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CHOIX?

Entre ce temps en trop et puis le temps trop court

La vie désarçonnée balance à qui mieux mieux!

Entre désir d'ailleurs et sublimer le présent

L'esprit trop compliqué ne fait que perdre son temps!

Entre l'amour passion, improbable tendresse...

Faut apprendre à garder malgré tout l'allégresse!

Entre soir et matin s'offrir de folles nuits

Pour surprendre l'entrain et oublier l'ennui!

Entre regrets et vie, nous ôter de la gorge

Ce nœud si fort ancré que parfois l'amour forge...

Et puis ouvrir les yeux au crépuscule du temps

Et renoncer enfin à tous les contretemps!

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Soulevons le rideau...

12272951883?profile=originalLes marionnettes sur l'eau, une tradition unique née il y mille ans au nord du Vietnam dans le delta du Fleuve Rouge.

Je vais vous les présenter.
Dans une région où la riziculture occupe pourtant beaucoup de temps (deux récoltes par an contre trois dans le delta du Mékong), il faut bien se distraire. Poètes et paysans, les marionnettistes, plongés dans l'eau jusqu'aux cuisses, cachés derrière un écran, manipulent leurs pantins à l'aide de tiges de bambou de plusieurs mètres, de pinces et de poulies. Les marionnettes sont sculptées dans du bois de figuier, peintes et laquées, d'une quarantaine de centimètres ou plus, articulées ou à systèmes (chaque corporation protégeait ses trucs et astuces). Un savoir-faire, un tour de force (certaines marionnettes peuvent peser une quinzaine de kilos et exiger plusieurs manipulateurs).

Si le spectacle peut encore être vu à l'occasion dans le village de Sai Son à l'ouest de Hanoï, dans l'étang de la pagode Thay du XIe siècle dédiée au maître Tu Dao Hanh, l'un des fondateurs de cet art, c'est surtout à Hanoï que vous pourrez les voir, notamment au théâtre Thang Long. Et cela tombe bien puisque la représentation est accompagnée par un orchestre de qualité.

12272952093?profile=original12272952884?profile=originalMusiciens traditionnels et chanteuses cheo (opéra populaire) soutiennent l'action, rythment et ponctuent les scènes, vivent chaque situation.

12272954056?profile=originalJustement les saynètes s'enchaînent, travail (pêche, chasse, travaux des champs...), danse (du dragon, du phénix, des fées ou de la licorne), jeux (jeux d'enfants, chasser le renard pour sauver le canard...) et légendes (les héros du mont Lam Son, la restitution de l'épée magique) en sont les thèmes.

12272953688?profile=original12272954270?profile=originalUn spectacle à la fois savant et populaire, vif et enjoué, avec son Monsieur Loyal, Oncle Teu, bouffon caustique, et animaux fantastiques. Un patrimoine bien vivant, une inscription sur une stèle (la pierre de Sung Thieu Dien Linh de la pagode Doi à Duy Tien) datant de 1121 commémore "Un spectacle de marionnettes sur l'eau fut donné pendant les fêtes de la longévité royale", et, si bien des codes nous échappent, j'espère par cet article vous avoir donné envie de voir cet art de l'eau, d'autant qu'une troupe est souvent en tournée*.

Alors longue vie aux marionnettes sur l'eau !

Michel Lansardière (texte et photos)

* par exemple au festival mondial de la marionnette de Charleville-Mézières, jusqu'au 29 septembre 2013 (bien que je ne crois pas qu'elles s'y produisent cette année).

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administrateur théâtres

Cette année marque la commémoration de la mort du plus illustre enfant de Liège : André GRETRY.  Le concert d’ouverture de la saison de l’OPRL commence par une longue suite d’extraits de son opéra « la Caravane du Caire ».  Le soliste, Marc Bouchkov,  prévu pour ce concert , n’a pas pu pour des raisons de santé, jouer le Concerto n° 5 de Vieuxtemps, autre valeureux compositeur liégeois qui était au programme Par chance, le célèbre violoniste Boris Belkin, fidèle ami de l’Orchestre, a accepté de prêter son archet en dernière minute  pour remplacer  le violoniste, moyennant un changement de concerto, compte tenu de l’urgence. Boris Belkin se retrouve donc ce soir aux côtés de Christian Arming et de l’OPRL, pour nous interpréter  le 1er concerto pour violon de Max BRUCH. C’est la Symphonie héroïque de Beethoven qui clôturera ce splendide concert.

 

12272947277?profile=originalEntrons donc par l’imaginaire...

...dans  cette nouvelle saison 2013-14 qui s’annonce très orientale, avec des extraits de la Caravane du Caire. L’accueil des hautbois est particulièrement festif. Et tout de suite le spectateur entre dans le jeu de Christian Arming, jeune chef d’orchestre pétulant à l’extrême. Quand on dit s’identifier aux personnages d’un roman, cela semble une banalité et on imagine peu que l’on puisse s’identifier à un chef d’orchestre! Mais c’est le cas pour ce concert.   Christian Arming aurait-il fait un détour par l’Actors Studio, que l’on n’en serait nullement surpris car il tire avantage d’une identification physique, affective et psychologique totale au personnage, pardon, à la musique !  Folâtre, il  caresse tour à tour la vaillance, l’humour et la légèreté. Ses tranches de musiques sont impétueuses, presque au bord du pastiche de la musique de cour, tous siècles confondus. On accueille tantôt le pittoresque de danses villageoises tambourins à l’appui, tantôt la gravité et la solennité d’une procession envoyée  par les percussions mêlées aux vents et aux cuivres secs. C’est le désert et les caravanes, n’oublions pas! Le chef d’orchestre conduit la Caravane de l’arrondi des poignets, aux pointes des genoux. Un long crescendo orchestral  très bien amplifié s’arrêtera brusquement. Juste encore quelques accords joyeux pour l’arrivée au point d’orgue.

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Boris Belkin nous plonge dans un romantisme mordoré aux accents slaves. Son premier solo est repris avec une puissance dramatique exceptionnelle par l’orchestre  (percussions, cors majestueux, hululement des bassons) dont on oublie le chef pendant de longues minutes, tant Boris mobilise l’attention. Le violon seul respire l’émotion et palpite de virtuosité. L’orchestre ondoie sous les rubatos. Détresse humaine, sanglots sont soudainement éteints par quelques coups de maillets, de la douceur du duvet. Mais l’orchestre reprend. Le sentiment débouche sur la passion et  on n’a toujours d’yeux que pour le violoniste. Ses notes aiguës : plus pures que le cristal ? Non ! Des jets de lumière. Aux longs murmures de l’orchestre succède le thème, à son apogée. Le sourire du violoniste flotte sur l’amplitude de l’Adagio incandescent. Le chef d’orchestre a quitté une conduite que l’on croyait sage. C’est le déchaînement.  Il cueille au sol les arabesques et courbes musicales et  le reste n’est que flamboiements.

 

Dans  la Symphonie héroïque de Beethoven, la conduite de Chris Arming se fait  féline et athlétique. Il y a des effets grandioses et des retenues délicates et frêles. Il mélange Vulcain à sa forge et la grâce du troubadour. Il dessine avec intelligence un réseau de dynamiques complexes. Des grésillements secs de violons sculptent le silence entre chaque envolée lyrique. Les cuivres séducteurs s’interposent entre les coups du Destin et les avalanches de cordes. Une mélodie presque tendre s’échappe de l’ensemble guerrier. La première violon est la passion personnifiée et le reste de l’orchestre est rutilant comme l’armure homérique d’un guerrier grec. Dire que ce n’était que le premier mouvement ! La vision lugubre de champs de bataille envahit le deuxième mouvement. Chris Arming  par  mimiques labiales, provoque tour à tour le fracas puis le fait  taire. Les violons esquissent un tempo de valse, des larmes plein les archets. Les cymbales sonnent des avertissements mais les violons retrouvent leur motif encore plus adouci et immatériel. Les cors tiennent de  longues notes comme si des  vies étaient  en train de s’échapper à regret. Christian Arming conduit devant et  derrière lui, de face et de côté. Son expressivité est exceptionnelle, sa coiffure sage d’English schoolboy virevolte au vent musical.  Le thème revient dix fois, en échos dansants comme un fil d’or précieusement retrouvé. Des violons magiques fleurissent autour de ce fil ténu: celui de la vie, celui de la liberté ? Cela se métamorphose en chant victorieux et ovations enthousiastes du public.  

 

Christian Arming direction - Boris Belkin violon -  Orchestre Philharmonique Royal de Liège
André-Modeste Grétry, La caravane du Caire, extraits Max Bruch, Concerto pour violon et orchestre n° 1, op. 26 Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 3, op. 55, "Eroica"

 http://www.bozar.be/activity.php?id=13165&selectiondate=2013-09-26 

 

 

Ce vendredi 27 septembre à 20h, à l'occasion des Fêtes de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Musiq'3 a diffusé en direct ce concert d'ouverture de l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège.

 Vous pouvez donc réécouter ce concert! Ici: http://www.rtbf.be/radio/player/musiq3?id=1856832

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La gaule vaurienne.

 

Les  yeux  rivés  sur  l’écran  qui  accroche  ses  émois,

Le joueur tue des mortels, par procuration devient

assassin d’une autre vie, puis s’enfuit comme un chamois,

sautant de briques en rocs  dans un décor diluvien.

 

Il oublie son propre corps  et déjeune d’expédients,

Pour un ultime  combat  qu’il  ne peut abandonner,  

Encore  dix  de  tués, tant  pis  pour  les  assaillants,

Féroces et plus nombreux qui se sont fait couillonner.

 

La vie n’est qu’un jeu libre bien facile à massacrer,

On  y  joue  en  famille  histoire  de  rigoler,      

En attendant le départ, pour aller se faire sucrer,

Chez le juge pour enfants parc’ qu’une vieille on a gaulé.

Claudine QUERTINMONT D'ANDERLUES.

 

*gaule : bâton, faire tomber, attraper les fruits avec cette  technique.

