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poésie (192)

administrateur théâtres

Il se démonte en lui-même
en une infinité de pièces minutieuses
sans nombre
par jeu de pertes et d’usures

il se défait

quelques fois il s’empare de l’une des pièces
une idée au hasard
une image de petit bois sec
un claquement de pomme de pin

d’autres fois il prend des notes
noter : cette douleur s’estompe songer à envoyer
bon de commande
noter : ce bonheur semble fragile songer à renforcer
les axes aux entournures
noter : cette envie de pleurer
d’aimer
de boire
d’oublier
de mourir
de vivre seul

il prend soin néanmoins de ne point mélanger
l’ordre de remontage
hélas cette pièce est usée elle aussi
trop usée
qui de quoi de quand où ça allez savoir

il sort de son hangar d’argile

aux autres il demande de l’aide
un plan pour repartir
mais c’est partout le même bordel on lui répond

il s’assoit
il cherche ses coudes
ses genoux
il cherche ses mains pour prendre sa tête
qui traîne
quelque part à côté du cœur tout démonté

il pleure sans larme
il pense à la tristesse de la vie qui l’attend
là-haut dans la pénombre de ses yeux baissés
égarés
quelque part.

texte extrait de "tu n'es pas encore prêt pour ton jour de chance en enfer" - Le Veilleur Editions - 2000 - épuisé -

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ENFANTS DES RUELLES

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Les enfants des ruelles aux plis des cités mornes

Ont dans leurs yeux d'eau pure un reflet argentin

Des soleils clairs et gais qui se lèvent matin

Sur les lacs transparents qu'aucune ombre n'écorne

 

Dans le vent languissant leurs cheveux s'embroussaillent

Il faut les voir courir le long des murs noircis

Ou dans la foule triste avancer indécis

Allumant de leur rire un feu dans la grisaille

 

Elle est triste la Meuse aux dolentes péniches

Et tristes ses remous à l'haleine du vent

Mais ils sont gais les ronds qu'y créent les enfants

Y jetant les cailloux que par terre ils dénichent

 

Un sol, des murs, un ciel; pavés, briques, fumées,

Voilà leur univers avec, de loin en loin,

L'os noir d'un réverbère et, derrière le coin

De la rue, la place aux fontaines grimées

 

De vert-de-gris; de quoi se faire un magnifique

Océan pour bateaux de papier et pour voir

En riant, dans l'eau froide à reflets de miroir,

Serpenter leur visage en grotesques mimiques

 

Les enfants des ruelles jamais ne s'embêtent

Il est tant de couleurs sous la toile au marché!

C'est une forêt vierge où ils aiment marcher

En croquant un fruit mûr que jamais ils n'achètent

 

Et quand il pleut dehors, les enfants des ruelles

Vont jouer à se perdre et à se retrouver

Dans le grand magasin où ils aiment rêver

Devant l'étalage où tant de choses sont belles

 

Ô le grand magasin! Un soleil pour ces mômes!

Il faut voir leur figure éblouie par ce

Qu'ils n'achèteront pas et ils choisissent ceux

Qu'ils préfèrent parmi les jouets, les bonshommes

 

 

De massepain et les clinquantes carabines

-"Dis! si on se payait une glace moka!"

Et ils restent ainsi pleins de rêves jusqu'à

Ce qu'on ferme les portes... Alors ils se débinent

 

Sous leurs vêtements noirs que d'or dans leur pauvre âme!

Aux enfants des ruelles qui rentrent le soir

Et les Marocains qui au café vont s'asseoir

En les voyant se sentent au coeur un peu de flamme

 

Et dans le soir qui tombe et la pluie qui s'écoule

Ils s'inventent encore un jeu, en se hâtant

Car déjà le faubourg, le foyer les attend...

Furtifs ils disparaissent entre deux pans de foule

 

Il y en a partout de ces gamins des rues:

A Liège, à Rotterdam ou à Saint-Pétersbourg!

Mais jamais le ciel noir ni le gris des faubourgs

Ne s'harmoniseront avec l'âme ingénue

 

Que l'on voit palpiter dans les yeux de ces gosses

Etoiles que l'on a fait tomber ici-bas,

Rendant à l'ouvrier cet argent qu'il n'a pas,

Bien plus même! et au soldat l'oubli de l'atroce

 

Les fenêtres toujours sourient quand ils passent

Derrière elles des vieux parfois pleurent un peu,

Se souvenant qu'hier ils étaient tout comme eux:

Enfant de la ruelle ou gosse de l'impasse...

(tableau; Suzanne Valadon)

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L A S E D U C T R I C E

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                La séductrice se déhanche

                        Et penche

                La tête doucement vers toi

 

                Elle a bien sûr les yeux pervenche

                        Et toi

                Tu te sens bête et restes coi

 

                Et le cœur fou la bouche sèche

                        Et rêche

                La gorge où les mots sont taris

 

                Avec ses longs cheveux de mèche

                        Sourit

                Son regard clair que l’or nourrit

 

                Elle sait l’art d’user des hommes

                        En somme

                Et tu te sens à sa merci

 

                Tu serais sa bête de somme

                        Qu’ainsi

                Ton sort semblerait adouci

 

                Mais la séductrice te laisse

                        La laisse

                Par quoi elle t’a asservi

 

                Te serre au cœur et cœur qu’on blesse

                        Survit

                A tout jamais inassouvi

 

 

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administrateur théâtres

AFFEternelville.jpg       Eternelville, Terra Incognita

 

La pièce "Le Brusque et le Dément" de Sébastien Vanden Berghe (texte et mise en scène)  a été présenté en création au théâtre de La Clarencière du 18/12/2012 au 22/12/2012. Présentée avec son alter ego, voici une deuxième partie très percutante (d’une future trilogie) avec le même Sébastien Vanden Berghe dans le rôle de Ménadel et Antonio Barile dans le rôle de Fausto Phéles. Deux anges qui ont eu une permission d’une heure incognito sur la Terra Cognita. Il n’en faut pas plus au jeune auteur pour secréter un texte magnifique composé  avec soin, en sept tableaux à l’écriture fine et ciselée. Cognita en effet, nous connaissons tous ces sept cercles de la terre  et ce  qui s’y passe comme cruauté, souffrances et abominations, mais les scènes présentées le sont avec infiniment de délicatesse. C’est le germe de l’espoir à l’œuvre. Ou l’oeuvre de l’espoir ?   Comme le dit très bien Beaudelaire, "L’orage rajeunit les fleurs et donne un nouvel espoir".  Par le truchement d’une très belle langue  imagée, fluide et poétique, et d’une non moins belle interprétation scénique, le spectateur survole de ses ailes d’ange lui aussi le terroir humain  « that  really needs improvement » comme l’on dit en langue polically correcte.

