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Les mains de ma mère

Les mains de ma mère

 

Elles avaient raclé les miettes sur les tables,

grapillé le charbon au flanc des terrils,

ramassé branches et planches  pour allumer

                                        un feu de pauvre.

Mordues par la vie, elles restaient pourtant des mains d'enfant

qui habillaient des poupées imaginaires

et dessinaient des soleils sur des bouts de carton.

Entre la lessive et le devoir d'écolière, 

elles avaient gratté d'irréelles guitares

où leur âme se fendait en notes secrètes

                                          Entrte leurs gerçures,

elles avaient étouffé des colères de rebelle

et, mouillées de larmes, s'en étaint allées

cueillir la fleur rare, éclatée d'une graine aventureuse

                                          entre deux pavés.

Captives dans un atelier et tirant l'aiguille,

elles semblaient sur les taffetas, satins, broderies,

deux papillons voletant de corolle à corolle.

Du lot des meurtrissures, elles émergeaient aériennes

comme si leur vocation était d'apprivoiser les tourterelles. 

Un jour d'amour, elles déposèrent leurs fines nervures

                                           dans les poignes d'un ouvrier.

Les unes et les autres avaient de longues racines

gorgées de la houille du Sud et des sables du Nord.
Elles se nouèrent au temps des primevères, dans le souvenir commun

                                           du pain noir. 

Quand elles caressèrent mon premier battement de paupières

je reçus leur grâce au plus profond de ma chair.
Quand elles m'apprirent à cueillir un myosotis

ce fut pour le piquer dans mon coeur, que vivant

il y demeure à travers doutes et trébuchements.

Du langage des mains, elles me montrèrent tous les signes,

                                            puissants et délicats.

La tendre pression d'amour et la forte pression d'espoir,

le signe de l'adieu et celui du baiser,

les mains qui prient, s'offrent, maudissent,

                                           et le signe dur

du poing fermé pour la lutte finale,

les mains sur les yeux écrasant les larmes,

celles se frappant l'une l'autre dans l'enthousiasme,

et celles qui se creusent en coupe pour recevoir l'ondée,

ou s'écartent en croix ou dressent le flambeau,

tous ces signres, enfin, qui fusent du coeur...

                                           Les mains, les siennes,

sculptées dans la glaise des corons,

ne se refusant jamais à l'appel d'une détresse,

multiples et uniques, comblées de prodiges

                                           et de poignantes tendresses.

Elles sont vieilles aujourd'hui, traversées de veines bleues,

belles, comme le combat du blessé contre la mort,

comme une justice qui se montrerait nue,

comme l'obstination de l'aveugle à voir le jour

                                            dans sa nuit.

                                             Barbara Y. Flamand 

 

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L’IDEE, ARCHITECTURE DE LA FORME : L’ŒUVRE DE BERNARD BOUJOL

Pour son dernier vernissage avant son déménagement au 83, Rue de Laeken, 1000 Bruxelles, l’ESPACE ART GALLERY a consacré, du 22-03 au 22-04-18, une exposition dédiée au peintre suisse, Monsieur BERNARD BOUJOL, intitulée AU FIL DU TEMPS.

L’art de BERNARD BOUJOL se concrétise avant tout par la maîtrise de l’artiste sur la matière. Il apparaît, à la vue de son œuvre la conscience de la matière créée. Mais que l’on ne s’y trompe pas! Ce n’est pas la matière pour la matière mais bien la matière au service de l’imaginaire. Elle propose des formes et le visiteur les interprète au fil des couleurs. Car formes et couleurs (souvent fort vives) ne font qu’un.

Ce large espace qu’est la toile se résume, à première vue, par une plage de couleur verte où la tonalité se décline en dégradés sur une toile traversée en son milieu par une diagonale bleue. Il s’agit d’une coupe en plongée d’une zone géographique traversée par un long cours d’eau. Lorsqu’on se penche sur son titre, l’on remarque que le tableau s’intitule AMAZONIA. Mais déjà le simple fait d’être confronté à cette vaste étendue verte, fait que l’idée de la coupe géographique vient s’introduire dans l’esprit.

      AMAZONIA (80 x 80 cm-pigments naturels) 

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Idée et forme font que les œuvres atteignent souvent une dimension cosmique.

Avec SPIRALE et NOCTURNE INDIEN nous atteignons le cosmos par la magie du chromatisme bleu nocturne qui parsème le ciel de variations sur le bleu et le noir.

NOCTURNE INDIEN (60 x 60 cm-pigments naturels)

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donne la sensation, à partir de l’avant-plan noir, d’une fenêtre ouverte sur la nuit, basée sur la dominante bleue avec des effets tachistes noirs, blancs et rouges, donnant le sentiment d’avoir été conçus comme une coloration par projection. Une sorte de léger « dropping » extrêmement contrôlé.  

   

      SPIRALE (80 x 80 cm-pigments naturels)

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se définit par un mouvement rotatoire, appuyé par de fins traits blancs, accompagnés de légères touches blanches associées aux cercles reprenant leur trajectoire. Une note jaune à l’intérieur d’un carré de petites dimensions amplifie le mystère de la création cosmique.

Idée et forme s’interpénètrent dans LA CROISEE DES CHEMINS où deux chemins, réalisés volontairement de façon fruste, se croisent sur la partie gauche de la toile, submergée par une vaste étendue jaune (en dégradés) pouvant engendrer dans l’imaginaire du visiteur l’idée d’une vacuité tangible.

      LA CROISEE DES CHEMINS (60 x 60 cm-chaux et pigments naturels)

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L’artiste étant architecte de formation, cela se constate dans EQUILIBRE PRECAIRE. Nous avons le sentiment de nous trouver face à une construction mégalithique, soutenue par une base puissante qui s’élève en s’affinant, jusqu’à ne compter plus qu’un élément lithique terminant la composition. Ce qui singularise cette œuvre, réside dans le fait qu’elle est suspendue, en diagonale, dans les airs. Trois niveaux chromatiques structurent la composition :

  • brun, en dégradés, à l’avant plan
  • brun-clair au centre
  • blanc terminant l’ensemble

Ceci n’est pas un hasard car ces trois niveaux chromatiques « neutres » mettent en exergue la dimension cyclopéenne du mégalithe. L’équilibre, même précaire, est là pour soutenir l’ensemble, pouvant se disloquer à tout moment. L’équilibre n’est pas statique. Il est tributaire des lois physiques. Et la dimension cosmique revient : cet ensemble lithique pourrait aisément passer pour un ensemble de météorites en équilibre dans l’espace. La forme est à la fois abstraite et figurative. Mais ici le figuratif prend des dimensions abstraites. Mais que faut-il entendre par « abstraites »? S’agit-il de formes culturellement ininterprétables? Pas forcément. Car aujourd’hui, les formes ont acquis un langage que la psychanalyse a rendues, sinon universelles, du moins accessibles grâce, notamment, à un vocabulaire onirique, lequel permet à chacun une interprétation personnelle, axée sur l’intime. Comme il l’affirme lui-même, l’artiste « détourne » le figuratif en abstrait.

