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12272875861?profile=originalUN TANGO EN BORD DE MER fut créé le 6 août 2010 au Festival Royal de Théâtre de Spa. Depuis, l’immense comédien français  Jean-Pierre Bouvier n’arrête pas de séduire par le raffinement  et la pudeur de son jeu. On l’a vu jouer avec sensibilité et  subtilité en 2011 dans LA DAME AU PETIT CHIEN et en 2012, dans le rôle magistral de Willy Brandt de DÉMOCRATIE de Michael Frayn. Il est le maître ès sentiments ressentis.

Le duo qu’il interprète avec Frédéric Nyssen (lui aussi dans DÉMOCRATIE) est dans cette ligne de travail nuancé. La mise en scène soignée  de Patrice Kerbrat et les verres de vodka  y sont pour beaucoup. D’une part il y a les monologues intérieurs tantôt feutrés, tantôt passionnés ; de l’autre il y a une pratique de  l’écoute attentive de l’autre.  Et même l’art subtil  de faire trouver à l’autre, les mots qu’il faut pour creuser la vie intérieure. Comme s’il s’agissait non pas d’un texte écrit et interprété mais d’une sorte d’improvisation affective.  Jean-Pierre Bouvier  endosse ici le rôle de Stéphane, la quarantaine, un profil d’homme élégant, instruit et posé, écrivain en vue de surcroît.  Il voyage, voit du beau monde et mène une existence enviable. Vincent est beaucoup plus jeune, il brûle tout ce qu’il adore, ne tient pas en place, et est réactif comme du vif argent.  Leur différence d’âge, de milieu, de statut, les éloigne et les fascine à la fois. On comprend très vite qu’ils ont été éperdument amoureux quelques années auparavant. Retrouvailles fortuites  ce soir-là  au bar d’un hôtel de bord de mer ? Le décor n’a certes pas le lustre rêvé, mais l’absence de barmans ou l’absence incongrue d’activité dans l’hôtel leur offre soudain un lieu et un temps d’entre deux, où les vérités les plus profondes peuvent éclore sans se faner, …sous les délicates lumières de  Laurent Béal.

 

Sensibilité, vivacité, tendresse, fougue et retenue à la fois. La gestuelle des deux hommes est un ballet du temps présent sur scène. Un pas en avant, deux pas en arrière et la sensualité des souvenirs ne demande qu’à remonter à la surface. Qualité des silences.  Justesse absolue des interprétations, les rôles étant à la base bien définis. Chacun suit son orbite et le public attend avec émoi chaque frôlement tangentiel. La fluidité du texte de Philippe Besson est magnifique et a des résonnances émouvantes dans  la vie de tous. Qui peut dire qu’il n’a jamais quitté ou été quitté ? Qui peut dire qu’il n’a jamais joué son couple au quitte ou double ?  L’histoire d’amour de ces deux hommes ressemble à toutes les histoires d’amour. Des histoires que l’on sait condamnées d’avance et qui pourtant sont si belles et si tentantes.12272876271?profile=original

La présence vibrante  des comédiens sur scène fait oublier le décor trouble de bar nocturne, somme toute fort ordinaire.  Le rythme du spectacle est un lent crescendo vers la vérité intérieure tandis que les  personnages de plus en plus vibrants pèsent leurs chimères et leurs souffrances, interrogent,  se dévoilent progressivement, et se cherchent mutuellement.

Frédéric Nyssen en particulier, est un maître ès non-verbal qui hurle son mal-être (sans jeu de mots), sa colère, ses angoisses, la difficulté de ses choix. Craquant de vérité, totalement crédible dans son impulsivité  et ses poses générationnelles d’être écorché. Tour à tour, il esquive, brouille les cartes et s’évapore sans explications. Mais à la fin tous deux, décapés par leur confrontation, retrouvent l’authenticité,  loin des maquillages du mensonge protecteur.

http://www.atjv.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=500

 du 12 au 15 mars 2013, reprise

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administrateur partenariats

 

"L'attente"

Génèse d'un poème en duo ,

ou le choc des idées de deux poétesses à la créativité différente.

Présenté sur un extrait de  " L'attente", peinture allégorique de Liliane Magotte.

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Joëlle et moi avons composé ce poème en duo, suite à un défi amical que je lui ai lancé.  Elle l’a accepté et m’a priée de choisir le thème et de rédiger la 1ère strophe, que je lui ai envoyée une fois celle-ci terminée.  A son tour, Joëlle a composé une strophe (la 2ème) selon son inspiration et me l’a envoyée.  J’ai donc écrit la 3ème, elle la 4ème etc….

Une fois terminé, j’ai proposé à Joëlle de reprendre, chacune de notre côté, le poème et d’effacer les strophes de l’autre, afin de les remplacer par de nouvelles de notre cru.  Joëlle de son côté, a donc composé un autre poème, en entier, incluant ce qu’elle avait déjà écrit et j’ai fait de même de mon côté.

Cela a fait apparaître que d’une idée de départ commune (l’attente et la 1ère strophe), nos chemins de poésie s’étaient considérablement écartés.  Notre créativité est très différente.  Peut-on la qualifier de complémentaire ?  Nous vous offrons donc d’entrer dans l’univers de deux poèmes, à la suite de la matrice qui lui a donné le jour : L’ATTENTE.

Voic les 2 poèmes que nous avons composé séparément, à partir du commun.

 

L’attente.

 

L’attente d’un germe de nos corps,

Le  retard  de  la  graine  d’amour,

Te revoir  danser sur nos accords.

L’attente d’un germe de nos corps,

L’absence,  perfide  tue-l’amour,

Qui conduit aux pleurs du désamour.

L’attente d’un germe de nos corps,

Le retard  de  la  graine  d’amour.

L’attente d’un enfant de nos joies,

Né  de  moi,  désiré avec  ferveur,

Engendré par ton boute-joie.*

L’attente d’un enfant de nos joies,

L’angoisse car tu n’es qu’un viveur,

Qui  aime,  se  repaît  de  faveurs,

L’attente d’un enfant de nos joies,

Né  de  moi,   désiré par  ferveur.

L’attente de tes pas sur mon seuil,

Illusion  de  l’espoir  qui  fait  mal,

La douleur couchée dans son cercueil.

L’attente de tes pas sur mon seuil,

Mémoire  des  hiers qui font mal,

M’ont  livrées  à  l’état  fantomal,

L’attente de tes pas sur mon seuil,

Illusion  de  l’espoir qui  fait  mal.

L’attente  finit  par  me  lasser,

J’ignore, s’il vaut mieux en finir,

De  l’espoir  alors  tout  effacer.

L’attente  finit  par  me  lasser,

Je  voudrais à jamais  te bannir,

Regarder  vers un autre avenir,

L’attente  finit  par  me  lasser,

J’ignore, s’il vaut mieux en finir.

L’attente s’envole avec tes pas,

La  porte  s’est  ouverte sur toi,

Ton regard  fait son mea-culpa,

L’attente s’envole avec tes pas.

Je souris, tu prends ton air matois,

C’est  fini,  tu  en  restes  pantois,

L’attente  s’envole avec  tes pas,

La porte s’est refermée sur toi.

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.

L'attente 
 

L'attente dans l'insupportable


 l'amante noyée dans le manque,


 Le désir pourtant inévitable...


 L'attente dans l'insupportable,


  L'âme qui peu à peu s'efflanque,


 suppliant l'irréalisable.


 L'attente dans l'insupportable


 l'amante noyée dans le manque.


 
 
L’attente au plaisir s’amplifiant,


 Extase aux lèvres suspendue,


 Ressentir cet instant lénifiant.


 L’attente au plaisir s’amplifiant,


 Les larmes et sanglots répandues,


 Sont lourdes de passions confondues.


 L’attente au plaisir s’amplifiant,


Extase aux lèvres suspendue.



L’attente de ses yeux vautour,

Etreinte enlacée d'amoureux,

L’angoisse d’un écho sans retour.