Certes il y a toute la place voulue pour le progrès, et c’est ce que l’on espère en ressortant de ce spectacle  très percutant et très peu anodin malgré les apparences. Ce texte beau comme un carnet d'aquarelles n’a pas encore trouvé d’éditeur et pourtant le texte a fait se rencontrer deux comédiens en totale symbiose. Symbiose contagieuse, il va de soit.  On lui souhaite bon vent et surtout de nombreux lieux d’accueil car il porte en lui les germes du changement. Nous l'invitons chez Art et Lettres, il y a sa place.

Une création utile que l’on voudrait appuyer de manière forte. Ainsi que ce petit lieu préservé du consumérisme qu’est le ravissant théâtre de la Clarencière où, infatigable, Fabienne Govaerts œuvre sans relâche depuis 15 ans pour promouvoir les Belles Lettres Françaises, le plaisir du théâtre et la convivialité. La crise n’émousse pas la curiosité de son Public, ni la créativité des artistes invités à se produire entre ses murs accueillants. Les meilleurs spectacles, elle les emporte à Avignon sous  pavillon belge. Quand ce n’est pas jusqu’en Afrique, au Sénégal! Ce lieu est à Bruxelles l’une des rares pépinières du futur !

Du questionnement contemporain sans compromission est bien le propos de cette pièce de Sébastien Vanden Berghe. Une belle réponse aux inquiétudes du siècle, avec des conclusions en devenir, un bon antidote à l’esprit de sinistrose ambiant, quand on savoure la connivence théâtrale  des deux anges antinomiques.

Extrait:

Ménadel : Et si le corps était la note ultime, celle d’une danse sacrée tournée vers la lumière ?

Seraient-ils ces enfants-là, ces porteurs d’espoir, ces chanteurs du possible ?

Si le corps était une prière élancée vers le ciel étoilé ?

S'ils étaient tout ce que l’on nous cache, cette parenthèse enchantée ?"

Question:

Quand on rencontre un ange, qu'est-ce qu'on dit? Qu'est-ce qu'on fait? On s’envole! Merci à la directrice de théâtre pour cette rencontre ailée...

 

Eternelville : Terra Incognita Interprétation et mise en scène : Sébastien Vandenberghe et Antonio Barile Ecriture : Sébastien Vandenberghe Production : Compagnie des Morts Debout

Deux anges se posent sur terre. Drôle de voyage. Drôles d'anges. Fausto Phélès, dur, percutant, juste et sévère car telle est sa nature, imperturbable, sans pitié pour l'humain dont on vante les mérites. Ménadel, trop angélique pour être honnête reste sensible au sort des Hommes. Deux personnalités célestes, aux caractères trempés qui invitent à la danse, même macabre, la voilà qui danse cette humanité aux rythmes endiablés de ses histoires à dormir debout.

Deux anges, deux points de vue. Quelle périlleuse mission que d'avoir à juger l'humanité. Deux anges qui posent des questions sur la nature humaine. Deux anges sans réponse racontent des histoires, Deux anges de passage dans la folie des hommes. Deux anges pour une heure seulement !

Pièce en 1 acte et 7 tableaux - durée 1h15 sans entracte

Fausto Phélès est interprété par Antonio Barile

Ménadel par Sébastien Vanden Berghe

                                        Les mercredi 19, jeudi 20, vendredi 21 et samedi 22 juin 2013 à 20h30

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administrateur théâtres

Le mot et la chose
de : L'abbé de Latteignant, Boccace, Baudelaire,  Rimbaud, Laurent Gaudé,  Alain Robbe Grillet  et Alina Reyes.
Interprétation : Manuele Molinas
Mise en scène : Bernard lefrancq
Co-production : Cie
Fantasio/Verbe Fou/Clarencière

http://www.laclarenciere.be/

 



Le Mot et la Chose, poème galant  bien connu de l’ Abbé de L'Attaignant s’est fait attendre ce soir-là ! Le gentil Théâtre de la Clarencière était comble et se réjouissait d’ouïr, qui des mots coquins, qui des mots légers susceptibles de faire rougir une assemblée suspendue à un florilège d’amour particulièrement bien choisi et émoustillant. Et puis ce fut un choc poétique, une illumination qui dure  bien au-delàs du spectacle.

 Manuele Molinas fait un choix brutal et tragique dès le départ et  cueille la femme dès l’origine. Médée Kali est un soliloque en vers libres écrit en 2003 par Laurent Gaudé. Il mêle les personnages de Médée, femme antique tragique, la Méduse, monstre mythologique et Kali, déesse indienne en une seule femme : Médée Kali. Le texte et son interprétation sont saisissants. On est sur les rives du Gange au bord de la tragédie féminine. Au bord de l’amour trempé dans la Mort.  Au bord de la revanche féminine de statues pétrifiées. Le  texte accroche et fait frémir. Quelle force surhumaine dans cette enfant orpheline  née dans la fange qui rebondit sur les marches du temple masculin sans jamais se briser et offre aux hommes  le vertige absolu. Quel déluge de mots et quelle sculpture fabuleuse de la femme !

EXTRAIT DE MEDEE KALI Laurent Gaudé

Je suis née sur les bords du Gange, Au milieu d’une foule épaisse qui sentait la lèpre et la sueur. Un peuple qui baignait sa nudité dans les eaux sales du fleuve. Une foule de pauvres et d’estropiés qui disputaient aux vaches, aux porcs et aux oiseaux, des poussent d’herbes à mâcher. Je n’ai pas eu de parents, c’est cette foule entière qui m’a accouchée. Je me souviens de mains qui m’ont nourrie. Mille lèvres ont embrassé mon front à ma naissance, me transmettant les maladies de mon peuple, me murmurant les noms sacrés de nos divinités.

Je revois les sourires édentés, les yeux cernés, la maigreur des corps que j’ai tétés. Je me souviens, Je n’ai pas eu de parents. J’ai été jetée au monde, au milieu de cette foule d’affamés.