      EQUILIBRE PRECAIRE (60 x 60 cm-pigments naturels)

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Un exemple flagrant se matérialise avec LES TROIS SŒURS dans lequel trois formes verticales et statiques sont placées en bas sur la gauche du tableau. Trois formes pour trois couleurs : bleu, rouge et vert. La matière explose, pour ainsi dire, à partir d’un fond noir. Elle se présente carrément « brodée » comme du tissu.

Les trois formes s’inscrivent à partir de l’arrière-plan noir comme des figures sculptées au couteau sur l’écorce d’un arbre. Les motifs « brodés » semblent avoir été incisés en relief, conférant à l’œuvre le caractère métallique d’un fer forgé.

Une caractéristique de l’artiste s’exprime dans le fait que la peinture s’étale sur la surface entière jusqu’à déborder sur les côtés. Cela traduit une volonté de prolonger l’œuvre à l’infini et non de la circonscrire aux limites de l’espace scénique.

      LES TROIS SOEURS (60 x 60 cm-pigments naturels)

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      AVANT LA NUIT (80 x 80 cm- chaux et pigments naturels)12273281653?profile=original

AVANT LA NUIT représente une gestation se déroulant sur trois plans :

  • l’étendue de la mer touchant une ligne d’horizon très haute, à l’avant-plan
  • les feux du crépuscule, dans la zone médiane
  • le ciel conçu comme un cosmos étoilé, à l’arrière-plan

La gestation se produit au moment où la mer et le ciel (tous deux d’un noir intense) « accouchent » de ce magma chromatique, composé de rouge et de jaune vifs. Ce magma de couleurs signifiant le crépuscule est souligné par un long trait blanc matérialisant le volume de la forme. Malgré un calme apparent, il s’agit d’une œuvre d’une grande nervosité visuelle. A’ ce stade, l’artiste nous entraîne deux siècle en arrière dans l’élaboration du crépuscule, lequel possède le même chromatisme tourmenté d’un Turner. Sauf qu’à la différence du peintre anglais, la scène ne se déroule pas en plein jour mais juste « avant la nuit ». Les couleurs usitées par l’artiste sont généralement très vives carrément fauvistes dans leur conception expressive. Le rouge, le jaune vifs, le bleu obscur expriment une rare force. Le noir est également présent. Mais contrairement à la fonction que lui attribuent la majorité des peintres, il ne sert pas à faire ressortir le sujet de façon violente. Il se limite à mentionner sa présence en tant que « personnage » complétant l’ensemble (à l’exemple des LES TROIS SŒURS et NOCTURNE INDIEN, mentionnés plus haut). AVANT LA NUIT symbolise la rencontre charnelle entre deux univers : la mer et le ciel de laquelle émergent les feux du crépuscule. Dans l’évolution de l’histoire de l’Art, la couleur jaune a le mieux été interprétée par deux peintres, respectivement, Turner et Van Gogh.

La dimension passionnelle qu’elle dégage a considérablement influencé la peinture du 20ème siècle. Il y a dans la couleur jaune (comme dans les autres tonalités) une mythologie qui remonte au tréfonds des civilisations. La lumière et l’or jouent notamment une part considérable dans cette mythologie car ils symbolisent dans l’esprit humain les notions de pureté et d’incorruptibilité.  La lumière joue un rôle capital dans la naissance de l’image. C’est elle qui détermine sa viabilité. Eliminez la lumière et l’image n’existe plus. Faut-il rappeler son rôle lors de la première étape cosmologique vétérotestamentaire ? « Que la lumière soit ! » Quant à l’or, il possède une fonction philosophique plutôt contradictoire : depuis l’Antiquité classique et proche-orientale, il symbolise le pouvoir par le biais de sa nature organique, au fil du temps, incorruptible…alors qu’il n’y a rien de plus corruptible que le pouvoir! Mais la couleur jaune possède aussi une dimension de joie de vivre et d’exaltation (Van Gogh). Cela dit, comme nous l’évoquions plus haut, une concentration excessive de cette tonalité met en exergue la consistance passionnelle de l’âme humaine pouvant atteindre l’abîme (Turner).

Le crépuscule d’AVANT LA NUIT est composé de deux tonalités, à savoir le jaune et le rouge, faisant partie de ce que l’on nomme « les couleurs primaires »  (la troisième étant le bleu). La symbolique du rouge est celle du feu, du changement d’état mais aussi du sang, c'est-à-dire de la vie. Le crépuscule émerge à partir de trois éléments évoquant le chaos : le noir du ciel, signifiant la profondeur, le noir de l’eau considérée dans beaucoup de cosmogonies comme étant l’origine du monde à l’état anarchique, en pleine germination. De cette pénétration naissent les derniers feux du jour. Comme un cri avant la nuit.

L’artiste met en exergue la dimension cosmique et terrestre, l’une participant de l’autre.

Mais à ce stade, il est impératif de souligner l’erreur éventuelle que pourrait commettre le visiteur, laquelle serait de passer devant ces peintures trop rapidement, sans prendre le temps de s’arrêter systématiquement devant chacune d’entre elles. Car le sentiment d’être « envahi » par la maîtrise technique de l’artiste pourrait l’emporter sur son discours.

BERNARD BOUJOL est un peintre qui exploite la technique jusqu’à ses dernières limites pour arriver à concrétiser une idée. D’où cet appel à cette même idée demandée au visiteur par l’artiste (évoquée plus haut) pour concrétiser l’œuvre dans son existence à la fois charnelle et visuelle. Il y a, au contact d’une peinture de cet artiste, une adéquation émotionnelle et tactile entre l’œuvre et l’idée. Entre l’idée et l’œuvre par le biais de la forme. Contrairement aux apparences d’une première approche, il ne s’agit aucunement d’une peinture « intellectuelle ». Tout part et aboutit au ressenti.

Ayant fréquenté l’Ecole d’Architecture de Genève, l’artiste possède la formation d’architecte. Cela se remarque, notamment, en observant des œuvres telles qu’EQUILIBRE PRECAIRE. Son premier choix fut celui de faire de la peinture. Néanmoins, acceptant de suivre le conseil de ses parents pour qui le métier de peintre n’avait aucun avenir, il se tourna vers l’architecture et la pratiqua pendant quarante ans. Arrivé à un stade où le besoin de peindre se fit sentir, il se consacra entièrement à la peinture, sans pour cela devenir un « architecte qui peint ». Il dut pour cela « désapprendre à dessiner », comme il le dit lui-même, pour en finir avec les plans et les droites, afin de trouver sa propre liberté d’écriture picturale. Ceci dit, l’architecte n’a pas totalement disparu. Vous aurez remarqué que souvent, en indiquant sa technique, il est fait mention de pigments naturels accompagnés de chaux. Cette chaux est une réminiscence de l’architecture du Moyen Age. Les bâtisseurs l’utilisaient énormément pour consolider les éléments des cathédrales. Le peintre s’en sert comme fond fin pour absorber l’humidité ambiante une fois que les pigments recouvrent l’espace de la toile. A’ travers le pigment, la chaux réagit à l’humidité ambiante pour épaissir la couche. Le choix des pigments est capital, en ce sens qu’il les choisit naturels. Pour cela, il lui est arrivé d’aller jusqu’en Inde pour en trouver.

