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administrateur littératures

Riche et piquante soirée de rencontres ce 29 mai à l'Espace Art Gallery, thématique abordée: "Vivre sans temps morts et jouir sans entraves (mai 68...et après?)", ce qui pourrait sembler paradoxal, nous déclare d'entrée de jeu Gérard Adam, l'animateur de la triple rencontre. Divers slogans, comme "Il est interdit d'interdire", sont nés de cette révolte de mai'68 dont l'idée dominante, casser les tabous et les carcans, était devenue tel un mantra, mais le choix fut judicieux, également parfaitement justifié.

Débutons par Nicole Marlière comme ce fut le cas ce mardi soir: "La Femme sans coeur", roman tournant autour de la volatilité de l'amour, de sa complexité et de cette véritable fixation "Comment aimer?", nous présente la réalité d'une femme face à "l'homme-enfant" prisonnier des images traditionnelles souvent primitives. C'est le roman d'une auteure assurée, nous parlant avec distinction, au sourire désarmant, une rencontre claire teintée d'humour et de rires côté public, ponctuée de lectures d'extraits de l'oeuvre plus que révélateurs. Conclusion? Une interrogation: cette liberté revendiquée...au final, de courte durée?

Malika Madi, posée, elle aussi souriante, suit: "Chamsa, fille du soleil" née dans un village perdu du lointain Orient, rassemble toutes les qualités du monde. Petite paysanne au départ analphabète, elle se libérera et s'accomplira. Sa beauté? Une arme mais bien utilisée. A bon escient et l'auteure nous entraîne avec cet hybride de roman et de conte (paroles de Gérard Adam) vers une autre vision de la femme. Briser les tabous, est-ce possible? Envisageable? Elle met également en liaison sensualité et spiritualité, ce qui peut étonner en fonction des croyances. Vivre sans temps morts et jouir sans entraves...utopie? Folie? Magie?

Daniel Soil - the last but not the least- clôture avec "En tout!" ce périlleux tour de table où l'érotisme est loin d'être en reste, mai'68 ayant notamment éveillé la femme à davantage de féminité et de féminisme. Il s'agit de son sixième roman, une oeuvre incisive qui ne manque pas de nous rappeler bon nombre de "faits d'armes" de l'époque, un curieux amalgame: "caresses et débats, émois et invectives, passion et politique" (cfr. critiques et analyses via Google). Saviez-vous que notre droit à la parole d'aujourd'hui est le fruit de la prise de nombreux risques, de luttes incessantes, d'hésitations diversifiées? Cet auteur nous entraîne lui aussi cinquante ans plus tôt: comment faire lorsqu'on a 22 ans dans les années 70 et que l'on reçoit sa première affectation de professeur de "morale laïque"? L'agitation sociale fut le fil conducteur des nombreux bouleversements qui se sont succédé.

Bilan de cette chaude soirée? Non seulement le public, très attentif, mais aussi les micros en ont vu - pardon, entendu! - de toutes les couleurs, l'un ou l'autre câble traversant parfois l'auditoire sans trop le perturber. Un mai'18 en perspective? Un peu tard très probablement!

(Thierry-Marie Delaunois, 30 mai 2018)

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