Nous n’avions rien que la fièvre, Nous ne mangions rien que les déjections des animaux qui nous accompagnaient. Les hommes des villes n’osaient pas nous toucher. Ils détournaient les yeux à notre passage. On disait que la maladie qui rongeait notre peau s’attrapait par le regard. Et nous mourrions là, depuis des siècles toujours renouvelés, A quelques mètres de l’endroit où nous étions nés, Dans cette odeur étouffante de sueur humaine.

Nos corps alors flottaient sur le Gange, puis disparaissaient dans les nœuds du fleuve. Je suis née sans pitié Et mon corps, à son tour, aurait dû couler doucement dans les eaux du Gange , Mais j’étais belle, J’étais belle, et je savais danser.

Danser. Personne ne m’a appris. J’ai observé les serpents qui ondulaient entre les jambes de nos mandiants. Personne ne m’a appris. J’ai observé les singes qui s’enroulaient dans nos nuits. Je dansais, Sans savoir, Je dansais. Et les hommes se pressaient autour de moi. Une foule compacte aux yeux écarquillés. Je ne voyais plus rien. Mon corps se coulait dans la musique. Je tenais les hommes. Je les sentais fascinés. Les dessins que mes chevilles et mes poignets faisaient dans les airs les laissaient bouche bée. J’étais belle. J’aurais pu n’être que ceci : Une mendiante qui danse, Une pestiférée plus jolie que les autres. Mais la danse m’a sauvée.

La rumeur était née qu’une fille du Gange faisait pleurer les chiens des bas quartiers lorsqu’elle dansait. Les hommes du Temple vinrent me chercher, malgré la puenteur du quartier.

Ils m’enlevèrent aux miens, Ils m’emmenèrent au Temple, Je me souviens, C’était un immense édifice où seules les nappes lourdes d’encens couraient dans les grandes salles endormies. Le Temple sacré où les brahmanes s’accouplaient dans de longues nuits d’indolence avec des prostituées aux corps couverts d’onguents. Ils m’ont emmenée au Temple, ils se sont pressés autour de moi et ils ont attendu que je danse. Mais je n’ai pas dansé. Je voulais faire plus.

Lorsque la nuit est tombée, j’ai invoquée les forces sourdes de mon peuple de pestiférés. J’ai laissé le feu des morts monter dans mes yeux. Et j’ai fait, ce que personne ne fit jamais.

La pluie s’est mise à tomber. Une pluie torrentielle qui coulait le long des façades et inondait les escaliers. Les hommes ont cru que j’avais la mousson au bout des doigts, je souriais. Ce n’était pas cela. La pluie n’était rien. J’avais bien plus.

Lentement, les statues du Temple se sont mises à bouger. La pluie ruisselait sur ces corps de pierre et semblait les inonder de vie. Les statues, sous les yeux médusés des brahmanes ont pris vie. Ces femmes aux seins lourds, Chargées de bijoux, Sculptées par nos ancêtres lointains, sont descendues de la pierre, Entrainant avec elles leurs cavaliers, Des princes majestueusement dévêtus, Au torse lisse et au front couronné.

La pluie tombait toujours, Maculant les vivants de boue Et nettoyant les statuts de la poussière des siècles. La pluie tombait Et j’ai offert aux hommes une nuit d’étreintes sacrées. Les statues se sont offertes aux brahmanes, Les enlaçant de leurs jambes, Les caressants de leurs langues. Partout des couples s’unissaient dans le déluge de la nuit. Le Temple était plein de râles. La sueur des corps sur la douceur des pierres On ne savait plus distinguer la pierre de la chair. Je n’ai pas dansé cette nuit-là, non, j’ai fait mieux, j’ai offert aux hommes une nuit douce d’orgies mouillée. Je me suis mêlée à mon tout à cette foule inondée de pluie, de sueur et de foutre, Oubliant mon nom, Oubliant le Gange, Je m’offrais simplement à des mains Je parcourais des doigts des sexes, des seins, des bouches humides. Je me laissais pénétrer par des hommes qui n’étaient plus que râle et hébétude. Les femmes de pierre m’entouraient et je sentais le doux poids de leurs poitrines qui me caressait. J’étais à tous Et j’aurais pu mourir de volupté cette nuit là, Allongée dans la boue, Le corps ouvert par tous les orifices, Gisant dans la semence et le ravissement.

J’ai pensé qu’on me lapiderait après ce que j’avais fait, Que les hommes me traiteraient de dépravée et de sorcière, Mais je m’en moquais. J’étais bien et j’attendais, souriante, le petit matin. Je pensais qu’on me lapiderait, oui, mais on me vénéra.

Les statues avaient retrouvé leur fixité de pierre, Les fresques étaient à nouveau immobiles pour l’éternité, Les brahmanes se réveillaient hagards et illuminés.

J’avais un nouveau nom, Que tous, un à un, répétait. Médée Kali Médée Kali. J’étais libre. Je n’avais dansé, Mais, j’étais libre.

Je suis partie. Médée Kali. J’ai quitté le Gange et son odeur sauvage,  J’ai quitté le Temple et mes souvenirs d’orgies, Je suis partie vers les collines perses, Vers la Grèce maudite. Je suis partie, Médée Kali, Médée Kali.

 La mise en scène est totalement épurée, c’est la voix, le regard et les silences qui font tout le contour du mythe. Kali est l’image même de la femme sensuelle et érotique, elle symbolise à la fois la création et la mort. Les jeux de lumière les changements de costumes entraînent dans le mystère féminin des autres morceaux choisis. La chose fut dite,  élégante, et féminine en diable. Lorsque le mot et la chose paraissent, on est certes diverti mais on reste hanté par la force du premier texte,  digne des chutes d'Iguaçu, sans doute les plus impressionnantes du monde. Médusés ou pétrifiés ? Médée Kali a jeté des sortilèges et  continue à agir tout au long des autres textes  qui ne peuvent prétendre à  cette résonnance absolue  du mythe divin devenu femme. La comédienne a incarné ce soir-là quelque chose d’inoubliable. Et le reste, c’était du très très beau cinéma… le lutrin, les bougies, la musique, les châles, la Florence du 14e siècle, et les habits de garçon, la cigarette au bec ! Craquante, la comédienne ! Elle lâche  «  Les rapports secrets des mots ce sont des actes sexuels… » Une évidence bonne à dire et redire.  