L’abstraction est pour lui une façon de se défaire de l’architecture en tant que tentation picturale. En détournant le figuratif de son signifié culturel, il entame une démarche qui fluidifie la forme et la soustrait à un vocabulaire préconçu. 

Cela se perçoit d’autant mieux si l’on considère le fait qu’il ne prend jamais de photographies comme support de travail.

BERNARD BOUJOL se sert de la mémoire comme miroir déformant une réalité à déconstruire pour la recréer. Néanmoins, même s’il est établi que l’artiste n’est pas un « architecte qui peint », n’y a-t-il pas dans le tréfonds de chaque peintre la flamme du démiurge, organisateur de son univers, déformant à volonté l’architecture d’un monde révolu?   

François L. Speranza.

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Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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L'artiste Bernard Boujol et François Speranza: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles. 

       

                                                         Une publication
                                                                  Arts 12272797098?profile=original                                                                  Lettres
 

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul.

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Signature de l'artiste Bernard Boujol

Collection "Belles signatures"  © 2017 Robert Paul

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Photos de l'exposition à l'ESPACE ART GALLERY

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administrateur littératures

Six personnages s'offrent à nous:

Stéphanie, une femme passionnée et amoureuse des Lettres, mère un peu fantasque de deux adolescents;

Norbert, son mari plutôt caractériel, professeur de mathématiques;

Amélie, 14 ans, un peu fofolle de nature et très remuante;

Jérôme, 16 ans, le musicien-poète de la famille, plutôt doux rêveur;

Eugénie, la mère de Stéphanie, veuve et retraitée qui s'incruste et même plus...mais qui est donc exactement le sixième protagoniste? De grand matin, Stéphanie a commis une gaffe; aussitôt son mari, se sentant lésé, s'en prend à elle, la discussion s'animant puis s'envenimant...

Quelle gaffe a donc commise Stéphanie?

Auteur de huit publications - six romans et deux recueils - , chroniqueur et membre de l'Association des Ecrivains Belges de langue française, Thierry-Marie Delaunois nous revient, après "Auprès de ma blonde" et "Les Trois épreuves d'Isis", avec un ouvrage hybride, à mi-chemin entre le roman et le théâtre, l'auteur y mêlant prose et poésie, sensibilité, émotion, susceptibilités et malentendus pour un roman-théâtre en trois actes. A découvrir?

Mais pourquoi avoir choisi de publier cet ouvrage chez Edilivre-Aparis, maison d'édition parisienne?

Pour son ouverture et sa souplesse quant aux genres publiés, son efficacité et sa rapidité d'exécution, et la disponibilité immédiate et à un prix démocratique de l'ouvrage en format numérique. Bonne lecture à tous!12273286258?profile=original

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Je ne sais si ces statues se confondent avec leurs fantômes.

 

Il me faut danser avec les mystères aux alentours

 

pour trouver l’endroit où la lumière s’enroule autour de ta voix.

 

Malheur à quiconque osera franchir l’espace

 

sans garder au fond de l’âme une espérance

 

conduisant vers l’attention à autrui.

 

Tu es ma citadelle ;

 

je créerai en toi les larmes et les rires

 

réunis dans des chants, des hymnes

 

et des quatrains sans suite.

 

Tu seras souffle, et nous serons un vallon

 

où se creuse une nef, des clefs en forme de voûtes.

 

Alors seulement , la  douceur de la nuit.

 

De Julien boulier     le 31 mai 2018

poème déposé Sacem code oeuvre 3438393611

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administrateur littératures

Riche et piquante soirée de rencontres ce 29 mai à l'Espace Art Gallery, thématique abordée: "Vivre sans temps morts et jouir sans entraves (mai 68...et après?)", ce qui pourrait sembler paradoxal, nous déclare d'entrée de jeu Gérard Adam, l'animateur de la triple rencontre. Divers slogans, comme "Il est interdit d'interdire", sont nés de cette révolte de mai'68 dont l'idée dominante, casser les tabous et les carcans, était devenue tel un mantra, mais le choix fut judicieux, également parfaitement justifié.

Débutons par Nicole Marlière comme ce fut le cas ce mardi soir: "La Femme sans coeur", roman tournant autour de la volatilité de l'amour, de sa complexité et de cette véritable fixation "Comment aimer?", nous présente la réalité d'une femme face à "l'homme-enfant" prisonnier des images traditionnelles souvent primitives. C'est le roman d'une auteure assurée, nous parlant avec distinction, au sourire désarmant, une rencontre claire teintée d'humour et de rires côté public, ponctuée de lectures d'extraits de l'oeuvre plus que révélateurs. Conclusion? Une interrogation: cette liberté revendiquée...au final, de courte durée?

Malika Madi, posée, elle aussi souriante, suit: "Chamsa, fille du soleil" née dans un village perdu du lointain Orient, rassemble toutes les qualités du monde. Petite paysanne au départ analphabète, elle se libérera et s'accomplira. Sa beauté? Une arme mais bien utilisée. A bon escient et l'auteure nous entraîne avec cet hybride de roman et de conte (paroles de Gérard Adam) vers une autre vision de la femme. Briser les tabous, est-ce possible? Envisageable? Elle met également en liaison sensualité et spiritualité, ce qui peut étonner en fonction des croyances. Vivre sans temps morts et jouir sans entraves...utopie? Folie? Magie?

Daniel Soil - the last but not the least- clôture avec "En tout!" ce périlleux tour de table où l'érotisme est loin d'être en reste, mai'68 ayant notamment éveillé la femme à davantage de féminité et de féminisme. Il s'agit de son sixième roman, une oeuvre incisive qui ne manque pas de nous rappeler bon nombre de "faits d'armes" de l'époque, un curieux amalgame: "caresses et débats, émois et invectives, passion et politique" (cfr. critiques et analyses via Google). Saviez-vous que notre droit à la parole d'aujourd'hui est le fruit de la prise de nombreux risques, de luttes incessantes, d'hésitations diversifiées? Cet auteur nous entraîne lui aussi cinquante ans plus tôt: comment faire lorsqu'on a 22 ans dans les années 70 et que l'on reçoit sa première affectation de professeur de "morale laïque"? L'agitation sociale fut le fil conducteur des nombreux bouleversements qui se sont succédé.

