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Un caprice hivernal

Partir, aller dans le jardin,
Où s'épanouit le langage,
Les mots s'y offrant en partage,
Me tente en ce brumeux matin.

Où s'épanouit le langage,
Certes s'activent des lutins.
Me tente en ce brumeux matin,
Les jeux d'un brillant  éclairage.

Certes s'activent des lutins,
Ajoutant à leur héritage.
Les jeux d'un brillant éclairage
Modifient velours et satin.

Ajoutant à leur héritage,
Ils renouvellent leur butin,
Modifient velours et satin.
Moi, j'y glane; suis d'un autre âge.

3 février 2018

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administrateur théâtres

PATER aux Riches Claires jusqu'au 10 février!

L’image contient peut-être : 1 personneThe House is on fire! On ne peut pas dire  que la jeune femme  vive de souvenirs, elle n’en n’a plus. Ni de  même de photos.  Par contre, sa sensibilité artistique lui fait  rapporter son histoire personnelle à celle de ... la Sainte Barbe, décrite par Cranach l’Ancien! Comme dans une affaire  criminelle, elle met sur pied un patient travail de reconstitution, elle veut savoir pourquoi « il » est parti, « ille » est parti, laissant tout derrière lui : sa femme et ses deux filles. Lui le père Absent.

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes souriantes, personnes debout

Roleplaying. Elle  fait comme si elle  rejouait  à la poupée. Cela lui permet de  prendre enfin les commandes de sa vie, en sculptant ses fantasmes sur une victime consentante. Pour combler l’absence, elle choisit   un  nouveau père, partenaire de chaque soir. Le dernier en date? Un pur marollien se prête au jeu. Louis a 78 ans, plein de mansuétude. Il est impeccablement habillé et véhicule un sourire … de bouddha. Lèvres serrées porteuses d’un éternel sourire, regard amusé,  il se laisse aller au jeu de la belle avec une sorte de bienveillance de bon papa ! Réussira-t-il à la reconstruire? Et pour ce père partenaire d’un soir, que d’émotions, de se retrouver, après avoir parcouru la partition l’après-midi  et à peine répété, devant un public. D’un côté  comme de l’autre des feux de la rampe, personne ne sait ce qui l’attend. Et la belle de se calibrer en justesse de ton, à chaque aventure.

In charge! Elle dirige les mises en scène avec une douce fermeté, ses  gestes ont la précision de ceux d’une infirmière.  Ses  images paternelles, elle les veut vivantes pour mieux les … mon enfant !   Elle parcourt invariablement les différents stades de son scénario. Elle se risque à les approcher pour ressentir la chaleur oubliée, perdue. La chaleur tout court. Le bonheur. Le dernier stade, c’est la Rédemption. Arrivée au village de l’enfance révolue près de Valenciennes, elle ira jusque devant la porte close, mais tirera-t-elle la sonnette? Osera-elle cette confrontation longuement fantasmée avec A comme Absent ou Ailleurs,  A comme …?  Ou recommencera-t-elle  inlassablement chaque soir et en boucle  à gravir les étapes  des impossibles retrouvailles?  Peut-être, qu’à force, l’expérience renouvelée chaque soir la rendra capable de se réconcilier avec elle-même d’abord, d’envisager de faire enfin son deuil et ne plus se laisser tenailler par le manque cruel?

La méthode de mise en scène se fonde sur un éventail de techniques très heureuses.  A travers la danse, les changements de costume, les bulles de rire,  les fragments de journal intime, le voyage,  la comédienne dissèque sa douleur et tisse une belle connivence avec le public. Les pensées de la jeune femme s’impriment  silencieusement en temps réel sur un écran. On est dans ses doigts, avide de deviner le mot qui  va se profiler  sur l’écran.  Il y a ce brillant  extrait de visite guidée de l’expo de maître Cranach à Bozar (2010)  qui  s’arrête sur le « Martyrdom of Saint Barbara, ca. 1510, Lucas Cranach the Elder », qui dépeint   les souffrances  de Sainte Barbe, martyrisée par un père jaloux. Un prénom, on l’avouera,  beaucoup plus joli en version anglaise,  ou …en chanson française !  Toutes deux, la sainte et Elle, Barbara,  partagent le mal du père… plus que celui de de la mer !  Il y a  aussi ces jeux avec le rétroprojecteur… au propre et au figuré!  Les crépitements de l’incendie de la maison natale… que l’on est impuissant à éteindre. Tandis que les  ravages de l’incendie se fondent avec l’œuvre de  l’artiste du 16e siècle, l’écho poétique de la voix de la comédienne brûle en volutes qui ensorcellent l’âme du spectateur. Il aura reçu en partage intime, l’authentique autobiographie  de Barbara Sylvain.  

https://lesrichesclaires.be/evenement/pater/ 

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Voilà qui est dit.