L’attente de ses yeux vautour,

Eveille en elle l’instinct fougueux,

Egaré dans ce destin ombreux,

L’attente de ses yeux vautour,

Etreinte enlacée d'amoureux.



L'attente pourtant désirée,

l'attente d'un temps révolu,

les sensations inespérées,

L'attente pourtant désirée,

propices à l' instant dévolu,

Inerte et le silence absolu.

L'attente pourtant désirée

l'attente d'un temps révolu.

 

Joelle DIEHL

 

 

Publication réalisée à la demande des poètes.

Avec tous mes remerciements.

Un partenariat d'

Arts 12272797098?profile=originalLettres

 

 

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administrateur théâtres

12272874880?profile=originalUn Chapeau de paille d’Italie  De Eugène Labiche

Mise en scène Gilles Bouillon par la compagnie du  Centre Dramatique Régional de Tours, À l’Aula Magna, un accueil de L’ATJV (Atelier Théâtral Jean Vilar)

 

...Où le mot noces rime avec atroce!

Tout commence par le cauchemar d’un quidam réveillé en sursaut tandis que le temps s’écoule à l’envers. Le temps de rentrer de plein fouet dans un magnifique spectacle parodique du temps passé ! Ou du futur, qui sait ? Chapeau, les Français !

Une double poursuite s’organise, ridicule et surréaliste. Futuriste aussi pour le dynamisme, le mouvement et la vitesse. Il y a ceux qui courent derrière leur marié, qui lui poursuit un chapeau. Comique de situation. Les comédiens sont en habits de noces fin de siècle - les superbes costumes sont de Marc Anselmi - et animent une débandade de polichinelles jamais rêvée sur les planches. Explication : une femme élégante prise au piège de l’adultère se présente avec son amant à la porte du futur marié dont le cheval a malencontreusement avalé le chapeau de paille d’Italie. Plainte musclée de l’amant, un « petit criquet » africain : Il faut d’urgence réparer l’injure (retrouver un chapeau identique) ou le mari de la friponne risque fort d’étrangler sa femme si elle revient nu-tête de son équipée. Les ferrets de la Reine revisités à la mode bourgeoise.

Rien de plus au programme si ce n’est la course effrénée derrière des chimères, le mobilier qui vole et les vols planés des comédiens, une visite chez la modiste de nos grand-mères et au pire, un 80 Chasseurs saugrenu. Et des salves de rires parmi les spectateurs tant le spectacle est une chorégraphie endiablée réussie. C’est burlesque et beau. La scénographe Nathalie Holt, par son art de l’ellipse, la dimension poétique de ses agencements, collages, couleurs, matières, donne aux cinq décors des cinq actes toute la fluidité que nécessite l’aventure de cette dramaturgie du mouvement, étonnamment explosive, aux harmoniques contemporaines. Les tableaux qui fusent derrière le rideau sont autant de scènes bouffonnes que l’on croirait peintes à la main. Le texte a peu d’importance. C’est la gestuelle et la plasticité du spectacle qui plaisent. Unité de tons : il y a une succession de décors gris à fleurs, chevaux et hypocrites rayures assorties aux costumes de noce qui mettent les personnages en scène avec humour, à la manière de James Ensor. Unité de sons : cela gesticule chante et crie à s’en déjanter les mandibules! On retrouve l’ironie, la dérision et le sarcasme. Un personnage semble tout droit sorti de Watteau : c’est le cousin amoureux de la cousine, thème récurrent dans la pièce. Il a des allures de Gilles ou de Pierrot Lunaire avec ses pantalons bouffants trop larges et trop courts. Cela donne le dernier coup de pinceau à la pantomime. Une pantomime du spectacle de la bourgeoisie, il va sans dire. « Vous me rappelez les orgies de la Régence » fulmine le beau-père ! Et le pianiste d'égrener ses notes d'un air énigmatique.

Comique de genre : la scène érotico-musicale dans les riches salons de la baronne de Champigny. « Allons berger, sors ton pipeau et y jouons un air en commun ! » Comique de posture : le futur beau-père (pépiniériste) est un « porc épic » affublé d’un pot de myrte qu’il arbore comme un bâton de maréchal. Et Georges Brassens saute aussitôt à l’oreille : « Avec son p’tit pot, l’avait l’air d’un c… ma mère! » Comique de répétition « Mon gendre, tout est rompu ! » une phrase de la plus belle essence de comportement bourgeois. Comique douloureux : « Père, vous m’avez sacrifiée » se lamente la future épouse déjà délaissée. « Que veux-tu, il était rentier» s’excuse le père! Comique de cabrioles, d’un bout à l’autre, ce n’est décidément pas avec cette pièce, que l’on mourra pour des idées! Mais qu’importe!

http://www.atjv.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=498

Tout le dossier du spectacle et les photos :

http://www.cdrtours.fr/un-chapeau-de-paille-ditalie/

Dramaturgie: Bernard Pico Scénographie: Nathalie Holt Costumes: Marc Anselmi Lumières: Michel Theuil Musique: Alain Bruel Assistante mise en scène: Albane Aubry Maquillages et coiffures: Eva Gorszczyk Régie Générale: Laurent Choquet Construction du décor réalisée par l’équipe technique du CDR de Tours sous la direction de Pierre Alexandre SiméonAvec Frédéric Cherboeuf Jean-Luc Guitton Marc Siemiatycki Denis Léger- Milhau Léon Napias Xavier Guittet Stéphane Comby Cécile Bouillot Charlotte Barbier Camille Blouet Juliette Chaigneau Laure Coignard Julie Roux Clément Bertani Mikaël Teyssié Musicien Alain Bruel
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administrateur théâtres

 Le Monde de Luce et ses Extases

Cette fable chaleureuse en quatre tableaux est avant tout une ode à la sensualité, au plaisir et au ludique.Elle interroge l'austérité sensorielle que notre mode de vie et la morale nous imposent.S'y réconcilient - un instant suspendu - l'âme, la chair et le jeu.(création fév. 2010)

Première à Bruxelles.

Voici une expérience onirique entre théâtre, accordéon (très belle musique originale de Pirly Zurstrassen), danse et chant qui vous est proposée par la compagnie Ah Mon Amour, sous la houlette de Geneviève Voisin, une très jolie bergère qui cite dans sa note d’intention J-C Bologne (Le Mysticisme athée) : « J’appelle «mystique » une expérience de mise en contact directe et inopinée avec une réalité qui dépasse nos perceptions habituelles, et qu’on peut ressentir tour à tour comme en étant le vide ou l’infini. Cet infini étant assimilé à Dieu, le mysticisme s’est développé à l’intérieur d’une croyance religieuse. Mais d’autres absolus, d’autres infinis existent, qui justifient une approche athée (…) Initiatique au sens étymologique, l’expérience mystique - indescriptible et donc intransmissible- est un commencement ; elle ouvre soudain des portes dont on ignorait jusqu’à l’existence ! » Des portes que Geneviève Voisin a bien l’intention de forcer par-delà murs, vents, et murmures.

Ce spectacle, est le premier d’une série de propositions programmées par la Vénerie « Les Vénus de Mars » célébrant la Femme dans tous ses états, puisque nous sommes au mois de mars. Le Royaume Uni ne choisit pas sa date de fête des mères par hasard : c’est le deuxième dimanche de Mars qui voit fleurir compliments et cadeaux de Mother’s day. Si le spectacle est dédié à la femme, la mère y est singulièrement absente. Si le spectacle est dédié à l’extase, pourquoi, murmure-t-on, cette extase ne concernerait-elle que la femme?