 

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administrateur théâtres

« Matière à Rire »

Voilà une belle mort sans doute que celle de mourir de rire ! Mais plût au ciel que nous restions bien vivants et le plus longtemps possible ! D’ailleurs le texte de Véronique Dumont " Album ou les chevaliers, c’est une autre histoire " - contrairement au titre de la pièce - est très clair là-dessus : « Une des personnes du groupe : Tu as une dernière volonté ? Lui : Je veux pas mourir. »12272948653?profile=original

Véronique Dumont s’est emparée d’un sujet tabou pour notre société : La mort. La mort est la seule certitude humaine que l’on a, quant à notre avenir. Notre société en retarde le moment et en adoucit les conditions - l’aseptise et la cache - mais elle continue à faire peur et à hanter les Arts et les Lettres, de la musique à la philosophie. L’auteur de cette création a donc eu pour intention, non de banaliser la chose - la vie et l’actualité s’en chargent suffisamment - mais d’apporter au spectateur quelque chose qui lui fasse du bien. 12272949474?profile=original

Quelque chose qui le distantie de son angoisse. Cetains utilisent la philosophie ou le cheminement spirituel. Pour l’auteur et metteur en scène, LE RIRE est une thérapeutique efficace. Ses personnages sont des surdoués d’idiotie, mode clown bien connu. Cela leur permet comme dans les fous de Shakespeare de sonder sans complexe des questions qui nous échappent. La « pièce » (ou le music-hall, allez savoir !) se structure en cinq fables qui exposent des situations de la triste condition humaine, envisagées sur un ton comique. Les fabliaux essaient d’insuffler à des situations humaines de plus en plus tragiques un traitement médico-poético-méli-mélo-rococo-rigolo.12272949667?profile=original 12272950494?profile=originalMais sachez que la scène hyperréaliste des deux vieilles pathétiques au seuil de la mort a de quoi glacer d’effroi, plutôt que de rire aux éclats. La déchéance physique ou morale n’est pas matière à rire. On ne peut balayer un tabou d’un coup de mise en scène comique ! Et la descente aux enfers dans cette création suit son cours inexorable. L’intention de l’auteur est respectable mais le résultat dans la salle reste plutôt mitigé. Même si ce que le public va regarder n’est qu’une représentation de la vie et non la vie, le spectateur ressort fort embarrassé devant cette cruelle mise à vue.

Maints dociles spectateurs (ou des spectateurs jetés dans l’inconfort) n’ont eu que le rire pour se sauver devant le pauvre homme qui perd un enfant, et devant cette vieille femme qui peine à se trainer dans un déambulateur dans une  interminable scène sans paroles. Certains s’en sont voulu après …d'avoir ri! Peut-être qu’au cinéma, cela intéresserait des cinéphiles vu l’excellent jeu scénique. Ce sont en effet de très bons exercices de style qui conviendraient parfaitement à des examens de Conservatoire. Trop de gens sont confrontés, dans la réalité, à de telles situations, pour s'autoriser à  présenter cela au public sous forme de délassement.

12272951477?profile=original12272952068?profile=originalLe premier « acte » est pourtant très au point (lumières, costumes, jeu, texte) car comme le dit Camus : « l’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde. » Ce surprenant épisode « chevaliers » est magnifiquement mis en scène, fin et drôle à souhait, et fait échapper entre les plaques de l’armure des chevaliers des dévoilements très justes sur notre société. Et puis, cela tourne au vinaigre dans « le tricot magie » où l’infortune humaine et la méchanceté sont à vif. Peut-on vraiment en rire ? Vous riiez, vous quand vous lisiez "Le petit Chose" d’Alphonse Daudet ?

L’acte « It’s funny » se devait d’être drôle, par le titre du moins. C’est lui un morceau délirant, totalement incohérent, presque hors-jeu… toujours splendidement interprété et mis en scène, ce n’est pas ce que l’on reproche ! On se souvient aussi avec grand bonheur de la mise-en-scène éblouissante de « Trois grandes femmes » de Edward Albee, l’année dernière au théâtre Le Public par la même Véronique Dumont.

Dernier clin d’œil, pour ceux qui veulent rire : la jovialité de la troupe en pleine forme qui termine le spectacle par une danse "vitale" plutôt que "macabre" est certes un beau morceau de surréalisme, mais nous ne sommes certainement pas morts de rire ce soir-là.

http://www.atjv.be/Album-ou-Les-Chevaliers-c-est-une-autre-histoire Création mondiale

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administrateur partenariats

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" Réflexions sur l'innocence " Extrait

L Magotte

L'aventure continue !

0rganisation d'une séance de dessins et pastels en atelier,

sur le thème du nu féminin avec modèle vivant

ce samedi à 15 h pour les membres de la peinture en plein air !

( Exceptionnellement réservé aux dames )

Au programme:

Croquis rapides, dessins et pastels.

La joyeuse assemblée !

12272959683?profile=originalDe gauche à droite: Sarah kittel, Jacqueline Nanson, Adyne Gohy, Liliane Magotte

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Et le goûter avant de se quitter !

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Excellents moments de détente, une fois de plus !

Quelques notions d'anatomie,

quelques coups de crayons hésitants,

un bond des années en arrière pour certaines

( quand à l'Académie nous usions nos fusains )

ou une découverte pour d'autres,

l'étude du nu est sans aucun doute l'exercice le plus difficile !

Un partage de techniques, d'impressions,

 et un petit groupe qui en veut encore et toujours !

Merci Arts et Lettres sans qui nous ne vivrions pas de tels échanges !

Liliane, Adyne, Jacqueline, Sarah !

Un partenariat

Arts  12272797098?profile=original

Lettres

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L’ART DE LINDA COPPENS : LA COULEUR ET LE TRAIT DANS LE DIALOGUE DES SENS

 

Pour inaugurer la rentrée, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles), a le plaisir de vous présenter (du 04-09 au 29-09-13), les œuvres de Madame LINDA COPPENS, une peintre Belge qui ne manquera pas de vous fasciner, tant son univers interpénètre celui du visiteur.

Cette exposition intitulée LOST AND FOUND, est axée sur une peinture de l’intime. Une peinture qui se noie dans une brume de sensations, déclinées en dégradés chromatiques, à la charnière entre un abstrait dicté par la teneur émotionnelle et un figuratif qui n’en est pas un à proprement parler, mais un avatar de l’abstraction, en ce sens que l’artiste s’engage dans une voie où la forme, prise au sens générique du terme et la silhouette, produit d’une sensation évanescente, ne font plus qu’un.

LOST AND FOUND n° 1 (acrylique sur toile – 100 x 80 x 4 cm)

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Cet univers insolite, fait de couleurs tendres, telles que le bleu, le rose ou le brun-clair, vivent au cœur d’une alchimie savante, de laquelle se détache pour s’inscrire sur la rétine de l’œil explorateur, des traces évocatrices, lesquelles engagent l’imaginaire à l’aperception, jusqu’à concevoir des ersatz d’humanité dans ce mariage quasi mystique entre forme anarchique et silhouette humaine, scandés ça et là sur l’espace de la toile.

LOST AND FOUND n° 9 (acrylique sur toile – 100 x 80 x 4 cm)

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Peinture de l’intime et de l’extase sensorielle, l’œuvre de LINDA COPPENS se veut vivante et joyeuse. « Ensoleillée » serait le terme exact car les couleurs qu’elle utilise ont la chaleur du soleil. Sa lumière embrasse le monde onirique qui voyage autour de sa tête et illumine la toile de fête.

Adepte de l’acrylique, ses œuvres sont parsemées par tout un réseau de traits extrêmement fins qui se profilent comme des repères, invitant le visiteur à dilater le regard sur la totalité de la toile. Ce dernier peut envelopper l’œuvre non seulement à partir de son centre mais aussi en se décentrant par rapport à son axe pour mieux appréhender certains détails qui la constituent.

Il y a, néanmoins, des œuvres où la volonté de marier les couleurs pour le plaisir de les conjuguer est manifeste dans l’interpénétration calme et harmonieuse de plages chromatiques enveloppées de brume et de mystère. (LOST AND FOUND n°12 - acrylique sur toile – 1OO x 80 x 4 cm).

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BENEATH THE SURFACE n° 3 (huile et cire froide sur bois – 40 x 30 x 3 cm)

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constitue une série de quatre petites pièces globalement bi-chromatiques que l’artiste a réalisées dans un mélange d’huile et de cire froide pour leur assurer la brillance et la transparence nécessaires. Cette série est centrée sur l’interpénétration de deux couleurs opposées dont le résultat est une symbiose onirique qui fascine le regard.

LINDA COPPENS, qui a fréquenté l’Académie de Liedekerke dans le Brabant flamand, a passé six ans à étudier la peinture et cinq ans à étudier le dessin. Son art est un hymne à la complexité de la vie. Et cette vie débute sur la toile par ce que l’artiste qualifie de « rien du tout », c'est-à-dire une couche de couleur étalée, comme embryonnaire, laquelle en appelle une autre et une autre encore, comme une tranche de vécu humain en appelle une autre, pour arriver à formuler des phrases picturales, étalées l’une sur l’autre pour former une entité créatrice. Elle considère la création comme une bataille face à cet océan pulsionnel qu’est le geste créateur et s’efforce à trouver l’équilibre dans le chaos.

Elle considère sa peinture comme résolument abstraite car elle ne conçoit pas le figuratif comme suffisamment parlant.

Ses principales influences picturales sont tournées, notamment, vers RICHARD DIEBENKORN et MARK ROTTKO (deux figures principales de l’expressionnisme abstrait américain des années ’50 et ’60), tout en trouvant une voie personnelle pour s’en distancier singulièrement.

En effet, si sa peinture peut, à certains égards, rappeler celle de DIEBENKORN par le traitement de la figure humaine, celle de LINDA COPPENS n’accuse aucune volonté de représenter l’Homme. Une fois encore, tout se joue dans l’imaginaire du visiteur et dans son habileté à découvrir des formes et des silhouettes rassurantes et familières.

Quant à MARK ROTTKO, sa manière de diviser l’espace du tableau en deux zones de couleurs opposées, peut effectivement évoquer la série BENEATH THE SURFACE n° 3 (dont nous avons parlé plus haut) avec, néanmoins, cette différence notoire que dans ces œuvres (comme dans toutes celles de l’artiste), le trait domine, parsemé dans l’espace. Ce qui s’écarte considérablement de la peinture de ROTTKO, laquelle ne fait pas aussi ostensiblement l’apologie du trait.

L’art de LINDA COPPENS est une perpétuelle interrogation sur le monde sensible dans un partage humain avec le visiteur : à ce dernier de le prolonger en lui apportant un peu de son jardin secret.

François L. Speranza.

 

 

Arts 
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Lettres

 

N.-B.: 

Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement.

N.D.L.R:

Linda Coppens est l'artiste peintre que j'ai désigné en ce début de rentrée 2014 pour faire l'objet d'un reportage par Actu-tv.

Linda Coppens, lover of sensory ecstasy

 

A lire également:  

Quelques critiques de François Speranza, Historien d'art - Quatrième édition revue et augmentée

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Taj Mahal : le gris du merveilleux, fruit de l’amour.


Avant de percevoir à quel point la subtilité du gris reflète toutes les couleurs de la vie, il faut ressentir combien il peut dans ses nuances de  brume, magnifier le fruit de l’amour face à la mort de l’être aimé…
C’est en retrouvant l’une des sept merveilles du monde sur lesquelles nous étions lors du premier de mes stages «carnet de voyage» du début de l’année,  que j’écris cette phrase d’introduction et lance mes activités de la saison 2013 - 2014.
Je souhaite donc pour vous et pour moi, qu’elles se déroulent sous le signe du Merveilleux, de la découverte, de l’enthousiasme, et de la créativité, éléments faits de rêve et de réalité, une réalité d’autant plus belle que nous la partageons ici, sur les pages de ce blog.
Je vous reparlerai plus tard du futur programme de stages et de nombreux évènements qui m’ont occupé ces derniers mois limitant mes publications ici…

Mais si j’ai le plaisir de vous retrouver aujourd’hui, c’est d’abord pour vous remercier de votre fidélité (merci également de partager mon blog et ses informations, votre aide est précieuse), en revenant avec vous à Agra en Inde, sur le site du Taj Mahal, avec un extrait de l’un de mes cours récents sur les gris, l’une des plus subtiles ternaires.
Celle-ci va se décliner lors de notre visite du splendide mausolée dans les brumes matinales de la rivière Yamunâ, d’un lumineux gris beige, à toutes les nuances des gris bleutés, roses et saumonés.