 

Tout d’un coup, vers le soir,

 

une lumière à la fenêtre.

 

Il faut ajouter à la même heure

 

le son du piano en face de la maison,

 

audible à travers

 

une autre fenêtre entrouverte.

 

Le crayon de la dessinatrice

 

rejoint les notes du pianiste,

 

comme un duo silencieux,

 

En partance ou en voyage,

 

Chacun son billet, chacun son itinéraire,

 

pour une performance en chassé-croisé.

 

Julien Boulier     le 03 février 2018

poème déposé Sacem : code oeuvre  3434329611 

On peut lire ce poème  avec le morceau "Time à la même heure" sur ma page internet http://www.julien-boulier.net/Time-a-la-meme-heure.html

ou sur ma page soundcloud https://soundcloud.com/julien-boulier/time-a-la-meme-heure-by-julien-boulier

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Un tendre privilège


Songerie

Pairs et impairs, ils se succèdent
Les jours paisibles de ma vie.
Chacun m'offre ses fantaisies
Or souvent, à l'ennui je cède.

Mon amour de la providence
Qui longtemps m'avait éblouie,
Est maintenant évanoui.
Elle agit comme une vengeance!

Ce qu'elle fit de ma personne
Me cause du désagrément,
Un évident ressentiment.
C'est en vain que je me raisonne.

Se poursuit la mésaventure
Mon visage trouvé charmant,
A cessé d'être souriant,
Me semble une caricature.

Augmente mon indifférence,
Mon énergie diminuant.
Un attristant cheminement;
Je somnole dans la brillance.

Face aux odieux sortilèges,
Relatifs au vieillissement,
Se dissoudre dans le néant
Devient un tendre privilège.

2 février 2018

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« Voyage d’hiver » a été conçu et créé pendant les mois de décembre 2017 et janvier 2018.

l s’agit d’une série de 24 photographies tirées sur toile imaginée au cours d’une période de recherche d’un renouvellement stylistique. Ce fut aussi un temps de grande difficulté personnelle pendant lequel le cycle de lieder de Schubert winterreise (voyage d’hiver) m’a accompagné en permanence. Il en constitue en quelque sorte la bande-son.

Il ne s’agissait pas d’illustrer les compositions de Schubert mais mes propres obsessions, préoccupations et blessures. Les gens qui vous tournent le dos, l’abandon, la solitude, la cruauté humaine, l’amour, le chaos et la spiritualité, la crédulité et la superstition, le voyage, la mort et un possible mais improbable paradis blanc… J’ai trouvé chez Schubert un compagnon de route dont je me sentais proche et dont les états d’âme me parlaient.

Voici donc une présentation de «Voyage d’hiver» qui aurait pu tout aussi bien s’intituler voyage au bout de la nuit ; Voyage de Schubert et peut être le mien car comme disait en substance Jean Renoir: parler des autres , c’est parler de soi.

À la fin d’un récital de Winterreise, un silence mystérieux et souvent prolongé se fait. Il règne un sentiment de gravité comme si le public avait approché un univers supérieur, ineffable et intouchable. Après avoir pénétré si profondément des arcanes aussi intimes et entendre se dévoiler de telles fragilités, le retour à la «normalité» peut poser quelques problèmes. Il en est ainsi , je crois, pour l’artiste en ce sens que la mise à nu de ses tourments ne peut le laisser indemne.

Beaucoup de ceux qui écrivent sur l’art dénoncent la pratique des biographies critiques. Ils nient l’importance de la vie personnelle dans la création. Il n’y a pas de relation claire et normative entre la vie et l’art ou l’art et la vie. Mais la relation entre expression artistique et expérience vécue fonctionne sur un espace plus vaste. L’Art est dans l’Histoire, crée par des êtres humains qui vivent, pensent et ressentent. Il se fait dans la rencontre et le conflit entre vie et forme combinant les mondes de l’émotion, de l’idéologie et les contraintes matérielles. Il n’existe pas dans une sorte de vide abstrait idéalisé.