Pas de Ying sans Yang! C’est ce qui fait défaut dans ce spectacle un peu réducteur. Au regard de la conception, de la distribution et de la réalisation de Geneviève Voisin, on pourrait penser que l’homme n’a pas les mêmes émois de fusion avec la nature quand il est enfant, ne se fait pas flageller pour être plus proche de l’extase divine, et n’éprouve pas l’extase sexuelle au même niveau d’abandon de soi. Sainte Thérèse d’Avila a un pendant aussi puissant qu’elle : Ignace de Loyola et tous deux ont autant d’adeptes parmi les mystiques. Luce, la folle, la sainte, ou la putain glisse du Carmel au Bordel, sans transition, ceci pour la fable sans doute. Il est vrai que l’on on rencontre moins d’hommes qui sont obligés de vendre leurs services dans les bordels. Puisque c’est l’homme le paradigme dominant de la société. Enfin, puisque nous suivons la trame proposée dans le spectacle, lorsqu‘il ou elle suit le chemin de la décrépitude inévitable, ils seront tous deux à célébrer leurs souvenirs d’extases passées, tous deux à savourer les derniers petits bonheurs du moment présent. Tous deux à force de lâcher prise, capables ou non de fleureter avec l’au-delà, avec sérénité si les chemins de sagesse qu’ils auront empruntés les y mènent.

Ceci étant, le spectacle a une mise en scène très travaillée, très fine et très au point. La découverte scénique géniale est ce multi-paravent immense qui sans cesse bouge et change de forme dans des jeux de lumière très évocateurs. Une sorte de personnage tiers qui semble accoucher du spectacle et à la fois le diriger. Il symbolise avec grande poésie les frontières entre rêve et réalité. La narratrice, sorte de gorgone ailée est la « conscience »de Luce (Geneviève Voisin) qui, à peu près réduite au non verbal, apparait d’autant plus naïve, vierge (!) et martyre. Donc sainte et ingénue à s’y méprendre. Bravo, le jeu de l’artiste frappant de vérité fait de Luce une véritable illuminée. Les trois danseuses accompagnant son parcours sont, à dessein, caricaturales et grotesques. Bien pour la fable, puisqu’elles représentent l’ego, la volonté et l’agressivité. Moins pour la beauté du spectacle et  quand même dérangeant dans un spectacle sur l’extase. Une certitude: le jeu est vital et fait la vitalité de ce spectacle débordant d’énergie.

(Extase, vient de EX-stare…, se tenir en dehors. C’est un état assez rare où l'individu, tout en étant conscient et capable de mémorisation, n'a plus aucune perception de lui-même, tout entier absorbé par un ailleurs (autre, image, fantasme, divinité…). 

 

http://www.cie-ahmonamour.com/site/index.php?option=com_content&view=article&id=48&Itemid=62

Interprétation : Laurence Crémoux, Onenn Danveau, Roxane Lefebvre, Geneviève Voisin, Monique Gelders en alternance avec Justine Verschuere-Buch

Mise en scène : Geneviève Voisin

Assistanat à la mise en scène : Roxane Lefebvre

Ecriture : Fransua de Brussel, adapté du monologue « Le Livre de l’Extase »

Idée originale et adaptation : G. Voisin

Création scénographie et costumes : Sarah de Battice

Création lumière : Guillaume Pons - site

Création musicale : Pirly Zurstrassen - site

Regard extérieur : Hélène Pirenne et Muriel Clairembourg

Avec l’aide précieuse de Bernadette Roderbourg (costumes et administration), Mathilde Mosseray (stagiaire) et Anne-Sophie Lecourt (costumes)

 Tout le programme des Venus de Mars: http://www.lavenerie.be/agenda.cfm

 

 

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ADMINISTRATEUR GENERAL

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Dimitri Sinyavsky (Rus)

« Flux du Temps »

Peintures

 

Exposition du 16/01 au 03/02/2013

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 16/01/2013

De 18h 30 à 21h 30

 

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Jim Aile (Be)

« Sentiments et couleurs »

Peintures

 

Exposition du 16/01 au 03/02/2013

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 16/01/2013

De 18h 30 à 21h 30

 

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Gilles Jehlen (Fr)

« De la terre brute à la terre polie »

Sculptures

 

Exposition du 16/01 au 03/02/2013

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 16/01/2013

De 18h 30 à 21h 30

 

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Philippe Guenin (Fr)

« L’âme du chaos »

Peintures et photographies

+ Performance en live

 

Exposition du 06/02 au 24/02/2013

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 06/02/2013

De 18h 30 à 21h 30

 

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Barbara Stacher (Aut)

« Matières primaires »

Sculptures

 

Exposition du 06/02 au 24/02/2013

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 06/02/2013

De 18h 30 à 21h 30

 

Et qui sera agrémenté d’extraits de musique celtique

Interprétés par la harpiste Françoise Marquet

 

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XICA Bon de Sousa Pernes (Pt)

« Ombres de présence »

Peintures

 

Exposition du 2702 au 17/03/2013

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 27/02/2013

De 18h 30 à 21h 30

 

 Et qui sera agrémenté d’extraits de musique celtique

Interprétés par la harpiste Françoise Marquet

 

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Jonathan Bermudes (Fr)

« RÉTROSPECTIVE »

Photographies

 

Exposition du 20/03 au 07/04/2013

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 20/03/2013

De 18h 30 à 21h 30

 

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Françoise Clercx (Be)

« Détails et fascination »

Peintures

 

Exposition du 20/03 au 07/04/2013

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 20/03/2013

De 18h 30 à 21h 30

 

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Veronica Barcellona (It)

« Welcome to my real world »

Peintures et sculptures

+ Installation

 

Exposition du 20/03 au 07/04/2013

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 20/03/2013

De 18h 30 à 21h 30

 

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La main un outil pédagogique

La main un outil pédagogique

Bergson et les philosophes grecs antiques .....

                    Je dirais que c'est un sujet inépuisable à creuser ... car même si nous tapotons

                    nous. adultes, notre apprentissage en pleins et déliés nous a ouverts

                    l'essentiel des potentialités dont nous usons librement maintenant ou non.

http://www.lexpress.to/archives/5958/

Il ne faudrait pas croire que la machine fait tout et que le numérique est la panacée universelle. Dans toute bonne pédagogie de l’apprentissage des basses fondamentales dont a besoin tout apprenant, la main doit trouver sa place. Si elle ne la trouve pas, des troubles d’apprentissage risquent de survenir.

L’exemple type est celui du langage qui se déroule linéairement. Pour lire, il faut donc décoder un système selon un processus linéaire allant de gauche à droite (langues européennes), avec retour «à vide» vers la gauche, changement de hauteur c’est-à-dire orientation vers le bas, pour passer d’une ligne à l’autre.

Au cours de cette opération, toutes les lettres, tous les mots doivent être traités de gauche à droite. Autrement dit, le sens directionnel général, gauche à droite commande la perception globale du texte (sens des lignes) et la lecture détaillée des composantes (mots et lettres), auquel s’ajoute un mouvement haut en bas.

Orientation spatiale

Tout ceci suppose une parfaite adaptation à des orientations spatiales précises, sous peine d’erreurs ou de difficultés de lecture. L’acquisition de la gymnastique spatiale nécessaire est à la base de la lecture qui comprend donc plus que le décodage de lettres.

D’où l’intérêt d’activités comme la représentation spatiale de la forme des lettres avec les doigts, et de l’écriture manuelle, qui ajoute à ces dimensions linéaire et spatiale la commande de mouvements manuels.

Écrire, c’est traduire le langage selon un code spatial comportant à la fois des mouvements de gauche à droite, avec retour à gauche vers la zone de départ pour la direction générale de l’écriture, et des mouvements plus fins de gauche à droite, de droite à gauche, de haut en bas, de bas en haut, circulaires ou semi-circulaires, pour la réalisation graphique des lettres.

L’encodage écrit nécessite une adaptation de la main qui écrit au découpage spatial conventionnel et ceci, que l’on écrive de la main droite ou de la main gauche, et une coordination complète de la main elle-même et de sa contre-main, c’est-à-dire du pouce.

L’écriture manuelle…

Des études présentées au colloque «L’écriture dans tous ses états» de l’Université d’Aix-en-Provence, en France, sont très intéressantes. Dans L’apport cognitif de la main: clavier ou écriture manuelle?, les auteures se demandent si le «délaissement de la main – au profit de la machine – risque d’entraîner des pertes de compétences».