Dans ce clip, un extrait de cours d'aquarelle appliquée aux carnets de voyages est consacré aux gris du Taj Mahal immergé dans les brumes matinales de la rivière Yamunâ. Ce cours n'est consacré qu'à la préparation des différents gris et non à l'interprétation du Taj Mahal lui-même en carnet de voyage, qui relève d'une approche différente, particulièrement en ce qui concerne la mise en valeur du contraste existant entre sa dimension onirique, sa fascinante beauté, et la vie qui grouille à ses pieds.

Ce sujet de mise en valeur carnettiste (comme le cours complet des gris) sera traité dans un suivi différent faisant partie de leçons approfondies concises et efficaces (de véritables cours particuliers sous forme de vidéos et fichiers PDF !), prochainement accessibles sur demande auprès d'Alain MARC pour un coût des plus abordable, voici donc, pour qui m’aura lu jusqu’ici, une très intéressante nouvelle ! 

Quant à l’extrait du cours des gris de cette vidéo, il ne présente pas les séquences théoriques ni pratiques de préparation de la couleur (pas plus que les procédés rapides d'exécution de ses différentes nuances sur le papier, séquences dont ont pu bénéficier les participants - es - au stage nous ayant emmené jusqu‘au Taj Mahal), mais permet de se faire une idée de la façon dont cette étude est abordée dans le cours complet, de façon didactique, simple et captivante. 

Taj Mahal 1

Sur la terrasse nord du Taj Mahal dans la rosée du matin…

Évoquer le Taj Mahal, aller à sa rencontre, c’est se confronter au Merveilleux tant dans une dimension onirique dépassant le cadre du contexte historique, matériel et humain où il fut édifié, qu’esthétique, où la fascination pour une certaine forme de beauté, n’a d’égale que la prise en compte d’une réalité qui en fait le joyau le plus parfait de l'art musulman en Inde, et l'un des chefs-d'œuvre universellement les plus admirés du patrimoine de l'humanité.
Avant de vous laisser découvrir (si vous ne le savez déjà), dans la vidéo clôturant cet article, quelle étonnante (et bien réelle) histoire d’amour est à l’origine de la construction du fabuleux édifice et quel en est l’instigateur, je voudrais vous inviter grâce au panoramique ci-dessous, à non seulement vous approcher du Taj Mahal dans un survol à couper le souffle (comme personne ne peut le faire, le monument est particulièrement protégé), mais aussi à aller vous perdre au milieu des maisons colorées du plus proche quartier d’Agra, des jardins Moghols environnants, ou des rives de la rivière Yamunâ. Pour cela, cliquez sur l'image ci-dessous :

Gris du Taj Mahal CD’abord, mettez-vous en plein écran (« fullscreen mode », dernier bouton de droite en bas d’écran avant les photos du Taj Mahal, pour revenir en mode réduit touche "Echap" du clavier). Ensuite cliquez sur « HIDE CONTROLS » pour éliminer les boutons et photos qui vous gâchent la vue (en haut d’écran à gauche, mais par contre ne cliquez pas sur « Tour Map » !) : vous pouvez à présent laisser « tourner » le paysage en musique indienne, ou vous y promener vous-mêmes avec la souris comme si vous étiez en hélicoptère (clic gauche enfoncé), vous éloigner ou vous rapprocher des objets avec la molette de la souris, et surtout changer de point de vue et de site en cliquant sur les petits hélicoptères (revenir en mode réduit pour faire apparaître les hélicoptères) qui apparaissent parfois dans le ciel (c’est comme cela que vous irez vous émerveiller au dessus d’un Agra multicolore et grouillant de vie)…

Et, pour terminer, c'est ici qu'il faut cliquer pour visionner une vidéo de l'UNESCO, qui vous racontera l’histoire du Taj Mahal.
Je vous dis maintenant «à très bientôt», de nombreuses surprises sont à venir…

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administrateur théâtres

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Jérôme Correas direction - Salomé Haller soprano - Mélodie Ruvio mezzo - Jean-François Lombard ténor - Thibaut Lenaerts ténor - Jean-Christophe Fillol baryton - Les Paladins , Chœur de Chambre de Namur

Georg Friedrich Händel  Ouverture "Il pastor fido", Ode for the birthday of Queen Anne, HWV 74, Te Deum, "Utrecht", HWV 278, Jubilate, HWV 279

En 1713 prenait fin la guerre de succession d’Espagne, avec la signature du célèbre Traité d’Utrecht. Pour la première fois en Europe, un conflit s’achève à une table de négociations et non sur un champ de bataille ! Créé en juillet de la même année à la Cathédrale Saint-Paul de Londres, le Te Deum de Händel est une œuvre festive destinée à célébrer l’événement. Le Chœur de Chambre de Namur et Les Paladins de Jérôme Correas se donnent rendez-vous sur la scène du conservatoire pour lui rendre vie.

Fondé en 1987, le Chœur de Chambre de Namur est maintenant l’un des chœurs européens de référence.  Sur 25 ans, celui-ci a eu l’occasion de tisser de nombreuses collaborations internationales et d’éditer de nombreux enregistrements. Des directeurs artistiques de très grande qualité - Pierre Cao, Jean Tubéry, Leonardo García Alarcón - se sont succédés à la direction artistique de cet ensemble qui fête cette année ses 25 ans d’existence. C’est dans le cadre, hélas vétuste du Conservatoire Royal de Belgique, que nous avons pu les écouter en live ce 25 septembre dernier. 

12272965479?profile=originalLa soirée débute sous les meilleurs auspices avec l’ouverture de « l pastor Fido » HWV8 composée en 1712, deuxième opéra composé par Haendel à l'intention du public britannique, alors qu’il avait moins de trente ans. Une ouverture à six voix, où  le clavecin cède la place à l’orgue … qui met en place  prestance et lumière. L’aréopage des cordes se fait discret pour mieux mettre en valeur les flûtes joyeuses. La direction d’orchestre est assumée, directe et généreuse. Voilà le décor bien  planté par un homme, Leonardo Garcia Alarcon que la musique d’Haendel inspire.

12272965671?profile=originalVient ensuite l’ «  Ode  for the Birthday of Queen Anne » HWV 74, écrit l’année suivante pour célébrer l’anniversaire de la reine l’année de  la paix d’Utrecht  (1713), une paix négociée mettant fin à la guerre de succession d’Espagne. « Eternal » long et appuyé dans  « Eternal Source of Light Divine »  invite dans l’espace divin….  Celui d’une reine adorée qui a octroyé à Haendel un accueil et un soutien chaleureux. La voix de Jean-François LOMBARD, contre-ténor séduit d’emblée, à la fois aérienne et résonnante. Cette voix a ce qu’il faut d’humour et la diction est impeccable. Elle affirmera tout au long du concert,  la puissance  de son inspiration et le naturel de son phrasé. Thibaut LENAERTS , le ténor séduit lui aussi par ses timbres justes et corsés, juste ce qu’il faut.  Dans le numéro 7  de l’œuvre, on croit reconnaître un numéro qui se glissera quelque part dans le Messie, l’un des « réemplois habituels » à cette époque où l’on pratiquait largement l’autocitation. Le chœur déploie dès le début une belle vigueur alors qu’il est réduit à un très petit nombre de choristes. A continuer le voyage, on  pourrait se sentir transporté à une Candlemass dans une cathédrale, et  pourquoi pas dans un autre siècle à St Paul’s, pour écouter une musique fastueuse. Mais ici on a l’avantage de profiter  d’une palette de couleurs très  diversifiées ne négligeant aucune nuance.  La soprano, Salomé HALLER chanteuse d'opéras et d'oratorios française est peut-être un peu mois convaincante par son timbre légèrement aigre. Elle compense par une posture royale et un sourire mi-enjôleur, mi-altier. On lui préfère dans son  duet par exemple, la contre-alto Mélodie RUVIO,   qui  fournit  des  tonalités moins superficielles. Mélodie Ruvio ne cherche pas à briller mais  ses couleurs  discrètes sont  bien définies. Quant à  l’intervention de Jean - Christophe FILLOL, elle rallie entièrement le spectateur au mystère de Haendel. De puissantes vocalises sur les sons « a » profonds de l’anglais ont tout pour plaire. Il y a de l’intensité émotionnelle, un timbre glorieux et engagé, une richesse et une diversité.

12272965891?profile=originalLa programmation de la soirée est bâtie en  crescendo pour culminer dans le « Jubilate »  et cela aide progressivement  au lâcher-prise et à l’union avec la musique. Dès que l’on se trouve dans le « Te Deum d’Utrecht »  HWV 278, tout concourt à faire monter les larmes aux yeux. Il y a cette qualité spirituelle qui a envahi le Conservatoire, effacé les murs et les craquelures et invite au mystère. C’est le temps d’une synthèse intime de l’être  avec une aspiration spirituelle vers ce qui  gouverne notre univers. On est dans cet espace qui relie la terre et le ciel, un espace de lumière sonore, multiple et mystérieuse. Ce que l’on pourrait nommer la vérité d’Haendel. Hasard ou foi ? On ne sait, mais c’est très émouvant, très humain  et sublime à la fois.  Le Numéro 6 « Oh Lord, Save thy people » est d’une humilité  immense avec des pianissimos extrêmes contrastant avec le « Day by day, we magnify thee ! » victorieux et étincelant. La prière finale est palpitante. Les choristes sont partis se rassoir, le visage auréolé d’émotion profonde. Ce sont  les rayons mordorés des violons et violoncelles qui ferment la marche.

12272966697?profile=originalDans le « Jubilate » HWV 279 les instrumentistes affichent  un plaisir évident de jouer et  la première violoniste boit le chef d’orchestre des yeux. Il conduit avec sérénité et souplesse, jette les trompettes dans la joie, cisèle chaque pupitre qui vibre comme s’ils étaient cent. Les changements de solistes se font avec douceur feutrée et la musique est enveloppante. Le chœur a des interventions précises et naturelles, chaque pupitre instrumental prend la parole et le clavecin cède la place à l’orgue pour soutenir les voix. On est presque devant un ballet d’ondes musicales à la recherche de l’harmonie. Celle-ci éclate majestueusement dans les mots « from generation to generation.» Les violons jouent aux échos et les sonorités rejoignent  l’infiniment petit. La construction de la finale met en vedette le chœur, les trompettes exultent. Des accords vibrants de violoncelles et contrebasses se mêlent à l’orgue pour souligner la fidélité profonde au Créateur. C’est très beau et sculptural. Esprit divin  et Passion humaine semblent s’être rejoints. Les spectateurs s’empressent d’applaudir cet ensemble qui s’est donné avec tant de sincérité musicale et s’est retrouvé à la fête en offrant au public  un ultime bis jubilatoire.