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Tout public : Les vendredi 29 et samedi 30 mars 2013 à 20h30

 

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Le petit diable

Si, portant ses griffes à mon coup

Un petit diable vient graver

De ses éraflures sanglantes

Le pli de mon cou angoissé

Je resterais vivante….

Je veux être marquée

Eraflée de signifiances

Meurtrie de cris et de sens

Je veux tout sentir et vibrer

Tout, plutôt que le silence

Le froid qui devient si pressé

Parfois de poser ses instances

Moi, je préfère brûler….

Mais toujours sans pénitence

Et juste une larme jetée

Sur mes pas de déshérence

Quand je transhume sur le papier

En quelques pas de désinences

Je veux dans ce bal valser

Sur mes syllabes et mes fréquences

Avec un sourire moiré

D’encre couleur d’espérance…

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12272901280?profile=originalTéthys la mémoire de la mer (huile sur toile) - Chantal Roussel

Tête-à-tête incantatoire

Envoutant jeu de miroirs

Qui passe du je au jeu,

Du quant-à-soi en spéculation noueuse

Evocation magique que je voue à

Toi petite Téthys têtue, vertueuse

A tu et toi avec la vie,

Te battras-tu cahin-caha

Du tu à tue le vous,

pour le nous qui vous noue il en elle

Et former ils, d'îles en ailes.

Michel Lansardière

J'ai d'abord souhaité ancrer cette toile dans sa modernité, au-delà du mythe (que j'ai largement commenté sur la page de Chantal), du classicisme bourgeois.

Ensuite j'ai voulu, par un effet de sonorités répétitives, évoquer la vague, l'incessant va-et-vient. Sac, ressac, érosion... Eros. Flèches d'amour. Passion dévorante. Convulsive beauté.

Cette huile de Chantal renouvelle, à mon sens, complétement le genre (je pense notamment aux Vénus de Botticelli, insurpassable il est vrai, Bougereau, Cabanel, remarquables mais trop statiques, conventionnelles). Eternité de l'océan, de la féminité. La qualité picturale s'efface au profit du dynamisme, la chair palpite, la vague déferle et nous submerge, ou de l'illusion, insaisissable tel un mirage.

Elle m'a littéralement interpellée.

Et le dialogue s'est engagé...

Les partenariats

Arts12272797098?profile=originalLettres

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L'ECLAIRCIE

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(Les parapluies, huile sur toile)

Tout le jour comme de la dalle d'un caveau

A ruisselé du ciel la bave triste et grise

Tout le jour en remous emportés par la brise

La pluie a ruisselé le long des caniveaux

 

 

Puis fendant le nuage à larges coups de faux

Luisant de perles d'or où l’azur clair s'irise

Le soir baisa les fleurs de sa lèvre indécise

Mais le ciel se ferma et il plut à nouveau

 

 

Ainsi passe le rêve au plus noir de la nuit

Claire brèche dans l'ombre où dansent les ondines

Sur qui la nuit referme aussitôt ses longs plis

 

 

C'est l'arc-en-ciel léger qu'à peine on a le temps

De voir se refléter dans des lacs d'opaline

Car l'ombre dure un siècle et l'éclair un instant

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La Poésie doit-elle être intelligente ?

Chroniques du chemin 

 

On sait bien que,  en tant que musicien rentré, j'aime marcher avec vous sur un chemin prioritairement musical.

Aussi,  après Mozart lors d'une première promenade sur nos chemins de dialogue, j'aimerais évoquer Boulez.

Il n'est pas injurieux d'affirmer que, remarquable chef d'orchestre,  musicien qu'on aime ou pas, Boulez fut aussi un chef d'entreprise, sinon de guerre. Sorti tout armé dans un tank de son bunker IRCAM, escorté de para-commandos tel Stockhausen ou de jeunes chevau-légers extasiés et déjà oubliés, appuyé par les expériences de John Cage,  Boulez, en bon autoritaire, a fait table rase de tous ceux qui osaient, plus ou moins activement, contester son leadership. Exit Sibélius (« le plus mauvais musicien du monde »), Poulenc, Taillefère, Ibert.  Ecrabouillé, Berlioz excepté, ce « hideux » XIX è siècle français. Stravinsky traité de décadent dans sa production d'après 1913, Jolivet rebaptisé « jolinavet », etc... Dans ce paysage dévasté furent seuls tolérés Messiaen et Dutilleux, trop forts sans doute pour être les proies de l'aigle de Montbrison.

La poésie des années soixante-septante a elle aussi connu ces razzias. Bien abrités dans des bunkers universitaires, protégés par des éditeurs « modernes », réchauffés dans l'utérus des colloques et séminaires, biberonnés par la presse spécialisée, les poètes de cette école, dignes successeurs de l'Ecolier limousin, ont trouvé sur leur chemin quelques grands rires rabelaisiens- celui de Norge, de Tardieu de Desnos ou, plus ricanant, de Péret ou Vian, qui les ont piteusement désarmés.

Et c'est là, à mon sens, la question essentielle posée à la poésie contemporaine : le poète doit-il être intelligent ? Et d'abord, qu'est-ce que l'intelligence en poésie ? Gardons-nous de la confondre avec le savoir. «La môme néant» de Tardieu, les fabuleux poèmes en prose de Norge, les réflexions de Thiry sur la peine de vieillir, les rêves transcrits du Desnos adolescent, tout cela, à côté de quelques autres, ne constitue-t-il pas l'essence profonde et « intelligente » de la manière poétique d'être au monde ? Quand Supervielle évoque l'oublieuse mémoire ou la mort, relais où l'âme change de chevaux, n'est-il pas bien plus « intelligent » que  cette foule de poètes « blancs », du non-dit et de l'aléatoire ?

Qu'on me comprenne bien : je préfère de loin une poésie mystérieuse, voire obscure, à cette « poésie du quotidien » qui fait parler les égouts et les bicyclettes. Mais j'aime que cette obscurité corresponde à une nécessité intérieure sans faille (comme chez Reverdy) et non à une pause intellectualiste.