Dans les lieder de Schubert, je ne parle pas ici de winterreise en particulier, le choix des textes lui-même est révélateur des variations de sa pensée et corrobore les fluctuations qu’il est possible de constater dans son journal et ses lettres. Depuis le décès de sa mère, la mort tient une grande place dans ses pensées. Tantôt elle lui paraît comme l’arrêt total de tout ce qui fait le prix de la vie, tantôt comme une porte ouverte sur une existence plus parfaite.

«des instants de bonheur égayent la sombre vie; là-bas, ces instants de bonheur seront une jouissance perpétuelle; de plus béats encore se transformeront en regards sur des mondes encore plus heureux, et ainsi de suite.»

Dans un moment de dépression, il offre sa vie au créateur:

Tue-la et tue-moi;

Précipite, jette tout au Léthé:

et laisse une existence pure, forte, éclore alors.

A peu d’exceptions près (gruppe aus dem tartarus farht zum Hades), chaque fois que la mort se trouve évoquée dans un lied, nous rencontrons le même solennel et mystérieux éclairage, la même douceur, les mêmes alternances d’ombre et de lumière. Ce retour d’une même attitude devant des situations semblables n’est pas dû à un phénomène de simple mimétisme; il serait peut être possible d’entrevoir le lien secret qui unit l’homme à l’artiste. Les lieder constituent le centre de gravité de l’œuvre entière. Non seulement par leur nombre (environ 650) mais avant tout par la variété des solutions d’ordre formel, la richesse de l’invention mélodique et la possibilité de concentrer un drame en quelques pages. Il est parmi eux de purs chefs-d’œuvre qui représentent l’état le plus achevé de l’art de Schubert. Voyage d’hiver est le dernier grand cycle composé par Schubert. Les poèmes sont l’œuvre de Wilhem Müller qui , ici, réussit à créer vingt quatre aspects différents d’une même obsession, à parcourir, un a un tous les degrés du désespoir , jusqu’à la lisière de la folie( im dorfe) ou l’annihilation de la personnalité (der leiermann). Schubert a composé en deux fois les vingt-quatre lieder qui constituent voyage d’hiver. Il découvre une première série de douze poèmes et les met en musique en février 1827. Schubert ne pouvait qu’être réceptif à ces poèmes de désespérance car en ce début de 1827, il est malade, presque sans domicile fixe et dans une situation financière catastrophique. Pour lui, l’œuvre est achevée et il écrit «Fine» au bas de la page du douzième lied, Einsamkeit. La musique et les paroles sont portées par le chagrin amoureux et figurent des états de conscience inquiétants. Le caractère sombre du musicien pendant la composition impressionne ses amis, d’autant que la première partie du cycle est justement fondée sur une rumination du souvenir, propre au romantisme. Un ami de Schubert,Joseph von Spaum, écrit:

«Schubert fut pendant quelque temps d’humeur sombre et paraissait souffrant. Comme je lui demandais ce qu’il lui arrivait, il eut cette seule réponse: Vous l’apprendrez bientôt et vous comprendrez pourquoi. Un jour il me dit: Viens aujourd’hui chez Schobert. Je vais chanter un cycle de lieder à vous faire frémir. Je suis curieux de voir ce que vous en direz. Jamais lieder ne m’ont tant touché. D’une voix toute émue, il nous chanta dans son entier le Voyage d’hiver. Nous fûmes totalement abasourdis par le climat lugubre de ces lieder et Schobert dit n’avoir apprécié qu’un lied, Der linderbaum/Le tilleul. Ce à quoi Schubert se contenta de répondre: Ces lieder sont ceux que je préfère entre tous, et ils finiront par vous plaire à vous aussi. Il avait raison. Bientôt nous fûmes enthousiasmés par la mélancolie de ces pages vocales que Vogl interprétait magistralement.»

La première audition eu lieu le 4 mars 1827 au soir. La musique laissa en désarroi ses amis «Il ne retrouvaient plus leur gentil Franz, le bon compagnon des Schubertiades, le Viennois facile, l’ami souriant et serviable».

Schubert se retrouve seul, même avec ceux qui l’aiment.