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                                                                                      Les Paladins

 

Jérôme Correas, direction

&

Le Choeur de Chambre de Namur

Leonardo Garcia Alarcon, direction

Solistes

Salomé HALLER, soprano

Mélodie RUVIO, contralto

Jean - François LOMBARD, ténor

Thibaut LENAERTS, ténor

Jean - Christophe FILLOL, baryton

Orchestre

Juliette ROUMAILHAC, violon solo

Juliana VELASCO,

Jonathan NUBEL,

Diana LEE PLANES, violons 1

Marion KORKMAZ,

Charles - Etienne MARCHAND,

Patrick OLIVA,

Clara MÜHLETHALER, violons 2

Sylvestre VERGEZ,

Benoît BURSZTEJN,

Diane DUBON, altos

Nicolas CRNJANSKI,

Julien HAINSWORTH,

Pascale CLEMENT, violoncelles

Franck RATAJCZYK, contrebasse

Adrien MABIRE,

Alejandro SANDLER, trompettes

Timothée OUDINOT,

Nathalie PETIBON, hautbois

Nicolas POUYANNE, basson

Brice SAILLY, clavecin & orgue

Jérôme CORREAS, direction

http://www.bozar.be/activity.php?id=13245

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Une interview, instants de grâce

 

En hommage à Eric-Emmanuel Schmitt

Nous accueillant dans sa maison,

Un auteur connu que l'on aime,

Souriant, parla de lui-même,

Du triomphe de sa raison.

Adolescent, il a souffert.

Au lieu d'un choix qu'elle propose,

La nature décide et impose,

Sans que des recours soient offerts.

Or, il trouvait incompatibles,

Son corps devenu encombrant,

Certainement peu élégant,

Et son âme fine, sensible.

Mais enfin, un jour il comprit

Ce que lui offrait sa culture

Les ressources de sa nature,

Lors il releva un défi.

Acquérir la sérénité,

La certitude de pouvoir

Mettre à profit son doux savoir.

Il obtint la célébrité.

En se fiant aux apparences,

Ce que l'on ne peut soupçonner

Peut grandement nous étonner.

On ignore tant de souffrances!

28 septembre 2013

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L'invitation

 

 

Pour éviter la lassitude,

qui résulte de ma routine,

quelques fois, je me laisse aller

à sortir de ma solitude.

Acceptant une invitation,

J'espère, certes, me distraire.

                                                                   Une occasion de m'habiller,

de porter un joli bijou.

Sans cacher leur indifférence,

les jeunes gardent le silence.

Les adultes rient aux éclats,

de faits que je ne comprends pas.

Autre pays et autre temps.

Je suis pourtant chez mes neveux.

Je remercie sincèrement,

quand je les quitte en souriant.

27/09/2013

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administrateur partenariats

12272943690?profile=original

Le moulin de Hodbomont, près de Theux.

 

Au creux d'une fraîche vallée,

Le vieux moulin abandonné

offre une roue fatiguée

aux artistes émerveillées.
 

Rouille et mousses l'ont envahie.

Contre la façade, engourdie,

elle se souvient de l'eau chantante

sur ses aubes accueillantes.

Elle ne tourne plus, l'eau s'est tue.

Rêveuse, offrant ses courbes nues

aux artistes et leurs aquarelles,

elle prend la pose, intemporelle.

Liliane

Septembre 2013

12272944277?profile=originalInstallation du matériel

12272945464?profile=originalLes artistes au travail !

12272945680?profile=originalAdyne

12272946452?profile=original

12272947060?profile=originalSarah

12272947297?profile=original12272948855?profile=originalJacqueline

12272949272?profile=original

12272949672?profile=originalLiliane

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Et les complices !!!

12272951092?profile=original

Un grand merci à Sarah !

Cette fois, c'est Sarah qui nous a emmenées sur ce lieu magique !

Un quatuor de choc pour un concert d'aquarelles,

nos accords sont parfaits !

Liliane, Adyne, Jacqueline, Sarah .

Un partenariat

Arts  12272797098?profile=original

Lettres

 

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administrateur théâtres

Un Misanthrope Miroitant. Et pour cause : nous sommes dans le kaléidoscope de l’histoire où se mêlent les pipeulles d’aujourd’hui et les  cruelles marquises de … Molière, ou de Ronsard ? Sur scène, on aperçoit un  sublime plateau – oblique -  afin qu’on ne loupe pas la mise en perspective. Du sol au plafond, partout de la laque noire, une encre dans laquelle Molière a trempé sa plume,  quelques rares fauteuils aux pieds dorés, et un immense cadre d’époque, vide, prêt à sombrer comme un navire dans une mer de billets doux et de poèmes déchirés.  12272955893?profile=original

Molière satiriste s’attaque ici non aux médecins, avocats ou précieuses de province, le voilà qui raille la classe dominante gonflée de vanité et de suffisance, qui se vautre dans des préciosités affectées, la fausseté,  la médisance et la manipulation. Il crée un personnage qui ressemble à son modèle idéal : l’honnête homme. Voilà donc le personnage Alceste tout trouvé. Quelqu’un qui en veut au monde entier et  à ses cabales et dénonce la chose à qui veut bien  l’entendre. Mais comme souvent, le monde reste sourd et même son fidèle ami Philinthe. La belle Célimène, le négatif d’Alceste, est une coquette spirituelle  et égocentrique  qui ne répond pas à son amour et adore tout ce qu’il déteste le plus au monde. Elle est dévorée par son désir de puissance et collectionne les âmes éprises d’elle, en vrai ou en faux. Nymphomania ou egomania ?  Totalement pipeulle, elle est  incapable de décider si elle aime Alceste ou non. Elle ne peut quitter son monde de fausses valeurs et d’apparences car il  lui plaît seulement d’être aimée de lui. « Moi renoncer au monde avant que de vieillir/ et dans votre désert aller m’ensevelir? »  Ce double miroir de personnages contradictoires révèle  donc une société cruelle, sans scrupules, hypocrite et menteuse. Celle de Molière et la nôtre.12272956876?profile=original

Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle ? La belle affaire, dit Molière avec sagesse. Et pourtant à notre époque tout concourt à l’encensement des beaux, des riches et des puissants. Les médias, les premiers. «  D'éloges, on regorge ; à la tête, on les jette,/Et mon Valet de Chambre est mis dans la gazette » Pauvre Alceste et son amour  désespéré ... de la vérité. Il est bien en reste et même moqué ! Should I stay or shoud I go, that is the question. Les personnages du 17ème siècle dansent dans une discothèque aux miroirs noirs et déformants. Alceste  qui a jeté sa perruque : «  -  je veux qu’on soit sincère -  je veux qu’on me distingue ! » Quelle illusion!  Qui encore dans la société recherche le beau, le vrai, le bien et le mérite ? La société cherche juste à plaire à la société.

Daniel Scahaise met en scène  ses 11 fabuleux comédiens* de façon étincelante et leur fait jouer leur vitalité propre. Corporellement, les comédiens  exploitent toutes les ressources du mouvement et des déplacements, tout en  insufflant à leur personnage une verve naturelle. 12272957279?profile=originalLa justesse et la sincérité du jeu servent d’antithèse flagrante au propos. Une diction parfaite pour la houle précise des mots harmonieux des 1807 vers de  Molière,  pas une seule réplique convenue, pas un seul effet de manche.  Tout a l’air  furieusement naturel et vrai dans ce jeu de faussetés du monde. Du tout grand art théâtral, chacun jouant sa partie avec conviction et  divinement bien. Sans jamais voler la vedette aux autres personnages,  Alceste ( un merveilleux Christophe Destexhe, difficile de ne pas le nommer… ) est  omniprésent sur et hors du plateau. Ce comédien exceptionnel possède  une puissance de jeu miroitante  et séduit d’un bout à l’autre du spectacle par la vérité de  son interprétation. 12272958496?profile=originalPour ce qui est de Célimène et d’Arsionoé, nous goûtons un bonheur théâtral  à croquer tant la caricature est forte et le ramage brillant. Chacun et chacune  en  équilibriste habile,  chevauche avec  talent et vivacité le fil de l'histoire qui ne cesse, dans un mouvement de reflux régulier, d’inonder notre présent. La large porte noire par laquelle entrent  et disparaissent les personnages ouvre sur le gouffre de la nature humaine à la fois sombre et lumineuse.    Lorsqu’Alceste souhaite tout le bonheur du monde à son sage ami Philinthe et à  l’émouvante  Eliante,  on ne cesse de se répéter tout bas : « Puissiez-vous, pour goûter de vrais contentements,/ L’un pour l’autre à jamais garder vos sentiments. » Et le rideau se ferme sur l’image d’une star endormie sur sa couche et abandonnée de tous.

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece1.html

*Le casting éblouissant :

Christophe Destexhe (Alceste)

Laurent Tisseyre (Philinte, ami d’Alceste)

Stéphane Ledune (Oronte, ami de Célimène)

Julie Lenain (Célimène)

Dolorès Delahaut (Eliante, la cousine de Célimène)

Isabelle De Beir (Arsinoë,  « amie » de Célimène)

Jaoued Deggouj (Acaste, le  marquis narquois et hilarant)

Gauthier de Fauconval (Clitandre, un autre marquis très mondain)

Barbara Borguet (Basque,  le valet silencieux de Célimène)

Maxime Anselin (Un garde de la maréchaussée de France)

Nicolas Swysen (Du Bois, valet d’Alceste)

Avec la collaboration artistique  de :

Caroline Bertrand (Assistante à la mise en scène)/ Anne Compère (Costumes)/ Mac O’Neal (Habilleur des hommes)/ Laetitia Doffagne (Coiffures)/Bernard Marbaix (travail es alexandrins)  / Philippe Fontaine (Régie /Lumières)/Philip Glass arrangements musicaux  et Daniel Scahaise, metteur en scène et scénographe.

Un spectacle de « Théâtre en Liberté » en coproduction avec le Théâtre de la place des Martyrs

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administrateur théâtres

Victor Hugo écrivit "Ruy Blas" en 1838 pour dénoncer l’emprise des nantis sur les biens d’État, et en fit un spectacle intense de  théâtre engagé qui condamne la corruption de la classe dominante. En même temps, Victor Hugo rompait avec toute la tradition du classicisme, jetant aux orties les notions d’unité de temps, d’espace, et de lieu et jetant sur les planches toute la dynamique flamboyante du romanesque. La mise en scène de Frédéric Dussenne rétablit ces mêmes notions d’unité, de temps d’espace et de lieu, empêchant toute évasion hors de son terrible huis-clos.

