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poésie (192)

Les lumières de Turner

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J. M. W. Turner, Le déclin de l'Empire carthaginois, 1817.

Les lumières de Turner

Lumière blanche, formes estompées

Beauté minérale, idéale vibration,

Pureté et pérennité

Impressions suscitées par un

Rai de lumière, coup de vent,

Brume d'automne, cathédrale de blés mûrs

Exaltation des couleurs

Mouvement révélé, pluie, vapeur et

Vitesse, arrivée en gare de La Ciotat

Des siècles de créations pour retrouver

L'innocence des sens et l'essence des mots.

Michel Lansardière

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J. M. W. Turner, Pluie, vapeur, vitesse, 1844.

Illustrations :

1. Le déclin de l'empire de Carthage (1817, détail). Les critiques de l'époque attaquèrent son coloris trop riche et superflu.

2. Pluie, vapeur et vitesse, la grande voie ferrée de l'ouest (1844, détail).

"L'Orient doré ou l'éther couleur d'ambre, la voûte éthérée et les ciels moutonneux de la mi-journée, les vallées resplendissantes, la fertilité rougeoyante des campagnes joyeuses, les arbres chargés des moindres teintes et nuances de la chaleur évidente de l'été, riches, harmonieuses, fidèles et claires, imprégnées de toutes les qualités aériennes du lointain, de lumières aériennes, de couleurs aériennes", William Turner((extrait de "Backgrounds : introduction of architecture and landscapes, 1811).

En hommage à Joseph Mallord William Turner (1775-1851) et au Lorrain (Claude Gellée, 1600-1682, dit Le Lorrain) que Turner admirait tant, et aux frères Lumière (inventeurs du cinématographe et de l'autochrome, la photo couleur).

Dédié à Robert Paul, l'âme et l'animateur (les racines sont les mêmes) d'Arts et lettres, dans le cadre de "La couleur des mots".

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administrateur théâtres

Quand les planches deviennent gazon…

C’était un déjeuner sur l’herbe, vous voyez le tableau ?  En plein soleil, aux environs de minuit sonnant. Tâtez vous-même les  troncs majestueux aux écorces historiques et à la ramure invisible,  le moelleux d’un immense châle de Cachemire qui attend le panier de pique-nique ! Au loin, une rive noire d’un fleuve, le Léthé sans doute qui serpente dans la forêt de mots sublimes. Trois verres galbés sont sur la nappe,  attendant le nectar lumineux et rougeoyant. Ce soleil qui décline et "se noie dans son sang qui se fige".  Et  nous étions là, suspendus à la voix, au geste et au verbe chatoyant de Baudelaire. Il n’y a que lui pour rendre beau la pourriture, la demi-clocharde et les blessures. Lui pour évoquer les voyages mystérieux de la chair. La triste  mélancolie de l’oiseau des mers, l’insatiable quête d’ailleurs absolus.  Surgit alors la muse, toute de fourrure tachetée vêtue et chaussée de ces lunettes de soleil qui font d’elle une star. La muse elle-même, d’habitude muette et indifférente, use de sa voix ensorceleuse pour converser avec le poète, le désir et les désenchantements."Quand tu vas balayant l'air de ta jupe large, Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large, Chargé de toile, et va roulant Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent."

  Et puis il y a ce pauvre gredin mal rasé, au regard fixe qui égrène ses complaintes et son mal de vivre. Il y a  enfin, ce splendide jeune homme souriant en redingote grise qui vibre et éblouit,  tant les mots qu’il emprunte à la voix ténébreuse sont beaux, lascifs et cosmiques.

  Vous êtes emmitouflé dans un châle rouge et vous contemplez la scène, d’un œil enfin poétique. De mémoire de spectateur vous n’êtes entré d’aussi près, dans le tableau. De mémoire de spectateur les syllabes égrenées dans le plaisir de dire et de ressusciter ne vous auront autant touchés. C’était une veille de Saint-Valentin, et l’amour était  déjà au rendez-vous. L’amour étincelant des mots vivants. La douleur, au pied de l’arbre, oui, se tenait enfin tranquille. Les amours enfantines peuplaient votre esprit, les souvenirs d’anthologies disparues hantaient votre mémoire. Le Lagarde et Michard de votre adolescence vous ouvrait son cœur et ses pages de florilège désuet. Votre cœur est alors saisi d’audace de liberté et de bonheur. Vous jetez furtivement un coup d’œil à votre partenaire tout sauf endormi, car lui aussi respire comme un encens capiteux les vers de Baudelaire dit par les  trois comédiens malicieux et si unis. Souvent,  la langue baudelairienne fusait vers un ciel sans étoiles, couchée à même l’herbe, tendre et magique. Pendant que les deux autres s’abîmaient dans le ravissement appuyé contre l’arbre ou se balançant dans la chaise-longue parmi les chuchotements de la Nature. A les voir se charmer ainsi de fleurs vénéneuses, spectateur, tu ne peux rester indifférent! Et toi aussi, tu  lâcherais bien ta couverture et d’aller les rejoindre, subrepticement !"Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère!" "Tu m'as donné ta boue, et j'en ai fait de l'or!"

On emportera comme un viatique, les mélodies et les musiques  mystérieuses qui embrassent les déclamations poétiques, les gestes si beaux sous les lampions, les regards, les bribes éparses d’un verbe célébré afin de  peupler parfois  un quotidien si peu romantique. "Heureux celui qui peut d'une  aile heureuse s'élancer... et comprendre l'essence des choses muettes!"

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Et les quelques textes sarcastiques  de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem s'hrmonisent bien dans le programme et donnent un air ...Baudelaire 2000!

Les Fleurs du Mal,  d’un nommé Baudelaire, Charles de son prénom, dans la petite salle du théâtre le Public.