Ce n'est pas dans la déconstruction du langage que se trouve le secret de la poésie contemporaine, sous peine de se ghettoïser, mais dans la tentative rimbaldienne de reconstruire, par une active méditation, un monde intérieur perçu comme éclaté.

Mais vous n'êtes pas obligés d'être de mon avis : peut être, plus intelligents que moi, préférez-vous les séminaires poétiques obscurs au chant nocturne du rossignol ?

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TUTOYER DIEU

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Tutoyer Dieu qu'il soit

En djellabah ou en tunique

Qu'il soit multiple ou bien unique

En pauvre ou en habits de soie

 

Tutoyer Dieu mon autre

Oser dire et penser cela

Comme frappé par un éclat

De ceux qui firent les apôtres

 

Laisser là toute gloire

Factice et ces "Vous" respectueux

Se croire enfin l'égal des dieux

A l'image de Lui se croire

Laisser là toute guerre

Sainte au diable et aux conards

Qui prétendent en faire un art

Ou l'accès aux vierges pubères

 

 

Tutoyer Dieu Laisser

Tant les Jihad que les croisades

S'entr'étriper  pour la façade

Par tant de morts à entasser

 

 

Tutoyer Dieu Passer

Des "Gott mitt uns!" aux mots "Je t'aime"

"Allah Akhbar?" Mais non! le thème

N'est pas tuer mais s'embrasser

 

 

Tutoyer Dieu

 

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A N A L P H A B E T E

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J’écris mal

Ce feu de tes yeux en délire

Et cette sueur sous tes bras

Et sur ton corps et cette mousse

Intime et qui me fait vibrer

Je fais ce que je peux

J’écris

 

 

J’écris mal

Nos matins clairs de soubresauts

Sur nos nuits à jeun et ouvertes

Comme tes fruits

Amour splendide et nue offerte

Comme fruit fendu

Défendu

J’écris

 

 

La trace de nos corps comme un signe

Au creux des vives galaxies

Dont ne meurt la lumière

Qu’après des siècles et des siècles

Et dont se rêve la distance

Si proche si lointaine

 

 

Amour murmuré

Amour muré

 

 

J’écris

Tes cris

Mais mal

(inédit)

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Renaissance de Vénus.

12272891456?profile=originalRenaissance de Vénus

Perfection de l'ovale

Quand le beau le dispute à l'étrange

Ether, éternité, part des anges

Aux nues portées que ses yeux avalent

Tête penchée, toute de bonté

De tendre compréhension

Sans ostentation ni affliction

Limbe doré, lumière diffusée

Transparence des chairs, mains esquissées

De sa gorge aux colombes

Aux voiles moulées par l'onde

Secrets enfouis par sa bouche murmurés

A qui sait l'entendre,

Armé de sa seule patience,

Ingénuité, humilité, innocence

Couronne tressée au cour du Tendre

Retour à Sienne, aux sources

De ce visage illuminé

Image de pinacothèque rêvée

Ombre d'or, soleil dans notre course

Aux vanités, glorioles, avidités

Contrepoint, miroir et réflexion

Belle Toscane aux douces inflexions

Médium d'où jaillira notre vérité.

Michel Lansardière

A une belle inconnue aperçue à la Pinacothèque de Sienne, un amoureux éperdu...

(je ne connais pas davantage l'auteur du tableau, du XVIe ou XVIIe siècle je pense... Excusez la qualité médiocre de la photo, à l'époque je l'avais prise en argentique, puis rephotographié le cliché papier en numérique).

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administrateur partenariats

 

Apocalypse empirique

 

Un soir, sur une plage de l'Atlantique
Je me tenais droit, la mer pour seul alentours
Regardant l'horizon, pensant métaphysique
Concluant au souhait d'être seul pour toujours

Soudain je vis dans le lointain, entre terre et mer
Un triste point noir qui allait en grossissant,
Une ligne pure qui s'enroulait comme un ver,
C'était une spirale, semblable à un serpent.

Surpris par cette apparition contre nature
Je demeurai contemplant dans l'expectative,
Le vent et la foudre complétèrent la créature
Qui lentement s'avançait vers la rive.

Progressivement elle grandit et atteignit la plage.
Est-ce là le dernier livre, l'Apocalypse divine ?
Est-ce un ouragan ? Une tornade ou un mirage ?
Est-ce la mort en personne qui vers moi s'achemine ?

Mais le monstre passa juste au dessus de moi,
Je me retournai et le vis atteindre les villes.
De loin j'ouïs les prières et les cris d'effroi,
Des hommes implorants en expiant leurs actes viles

Puis je vis au dessus de moi une voûte funeste,
Les peuples de tout pays détruits et brûlés vifs,
Toute vie décimée comme au temps de la peste,
Toutes chose détruites; belles œuvres et rêves chétifs.

Ainsi finit le monde ; en tourbillon sanglant
Plongé entièrement dans l'abîme des ténèbres,
Emporté par delà le seuil du néant,
Défilant devant moi à l'heure des vêpres.

Voyant tout cela je m'écriai haletant:
"Pourquoi m'épargner ? Souffre entendre ma voix
Mes rêves sont changeants et mes vœux sont voletant,
Je préfère ton séjour plutôt qu'être sans toit".

Mais sans m' écouter, la spirale se referma,
Je pleurai en regrettant mon vœu proféré,
Je restai nu dans un monde virgin
Pire que le néant, j'errai dans le vide.

Et depuis lors j'erre toujours dans l'absence
Chantant cette complainte qui doucement s'effrite,
Je suis immortel, je suis l'homme unique!
Condamné à survivre à la fin des temps.

Alex L., 16 ans.

Novembre 2012

 

Poème écrit sur le thème de la spirale,

en illustration à la spirale, omniprésente dans ma peinture.

Par respect de confidentialité pour ce jeune poète,

prière de ne pas partager s'il vous plaît.

Merci à vous mes amis.