"Ô Ministres Intègres"  de Frédéric Dussenne est un élixir puissant et étourdissant qui se révèle être une psalmodie brutale et rude  de l’indignation que l’on peut sentir monter du monde  à chaque siècle, au sein des classes défavorisées. Le romanesque n’a plus lieu.  Supprimée la cour d’Espagne et ses fastes, pas le moindre ruban ou costume d’époque, aucune trace de la comédie hugolienne, même le découpage dramaturgique en 5 actes s’est évanoui. Réduction pour quatre personnages: Don Salluste, Ruy Blas, Don César, La Reine.

 

12272955057?profile=originalLe public est assis sur des chaises pliantes  au milieu de l’arène où tournent inlassablement les quatre personnages survivants du Ruy Blas de Victor Hugo et leurs flots de paroles envenimées. La scansion classique et l’alexandrin se mêle au Rap moderne… L’effet est saisissant. Le plaisir d’écoute est  un peu éborgné vu la vitesse du débit incessant. Les personnages marchent en rondes énervées parmi des spectateurs inquiets. La parole déferle, comme si elle avait été longtemps bridée. Il manque sans doute des respirations, des pauses, de la comédie. Où que l’on porte les yeux, le regard bute sur l’emprisonnement des murs austères de brique nue, sans la moindre fenêtre sur le ciel. C’est l’unique décor.

  Mais ce tribunal ambulant jette une lumière  aveuglante sur la bassesse de la vengeance personnelle de Don Salluste,  un « grand » disgracié par la Reine. Il est manipulateur,  faussement cordial et fait preuve d’égoïsme totalement malfaisant. Par contraste, le personnage de Ruy Blas (Saïd Jaafari) est émouvant. Lui, le consolateur bohême, amoureux de la reine et de ses bontés pour le menu peuple; complice malgré lui de ce Don Salluste (Jérémie Siska),  qui est  passé maître en corruption et  le symbole parfait de l’ignominie d’une classe dominante dénuée de  scrupules. Ruy Blas est  le symbole des sentiments purs et du désir égalitaire. « Oui je le sais, la faim est une porte basse / Et par nécessité lorsqu’il faut qu’il y passe, / Le plus grand est celui qui se courbe le plus. » soupire Don César, (Juan Martinez)  qui refuse d’aider Don Salluste dans son complot destructeur contre la Reine.

 

 Lorsque la Reine (Louise Manteau), victime, en jeans et en chemise comme les autres, apparaît dans le tableau tourbillonnant, on croirait qu’elle vient de déguster une quiche salade de l’autre côté de la paroi invisible qui sépare le théâtre, de la vie. Ses paroles immatérielles jaillissent aussi de son regard bleu et  fixe parfois, comme une eau qui désespérément cherche à se frayer un chemin loin de la méchanceté, vers la lumière. Elle n’est pas coiffée et ne porte aucun maquillage. Elle superpose le théâtre et la vie sans la moindre retouche. Et le quatuor de tournoyer comme une montre ancienne que l’on remonte à vide. Reste le goût persistant du fiel de la colère du monde en trois approches complémentaires: le drame (Don Salluste), la comédie (Don César) et la tragédie (Ruy Blas). Trois modes de réflexion: l’action, l’humain et le philosophique. Et une femme, victime d’un ignoble chantage. La vie?

02 219 11 86

Description : cid:image001.jpg@01CE77DF.91EA3220
rue traversière 45
1210 Bruxelles

www.theatredelavie.be

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administrateur théâtres

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deFilharmonie

Philippe Herreweghe direction - Martin Helmchen piano - deFilharmonie

Felix Mendelssohn-Bartholdy Capriccio brillant, op. 22, Concerto pour piano et orchestre n° 1, op. 25
Franz Schubert, Symphonie n° 6, D 589

Que savons-nous des symphonies de Franz Schubert ? Que l’une est Inachevée et qu’une autre est Grande car elle rivalise avec Beethoven. Et pour le reste ? Avec deFilharmonie, Philippe Herreweghe remonte le temps et nous offre la kaléidoscopique Sixième Symphonie de Schubert

 

 deFilharmonie, l’orchestre royal philarmonique de  Flandre, ouvrait sa saison musicale sous la houlette de Philippe Herreweghe ce 18 septembre dernier au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.  Le public des Beaux-Arts n’était hélas pas très nombreux, mais il remplaça le nombre par la chaleur de ses applaudissements.

 Un programme résolument germanique, à la confluence de deux univers esthétiques : Felix Mendelssohn (1809-1847) et Franz Schubert (1797- 1828). Nous avons eu à cette occasion le plaisir de découvrir un très brillant pianiste : Martin Helmchen dont la virtuosité virevoltante et le style naturel très expressif vous font  vite chavirer.

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Son Capriccio brillant en si mineur miroitait de couleurs intenses. Sa première page musicale anime les pizzicati de la marée de cordes présentes sur la scène. De la rêverie il passe à la fougue juvénile et l’orchestre emballé enchaîne à la fois dans la délicatesse et la magnificence sous la conduite d’un chef d’orchestre invisible, car il dirige caché au public par la levée du couvercle du piano.  Vigueur et vitalité concluent le premier mouvement. Un thème romantique fleurant jardins et cascades revient et l’instrument reçoit les assauts de la passion, puis les caresses du cœur du pianiste dansant de joie. C’est l’orchestre seul qui fait briller les derniers feux du bouquet final.

 

 12272944086?profile=originalLe concerto pour piano N°1 en sol mineur démarre presque aussitôt par une ouverture spectaculaire. De la dynamite …avant de sonder la profondeur du sentiment. Le pianiste semble envoûté par sa partition et gazouille avec les cuivres. L’armée de cordes violoncelles et basses à gauche du public,  trace des routes aériennes  en forme d’arcs vibrants et sonores. Le pianiste n’est plus envoûté, il est possédé par sa musique. Ses accords vigoureux ont la chaleur de matière en fusion. Mas à l’appel des cuivres, le pianiste se transforme en figure angélique. L’ange aux boucles châtain ferme les yeux et inonde son visage et ses mains de grâce musicale. Un très beau moment. Les sonorités de l’instrument oscillent entre des discrétions de velours à peine murmurées et  de larges pans de passion très palpables.  On retient sa respiration. C’est la paix du monde qui respire. Dans le dernier mouvement, Molto allegro e vivace, le virtuose semble faire perler les notes sous ses doigts comme s’il s’ébrouait dans l’eau. Le voilà qui s’arrête, il a touché le cœur du mystère, s’illumine et signe sa victoire de manière scintillante. Son bis ? Un prélude de Bach. Les visages des instrumentistes sont nimbés de lumière et d’admiration pensive avant que ne recommencent les applaudissements.12272942701?profile=original

 

Photo deFilharmonie & Philippe Herreweghe © Bert Hulselmans

La symphonie n°6 de Schubert dont Philippe Herreweghe tient magistralement les rênes ne décevra pas même si elle se passe de pianiste ! Tapi comme un jaguar, Philippe Herreweghe continue son minutieux travail de ciselage, si efficace dans la première partie du concert. Allégresse, précision des traits, fluidité et netteté des dialogues soulignent l’élégance de la musique et célèbrent la fête de l’ascensionnel et du spirituel. Une fête sylvestre pour l’œil ou l’oreille avertie ? Des rythmes de jeux qui fusent  de toute parts avant le  dévoilement nostalgique dans l’Andante. Dans le dernier mouvement, la part est belle aux percussions et aux cors qui se saisissent de notes lancinantes doublées par les  bois et autres flûtes claironnant à qui mieux mieux. Le chef d’orchestre invite des guirlandes musicales, allume des feux, éteint des incandescences, organise son petit peuple musical avec le charme et la légèreté d’un farfadet bondissant.  On est loin de la mélancolie dans ce final Allegro moderato enjoué.12272944489?profile=original Après des rappels nombreux, les spectateurs quittent la salle en déplorant qu’elle ne fût pas mieux remplie! Quelques heures de très grand bonheur… que l’ensemble ira porter deux jours plus tard à la cathédrale de Laon pour l’ouverture de  leur 25e festival de musique. Encore des spectateurs heureux en perspective…

 

 

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http://www.bozar.be/activity.php?id=13170

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administrateur théâtres

Chanson d'automne, ou chansons d’été ?


Déjà plus d'une feuille sèche
Parsème les gazons jaunis ;
Soir et matin, la brise est fraîche,


HELAS ! LES BEAUX JOURS SONT FINIS
!

FESTIVAL MUSIQ’3 : Quoi ? Déjà fini ?

Mais voilà  certes l’amour de la musique solidement planté  dans le cœur des 10.000 spectateurs qui se sont transportés d’un studio à l’autre, les derniers jours de juin,  à la recherche du plaisir musical.

Il aura duré ce que durent les roses, ce Festival, l'espace d'un instant! Un instant sans doute, si l’on sait qu’il faudra attendre pas moins de 362 jours pour que  refleurisse ce fabuleux rosier aux 150 artistes. Mais quels instants, direz-vous ! Des instants inoubliables qui ont su confondre le Temps et son inexorable marche.  Chaque heure de concert semble avoir été vécue comme un temps éclaté, comme un temps-espace différent. Quelle expérience… Aussi un Marathon  nouvelle formule, pour ceux qui, décidés à court-circuiter horloges et montres, ne voulaient ni manger ni boire  et  juste s’abreuver de nectar éphémère et de  magie musicale ad libitum! Ainsi donc  l’Amour est sorti victorieux, gagnant pour une fois, la course contre le Temps. Pas fort étonnant d’ailleurs, puisque  c’est l’Amour en personne  qui  était le thème central du festival réunissant 34 concerts, sur 5 plateaux  différents, à Flagey et aussi pour la première fois, au Théâtre Marni.

 

Quelques  sublimes (re)découvertes, dans le désordre (amoureux) :

Le coup d’envoi du Marathon sous la baguette enflammée de  Patrick Davin  et  l’ensemble Trilogy, ensemble créé en 2011 par trois jeunes violonistes bien connus du public belge: Yossif Ivanov, Lorenzo Gatto et Hrachya Avanesyan. Avec le Brussels Philharmonic,  ils ont a réédité la prestation mythique  du groupe à Beloeil  l’année dernière. (Entre autres: La Liste de Schindler, Once Upon a Time in the West,  In the Mood, en passant par ...l'incontournable Niccolo Paganini).

 

Beloeil,  dites-vous? On a tous couru - Marathon musical oblige - pour écouter Frank Braley,le mousquetaire du piano,  jouer La fiancée vendue de Bedřich Smetana, le spectaculaire concerto pour piano composé uniquement pour la main gauche. Ecrit entre 1929 et 1931 par Ravel ( à la demande du pianiste Paul Wittgenstein qui avait perdu son bras droit durant la Première Guerre mondiale). En dernier, un Richard Strauss décoiffant (Don Juan). Inutile de dire que le Studio 4 a craqué sous les tonnes d’applaudissements délirants !