LES FLEURS DU MAL de BAUDELAIRE

et quelques textes de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem Conception et mise en scène: Françoise Courvoisier. Avec: Robert Bouvier, Cédric Cerbara et Aurélie Trivillin

DU 10/01/13 AU 02/03/13

Prolongation exceptionnelle jusqu'au 02/03/13!

Dans une époque qui ne l’a pas accueilli, Baudelaire a voulu détacher la poésie de la morale et l’a proclamée toute entière destinée au Beau. Avec « Les Fleurs du mal », il tisse des liens entre le bonheur et l'idéal inaccessible, entre la violence et la volupté, entre le poète et son lecteur, entre les artistes à travers les âges. Outre les poèmes graves ou scandaleux, il exprime la mélancoli et l'envie d'ailleurs. Baudelaire, c’est le poète qui sublime la sensibilité, qui nous emporte dans des flots de passion, qui recherche la vérité humaine de l’univers : « Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu. » (Arthur Rimbaud)

Un spectacle musical qui offre un choix de poèmes explosifs et flamboyants, humains et tendres, où explose la modernité du poète dont l’audace lui avait valu la censure de son vivant. Entraînés par les chants et la musique, plongez avec fascination dans le parcours de ce marginal écorché et en colère, mais qui disait aussi : « le bonheur, il faut savoir l'avaler ! »

UNE CREATION ET PRODUCTION DU THEATRE LE PUBLIC, DU THEATRE LE POCHE GENEVE ET DE LA COMPAGNIE DU PASSAGE.

Musique originale: Arthur Besson

Scénographie & costumes: Sylvie Lépine

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=322&type=1

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administrateur théâtres

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 Ecoutez Watteau, c’est une leçon de musique !

Cette exposition est l'occasion unique de redécouvrir ce maître ainsi que certains de ses contemporains à travers une centaine d’œuvres, réunissant peintures, dessins, gravures et instruments de musique. Fragile et peu abondante, la production du peintre, conservée aux quatre coins du monde, figure au patrimoine des musées les plus prestigieux. La voici à Bruxelles, cœur de l’Europe.  Elle est le fruit d’une collaboration inédite du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles avec le Palais des Beaux-Arts de Lille, initiant un flux intellectuel et artistique de premier plan entre les deux villes. Elle est inscrite sous le haut patronage de  Leurs Majestés le Roi et la Reine des Belges, sous le Haut Patronage de Monsieur Elio di Rupo Premier Ministre et sous le Haut Patronage de Monsieur François Hollande, Président de la République française. L’esprit qui préside à son installation est inscrit dans l’interdisciplinarité chère au Palais des Beaux-Arts dont la mission est de rassembler les arts, depuis sa fondation.

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La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.

Baudelaire, Les Fleurs du mal, IV.

Le poème « Correspondances »  de Charles Baudelaire ne peut pas trouver ici  meilleur écho. Tout d’abord au cœur de l’œuvre de Watteau lui-même qui trouve son inspiration picturale dans le geste  et le corps du musicien, le galbe et les formes des instruments aux connotations souvent  érotiques. Le désir  naît dans la musique, symbole de l’amour mélancolique. Et le porte-mine à deux pointes de l’artiste ou son pinceau et sa brosse s’empressent de capter avec vivacité et réalisme ses vibrations les plus profondes. Les titres de ses toiles seront évocateurs : « La leçon de musique, la gamme d’amour, l’accord parfait….  »  Intitulés évocateurs qui suggèrent les double-sens des fêtes galantes. Car, non, Watteau n’a pas d’appétence pour les traditionnels sujets religieux, mythologiques ou guerriers. Il s’intéresse aux sentiments intimes de l’homme, et cela, c’est une véritable révolution.     En 1717 il peint l’œuvre qui signa son style : « Le Pèlerinage à l'île de Cythère ». Une scène pastorale inspirée du « Jardin d’amour » de Rubens dont il était le fervent admirateur.  Il la soumit pour son admission à l’Académie où il fut reçu comme peintre (inclassable) et désormais appelé « peintre de fêtes galantes », un titre créé expressément pour lui. La campagne semble enchantée, les paysages, italiens, un pays qu’il ne connaîtra que par la musique, car il est pauvre et a  a raté de peu l’obtention du prix de Rome.

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Non seulement la musique, celle de Couperin en particulier,  est  source d’inspiration mais la présence d’autres disciplines comme le théâtre et la danse n’a rien de fortuit. C’est l’occasion pour lui d’insister sur les duperies et les humiliations de l’amour. Ombrageux et farouche, il convient que l’amour est éphémère et ne peut durer que le temps d’un morceau de musique. Voilà la boucle est bouclée.  Gilles le niais avec son costume de satin blanc, trop large et trop court, entouré d’autres personnages de la Comédie italienne, a peu de chances de séduire une dame frivole. Pierrot de dos est l’objet de quolibets féminins et est empêché de s’assoir.   Watteau annonce le théâtre de  Marivaux. Le mouvement des idées se fait en dehors de la cour et on se réunit dans les salons mondains chez Pierre Crozat, son bienfaiteur.

12272863461?profile=original            12272863491?profile=original

Ensuite, le poème « Correspondances »  de Charles Baudelaire trouve aussi son écho dans la conception même de l’exposition qui n’est pas une monographie mais une mise en présence de disciplines correspondantes. C’est ainsi que  William Christie, le prestigieux commissaire général de l’exposition,  a orchestré lui-même le fil conducteur  musical de l’événement en intégrant le son à la scénographie. Des points d’écoute et des alcôves musicales sont  à la disposition du public tout au long du parcours de l’exposition. Au moyen d’un casque audio, le visiteur est invité à découvrir une sélection de morceaux de musique, notamment  des extraits  de  son concert du 28 janvier 2013 au conservatoire Royal avec Les Arts florissants. Une salle accueille des concerts gratuits interprétés par les étudiants de plusieurs conservatoires supérieurs de Belgique et de France, durant les nocturnes du jeudi soir.12272863684?profile=original

 

Et  les correspondances ne s’arrêtent pas là : la littérature rejoint le concert des plaisirs du luth, de la guitare  et du pinceau. En effet, Pierre Michon, l’écrivain français, est aussi de la partie. Les visiteurs peuvent également lire et écouter durant leur visite de larges extraits de son roman « Maîtres et serviteurs, la vie de Watteau », une œuvre littéraire contemporaine centrée sur la vie du peintre mort trop jeune de phtisie.