"Big bang"

Liliane Magotte

Acrylique 40x120

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Lettres à un jeune poète

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Ce sont dix lettres écrites par le poète allemand Rainer Maria Rilke (1875-1926), entre 1903 et 1908, à Franz-Xaver Kappus, élève du Prytanée militaire de Sankt-Poelten, que le poète avait lui-même jadis fréquenté. Elles furent publiées, pour la première fois en 1929, chez Inzel à Leipzig. En même temps qu'il soumettait à Rilke quelques-unes de ses poésies, Kappus, alors à peine âgé de 20 ans, lui adressa une longue lettre dans laquelle il se confiait entièrement à lui. Rilke lui répondit: telle est l'origine de ces messages, qui furent détachés de l'ensemble de la correspondance de Rilke et publiés séparément.
Les "Lettres à un jeune poète", qui peuvent être comptées parmi les plus belles oeuvres de Rilke, forment une sorte de "guide spirituel" d'une valeur inestimable. Répondant à son jeune correspondant, Rilke ne traitera dans ces lettres que de questions essentielles, celles-là même que connaît inévitablement tout poète et, plus généralement, tout être dont la vocation est de créer. Une affirmation centrale, sur laquelle Rilke ne cesse de revenir, confère à ces lettres une étrange gravité: à savoir que nous devons sous abandonner sans réserve à cette nécessaire solitude que nous découvrons en nous-mêmes, car c'est d'elle que jaillit toute clarté. En effet, il n'est d'autre certitude que cette réalité première, et rien de ce que nous entreprenons ne sera promu à un avenir durable, si nous ne l'avons tout d'abord éprouvé en ce lieu retiré de nous-mêmes que n'atteignent point les bruits du monde.

Etes-vous poète? Interrogez-vous sur les mobiles qui vous poussent à écire; déterminez avant toute autre chose s'ils sont d'une importance absolument vitale pour vous; "Etre artiste... c'est croire comme l'arbre qui ne presse pas sa sève, qui résiste, confiant aux grands vents du printemps, sans craindre que l' été puisse ne pas venir. L'été vient. Mais il ne vient que pour ceux qui savent attendre". On mesurera l'importance de ces phrases, si l'on se souvient qu'elles sont le fait du poète des "Elégies de Duino", ces élégies dont il désespéra de venir à bout et qu'"une étrange puissance" lui dicta soudain, en moins de quelques jours. Mais comment ne pas affirmer, parallèlement à cet ordre profond de la solitude, cette autre loi qui nous gouverne: celle de l' amour. Et c'est tout naturellement que Rilke passe du problème de l' art à celui de la sexualité. Comme Platon l'avait déjà fait dans le "Banquet", Rilke reconnaît une égale valeur à la fécondité de la chair et à celle de l'esprit; leur origine est la même; la volupté de la chair ne nous offre-t-elle pas une connaissance illimitée, totale, une prise de possession de l'univers tout entier. "En une seule pensée créatrice, revivent mille nuits d'amour oubliées qui font la grandeur et le sublime". L' amour est connaissance et si, pour l'homme, engendrer est une manière d'enfanter, n'est-ce pas enfanter que de "créer de sa plus intime plénitude"? Estimant que les sexes sont plus parents l'un de l'autre qu'on ne le pense généralement, Rilke développe ici cette idée, qui sera appelée à tenir tant de place, par la suite, dans son oeuvre, et qui constitue à penser que le renouvellement du monde sera le fait d'une attitude nouvelle de l'homme en face de la femme: pour lui, l'un et l'autre, oubliant leurs erreurs, ne se rechercheront plus pour s'opposer, mais uniront leurs solitudes, conservant ce respect mutuel, cette distance nécessaire à un développement parallèle de tout leur être. Dans les dernières lettres, Rilke revient avec une insistance accrue, sur cette notion de solitude que le poète, plus que tout autre, se doit de préserver intacte (lettre VIII notamment). Certes, la solitude n'est pas sans faire lever en nous un cortège de tristesse, mais pourquoi s'effrayer? Nos regards porteraient-ils au-delà des limites de la connaissance, peut-être alors percevrions-nous que ces tristesses sont comme des "aubes nouvelles" "où l'inconnu nous visite". Et le poète, parvenu au seuil de ce monde mystérieux, d'abandonner son correspondant à lui-même. Il apparaît donc que se dessinent tout au long de ces "Lettres", comme en filigrane, la plupart des thèmes qui formeront les "Elégies de Duino" ou les "Sonnets à Orphée"; à ce titre, les "Lettres à un jeune poète" sont peut-être la meilleure introduction à l'oeuvre poétique de Rilke.

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administrateur théâtres

12272878490?profile=original« Ca c’est bien. Questionnez. Questionnez toujours ! »

 Contrastes : Le temps s’est arrêté à 5h 35,  à la mort de la  femme du vieux professeur Mashkan (Alexandre von Sivers). L’horloge de la bibliothèque rococo a de singuliers traits communs avec celle du bâtiment central du plus célèbre des camps de la mort. Les barbelés et les bruits d’univers concentrationnaire  surgissant régulièrement sur la toile de fond du décor sont une sorte de mise en abîme, si l’on peut dire. La dignité du vieux professeur et sa passion retrouvée en présence d’un unique élève cache mal sa pauvreté pécuniaire et un passé indicible.

 Voyage initiatique dans le temps : Stephen Hoffman,  (Jean-François Brion), un  jeune américain adulé est envoyé par son père en Autriche pour surmonter un  blocage soudain  et inexplicable dans sa  brillante carrière de pianiste prodige. Une condition : qu’il fasse œuvre de mémoire  en allant visiter Dachau. Mais arrivé à Vienne, il va devoir affronter un  professeur inattendu et grognon aux propos souvent  antisémites. Dès son entrée en scène le jeune pianiste triple A est arrogant, agressif  et agité par une nervosité fébrile. Il est clair qu’il ne veut pas repartir à zéro par le chant…. C’est un affront à son talent ! Les leçons démarrent tant bien que mal… 

12272878894?profile=originalCe qui  fait la beauté du spectacle n’est pas seulement le décor de l’équipe bien rôdée de Marc Cocozza, un décor aussi soigné que celui d’une antique boîte à biscuits, c’est la superposition extraordinaire de niveaux d’écoute qui rendent l’œuvre universelle et en font une leçon de vie et une leçon de mémoire.  Et quelle polysémie dans cette complexité symphonique ! S’opposent sur le plateau l’allemand et le français,  l’ancienne Europe et les Etats-Unis avant-gardistes, la  réflexion et l’émotion, la jeunesse et la maturité, le maître et l’élève, le père et le  fils, le piano ou le chant et la poésie, la dépression et l’exaltation,  le devoir de  mémoire et le pardon… et la liste n’est pas close!   Plusieurs thèmes bouleversants forment l’armature de la pièce: la controverse de l’élection de  Waldheim élu président de la République d'Autriche 8 juillet 1986,  le déni général du passé nazi de l’Autriche. La transmission et  le devoir de mémoire. Mais aussi le pouvoir de rédemption de l’amitié et de l’art,  l’importance de de l’appartenance à une culture donnée, allemande en l’occurrence, Heinrich Heine. Tout ceci est traversé par  l’utilisation de la dérision et de l’humour comme protection, voici un savoureux festival d’humour juif.   