Salle comble aussi, évidemment,  pour écouter le  très Elisabethain Mateusz Boroviak, Prix des auditeurs Musiq 3 2013, qui nous  a offert trois perles rares :  Mozart, Sonate en ré majeur K311; Chopin, quatre mazurkas op 24 et un fulgurant Grazyna Bacewicz, œuvre contemporaine (1969). Un conte pour adultes ? Trois perles de bonheur, à vous d’en inventer les couleurs. Un merveilleux Bis inattendu, de la plume du Lauréat.  Le problème c’est que si on applaudit trop longtemps, on rate le début de la séance suivante. Car les concerts commencent toujours « on the Clock »! Damned Clock !

Oops ! On a raté le  duo Nefeli, concert de harpes : « 94 cordes pour faire tourbillonner les cœurs ! » un large répertoire d’œuvres variées des XIXème et XXème siècles (Franz Schubert - Claude Debussy - Manuel de Falla - Carl Oberthur - Bernard Andres - John Thomas). Et on n’a pas non plus été au Marni écouter les plus belles chansons d’amour… Juste de quoi vous mettre l’eau à la bouche pour l’année prochaine ! On a aussi raté les Chansons de Bilitis!

Mais on était au rendez-vous dominical de 11 heures pour jeunes familles et papy-boom autour des Contes de la mère L’Oye, avec Marie Hallynck, violoncelle, Muhiddin Dürrüoglu, piano et Cédric Tiberghien, piano.  Des enfants traversent la nuit en voiture. Marie-Laure, qui les accompagne, connaît des tas de récits mystérieux. Ils arrivent devant une grande maison féerique. Soudain, en pénétrant dans le salon de cette maison, Marie-Laure quitte le film et arrive sur scène dans ce même salon. Des musiciens y répètent des contes de Ravel, de Tchaïkovski et de Henze. …Les enfants n’ont certainement pas vu le Temps passer et se sont précipités ensuite à la découverte des instruments de musique aux ateliers organisés pour eux !

 

A 26 ans l’étincelante pianiste, jeune amazone du piano,  Khatia Buniatishvili fait sensation. Sa musicalité influencée par la musique traditionnelle de Géorgie, son pays natal, est du  « Matha Argerich revisited » en version féminissime et voluptueuse! Gorgeous Georgian Musician qui manie le piano, « le plus noir de tous les instruments », avec un tempérament de feu! En longue robe noire modèle tulipe, dos nu qui souligne une chute de reins vertigineuse ou en robe courte, toujours dos nu, cette fois juchée sur des stillettos (stillettti?) ahurissants, elle a par deux fois inondé son public de vagues d’amour et de tempête musicale jamais vécues auparavant. On lui décerne sûrement le stiletto de diamant pour un style inoubliable !

 

Le maître du théorbe, Rolf Lislevand, un Norvégien installé en Italie, nous a emmenés dans une valse à travers le Temps, car c’est un fou de musique ancienne…  Mais c’est aussi un passionné de musique contemporaine, de musiques traditionnelles (flamenco), de musiques arabe et orientale. Il n’en faut pas plus pour écouter avec ravissement son répertoire passionnant de  guitare baroque et de théorbe où l’on a la preuve tangible que  ces musiques réussissent à merveilles à défier Celui que vous savez, et qui se gausse éternellement de notre  humaine vulnérabilité. On ne peut pas rêver plus belle évasion ...musicale!

Inoubliable et fascinant aussi, ce jeu téméraire  d’improvisation fulgurante  auquel se sont livrés Boyan Vodenitcharov et David Dolan, sur deux pianos tête-bêche dans le Studio 1 !

Apollo e Dafne: une des plus belles cantates de Haendel. Il a alors 25 ans et se trouve à un tournant important de sa vie. Révélé à l’Europe entière par le triomphe de son opéra Agrippina à Venise en 1709, il se voit offrir une place de musicien de cour, telle que tout jeune musicien en rêvait à l’époque. C’est donc auprès du prince-électeur de Hanovre (le futur George 1er d’Angleterre) qu’il achèvera sa cantate Apollo e Dafne, œuvre magistralement interprétée, avec humour et raffinement, par les talentueux musiciens de l’ensemble Les Muffatti, et deux jeunes chanteurs captivants, tous deux formés au Conservatoire de la Haye, la canadienne Stefanie True et le portugais Hugo Oliveira. « Oh Temps suspends ton vol ! » (Prayers answered!)

L’air langoureux de La Strada de Nino Rota ou les célèbres thème de la Panthère Rose, du Clan des  Siciliens ou de James Bond, par L’ Ô-celli: octuor de violoncelles.  S’y ajoutent la fameuse ouverture tumultueuse de l’opéra de Verdi La Force du destin, et une Valse que le jeune compositeur Liégeois Harold Noben leur a dédiée. … « Prayers answered » encore, et toujours très peu de temps pour applaudir !

 

Voici le maelström d’émotions: Le  Trio en  mi bémol Majeur Op. 100 de Schubert exécuté avec grâce et émotions  infinies par le Trio Saint-Exupéry  (alias Lorenzo Gatto, violon, Beatrice Berrut, piano, Camille Thomas, violoncelle). Croisement de vivantes respirations musicales et pur ravissement. On les quitte à regret.

 

Voces 8, huit choristes de la Maîtrise de l’Abbaye de Westminster sont lauréats de nombreux prix internationaux, et l’un des principaux jeunes ensembles vocaux britanniques  A cappella. Leur répertoire s’ouvre sur  des polyphonies anciennes -  Bach, Monteverdi -  coule au fil du Temps, ( le suspendant au passage),  et se noie dans le  jazz en passant par Queen ou Oasis. Ils captivent par l’étendue inouïe  de leurs sonorités vocales. La mise en scène humoristique et chaleureuse emporte l’adhésion immédiate du public qui se précipitera sans doute sur Facebook pour les féliciter, chacun en particulier. Deux jeunes femmes pour six hommes en nœud papillon et fleur à la boutonnière ont vite fait de vous arracher à la réalité et vous faire battre les sentiers du rêve, vous aspirant dans la féerie de leur timbre très pur.

En finale, Amandine Beyer et Gli Incogniti, qui inauguraient le premier Festival Musiq 3 il y a trois ans,  rejoueront  le concerto "L'amoroso" de Vivaldi; le jeune Orchestre du Festival très prometteur et Steve Houben (saxophone)  feront revivre la musique de Gershwin et Cole Porter et  la merveilleuse Khatia Buniatishvili  dépècera frénétiquement  la fracassante  «Valse » de Ravel. La clôture revenant à Voce 8, faisant  chanter  tout  son auditoire sur « Skyfall ». Ce n’est qu’un au revoir, mes frères…/Ce n’est qu’un au revoir? I presume! 

 

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administrateur théâtres

Du 19 septembre au 20 octobre 2013, au théâtre du Parc

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La plongée dans nos nuits par  Dominique Serron et Vincent Zabus : « Enfin, après 1001 nuits, la transformation complète de l’homme le révèle, aimant et pleinement pacifié. »

 

La réalité ? On a pendu la crémaillère chez Laurent (éditeur, la quarantaine) et Laure, qui ont emménagé dans un appartement improvisé dans une ancienne librairie  désaffectée, autre réalité. Peut-être celle de L’ombre du Vent … A cet événement, ils ont choisi le thème de la fête : les contes de mille et une nuits… Hasard ? Nécessité ? La réalité appelle-t-elle l’imaginaire ou est-ce le contraire qui se passe?  Une dispute Shakespearienne a surgi au sein du couple, « the green-eyed monster » plante ses crocs au fond du cœur de l’homme ! Laurent est jaloux ! Il a besoin de sa dose de valériane pur pouvoir dormir mais il a évidemment  perdu la clé de l’endroit où elle est rangée.

 

12272938870?profile=original Nouvelle réalité: c’est  Monsieur  Ibrahim, (l’épicier de la rue Bleue, vous vous souvenez ?) qui débarque et lui présente des cornes de gazelle pour le consoler: «  Mangez ! Et lisez !!! Laissez‐vous envahir l’esprit… » Début du voyage initiatique façon Lewis Caroll. Ces gâteaux magiques, une fois croqués, deviennent les gâteaux aux amandes dégustées par Shazaman et Shariyâr, deux sultans d’un autre âge et d’un autre espace, affolés par « la trahison féminine ».  Entretemps - si l’on peut dire -  l’art de la suggestion, les costumes, les voiles qui voilent et dévoilent,  la danse, les éclairages subtils ont réveillé l’imaginaire du lecteur. L’Orient est là.  Le spectateur, lui, se sent happé dans  la  galaxie théâtrale : c’en est fait de lui, il n’est plus spectateur. Il est  acteur aux côtés de mille et un personnages et a libéré son propre imaginaire.

 

12272939064?profile=originalL’esprit de Laurent se peuple des personnages des contes que lui racontait sa mère. Tout un programme ! L’imaginaire est à la fois évasion et prison, comment s’en sortir ? La sève de l’histoire est la fresque des peurs et des angoisses humaines. Nous sommes dans le théâtre de l’invisible. Voilà les deux sœurs, Shéhérazade (une Antigone orientale  admirablement jouée par France BASTOEN) et sa sœur Dounia… même intelligence, même complicité, même humanité, même soif de justice, hors la  fin funeste d’Antigone. Shéhérazade brave l’autorité paternelle (un Patrick BRÜLL flamboyant). Elle veut arrêter le massacre. Elle a le plan que l’on connait. Elle va métamorphoser le cruel Shariyâr.  Ou Laurent, qui sait ? Ou le spectateur? 

 

12272939859?profile=originalL’histoire a été co-écrite par Dominique SERRON et Vincent ZABUS. Une écriture fluide, généreuse, pétillante d’humour et fourmillant de références. Elle puise sa source dans une très belle humanité et  elle émerveille. Pas étonnant que surgissent alors  tous ces personnages fabuleux et si vivants à la fois, au sein d’imaginaires si bien conjugués ! Les failles de Laurent  sont les chemins qu’il faut  emprunter résolument pour accéder aux questions essentielles. Tous finissent  par se sentir transformés : écrivains, comédiens, spectateurs. Le grand Sigmund a lui aussi traversé la trame de  l’écriture.  La psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim agit en sourdine.   Et le miracle de la réconciliation finit par advenir après des tribulations fantastiques qui mélangent hardiment Laurent, son frère, son père, son patron et sa femme adorée et les personnages de contes.

 

12272940081?profile=originalComme dans l’Oiseau bleu de Maeterlinck, il y a une fée mystérieuse qui guide Laurent dans ses pérégrinations et ses  épreuves.  Le nombre trois est mythique.  Laurent en est conscient et  joue le livre dont il est le héros! Il vogue avec une  présence et une aisance extraordinaires d’un personnage à l’autre. Son regard, ses gestes, ses répliques ne cessent d’interroger passionnément. Malgré ses quarante ans, il a gardé   toute la fraîcheur d’une âme enfantine. Vous vous souvenez du jeune Guy Béart ? C’est un peu lui… Mais de qui parle-t-on ?  Mais du comédien, bien sûr, Laurent CAPELLUTO ! Une personnalité très  attachante et impétueuse. Et Laure, innocente, féminine et moderne en diable, qui est-elle ? Qui est le miroir de l’autre ? Laure ou la délicieuse Laure VOGLAIRE, comédienne ? « Qui suis-je ? » est la question récurrente.  