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La structure de ses tableaux est audacieuse et raffinée. Le peintre agence des personnages sortis tels quels de ses carnets  puis les  enchâsse dans des paysages poétiques. Armé de pierre noire, de sanguine ou de craie blanche, il a croqué avec souplesse et vivacité les gestes des artistes du pont Notre-Dame et ceux  des comédiens de la Commedia Del Arte … avant l’édit de  leur expulsion par le pouvoir. Dans ces vastes paysages qui ne sont pas sans rappeler les maîtres flamands, il laisse toujours un espace vide : pour le rêve, le silence, le temps suspendu ou  le sentiment de mélancolie. Plus que de nous parler, ses toiles vibrent de murmures mystérieux et de volupté : depuis les battements de cœur d’Arlequin ou de Pierrot, aux bruissements des feuillages, des  sources et des fontaines, jusqu'aux  froissements délicats des robes de soie des dames costumées. Clin d’œil à la sévère Madame de Maintenon ? Chimères ou monde réel ?  Les compositions asymétriques ont l’air de balancer entre deux. Mais l’émotion est sertie dans la palette brillante et les jeux de lumière mystérieux autour des personnages à la pose dansante et aérienne. Au XIXe siècle, Baudelaire dans les «  Fleurs du mal » et Verlaine dans les « Fêtes galantes » n’auront de cesse que de se référer à ce jeune peintre dont la réussite n’apaisa jamais la mélancolie.

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(né en 1684 à Valenciennes, mort en 1721 à Nogent-sur-Marne)

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H I V E R N A L E

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Et la neige à nouveau sur les villes flamandes

Dont les canaux fuyants se perdent dans le noir

Interdit de songer au-delà de l’aimable

- O l’ardeur des vitraux dans tes yeux en amande ! –

 

 

Fourrure col de martre à tes seins étonnants

Et le sel de la mer qui s’enlise et qui vague

Et se mêle aux cheveux de la terre ma douce

Aurait-on raccourci la splendeur des terroirs ?

 

              

La chair évangélique a croisé la carriole

Où turbulent sans fin nos amours à tout va

Cathédrales sonnez aux canaux qui se gèlent

Sur la plaine là-bas vont viennent les corbeaux

 

 

Je ramène le flux des nuits sentimentales

Au plein jour balayé par l’écorce des vents

Contraires tour à tour et novices de l’âme

Les révoltes au loin soulèvent l’horizon

 

 

Viens là figure Mère et racinée à l’âme

Immobiles Passés au tout présent se fondent

Grincent à qui mieux mieux les charnières du temps

Et se ferme le jour au noir définitif

 

 

 (inédit)

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PHOSPHORESCENCE


Tu boudes le monde et ses misères
Et tu aspires à la lumière.
Derrière l’écorce basanée
Et la poussière de tant d’années,
Tu pousses les barrières du possible,
Tu te mesures à l’impossible.

T’accueillent le ciel et le soleil !

Plus rien ne contente tes yeux
Que la lumière que tu diffuses.
Tu fuses comme lingot sous les feux,
La fleur en toi halète au jour
Et tes nuits ne sont jamais sombres.
De tes poèmes naissent les idées
Et les étoiles cherchent ton ombre
Pour abriter leur nullité
Sans te donner de vanité.

Tu es l’âme de la poésie
Et tu respires la poésie
Que tu sèmes sur ton sillon
Comme le pollen que sème le vent
Produit l’univers étalé
En livre dont les pages vermillon
S’ouvrent à qui veut boire à la lie
L’élixir de ta poésie.

Khadija, Agadir, le 05/12/2012
© Khadija ELHAMRANI
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Portes et fenêtres

12272848063?profile=originalPortes et fenêtres

 

Portes et fenêtres ouvertes sur le monde,

Portes et fenêtres jalouses de leur pénombre,

Portes et fenêtres croisées des chemins,

Portes et fenêtres aveugles aux regards voisins,

Yeux ouverts à la lumière du matin,

Visages fermés protégeant leurs butins,

Aux vents battues, aux mains tendues

Persiennes closes sur des secrets perdus

Gardiennes d'outrages ou livres de bonheurs

Portes et fenêtres sont les pages des heures.

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Par le procédé de la répétition j'ai souhaité transcrire le passage du temps. Un choix de vie aussi, porte ouverte aux amis ou repli.

(c'est aussi le titre par lequel j'ai voulu ouvrir un de mes albums)

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Rêve de postérité

Rêve de postérité

 

Derrière un voile de flou, de vague,

Je vous regarde et je perçois,

Comme à travers un voile de soie

Ou derrière une vitre embuée

Où des vapeurs multipliées

Ont déposé des couches de gris,

Ou comme après un long tournis,

Un monde où les vaguelettes en ondes

Voguent,  plissées d’un ricochet,

S’en vont flottant comme un mirage.

Et plus l’envie d’y voir plus clair

Me prend et plus grandit ma rage

Et je voyage dans un tunnel

Où la brume enveloppe la clarté.

Mais, à force de bonne volonté,

Je me propulse et vois le ciel

M’ouvrant les bras de l’éternel.