Ce n’est pas fini.  Le cycle de chansons de Schumann : Dichterliebe constitue  autant de volets …bénéfiques  à l’articulation de la pièce. Des paroles de désir et de volupté se greffent sur la mélancolie de la musique : de la beauté pure, à en croire le profeseur de musique ! Ces volets  illustrent à la perfection la  belle phrase de Bertold Brecht: « La qualité d’un homme se révèle à travers ce qu’il pleure et la manière dont il le pleure » Le langage universel de Liszt, Beethoven, et des variations Goldberg de l’Aria de Bach seront également de la partie… Détail intéressant : en fin de tableau, tandis que Mashkan joue un morceau, une version enregistrée survient, parfaitement alignée sur la musique jouée, jusqu’à ce qu’elle soit interrompue par le premier accord  qui ouvre la  nouvelle scène, comme par magie ! Un procédé  où lumières, musique et comédiens sont  orchestrés à la seconde près... Travail millimétré ! 

Ceci  nous mène évidemment à parler du travail  gigantesque du metteur en scène,  Jean-Claude Idée. In illo tempore, il nous a dit avoir reçu des mains de Jean Piat la traduction de la pièce « Old Wicked songs » à l’affiche de Broadway plus de 200 fois en 1996… Une des œuvres de  Jon Marans, auteur New-Yorkais. Le titre se réfère à la dernière chanson du cycle de Schumann « « Die alten, bösen Lieder ».  Jean-Claude Idée  laissa fermenter le projet pendant dix ans. Il est en effet très malaisé de monter un tel spectacle qui, sans être une comédie musicale, marie le verbe, le roi des instruments de musique,  et le chant sur scène. Le tout en traduction française avec des passages en allemand. C’est finalement l’adaptation très fluide de  Thomas Joussier de 2010 qui a été retenue pour la qualité de la version française. Mais surtout, Jean-Claude Idée  a  fini par trouver  en Alexandre von Sivers et en Jean-François Brion, les  deux fabuleux interprètes qu’il attendait.

Ceux  qui savent mettre des sentiments  à la fois sur un clavier, des mots et des paroles. Des comédiens qui savent d’instinct trouver la gestuelle adéquate quand les mots se dérobent et que l’indicible apparaît.

Du 19 au 29 mars 2013 Rencontre avec les artistes : le 28/3 Au Théâtre Jean Vilar

0800/25 325

http://www.atjv.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=501

 Une production de l'Atelier Théâtre Jean Vilar et du Festival Royal de Théâtre de Spa.

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LE PARFUM

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Comme une odeur de femme

Hantant toutes tes rues

Un parfum haut de gamme

Si subtil qu’il remue

Les fibres de ton âme

 

 

Passent des silhouettes

Fines tanguant dans l’ombre

Féminines fluettes

Tu n’en connais le nombre

Et pourtant tu t’entêtes

 

 

A chercher parmi elles

La seule vraie la Femme

Dont les yeux étincellent

A t’électriser l’âme

Tant que tu en chancelles

 

 

Ce rêve qui t’enflamme

N’est que Son ombre nue

Battant comme oriflamme

Et en toi s’insinue

Juste une odeur de femme

 

 

 

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LA NUIT ETOILEE

12272877869?profile=originalJ’avais courbé le front sous le feu d’Aïthra
Plus vide qu’un pantin abandonné des songes
Je savais la sagesse immense et le mensonge
L’éclair faux des rubis dont se pare Mithra



L’horizon qu’un titan foudroyé me montra
Grillait carcasse pourpre au soleil qui s’allonge
Les castels sidéraux que l’or des lacs prolonge
M’ouvraient leur portail noir couvert de sombre drap



L’eau morte reflétait la lune en décroissance
Le manteau de la Nuit portait l’or des absences
A jamais et le sol saignait noir sous mes pas



C’était un crépuscule aux lueurs de trépas
Villes croulantes, Feux, Cris sourds, Corps qu’on abat
L’univers étendait devant moi son silence

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D I G U E

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(mer du Nors, huile sur panneau)

 

Parfois parmi le flot des estivants poussifs

Qui se traînent rêvant au bock du soir, pensifs

Comme singes savants, je crois te voir, ma belle,

Parfois tes cheveux d’or que la brise entremêle

Viennent danser, danser dans l’air calme du soir…

Vite je te prépare un mot gentil : « Bonsoir… »

Hélas les blonds cheveux ne cachent sous leurs larmes

Qu’une face terrible et rouge de gendarme

Ou qu’une pâte informe où s’enlisent les yeux

Et je repars plus seul encore sous les cieux

 

 

D’autres fois ton sourire éclot sur d’autres lèvres

Presqu’aussi belles presque œuvre du même orfèvre

Mais la figure est ronde ou longue comme un i

Que faire d’autre que repartir vers la nuit ?

Parfois encor tes yeux brodent leur ciselure

- Sourires infinis de grisantes brûlures –

Mais le corps est d’une autre et les cheveux sont noirs

Et je m’en vais un peu plus loin dans l’air du soir

 

 

Puis dans la chaleur lourde du jour qui vacille

Et transforme la foule en ombres qui oscillent

L’une sur l’autre ainsi que d’informes ballots

Tu surgis brusquement : ton corps dans un halo

De lumière indécise est, sous le ciel limpide,

Comme sous un fronton une caryatide

Aux lignes pures, longues… Hélàs ce n’est pas toi

De plus belle le vent rit de me voir pantois

 

 

Et la foule roulant sa molle indifférence

Traîne sa majesté emplie d’odeurs rances

Me bousculant du coude – Ah ! Etre seul c’est dur

Lorsqu’un couple vous frôle encor jeune ou bien mûr

Et je m’en vais roulant, moi, des pensers bien sombres

Seul – tandis que l’orchestre étourdissant, à l’ombre

Du kiosque se met à jouer un vieil air

Ah ! si je t’avais toi, toi et ton rire clair !