Bilan de cette chaude soirée? Non seulement le public, très attentif, mais aussi les micros en ont vu - pardon, entendu! - de toutes les couleurs, l'un ou l'autre câble traversant parfois l'auditoire sans trop le perturber. Un mai'18 en perspective? Un peu tard très probablement!

(Thierry-Marie Delaunois, 30 mai 2018)

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Le Salon International du livre de Mazamet 2018

n’a pas démenti sa réputation.

 

12273285657?profile=originalLes portes se sont fermées sur des auteurs et un public heureux.

En ce qui me concerne, j’ai eu le plaisir et l’honneur de réaliser un direct depuis ce Salon, plus de quatre heures d’antenne consacrées à la littérature. 

Pari osé, pari gagné.  Beaucoup d’appels à la régie ce qui prouve que les auditeurs aiment la littérature… 

 

Voici la liste des nominés ainsi que des lauréats remise par le président du Jury, Christophe Chabbert.

th?id=OIP.r-mA8UVJXHsnaw5f6MIe7AHaE7&pid=ApiLourde tâche que celle de superviser le comité de lecture.

201712171181-full.jpgLes prix furent remis par le parrain du Salon, Jean-François Pré.

Jean-François Pré connu en qualité de journaliste de télévision est également un auteur des plus intéressant.    

 

Félicitations à notre compatriote Martine Roland lauréate du prix de la critique à l’unanimité du jury ainsi que Ziska Larouge, nominée au prestigieux prix Marc Galabru ainsi qu’au prix de la Critique.

 

 

REMISE DES PRIX

PRIX VILLE DE MAZAMET sont nominés
Joaquin Ruiz pour Un hiver dans le Tarn
Paul Faury pour Maudites soient les Guerres
Claude Guibbert pour Secret de Famille
Le lauréat est Paul Faury

PRIX CONSEIL DÉPARTEMENTAL sont nominés
Henri Roure pour Hasards, Mystères et destins en pays catalan
Alain Cuvillier pour Une blague amère
Danielle Gamen Dupasquier pour Le Secret
Le lauréat est Henri Roure

PRIX CONSEIL REGIONAL OCCITANIE sont nominés
Alain Martin pour Meurtre au pied du pont du gard
Robert Faivre Enfant de troupe l’École militaire préparatoire des Andelys
Gabriel Sandoval pour Tous les peintres ne s’appellent pas Picasso
Le lauréat est Gabriel Sandoval

PRIX ROMAN sont nominés
Patrice Sospel pour Les âmes assassinées
Colette Berthès pour Le sourire de la femme Bison
Françoise Vielzeuf pour H comme héritage
Le lauréat est Colette Berthès

 PRIX ROMAN TERROIR sont nominés
Jean-Louis Riguet pour Récits Historiques des quais d’Orléans
Florence Marco pour Les Vignes rousses
Bérénice Gastian pour A l’ombre des peupliers
Le lauréat est Jean-Louis Riguet

 

PRIX POÉSIE sont nominés
Évelyne Génique pour Ma plume tisse…
Alain Caillol pour Les mots bleus
Mathilde Planchon pour Je reviens de loin
Le lauréat est Mathilde Planchon

 

PRIX COLLÈGE J-LOUIS ÉTIENNE sont nominés
Claude Chaillet et Serge Mielly pour Plumes d’Aimer
Ariey Gislaine pour Les laissés de la mer
Yves Marcérou pour Le Pérou terre des Incas
Le lauréat est Chistian Chaillet

PRIX ŒUVRE ORIGINALE sont nominés
Matthieu Kondryszyn pour Allo La Police ?
Jan Renette pour Iles et châteaux charentais
Fabrice Gutierrez pour Je ne suis pas Fernand
Le lauréat est Farice Gutierriez

PRIX D’HONNEUR MARC GALABRU sont nominés
Ziska Larouge pour Le plus important
Mathieu Bertrand pour Les émeraudes de Satan
Jean-Pierre Beaufey pour Dernier(s) contact(s)
Le lauréat est Mathieu Bertrand

COUP DE CŒUR un seul nominé
Jacques Nain pour Jacques Mesrine

PRIX DE LA CRITIQUE sont nominés
Liliane Fauriac pour Après Marienbourg
Martine Roland pour Novaya Era
Ziska la rouge pour Le plus important
Le lauréat est Martine Roland

 

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La joie d'exister qui perdure


À Danièle et Michèle Choucroun



La joie d'exister qui persiste,
Engendrant le contentement,
Rendant confiant, optimiste,
Se mérite certainement.

Attendre, de la providence,
Qu'elle favorise un défi,
N'est pas s'en remettre à la chance,
Lui en laissant tout le souci.

La réussite des projets
Résulte de la compétence
Et des efforts appropriés.
Être utile a de l'importance.

Parfois, durant tout une vie,
Exister a de la saveur.
Stimulantes sont les envies,
Attendrissants les coups de coeur.

29 mai 2018

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Ainsi s’envolent ces chimères.

 

Je rêve encore de nos vies

 

où nous gardons à nos côtés nos belles rencontres.

 

S’évanouissent tes paupières

 

et je te vois néanmoins dans mes souvenirs.

 

Ton portrait, je l’imagine sur les rives d’un ruisseau.

 

Il est aussi le versant d’un mont fantasmagorique.

 

Tour à tour fleur, étoile ou chrysalide,

 

Il épouse ce qui advient de nous.

 

Toujours en mouvement,

 

Il emporte à l’intérieur de son rayonnement

 

les vestiges de nos secrets perdus,

 

les reflets de nos plus profonds regards.

 

Julien Boulier                          le 29 mai 2018

poème déposé Sacem code oeuvre 3438315511 

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74056179?profile=RESIZE_180x180Je me souviens du jour où M. Réginald Hamel me téléphona aux petites heures du matin pour m’annoncer que mon nom figurerait en tant que poète dans la seconde édition du Dictionnaire des poètes d’ici de 1606 à nos jours, un ouvrage de 1360 pages qui serait publié aux éditions Guérin en 2005. J’en fus à la fois très ému et honoré. Un extrait de ma biographie ainsi que mon poème intitulé « Préface aux dirigeants » y furent publiés.

Enrichie de 300 pages, cette édition a fait l’objet d’assez nombreuses corrections. Mais dans l’ensemble, ce que nous disions de l’édition de 2000 reste vrai pour l’essentiel: fiabilité variable des notices (pour la période postérieure à 1970), titres sans mention d’éditeur, erreurs, flottements et oublis (T. Langlais, etc.), attributions de citations erronées (p. 73, 318, etc.), abus du mot « pédagogue », etc. Quoi qu’il en soit, ce dictionnaire constitue un ouvrage imparfait sans doute, mais imposant et d’une grande utilité. Lors du lancement du dictionnaire le 27 septembre 2005 à la librairie L’Île aux trésors, à Joliette, Marc-Aimé Guérin disait :

« La seconde édition de mon ouvrage, n’est pas le fruit du hasard. La première édition, selon moi surtout expérimentale, était loin d’être parfaite et malgré tout ce fut un succès de librairie, elle fut épuisée en moins de deux ans. Si je présente cette nouvelle édition, c’est que des centaines et des centaines de lettres nous parvinrent des auteurs et de spécialistes en bibliothéconomie, aussi d’amateurs éclairés qui nous conseillaient telles ou telles corrections, telles ou telles failles.