Quelques mois plus tard, sans doute à la fin de l’été 1827, Schubert découvre le second volume complet des poèmes de Müller intitulé, «Chants de la vie et de l’amour». Il décide donc de mettre en musique les douze nouveaux poèmes. Schubert respecte l’ordre des poèmes tels qu’il les trouve dans les deux ouvrages publiés dont il a connaissance et qui s’achève sur Der Leiermann où le poète demande au joueur de vielle – symbole de la mort – s’il peut le rejoindre pour en finir. L’unique permutation volontaire de Schubert, qualifiée en quelques mots d’«enchaînement, hypnotique et sans pareil», se trouve dans ce second cahier: Mut trop clair, passe avant Die Snebensonnen qui lui, par son climat, s’approche à pas feutrés, dans l’atmosphère la plus extatique des vingt-quatre lieder et une harmonie pacifiée, du décharnement du lied final Der Leiermann, comme une étape ultime de «la raison chancelante, la désillusion face à la réalité, la distorsion hallucinatoire, l’errance, l’aliénation vis-à-vis de la société…».

En composant ce cycle de 24 lieder je pense que Schubert entreprend son voyage au bout de la nuit. Gute nacht (bonne nuit) ainsi s’ouvre le cycle. Ce n’est pas la fin d’un conte. Il ne s’agit pas de ce que l’on dit aux enfants en terminant l’histoire destinée à les endormir.

Étranger je suis arrivé,

Étranger je repars.

Maintenant le monde est si sombre,

Le chemin enseveli sous la neige.

Ce n’est plus le voyage romantique mais le dernier voyage. Sa certitude du néant qui s’approche. Il est «entré dans l’hiver, la nuit, la mort de l’âme», fantôme en errance. Commencé comme une destinée individuelle dans le premier cahier (révélation de son statut d’étranger au monde, trahison de l’aimée, glaciation progressive – des sentiments malgré les rêves de printemps…), le cycle finit par devenir une odyssée initiatique dans un climat de plus en plus oppressant, jusqu’au glas final de la destinée humaine. Ce n’est plus le suicide d’un jeune amoureux trompé, mais la prise dans les glaces d’un homme usé, fini, figé dans la solitude et la souffrance. Et cette douleur atteint à l’universel. Voyage d’Hiver est une des œuvres noires de l’humanité.  Je la rapprocherai de celle de Goya qui, de plus en plus malade, se réfugie dans des œuvres chaque fois plus personnelles, plus intimes, puisqu’elles nous livrent les tourments de son âme. Winterreise est en tout cas le sommet absolu du Lied Romantique. Il s’agit d’un voyage intérieur, projection d’un paysage mental, où se meuvent lentement les sentiments. Le dehors n’existe que par le dedans. Le drame est soi-même. Qui se souvient au bout de quelques lieder que la cause première est une trahison amoureuse? L’errant chemine sans rencontrer âme qui vive pendant l’atroce vagabondage, excepté le joueur de vielle de la fin, la mort sans doute, qui est son frère, son double. Schubert a écrit la musique de l’épuisement, le parcours revenu des illusions. Il ne reste que solitude, amour impossible, abandon de tous, désir de mort et de dissolution dans la nature, dans le linceul de la neige.

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TENDRESSE...

Pendant que tu dormais

J'ai caressé ta joue

L'instant était parfait

Pourtant j'ai fait la moue...

Tel un enfant confiant

Le souffle régulier

Tu rêvais ton content

Et ma vue s'est brouillée...

Jalouse de tes pensées

De tous ces jours sans moi

Et des années passées

Où j'étais loin de toi!

Sur ton front soudain lisse

Je dépose un baiser

Et puis mes mains se glissent

Vais-je te réveiller?

La nuit est un larcin

Nous la verrons bleuir

Puis au petit matin

Nous l'écouterons partir...

J.G.

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Une envie littéraire

Mon habituelle innocence
Me lasse en ce temps rigoureux.
Mon esprit non aventureux
S'ankylose dans le silence.

Si je choisis un beau papier
Au lieu d'une feuille ordinaire,
Le place en la pleine lumière,
Des ombres y seront copiées.

Or, je voudrais que s'y déposent
Non des dessins mais des émois,
Fabuleux, inconnus de moi,
Opérant des métamorphoses.

Le luxe aurait-il cet effet?
Étranges sont les énergies
D'où émerge la poésie.
Qui nous en dira le secret?

