étreinte

d’une vie.

 

Ce parfum palpable, qui se touche ;

ce peau-à-peau un peu timide, farouche,

 tâtonnant et sans mot,

fébrile.

 

Vie.

 

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Le prix de l'amour (Extrait)

Ce qui dérange l’opinion publique dans l’homosexualité, c’est uniquement la pensée et les images qui y sont associées défilant dans notre tête quand on en parle.
Si je vous dis lesbienne que voyez-vous, que pensez-vous ?
Pouvez-vous imaginer deux femmes se regardant tendrement, riant et vivant de façon normale leur sentiment d’amour sans vulgarité ?

Non ! Et si vous me dites oui, soit vous mentez, soit votre matière grise domine votre cerveau reptilien dans tous les domaines, autrement dit vous faites partie des exceptionnelles et rarissimes personnes qui réfléchissent avant de réagir.

De même messieurs, pouvez-vous imaginer deux hommes vivant et régissant les difficultés de la vie de la même façon que vous et votre épouse ? Disputes et pardons, tendresse et dialogue devant la télévision, etc.…
J’en doute fort, pour la simple raison que lorsque l’on dit les mots lesbienne, pédéraste, homosexuel, gay, ce qui fait l’objet de la répulsion est l’image de deux corps au sexe identique ayant un rapport sexuel. Nous employons alors des mots dont la vulgarité et l’obscénité n’ont d’égal que le dégoût que nous éprouvons juste à l’idée d’imaginer ou de nous imaginer dans cette situation.
Pour beaucoup le sentiment d’Amour ne peut pas exister dans la vie des homosexuels.
Seule l’idée du désir de luxure, de perversion et de dérive sexuelle, doit ou peut motiver ces gens. L’existence d’un sentiment d’Amour pour cette catégorie de personnes n’est pas légitime puisque certaines souhaitent éradiquer cette possibilité qu’ils nomment tare, dégradant l’être humain.
Nous entrons là dans l’homo phobie, (sait-on jamais, c’est peut-être contagieux…)
Un homme ne peut pas aimer un autre homme, de même une femme ne peut éprouver un sentiment d’Amour pour une congénère, ce n’est pas « normal », ni « légal », là nous assimilons l’Amour sentiment tel que la société le perçoit, à la légalité les lois écrites ou promulguées par l’homme.
Les homosexuels sont de ce fait relégués au rang des pervers et des satyres (malades victimes de déviance d’instinct et sexuelles), presque des hors- la- loi.

« Ils ont un défaut de conception, ils sont l’erreur, le grain de sable dans la mécanique bien huilée du conformisme, dans la mécanique humaine ! » disent les plus outrés.
Cela doit donc être corrigé, si la correction est impossible, ils doivent être éliminés car assimilés à des animaux forniquant à la moindre occasion.
Pensées homos phobiques bien entendues, qui n’ont aucun crédit à mes yeux.
C’est ici que je me pose une question : Va-t-on aller aussi loin que le kukuxklan dans la ségrégation la violence et la haine ?
L’homme a peur de l’inconnu. L‘incompréhension amène la terreur, c’est alors qu’il peut décimer un peuple entier.

Extrait de l'essai : "Le prix de l'amour" auteur Marie-Ange Gonzales

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Lettre de l’AEB novembre 2011

Les vertiges de l'innocence

Une vingtaine de nouvelles, les unes plus courtes que les autres, par un de nos auteurs dont de nombreux titres ont été traduits en tchèque. Il est vrai que Barbara a beaucoup voyagé non seulement en Europe, mais aussi, par exemple, à Cuba.
Barbara Y.Flamand a le sens du social et s’est souvent inspirée de conceptions politiques et philosophiques où l’on tient compte de cet aspect des choses.
Certaines de ces nouvelles vous prennent aux tripes, par exemple, la naissance et le cheminement érotique de la femme.
D’autres retiennent votre attention par la verve fantastique qui les inspire, la précision d’observation qu’elles révèlent, l’humour qui règne en maître, bref par une imbrication de la fantaisie, de l’imaginaire et du réel.
Quelques dessins qui révèlent à la fois la personnalité si séduisante de l’auteur, où s’entremêlent ingénuité et perspicacité.

 

Émile Kesteman

 

 

 

 

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