Je fonce comme une comète ailée ;

La lumière est ma chevelure

Et les étoiles de la quiétude

Sont les dauphines de mes succès,

Les témoins de mon grand accès

Au rêve de la postérité.

 

Khadija, Agadir, Vendredi 21/12/12

© Khadija ELHAMRANI

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Eau mère

12272847460?profile=originalEau mère

 

Croute du temps

Comme une orange

Fluide éternel

Zébrure d'orage

Enfantement

Nuit étrange

Taches d'un soleil

A jamais évanoui

Pointements d'aurore

Halo de brume

Lumière qui jaillit

Implosion d'une présence

A la source d'écume

Ecriture plasmophore

D'avant toute science

Odyssée pour une goutte de vie

Hors du temps

Au-delà de la vie.

Michel Lansardière

 

Illustration: agate à eau ou aérohydre  (Brésil).

Ce rognon d'agate a été poli de manière à laisser apercevoir par transparence lorsqu'on bouge la pierre l'eau, et une bulle de gaz mobile, qui est restée emprisonnée dans le minéral après que toute la silice que la cavité contenait se fut cristallisée. Une géode fermée comme un reliquaire de la liqueur-mère, un oeil ouvert sur l'origine du monde.

A Roger Caillois et Dina Level.

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administrateur théâtres

 "Sous le Ciel de Paris"    12272845692?profile=originald'après LE BESTIAIRE DE PARIS  de Bernard DIMEY     et de nombreuses  chansons de Juliette GRECO du 6 au 10 novembre à 20h30

                Avec Amélie SEGERS   comédienne / chanteuse     accompagnée à l'accordéon par   Adriano Malaguarnera

                Mise en scène Bernard DAMIEN  à l'XL Théâtre         

« Le Bestiaire de Paris est sans doute l' oeuvre de Bernard DIMEY la plus ambitieuse et la plus achevée. Ce long poème, accompagné à l’accordéon par son ami Francis Lai, jette une lumière crue sur Paris, ses misères, ses crimes et ses vices. Portraits, croquis noirs à la Goya, grincements de dents d’un humour désespéré, détachement narquois d’un regard accoutumé au drame, imprécations prophétiques sur l’effondrement à venir de Paris, instantanés d’un passé magnifique, l’oeuvre de Dimey est effrayante et savoureuse. Interprété notamment par Juliette Gréco, Pierre Brasseur et Mouloudji qui, tour à tour, ont avancé dans ce Paris de nuit, de rouille, de fièvre et de compassion."

Bernard DIMEY  débute sa carrière à  la radio, puis - rapidement - écrit dans la revue ESPRIT . Il s'intéresse à la peinture (il a peint sous le nom de Zelter). Il s'installe à Paris à 25 ans sur la Butte Montmartre qu'il ne quittera plus ! Il y fréquente tous les bistrots à la belle époque où les touristes laissent encore place à la réelle identité de la Butte ... C'est là, aux belles heures de la nuit, qu'il côtoie "les poivrots, les putes, les truands, les artistes". Il commence à écrire ses poèmes, il les déclame à plein poumons dans ses repaires enfumés. Il propose ses chansons à Yves Montant, Charles Aznavour, Serge Reggiani, Henri Salvador, Patachou, les Frères Jacques, Mouloudji, Jean-Claude Pascal et ... à Juliette GRECO, à qui nous rendons hommage tout au long du spectacle. Bernard DIMEY  a également écrit des scénarios et des dialogues pour le cinéma. Avec sa  soif d'absolu, il aurait aimé croire au superbe paradis de son enfance. L'appétit de vie de cet ogre chaleureux qui brûla la chandelle par les deux bouts ne saurait cacher son mal de vivre et la menace obsédante de la mort qui pesait sur lui. Pour Bernard Dimey, la poésie c'est « mettre sa nuit en lumière ». Cette belle métaphore de Jean COCTEAU, il la reprend à son compte dans les poèmes du « Milieu de la nuit ». De l'avis de toutes ces vedettes qui l'ont bien connu, Bernard Dimey était un « être démesuré » qui se demandait pourquoi il vivait souvent avec les « nains ». Amoureux inconditionnel du monde de la nuit et de  Montmartre, Bernard DIMEY a composé - entre autres excellentes chansons -   Syracuse, Mémère, Mon truc en plume etc. qui ont été interprétées par des géants de la chanson française. Pour notre spectacle, Amélie SEGERS et Bernard DAMIEN se sont concentrés sur les chansons interprétées par Juliette GRECO, une autre "géante",  fer de lance de la très belle et très bonne chanson française.

L'XL Théâtre a choisi ce soir de s’habiller en tenue cabaret. Cabaret  Parisien qui plus est, ou  bohême qui n’est plus. Même si le ciel de Paris ne peut être que  le ciel  de Paris, éternel ! Le bord de scène n’est rien moins que  La Seine. « Accordez-donc l’aumône à l’accordéon… »  L’accordéoniste coiffé en titi de Paris effleure les boutons de nacre, un fin sourire Gabin fiché aux lèvres, comme une cigarette.

 C’est alors que surgit une voix profonde  et belle : mais où donc est  la chanteuse ? Enfin on l’aperçoit, elle marchait  droit dans le noir, surgit  telle un profil de belle  égyptienne et se fond en diva juvénile, an deux mille. Un fourreau noir découvre juste l’épaule et un bras, les jeux de lumière pétillent sur cette seule partie de physionomie dévoilée au public. Les yeux et les postures discrètes et déférentes pour les textes qu’elle va interpréter font le reste. La voix déclame et chante tour à tour. A capella parfois, dans un silence de salle gourmande de mystère qui ose à peine respirer. « Dans la rue des blancs manteaux… » Une chanson écrite par Jean-Paul Sartre pour la jeune Juliette Gréco.  La voix raconte, non, invite le public dans la confidence des quatrains en alexandrins du  Bestiaire de Paris  de Jean Dimey et celle des  vers d’Apollinaire. : «On a vu remonter du fond des eaux de Seine des femmes sans regard au masque mystérieux,
Filles mortes d'amour et que le fleuve entraîne, Lorelei à Paris n'a plus rien dans les yeux.»

« Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
 »

La confidence de l’amour de Paris. Le Paris-Canaille de Ferré chanté par Juliette, non par Amélie Segers. On s’y perd !  Le Paris étourdissant, le Paris d’étranges mandigots.   Le Paris disparu de la folle ivresse de la jeunesse. Le Saint-Germain-des-Prés d’avant les pessimistes en service commandé par la sinistrose. La  diction de la jeune femme est aussi belle que ses yeux. Regard de biche ou de licorne ? Toute syllabe semble un lâcher de perles, les lèvres à peine fardées s’arrondissent sur de la beauté vocale qui transmet lentement son infusion de poésie. Une rivière perdue dans une prairie.  Le texte se cisèle, prend forme en ondes énigmatiques et ravit l’oreille. La musique soutient avec légèreté le propos qui est poésie en personne. On flotte dans l’intemporel, les mots font naître les images, on se promène dans le Montparnasse d’il y a 50 ans. "Un village autrefois s'appelait Montparnasse, le génie poussait là comme dans un jardin, Les femmes posaient nues au tarif de la passe pour Pablo l'Espagnol ou les peintres mondains."

C’est une épure d’une simplicité naturelle : une voix nouvelle a largué totalement  les accents parigots, saisit l’envers des mots et partage avec le public leurs intimes secrets.  

 

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Coup de Blues for Bouffémont

Coup de Blues for Bouffémont

 

Arc-en-ciel de sentiments

Vague d'écume mêlée de gris

Forces insoumises, déchaînements

L'aménagement du dérisoire aigrit

Las, évacuer le sordide secourt

Difficulté de composer, trahir ou se renier

Mon tendre espoir, dernier recours

Faire coïncider le vécu et le rêvé

Passer la quarantaine sans rester à quai

Simplement être et ne rien posséder

Se perdre et se retrouver

Un homme, cet intestin alambiqué

Château de cartes bâti sur du stable

Petit miracle, grain de folie raisonnable

Et l'amour que l'on croyait mort meurt

Mais même mort dort et ressuscite.

Michel Lansardière


Quand la nostalgie vous étreint...

http://youtu.be/EpoXAPewNdY

Bud Powell, pianiste et compositeur de jazz américain, né à New York en 1924. Sa vie est émaillée de traits de génie et de drames personnels, avec de nombreux séjours dans des hôpitaux psychiatriques (le 21 janvier 1945, en compagnie de Thelonius Monk, il fut roué de coups par des policiers. L'alcool et la drogue n'arrangeront rien). Il s'installe à Paris en 1959. En 1963, il contracte la tuberculose, ce qui lui vaudra un séjour au sanatorium de Bouffémont en Seine-et-Oise (Val d'Oise). Il meurt à New York en 1966, rongé par la maladie, l'alcool et la malnutrition.

Une de ses dernières compositions (1964) fut ce Blues for Bouffemont. C'est dans ce petit coin de France où je suis né, mes amours mortes se rappellent à mon souvenir. Coup de Blues.

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Yo l'oiseau

12272842880?profile=originalA Suzanne Walther-Siksou,

Yo l'oiseau

 

Yo, joie, joyau

Joyeux joyau

Oeil de ténèbres, eaux profondes

Larme du ciel, goutte d'onde

Perfection triomphant du chaos,

De la question ; indicible mystère

Reliant la terre à l'éther

Montjoie, bibelot

Joyeux joyau.

Michel Lansardière


Avec une pensée à Jean Tardieu et à Jacques Prévert, leurs regards, leurs couleurs. Et à la part d'enfance qui est restée en chacun de nous.

Illustration : agate (lithophyses de l'Esterel ; photo L.M.)

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administrateur théâtres

MONSIEUR Y PERD LA TETE au théâtre le Public

12272732654?profile=originalComi-tragédie musicale surréaliste

MONSIEUR Y PERD LA TETE

d'YVAN TJOLLE et STÉPHANE ORLANDO
Avec : Yvan Tjolle (jeu et chant), Benoit Bosschaert (guitare, glockenspiel, accordéon et ukulélé) et Sébastien Taminiau (violon et contrebasse).

DU 06/11/12 AU 31/12/12

C’est l’histoire d’un homme qui perd la tête, puis qui la retrouve… Mais ce n’est pas tout à fait la même ! Comi-Tragédie Musicale Surréaliste pour un acteur-chanteur et deux musiciens multi-instrumentistes, Métaphore burlesque et initiatique, « Monsieur Y » nous prend par la main et nous invite à un voyage fantastique. Dans son univers rêvé, il nous raconte une étrange journée, peuplée de personnages décalés, entre Tim Burton et Magritte, de l’homme sans tête à l’énigmatique chapeau boule, en passant par une noyée fascinante ou un homme à quatre bras. Illusions, mystères, présence ou fiction, rires et émotions façonnent les reflets d’une aventure intérieure où se joue de façon follement poétique une recherche de sens et d’amour…

Monsieur Y a perdu la tête ?  Y le pronom ou Y le prénom ?  Tout commence par là. Ou Ici, si vous voulez ! Un concert-spectacle fantastique et  déroutant ! Passez devant et suivez-moi!  C’est  sûrement sur  votre route. Une route en forme de Y , prenez-la ! Cela ressemble à un homme  debout sur la scène d’un  cabaret qui serait  soudain saturé  de poésie. Les mots jouent à se saisir, à se prendre les uns pour les autres,  à rivaliser de sens cachés, à suggérer l’invisible. A prononcer l’un, on tombe sur un autre ! Rencontres taquines !  Et les deux anges gardiens, musiciens de leur état, sont des complices rêvés pour la  chorégraphie onirique d’Yvan Tjolle.