1/02/2018

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Artpoetique

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Folie,

La folie m’entraîne
Dans les jardins d'hiver
Où je cache ma peine
Sous le noir de l'enfer

Je continue ma route
Sous l’œil du berger
Car je pense sans doute
Que je suis protégée,

Je ne suis pas seule
Dans ce monde d’aliénés
Qui hurlent et qui s'engueulent
Pour une tasse de thé,

Que seul le prince noir
Portera à sa bouche
Ce voleur de mémoire
Que les âmes escarmouchent,

Tiens, voilà l’artiste
Le plus vieux d'entre eux
Qui peint les gueules tristes
De tous ces malheureux

A côté, le mendiant
Qui vous vole le pain
Et vous crache en passant
Un venin assassin,

Sur la scène des bouffons
Je finirai ma vie
En poupée de chiffon
Dans ce monde de folie

Prenez bien garde à vous
Car ces jardins d'hiver
Vous rendront bien plus fou
Que vous l’étiez hier.

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administrateur théâtres

Chronique de chronique !

 Le monde selon Gardner

Vivre ! Face aux tragédies de  leur histoire,  les juifs proposent un mécanisme de défense : l'humour juif, un rire  qui est à prendre au sérieux et est une formidable réponse à l'antisémitisme.  Le «Maître» étalon moderne de cet humour étant  Woody Allen. Dans« Conversations avec mon père » comédie dramatique de Herb Gardner, (New York 1992) on peut observer une peinture éclatée  de l’Amérique juive new-yorkaise de 1936 à 1976. L’avènement de la parole  joue dans cette pièce un rôle  crucial.

17-conversations-lancon4.jpgThe American Dream: you’re most welcome in the Melting Pot! A quel prix ?  La reconstitution de la saga familiale explosée en  avalanches de flashbacks en présence d’un témoin contemporain (Charlie, Axel De Booseré)  expose  de façon lucide et jubilatoire la  question  de l’exil, des souvenirs du pays d’origine, de l’intégration du migrant dans la communauté,  du  douloureux abandon ou non  de la culture propre,  au profit d’un métissage avec la culture d’adoption. Les ravages de l’antisémitisme. Sur le plan universel,  que transmet-on à nos enfants, de générations entre générations, quelle est la définition d’un bon père, d’une bonne mère, d’enfants heureux ? La complexité des rapports familiaux et-elle la même à travers toutes les cultures, Quel rapport a-t-on, ou pas, avec la religion officielle du groupe?  Bref, qu’est-ce qu’une culture?  Tout au long de cette épopée familiale, on prend  conscience de façon de plus en plus  émouvante de la difficulté d’être. Un thème shakespearien.

La mise  en scène parfaitement scandée et éclairée est signée Jean-Claude Berutti.  La figure paternelle indestructible  du jeune Charles et de son frère, n’est autre qu’Itsik Elbaz, un personnage bourré de contradictions et qui s’avère de plus en plus incandescent au fur et à mesure que la pièce s'enflamme. Itsik Elbaz jouait l’an dernier dans « Pour en finir avec la question juive » au théâtre le Public.    Le reste des 11 comédiens est une formidable palette d’artistes qui partagent visiblement leur  félicité théâtrale autant  sur  la scène qu’avec le public. Rien n’étant plus important dans la culture juive que les noms,  citons-les gaiement: François Bertrand, William Clobus, Axel De Booseré, Ferdinand DespyItsik Elbaz, Antoine Herbulot, Clément Papachristou, Bernadette Riga, Marvin Schlick, Lotfi Yahya Jedidi, Aylin Yay

17-conversations-lancon2.jpg

 

