Voile répandu
Ciel nappé de satin noir
Froissements et plis, lourds et profonds, moirures
Parure de nuit giratoire
Alcôve et drap, ciel de lit,
L'homme est sous le zénith,
Ecartelé entre zénith et nadir
Et déployé comme une étoile humaine
...
Ses yeux s'ouvrent comme au réveil
Avec la même lenteur que celle qui préside
Aux ondoiements onctueux de l'étoffe nocturne et céleste,
Et ce qui envahit son regard
Depuis la racine des cheveux jusqu'aux profondeurs de la gorge,
Ce qui recouvre tout son être comme une laque ou un vernis parfait
C'est un voile répandu,
Ciel nappé de satin noir,
Froissements et plis, lourds et profonds, moirures,
Parure de nuit giratoire,
Alcôve et drap, ciel de lit
Comme en la nuit qui précéda le premier matin du monde
...
L'homme s'est réveillé à cause d'une étoile,
Tétin rose et doré
Enfouie, nichée, lovée, plantée, piquée
Absolument seule, unique et solitaire
Dans les moirures soyeuses de l'interminable caresse noire.
C'est que la nuit n'est point ténèbres, souvenez-vous
La nuit est douce, elle est sollicitude discrète et amicale
Elle est chuchottement complice, bienveillant, amoureux ...
Parole de silence, voile et quintessence,
Solitude
...
La solitude, le silence et l'amour
Le recours perpétuel au poême
Comme le seul et le dernier moyen
D'avoisiner au plus près le rayon vertical ou la clarté infuse
Comme la seule manière vraiment appropriée de dire.
Rien de possible,
Rien qui vaille la peine que témoigner
Rien d'autre à faire.
...
Toute parole est inutile, vaine
Voire impossible
Si elle n'est pas l'écho d'une connaissance préexistante
Et l'instrument de la reconnaissance.
Compréhension, nécessité profonde de la solitude et de la nuit
Consentir à la solitude et à la nuit comme à d'inestimables cadeaux
Y consentir au point de les aimer
Non seulement malgré tout
Mais encore comme la seule source vive,
Le seul territoire vraiment pur.
Commentaires
superbe Alain.