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A quoi sert l’histoire de l’art ?

Alors que l’appétit de culture n’a jamais été aussi vif, et que son corollaire, la valeur fiduciaire des oeuvres, pèse de plus en plus dans la politique culturelle, Roland Recht revient sur les fondamentaux : à quoi sert l’histoire de l’art, et a fortiori, l’historien de l’art ? Une réflexion urgente à l’heure de la mondialisation culturelle.

Un entretien avec Roland Recht, professeur au Collège de France, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.
(document Canal académie) (durée d'écoute: 41 minutes)

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A la bibliothèque où je travaille nous organisons le premier café littéraire fontainois.

Cette année, la Bibliothèque et le Centre culturel de Fontaine-l’Evêque s’associent pour vous présenter le premier café littéraire fontainois. Ce café littéraire s’inscrira dans une journée de la littérature belge. Des activités diverses seront proposées : lectures des écrivains, débat, échange avec les écrivains, bar à mignardises, livres dédicacés à gagner,… Le café littéraire se déroulera l’après quatre heures du jeudi 28 février 2013 (Ouverture des portes à 17h – Début des activités 17h30 – Fin prévue à 19h30).

Vous pourrez y rencontrer des écrivains belges d’exception :

Justine Lalot
Jeune écrivaine locale, elle se démarque par un style dynamique et audacieux. En 2008, elle est lauréate du Prix du Jeune écrivain en France avec sa nouvelle Pic…Nic…Douille. Quatre ans plus tard, elle publie son premier roman Pas grand chose aux éditions Luce Wilquin. Celui-ci remporte le prix Saga café l’année qui suit.

Caroline De Mulder
Ecrivaine révélée lors du Prix Victor Rossel 2010, elle a fait vibrer la Belgique au son de rythmes éffrénés tangoèsques. Auteure à la plume subtile et délicate, elle nous a fait frémir à travers ses milongas. Elle nous est revenue récemment avec son deuxième roman Nous les bêtes traquées. Elle y dévoile les amours tortueux d’un couple (a)typique.

Luc Baba
Auteur diversifié et prolifique. Il écrit non seulement des
romans (une douzaine) mais aussi pour le théâtre et comme chanteur/slameur. Il sera lauréat du prix Liège Jeunes auteurs et il remporte en 2001 le prix Pages d’or. Il publie en 2011 son troisième roman pour adolescent Les aigles ne tuent pas les mouches.

Prix : 5€, café & mignardises offerts. L’entrée vous donne droit à un ticket pour le tirage au sort d’un roman spécialement dédicacé pour vous !
Adresse :

Bibliothèque de Fontaine-l’Evêque,
Place de Wallonie, 15
(Fontainel’Evêque)
Date et Heure : 28 février 2013 dès 17h30.
Réservation indispensable : à la bibliothèque (071/52 31 93) ou au Centre culturel (centre.culturel@villedefontaine.be)

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SOUNYA PLANES : ENTRE ERRANCE ET URGENCE

SOUNYA PLANES :  ENTRE ERRANCE ET URGENCE


Du 23-05-au 10-06-12, se déroule à l’ ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles) une exposition intitulée LE MOUVEMENT DANS L’ART. Cette exposition nous révèle le grand talent d’une artiste Française d’origine coréenne fort intéressante qui pratique simultanément la peinture ainsi que la poésie.

Ce qui caractérise, d’emblée, Madame SOUNYA PLANES, c’est que comme tout véritable créateur, elle œuvre dans l’urgence de l’instant. Et lorsqu’on l’interroge sur sa façon de se définir personnellement, l’artiste n’hésite pas à se qualifier de « matière errante » car l’ « œuvre » n’est en définitive que le couronnement de phases particulières de la vie.

En créant comme si son existence en dépendait, le mouvement devient le véhicule la conduisant vers l’instant aboutit se déployant dans une palette essentiellement constituée de couleurs tendres, opposées à l’omniprésence du trait noir, campé souvent à la verticale, telle une sentinelle surgie de l’intersection entre le geste et la vitesse. Exécuté à l’encre de Chine, le noir dont il est constitué donne le ton à la totalité de la composition. Jeté sur la toile l’espace d’une poignée de secondes, l’artiste se lance alors dans une course folle contre le temps pour que l’encre constituant le trait noir n’envahisse pas ou à peine (s’il s’agit d’une invasion volontaire), les autres plages chromatiques. Le jet naît de la vitesse et le résultat prend la forme d’ « instantanés ». Quelques secondes pour doser la quantité d’eau préparant l’aquarelle et le combat avec l’encre de Chine pour que celui-ci soit circonscrit dans la zone du tableau explorée s’engage.

Les œuvres exposées par Sounya Planes sont accompagnées par des poèmes qu’elle a soit écrits en Français ou traduits directement de la langue coréenne.

L’œuvre intitulée TRACE 96 (45 x 47 cm)

 

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est accompagnée du texte suivant :


L’ombrage verdoyant

le chant des cigales

beaux et chatoyant

de jour en jour

Qui de ce monde

pourra imaginer

l’enchantement

de savourer seule

cette gracieuse chanson ?

SHIN BOUYONGDANG (1732 – 1791  femme de lettré)


« L’ombrage verdoyant…» le vert est, en ce qui concerne le tableau, la couleur dominante, exprimée en variations. Aperception ou réalité, l’esquisse d’une forme familière comme celle d’un visage apparaît au détour d’un semblant d’œil écarquillé, plongé dans une zone sombre où le vert primitif se laisse volontairement envahir par le noir de l’encre de Chine.


POINTS. A LA LIGNE 3 (29 x 40 cm)


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nous offre un discours similaire mais en plus élaboré. Le trait noir, constitutif du style de Sounya Planes, prend sa source en haut de l’image et force est de constater que le tracé est chargé de matière, laquelle, une fois atteint son milieu, se dilue pour atteindre un langage d’une rare élégance, hérité de la calligraphie ancienne. Au fil de sa course, le pinceau se vide au fur et à mesure de sa matière, pour composer une série extrêmement fine de traits, à peine esquissés, tracés à égale distance, comme pour signifier l’évanescence de toute chose. Et cette expression hautement poétique et philosophique de l’existence se réalise, ne l’oublions jamais, dans l’urgence vitale du moment, pris en tenailles entre le geste et la vitesse.

Les textes traduits repris dans la Galerie ont tous été écrits par des femmes. Ils expriment, en filigrane, la situation sociologique de la femme coréenne, caractérisée par l’illettrisme et l’infériorité sociale dans laquelle cette dernière était plongée dans le passé.

Mais le souvenir peut être également le moteur créatif de Sounya Planes :


La chemise rose

en popeline de maman

sentait la houppe à poudre

enfoncée la tête dans sa poitrine

j’y frôlais ma joue

Les petites belles-de-nuit blanches

riaient aux éclats

sur sa chemise rose

en popeline

(Sounya Planes)


Ce texte trouve son origine dans un souvenir d’enfance. De la sensualité du contact entre la peau de sa mère et la sienne. De la douceur qui en a résulté et qui revit dans la chair de la mémoire. Cette douceur et sensualité se retrouvent exprimées dans TRACE 61 (34 x 13 cm).


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Texte et peinture naissent indépendamment l’un de l’autre. L’un étant une création sans aucun rapport avec l’autre, sinon dans l’interprétation personnelle d’un souvenir.

Jamais l’artiste ne se livre à l’ « illustration » d’un texte ou vice versa car peinture et poésie sont, par essence, indépendants et l’une ne saurait en aucune façon servir de « signifié » à l’autre.

Sounya Planes n’a jamais fréquenté les Beaux-Arts. Son père, lui-même peintre, fut son mentor. Ce dernier lui inculqua, entre autre, l’amour pour la tradition picturale cultivée exprimée par l’importance de la calligraphie ancienne de son pays d’origine.

Cela se constate (comme nous l’avons mentionné plus haut) dans l’utilisation qu’elle fait de l’encre de Chine, lequel par l’importance de la trace laissée par le pinceau, confère à la composition l’élégance voulue par le jaillissement d’effets aussi différents que magiques. L’artiste confesse aussi son attirance irrépressible pour l’existence du vide qu’elle considère, à fort juste raison, comme étant plus vital que le plein, car il reste à créer, par conséquent à définir. Cette dialectique entre plein et vide n’est que l’expression picturale du yin et du yang. Et le résultat est que à l’instar de TRACE 92  (45 x 29 cm),


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le visiteur peut, s’il n’y prend pas garde, s’abandonner à la tentation d’y voir une œuvre figurative…Néanmoins, si nous prenons connaissance du texte, nous sommes subjugués par le rapprochement « figuratif » entre la poésie et l’image :


Dans le calme de la nuit

puisant de l’eau limpide

je vois la pleine lune

surgir du puits doré

je reste debout

en silence

l’ombre du feuillage

oscille au vent

KIM SAMEDANG (1769 – 1823  femme de lettré)


En comparant le texte à l’image, nous prenons conscience de la force considérable de l’artiste qui consiste à créer l’illusion d’une aperception chez le visiteur comme lorsque son regard scrute les nuages pour en retirer des formes.

Précisons que ces textes sont extraits du recueil de Sounya Planes intitulé : AINSI CE MONDE DEVIENT CELESTE, édité par l’artiste.

 

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Le mouvement dans l’Art. Voilà un terrain dont il est extrêmement risqué de s’engager ! Car parler du « mouvement », c’est parler de l’Art dans ce qui constitue le noyau de sa dynamique. Le mouvement est dans tout. Même dans le statique car il faut l’amorcer d’abord pour le figer ensuite. Le mouvement est perpétuel. Il ne s’arrête jamais, en ce sens qu’il se poursuit dans l’imaginaire de visiteur. Si la beauté est, comme dit l’axiome, dans l’œil de celui qui la regarde par la perception qu’il en a, le mouvement, lui, s’inscrit dans la nécessité intrinsèque que constitue l’humain à le « dépasser », à le « prolonger » dans une « immortalité » toute humaine, et lui assurer d’infinis possibles.