Magie théâtrale et humour aidant, c’est un immense  sourire et une voix qui valsent avec des  instruments de musique qui sortent du noir pour vous surprendre dans votre maison Ikéa.  C’est de l’amour fusionnel  descendu sur des planches qui valse avec la mort. L’amor ? Tout  en découle. Coulé dans l’humour et la soif de  tendresse.   C’est prenant, c’est clair-obscur et noir-lumineux. On en ressort, l’esprit et le corps rincés à neuf. Un baptême d’amour pour foule sentimentale, son  eau miraculeuse a  jailli de toutes parts. Personne n’est exempt du regain de vie ! Ne cherchez plus,  vous y êtes, dans la maison invisible !

Les spectateurs applaudissent à tout rompre, l’artiste continue de bis en bis,  complices !

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TALONS AIGUILLE

12272842675?profile=original(C.HARDENNE,  dessin àl'encre,  1981)

 

Si fins infiniment tes deux talons aiguille

Marquent l’heure d’aimer aux cadrans de mes jours

A mes nuits chair de lune et leur pointe me vrille

Et le corps et le cœur dont s’emballent les tours

 

 

 

Archipels de mes nuits rivière sans retour

Tes pas claquent au cœur des ténèbres – Magie

Du silence cloué comme Christ à rebours

Trotteuse de mon cœur Amour Le temps vacille

 

 

 

Tel un soûlard rivé aux tavernes infâmes

Et m’imprime à jamais comme une odeur de femme

Le rythme de tes pas dans le flux de mon sang

 

 

 

Pèlerin ébloui de miracle en prodige

J’irai prier souvent dans ce temple indécent

Dont les colonnes sont tes deux talons vertige

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administrateur théâtres

 12272836281?profile=originalLe décor blanc crème est lumineux. Habit vert, maquillage d’oiseau, pied léger et aile d’Icare dans la rondeur du bras, un perroquet subversif entre par un pli du rideau et danse, en transe. Transcendance ?   Il rencontre un philosophe en costume blanc, Momo (ah les mots !) et son adversaire immédiate,  Lola, une femme africaine brûlante d’amour, fagotée dans des robes de couleur vive.12272836882?profile=original Le divan (vert perroquet),  lieu de parole, a un ennemi derrière le rideau: la vie charnelle qui vagabonde en jeux d’ombres sur un lit défait, blanc, lui aussi. Devant le rideau se balance  un trapèze pour les acrobaties verbales. La nuit, la cage se ferme, Loulou dort et Lola se dispute l’amour du philosophe. Conflit dans le triangle  à cause du monstre à l’œil vert, qui sème la pire des graines de jalousie. Toute la pièce est bâtie sur l’éclatement imminent du conflit. Il faudra que le philosophe choisisse. Choix douloureux. Ou la logique exclusive  du « ou… ou »  ou la logique  inclusive du « et.. et ». Devinez cependant qui  gagnera… Rêve d’Icare, l’envol ne peut se faire qu’à l’aide du verbe. Elémentaire, mais triste pour la partenaire  terre à terre du philosophe. Le vert vire au rouge.

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Il est si beau en scène, cet homme perroquet danseur, caqueteur, drôle et spirituel. On s’amuse à ce spectacle comme à un vaudeville. Elle, si charnelle et présente, cette compagne que le philosophe dit avoir dans la peau.

Être libre pour être enfin...

Le spectacle est étonnant, ce qui est bien pour la philosophie. Le jeu est miroitant, le verbe et les bruits d’oiseaux fusent, la forêt équatoriale même présente tous ses envoûtements.  Une heure pleine comme la lune : de la  poésie, du quotidien, du rire (Bergson es-tu là ?), de l’amour et des gestes gracieux.12272837481?profile=original

Le Philosophe et le perroquet

de Jacques Sojcher, Création

 

Avec Consolate Sipérius, Franck Dacquin, Francis Pedros

Scénographie : Dominiq Fournal

Chorégraphie : Francis Pedros

Lumière : Christian Halkin

Assistante : Fabienne Crommelynck

Mise en scène : Dolorès Oscari

Réservations au 02/538.63.58 ou à reservation@theatrepoeme.be  

Le Théâtre-Poème et les Jeunesses Poétiques A.S.B.L.
30, rue d'Ecosse - 1060 Bruxelles (Saint-Gilles)
http://www.theatrepoeme.be

 

du 27 au 30 septembre 2012

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L'arhant.

12272835664?profile=originalL'arhant

 

De l'arhant la lumière sourd

Indifférent au monde qui l'entoure

Théâtre d'ombres, parfaite orchestration de reflets

D'une calcédoine trouble sur le front rond

De l'ascète touchant à la révélation

surnaturelle de la création, mystique creuset,

dans un bleu crépusculaire fantomatique

Tendant l'ostie dans une grande communion bouddhique

Union sacrée du ciel et de la terre

Céleste emprise, station sanctuaire,

Part des songes vouées aux céraunies

Le premier matin du monde n'est qu'un cri.

Michel Lansardière

 

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administrateur théâtres

12272834452?profile=originalCe nouveau spectacle des Baladins du miroir est un divertissement théâtral doublé de satire, ourlé de bribes poétiques, bourré de truculence  et combiné avec des numéros d’acrobatie faisant partie du drame, au sens propre. C’est une façon très appropriée de donner vie à la galerie de personnages du  chef d’œuvre  de Vladimir Minac, auteur slovaque: «  Le producteur de bonheur» (1964). Une façon de débusquer le désir de bonheur qui se cache dans les interstices de la réalité.