Il ressort de leur étude que «sur l’ensemble des sujets, le nombre de fautes commises en écriture manuelle est significativement inférieur à celui constaté en mode clavier…

Si la main se révèle supérieure au clavier en ce qui concerne les fautes de français, l’expérience présentée ne permet pas de décider quel est le facteur explicatif: acquisition manuelle de l’écriture ou ressources attentionnelles plus marquées en manuel.»

L’explication vient peut-être d’une autre étude: La Main écrit sur le Papier et … sur le Cerveau. Voici la conclusion: «L’acte même d’écrire est une source d’informations à caractère cognitif susceptible d’intervenir, comme les informations visuelles et auditives, dans la spécification symbolique des caractères écrits et par là dans les apprentissages linguistiques.»

favorise la lecture

Autrement dit, le geste moteur de l’écriture transmet au cerveau une information sur la forme des lettres et leur enchaînement, en écrivant des mots, des phrases. Le geste sensoriel est donc porteur d’informations cognitives qui se répercutent sur la lecture.

«Nos études, disent les auteures, soulignent l’existence de liens fonctionnels étroits entre écriture et lecture… ils suggèrent que notre façon d’écrire pourrait influer sur notre façon de lire.» Un autre exemple: encourager les petits à compter sur leurs doigts ne serait pas une mauvaise idée, bien au contraire.

Des travaux récents démontrent que la représentation de la grandeur des nombres stimule les neurones du lobe pariétal, qui est aussi associé à la représentation des objets dans l’espace. Main, cerveau et apprentissage sont étroitement reliés.

La main et le toucher

La main joue donc un rôle capital en pédagogie fondamentale. La célèbre formule de G. Révész:
«Votre destin est vraiment entre vos mains, ou mieux en ce que vos mains créent ou font» (The Human Hand), même à partir d’un simple crayon, ne peut que faire réfléchir et porter à la main une attention toute pédagogique, de la part des parents, des enseignants, des intellectuels et des décideurs.

Pour compléter ces propos et les élargir, on prendra connaissance avec intérêt de: Gentaz, Édouard. La main, le cerveau et le toucher, Dunod, 172 p. L’auteur traite spécialement du toucher, un sens méconnu et si important pour le bébé, l’enfant, l’adulte voyant et non-voyant. «Les outils de l’activité virtuelle favorisent-ils l’apprentissage de l’écriture?» montre le rôle du toucher dans ce processus.

Un livre pour les parents et futurs parents, pour comprendre leur bébé, les enseignants, les étudiants universitaires en psychologie et en pédagogie, rédigé de façon claire, bien illustré, d’actualité.

(Le sens du TOUCHER n'est pas méconnu du tout chez R:Steiner dans son concept des "12 sens"

Pour ma part, je me base souvent sur le livre du Dr Albert Soesman chez Triades

"LES DOUZE SENS"

            Le moi d'autrui, Le mouvement. Le langage. L'équilibre. La chaleur. LE TOUCHER. La pensée. L'odorat. Le goût. La vue. L'ouïe. La vie.

Nous disons Sens de ...

Le rôle de la main :

un outil pédagogique. Publié le 20 avril 2012

         La main, outil pédagogique?

Gabriel RACLE, chercheur canadien explique que l’INTELLIGENCE part de la main et remonte vers le cerveau.

Ensuite

Les articles trouvés sur ce même thème  :

http://www.calea-asso.org/la-main-outil-pedagogique/role-de-la-main/

RÔLE DE LA MAIN

Prendre pour comprendre

la main saisie et comprends
Nous avons, avec Gabriel Racle, la possibilité d’avoir un aperçu actuel de la question. En résumé, le rôle de la main, dans ce passage du prendre au comprendre et du comprendre à l’apprendre, n’est pas purement matériel, purement mécanique, ni bien évidemment purement abstrait ou intellectuel : tous ces aspects sont conjugués dans cette activité typiquement humaine. Prendre en main, ce n’est finalement pas autre chose que ce type même d’activité qui combine le prendre, le comprendre, l’apprendre et finalement l’entreprendre. C’est précisément l’acte humain de la main : le geste de prendre en main est plus fondamental que l’acte de la main qui prend. La main partout se trouve en cause, pour reprendre l’expression d’Ernts Kapp. D’autant que par ce moyen, l’homme arrive finalement à se prendre en main. La main est ce qui fait l’homme.

Com-prendre

Com-prendre, c’est d’abord, comme l’indique l’étymologie, prendre avec : prendre avec la main, avec un outil, avec un instrument, prendre de multiples façons et par là-même, découvrir en agissant. La main, bien orientée, est donc plus qu’un instrument de développement matériel ; elle est aussi l’instrument du développement intellectuel et de l’insertion sociale. Charles Féré a une belle formule:

la main est à la fois un agent et un interprète du développement de l’esprit.

Comme on l’a déjà souligné, on passe ainsi de prendre à comprendre, du concret à l’abstrait, ce qui permet alors d’apprendre. … l’enfant apprend aussi en élaborant des schémas mentaux, des règles, des lois, qui permettent de classer les objets dans des catégories d’ordre de plus en plus élevé, de transformer des objets réels en objets symboliques.
La boucle peut ensuite se refermer en repassant de l’abstrait au concret pour entreprendre quelque chose avec l’aide de la main et du cerveau, bien entendu. On a ainsi, en simplifié, un schéma pédagogique dans lequel la main doit trouver tout naturellement sa place. Si elle ne la trouve pas, pour des raisons diverses, des troubles d’apprentissage risquent bien de survenir.

Main et apprentissage

Ces considérations convergentes, dont on pourrait prolonger l’énumération, ont-elles quelque fondement ou quelque correspondance biologique ? Ne sont-elles que le fruit de réflexions pédagogico-philosophiques ? Après tout, on apprend avec un cerveau, on ne saurait l’oublier. À défaut de preuves formelles, certaines indications provenant des recherches des biologistes semblent bien apporter quelque soutien au rôle clé de la main dans l’apprentissage.

Une figure appelée homoncule (petit homme) traduit la répartition du corps dans le cortex somato-sensoriel, le cortex étant cette mince couche de neurones, la fameuse matière grise, qui se trouve à la surface du cerveau. Les parties du corps les plus actives et les plus sensibles ont une correspondance corticale proportionnellement supérieure à celles des autres zones corporelles. Comme on peut le voir, les mains tiennent une place très importante et dans la main, le pouce joue un rôle éminent.

Nous savons, par ailleurs, que les interactions entre une personne et son environnement jouent un rôle essentiel dans la structuration du langage et de la pensée. On pense que le cerveau traite le langage par le moyen d’interrelations entre trois systèmes ou ensembles de structures neuronales :

  • Il y aurait tout d’abord les interactions non langagières entre le corps et son environnement. Ces interactions sont perçues par les divers systèmes sensoriels et moteurs des deux hémisphères cérébraux : ainsi se forge une représentation de tout ce qu’une personne fait ou ressent et, par exemple, de tout ce qui concerne les activités de ses mains. Ces représentations non linguistiques (forme, dureté, température, succession temporelle…) sont traitées par le cerveau qui les classe et sont transformées en représentation à un niveau supérieur qui gère les résultats de cette classification. S’ensuit un ordonnancement intellectuel des faits, des relations, des objets. Les niveaux successifs de catégories et de représentation symboliques produites par notre cerveau sont à la base de nos capacités d’abstraction et de métaphore.
  • Le deuxième système comprend un ensemble plus petit de structures neuronales qui se trouvent le plus souvent dans l’hémisphère gauche, chez les droitiers et même chez les gauchers, et qui représente les phonèmes, leurs combinaisons, les associations des mots en phrases. Stimulés, ces systèmes produisent des phrases parlées ou écrites et traitent initialement les stimulations linguistiques reçues de l’extérieur.
  • Le troisième ensemble de structures, qui se situe habituellement dans l’hémisphère gauche, coordonne les deux premiers ensembles. Il fait produire des mots à partir d’un concept ou un concept à partir des mots. Sur la base de cette schématisation, on peut se demander si un apport riche de la main dans le premier système ne contribue pas précisément à une structuration plus développée de la pensée ; autrement dit, en reprenant l’image de Bergson, s’il n’y aurait pas là un mécanisme qui fait remonter l’intelligence de la main à la tête.