François L. Speranza. 

 

 

Notes de Robert Paul:

La page de Sounya Planes sur le réseau

Hommage à l'oeuvre de Sounya Planes proposé et réalisé par Robert Paul:

"Sounya Planes - Traces, surfaces et signes"

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administrateur théâtres

Quand les planches deviennent gazon…

C’était un déjeuner sur l’herbe, vous voyez le tableau ?  En plein soleil, aux environs de minuit sonnant. Tâtez vous-même les  troncs majestueux aux écorces historiques et à la ramure invisible,  le moelleux d’un immense châle de Cachemire qui attend le panier de pique-nique ! Au loin, une rive noire d’un fleuve, le Léthé sans doute qui serpente dans la forêt de mots sublimes. Trois verres galbés sont sur la nappe,  attendant le nectar lumineux et rougeoyant. Ce soleil qui décline et "se noie dans son sang qui se fige".  Et  nous étions là, suspendus à la voix, au geste et au verbe chatoyant de Baudelaire. Il n’y a que lui pour rendre beau la pourriture, la demi-clocharde et les blessures. Lui pour évoquer les voyages mystérieux de la chair. La triste  mélancolie de l’oiseau des mers, l’insatiable quête d’ailleurs absolus.  Surgit alors la muse, toute de fourrure tachetée vêtue et chaussée de ces lunettes de soleil qui font d’elle une star. La muse elle-même, d’habitude muette et indifférente, use de sa voix ensorceleuse pour converser avec le poète, le désir et les désenchantements."Quand tu vas balayant l'air de ta jupe large, Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large, Chargé de toile, et va roulant Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent."

  Et puis il y a ce pauvre gredin mal rasé, au regard fixe qui égrène ses complaintes et son mal de vivre. Il y a  enfin, ce splendide jeune homme souriant en redingote grise qui vibre et éblouit,  tant les mots qu’il emprunte à la voix ténébreuse sont beaux, lascifs et cosmiques.

  Vous êtes emmitouflé dans un châle rouge et vous contemplez la scène, d’un œil enfin poétique. De mémoire de spectateur vous n’êtes entré d’aussi près, dans le tableau. De mémoire de spectateur les syllabes égrenées dans le plaisir de dire et de ressusciter ne vous auront autant touchés. C’était une veille de Saint-Valentin, et l’amour était  déjà au rendez-vous. L’amour étincelant des mots vivants. La douleur, au pied de l’arbre, oui, se tenait enfin tranquille. Les amours enfantines peuplaient votre esprit, les souvenirs d’anthologies disparues hantaient votre mémoire. Le Lagarde et Michard de votre adolescence vous ouvrait son cœur et ses pages de florilège désuet. Votre cœur est alors saisi d’audace de liberté et de bonheur. Vous jetez furtivement un coup d’œil à votre partenaire tout sauf endormi, car lui aussi respire comme un encens capiteux les vers de Baudelaire dit par les  trois comédiens malicieux et si unis. Souvent,  la langue baudelairienne fusait vers un ciel sans étoiles, couchée à même l’herbe, tendre et magique. Pendant que les deux autres s’abîmaient dans le ravissement appuyé contre l’arbre ou se balançant dans la chaise-longue parmi les chuchotements de la Nature. A les voir se charmer ainsi de fleurs vénéneuses, spectateur, tu ne peux rester indifférent! Et toi aussi, tu  lâcherais bien ta couverture et d’aller les rejoindre, subrepticement !"Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère!" "Tu m'as donné ta boue, et j'en ai fait de l'or!"

On emportera comme un viatique, les mélodies et les musiques  mystérieuses qui embrassent les déclamations poétiques, les gestes si beaux sous les lampions, les regards, les bribes éparses d’un verbe célébré afin de  peupler parfois  un quotidien si peu romantique. "Heureux celui qui peut d'une  aile heureuse s'élancer... et comprendre l'essence des choses muettes!"

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Et les quelques textes sarcastiques  de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem s'hrmonisent bien dans le programme et donnent un air ...Baudelaire 2000!

Les Fleurs du Mal,  d’un nommé Baudelaire, Charles de son prénom, dans la petite salle du théâtre le Public.

LES FLEURS DU MAL de BAUDELAIRE

et quelques textes de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem Conception et mise en scène: Françoise Courvoisier. Avec: Robert Bouvier, Cédric Cerbara et Aurélie Trivillin

DU 10/01/13 AU 02/03/13

Prolongation exceptionnelle jusqu'au 02/03/13!

Dans une époque qui ne l’a pas accueilli, Baudelaire a voulu détacher la poésie de la morale et l’a proclamée toute entière destinée au Beau. Avec « Les Fleurs du mal », il tisse des liens entre le bonheur et l'idéal inaccessible, entre la violence et la volupté, entre le poète et son lecteur, entre les artistes à travers les âges. Outre les poèmes graves ou scandaleux, il exprime la mélancoli et l'envie d'ailleurs. Baudelaire, c’est le poète qui sublime la sensibilité, qui nous emporte dans des flots de passion, qui recherche la vérité humaine de l’univers : « Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu. » (Arthur Rimbaud)

Un spectacle musical qui offre un choix de poèmes explosifs et flamboyants, humains et tendres, où explose la modernité du poète dont l’audace lui avait valu la censure de son vivant. Entraînés par les chants et la musique, plongez avec fascination dans le parcours de ce marginal écorché et en colère, mais qui disait aussi : « le bonheur, il faut savoir l'avaler ! »

UNE CREATION ET PRODUCTION DU THEATRE LE PUBLIC, DU THEATRE LE POCHE GENEVE ET DE LA COMPAGNIE DU PASSAGE.

Musique originale: Arthur Besson

Scénographie & costumes: Sylvie Lépine

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=322&type=1

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administrateur théâtres

Parfois, il faut avoir le courage de ses opinions!

Parfois, il faut avoir le courage de ses opinions!

 

Envoyé le : Samedi 16 février 2013 1h00 Objet : sortie de scène   

Pas pour les annales
Jean-Claude Idée s’est laissé embarquer dans une aventure peu piquante cette fois-ci. Alors que nous avions savouré ses mises en scènes exceptionnelles dans Amen, Démocratie, L’allée du roi et Don Camillo en 2012 et Autant en emporte l’argent ou La nuit de l’audience en 2011, on se trouve ici devant un mur d’interrogations. Le spectateur se demande vraiment ce qu’il est venu voir.
La pièce de Nicolas Bedos a parcouru la France il est vrai mais on s’interroge sur ce que l’on peut y trouver. Théâtre « digestif » ou « comédie de boulevard piétinée » ? Tout y sonne creux, comme la toux caverneuse du protagoniste principal, vieil écrivain misanthrope et narcissique, rabâcheur à souhait à qui on a interdit de fumer. Même le goût parisien de la formule n’y est pas. On sourit du bout des lèvres à certaines saillies tantôt lourdes tantôt plates, qui à peine sorties sont déjà éventées. Passez-moi le sel s’il vous plaît !
On reconnait certes à Nicolas Bedos l’intention d’avoir voulu créer un personnage crédible, en hommage à son illustre père … à travers ce grincheux médisant et amer, qui est supposé dire l’ennui et la désillusion de fin de siècle, dans la tradition d’Alfred de Musset. Hélas, la transmission ne s’est pas faite et nous sommes en début de siècle, que diable!    Rien de cette intention louable n’apparaît dans la pièce, ni dans le fond ni dans la forme. celle-ci se résume à une série décousue d’éructations d’un homme de théâtre qui va mourir, après avoir tourné volontairement ( ?) le dos au succès et s’être enfermé dans une tour d’ivoire où il brasse ses agacements. Il croit impressionner avec ses bordées d’injures d’une platitude à vous faire fuir. Ce que son ex-femme a fait d’ailleurs. Ce que l’on ferait aussi,  si c’était un film.
Il n’est que sa très brave servante au grand cœur, à la solide composition, jouée par la savoureuse Marie-Hélène Remacle, époustouflante dans Shirley Valentine, qui sauve les quelques meubles qui n’ont pas été pris par les huissiers. Oui, elle est bien dans la tradition des servantes fines, généreuses et intelligentes qui peuplent le théâtre classique français. Son accent du midi et ses postures de femme mûre et sereine sont irrésistibles. Lisa Debauche, la jeune nièce à la recherche d’un père, est pour sa part gauche,  incertaine et peu convaincante dans son rôle de jeunette dorée déboussolée qui taquine des idées suicidaires. Et les deux autres personnages, joués sans grand enthousiasme par Damien De Dobbeleer et Frédéric Nyssen, semblent se  demander ce qu’ils sont venus faire  dans cette galère. Tout comme Jean-Claude Frison dans le rôle principal qui met son énergie au service d’un personnage dont il n’endosse pas vraiment le profil. Heureusement que sa nièce lui passera une fumette ou deux! Les décors et les costumes sont de la même eau blafarde de l’ennui tandis que les appuis musicaux ne semblent reposer sur rien.
Un mot encore: on aurait adoré que le Chat de l'écrivain, personnage hargneux à l'image de son maître,  qui griffe et qui mord  à chaque instant  fut  réellement  sur le plateau, pour nous égailler un peu! 
Bref, on efface et on recommence, chacun peut se fourvoyer. Le théâtre des Galeries qui, de la comédie de boulevard aux pièces sérieuses, passionne ses fidèles spectateurs, n’inscrira sans doute pas cette pièce dans ses annales.
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Sortie de scène

de Nicolas Bedos - du 13 février au 10 mars 2013

http://www.trg.be/saison-2012-2013/sortie-de-scene/en-quelques-lignes__3982

 
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administrateur théâtres

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Quel talent ! Patricia Ide se transforme soudain en gallinacée emplumée, montée sur des échasses pour mieux dominer son avorton de mari. Et de vitupérer, enjôler, glousser, ourdir et saccager tout ce qui croise son chemin. Un oiseau rare aux cris de panthère qui a su ravir le cœur malade du pauvre Ottavio, perclus, cassé en deux , vêtu de pourpre familiale et de la  honte d’avoir jeté son propre fils à la porte. Un comédien d’à peine trente ans, Grigory Collomb interprète ce rôle  … à s’y méprendre !  Va-t-il échapper un jour aux griffes acérées de son engeôleuse de femme qui le domine de trois coudées et demie ? C’est ce que Goldoni,  nous explique dans « La Serva amorosa », une pièce où fusent les apartés psycho-moraux de la servante rédemptrice, Corallina,  avec le public.   