 Patron du café couleur tabac,  rebaptisé de façon caustique The Flamingo, Itzhak Goldberg, nouvellement dénommé Eddie Ross,  cherche à  faire oublier ses origines ashkénazes en se fondant dans le moule yankee. Son esprit lucratif naturel va-t-il aller jusqu’aux compromissions ? Sacrifiera-t-il sa liberté ou gardera-t-il sa dignité? Gusta-Gloria, la mère, marquée par le Shtetl natal  vestale de lointains souvenirs, reste étrangère et est la plupart du temps hors-jeu. Elle cuisine, elle chante des berceuses, elle veille sur les lanternes rouges disposées sur les tables du café,  refuse de parler autre chose que du yiddish.  La comédienne  se nomme Aylin Yay.    Charlie, le fils cadet refuse tout bonnement de parler… avant trois ans, comme Einstein? Il se réfugie dans l’écriture. Il  deviendra une plume d’or.  Le frère, Joey se fait malmener pour ses origines  par les boys de l’école et des quartiers avoisinants. La guerre des gangs en miniature. Le harcèlement en grand format! Il recevra les plus hautes marques d’honneur militaire américain. Le père, ancien boxeur, veut être américain à tout prix.  Il sait ce que la différence implique en termes de rejet et fait l’impossible pari de s’assimiler. Il verra sa parole abolie.   Les tranches de vie se déroulent sous le  regard  placide d’une tête de bison et  l’impénétrable sourire du président Roosevelt accroché à un mur du café. Zaretsky, le locataire, un vieil acteur magnifiquement joué par l’innénarrable Lotfi Yahya Jedidi,  fulmine contre la mauvaise bonne idée du patron. Il proclame : « Moi au moins, je reste  moi ».  Leur disputes sont homériques, le public savoure.  Le pittoresque ravit. Les rires alternent avec les pleurs. La question de l’Absolu interpelle.  S’il y a un bémol, c’est celui de la projection des voix, qui pour cause de mise en scène, ne font souvent pas face au public. Évitez donc les bas-côtés de la salle!

17-conversations-lancon1.jpg  

Le spectateur est  emportés dans l’océan de sentiments exacerbés et profondément humains comme dans le ‘Fiddler on the Roof’ et traverse avec délices les murs du non-dit grâce au talent conjugué de cette bande de saltimbanques  si différents et si attachants. Notamment  les jeunes William Clobus et Antoine Herbulot.  Ils ont l’art de dire, de conter et de jouer bonheurs, souffrances et déchirements  qui surnagent  inévitablement après la violence infligée aux Juifs lors des pogroms en Russie et  celle des persécutions de la barbarie nazie. Des souffrances qui habitent encore en 1976, ce café de Canal street, à New-York.

17-conversations-lancon6.jpg

 

http://www.atjv.be/Conversations-avec-mon-pere

Toute la distribution

Auteur Herb Gardner-Version française Jean-Claude Grumberg-Mise en scène Jean-Claude Berutti-AvecFrançois Bertrand (Nick), William Clobus (Charlie à 12 ans), Axel De Booseré (Charlie), Ferdinand Despy (Sammy / Monsieur Bleu), Itsik Elbaz (Eddie), Antoine Herbulot (Joey à 12 ans / Finney), Clément Papachristou (Joey), Bernadette Riga (Hannah), Marvin Schlick (Jimmy Scalso), Lotfi Yahya Jedidi (Zaretsky), Aylin Yay (Gusta)-Assistant à la mise en scène François Bertrand-Scénographie Rudy Sabounghi-Costumes Colette Huchard-Maquillages et coiffures Rebecca Flores-Lumières Christophe Forey-Réalisation des décors et des costumes Ateliers du Théâtre de Liège-Création son Pierre Dodinval

mardi 30 janvier20h30
mercredi 31 janvier20h30
jeudi 01 février19h30
vendredi 02 février20h30
samedi 03 février20h30
dimanche 04 février16h00
mardi 06 février20h30
mercredi 07 février20h30
jeudi 08 février19h30Rencontre avec les artistes
vendredi 09 février20h30

 

Liens utiles :

Note d'intention

 http://arts-sceniques.be/rencontre/conversations-avec-mon-pere/

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12273267079?profile=originalJoyeuse compagnie (détail)
(ou Banquet caricatural, ca 1575)
Bartolomeo Passerotti (1529-1592)

« L'Art est le produit de l'intelligence, de la réflexion et du vouloir,
il doit produire chez l'homme un sentiment d'euphorie. »,

                                                                                                           Charles De Wit


12273266695?profile=originalLa gougoutte
Charles De Wit

« Il y a des caricatures plus ressemblantes que des portraits »,
tout l’art consistant à « nous mettre face à la réalité elle-même. »,
                                                                                       Henri Bergson (1859-1941)

      Pour faire suite au précédent article, qui se terminait avec ces Quatre personnages riant avec un chat, je repasserais bien le mistigri pour aller voir Margot dégrafant son corsage, mais cette joyeuse compagnie me retient. Et je comprends mieux pourquoi tous les gars étaient là…

12273267494?profile=originalLe chat emmailloté
(ou La bouillie du chat)
Entourage de Frangipane, ca 1585
Musée d’Arts, Nantes
On retrouvera cette inspiration chez Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), qui nous a laissé un dessin. Son élève, Marguerite Gérard (1761-1837) reprit cette esquisse, mais donna aussi un superbe tableau intitulé « Le déjeuner du chat », exposé à Grasse.
On peut aussi rapprocher cette toile de celle de Jan Miense Molenaer (1609-1668),

Intérieur de cabaret, où un gril sert d’instrument de musique.