La main joue donc un rôle capital en pédagogie fondamentale. Et il ne faut pas oublier que le toucher de la main est un acte d’appropriation à haute valeur psychologique et symbolique. La main qui prend vise à comprendre, la main qui touche vise à connaître.

L’art du toucher (l’haptonomie, de Frans Veldman) devient aussi un outil d’éducation émotionnelle. Mais parce que toucher c‘est vivre à la lisière de soi et de l’autre, comme le souligne Catherine Josse, l’acte de perception présuppose que le sujet ait pleinement conscience de son environnement. Développer le toucher, c’est aussi favoriser le développement du sujet et sa relation au monde.

Les relations entre la main et le cerveau de Gérard Gentaz, Florence Bara et Pascal Colé

Voici, une synthèse des travaux expérimentaux qui évaluent les effets de différents entraînements phonologiques associés ou non à l’apprentissage des lettres et des correspondances grapho-phonologiques, sur la lecture, et, d’autre part, de présenter une série de travaux récents qui s’intéressent à l’apport de l’exploration visuo-haptique et haptique (tactilo-kinesthésique) de lettres dans ces entraînements.

L’ensemble des résultats montre que les entraînements destinés à développer la conscience phonémique des enfants (définie comme la capacité à manipuler les phonèmes des mots parlés) améliorent significativement les performances en lecture. Même si ces entraînements ont indéniablement des effets positifs sur l’apprentissage de la lecture, leurs effets peuvent être amplifiés si on associe un travail sur la connaissance des lettres et des associations lettres-sons.
C’est lorsque que ces deux composantes sont réunies dans un entraînement (conscience phonémique et connaissance des lettres et des associations lettres-sons) que celui-ci est le plus efficace.

Enfin, des recherches récentes montrent que le mode d’exploration des lettres a un impact sur la compréhension du principe alphabétique. Ainsi, si l’enfant est amené à prendre connaissance des lettres par une exploration visuohaptique et haptique, les performances en décodage sont meilleures que si l’exploration se fait uniquement visuellement.

http://www.calea-asso.org/la-main-outil-pedagogique/

La main, outil pédagogique

La main a fait l’homme ! La main nous permettrait-elle d’apprendre ? La main serait-elle capable d’être un formidable outil pédagogique ?

Cette question peut paraître étonnante voire absurde à l’heure où les recherches en didactique ou sciences de l’éducation… semblent répondre aux problèmes des apprentissages. Pourtant, ces problèmes tiennent peut-être pour une part à l’oubli, dès le plus jeune âge, d’un instrument pourtant essentiel et que nous avons tous à notre disposition : la main. Il n’est sans doute pas inutile de réfléchir sérieusement à cette question pédagogique, si l’on en juge par les propos suivants, dont il pourrait être judicieux de suivre les conseils.

On oublie (à l’école) que l’intelligence est essentiellement la faculté de manipuler la matière, qu’elle commença du moins ainsi, que telle était l’intention de la nature. Comment alors l’intelligence ne profiterait-elle pas de l’éducation de la main ? (…) Adressons-nous à un vrai maître, pour qu’il perfectionne le toucher de l’enfant au point d’en faire un tact : l’intelligence remontera de la main à la tête.

Ces quelques lignes, qui peuvent surprendre par l’association établie entre main et intelligence, ne sont pas de la main d’un pédagogue, mais bien de celle d’un philosophe. Et elles apparaissent dans un texte qui n’est pas précisément terre à terre, puisqu’il s’agit de La pensée et le mouvant, du philosophe français Henri Bergson.
On évoquera rapidement, dans un premier temps, quelques unes des théories qui sont apparues tout au long des siècles, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, sur cette possibilité selon laquelle l’intelligence passe par la manipulation, ou autrement dit, que la connaissance, l’apprentissage s’élaborent, avant tout, grâce à nos cinq sens et particulièrement grâce au toucher particulièrement les mains, ce qui sera le propos ici.
Par une sélection subjective (donc incomplète), on survolera donc les pensées de plusieurs auteurs qui se sont démarqués par leur pragmatisme en relation pour certains avec une application pédagogique concernant cette question. Des écrits antiques à Bergson en passant par Maria Montessori, Marcel Jousse, Leroy-Gourhan, Gabriel Racle… Le but est d’éclairer des problèmes théoriques se rapportant à l’incorporation de savoirs et de compétences en travaillant sur la question de l’articulation entre les modalités d’incorporation et les procédures cognitives d’apprentissage. On se basera aussi sur les travaux d’Edouard Gentaz, Florence Bara et Pascal Colé, qui on étudiés les effets des entraînements phonologiques et multisensoriels destinés à favoriser l’apprentissage de la lecture chez les jeunes enfants.
Selon Pierre Bourdieu, il y a une manière de comprendre avec le corps qui se situe en deçà de la conscience et sans avoir le mot pour le dire. On parlera donc d’infracognition, qu’on tentera de définir.
Nous essayerons de montrer comment cette infracognition, à partir d’adultes en situation d’analphabétisme peut donner des résultats probants sur une période relativement courte, alors que les moyens classiques n’ont donné que peu voire pas de résultats. La manipulation de la matière permettrait d’apprendre.

Pour finir cette recherche exhaustive .....

Voici toute une étude sous forme de livre :

avec la possible de faire jouer la glissière en haut pour augmenter la visibilité

http://www.yumpu.com/fr/document/view/5850778/de-la-main-lintelligence-ser

 

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des doigts habiles produisent des pensées agiles
Kant avait déjà signalé que la main est le cerveau extérieur de l'homme.

Article de Rébecca Terniak

. Un apprentissage diversifié au service de l’être entier

Comment favoriser un tel développement et éduquer l’enfant tout entier «tête, cœur et mains»?

Les moyens:

    • Un plan scolaire aussi large que possible dans le temps imparti équilibre soigneusement les matières purement académiques avec les enseignements artistiques et les activités pratiques.
        
    • Un enseignement vivant et concret, où les matières jouent de concert, porté par des images vivantes: l'enfant est amené à vivre d'abord activement les choses et à les ressentir.
         
  • But de cet enseignement: chercher à éveiller toute la palette des facultés de l’enfant, de façon adaptée à son âge, en respectant les rythmes de son développement.

Utilisation des mains: des doigts habiles produisent des pensées agiles

Kant avait déjà signalé que la main est le cerveau extérieur de l'homme.

  • L'observation des trois phases initiales de développement du «Marcher – Parler – Penser» montre que l'activité motrice de l'enfant exerce une influence formatrice sur son corps et fonde ainsi ses facultés cognitives.
    Cela vaut en particulier pour les premières années de l'enfance mais constitue également un aspect important de tout apprentissage. C'est pour cette raison que la structure des programmes scolaires Waldorf-Steiner en tient compte. (Jon Mc Alice)
        
  • Le petit enfant saisit son environnement à l'aide de ses doigts.
    C'est en explorant le monde qu'il le découvre, alors que les structures plus fines du système nerveux se développent. L'adresse, l'agilité des doigts sont la condition préalable du parler. C'est à l'habileté des doigts que l'on peut reconnaître le degré d'évolution du langage (Kolzowa). De nombreux thérapeutes utilisent le mouvement pour soigner des troubles du développement (Affolter, Ayres, Frostig). De nombreuses Ecoles Waldorf-Steiner travaillent aussi de cette manière.
        
  • Par la mobilité et l’adresse de la main, à travers exercices gestuels et travaux manuels, cette pédagogie cherche à éveiller, de façon vivante, les pensées de l’enfant.
        