C’est la non moins excellente Joëlle Franco, poids plume bondissant, surmonté d’une queue de cheval en ananas -  quelle nana ! – qui assume ce rôle délirant. Elle a  l’esprit aussi acéré que généreux pour son tendre frère et maître  Florindo (Quentin Minon, en héros romantique). Elle  donne à chaque prototype qui peuple la pièce  des répliques aussi bouillonnantes que mimées à l’extrême. Arlecchino, Pantalone… des personnages-types du Théâtre Italien comme on disait à l’époque.  Elle ravit  par sa mobilité, son ingénuité et ses réparties inventives. Ne serait-on pas dans l’improvisation pure et simple ? C’est du grand art théâtral totalement contrôlé. Quand les situations se corsent, ce sont  les sifflets, trilles et onomatopées et piaillements en tout genre qui remplacent le verbe.  La coquine contrôle tout !  Tous les moyens seront bons pour venir à bout de la paranoia familiale et rétablir l’équilibre et la justice. La crapuleuse Beatrice a appelé un croque-vif (disons, un notaire) pour se rendre (on s’en serait douté !) légataire universelle de son  futur défunt mari et évincer à jamais le fils légitime au profit de son stupide rejeton Lelio, le niais. Encore un rôle sublimement joué, cette fois par Maroine Amimi, autre talent éblouissant de justesse et de dynamisme.

La suite est une pantalonnade jouissive du plus bel effet. Les visages sont grimés, nous sommes en période de Carnaval. Le théâtre est partout, au balcon, par-dessus les toits, à la fenêtre, dans l’antichambre, au boudoir,  dans la rue… Les tréteaux tanguent et tremblent sous les la chorégraphie turbulente et drôle des comédiens. Quitte à  se démantibuler à maintes reprises et faire voler le mobilier afin de symboliser la déliquescence familiale et sociale ! La patte créative et acérée de Pietro Pizzutti  s’amuse, virevolte, nous assaille de jargon franco-italien, évoque l’origine napolitaine de gestes si italiens et semble s’amuser comme un  fou à nous balancer sa version moderne de la Commedia dell’arte. Une mise en-scène qui déchire littéralement le rideau dans lequel on semble avoir taillé le costume d’Ottavio. Mise en abyme stupéfiante, les personnages sortent de boîtes d’illusionnistes, échappent de paravents, sombrent dans des trappes et se balancent sur des cordes comme au cirque. Et  Rosara, (Flavia Papadaniel, dans toute sa beauté) la future mariée est un joyau de naïveté et de fraîcheur. Scènes exquises de déclaration amoureuse. Molière ou Marivaux ? C’et les deux à la fois, C’est Goldoni en personne.  Avec l’accent !

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Et les masques de Venise (vous disiez, Carnaval ?) sont là, pour démasquer l’hypocrisie, le désamour et les faux-semblants. La scénographie de Delphine Coërs et les costumes sont de haute voltige, avec une  connivence  artistique omniprésente. L’excès force le trait, le spectateur médusé devant ce grand Guignol ne peut soudainement plus se retenir de rire. Et  de se tenir les côtes tout au long du spectacle! Le plaisir théâtral percole, perfuse et se répand comme une vague de bonheur à l’aube d’un mois de févier fait pour le Carême !

Précipitez-vous !

Au théâtre Le Public

La Serva amorosa de CARLO GOLDONI Mise en scène : Pietro Pizzuti Avec: Patricia Ide, Maroine Amimi, Grigory Collomb, Joëlle Franco, Pietro Marullo, Quentin Minon, Flavia Papadaniel et Réal Siellez Grande Salle - Création - relâche les dimanches et lundis

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=320&type=1

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ADMINISTRATEUR GENERAL

L’Espace Art Gallery a le plaisir de vous présenter du 06/02 au 24/02 l’exposition  événement des artistes suivant : Philippe Guenin (Fr) peintures et photographies + performance en live par Ariane Schréder et Kej,  et Barbara Stacher (Aut) sculptures.

 

Le VERNISSAGE a lieu le 06/02 de 18h 30 à 21h 30 et l’exposition du mardi au samedi inclus de 11h 30 à 18h 30. Et sur rendez-vous le dimanche.

 

Vernissage qui sera agrémenté d’extraits de Musique Celtique interprétés par la harpiste Françoise MARQUET.

 

Espace Art Gallery 35 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles. Ouvert du mardi au samedi de 11h 30 à 18h 30. Et le dimanche sur rendez-vous. GSM : 00 32 497 577 120

 

Philippe Guenin (Fr) peintures et photographies + performance en live par  Ariane Schréder et Kej

« L’âme du Chaos »

 

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Peintre, poète, performer né en 1965 expositions de peintures et performances:

Centre G. Pompidou « les revues parlées », La B.N.F, Paris, Vieille Charité de Marseille, Galerie J. et J. Donguy, Divan du Monde, Art gallery Bruxelles, Galerie Rey, Marrakech, etc.

Publications : livres de poésie publiés chez Gallimard, Mercure de France, etc.

Enseignement : a dirigé un atelier de performance à l’université Paris 8

 

Titre : « L’âme du chaos »

L’exposition-performance « L’âme du chaos » de Ph. Guénin se caractérise par des séries d’images singulières et troublantes allant du microcosme au macrocosme en passant par le monde humain.

La performance visuelle et sonore (qui aura lieu pendant le vernissage) avec Philippe Guénin et Ariane Schréder sera centrée sur un jeu de métamorphoses oniriques du corps et de la voix…

 

Cette performance portera le même titre que l'expo "l'âme du chaos", durée une vingtaine de minutes, Avec des chants diaphoniques de Mongolie que je ferai (il faut préciser qu'il n'y a pas beaucoup de monde en Europe à connaître ce genre de chants, c'est sur place au Ladakhpendant un long séjour que je les ai appris), il y aura avec moi 2 performers qui feront une gestuelle très onirique. Ce genre de performance a déjà été réalisé au centre G. Pompidou de Paris.

 

(Peintures et photographies)

 

Présentation de Ph. Guénin :

Philippe Guénin est un artiste multiforme (peinture, performance, vidéo, photographies) et un poète français. En tant que plasticien, il se situe dans le sillage de l’action painting et du body art. Il utilise pour ses performances la technique du chant diphonique (chant de Mongolie émettant deux sonorités simultanées). Il a réalisé des performances, entre autres, au Centre Georges Pompidou – Paris et à la Bibliothèque François Mitterand – Paris. Il a été publié en poésie chez Gallimard et au Mercure de France.

 

Présentation d’Ariane Schréder :

Ariane Schréder est performer et écrivaine française. Elle a joué dans des vidéos de Philippe Guénin, elle publie un roman aux éditions Philipe Rey en février 2013.

 

 

Barbara Stacher (Aut) sculptures

 « Matières primaires »

 

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Née à Vienne/ Autriche en 1967, licenciée en économie et relations internationales, résidant en Belgique depuis 1992. Fait de la peinture, sculpture et dessin depuis toujours; poursuit des études formelles d’art entre autres à l’Académie d’Art d’Ixelles (sculpture chez L. Sentjens et auparavant aussi peinture chez T. Roata), peinture à l’Académie Constantin Meunier d’Etterbeek (V. Colpaerts) ainsi que d'ateliers privés (C. Heymans, H. Gohlke, L. De Melo).

 

Expositions/distinctions : Expositions finales des Académies d'Ixelles et d’Etterbeek (différentes années), Expo finale Neumarkt/Raab, Autriche (2011), Exposition collective (sculptures) programmée pour février 2013 à l’Espace Art Gallery à Ixelles - Bruxelles, Exposition individuelle de peinture programmée pour fin février 2013 à la Galerie Art Base (Bruxelles centre-ville).

 

Grande Distinction du jury en peinture en 2011 et 2012, Académie d’Etterbeek, Grande Distinction du jury en sculpture en 2012, Académie d’Ixelles. Sélection pour l'Exposition des finalistes du Prix Louis Schmidt 2012 à l'ULB, Salle Allende en décembre 2012.

Barbara Stacher

 

Le processus de création :

« La recherche instinctive de s'approcher à l'essentiel du sujet, de l'approcher des cotés différentes, de l'approximer, encercler; de l'entourer, le cerner, afin de le dissoudre par la suite, trancher, effacer, recommencer, regard frais, danse avec le sujet, la musique devient plus forte, excitée, impulsive, pulsante, rythmique, ancestrale, l'éclat, la frustration, l'extase de la couleur, de la forme, des angles, des axes, la matière, l'affirmation des contours portants, la composition, décomposition, l'audace de la reconstruction à l'envers, les émotions et le rationalisme, l'analyse de l'impulsion, le défi, le combat, matière partout – et tout d'un coup la tranquillité, la sérénité et l'ordre s'est mis en place de manière imprévue, l'inconcret se matérialise comme il a voulu être dès le début, la forme émergente donne satisfaction d'une œuvre conclue. »

 

« Ma démarche artistique est donc basée sur la force de l'instinctif qui veut créer, se décomposer, le courage de mettre tout en question d'un angle radicalement différent pour à la fin prendre sa forme définitive, harmonieuse et équilibrée en soi. Les matières utilisées comme la peinture à l'huile, la terre ou la cire se prêtent idéalement pour cette démarche ludique, la force des couleurs et traces sculptées en sont témoins. Tout est remis en question, rien n'est achevé tant que tout ne le soit. »

Barbara Stacher

 

 

Et à titre d’information voici les trois prochaines expositions:

 

-Titre : « La collection permanente à l’espace Yen »

Artistes : collectif d’artistes de la galerie.