12273268466?profile=originalMusée d’art et d’histoire de Genève.

Voilà un matou qui semble nous dire à la manière d’Eustorg de Beaulieu (1495-1552) :


« Pour dormir, boire et manger,
Prendre ébat et me soulager,
Je ne crains homme de ma taille. »

      On trouve dans cette scène du Chat emmailloté un personnage masqué. Il s’apparente à Pulcinella, Polichinelle, bossu et masqué, le type même de la commedia dell’arte. L’une de ces répliques, en forme de précepte, étant


« Mangeons et buvons jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’huile dans la lampe,
car on ne sait jamais si dans l’au-delà il y aura des lampes,
s’il y aura des tavernes. »


En attendant un hypothétique paradis, pour lequel on donnerait bien sa langue au chat, il convient donc de s’en mettre plein la lampe sans attendre la mi-août pour faire les quatre cents coups. Tout un art de vivre !
       Toutefois, à bon chat, bon rat, remarquez l’enfant, au premier plan à droite, qui nous pousse à réfléchir sur cette mascarade qui se joue au-delà du miroir. L’œuvre s’ouvre ainsi sur un autre regard.
Pasquinades et turlupinades. Pasquino, était encore un de ces zannis, valet de comédie, fier-à-bras, impertinent et vorace. Alors qu’en France, Henri Legrand (1587-1637), dit Belleville, côté pile, créa en 1610 sur le modèle italien, le personnage de Turlupin*1, côté farce, l’intrigant, large chapeau et sabre au clair, bretteur railleur se gobergeant de ses moulinets.
Bien d’autres bouffons dérivent, directement ou indirectement, de ce folklore, ici ou ailleurs, citons encore Scaramouche, le Capitan ou Matamore, Paillasse, Cassandre, Pierrot et Colombine, le Gille du Mardi Gras, Punch et Judy, et tutti quanti.
Mardi gras*2, jour charnel, de crêpes et de carnaval… Carême-prenant, derrière un loup, tout est permis.


« En une, en deux, en trois,
Saute Mardi Gras »

      Drôle de présentation tout de même que ce Chat emmailloté, où le peintre ironise et paganise. Est-il revenu le temps des lupercales ?
Plus prosaïquement, « si tu ne veux pas de blé charbonneux, mange des crêpes à la Chandeleur. »

12273268867?profile=originalPrésentation de Jésus au Temple
Andrea Mantegna (1431-1506).
(Photo captée sur le net)

Déjà Andrea Mantegna introduisit une bonne touche d’humour (absent ici),
avec ses facétieux Amours, dans l’oculus de la Chambre des époux
du palais ducal de Mantoue, et un saisissant sens du raccourci.

Sans commenter davantage l’événement…


« Je me contenterai de simplement écrire
Ce que la passion seulement me fait dire,
Sans rechercher ailleurs plus graves arguments. »,
                                                                                 Joachim du Bellay (1522-1560)

      C’est donc sans regrets et la plume légère je que poursuis ici ce que j’entrepris dans la première partie, adoncques…


« Mieux est de ris que de larmes écrire
Pour ce que rire est le propre de l’homme. »,
                                                                                                                      Rabelais

12273268671?profile=original Joueurs de cartes
Anonyme, premier quart du XVIIe s.
Musée de Tessé, Le Mans
« Non pas joueurs de dés, ni de quilles,
Mais de belles farces gentilles. »
                                                                                       Clément Marot (1496-1544)


Un style qui évoque celui des caravagistes d’Utrecht, que l’on retrouve aussi dans les…
12273269095?profile=originalJoueurs de cartes (ca 1625)
Jan Lievens (1607-1674)
Collection Leiden, New York

Ou comment le malheur des uns fait le bonheur des autres
et met, la chose est aisée, les rieurs du côté du plus fort.
« Dans le jeu l’amusement n’est pas réciproque :
presque toujours l’un des joueurs s’impatiente et se fâche,
ce qui diminue beaucoup le plaisir de son adversaire. »,
                                                                                                 Boccace (1313-1375)

D’ailleurs, « c’est un état d’être joueur »« On est convenu d’être incorrigible. », Charles de Secondat, dit Montesquieu (1689-1755).