Tout en me félicitant d’être à l’origine de cette formule inusitée, j’ai demandé à mon rédacteur de tenir compte de toutes ces remarques et de les intégrer dans cette nouvelle mouture. La perte de quelques poètes qui se sentaient maltraités dans ma première édition, fut largement compensée par les centaines et les centaines d’écrivains, ayant compris notre bonne volonté et notre générosité dans la première édition, qui désiraient paraître dans la seconde. Comme dans la première édition nous n’avons exercé aucune discrimination à l’égard de ces nouveaux auteurs. »

À propos de Marc-Aimé Guérin

Ce normalien, géographe de formation et éditeur, débuta sa carrière en tant que professeur de géographie et d’histoire de l’éducation à l’École normale Jacques-Cartier.

Il exerça le métier d’éditeur chez Beauchemin avant de fonder ses propres maisons d’éditions surtout spécialisées dans le domaine scolaire; il est auteur du Dictionnaire des penseurs pédagogiques et plusieurs d’autres.

Poète de la nature et des états d’âme, il est à l’origine de la conception de ce Dictionnaire des poètes d’ici de 1606 à nos jours dont il a confié la rédaction de la première et de la seconde édition à Réginald Hamel.

À propos de Réginald Hamel

Ce collaborateur est un historien de la littérature dont la formation universitaire fut acquise tant en Europe qu’en Amérique.

Tout en enseignant en Europe, au Moyen-Orient, aux États-Unis et dans plusieurs université canadiennes, il a fait paraître plus de 70 ouvrages : anthologies, bibliographies, biographies, éditions critiques, essais et dictionnaires, dont le célèbre Dictionnaire Dumas.

En lui confiant la rédaction de ce dictionnaire des poètes d’ici, l’éditeur était assuré qu’il saurait garder une approche objective et faire connaître sans discrimination le cheminement de milliers d’écrivains et écrivaines qu’il considère comme li miroir du tissus social de l’écriture d’ici.

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Où sont les étoiles insoumises ?

 

L’idée de les entrevoir en train de s’éveiller

 

sur l’ombre des cimes, en haut des collines,

 

a forgé en nous un vaste impromptu,

 

ou une valse du soir.

 

Voici maintenant la lumière de leurs branches,

 

comme un dessin d’enfant,

 

qui dans nos yeux brille par éclats.

 

La pluie et les temps immémoriaux,

 

jusqu’aux éclipses,

 

viendront tourmenter leurs traces en plein ciel.

 

Ces visions effleurent ton nom

 

et bientôt tu chemines sur mes lèvres.

 

Julien Boulier     le 28 mai 2018

poème déposé Sacem code oeuvre 3438287811

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Quelle magique étreinte !

 

Nous créerons ensemble des souvenirs

 

dont les limites célèbreront notre existence.

 

Je me dis que cette nuit là,

 

quelque part dans la rosée,

 

en haut des arbres ou suspendus au bout du monde,

 

nous chanterons une ode à l’oiseau endormi.

 

O silhouette silencieuse,

 

perchée sur ta branche,

 

tu es la beauté des pensées et le corps de l’invisible voyage.

 

Ame plaintive, toi aussi tu porteras ta voix

 

et je t’embrasserai sous les nuits immuables.

 

Julien Boulier                          le 27 mai 2018

 

 poème déposé Sacem code oeuvre 3438263711 

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Les débuts de la modernité

Certes il y avait du progrès. Si l’on peut parler de progrès quand il s’agit de trouver tout à portée de main, la tendre pour se servir auprès d’interminables rayons de marchandises ! Par contre nous n’avions toujours pas l’eau courante ni l’électricité. A croire que notre chemin devait s’accomplir lentement, plus lentement que les autres, par compassion pour les plus démunis que nous ou plutôt et c’est ce qu’il me semble par manque d’ambition de mes parents. Ils avaient connu la pénurie, les déracinements constants que démarrer à chaque fois une nouvelle vie à la base leur paraissait normal ! Ils m’ont inculqué cette philosophie pour penser encore maintenant que l’abondance, le confort excessif, la minutie d’une vie trop bien réglée sont un luxe pervers qui endort l’initiative et est néfaste pour la santé. Ma mère passait ses dimanches à faire la lessive sur une planche de bois gondolé et rêvait à coup sûr que l’instant de pendre le linge était sa plus belle victoire. Je ne sais si aujourd’hui avec la machine moderne le fait de pendre le linge constitue une victoire ? Quant à l’eau, nous avions un puits avec une haute margelle. J’avais plaisir à faire tomber le seau au fond, entendre le choc et remonter cette eau fraîche et claire qui vient du centre de la terre avec à chaque fois un frisson à l’idée que cette profondeur pouvait m’engloutir. Je m’assurais donc que la margelle était bien solide … La maison d’en face, de l’autre côté de la voie de chemin de fer avait l’électricité, pas nous. Là aussi quand ce progrès fait défaut c’est quand le soir tombe qu’il faut avoir bon oeil. Chaque objet sur mon passage devenait un obstacle. Comment ne pas songer à celui qui est aveugle tout le temps, qui n’a pas la chance de la lumière du jour, enfermé dans la nuit permanente. Il me fallait donc inventer la lumière même en son absence. Gravir les marches de l’escalier avec une bougie en compagnie de mon ombre qui me précédait me donnait envie de rebrousser chemin. Mais l’ombre nous poursuit toujours. A force je m’habituai à mon ombre pour la faire devenir ma compagne. Elle ne me trahissait jamais même si je la scrutais avec attention afin de vérifier si elle accomplissait les mêmes gestes que moi ! Il fallait aussi s’habituer à une grande maison, avec un étage, ce que je n’avais pas connu dans ma forêt d’Emblise. Une fois l’escalier franchi, il fallait pénétrer la chambre noire. Celle que l’on retrouvait à la nuit tombée, qui n’avait pas été visitée dans la journée. Les petites maisons comme les maisons de poupées n’ont rien à cacher mais les grandes bâtisses à étage restent des châteaux battus par les vents où les esprits contrariés se cachent sous les lits. Et même d’inspecter sous le lit, les esprits sont invisibles. Il faut donc attendre sous la couverture s’ils vont se manifester ou pas ! Aller au lit se faisait sans discuter. Il n’y avait pas de baiser de maman ni de conte de fées ou de mille et une nuits. L’ampoule électrique ne viendra que plus tard et là comme par enchantement tous les enfants connurent la lumière avant de s’endormir car ils avaient peur du noir ! Pensez si cela me fait sourire. Comme si les esprits contrariés se souciaient de la lumière !