Vernissage le 16/01/2013 de 18h 30 à 21h 30 en la galerie même.

Exposition du 16/01 au 17/03/2013 à l’Espace Art Gallery II.

 

-Titre : « Ombres de présence »

Artistes : Xica Bon de Sousa Pernes (Pt) peintures

Vernissage le 27/02 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 27/02 au 17/03/2013.

&

-Titre : « Collectif de la galerie »

Artistes : Joy Jourdet (Fr) peintures, Sophie Dubois (Be) peintures et David Léger (Fr) sculptures.

Vernissage le 27/02 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 27/02 au 17/03/2013.

 

Au plaisir de vous revoir à l’un ou l’autre de ces événements.

 

Bien à vous,

 

                                                        Jerry Delfosse

                                                        Espace Art Gallery

                                                        GSM: 00.32.497. 577.120

                                                        Voir:      http://espaceartgallery.be

 

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« Plus on s'approche de la lumière,

plus on se connaît plein d'ombres. »

Christian Bobin [1]

 

 

                  Dois-je avouer à notre honorable compagnie sans risquer de l’importuner avec mes états d’âme (si, si, ne raillez pas je vous prie, les chats aussi sont en mesure de ressentir des émotions…) combien je ne puis m’empêcher d’être aujourd’hui fort marri, moi le farfadet Florestan ?

                 Figurez-vous, qu’un brin présomptueux, j’avais initialement forgé le dessein de convier à une cat party du feu de Dieu, quelques greffiers et gentilshommes blasonnés de ma connaissance en l’honneur de mes trois printemps célébrés à vrai dire en plein cœur de l’hiver sous l’auspice du Dieu Janus, saluant au passage, mes vénérables parents à qui je dois ma venue au monde, et qui n’ont pas manqué de m’initier à goûter aux inestimables joies de l’existence, Dame Chana d’Angora’mour et son fidèle galant, le tendre et cher Cyrano le Magnifique, mascotte de notre dynastie, qui, unissant leurs forces vitales charnelles respectives ont donné naissance à un charmant quintette estampillé « Angora turc » !

                J’en profite d’ailleurs d’avoir sous ma griffe éboutée mon scribe particulier ailurophile [2], pour formuler le vœu suivant : Que la bienveillante Bastet, l’égérie des félinophiles, de son temple de Boubastis veillant sur l’humanité, daigne chaperonner ma tribu disséminée de part et d’autre dans nos chères provinces françaises, et adresse en faveur de chaque membre fraternel constituant celle-ci, mille et une pattes de velours doublées de langues râpeuses en souvenance des heures partagées de notre smala de Pussy cats batifolant au sein de leur berceau poitevin, ayant notamment une pensée particulière à l’égard de ma quasi jumelle, « Princesse Fantine », véritable petite féérie qu'on ne saurait oublier et avec laquelle j’avais noué des affinités électives chattesques intenses au cours de ma prime enfance…

               Or, vous me permettrez pour lors, de rester pudique sur ces épisodes intimes, gages de nos liens familiaux indéfectibles, et de revenir plutôt à mon motif de déception, l’annulation forcée de la réception que j’escomptai donner, et ce tandis que les bristols chargés d’annoncer l’événement s’apprêtaient à rejoindre leurs destinataires et que le menu du buffet et divertissements des festivités étaient réglés, si j’ose dire, au poil près ! Quel gâchis alors que moult affamés sans logis se seraient délectés de ces mets raffinés !

              Adieu pièces montées de langoustines, nage de Saint jacques, suprême de truite, et terrine de volaille dont même le fumet nous aura échappé… Adieu intermèdes et joutes véloces à la plume de paon, par exemple, orchestrés de mains de maitre par la « Madame Loyale » de notre arène privative, digne du cirque Medrano ou du clan Fratellini !

              De bonne chère, nous devons nous résigner à faire abstinence en similitude des agréments prévus en avant-première du programme. Notre planification, ce me semble, était nonobstant parfaitement au point ! Mais bon, ne faisons pas montre de masochisme en remuant le couteau dans la plaie !!! Il nous faut nous résoudre à accepter ce fâcheux contretemps ; cela fait indéniablement partie des aléas que le destin nous réserve ! 

              Et oui, c’était hélas sans compter un invité non pas de marque mais indésirable, le sieur Imprévu qui vint gâter cette perspective de réjouissances et annihiler la moindre opportunité de reporter cette sauterie placée sous le sceau du genre félin.

              Affligé que la conjoncture ne nous soit guère favorable, et touche de surcroit, de plein fouet la « favorite » de notre sérail, une certaine Valérianacée, tandis que c’était grand pitié de voir notre douairière, également peu épargnée, transformée en mater dolorosa, le trio de Mousquetaires que nous sommes, éminemment solidaire, riche de sa devise « Un pour tous, tous pour un » et dont le héros est sans conteste, notre remarquable ainé, le Pacha « Cyrus  de Sainte Sophie de Constantinople des Rives du Bosphore », mon précieux ami et oncle paternel, frérot de Cyrano, dû renoncer à s’esbaudir, au grand soulagement de notre farouche, si ce n’est misanthrope cadet, frère d’adoption, le « Petit Poucet » ne prisant, tant qu’à lui, qu’une atmosphère de quiétude pour son antre de fauve miniature et ne voyant donc pas d’un bon œil son repaire envahi par des intrus même triés sur le volet, censés montrer « patte blanche » !!!!

               Aurais-je omis de vous préciser, emporté par ma fougue née de mon désappointement, en raison de quel motif exact cette surprise-partie complétée d’agapes à s’en pourlécher les babines, ne pu avoir lieu ? C’est que le sort parfois avaricieux en diable, en avait tout bonnement décidé autrement et que l’un des ses émissaires, le divin Esculape, inconstant comme nombre d’amants, s’est mis soudainement à délaisser la maisonnée composée de nous autres quatre pattes à longues vibrisses et d’un duo de deux pattes fier de son langage articulé, prenant un malin plaisir à prendre la poudre d’escampette ! Quant à sa fille « Panacée », elle aussi s’est volatilisée en un battement de paupière, contraignant nos gardiennes à boire le calice jusqu'à la lie.

              Franchement, je vous le demande un peu, chers amis, quelle idée saugrenue, diantre, que de vouloir prêter asile à un drôle de visiteur imposant sa présence, un malin prédateur dénommé Virus, réclamant à cor et à cri l’hospitalité à grands renforts de démonstration de force ! Oh, j’ai eu beau implorer heures après heures la Providence afin qu’elle dispense à nouveau ses bienfaits au sein du logis, que nenni, rien n’y fit, la cruelle perdura à faire la sourde oreille, dédaignant toujours à regagner nos pénates !

              Par souci de dignité ainsi que dans l’objectif de ne point vous encombrer davantage avec le récit détaillé fastidieux, de la bourrasque traversée (« Le vent se lève, il faut tenter de vivre », selon le fameux adage de Paul Valéry…) je tiens seulement à vous confier, à quel point nos protectrices se virent confirmer ce qu’elles savaient déjà, soit, que face aux épreuves, il est fondamental de ne pas attendre grand-chose de la part de son « prochain », quelquefois lointain comme il n’est pas permis de le concevoir, en adéquation de la devise de Tristan Bernard qui professe ce truisme :

             « Il ne faut compter que sur soi-même. Et encore, pas beaucoup. »

             Ne serait-il pas plus sage, pour ces deux sexes réunis, si ils ne veulent pas trop souffrir de certains types d’indifférence provenant de leurs « frères humains » fréquemment déshumanisés, disons-le ouvertement telle une simple observation dénuée du moindre sentiment d’acrimonie, qu’ils ne nourrissent surtout aucune exigence envers autrui sous peine d’être constamment désenchantés ?

            À quoi peut-il bien servir de se révolter contre cet état de faits ? Qui peut s’arroger le droit de se prévaloir du pouvoir de changer en profondeur les mentalités ? N’est-il pas, en outre, suffisant et utopique de prétendre à la métamorphose d’une personnalité ?

           Néanmoins, en tant que représentant de la gente animale, j’ose encore espérer en l’homme, non pas dans sa globalité, mais dans son individualité et entre quelques sombres épisodes contribuant par moment à me faire perdre ma foi en lui, je prends la liberté, au risque de froisser votre ego, amis bipèdes, de vous déclarer sans l’ombre d’une diplomatie s’apparentant à mère Hypocrisie, que votre civilisation d’humanoïdes à fort à faire dans son ensemble pour aspirer à recouvrer un tantinet de son humanisme, de sa noblesse antique d’un « temps jadis » révolu, synonyme de « beauté-bonté » à la manière de François Cheng…

           Et malgré tout, croyez-vous que je ne sois guère attristé de devoir dresser pareille constatation ?

           Assurément ! Car laissez-moi vous énoncer mezza voce, en confidence, que le tempérament de votre serviteur, le farfadet Florestan, relève de celui d’un pacifiste inné, enclin à l’allégresse, doué pour l’harmonie, rêvant à la « quête d’une inaccessible étoile », c'est-à-dire à un monde meilleur, et que jamais au grand jamais, il ne pourrait envisager de concevoir une autre philosophie, en dépit des odieux abandons, barbaries inqualifiables et autre actes innommables perpétrés à l’encontre de sa race, sans oublier les différentes ethnies constituant le bestiaire, de celles que l’auguste Colette nommait par « nos Amies les bêtes », elle qui voua à la Faune un amour inconditionnel indissociable de celui éprouvé à l’endroit de la Flore et qui su mieux que quiconque, en avant-gardiste, prouver sa déférence à l’adresse de toute créature vivante évoluant ici-bas, dans sa biodiversité de plus en plus menacée, sinon se réduisant à une peau de chagrin !!!.