Il y a cette séquence inoubliable de l’homme virevoltant dans son cerceau géant, hésitant comme une pièce de monnaie qui roule sur une table. Pile ou face ? Deux côtés de la réalité. La créativité et la liberté s’invitent de toutes parts : depuis l’excellente  dramaturgie et  mise en scène de Nele Paxinou jusqu’à l’extraordinaire « conception et mise en espace des rêves » de Marco Taillebuis. Oui, vous avez bien lu. Dans cette histoire imaginaire et cocasse il y a un double fond : trois terrifiantes incursions  dans le rêve ou dans le cauchemar kafkaïen.  La création musicale trouve également sa place puisqu’une « musical band » de personnages tous habillés de noir à la Charlie Chaplin s’empresse d’effectuer les changements de décors, sous forme de jongleries, tout en  jouant trompettes, violons et accordéon. Un peu intempestifs parfois.12272834484?profile=original  Les décors dynamiques dont l’imaginatif concepteur est Lionel Lesire convoquent le surréalisme et  la dimension onirique. Eclairage et costumes  de saltimbanques donnent une touche finale d’illusion  bienvenue sous un chapiteau qui ouvre sur d’autres réalités.

12272834864?profile=originalEn attendant Tobago ou la promesse d’une île.  L’histoire est celle d’un escroc bouffon et de son valet, tous deux paumés.  Frantichek Oïbaba a le verbe haut  et le gosier en pente. Il promet une île à son valet et il en fera le roi! Avide du rêve de bâtir des entreprises florissantes, cet original fait miroiter à ses  proies le rêve, le voyage, la liberté, la fantaisie dont l’auteur, écrasé par le régime communiste, semble avoir rêvé lui-même. L’escroc de troisième classe choisit l’oisiveté pour lui, l’exploitation pour ses « associé(e)s ».  Oïbaba, sorte de Don Quichotte de l’Est, part à l'assaut de la dictature, de la bureaucratie et de la pensée unique. Il se dit être un homme libre qui a le courage d’être différent et de s’extraire de la fourmilière.  « Saisir son couteau à rêves et ciseler l’avenir.» « Tenter sa chance ! Ça veut dire sortir du rang. Rêver à un destin unique. Tout qui marche dans un régiment, veut en sortir. » On est bien d’accord et c’est la phrase qui fait tomber toutes les défenses de ses collaborateurs forcés.12272834686?profile=original

Et ce gueux abusif,  porte-parole du droit à la liberté sera gagné par la chaleur de la fraternité. Il se définira à la fin comme escroc honnête, le fils prodigue d’un autre temps. Le propos est chaleureux, parfois grave,  la mise en vie des personnages burlesques est bouillonnante et baroque, à mi-chemin entre le théâtre et le cirque.

 

Le texte a été traduit par Maja Polackova et Paul Emond.

Sur scène: Robert Guilmard (Ojbaba), Alexandre Dewez (Lapidus), Jimena Saez (la
veuve), Sophie Lajoie (Kataerina), Diego Lopez Saez, Geneviève Knoops (l’épouse
du peintre), David Matarasso, Simon Hommé, Aime Morales Zuvia et aux instruments
Grégory Houben ou Johan Dupont, Aurélie Goudaer,  Wout De Ridder)…

http://www.lesbaladins.be/b_fr.html

 

Du 20 septembre au 6 octobre 2012
Sous chapiteau non numéroté – Parking Baudouin Ier  http://www.ateliertheatrejeanvilar.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=482

 

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administrateur théâtres

Pylade (Le Rideau de Bruxelles)

"Chaque victoire est aussi une défaite." Après Affabulazione et Bête de style, le Rideau poursuit l'exploration du théâtre de Pasolini. Tout est à découvrir dans ce spectacle. "Incandescence poétique".(Musiq3-RTBF) / "Du théâtre à mains nues." (Le soir) Pylade (13 > 29.09)

 

Pylade
12272832455?profile=originalRéalisation dramatique magistrale, trois heures de spectacle, trois ans de travail assidu, une grosse vingtaine d’acteurs, composition électro-acoustique, voix divinisées, dans un lieu tout nouveau, un an à peine, découvrez cette perle à deux pas de la gare de L’Ouest.
Mais la gare de l’Ouest, où est- ce ?
 
Une pièce de politique, un jour d’élections, le 13 juin 2010. De quoi faire encore plus réfléchir. Le texte est tour à tour savant et obscur, comme les Euménides et les Erinyes. Raison et passion s’affrontent. Oreste veut bien faire. Electre est extrême: « Et dans ma haine il y a plus d’amour que dans toute ta fraternité ! » Elle est d’une fidélité statique à sa loyauté pour Agamemnon et court garder le feu aveuglant qui illumine la grandeur du passé.
 
Oreste bâtit la démocratie et ses institutions, vainc la dépendance de la religion, donne la richesse à ses concitoyens. Pression du sénat, rupture d’Oreste et de son ami Pylade. A la façon du roi Henry II et Thomas Becket. Pylade est autre, doté d’une grâce mystérieuse, il transpire la loyauté, la générosité, un homme idéal, sans racines dans l’orgueil royal. Il rassemblera tous les affamés, les démunis, les désespérés. Oreste : « Si nous avons fait de la raison une divinité, alors j’adore Athéna. » Pylade est incrédule.
 
 12272832473?profile=originalElectre et Oreste doivent se réconcilier « Rien de réel ne nous sépare » Paroles prophétiques ? « Car rien n’est pire que la guerre ! » Partout on entend grondements d’orage ou de guerre. Des poules bien vivantes picorent la scène entre les chaises dispersées des spectateurs, dans le décor démesuré de cet entrepôt surréaliste. Elles sont innocentes.
 