  • Ainsi, il est attaché une grande importance à la mobilité des doigts, surtout au jardin d'enfants et dans les premières classes: 
    • Les éducateurs jouent, avec les doigts, des jeux rythmiques accompagnés de petites comptines.
    • Le professeur de classe primaire exerce les enfants à s'orienter à partir de leur propre corps.
    • On apprend la table de multiplication ou l'alphabet en faisant une marche rythmée ou en frappant dans les mains.
    • On apprend des poèmes en les rythmant du pas.
    • Dès la première classe, la peinture développe un sentiment artistique lié à une adresse manuelle.
           

Apprendre en faisant: les ateliers de travaux manuels, artistiques et artisanaux.
   
Apprentissage à partir d'une activité concrète. "L'apprendre pratique" en tant qu'apprentissage "par la main, par (le) cœur et de tête" se déroule pour tout objet, par la pratique et le vécu du travail propre.

L'enseignement général donné dans les ateliers éduque l'enfant, le jeune, à la conséquence dans l'action et dans la pensée.
Il leur confère le savoir faire manuel et technique

  
Depuis 1919, la pédagogie Waldorf-Steiner cherche, par la mobilité et l’adresse de la main, à éveiller aussi les pensées de l’enfant de façon vivante.
    

  • Grand maître en éducation : le rythme avec l’enseignement par périodes
    Le rythme du souvenir et de l'oubli
    devient un principe méthodique de base de l'élaboration de nos facultés. La pédagogie Waldorf-Steiner soutient ces processus non seulement par le rythme dans le mouvement, mais encore par des méthodes d'enseignement qui intègrent la nature rythmique de l'apprentissage.
  • L'éducation à l'environnement est présente dans toutes les disciplines
    Les enfants aiment la nature: arbres, animaux, ruisseau, papillons...
    Les professeurs veulent approfondir cet amour, de façon à ce qu'il devienne un solide fondement pour toute la suite des rapports tant scientifiques que pratiques à la nature: on traitera toujours un ami avec égard, et ce d'autant plus que l'on dépend directement de la santé de cet ami.
    Ce qui profite à la nature est toujours bon pour l'homme lui-même. L'amour de la nature, la compréhension de la nature fondée sur une connaissance véritable et l'activité pratique qui consiste à lui prodiguer régulièrement des soins sont les trois plans sur lesquels les élèves des écoles Waldorf sont conduits dès le jardin d'enfants et à travers toutes les classes à établir un partenariat et une coopération avec le vivant. (Andreas Suchantke).
        
  • Une compréhension de l'être humain la plus large possible, basée sur l'observation des phénomènes.
    La manière dont l'enfant reçoit les premiers éléments d'anthropologie est d'une importance énorme pour son éducation. Des images réductrices ou des excès idéologiques peuvent être autant d'obstacles qui empêchent l'être en devenir de parvenir à lui-même.
    En quatrième classe, les sciences naturelles débutent par une approche globale de l'être humain. L'étude de la stature humaine constitue le centre de cette première approche.

Chaque enfant a besoin:

  • Du respect de ses besoins profonds en accord avec son rythme propre à chaque phase de son développement:
       
  • Un enfant a besoin de temps et d’espace pour se développer:
    Il est tenu compte des métamorphoses de l’être à travers les septaines de la biographie humaine
    La pédagogie Waldorf-Steiner s'appuie sur une connaissance approfondie de l'être intérieur de l'enfant et de ses métamorphoses dans le temps.
        
  • Notre être le plus intime n'est pas seulement défini par l'hérédité et le milieu.
    Ceux-ci sont donnés; "l'humain en l'homme" se sert d'eux. L'enfant recèle en lui l'avenir. De là résulte la mission des éducateurs: créer pour l'enfant un environnement qui lui permette d'amener à l'épanouissement ce qui vit déjà en lui.

 

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administrateur théâtres

Feu la mère de Madame - Feu la Belgique de Monsieur

de Georges FEYDEAU - Jean-Marie PIEMME

Le vaudeville désopilant de Feydeau démarre sur l’annonce dudécès de la mère de Madame. Cette situation n’est pas sans rappeler l’incroyable soirée du 13 décembre 2006 au cours de laquelle un journaliste de la RTBF prenait son air le plus grave pour annoncer la fin de la Belgique. Ce canular (Bye bye Belgium) a fait le tour de la planète ! Jean-Marie Piemme nous livre  un divertissement impertinent qui nous replonge dans l’ambiance de cette fameuse soirée !

http://www.theatreduparc.be/

D’un coup de tonnerre à l’autre, pluies de rires

Un sas triangulaire où se déchaînent les éléments donne accès à trois éléments : chambre, cuisine et salle de bains. Le plateau circulaire expose d’abord le lit conjugal.  Quatre heures du matin, Elle est réveillée par l’arrivée tardive de son impressionnant mari, Lucien déguisé pour son amusement personnel en Roi Soleil. Il sonne désespérément, bloqué dans le sas. Il se fait magistralement saucer.  Un immense  parapluie protège difficilement  sa perruque et habits d’un autre siècle de la pluie diluvienne. Rires. Celle-ci ferait bien de  lui rafraîchir les idées avant d’affronter son épouse, rapidement transformée en harpie. La  scène de ménage ne manque pas d’éclater. Tous les travers, les petites frustrations et les plaies d’argent du couple sont jetées en pâture à un public gourmand. La bonne allemande, pas si bonne que cela, est prise à témoin et ne rêve que de regagner au plus vite  son propre lit. (Rires)  Soudain on sonne. Il s’agit du domestique de la sainte mère de Madame. Il est porteur d’une terrible nouvelle. Rires. Un spectacle dément, joué avec folie. Le public se drogue de rires.

Trois quarts d’heure plus tard. Le même sas, le même décor petit bourgeois, et dans la baignoire, une reine. Un roi sur son trône.  Imaginez la suite, à la sauce belgo-belge. Chinoise parfois. Avec les mêmes comédiens délirants.  Des histoires de convoyeurs qui attendent. Un pastiche du premier spectacle, qui coupe des pets de lapin en deux. Les comédiens chahuteurs qui tordent les réalités,  rient et pleurent à la fois, se dépensent, suent eau et sang, larmes et ironie cuisante.  Les scènes royales ont un goût de Revue de fin d’année. Et pourtant l’année débute à peine…  La Belgique a quelque chose en travers du gosier et ne sait plus à quel hymne national se vouer! Autodérision mordante, çà au moins c’est une valeur sûre !   

Allez voir. Vous jugerez par vous-même de la gaudriole politique ou domestique.  

Mise en scène: Frédéric DUSSENNE.

Décor: Vincent
LEMAIRE
.

Costumes: Lionel LESIRE.

Lumières: Renaud
CEULEMANS
.

Avec:
Philippe JEUSETTE  (Lucien - Freddy)
Valérie BAUCHAU  (Yvonne -
Sandra
)
Caroline DETEZ  (Annette –
L’aveugle
)
Othmane MOUMEN  (Joseph – Le Chinois)

 http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2012_2013_004

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administrateur théâtres

CRIME ET CHÂTIMENT à la comédie Claude Volter

CRIME ET CHÂTIMENT

du Mercredi 27 février au Samedi 23 mars 2013

CRIME ET CHÂTIMENT de Fiédor Dostoïevski
Adaptation & Mise en scène d'Alexis GOSLAIN

« Que faisiez-vous dehors hier vers 19 h ? » « Les êtres exceptionnels, comment les distinguez-vous des autres ? »  «  J’ai tué un principe, pas un être humain ! »

 

Il y avait de nombreux écueils à contourner pour Alexis Goslain  en adaptant pour la scène « Crime et châtiment », l’immense roman  de Dostoïevski, patrimoine littéraire mondial. L’adaptation théâtrale se doit de ne  rien ôter à l’essence du texte. La distribution se doit d’être brillante pour que  chaque personnage puisse sublimer au mieux la souffrance humaine,  physique ou morale. Illustrer avec force  la violence du pouvoir ou de l’argent. Exposer les subterfuges minables des uns et des autres.  Tout l’art sera de conduire le spectateur, sans le perdre  dans les méandres de  cet effroyable drame existentiel. Eviter le misérabilisme et le didactisme.  Et le pari est amplement réussi.  