          Le respect et l’amour, ne serait-ce pas là deux clefs majeures du salut de votre humanité ?

         Vous seul détenez la faculté d’une transformation radicale et en douceur de la société formant une chaine et dont nous dépendons !!! N’y a-t-il pas péril en la demeure ?

         Que puis ajouter de plus pour vous en convaincre ?

         Quelles seront les âmes sensibles à ma plaidoirie ?

         Gageons seulement, en incurable optimiste, qu’empathie et compassion ne sont pas des vertus ne fleurissant que parmi des espèces rares en voie d’extinction, au jardin clos d’un autrefois verdoyant semé de mille fleurs médicinales !!!

 

De la part de Florestan de l’Arc de Lune de la Vallée ligérienne,

Message du 11 Février 2013,

Pour marquer le jour de sa naissance, le 31 Janvier 2010

12272870453?profile=originalUn sage a bien l'honneur de vous chatluer, amis humains...


[1] : Citation extraite  de « La Plus que vive ».

[2] : Du grec ancien aílouros (« chat ») ; nom commun désignant une personne aimant les chats et sous forme d’adjectif signifie relatif à l’amour des chats…

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Pour une fois petite digression vers un autre sujet que les arts et les lettres: resiprez la forêt: je sais que cela fera plaisir à certains d'entre vous.

 

Petite simulation (bien réelle) pour ceux qui n'ont pas une forêt près de chez eux ou qui ont des difficultés à se déplacer, ce lien est vraiment excellent,... pour les autres aussi d'ailleurs!

 

N'hésitez pas à cliquer sur les petites flèches directives ou de sélectionner l'une ou l'autre petite étoile: les oiseaux chantent pour vous et ils ont tous du talent comme vous;


...  bon amusement ou plutôt bonne promenade!
 
http://w3.upm-kymmene.com/upm/forestlife/index.html

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administrateur théâtres

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 Ecoutez Watteau, c’est une leçon de musique !

Cette exposition est l'occasion unique de redécouvrir ce maître ainsi que certains de ses contemporains à travers une centaine d’œuvres, réunissant peintures, dessins, gravures et instruments de musique. Fragile et peu abondante, la production du peintre, conservée aux quatre coins du monde, figure au patrimoine des musées les plus prestigieux. La voici à Bruxelles, cœur de l’Europe.  Elle est le fruit d’une collaboration inédite du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles avec le Palais des Beaux-Arts de Lille, initiant un flux intellectuel et artistique de premier plan entre les deux villes. Elle est inscrite sous le haut patronage de  Leurs Majestés le Roi et la Reine des Belges, sous le Haut Patronage de Monsieur Elio di Rupo Premier Ministre et sous le Haut Patronage de Monsieur François Hollande, Président de la République française. L’esprit qui préside à son installation est inscrit dans l’interdisciplinarité chère au Palais des Beaux-Arts dont la mission est de rassembler les arts, depuis sa fondation.

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La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.

Baudelaire, Les Fleurs du mal, IV.

Le poème « Correspondances »  de Charles Baudelaire ne peut pas trouver ici  meilleur écho. Tout d’abord au cœur de l’œuvre de Watteau lui-même qui trouve son inspiration picturale dans le geste  et le corps du musicien, le galbe et les formes des instruments aux connotations souvent  érotiques. Le désir  naît dans la musique, symbole de l’amour mélancolique. Et le porte-mine à deux pointes de l’artiste ou son pinceau et sa brosse s’empressent de capter avec vivacité et réalisme ses vibrations les plus profondes. Les titres de ses toiles seront évocateurs : « La leçon de musique, la gamme d’amour, l’accord parfait….  »  Intitulés évocateurs qui suggèrent les double-sens des fêtes galantes. Car, non, Watteau n’a pas d’appétence pour les traditionnels sujets religieux, mythologiques ou guerriers. Il s’intéresse aux sentiments intimes de l’homme, et cela, c’est une véritable révolution.     En 1717 il peint l’œuvre qui signa son style : « Le Pèlerinage à l'île de Cythère ». Une scène pastorale inspirée du « Jardin d’amour » de Rubens dont il était le fervent admirateur.  Il la soumit pour son admission à l’Académie où il fut reçu comme peintre (inclassable) et désormais appelé « peintre de fêtes galantes », un titre créé expressément pour lui. La campagne semble enchantée, les paysages, italiens, un pays qu’il ne connaîtra que par la musique, car il est pauvre et a  a raté de peu l’obtention du prix de Rome.

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Non seulement la musique, celle de Couperin en particulier,  est  source d’inspiration mais la présence d’autres disciplines comme le théâtre et la danse n’a rien de fortuit. C’est l’occasion pour lui d’insister sur les duperies et les humiliations de l’amour. Ombrageux et farouche, il convient que l’amour est éphémère et ne peut durer que le temps d’un morceau de musique. Voilà la boucle est bouclée.  Gilles le niais avec son costume de satin blanc, trop large et trop court, entouré d’autres personnages de la Comédie italienne, a peu de chances de séduire une dame frivole. Pierrot de dos est l’objet de quolibets féminins et est empêché de s’assoir.   Watteau annonce le théâtre de  Marivaux. Le mouvement des idées se fait en dehors de la cour et on se réunit dans les salons mondains chez Pierre Crozat, son bienfaiteur.

12272863461?profile=original            12272863491?profile=original

Ensuite, le poème « Correspondances »  de Charles Baudelaire trouve aussi son écho dans la conception même de l’exposition qui n’est pas une monographie mais une mise en présence de disciplines correspondantes. C’est ainsi que  William Christie, le prestigieux commissaire général de l’exposition,  a orchestré lui-même le fil conducteur  musical de l’événement en intégrant le son à la scénographie. Des points d’écoute et des alcôves musicales sont  à la disposition du public tout au long du parcours de l’exposition. Au moyen d’un casque audio, le visiteur est invité à découvrir une sélection de morceaux de musique, notamment  des extraits  de  son concert du 28 janvier 2013 au conservatoire Royal avec Les Arts florissants. Une salle accueille des concerts gratuits interprétés par les étudiants de plusieurs conservatoires supérieurs de Belgique et de France, durant les nocturnes du jeudi soir.12272863684?profile=original

 

Et  les correspondances ne s’arrêtent pas là : la littérature rejoint le concert des plaisirs du luth, de la guitare  et du pinceau. En effet, Pierre Michon, l’écrivain français, est aussi de la partie. Les visiteurs peuvent également lire et écouter durant leur visite de larges extraits de son roman « Maîtres et serviteurs, la vie de Watteau », une œuvre littéraire contemporaine centrée sur la vie du peintre mort trop jeune de phtisie.

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La structure de ses tableaux est audacieuse et raffinée. Le peintre agence des personnages sortis tels quels de ses carnets  puis les  enchâsse dans des paysages poétiques. Armé de pierre noire, de sanguine ou de craie blanche, il a croqué avec souplesse et vivacité les gestes des artistes du pont Notre-Dame et ceux  des comédiens de la Commedia Del Arte … avant l’édit de  leur expulsion par le pouvoir. Dans ces vastes paysages qui ne sont pas sans rappeler les maîtres flamands, il laisse toujours un espace vide : pour le rêve, le silence, le temps suspendu ou  le sentiment de mélancolie. Plus que de nous parler, ses toiles vibrent de murmures mystérieux et de volupté : depuis les battements de cœur d’Arlequin ou de Pierrot, aux bruissements des feuillages, des  sources et des fontaines, jusqu'aux  froissements délicats des robes de soie des dames costumées. Clin d’œil à la sévère Madame de Maintenon ? Chimères ou monde réel ?  Les compositions asymétriques ont l’air de balancer entre deux. Mais l’émotion est sertie dans la palette brillante et les jeux de lumière mystérieux autour des personnages à la pose dansante et aérienne. Au XIXe siècle, Baudelaire dans les «  Fleurs du mal » et Verlaine dans les « Fêtes galantes » n’auront de cesse que de se référer à ce jeune peintre dont la réussite n’apaisa jamais la mélancolie.

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(né en 1684 à Valenciennes, mort en 1721 à Nogent-sur-Marne)

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MERCI LA MER...

Pour les rouleaux d'argent qui fleurissent en écume...

Pour les turquoises profonds et les gris désespoirs....

pour la mélancolie qui surgit de ses brumes

Et cette vie profonde qu'on ne peut percevoir!

Pour la douceur de l'air, que les embruns apportent

Pour le soleil levant, qui surgit de nulle part!

Et pour l'air de vacances qui frappe à notre porte

Lorsqu'on l'évoque, joyeux, valises sur le départ!

Pour l'âme des poètes qui flottent à ses côtés...

Pour les destins de mort que sa fureur suscite!

Pour tous ces secrets en elle, qui sont égarés...

Lorsqu'en dernier recours, on nous plonge en son site!

Pour les tourments sans fin, qu'elle résume en soi...

Pour les colères grondantes et les éclats de feu!

Et ces beaux soirs où lune, l'éclaire de ses doigts...

Pour sa douceur qui calme et dans le soir émeut!

Pour le voyage sans fin qui caresse les ans...

Tous ces désirs d'ailleurs assouvis dans un rêve

Lorsque son coeur hésite entre deux continents...

Et que le nôtre enfin, s'accorde un peu de trêve!

J.G.