Sous les jeux de lumières totalement parlants, les acteurs sont magnifiques dans leur grandeur et leur petitesse. Oreste clame encore : « On est prêt pour votre victoire, sauf le Destin, c'est-à-dire le Réel ». Dix ans de guerre contre une nuit révélatrice où la seule révolution réelle est celle qui nait de la profondeur des êtres: en une nuit la haine peut soudain disparaître à tout jamais cependant que résonnent les pas réguliers d’une femme en marche.
avec votre carte de Quelle Passion deux entrées pour le prix d’une.
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administrateur théâtres

« Orphéon » ouvre la saison au théâtre Le Public,

12272732654?profile=originalHistoire d'ici  ORPHEON

de STANISLAS COTTON
Mise en scène : Virginie Thirion Avec : Pietro Pizzuti et Alexandre Trocki

DU 07/09/12 AU 20/10/12

 « Orphéon », est une pièce magistralement interprétée par un duo de comédiens splendidement contrastés, qui exposent leurs sentiments et leurs rêves avec tendresse infinie. Une pièce qui porte l’espoir de faire bouger le monde, car l’inertie tue.

Un décor tout blanc. « Sans rêve, il n’y a rien » Une citerne de mots. Un flot de sentiments. Du théâtre à fleur de peau, à fleur de cœur. Bref,  du théâtre sensible. Un poète, Orphéon Bilboquet - nom impossible, mais un nom bien d’ici, rapport aux tableaux de Magritte… -  et Elmer Etcetera, un politicien se rencontrent dans un muséum. C’est le coup de foudre, celui qui arrive toujours quand on l’attend le moins, ici et maintenant devant l’éblouissant contrejour d’un nu féminin peint  par  Pierre Bonnard.

 Las,  l’écrivain public n’a pas de plume (étrange… ) mais le politicien lui donne sa carte. Deux fabricants de rêve se sont trouvés, expriment leur amour, clament différences, célèbrent leur amour du changement, leur vision de l’avenir, leur espérance, leur bonheur d’être ensemble. «…En l'amitié dequoy je parle, elles se meslent et confondent l'une en l'autre, d'un meslange si universel, qu'elles effacent, et ne retrouvent plus la cousture qui les a joinctes. Si on me presse de dire pourquoy je l'aymoys, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en respondant : Par ce que c'estoit luy, par ce que c'estoit moy. »12272829491?profile=original  Lui : «  Et si on inventait des rieurs publics qui combattent le mensonge ?» Lui : « comment pourras-tu faire le métier de politique sans mentir ? ». Lui : un poète qui jamais n’écrirait une lettre de dénonciation ?  Surréalisme, sans doute.

Mais, « Combien de temps dure la joie ? » Voilà que survient  le cauchemar qui n’a rien d’irréel, le jeu de massacre. La plongée en apnée dans la  désespérance. La dénonciation absolue de la perte, de la souffrance, de la mort, de l’insupportable absence. Orphée a perdu l’amour de sa vie. Les coupables sont un septuor de forcenés transcontinentaux, et parmi eux,  un raton laveur. L’un de ces êtres spécialisés en ratonnades… Le raton laveur  bien évidemment  s’en lave les mains et lave tout, plus blanc… Orphée nous retourne un regard plein d’humanité, et égrène des phrases qui touchent au plus profond : «  Dans le miroir, c’est l’autre que tu dois apprendre à connaître ! «  «  Raton, procède au nettoyage ; ampute-toi de toi-même ». « Je ne suis pas l’ennemi, je suis l’autre… »

Seul : « Je n’aime ni le baseball, ni le tango. Lorsque tes yeux plongeaient dans les miens, ils faisaient grandir ton sourire, le mien s’élargissant »… « Où porte ma plainte ?» « Sans rêve, il n’y a rien » Des phrases qui laissent trace dans notre mémoire.

http://www.pietropizzuti.be/Orpheon.html

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=316&type=1

L'invité du Théâtre Le Public : Pietro Pizzuti - samedi 22 septembre 2012 De 18h00 à 19h30, entrée libre: bienvenue à tous! Réservations vivement souhaitées avant le vendredi 21 septembre 2012 au 0800/944.44! Pietro Pizzuti est un Homme de Théâtre, avec un grand H et un grand T. Ou bien est-il le théâtre fait homme ? Auteur, Acteur, metteur en scène, traducteur,… Artiste en résidence au Public, il ouvre la saison dans « Orphéon », magnifique texte que Stanislas Cotton a écrit en pensant à lui. Venez l’écouter nous parler de son métier d’artiste, de ses passions et de ses engagements humains au micro indiscret d’Éric Russon !          

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Songe calédonien

12272824073?profile=originalSonge calédonien

 

Surface lisse, peau serpentine

De ton cortex se dessine

Un front barré de rides

S'écoulant dans leur sablier

Creusant un regard vide

Qui se fixe au-delà du limier

Cherchant dans ses larmes colloïdes

Une bouche esquissée, livide

Un rire à jamais étreint

Dans une gorge nouée

Pétrifiée, aphone, garrottée

Masque de boue énucléé

D'une beauté figée au pilori

Née du hasard, au biribi

Pureté minérale, primidi

Terre oubliée, paradis ?

Aucune lueur ne s'éteind

Dans deux yeux ocelles

Devant tes yeux oscille

Une nuée de mouches noires

Nul vent, miroir de moire

Jardin zen que tu contemples

Qui te cultive et qui te hante

Pierre-aux-masures, improbable temple

Où tes mains jointes, implorantes

Cherchent la trace devinée

De ta propre destinée.

 


Illustration : serpentine métamorphisée (péridotite/dunite) de Nouvelle-Calédonie. J'ai malencontreusement brisé cette belle roche, qu'importe. Qu'en sera-t-il de nos os ?

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