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L'intrigante réalité

Songerie

Souvent désole l'impuissance
Quand les efforts s'avèrent vains.
À l'ami on ne tend les mains
Que s'il est en notre présence.

Lors s'habituent des êtres sages
À renoncer à des défis
En sentant que leur énergie
Est celle de leur nouvel âge.

Des dons, qui semblaient assurés,
S'affaiblissent et disparaissent.
Cela provoque la paresse
Qui certes accueille des regrets.

L'existence crée, elle donne
Mais impitoyable reprend,
Par sa férocité surprend.
Incroyablement l'on pardonne.

Vieillissant lucide, en santé,
Dans les conditions les meilleures
Je m'entretiens sur tous les leurres,
M'intrigue la réalité.

26 mai 2018

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Eté indien...

Quand belle nature s'apprête

A prendre quelques repos

Elle nous jette en goguette

Pour rythmer son tempo

De beaux reflets dorés

Au détour d'un rayon...

Et nous fait désirer

Ses couleurs en foison!

Elle ne nous quitte pas

Va juste dormir un peu...

A l'ombre de ses pas

La vie ravive son feu!

Faut bien réactiver

Toute cette ébullition

Pour printemps retrouvé

S'offrir à profusion!

C'est que, cette demoiselle

Qui a millions d'années...

Veut toujours se faire belle

Elle n'est jamais damnée!

Elle n'est que fantaisie

Dans son évolution

Et nos âmes saisies

Découvrent sa passion...

De chaque jour donné

Avec une telle ferveur

Il nous faut profiter

Oubliant nos langueurs...

Et si demain le froid

Nous surprend au réveil

Nous garderons la foi

En nos sens en éveil...

J.G.

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code speranza

                           L’IDEE, ARCHITECTURE DE LA FORME : L’ŒUVRE DE BERNARD BOUJOL

Pour son dernier vernissage avant son déménagement au 83, Rue de Laeken, 1000 Bruxelles, l’ESPACE ART GALLERY a consacré, du 22-03 au 22-04-18, une exposition dédiée au peintre suisse, Monsieur BERNARD BOUJOL, intitulée AU FIL DU TEMPS.

L’art de BERNARD BOUJOL se concrétise avant tout par la maîtrise de l’artiste sur la matière. Il apparaît, à la vue de son œuvre la conscience de la matière créée. Mais que l’on ne s’y trompe pas! Ce n’est pas la matière pour la matière mais bien la matière au service de l’imaginaire. Elle propose des formes et le visiteur les interprète au fil des couleurs. Car formes et couleurs (souvent fort vives) ne font qu’un.

Ce large espace qu’est la toile se résume, à première vue, par une plage de couleur verte où la tonalité se décline en dégradés sur une toile traversée en son milieu par une diagonale bleue. Il s’agit d’une coupe en plongée d’une zone géographique traversée par un long cours d’eau. Lorsqu’on se penche sur son titre, l’on remarque que le tableau s’intitule AMAZONIA (80 x 80 cm-pigments naturels). Mais déjà le simple fait d’être confronté à cette vaste étendue verte, fait que l’idée de la coupe géographique vient s’introduire dans l’esprit.

Idée et forme font que les œuvres atteignent souvent une dimension cosmique.

Avec SPIRALE et NOCTURNE INDIEN nous atteignons le cosmos par la magie du chromatisme bleu nocturne qui parsème le ciel de variations sur le bleu et le noir.

NOCTURNE INDIEN (60 x 60 cm-pigments naturels)

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donne la sensation, à partir de l’avant-plan noir, d’une fenêtre ouverte sur la nuit, basée sur la dominante bleue avec des effets tachistes noirs, blancs et rouges, donnant le sentiment d’avoir été conçus comme une coloration par projection. Une sorte de léger « dropping » extrêmement contrôlé.  

   

      SPIRALE (80 x 80 cm-pigments naturels)

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se définit par un mouvement rotatoire, appuyé par de fins traits blancs, accompagnés de légères touches blanches associées aux cercles reprenant leur trajectoire. Une note jaune à l’intérieur d’un carré de petites dimensions amplifie le mystère de la création cosmique.

Idée et forme s’interpénètrent dans LA CROISEE DES CHEMINS où deux chemins, réalisés volontairement de façon fruste, se croisent sur la partie gauche de la toile, submergée par une vaste étendue jaune (en dégradés) pouvant engendrer dans l’imaginaire du visiteur l’idée d’une vacuité tangible.

      LA CROISEE DES CHEMINS (60 x 60 cm-chaux et pigments naturels)

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L’artiste étant architecte de formation, cela se constate dans EQUILIBRE PRECAIRE. Nous avons le sentiment de nous trouver face à une construction mégalithique, soutenue par une base puissante qui s’élève en s’affinant, jusqu’à ne compter plus qu’un élément lithique terminant la composition. Ce qui singularise cette œuvre, réside dans le fait qu’elle est suspendue, en diagonale, dans les airs. Trois niveaux chromatiques structurent la composition :

  • brun, en dégradés, à l’avant plan
  • brun-clair au centre
  • blanc terminant l’ensemble

Ceci n’est pas un hasard car ces trois niveaux chromatiques « neutres » mettent en exergue la dimension cyclopéenne du mégalithe. L’équilibre, même précaire, est là pour soutenir l’ensemble, pouvant se disloquer à tout moment. L’équilibre n’est pas statique. Il est tributaire des lois physiques. Et la dimension cosmique revient : cet ensemble lithique pourrait aisément passer pour un ensemble de météorites en équilibre dans l’espace. La forme est à la fois abstraite et figurative. Mais ici le figuratif prend des dimensions abstraites. Mais que faut-il entendre par « abstraites »? S’agit-il de formes culturellement ininterprétables? Pas forcément. Car aujourd’hui, les formes ont acquis un langage que la psychanalyse a rendues, sinon universelles, du moins accessibles grâce, notamment, à un vocabulaire onirique, lequel permet à chacun une interprétation personnelle, axée sur l’intime. Comme il l’affirme lui-même, l’artiste « détourne » le figuratif en abstrait.

      EQUILIBRE PRECAIRE (60 x 60 cm-pigments naturels)

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Un exemple flagrant se matérialise avec LES TROIS SŒURS dans lequel trois formes verticales et statiques sont placées en bas sur la gauche du tableau. Trois formes pour trois couleurs : bleu, rouge et vert. La matière explose, pour ainsi dire, à partir d’un fond noir. Elle se présente carrément « brodée » comme du tissu.

