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Les débuts de la modernité

Certes il y avait du progrès. Si l’on peut parler de progrès quand il s’agit de trouver tout à portée de main, la tendre pour se servir auprès d’interminables rayons de marchandises ! Par contre nous n’avions toujours pas l’eau courante ni l’électricité. A croire que notre chemin devait s’accomplir lentement, plus lentement que les autres, par compassion pour les plus démunis que nous ou plutôt et c’est ce qu’il me semble par manque d’ambition de mes parents. Ils avaient connu la pénurie, les déracinements constants que démarrer à chaque fois une nouvelle vie à la base leur paraissait normal ! Ils m’ont inculqué cette philosophie pour penser encore maintenant que l’abondance, le confort excessif, la minutie d’une vie trop bien réglée sont un luxe pervers qui endort l’initiative et est néfaste pour la santé. Ma mère passait ses dimanches à faire la lessive sur une planche de bois gondolé et rêvait à coup sûr que l’instant de pendre le linge était sa plus belle victoire. Je ne sais si aujourd’hui avec la machine moderne le fait de pendre le linge constitue une victoire ? Quant à l’eau, nous avions un puits avec une haute margelle. J’avais plaisir à faire tomber le seau au fond, entendre le choc et remonter cette eau fraîche et claire qui vient du centre de la terre avec à chaque fois un frisson à l’idée que cette profondeur pouvait m’engloutir. Je m’assurais donc que la margelle était bien solide … La maison d’en face, de l’autre côté de la voie de chemin de fer avait l’électricité, pas nous. Là aussi quand ce progrès fait défaut c’est quand le soir tombe qu’il faut avoir bon oeil. Chaque objet sur mon passage devenait un obstacle. Comment ne pas songer à celui qui est aveugle tout le temps, qui n’a pas la chance de la lumière du jour, enfermé dans la nuit permanente. Il me fallait donc inventer la lumière même en son absence. Gravir les marches de l’escalier avec une bougie en compagnie de mon ombre qui me précédait me donnait envie de rebrousser chemin. Mais l’ombre nous poursuit toujours. A force je m’habituai à mon ombre pour la faire devenir ma compagne. Elle ne me trahissait jamais même si je la scrutais avec attention afin de vérifier si elle accomplissait les mêmes gestes que moi ! Il fallait aussi s’habituer à une grande maison, avec un étage, ce que je n’avais pas connu dans ma forêt d’Emblise. Une fois l’escalier franchi, il fallait pénétrer la chambre noire. Celle que l’on retrouvait à la nuit tombée, qui n’avait pas été visitée dans la journée. Les petites maisons comme les maisons de poupées n’ont rien à cacher mais les grandes bâtisses à étage restent des châteaux battus par les vents où les esprits contrariés se cachent sous les lits. Et même d’inspecter sous le lit, les esprits sont invisibles. Il faut donc attendre sous la couverture s’ils vont se manifester ou pas ! Aller au lit se faisait sans discuter. Il n’y avait pas de baiser de maman ni de conte de fées ou de mille et une nuits. L’ampoule électrique ne viendra que plus tard et là comme par enchantement tous les enfants connurent la lumière avant de s’endormir car ils avaient peur du noir ! Pensez si cela me fait sourire. Comme si les esprits contrariés se souciaient de la lumière !

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Commentaires

  • Merci Nicole à vous d'avoir apprécié, Merci pour votre commentaire Anne-Marie. Partager, j'adore !
    Bon dimanche à toutes deux, amitiés, gilbert.

  • Que de souvenirs ...Merci de ton partage, Gilbert  ! Bon dimanche ! Cordialement, Nicole

  • Cela me ramène à mon enfance , Merci Gilbert. Amicalement

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