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administrateur théâtres

Je pense à Yu

  • "Le visage immense du pouvoir, on peut le regarder en face, on peut l'éclabousser" Dans l'appartement désordonné où elle vient d'emménager, Madeleine est attirée par un entrefilet dans le journal. Le journaliste chinois Yu Dongyue est libre. Après 17 ans passés derrière les barreaux. Son crime: avoir jeté de la peinture sur le portrait de Mao, place Tian'anmen en 1989. Délaissant son travail, ses obligations, Madeleine se lance dans la reconstitution de l'histoire de Yu. Dans sa quête, elle entraîne une étudiante chinoise à qui elle donne des cours de français et un voisin énigmatique et bienveillant. Arpenteur des écritures de la francophonie, depuis peu directeur du Théâtre du Peuple à Bussang, Vincent Goethals (Le cocu magnifique au Rideau en 2009) nous revient avec ce texte boulversant de la Québécoise Carole Fréchette. à 20h30, sauf les mercredis à 19h30
  • Jusqu'au 9 février 2013 Le Rideau de Bruxelles @ l' XL Théâtre

Le décor est insolite : quelques caisses de déménagement, une minuscule table roulante rouillée sur laquelle trône un ordinateur portable. Un répondeur et un interphone. Une bibliothèque en morceaux. Madeleine s’éveille péniblement d’un cauchemar sur fond blanc.

Le personnage féminin qui la harcèle  dans son cauchemar lui pose une question très embarrassante : Qu’êtes-vous venue faire ici ? C’est que Madeleine se mêle de la destinée de Yu, ce jeune chinois iconoclaste arrêté et emprisonné en 89 pour 17 ans. Puis fuse la question cruciale : Que faisiez-vous en mai-juin 1989 ? Que faisaient les individus de par le monde pendant ce moment historique ?  On a envie de répondre. En ce qui me concerne, je montrais les reportages de la BBC sur les événements de la place Tienanmen à des rhétoriciens  occidentaux sensés apprendre l’anglais. Que sert l’apprentissage d’une langue si ce n’est pas pour s’ouvrir au monde ?  Et vous, que faisiez-vous ?

 La pièce de Carole Fréchette est une lame de fond. L’auteur se prend passionnément au jeu de réveiller le passé historique et les consciences. Le drame psychologique va défier le drame historique. Madeleine, l’héroïne,  lâche tout pour se jeter dans sa recherche à propos de Yu, un inconscient ? un dissident ? un fou ? Veut-elle à son tour créer une figure mythique ?  Elle parcourt aussi les carnets intimes de ce que fut sa propre vie, pleine de participes passés nombrilistes, un procédé qui  finirait par lasser sans  l’arrivée de la vibrante jeune Yuangyuan Li et de Philippe Vauchel.  

Pourquoi Yu a-t-il du passer 17 ans de sa jeune vie en prison ? La question qui émeut Carole Fréchette est limpide pour un occidental, sans objet pour l’Asiatique. Madeleine est tellement retournée par la question qu’elle ne supporte  même plus de rencontrer Lin, son élève chinoise,  et « son enthousiasme forcé, son sourire trop radieux, son regard trop confiant, tourné vers le futur, de l’indicatif. »

Avant de partir en Asie, on croit avoir tout lu sur l’inévitable « culture shock » qui attend l’expatrié, mais il n’en est rien. Avec le recul, on se rend compte que la révolution sanglante de Mao est considérée par les Chinois comme une  simple goutte d’eau dans l’océan de l’histoire chinoise. Cyclique par ailleurs.  Ainsi donc un jet de peinture rouge dans une coquille d’œuf  sur une image vénérée parait encore plus dérisoire. A voir.

Nous sommes maintenant  en 2012. Là-bas, on enterre aujourd’hui avec fastes le roi du Cambodge, pays dont le tiers de la population a été assassiné par les  Khmers Rouges. La population  à genoux suffoque de douleur, implore et prie son roi-Dieu, nouveau mythe dont la dépouille mortelle est exposée depuis des mois sous son dais funéraire. L’âme asiatique est ainsi faite que profaner une image sacrée est un meurtre. Personne n’oserait, sauf un fou.

Excitée par son  violent désir d’apprendre le français et acculée par le questionnement de Madeleine,  Lin lâche quelques commentaires en dépit de sa réserve obstinée: « Le parti ne tombe jamais, il ne faut pas se faire remarquer ». « Etre contre-révolutionnaire est le pire des crimes, on perd tout ! » me disait ma  mère. « Tout le monde doit sauver sa vie. »

 Mais Madeleine hurle sa vérité  au conditionnel : « S’il n’y avait pas le courage, la folie, il n’y a rien qui changerait.» Philippe Vauchel le comédien irrésistible d’humour, d’humanité, de relativisme et de compassion apparaît dans le personnage de  Jérémie, le mystérieux voisin. Cela permet au spectateur d’échapper un peu à la tension hitchcockienne. Son regard lucide finit par identifier avec finesse le plaisir cynique que procure la pulsion de mort à ceux qui ont le goût du pouvoir, comparant Mao avec… son prof de math. La révolte selon lui ne peut rien changer. Bribe par bribe il a livré les secrets de son drame personnel à Madeleine.  Les docteurs sont impuissants et Dieu absent. « Il n’y avait rien à faire » devant le handicap de son fils et l’abandon de sa femme en 89.  Il n’y a que la sagesse de  l’acceptation et la résilience.  Madeleine n’en a cure,  dans sa quête insatiable de vérité elle  le provoquera jusqu’à la limite du supportable et lui fera bien malgré lui jeter un coup de pied homérique dans le château de cartes. Est-ce le non-sens de la Dame de Cœur de Lewis Caroll qui parle lorsque la voix féminine  invisible harcèle encore Madeleine dans son cauchemar et  rit aux éclats en concluant « vous êtes inutiles et ridicules »?

 Mais la jeune Lin, née après 89 ne retournera pas en Chine. Elle apprend maintenant le conditionnel présent en français et s’adresse à la figure mythique de Yu: « Et si vous n’aviez pas lancé le peinture sur l’image de Mao… » Je ne serais pas la même, murmurent les deux femmes presque ensemble.

Et tout le monde de savourer assis en tailleur une soupe chinoise qui a cuit pendant douze heures, pour vivre la vie au futur antérieur. Le temps des rêves ? On n’a pas fini de penser à Yu.

Avec Anne-Claire, Yuanyuan Li, Philippe Vauchel.

http://www.rideaudebruxelles.be/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=3:programmation&id=66:je-pense-a-yu

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Qui est "L'homme qui rit" de Hugo?

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C'est Gwynplaine, défiguré tout enfant par une association de nomades spécialisés dans le commerce des enfants. Ce petit avait subi, en bas âge, l'opération de la bouche fendue jusqu'aux oreilles, "bucca fissa usque ad aures", qui met sur la face un rire éternel... Gwynplaine est alors montré dans les foires... Saltimbanque, puis reconnu Lord d'Angleterre, il veut rappeler aux puissants leurs devoirs envers les pauvres, mais son appel émouvant à la Chambre des Lords, échoue dans un vaste éclat de rire...
Hugo estimait "n'avoir rien fait de mieux" que ce livre dans lequel Claudel a vu "le chef-d'oeuvre du grand poète". Henri Guillemin le trouve "ruisselant de merveilles". Hubert Juin écrivait en 1976: "Un livre-clé... l'un des ouvrages les plus insolites qui se puisse rencontrer dans la littérature moderne... Ouvrage redoutable et, tacitement rejeté."
Un chef-d'oeuvre méconnu

Le discours de Gwynplaine devant ses pairs :

"Ce que je viens faire ici?... Je suis le peuple. Je suis une exception? Non, je suis tout le monde. L'exception c'est vous... Je suis l'Homme. Je suis l'effrayant Homme qui rit. Qui rit de quoi? De vous. De lui. De tout. Qu'est-ce que son rire? Votre crime et son supplice. Ce crime, il vous le jette à la face; ce supplice, il vous le crache au visage. Je ris, cela veut dire: Je pleure... Ce rire qui est sur mon front, c'est un roi qui l'y a mis. Ce rire veut dire haine, silence contraint, rage, désespoir... Ah! vous me prenez pour une exception! Je suis un symbole. O tout-puissants imbéciles que vous êtes, ouvrez les yeux. J'incarne Tout. Je représente l'humanité telle que ses maîtres l'ont faite. L'homme est un mutilé. Ce qu'on m'a fait, on l'a fait au genre humain. On lui a déformé le droit, la justice, la vérité, la raison, l'intelligence, comme à moi les yeux, les narines et les oreilles; comme à moi, on lui a remis au coeur un cloaque de colère et de douleur et sur la face un masque de contentement. Où s'était posé le doigt de Dieu, s'est appuyée la griffe du roi. Monstrueuse superposition. Evêques, pairs et princes, le peuple, c'est le souffrant profond qui rit à la surface... Aujourd'hui vous l'opprimez, aujourd'hui vous me huez. Mais l'avenir, c'est le dégel sombre... Il viendra une heure où une convulsion brisera votre oppression, où un rugissement répliquera à vos huées.""Cette heure de Dieu est venue, et s'est appelée République, on l'a chassée, elle reviendra... La série des rois armés de l'épée est interrompue par Cromwell armé de la hache. Tremblez..."

Tandis que Gwynplaine arbore ce rire qui, selon Claudel, "accentue celui de Voltaire", il sonde, à la vue de l'auditoire en gaieté, la profondeur du gouffre social qui se creuse sous lui, l'importun, rejeté par les occupants de la "vieille cime du mont féodal", de ce "sommet prodigieux", aux cris de "Bravo, le museau de la Green-Box! Salut à Lord Clown! Histrio! A bas!"
Qui a gravi dans le sable une pente à pic toute friable au-dessus d'une profondeur vertigineuse, qui a senti sous ses mains... fuir et se dérober le point d'appui qui... s'enfonçant au lieu de gravir... et se perdant un peu plus à chaque mouvement pour se tirer du péril, a senti l'approche formidable de l'abîme, et a eu dans les os le froid sombre de la chute... celui-là a éprouvé ce qu'éprouvait Gwynplaine.
"Il sentait son ascension crouler sous lui, et son auditoire était un précipice." (Victor Hugo)
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La technique du Piqué

La technique du Piqué

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Canne en jonc de malacca, bague en argent et pommeau en ivoire (décor en piqué d'argent)

Angleterre fin XVIIème siècle

Le monde des cannes est comme une encyclopédie qui nous offre la possibilité de découvrir non seulement, une variété infinie de matières mais aussi presque toutes les techniques existantes ... Parfois, pour le passionné, c’est une découverte.