 

12272940660?profile=originalUne  pièce  incontestablement novatrice et  passionnante. La mise en scène est éblouissante. Les décors poétiques s’effacent, se fondent, s’élèvent, volent presque! Tout y est : depuis les 40 voleurs jusqu’au tapis volant en passant par d’autres contes moins connus.  Musiques envoûtantes (Jean-Luc FAFCHAMPS, assisté d’Aldo PLATTEAU), lumières et costumes féeriques. Beauté scénique à chaque tableau que l’on doit se retenir  d’applaudir.  La troupe de l’Infini Théâtre est merveilleuse, jeune, audacieuse, créative à l’infini. Ils n’ont  certes pas volé leur titre : « the sky is the limit ! »

Mise en scène : Dominique SERRON.

Scénographe: Ronald BEURMS.

Costumes: Renata GORKA.

Lumières: Nicolas OLIVIER.

Création Musicale: Jean-Luc FAFCHAMPS.

Assistant : Valentin DEMARCIN.

Assistante: Florence GUILLAUME.

Assistant stagiaire: Antoine COGNIAUX.

12272941455?profile=originalAvec:
Laurent CAPELLUTO (Laurent (le mari de Laure), le portefaix, le prince endormi)
Laure VOGLAIRE (L'épouse de Lui, la première pucelle, la femme enterrée vivante)
France BASTOEN (Shéhérazade, la deuxième pucelle, la mère de l'adolescent)
Vincent HUERTAS (Le frère de Laurent, le sultan Shazaman, Masrour...)
Jasmina DOUIEB (Jasmina (l’amoureuse du frère), Douniazade (sœur de Shéhérazade)...)
Patrick BRÜLL (Le père de Laure, le Vizir (père de Shéhérazade), Robert l’Ifrite...)
Othmane MOUMEN (Monsieur Ibrahim (l’épicier), les trois Qalandars, la vieille Sacamal...)
Vincent ZABUS (Jean-Jacques (le patron de Laurent), le sultan Shariyâr, Djafar le vizir déguisé)

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Photos:  Isabelle De Beir

En savoir plus: http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2013_2014_001

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administrateur théâtres

 

12272935653?profile=original"Reprenons l’ordre chronologique : a)  L’écriture de Roberto Athayde  b) Ce qu’en fit Annie Girardot en 1974, c) Ce qu’en fit le théâtre Le Public en 2013"

 

 Conçu par l’auteur brésilien Roberto Athayde, ce seul en scène était une attaque virulente contre les délires politiques des dictateurs en Amérique du Sud. Une métaphore osée qui met en scène une instit pathétique (silence dans les rangs !) pour combattre un système qui boucle la parole, encourage la délation et réduit l’humain à un porte-faix …. Mais plus personne ne parle chez nous  de ce cinéaste, dramaturge, écrivain  et poète brésilien.

 

Le monologue de Madame Marguerite a fait fureur en France dès qu’Annie Girardot créa sur scène en 1974 ce personnage névrosé de Madame Marguerite. Institutrice de CM2, Madame Marguerite pratiquait avec ses élèves un absolutisme pédagogique quasi intégriste. Elle se sentait investie d’une mission vitale, détenait un savoir obscurantiste absolu (!) ainsi que le pouvoir totalitaire (!). Ses sautes d’humeur, de la basse flatterie à  l’insulte en passant par un registre de propos malveillants exposaient une caricature bienvenue du délire de la violence. Joué  à l’époque devant un auditoire médusé au Paul-Emile Janson à l’ULB avec tout le talent et la férocité dont Annie Girardot était capable, on ne pouvait sans doute pas taxer ce spectacle d’outrancier.    

 

12272935666?profile=originalAvec Le tandem Virginie Hocq (à la mise en scène) et Marie-Paule Kumps (l’institutrice omni-théâtrale), on plonge dans le surréalisme si cher à notre pays. Car le texte a vraiment pris un sérieux coup de vieux tandis que les images du couloir de la salle de classe belge sont  hyper-réalistes. (Bravo à Céline Rappez pour sa scénographie et ses costumes ton sur ton avec les murs jaunes et le tableau vert!)  Les portraits royaux cuvée 2013 sont de la dernière actualité… Dès l’entrée les spectateurs sont conditionnés à être des élèves soumis et sans défense, sauf celle de rire !  Mais comment être touché par ce texte devenu plutôt banal à nos yeux? Certes, il rend compte des gains inestimables de Mai 68, époque révolue, où il était indispensable de combattre le délire dictatorial en général, offrir la liberté sexuelle, libérer les femmes, changer la relation maître-élève. Las, tout cela semble être bien dépassé et finit par ennuyer. Surtout que l'on  reçoit  aussi en plein visage  des tonnes  de préjugés durs à cuire vis-à-vis de l’homosexualité. Et on subit, impuissants, la banalisation et les dégâts de l’utilisation des drogues, tabac compris.

12272936477?profile=originalDe récréatif et vachement critique, le spectacle devient glauque, orné de vulgarités de tous genres et lourd de  platitudes.  Dommage car, après quelques décrochages et bâillements au milieu des rires assidus des spectateurs bien conditionnés, on arrive enfin dans le vif du propos. Alors, les dix dernières minutes du spectacle sont foudroyantes car elles dénoncent la vitesse de l’évolution d’une société où tout d’un coup les choses vous échappent. Comme dans la terrible maladie d’Alzheimer. Cela est très émouvant et splendidement joué par Marie-Paule Kumps. Le travail du jeu de l’actrice est remarquable dans la montée de  son délire psychiatrique.  Madame Marguerite est devenue superbement folle dans cette parodie, car la société est devenue folle!

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UNE CRÉATION ET PRODUCTION DU THÉÂTRE LE PUBLIC. PHOTO©BRUNO MULLENARTS.

Assistanat à la mise en scène: Monia Douieb

Scénographie et costumes : Céline Rappez

Couturière : Carine Duarte

Lumière : Maximilien Westerlinck

Régie : Louis-Philippe Duquesne

Stagiaire régie : Aurore Mignolet

Photos: Morgane Delfosse

 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=340&type=1

MADAME MARGUERITE

de ROBERTO ATHAYDE Adaptation Jean-Loup Dabadie

DU 05/09/13 AU 26/10/13

Marie-Paule Kumps sera l'Invité du Public le 5/10/2013

Quelques photos, ainsi que celles d'Arts et Lettres: ici

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Nicolas Poussin, "Et in Arcadia ego"

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Les bergers d'Arcadie (deuxième version), Musée du Louvre
 
Aucune oeuvre picturale, sauf peut-être La Joconde de Léonard de Vinci n'a fait l'objet d'autant de commentaires, d'interrogations et de spéculations que ce célèbre tableau de Nicolas Poussin (1594-1665).
 
Le premier "mystère" réside dans le fait qu'il n'y a pas un, mais deux tableaux portant le même titre. Le plus célèbre, reproduit ci-dessus, est daté de 1637-1638 et se trouve au musée du Louvre, l'autre, le premier, composé une dizaine d'années auparavant (1628-1630) se trouve en Angleterre, à Chatsworth House, dans le Derbyshire. Ces deux oeuvres témoignent d'une évolution artistique (passage du baroque au classicisme) mais aussi intellectuelle, voire spirituelle du peintre.
 
Commençons par le deuxième tableau, le plus connu. On peut y voir quatre personnages : trois personnages masculins : deux jeunes gens couronnés de feuilles de laurier, symbole d'immortalité et attribut du dieu Apollon, le dieu des Arts et un homme plus âgé, portant un collier de barbe et une belle jeune femme richement vêtue dans un décor stylisé  d'arbres et de rochers. Les hommes tiennent à la main une houlette qui symbolise leur état de berger. L'ensemble donne un sentiment d'harmonie, d'équilibre et de clarté caractéristiques du classicisme français que l'on retrouve à Vaux-le-Vicomte ou à Versailles, dans  les tragédies de Racine ou les odes de Malherbe.
     
Les couleurs du paysage correspondent à celles des vêtements : le bleu de la robe de la jeune femme et du vêtement du berger agenouillé avec le bleu du ciel, le jaune d'or du châle de la jeune femme avec la lumière qui baigne la scène et les deux arbres à gauche du tableau. La jeune femme porte un turban blanc qui rappelle la blancheur des nuages, tandis qu'un nuage noir, qui pourrait symboliser la mort, s'étend du sommet d'une montagne (ou peut-être d'un volcan ?) au bord droit du tableau, comme une menace cachée. Le turban blanc de la jeune femme pourrait signifier qu'elle échappe à la mort, qu'elle appartient à la dimension céleste, comme la montagne et les nuages et qu'elle n'est donc pas vraiment une bergère, mais une déesse.
 
Le "berger" à droite du tableau porte un vêtement rouge (l'éros, le désir), celui de gauche un drapé couleur chair.
       
Le berger le plus âgé a posé un genou à terre et semble dessiner quelque chose sur la paroi du tombeau (les contours de son ombre ?) avec son index qui est pointé sur la lettre "R" de l'inscription "ET IN ARCADIA EGO". Accoudé au tombeau, l'un des adolescents le regarde faire ou peut-être "l'inspire", tandis que l'autre désigne du doigt le tombeau en regardant le spectateur ("Regarde et cherche à comprendre !'). On a nettement le sentiment d'une connivence entre les deux adolescents et la jeune femme qui s'appuie sur l'épaule de celui qui regarde le spectateur et du fait qu'ils n'appartiennent pas au même monde que le berger agenouillé. Aucun des trois d'ailleurs ne semble s'intéresser au tombeau, comme s'ils n'avaient rien à en apprendre. Ils regardent soit le berger agenouillé, soit le spectateur.
     
Certains commentateurs ont remarqué une anomalie dans l'ombre portée du bras et de la main du berger  agenouillé qui se terminerait en forme de faux, symbole de la mort. Le berger agenouillé serait donc le seul "mortel" du groupe, les deux autres bergers étant en réalité des dieux et le personnage féminin une déesse. Cette interprétation serait confirmée par le fait que les deux jeunes gens couronnés de feuilles et la jeune femme richement parée sont dépourvus d'ombre, contrairement à l'homme agenouillé.      

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Sur la paroi du tombeau figure une inscription en latin  : "Et in Arcadia ego (sum)" qui signifie "Et moi, je (suis) aussi présente en Arcadie.". L'Arcadie était une région imaginaire (une utopie) réputée pour sa douceur de vivre.
 
On s'est beaucoup interrogé sur la signification de cette inscription. Pour les uns, le sujet du verbe "sum" sous entendu et auquel renvoie le pronom emphatique "ego" (moi) ne peut être que la Mort, L'inscription signifierait donc :  "Et moi (la Mort), je suis aussi présente au pays des délices.". En soulignant la finitude sans remède de la condition humaine, cette interprétation confère à l'oeuvre une dimension tragique.
 