 

Partout où je te cherche il n’y a que l’absence

Et, pour mieux me narguer, de pâles ressemblances

De toi. On dirait que le hasard a tenté

De recréer cent fois ton unique beauté

Sans réussir jamais… Ah ! peut-être pourrais-je

Prendre à l’une les yeux, à l’autre un sein de neige

Arracher les cheveux à une autre et ainsi

En recousant le tout à faire comme si

Je t’avais toi enfin sous mes lèvres ma mie…

Mais non ! A ce fantoche il manquerait la vie

Et… je ne sais pas coudre… Et puis on me prendrait

Pour un vil assassin. Peut-être on me pendrait…

 

 

Mieux vaudrait m’aveugler et demander au vin

Ces étranges vapeurs qui flottent aux confins

Du réel et du rêve, indécises, feutrées.

Mieux vaudrait fuir en de très lointaines contrées

Où le ciel n’aurait pas nimbé d’or tes cheveux

Mieux vaudrait assouvir tout ce que ma chair veut

Dans d’autres bras de femme et mêler ma détresse

Au bleu-vert d’autres yeux, la noyer dans l’ivresse,

T’oublier en un mot, mais le pourrais-je un jour ?

 

 

Je pourrais, esprit fort, dédaigneux de l’amour,

Accomplir une tâche imbécile et sublime

Et me tailler un nom à force coups de lime.

Je pourrais, lourd poids mort, me laisser traîner par

Les jours qui vont, banals, au fil des faire-part

M’abrutir corps et âme à des tâches mesquines.

La fleur ne peut lorsque l’abeille la taquine

Feindre de l’ignorer. Toujours il y aura

Cette image de toi, l’empreinte de tes bras

Si légère et, pourtant, lourde sur mon épaule

Au point que, dût mon cœur geler plus que le pôle,

Tu seras toujours flamme au flanc lisse du bloc…

 

 

Oh ! je sais ! il en est qui disent que le choc

S’oublie et que l’écho, même l’écho, s’efface

Qu’à tout mal l’habitude exige qu’on se fasse.

Qu’importe tout cela ! A présent tu es loin :

L’un après l’autre les jours traînent leur déclin.

Tu es bien loin là-bas, effacée, confuse,

Voilée du brouillard très délicat qui fuse

De la terre alourdie et mordue par l’eau.

Peut-être rêves-tu face au fleuve falot

Qui se dérobe, lent, et traîne ses lessives

Mortes… Peut-être aussi effeuilles-tu pensive

Les roses du bonheur… Alors je me ferai

Très, très insignifiant et je disparaîtrai

Et tu ne sauras pas que je t’avais aimée…

  

Ô dans le ciel d’hiver les très lentes fumées !

(inédit)

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administrateur théâtres

12272872270?profile=originalLe Chat Noir n’est pas mort ce soir !

 

A la Bastille, Nini peaud’chien…. Ça vous dit quelque chose ? Nous voici à Montmartre avec Aristide Bruant, Toulouse Lautrec, les bocs de bière, le vacarme des chansonniers, les jupes friponnes qui se soulèvent et les gorges offertes.  Au Chat Noir, entre deux récitations lyriques, Jules Jouy se met au piano et entonne des chansons naturalistes. Poètes et public mêlent leurs clameurs. La poésie et les maximes d’Alphonse Allais  sont omniprésentes. Verlaine au grand cœur, de ci …. de là. Nous sommes au Chat Noir  version 2013. La poésie, quelle mauvaise herbe ! "Du chiendent", vous dites ! Elle  passe la tête en ce début de printemps,  entre les pavés de la rue du Belvédère, chez Fabienne, au théâtre de la Clarencière, théâtre littéraire. Que ce mot, de grâce ne  vous arrête pas, vous allez être totalement séduits.  

 

Une revue des chansonniers du Chat Noir, relue, revisitée et réarrangée avec astuce et doigté  par Rosalie Vandepoortaele plonge le public d’un soir dans une  pure atmosphère 19eme et intemporelle à la fois. Ce spectacle est un vrai bijou. Le choix des textes est un pur bonheur. La poésie transcende le noir. L’interprétation parfaite des comédiens est  un festival théâtral.  Tout y est : esprit, humanité, sensualité, émotion, humour et rire virevoltent au travers de comédiens joyeux, grandeur nature - on est à leurs pieds - et  professionnels en diable.  A cause du Chat sans doute.

 

 Le rythme du spectacle ne vous lâche pas. Un musicien exquis, Laurent Laigneaux. Alexis Van Stratum, un comédien pur belge et ...si français de ton et d’entrain. Et deux délicieuses dames vêtues de chemisier en dentelle à col monté serti dans des jupes de soie faites de l’or de la vigne. C’est tout. Un Lampadaire, deux tabourets blancs,  trois caisses vides de bouteilles de vin pour la résonnance et le spectacle vous emmène dans la galaxie poétique. Le  brillant quatuor met en scène l’invisible et l’indicible.  Ils bougent, ils  dansent en long,  en large et en travers sur la scène minuscule de la Clarencière. On se croirait au centre d’une volière.  On n’aurait bien d’yeux que pour la belle Laurence Briand au  regard étincelant et à la féminité gourmande. Mais la connivence qu’elle entretient avec Maya Boelpaepe son alter ego… est     contagieuse et le duo bien connu de  « Sense and Sensibility » fait que le temps s’arrête. Merci Jane Austern ! Oui le temps repart en arrière même et  vous cloue de bonheur fou. Celui du Verbe. Fou comme chacun sait.

 

Car Fabienne Goovaerts qui vous accueille au seuil de sa grande et vieille maison étrange au milieu de ses chats (plutôt « gris parce que les hommes sont saouls », et c’est dans le texte), dirige Le Verbe Fou, cette troupe belge  qui pavoise à Avignon chaque année.

 

Et tous, public et artistes vous chanterez en chœur : Je cherche fortune, Autour du Chat Noir, Au clair de la lune, A Montmartre ! Je cherche fortune Autour du Chat Noir, Au clair de la lune, A Montmartre, le soir, … pour empêcher le spectacle de finir !

http://www.laclarenciere.be/SAISON_2012_2013/trismestre2.htm

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