Pas d’unité de temps ou de lieu dans ce décor qui ressemble à un puzzle d’échafaudages. Ce sont des mises à nu successives de l’âme de chacun des personnages,  à plusieurs niveaux de la scène encombrée de podiums, trappes, escaliers et portes donnant sur le vide.  Ainsi, l’aridité d’un  décor intemporel laisse toute la place à la parole et au geste. On pourrait se demander de nombreuses fois si chaque comédien ne joue pas tour à tour  en solo pour dévoiler, une à une, chaque épaisseur de son  personnage.  On a souvent  l’impression que non seulement les spectateurs regardent mais aussi les autres personnages, en retrait, observateurs muets ou commentateurs discrets. Comme si cela se jouait sur plusieurs écrans de surveillance.  La tourmente est partout à la fois.  Des glissements, des fondus enchaînés, un enchaînement de misère. Des tableaux musicaux qui soulignent l’angoisse omniprésente. Aucune caricature, la justesse de ton va, pour chacun, s’amplifiant. Et des femmes remarquables de justesse de ton.

Maître de l’auto-suggestion, le jeune étudiant Raskolnikov, se prenant pour un être d’exception, a des envies de grandeur. Il  s’autorise à tuer ceux qui sont des obstacles aux "progrès" de l'humanité. En plein délire, guidé par ses pulsions, il passe à l’acte sur scène. « In cold blood »  il tue à coups de hache  la vieille usurière qui lui a soutiré la montre de son père. Musique de thriller à l’appui. Un bain de sang.  Lutte vitale pour lui : « Kill or be killed. »  Mais Caïn est traqué, à perpétuité, étouffant de culpabilité, rongé par le remords et la faiblesse. Sa seule issue sera Sonia, la jeune victime au cœur et au regard purs qui, toute petite, a été contrainte de vendre ses charmes pour faire subsister sa famille. Une figure de la compassion infinie et d’acceptation de la souffrance qui accueille le criminel sans juger. « Et tu me prends dans les bras ? »  Le jeune homme est aussitôt converti, s'agenouille devant elle et lui baise les pieds, prêt à expier son crime. Lui le théoricien dur qui s’était si bien  affranchi de la morale commune. « il existerait sur terre, disons, certaines personnes qui ont le droit le plus total de commettre toutes sortes de désordres et de crimes et, soi-disant, elles seraient comme au-dessus de la loi..... il y a les hommes ordinaires, c'est à dire un matériau, de nature conservatrice, respectueux de l'ordre, des hommes qui vivent dans l'obéissance, c'est leur devoir d'obéir. La deuxième catégorie, ce sont des hommes qui enfreignent la loi, ce sont des destructeurs. Les crimes de ces hommes sont relatifs et multiformes.... ils exigent la destruction du présent au nom d'un avenir meilleur ». En fin de compte, il s’aperçoit qu’il ne fait pas partie des grands de ce monde, il est juste minable mais  magnifique  dans son repentir et son désir de rédemption.

 

Face à lui et complètement insolite  il y a  Porphyre Petrovitch ce juge-policier, cet enquêteur philosophe, sorte de commissaire omniscient de  série policière télévisée. D’où le choc ! Des anachronismes se mêlent à l’historicisme. La vérité qui s’épanche du cœur des personnages doit éclater. Personnages traqués, mères et filles s’empoignent  ou s’adorent. Les hommes rôdent, le désir affûté. L’ignoble Loujine resserre ses pièges machiavéliques.  Le pauvre père alcoolique roule sous un charroi. En contrepoint, l’ami fidèle,  Razoumikhine « le plus gentil de la terre »  s’escrime à faire le bien… Tandis que coule, tranquille la Neva. Dans ce décor, pas de ciel, juste la Neva qui charrie le malheur des hommes, long fleuve de bleuté glacée. Panta rhei… Superposition des tableaux, profondeur de champ, ubiquité et profondeur de la misère.12272872874?profile=original

Cette pièce  forte et lucide, au rythme haletant ,est une proposition novatrice d’Alexis Goslain magistralement interprétée. Des comédiens ardents, au potentiel théâtral éclatant,  défendent leur personnage avec une énergie vitale.  Tandis que coule, tranquille, la Neva, les spectateurs applaudissent en scandant  sur le rythme de  « Riders On the Storm ». Encore un thème musical particulièrement bien choisi.

 

                          http://www.comedievolter.be/index.php?page=crime-et-chatiment 


Splendide distribution:  Chloé Struvay, Sarah Woestyn, Michel de Warzée, Bernard d’Oultremont, Bruno Georis, Mathieu Besnard,  Bernadette Mouzon, Jacqueline Bollen, Julien Devisscher, Nicolas Legrain, Xavier Percy et Sergio Zanforlin

Adaptation & Mise en scène : Alexis Goslain

Assistant à la mise en scène : Nicolas Legrain

Scénographie & Costumes : Noémie Breeus

Musique originale : Pascal Charpentier

Création lumières & Régie : Sébastien Couchard

Construction des décors : MCB Atelier

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LES MAINS DE MA MERE

Elles avaient raclé les miettes sur les tables,

grapillé le charbon au flanc des terrils,

ramassé branches et planches  pour allumer

                                        un feu de pauvre.

Mordues par la vie, elles restaient pourtant des mains d'enfant

qui habillaient des poupées imaginaires

et dessinaient des soleils sur des bouts de carton.

Entre la lessive et le devoir d'écolière, 

elles avaient gratté d'irréelles guitares

où leur âme se fendait en notes secrètes

                                          Entrte leurs gerçures,

elles avaient étouffé des colères de rebelle

et, mouillées de larmes, s'en étaint allées

cueillir la fleur rare, éclatée d'une graine aventureuse

                                          entre deux pavés.

Captives dans un atelier et tirant l'aiguille,

elles semblaient sur les taffetas, satins, broderies,

deux papillons voletant de corolle à corolle.

Du lot des meurtrissures, elles émergeaient aériennes

comme si leur vocation était d'apprivoiser les tourterelles. 

Un jour d'amour, elles déposèrent leurs fines nervures

                                           dans les poignes d'un ouvrier.

Les unes et les autres avaient de longues racines

gorgées de la houille du Sud et des sables du Nord.
Elles se nouèrent au temps des primevères, dans le souvenir commun

                                           du pain noir. 

Quand elles caressèrent mon premier battement de paupières

je reçus leur grâce au plus profond de ma chair.
Quand elles m'apprirent à cueillir un myosotis

ce fut pour le piquer dans mon coeur, que vivant

il y demeure à travers doutes et trébuchements.

Du langage des mains, elles me montrèrent tous les signes,

                                            puissants et délicats.

La tendre pression d'amour et la forte pression d'espoir,

le signe de l'adieu et celui du baiser,

les mains qui prient, s'offrent, maudissent,

                                           et le signe dur

du poing fermé pour la lutte finale,

les mains sur les yeux écrasant les larmes,

celles se frappant l'une l'autre dans l'enthousiasme,

et celles qui se creusent en coupe pour recevoir l'ondée,

ou s'écartent en croix ou dressent le flambeau,

tous ces signres, enfin, qui fusent du coeur...

                                           Les mains, les siennes,

sculptées dans la glaise des corons,

ne se refusant jamais à l'appel d'une détresse,

multiples et uniques, comblées de prodiges

                                           et de poignantes tendresses.

Elles sont vieilles aujourd'hui, traversées de veines bleues,

belles, comme le combat du blessé contre la mort,

comme une justice qui se montrerait nue,

comme l'obstination de l'aveugle à voir le jour

                                            dans sa nuit.

                                             Barbara Y. Flamand 

Extrait de "Les mauvais esprits et le crocodile vert".