Pour les autres, le verbe sous-entendu serait au passé (fui et non sum) et le sujet serait la personne qui repose dans le tombeau. La phrase signifierait alors : "Et moi aussi (pourtant), j'ai vécu en Arcadie." Les deux interprétations ne s'excluent pas forcément : la mort est partout, même en Arcadie, celui ou celle qui repose dans le tombeau fut un jour jeune et belle (en supposant qu'il s'agit d'une femme) et goûta jadis le bonheur parfait au pays des délices. Cette interprétation confère au tableau une signification plus élégiaque que tragique.


Elégie : (1500, mot latin d'origine grecque elegia). Poème lyrique exprimant une plainte douloureuse, des sentiments mélancoliques... Toute oeuvre poétique dont le thème est la plainte.

 
On a donc affaire à une double figure de style : une allégorie : personnification d'une idée abstraite, en l'occurrence la Mort et/ou une prosopopée : faire parler un mort.
 
La prosopopée (substantif féminin), du grec prosôpon (« le visage ») et poiein (faire, fabriquer) est une figure de style qui consiste à faire parler un mort, un animal, une chose personnifiée, une abstraction. Elle est proche de la personnification, du portrait et de l'éthopée. En rhétorique, lorsqu'elle fait intervenir l'auteur, qui semble introduire les paroles de l'être fictif, on la nomme la sermocination.
 
Une autre interprétation confère au tableau une dimension chrétienne et apologétique : l'oeuvre picturale s'apparenterait alors à un sermon. Les trois bergers seraient les disciples préféres de Jésus, ceux qui ont assité à sa Transfiguration sur le mont Thabor : Pierre (le plus âgé), Jacques et Jean et la femme vêtue d'or et de bleu serait la Vierge Marie. L'inscription "Et in Arcadia ego" signifierait donc : "Moi, le Christ, je suis dans le Royaume des Cieux, ne vous attachez pas aux biens de ce monde, cherchez des biens qui ne périssent pas et vous aurez la vie éternelle, ne craignez pas car j'ai vaincu la mort tant redoutée des païens."
 
On peut aussi conjecturer que le personnage agenouillé n'est pas l'apôtre Pierre, mais Adam (le premier homme), les deux jeunes gens représentant les hiérarchies célestes et la jeune femme la Sagesse éternelle guidant l'homme vers son accomplissement, du paradis terrestre (l'Arcadie) à la Jérusalem éternelle (la parousie).

La juxtaposition de la tonalité tragique, élégiaque, voire épicurienne et chrétienne du tableau n'était pas de nature à dérouter un chrétien du XVIIème siècle nourri de culture gréco-latine.
 
La coexistence de toutes ces tonalités n'est pas non plus forcément étrangère à un esprit moderne : on peut avoir conscience de la finitude de la vie humaine ("Memento mori"), profiter de l'instant qui passe ("Carpe diem"), regretter le bonheur passé et désirer éterniser les instants heureux.
 
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Le Guerchin, "Et in Arcadia ego" (1618), le même sujet, interprété par Le Gerchin  (mouvement baroque)

La  première utilisation d'une tombe avec inscription dédicatoire "Et in Arcadia ego",  dans le monde enchanteur de l'Arcadie apparaît à Venise au XVIème siècle
 
La toile du Guerchin, conservée à la Galerie nationale d'art ancien du palais Barberini à Rome, rend plus évident le sens de cette inscription par la figuration d'un crâne posé sur le tombeau, au premier plan, au-dessus de l'inscription dédicatoire. Au second plan, deux bergers, un adolescent et un homme mûr découvrent le crâne. Le plus âgé, le berger au vêtement rouge, a un regard vide, comme aveugle ; le plus jeune, le berger au vêtement blanc, semble plongé dans une méditation mélancolique. Mais seul le spectateur peut  voir à la fois le crâne et l'inscription dédicatoire : "Et in Arcadia ego" qui s'expliquent en quelque sorte l'une l'autre. Non sans cruauté, le peintre a figuré une mouche (sur le crâne) et une souris (à côté) pour évoquer non seulement la mort, mais aussi la décomposition de la chair.
 
On distingue une forme étrange à la verticale du crâne et à la hauteur du sommet de la tête des deux bergers : comme une tête d'oiseau avec un oeil unique qui semble fixer le spectateur, posée sur une branche en forme d'éclair. On distingue nettement une ombre en forme de doigt soulignant la lettre "D" de l'inscription dédicatoire.

 
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Les Bergers d'Arcadie (première version, Chatsworth House (Derbyshire)

 
La première version des Bergers d'Arcadie de Poussin, celle de Chatsworth House, est probablement une œuvre de commande, inspirée de la toile du Guerchin. Son style est nettement plus baroque que la seconde version. Le "punctum" (le crâne) est décentré vers la droite, alors que dans la seconde version, le point central (le doigt posé sur la lettre "R" de l'inscription dédicatoire) est au centre du tableau qui s'organise "en étoile" à partir de lui. Les bergers découvrent l'inscription avec une expression de curiosité ; la bergère debout à gauche est représentée dénudée, dans une pose suggestive, très différente de l'attitude austère de la seconde version.
 
La première version représente quatre personnages : trois personnages masculins et un personnage féminin symbolisant les deux sexes et les trois âges de la vie : la jeunesse, l'âge mûr et la vieillesse. Un vieillard endormi aux cheveux blancs, couronnés de feuilles de laurier (Saturne ?) et tenant une jarre dont l'eau se répand à terre, symbolise la vieillesse, mais aussi le temps qui s'écoule inexorablement, tandis que le nuage noir que l'on retrouve dans la seconde version recouvre en partie l'or du couchant.
 
Dans la première version, beaucoup plus sombre, dramatique et tourmentée que la seconde, Poussin illustre les thèmes traditionnels de la brièveté de la vie et de la vanité des plaisirs et invite à se souvenir de la mort ("Memento mori").

 La différence la plus importante entre les deux versions, c'est que dans la première version, l'un des bergers se contente de pointer du doigt la lettre "D" de l'inscription dédicatoire "Et in Arcadia ego", alors que dans la seconde, le berger agenouillé trace la silhouette de son ombre avec son doigt qui est pointé sur la lettre "R" (Resurrexit" ?). Selon une ancienne tradition (Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXV 5, 15), c'est le moment de la découverte de l'art pictural : l'ombre du berger est la première image de l'histoire de l'art.
 
Mais l'ombre sur la tombe est aussi un symbole de la mort. Dans la première version, celle-ci est symbolisée par un crâne posé sur la tombe, dans la seconde par l'ombre en forme de faux de la main et du bras du berger agenouillé.
 
Le sens, beaucoup plus complexe de la seconde version semble être que l'Humanité surgit de la découverte de la mort inéluctable et de l'invention simultanée de l'Art, réponse créative à la finitude.
 
Ainsi, la prétention de la mort à régner même en Arcadie est récusée par l'Art, symbolisé par la jeune femme au drapé d'or, à droite dans la seconde version et qui pourrait être Mnémosumé (Mémoire), la mère des Muses ou la déesse Vénus, plutôt qu'une bergère, Apollon et Mercure, dieux des Arts et de l'écriture,  apparaissant sous les traits des deux bergers adolescents. 
 
Les deux versions des Bergers d'Arcadie témoignent d'une évolution non seulement picturale : passage du baroque au classicisme, mais aussi intellectuelle, voire spirituelle chez Nicolas Poussin dans sa manière d'envisager son art et l'art en général par rapport à la finitude humaine : dans la première version, l'art met en scène la surprise de l'homme face à la mort et souligne, dans la tradition des "Vanités" la vanité du "Carpe diem".
 
Mais en l'espace de dix ans, Poussin a pris conscience que le sentiment de la finitude peut certes encore se décliner sous la forme de la nostalgie utopique d'un monde sans la mort : l'Arcadie ou sa version judéo-chrétienne : le paradis terrestre, mais aussi, par un mystérieux paradoxe, que dans la lutte amoureuse entre Éros (le désir) et Thanatos (la mort), la mort est la condition même du désir, de la pensée et de la création humaines, non pas un simple "objet de pensée", mais, pour ainsi dire le moteur - et même, pour parler comme Aristote, le "premier moteur" -  de la pensée et du désir.

"La mort n'est pas pour la pensée quelque chose d'autre : au contraire, d'une certaine façon, elle la trouve en elle-même. La pensée de la mort n'est pas une pensée particulière, comme s'il y avait des pensées différentes, et, parmi elles, entre autres, la pensée de la mort, mais la mort est posée en même temps que la pensée, et toute pensée est, comme telle, pensée (de) la mort." (Marcel Conche, La mort et la pensée, éditions de Mégare, 1973, p. 9)
 
Mais, comme le suggère Jean-Louis Vieillard-Baron dans son livre Et in Arcadia ego. Poussin ou l'immortalité du Beau, Poussin, ce contemporain de Descartes, a pris conscience d'autre chose encore : l'ego de "In Arcadia ego", ce n'est pas la mort. La mort n'a pas de moi, la mort est une allégorie, ce n'est pas une personne. L'ego, c'est l'ego humain qui prête un ego à la mort, c'est l'homme qui cherche à déchiffrer l'énigme de l'inscription qu'il a lui-même gravée, c'est l' homme qui a peint les bergers d'Arcadie - et pas n'importe quel homme, mais un homme bien précis : Nicolas Poussin. C'est moi qui contemple ce tableau et qui essaye, à mon tour, d'en déchiffrer l'énigme, c'est l'homme qui médite sur le plaisir, sur la brièveté de la vie, sur la vanité, c'est moi qui  sais de science certaine que je vais mourir, c'est moi qui espère en l'immortalité, le regard perdu dans un châle de lumière.

C'est sur un tombeau que l'homme, inspiré par les dieux, trace les premiers signes. Mais, préfigurant la joie parfaite, la femme à l'étole d'or est la promesse pour "moi" que la mort n'aura pas le dernier mot.
 


Bibliographie :
 
Jean-Louis Vieillard-Baron, Et in Arcadia ego. Poussin ou l'immortalité du Beau, Éditions Hermann, 2010
 
Yves Bonnefoy (1995). Dessin, couleur, lumière. Mercure de France.

 

 

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Nicolas Poussin, né au hameau de Villers, commune des Andelys, le 15 juin 1594, mort à Rome le 19 novembre 1665, est un peintre français du XVII ème siècle, représentant majeur du classicisme pictural. Actif aussi en Italie à partir de 1624. Peintre d'histoire, compositions religieuses, mythologiques, à personnages, ou encore de paysages animés. Il fut l'un des plus grands maîtres classiques de la peinture française, et un "génie européen", comme le rappelle l'exposition Nicolas Poussin de 1994 à Paris, à l'occasion de la célébration du quatrième centenaire de sa naissance. (source : encyclopédie en ligne wikipedia)

 

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