Parmi les nombreux procédés classiques d'ornementation, certains sont inattendus, méconnus ou tout simplement oubliés.

L'art d'associer les matières est source d'innovations et de créations. Intarsia, champlevés, cloisonnés, marqueterie ... sont des techniques très anciennes et relativement connues.

Cette canne nous fait découvrir  un procédé d'incrustation peu connu ... le piqué.

Sous l’appellation « piqué », les spécialistes et amateurs regroupent plusieurs types d’incrustation : le piqué lui-même, mais aussi le brodé, le coulé et l’Incrusté. Je reviendrai sur ces différents termes pour différencier chacun de ces procédés.

Pour ce pommeau, il s’agit du piqué en tant que tel.

Ce savoir-faire italien, très pratiqué en Angleterre, en France et en Allemagne, a été développé particulièrement par Laurenti, un napolitain.

Nous sommes au 17ème siècle et le mariage des matières est de plus en plus apprécié en ébénisterie. (Laurenti, A. C. Boulle, Hache, P. Gole, ...)

Très vite,  les tabletiers, spécialistes en « menus ouvrages », pratiqueront cet art. (Ecrins, coffrets, petites boîtes, étuis, tabatières,  éventails, ... et « pommes de cannes »)  (*)

 

Cette canne  est décorée d’incrustations en piqué uniquement. En pratique, il s'agit de percer la matière de petits trous cylindriques juxtaposés formant un motif décoratif.  Après avoir chauffé l'ivoire, la corne, l'écaille, ...  on y pique un fil de laiton, d'or ou d'argent que l'on coupe à ras. En refroidissant, la matière maintient l'incrustation ... on arase correctement et on polit l'ensemble. 

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Piqué à fils creux - détail

 

Des caractéristiques précises différencient les piqués. Il existe le piqué simple en fil plein, le piqué en fil creux et le piqué en fil « préformé ». Pour ce dernier, l’artisan donne au préalable une forme particulière au fil comme une étoile par exemple.  

Il est intéressant de constater que les anglais ont préférés employer le fil creux (sorte de petit tube). Le fil creux donne un effet de cercles minuscules.

Pour la production continentale,  le piqué est mixte et plus souvent en fil simple et en plein. Plus tard en France, fin XVIIIème et au XIXème, on observe régulièrement des décor à semés d'étoiles. (Fil préformé)

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Piqué d’étoiles XIXème (Fil d’or préformé)

 

Piqué à fils pleins

 

Voici un rare et très bel exemple de piqué de type français. Dans ce cas, le fil est plein et ne donne pas l'effet de petits cercles observé sur le pommeau précédent. Ici, le décor est composé de fils d'or, d'argent et de corne noire. 

12272860690?profile=originalCanne haute en malacca et à pommeau d'ivoire - Décor en piqué simple et composite de fils d'or, d'argent et de corne noire. (XVIIIème siècle)

Le piqué de fils d'or est simple et beaucoup plus petit que le piqué anglais (ses dimensions correspondent au centre du cercle anglais). Le décor sombre est un piqué, en plein, de corne noire. L'artisan, pour donner plus de finesse à son travail, a piqué la corne noire avec un fil d'argent plein de la même épaisseur que le fil d'or.

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Le dessus du pommeau est décoré d'une étoile formée uniquement de piqué composite de corne noire et de fils d'argent. Une bague en corne noire, fixée à joints vifs, fait la jonction avec le fût.

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Détail de piqué simple – les insertions juxtaposées suivent les traits du décor.

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Nécessaire de couture en ivoire – décor en piqué de fil d’or large.

Début XIXème siècle.

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Quelques exemples illustrant ces procédés.

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Pommeau d'ivoire travaillé avec la technique du brodé conjuguant "piqué", "coulé" et "incrusté" - Début XVIIIème siècle.

Le piqué est en cercles (la canne est anglaise)

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Rare pommeau XVIIIè en écaille illustrant la technique du "brodé" conjuguant les trois techniques : "piqué", "coulé" et "incrusté"  (or et nacre).    

Hambourg - Kunst und Gewerbemuseum

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Travail italien fin XVIIème/début XVIIIème.

Le piqué complète le décor (Treillis de losanges)

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Travail italien – XVIIIème siècle (Le piqué est complémentaire au décor)

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Petite boîte italienne XVIIIème siècle.

Treillis de losanges quadrillés semés de perles – tout le décor fin est en piqué.

* Monsieur le baron Gustave de Rothschild possédait une collection, des plus complètes et des plus riches, d'œuvres napolitaines de ce genre. 

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administrateur théâtres

A la recherche de son Rideau, Rideau retrouvé!

Le Rideau de Bruxelles a retrouvé son rideau !

La plus ancienne troupe théâtrale de Bruxelles a enfin trouvé un endroit où poser ses bagages. Fondé le 17 mars 1943 par Claude Etienne, ce théâtre fêtera cette année ses  70 ans.

Pierre angulaire de la culture au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles depuis des générations, il s’est vu contraint de s’exiler depuis la saison 2011 et pratiquer  alors le nomadisme théâtral pour survivre.

Pour l’histoire: en 2007 le Rideau de Bruxelles et le Palais des Beaux-Arts s’étaient accordés sur la prolongation de leur collaboration pour 30 ans encore. Il était notamment prévu que le Palais des Beaux-Arts devait mettre à disposition plusieurs salles (entre autres le Petit Théâtre et le Studio) et organiser les services utiles au bon développement des activités du Rideau. Malheureusement le Palais des Beaux-Arts ne s’est plus conformé à ses obligations, ce qui a contraint le Rideau à quitter le Palais en juin 2011.

 

C’est avec joie que nous célébrerons donc  son installation définitive dans  la commune d’Ixelles à partir du 1er janvier 2014 dans la salle de l’XL Théâtre, un de nos petits lieux favoris, si pas celui qui nous a fait vibrer le plus ces dernières années sous  la direction éclairée, intelligente et sensible  de Bernard Damien à qui nous profitons de rendre hommage ici ainsi qu’aux jeunes comédiens qu’il a lancés dans la vie artistique.

 

Le Rideau de Bruxelles est heureux d’avoir promu des auteurs tant belges qu’internationaux. Martine Renders, une des deux gestionnaires du théâtre, nous en parle : « Le Rideau est la première institution en Belgique francophone à avoir systématisé les commandes d’écriture à des dramaturges belges. Sans le Rideau, Paul Willems n’aurait peut-être jamais écrit pour le théâtre. Crommelynck, Sion, Bertin y ont été joués. Et plus tard, Jean Sigrid, René Kalisky, Paul Emond, William Cliff, Eric Durnez, Thierry Debroux, Clément Laloy, Paul Pourveur, Serge Kribus, Brigitte Baillieux, Patrick Lerch, Thierry Lefèvre, Céline Delbecq,… Sans oublier des dramaturges flamands tels Hugo Claus, Jan Fabre ou Tom Lanoye. »12272859874?profile=original

Dès 2014, Le Rideau occupera l’XL Théâtre, à temps plein,   où il continuera de mettre à la portée d’un large public les nouvelles   écritures - belges et internationales - les plus pertinentes et les nouvelles   pratiques scéniques. Il continuera aussi à nouer des partenariats avec   d’autres lieux, en privilégiant les acteurs culturels ixellois, pour des   spectacles nécessitant un espace plus important et pour lesquels une solution   pérenne n’a pas encore été trouvée. Soucieux de la qualité de l’accueil de   tous les publics, le Rideau souhaite privilégier un travail d’intégration   avec la population du quartier et collaborer avec le secteur associatif dans   le but de privilégier la mixité sociale et culturelle.

Le Rideau remercie tous les partenaires de cette nouvelle   aventure, en particulier la Commune d’Ixelles et la Fédération   Wallonie-Bruxelles. Il remercie également les théâtres partenaires de son   nomadisme : le Théâtre Marni, le Théâtre Varia, l’Atelier 210, le Théâtre   Océan Nord, De Kriekelaar, Wolubilis, Cathago Delenda Est, le Centre Culturel   Jacques Franck, le Théâtre de Poche et l’XL Théâtre du Grand Midi.

Envie de soutenir le Rideau? C’est le   moment, c’est l’instant…
  BE52 2100 0794 0009 (Un don est déductible fiscalement à partir de 40 euros)

 

Le Rideau de Bruxelles, 7a rue Goffart à 1050 Ixelles. Renseignements : tél. 02.737.16.01 et

www.rideaudebruxelles.be

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administrateur théâtres

 

Run!

Plus que quelques jours,  au Théâtre Royal du Parc : Oedipe, revisité par un auteur canadien Olivier Kemeid, à ne manquer sous aucun prétexte!

 

Mise en scène éblouissante: jeux de clair-obscurs et  corps à corps bouleversants, voici le texte mythique de l’Œdipe de Sophocle replacé de façon résolument moderne dans la réalité mouvante  de la caverne du  21e siècle.

 Des écrans transparents glissent pour évoquer la prison de verre qui enferme chaque personnage. Des écrans translucides s’allument et s’éteignent comme dans le théâtre d’ombres asiatique. Approche globale oblige.  Ces parois s’animent de fondus éclatés sur des rythmes de musique explosive, et crèvent  comme la succession de jours et de nuits. Mais où donc est passée la lumière? La succession du  Noir et  du Blanc est tranchante et menaçante comme un tribunal. Et comment reconnaître le vrai du faux ? La rumeur de la vérité ?

Ce sera la tâche que se donne Œdipe : sauver la ville par la raison. Retrouver les meurtriers de son père  qui ont attiré la colère des dieux et la malédiction qui s’est abattue sur la ville de Thèbes.  Qui a tué Laios ? C’et Œdipe lui-même qui se charge de l’enquête. A la façon d’une intrigue policière il veut que le coupable soir jugé devant Créon, chef du tribunal.  Dans  un décor stylisé et dépouillé à l’extrême Œdipe ne cesse de se cogner à la réalité.  Jocaste, elle, sait tout. Elle est seule contre l’ombre machiste de son défunt mari. Elle personnifie toutes les femmes : les mères, les sœurs, les amantes, les filles de joie…les consolatrices, toutes aussi impuissantes devant la folie humaine.  Omnisciente car elle a la clé du mystère, elle va s’immoler, sacrifice ultime.