12273269666?profile=original Le tricheur et ses comparses
Charles De Wit
Une autre manière de se mettre à table.

      Puissiez-vous avoir souri, car « le sourire est la perfection du rire. », Alain (Emile-Auguste Chartier dit, 1868-1951). Toutefois nous ne quitterons pas la table avant d’avoir goûté à la pièce montée qui nous attend.
Mais, au préalable… Vous reprendrez bien un peu de :
Frangipane et autres menus plaisirs (Niccolò Frangipane) :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/frangipane-et-autres-...

Campi, à l’italienne (Vicenzo Campi, 1ère partie) :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/campi-l-italienne-1-r...

Campi, à l’italienne (Vicenzo Campi, 2e partie) :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/campi-l-italienne-2e-partie-coquillages-et-crustac-s?xg_source=activity

Michel Lansardière (texte et photos),
et le compérage de Charles De Wit ! Merci à lui !

*1 Pasquino était le surnom donné à une statue romaine sur laquelle étaient placardés des pamphlets, à l’origine du sarcastique personnage. Les Libre-Esprit, un ordre mendiant créé au XIIe siècle, quant à eux, affublés du surnom de Turlupins, ils furent accusés de turpitudes, d’hérésie, et persécutés au XVIe s. Et moi, pauvre de moi, me mettant à la page, « d’parler comme un turlupin, je ne pense plus ‘merde’, pardi ! Mais je le dis. », Georges Brassens.

*2 En cette année de grâce 2018, Mardi gras sera fêté le 13 février. La fête de la Présentation de Jésus au Temple et de la Purification de Marie, le 2 février, jour de la Chandeleur, résurgence de la festa candelarum dédiée à Cérès et à sa fille Proserpine dans la Rome antique. Les lupercales, fêtes faunesques, étaient, elles, célébrées du 13 au 15 février. Quant à la Saint-Valentin, fête des amoureux, c’est, notez-le, le 14 février.


                                                               12273269495?profile=originalBanquet final
« Sept convives, repas ; neuf convives, fracas » (proverbe romain).

Que dire alors de treize ?

(photo captée sur le net)

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Accord haptique : marcher à l'intérieur de soi

Marcher à l’intérieur de soi

 

comme sur de hauts plateaux.

 

Décidément

 

s’il y avait une couleur pour cette illusion,

 

elle serait annoncée bleue.

 

Au final

 

on improvise

 

avec une poignée de soleil

 

une balade autour du hameau,

 

en dehors aussi,

 

sur l’herbe

 

et au milieu des corps célestes.

 

Julien Boulier    le 1er février 2018

poème déposé Sacem : code oeuvre 3434267811

On peut lire ce poème en écoutant le morceau "Accord haptique" sur mon site internet http://www.julien-boulier.net/Accord-haptique.html

ou sur ma page soundcloud https://soundcloud.com/julien-boulier/accord-haptique-23-03-2012

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Pollen Dahl : de ton geste s'échappe un paysage

De ton geste s’échappe un paysage,

 

des étangs et une source.

 

Et ce jour, cependant, près de la fontaine,

 

tu songes en attendant la nuit.

 

Peut-être est-ce pour partir à la recherche de ces instants

 

où les couleurs se disloquent à l’horizon, inaliénables et captivantes.

 

Nos yeux sont comme intrigués et ta parole naissante.

 

On découvre quels apprêts ajouter. Les rideaux de nuages.

 

L’énergie et les transports qui circulent entre les éléments.

 

Pointant le crayon sur une feuille d’un carnet,

 

je reviens vers toi comme un voilier

 

accostant au réveil et au petit jour.

 

 

Julien Boulier le 1er février 2018

 

poème déposé Sacem : code oeuvre 3434264711 

On peut lire ce poème en écoutant le morceau "pollen Dahl" sur mon site internet : http://www.julien-boulier.net/Pollen-Dahl.html

ou sur ma page soundcloud https://soundcloud.com/julien-boulier/pollen-dahl-by-julien-boulier

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