Les trois formes s’inscrivent à partir de l’arrière-plan noir comme des figures sculptées au couteau sur l’écorce d’un arbre. Les motifs « brodés » semblent avoir été incisés en relief, conférant à l’œuvre le caractère métallique d’un fer forgé.

Une caractéristique de l’artiste s’exprime dans le fait que la peinture s’étale sur la surface entière jusqu’à déborder sur les côtés. Cela traduit une volonté de prolonger l’œuvre à l’infini et non de la circonscrire aux limites de l’espace scénique.

      LES TROIS SOEURS (60 x 60 cm-pigments naturels)

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      AVANT LA NUIT (80 x 80 cm- chaux et pigments naturels)12273281653?profile=original

AVANT LA NUIT représente une gestation se déroulant sur trois plans :

  • l’étendue de la mer touchant une ligne d’horizon très haute, à l’avant-plan
  • les feux du crépuscule, dans la zone médiane
  • le ciel conçu comme un cosmos étoilé, à l’arrière-plan

La gestation se produit au moment où la mer et le ciel (tous deux d’un noir intense) « accouchent » de ce magma chromatique, composé de rouge et de jaune vifs. Ce magma de couleurs signifiant le crépuscule est souligné par un long trait blanc matérialisant le volume de la forme. Malgré un calme apparent, il s’agit d’une œuvre d’une grande nervosité visuelle. A’ ce stade, l’artiste nous entraîne deux siècle en arrière dans l’élaboration du crépuscule, lequel possède le même chromatisme tourmenté d’un Turner. Sauf qu’à la différence du peintre anglais, la scène ne se déroule pas en plein jour mais juste « avant la nuit ». Les couleurs usitées par l’artiste sont généralement très vives carrément fauvistes dans leur conception expressive. Le rouge, le jaune vifs, le bleu obscur expriment une rare force. Le noir est également présent. Mais contrairement à la fonction que lui attribuent la majorité des peintres, il ne sert pas à faire ressortir le sujet de façon violente. Il se limite à mentionner sa présence en tant que « personnage » complétant l’ensemble (à l’exemple des LES TROIS SŒURS et NOCTURNE INDIEN, mentionnés plus haut). AVANT LA NUIT symbolise la rencontre charnelle entre deux univers : la mer et le ciel de laquelle émergent les feux du crépuscule. Dans l’évolution de l’histoire de l’Art, la couleur jaune a le mieux été interprétée par deux peintres, respectivement, Turner et Van Gogh.

La dimension passionnelle qu’elle dégage a considérablement influencé la peinture du 20ème siècle. Il y a dans la couleur jaune (comme dans les autres tonalités) une mythologie qui remonte au tréfonds des civilisations. La lumière et l’or jouent notamment une part considérable dans cette mythologie car ils symbolisent dans l’esprit humain les notions de pureté et d’incorruptibilité.  La lumière joue un rôle capital dans la naissance de l’image. C’est elle qui détermine sa viabilité. Eliminez la lumière et l’image n’existe plus. Faut-il rappeler son rôle lors de la première étape cosmologique vétérotestamentaire ? « Que la lumière soit ! » Quant à l’or, il possède une fonction philosophique plutôt contradictoire : depuis l’Antiquité classique et proche-orientale, il symbolise le pouvoir par le biais de sa nature organique, au fil du temps, incorruptible…alors qu’il n’y a rien de plus corruptible que le pouvoir! Mais la couleur jaune possède aussi une dimension de joie de vivre et d’exaltation (Van Gogh). Cela dit, comme nous l’évoquions plus haut, une concentration excessive de cette tonalité met en exergue la consistance passionnelle de l’âme humaine pouvant atteindre l’abîme (Turner).

Le crépuscule d’AVANT LA NUIT est composé de deux tonalités, à savoir le jaune et le rouge, faisant partie de ce que l’on nomme « les couleurs primaires »  (la troisième étant le bleu). La symbolique du rouge est celle du feu, du changement d’état mais aussi du sang, c'est-à-dire de la vie. Le crépuscule émerge à partir de trois éléments évoquant le chaos : le noir du ciel, signifiant la profondeur, le noir de l’eau considérée dans beaucoup de cosmogonies comme étant l’origine du monde à l’état anarchique, en pleine germination. De cette pénétration naissent les derniers feux du jour. Comme un cri avant la nuit.

L’artiste met en exergue la dimension cosmique et terrestre, l’une participant de l’autre.

Mais à ce stade, il est impératif de souligner l’erreur éventuelle que pourrait commettre le visiteur, laquelle serait de passer devant ces peintures trop rapidement, sans prendre le temps de s’arrêter systématiquement devant chacune d’entre elles. Car le sentiment d’être « envahi » par la maîtrise technique de l’artiste pourrait l’emporter sur son discours.

BERNARD BOUJOL est un peintre qui exploite la technique jusqu’à ses dernières limites pour arriver à concrétiser une idée. D’où cet appel à cette même idée demandée au visiteur par l’artiste (évoquée plus haut) pour concrétiser l’œuvre dans son existence à la fois charnelle et visuelle. Il y a, au contact d’une peinture de cet artiste, une adéquation émotionnelle et tactile entre l’œuvre et l’idée. Entre l’idée et l’œuvre par le biais de la forme. Contrairement aux apparences d’une première approche, il ne s’agit aucunement d’une peinture « intellectuelle ». Tout part et aboutit au ressenti.

Ayant fréquenté l’Ecole d’Architecture de Genève, l’artiste possède la formation d’architecte. Cela se remarque, notamment, en observant des œuvres telles qu’EQUILIBRE PRECAIRE. Son premier choix fut celui de faire de la peinture. Néanmoins, acceptant de suivre le conseil de ses parents pour qui le métier de peintre n’avait aucun avenir, il se tourna vers l’architecture et la pratiqua pendant quarante ans. Arrivé à un stade où le besoin de peindre se fit sentir, il se consacra entièrement à la peinture, sans pour cela devenir un « architecte qui peint ». Il dut pour cela « désapprendre à dessiner », comme il le dit lui-même, pour en finir avec les plans et les droites, afin de trouver sa propre liberté d’écriture picturale. Ceci dit, l’architecte n’a pas totalement disparu. Vous aurez remarqué que souvent, en indiquant sa technique, il est fait mention de pigments naturels accompagnés de chaux. Cette chaux est une réminiscence de l’architecture du Moyen Age. Les bâtisseurs l’utilisaient énormément pour consolider les éléments des cathédrales. Le peintre s’en sert comme fond fin pour absorber l’humidité ambiante une fois que les pigments recouvrent l’espace de la toile. A’ travers le pigment, la chaux réagit à l’humidité ambiante pour épaissir la couche. Le choix des pigments est capital, en ce sens qu’il les choisit naturels. Pour cela, il lui est arrivé d’aller jusqu’en Inde pour en trouver.