  Voici Œdipe en corps à corps poignant avec celle qui  lui a donné quatre enfants mais qui tait jusqu’au bout qu’elle est aussi sa mère.   Des jeux d’ombre et de lumière projettent la narration de l’histoire que Jocaste révèle. Car c’est à elle, que l’auteur, Olivier Kemeid, rend justice, il lui donne enfin la parole. Elle a été la victime de Laios qui ne la respectait pas, elle a été saoulée et abusée et ainsi est né le malheureux Œdipe. Elle a supplié de pouvoir garder son fils, il lui a été arraché. On connait la suite de l’histoire. La tension dramatique devient aveuglante et  incandescente, jusqu’à ce qu’Œdipe désespéré, abusé lui aussi, se fasse justice.

 L’émoi de la ville est palpable et revient hanter le plateau à chaque découpage de scène. Il est  représenté par cinq danseurs qui personnifient la violence du populisme sous tous ses aspects. Depuis la rumeur pernicieuse et la dénonciation jusqu’à la mise à mort, l’exclusion et l’épuration ethnique. La ville ne souffre pas seulement  de famine, d’infertilité et de la peste ou le choléra mais aussi de la peur chronique de l’autre. La sphynge mordorée est revenue, seule couleur au tableau, sorte de peste brune qui à peine disparue revient encore plus pernicieuse. La  foule a besoin de bouc émissaire, elle est toujours  friande de drame.Elle aime se repaître des malheurs des autres, se poser en accusatrice ou en justicière.  Les profils mouvants des cinq jeunes  danseurs la représentent, cette  « turba » dénoncée par les Anciens, ou cette « mob » haineuse, justement vilipendée par Shakespeare dans son Jules César. Musique, mouvement et murmures accusateurs se combinent pour forcer le trait et ouvrir les yeux du spectateur. La vérité sera aveuglante.

 Œdipe, comme chez Sophocle est profondément humain. Gauthier Jansen, pour ne nommer que lui parmi les excellents comédiens, interprète magnifiquement le personnage. Son cœur bat généreusement et luttant pour la justice,  il veut établir le règne de la paix. Il est courageux, il va jusqu'au bout, au risque de se détruire. Il est inscrit en chacun de nous,  se révolte contre la folie de la malédiction divine. Il ne peut pas  croire à sa culpabilité, sorte de péché originel qu’il ne peut laver que par l’exil et la cécité. Il représente toute notre souffrance humaine.

La qualité irréprochable des comédiens et des danseurs, le dynamisme extraordinaire du spectacle, la sobriété des textes mettent en scène la profondeur du drame de l’homme toujours seul devant son destin. Une pièce  dense, extraordinaire de modernité et d’intensité. Lors du salut final, on découvre enfin  la texture des costumes  tous entre gris clair et gris foncé,  les artistes nous lancent un ultime message… Rien n’est jamais blanc ou noir.  Never forget !

 

Chorégraphe - Mise en scène: José BESPROSVANY
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Avec:
Gauthier JANSEN
(OEDIPE)
Isabelle ROELANDT (JOCASTE)
Georges SIATIDIS (CREON)
Julien  ROY (THIRESIAS + divers)
Georges SIATIDIS (CREON)
Toussaint COLOMBANI (LE
JEUNE HOMME)
Fernando MARTIN (Danseur)
Yann-Gaël MONFORT (Danseur)
François PRODHOMME (Danseur)

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2012_2013_003

http://www.mrifce.gouv.qc.ca/portail/_scripts/ViewEvent.asp?EventID=12397&lang=fr&strIdSite=BEL

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administrateur théâtres

12272866490?profile=originalCollegium Vocale Gent

Philippe Herreweghe direction - Dorothee Mields soprano - Damien Guillon alto - Thomas Hobbs ténor - Peter Kooij basse - Collegium Vocale Gent

Johann Sebastian Bach Cantate BWV73, Cantate "Herr, wie du willt, so schicks mit mir",  Johann Schelle “Komm, Jesu, Komm”,  Cantate BWV 44  "Sie werden euch in den Bann tun", Cantate BWV 48  "Ich elender Mensch, wer wird mich erlösen",  Cantate BWV 109 "Ich glaube, lieber Herr, hilf meinem Unglauben"

Dès son entrée en fonction à Leipzig en 1723, Bach se lance dans sa tâche principale : fournir pour chaque dimanche et jours de fête une cantate…c’est-à-dire environ 300 œuvres dont à peine 200 nous sont parvenues. Les œuvres vocales programmées pour ce concert datent de son entrée en fonction. Bach parvient toujours à combiner sa virtuosité d’écriture à une richesse de couleur instrumentale. Pur, beau, envoûtant !

 Après  l’Oratorio de Noël au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles qui avait soulevé l’enthousiasme ce 20 décembre dernier, voici que  le Collegium Vocale Gent toujours dirigé par Philippe Herreweghe  est de retour sur la scène de la salle Henry le Bœuf. Douze solistes entremêlent leur voix pour interpréter quatre cantates de Bach et un motet de Johann Schelle.  Les quatre  solistes principaux sont  prestigieux et viennent des quatre coins de l’Europe. Dorothée Mields, la soprano allemande spécialisée dans la musique du 17 et 18e siècle, nous revient avec une voix aussi radieuse que juvénile. Un timbre inoubliable et une émotion transparente animent chaque cantate du programme. C’est aussi Damien Guillon, un des contre-ténors les plus talentueux de notre époque, qui apporte sa palette particulière pour transmettre l’esprit de la musique baroque. Il a débuté son apprentissage musical en 1989 à la Maîtrise de Bretagne.  Nourri très jeune du travail qui a été fait par William Christie et Philippe Herreweghe sur la musique ancienne, il nous apporte  la fraîcheur de  sa voix et sa technique musicale affirmée.  Il est par ailleurs aussi organiste, claveciniste et chef d’orchestre… La voix de ténor est celle de Thomas Hobbs, une voix fluide, forte, aux accents de miel qui mobilise le spectateur. Il est né à Exeter. Enfin le conservatoire d’Utrecht et le Conservatorium d’Amsterdam ont formé le talent de Peter Kooij (basse) qui fera une fois de plus merveille  dans ce programme dédié à Bach. Il a l’art d’investir les textes avec ardeur et passion,  la qualité de sa voix faisant vibrer les âmes et les coeurs : « Du bist mein Helfer, Trost und Hort…» (cantate BWV 73)

 

Ces cantates écrites par JS Bach entre 1723 et 1724  présentent une méditation personnelle sur la confiance que le chrétien met dans le Christ qui le met à l’abri de tout danger. La musique est faite pour soutenir un texte spirituel engagé. Textes éphémères qui durent le temps d’un dimanche, mais qui sont nourriture vivante et écho mélodieux dans le cœur de l’homme.   On y retrouve  la piété mystique et  la douceur du fidèle qui s’entretient directement avec Dieu, lui confiant le mal-être qui s’enracine dans ses doutes et lui demandant la grâce d’être sauvé par l’indulgence divine.

Ainsi la cantate BWV 48 se termine par un choral d’une incroyable sérénité : « Dein bleib und will ich bleiben ! »

Seigneur Jésus Christ, ô mon seul réconfort,
Je me tourne vers Toi;
Tu connais bien mon affliction,
Tu peux y mettre un terme, oui, tu y mettras fin.
Qu'il en advienne suivant Ta volonté;
Tien je suis et tien je veux demeurer.

Au centre de l’écrin formé par les 4 cantates de Bach, il y a ce bijou absolu que nous propose Philippe Herreweghe et ses chanteurs : un œuvre délicieuse à 5 voix de Johann Schelle, un prédécesseur de Bach « Komm, Jesu, Komm ». Un coin de paradis.  C’est une  sorte d’a capella, faisceau de sonorités exquises, à peine soutenu par l’orgue seul qui égrène une mélodie pure, légère et gracieuse sur une vérité spirituelle  évidente: «  Weil Jesu ist und bleibt der Wahre Weg zum leben ». Musique lumineuse et victorieuse comme une source d’eau vive.

Mais Philippe Herreweghe se penche sur l’humain, avant toute chose. Ainsi il  n’hésitera pas à redonner en « bis » la phrase poignante au rythme pesant qui décrit la détresse humaine et sert d’ouverture à la splendide cantate BWV 48. Une plainte multiple et entrecroisée des douze choristes exprime tour à tour l’émoi devant « le corps de la mort » qui s’avance, inexorable … et la victoire de l’âme, pourvu que Dieu y mette sa grâce, « Ich, elender Mensch, Wer wird mich erlösen vom Leibe dieses Todes ? » Question rhétorique on le suppose,  puisqu’après tout, Jésus est la réponse.

La cantate BWV 109 concluant le concert était jubilatoire. Elle débutait par un feuilleté lumineux et complexe de toutes les voix qui annoncent le thème : «  Ich glaube, lieber Herr, Hilf meinem Unglauben ! »  Le festin de voix répétait comme une multitude assoiffée de vérité  l’incantation très touchante, jusqu’à ce que l’orchestre prenne la relève. Parfois, les mots viennent à manquer… Les violons seront brûlants d’énergie dans le récitatif. Puis   l’aria du ténor appuyée par le dynamisme passionné des violons exprime toute l’angoisse humaine « Wie wanket mein geägnstigt Herz ! »  Mais la conclusion du choral est joyeuse et festive et les bois exultent. Tout comme le public,  totalement conquis.

http://www.collegiumvocale.com/fr

http://www.bozar.be/activity.php?id=12070&selectiondate=2013-01-29

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