L’abstraction est pour lui une façon de se défaire de l’architecture en tant que tentation picturale. En détournant le figuratif de son signifié culturel, il entame une démarche qui fluidifie la forme et la soustrait à un vocabulaire préconçu. 

Cela se perçoit d’autant mieux si l’on considère le fait qu’il ne prend jamais de photographies comme support de travail.

BERNARD BOUJOL se sert de la mémoire comme miroir déformant une réalité à déconstruire pour la recréer. Néanmoins, même s’il est établi que l’artiste n’est pas un « architecte qui peint », n’y a-t-il pas dans le tréfonds de chaque peintre la flamme du démiurge, organisateur de son univers, déformant à volonté l’architecture d’un monde révolu?   

François L. Speranza.

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12272797098?profile=original                                                              Lettres
 

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administrateur théâtres

Chanter et raconter, s’indigner et rire, jouer et dire, écrire et danser to the end of Love,  c’est  transmettre : une idée fixe chez Thierry Debroux  à chaque fois qu’il signe le miracle de la mise en  scène d’une nouvelle adaptation scénique dont il a le secret. Celles-ci  ne cessent d’émerveiller tous les âges,  du plus innocent au plus endurci et   on   finit par  prédire que chacun de ses  spectacles sera un nouveau couronnement.

Avec l’adaptation du Livre de la Jungle, de Kipling (1894-1895)  et non  de Walt Disney, il s’agit ici d’un hommage particulier, dédié à son institutrice de maternelle, Madame Christine qui fut, grâce à cette histoire de Mowgly,  l’instigatrice de toute sa carrière théâtrale, alors qu’il était haut comme trois pommes. Thierry Debroux, en homme reconnaissant,  pose publiquement  un acte de gratitude vis-à-vis d’une femme qui a su lui insuffler la passion qui a conduit toute sa vie… C’est quelque chose de rare dans notre monde pressé d’en finir ou  de courir après chimères et  idoles…sans jamais jeter un regard en arrière.   

Dans cette adaptation scénique irradiante, il jongle avec les mises en abîme  en réveillant ses souvenirs des personnages les plus intenses de Kipling,  tout en  évoquant  ses souvenirs d’enfance. Madame Christine  resurgit à tout moment,  du début à la fin …comme quelqu’un qu’il a vraiment aimée.

 

31 représentations de rêve, du 19 avril au 19 mai 2018

Et un retour prévu en décembre 2018...

Au cœur du récit, il y a  Mowgly, l’enfant loup  recueilli par la forêt  et une  mère humaine affolée  par sa disparition. Au travers du conte musical initiatique, on suit toutes les questions existentielles de l’enfant qui grandit, le questionnement de son appartenance au clan malgré sa différence,   le  respect ou non des  loi, la liberté de choix, le rôle parental… et l’incroyable volonté de pouvoir de  ceux qui se rêvent puissants…

Pour la forme, il y a l’écriture tellement truffée d’allusions humoristiques ou culturelles, des images fugaces des périls de  notre société, captés dans un jeu savant de sonorités et de bulles poétiques. Et des compositions musicales signées Philippe Tasquin  accessibles  sur  CD vendu à l’entracte ou après le « pestacle ».    

Les décors graphiquement parfaits tiennent de l’épure et reviennent comme des leit motivs. De la mise en scène émane un récit percutant. La « forêt qui soigne » se superpose aux palmes tropicales, les arbres bougent comme dans Shakespeare, le rocher de consultation populaire est une pyramide faite d’alvéoles comme la ruche des abeilles. L’île aux plaisirs, pardon, le repère des singes profiteurs est un nid de décadence. L’image contient peut-être : une personne ou plus A bons entendeurs, salut!   Le village lui-même voyage à travers le monde.  Ne se  retrouve-t-on pas soudain carrément  chez les Indiens d’Amérique, à voir le costume de la chef de village ? Clin d’œil du jeune Thierry Debroux à Kipling voyageur qui  lui aussi parcourut, étant jeune homme,  les terres d’Amérique?

Les  enfants frappants de dynamisme et de vitalité qui interprètent Mowgly font du jeune héros un personnage attachant et intelligent comme le veut Kipling. Les trois enfants qui se relaient,  Andrei Costa, Dario Delbushaye et Issaïah Fiszman semblent décoder par leurs fines postures et leur regard intense   les moindres arnaques, les hypocrisies et la violence du monde qui les entoure… On se réjouit de la fraîcheur de leur « sagesse innée» et leurs très belles voix qui émeuvent aux larmes portent des chansons bouleversantes. En miroir, les personnages mi-humains, mi-animaux,  entretiennent continuellement la dualité  de Mowgly et ses interrogations.  Les yeux des spectateurs se posent sur des masques qui semblent respirer et dire chaque réplique comme s’ils étaient vivants. Un tour de force et un art consommé des comédiens. Daphné D’Heur campe une séduisante  Bagheera et Messua, la villageoise éplorée devant la disparition de son enfant tandis que la deuxième très belle  voix féminine appartient à Rashka, une  mère-louve pleine d’empathie et de noblesse de cœur jouée avec brio par Jolijn Antonissen aux côtés d’un Akela très digne: Gaétan Wenders. Aucun texte alternatif disponible. Baloo joué par Emmanuel Dell'erba séduit par son entrain et sa … légèreté. Très farceur et transposé dans un mode plutôt comique, Kaa (Philippe Taskin) semble avoir été créé avec jubilation par l’adaptateur du récit,  qui n’a vraiment que faire de l’anathème jeté sur son engeance. Réhabilité comme un serpent sympathique, il ne lui manque que les bras pour qu’on l’aime vraiment. Le duo de mauvais bougres est maléfique à souhait, c’est Pierre Bodson pour Shere Kahn et Fabian Finkels – who else ? - pour le jeune loup aux dents longues.  Le narrateur, Gaëtan Wenders donne la réplique à Madame Christine (Anne-Marie Cappeliez).

L’image contient peut-être : une personne ou plus

Photos : ZVONOCK

Avec : Jolijn ANTONISSEN,
Pierre BODSON,
Anne-Marie CAPPELIEZ, 
Didier COLFS ,
Emmanuel DELL’ERBA ,
Daphné D’HEUR ,
Fabian FINKELS,
Antoine GUILLAUME ,
Philippe TASQUIN ,
Gaëtan WENDERS. 
Mowgli, en alternance : Andrei COSTA, Dario DELBUSHAYE, Issaïah FISZMAN. 
Les petits Loups, en alternance : Alexandre ANDERSEN , Baptiste BLANPAIN , Ava DEBROUX ,
Arthur FRABONI , Martin GEORGES, Laetitia JOUS ,
Julia ORENBACH, Andrea SCHMITZ, Ethan VERHEYDEN. 

Durée : 
2h entracte compris 

THEATRE ROYAL DU PARCRue de la Loi, 3, 1000 BRUXELLES   Billetterie : 02/505.30.30 

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