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administrateur théâtres

Marc Chagall, le Maître du Rêve (Malmundarium)

«Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir.» Marc Chagall 

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  L'exposition Marc Chagall, le Maître du Rêve rassemble sous les blondes charpentes 18e  des  combles de l’ancien monastère de Malmédy une cinquantaine d'estampes originales éditées par Aimé Maeght. Celui-ci accueillit dès le début de sa galerie parisienne des noms prestigieux tels que Matisse, Miro, Chagall. La fondation Maeght, un ensemble architectural entièrement conçu et financé par Aimé et Marguerite Maeght pour présenter l'art moderne et contemporain rassemble des collections d’art, parmi les plus riches d’Europe. Cette Fondation, inaugurée le 28 juillet 1964 par André Malraux, alors Ministre des Affaires Culturelles,  est un véritable  écrin de verdure célèbre pour son architecture et ses jardins, situé à Saint-Paul-de-Vence où ce peintre inclassable s’éteignit à 98 ans. 

  Et voici Chagall à Malmédy.  Jean-Christophe Hubert, diplômé en Philosophie et Lettres et Histoire de l’Art et Archéologie de l’Ulg,   jeune commissaire de l'exposition Marc Chagall, le Maître du Rêve,  souligne qu’il s’agit d'une collection privée française jamais montrée au public jusqu'ici. Elle rassemble des lithos, photos et lettres de l’artiste très précieuses. Le parcours reflète tout  l’art de la muséologie  contemporaine, tant par  les éclairages, l’accrochage que par  les explications claires et détaillées. C’est en effet un art en soi que la mise-en scène d’une expo pour permettre un parcours à la fois  agréable et initiatique.

 

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 L’exposition part des  différentes thématiques chères au peintre. Le rêve tout d’abord et bien sûr,  l’amour,  le coq, la tour Eiffel, Notre Dame de Paris, la crucifixion, l’envol ,le ciel, la maternité,  les traditions et la nostalgie de son pays d’origine et de son enfance…et la mystique.   Selon le commissaire, l’inspiration de Chagall est purement hassidique. Dans cette tradition juive, tout le monde participe au sacré, même les animaux, les monstres, les êtres hybrides. On retrouve aussi cette notion de fête rêvée permanente, l'importance portée à la musique et aux musiciens.

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Marc Chagall, naquit le 7 juillet 1887 à Liozno dans la banlieue de Vitebsk, en Biélorussie, qui appartenait alors à la Russie tsariste. En 1910, il partit étudier à Paris auprès de Léon Bakst afin d’y parfaire ses connaissances des arts plastiques. Il exposera ses premières œuvres en 1914. Ses œuvres ne se rattachent à aucune école mais présente un élan d’amour universel inégalé,  l’éclat et la pureté  des couleurs fauvistes, la liberté  et le rêve des surréalistes, la déconstruction et la fragmentation typique des cubistes. Il sera  de retour à Vitebsk  en 1914 pour une courte durée, mais l’éclatement du premier conflit mondial empêchera son retour à Paris. Pendant cette période Chagall peindra surtout la vie de la communauté juive. C’est ainsi que pétri de mysticisme, il explore « l’état d’âme » car Dieu se révèle dans toutes  les merveilles du monde. Les images bibliques, les souvenirs folkloriques, se mêlent à  des personnages du cirque et des contes, des objets de la vie quotidienne et de l’imaginaire, fuyant la misère du monde et l’horreur de deux guerres mondiales.

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Quand il peint son couple survolant sa ville natale, il enlace le rêve, et dévoile  un esprit  bohême, détaché de la réalité. Rêve et amour ne font qu’un.  Les objets, les animaux, la musique flottent par-dessus les toits. Les maisons se retrouvent à l’envers.  Une sorte de Jacques Prévert de la peinture…  Main dans la main avec Vera, Bella ou Vava  il exprime alors un amour cosmique et un regard bienveillant sur le monde.

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« La jeunesse, l'amour, la hauteur des sentiments, le feu de l'imagination - tout cela est associé durant toute la vie du peintre à une seule image, tendre et chère - sa bien-aimée, son ange - gardien et la muse qui l'inspirait pour des vols au-dessus de l'existence terrestre, banale et ordinaire. Elle s'appelait Bella (Berthe), une création tendre, fragile, presque céleste, avec qui il était tellement facile de planer dans le ciel au-dessus des toits de la ville natale. »

 «  Mon cirque se joue dans le ciel, il se joue dans les nuages parmi les chaises, il se joue dans la fenêtre où se reflète la lumière »

 

 

 http://www.televesdre.eu/site/malmedy_des_oeuvres_de_marc_chagall_exposees_au_malmundarium_-6773-999-89.html

Marc Chagall, «  Le Maître du Rêve » au Malmundarium , 9, place du Châtelet, 4960-Malmedy, jusqu'au 25 septembre. Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18 h, fermé le lundi (sauf vacances scolaires) Info :  080-685.536.

N .B.  Un parcours  très didactique a été prévu spécialement pour les plus jeunes. Dossier jeu et dossier pédagogique sur demande.

www.malmundarium.be

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VIVRE AVEC...

Avec un grand désir d'accomplir des miracles

Et le constat frustrant de bien trop de débâcles!

Avec beaucoup de pudeur et de discernement

Et puis aussi la peur de se perdre dans l'instant!

Avec une certaine force et tellement de faiblesse...

Et cet amour manquant dont on crie la joliesse!

Avec l'envie de vivre et puis le désespoir...

Et tout ce qui chemine et qu'on ne veut pas voir!

Avec sérénité qu'on cherche à tout moment

Aussi la rage qui prend à tout ce qui nous ment!

Avec toujours en nous, ce besoin de tendresse

Et puis celui si fou de croire en des promesses!

Avec tant de courage puisé au fond du coeur...

Aussi l'envie puissante d'encore croire au bonheur!

Avec un regard d'enfant, qui découvrant le monde...

Se demande pourquoi sa joie est vagabonde?

Avec devenu adulte, le regret lancinant...

De n'avoir pas assez musardé dans le vent!

J.G.

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administrateur théâtres

la foire du Livre 2013, du 7 au 11 mars à Tour et Taxis

Face à la montée en puissance d’internet et de tous les moyens de communication modernes, la lecture de livres a-t-elle encore un avenir ?  La réponse massive est 100 fois OUI!

OUFFFFF !   F... comme Foire du Livre! Edition 2013

Pour sa 43e édition

La Foire du Livre a pris comme thème «Ecrits

meurtriers ». Il s’agit évidemment d’un genre

littéraire qui a ses lettres de noblesse et un public

exigeant.

« Du roman policier à la vague du

polar nordique, du thriller psychologique au polarmétaphysique, le roman noir s’invite à la Foire. Au-delà

du prétendu genre, ce thème invite à la

rencontre des écrivains qui disent les blessures du

monde, scrutent les cicatrices de l’histoire et

questionnent les énigmes qui nous tourmentent. Une

affiche internationale exceptionnelle ! Avec Philippe

Kerr, Joël Dicker, Thomas H. Cook, Douglas

Kennedy, Percival Evrett…

Il y a aussi les tourments de la quête identitaire proposant ainsi deux déclinaisons aux Ecrits Meurtriers : les

‘Ecrits meurtris’ et les ‘Ecrits des meurtrissures’.

L’écriture  n'est-t-elle pas  ‘salvatrice’ et remède vital. Avec Amin Maalouf, David Grossman, Scholastique

Mukasonga, Ron Rash, Mathias Enard,… »

Après l’Italie l’an dernier, ce sera l’Espagne qui sera mise à l’honneur. Un grand pays dont laproduction littéraire est toujours attachante malgré une crise économique épouvantable qui balaiela péninsule ibérique.

Venez voir aussi la rénovation des quartiers dédiés à la BD avecl’Imaginarium BD, un espace de plus de 600 m qui accueillera tous les amateurs… et ils sont nombreux ! Autotal, 1.000 auteurs et illustrateurs ainsi que 1.400 éditeurs rencontreront 70.000 visiteurs !

Et enfin, pour les amateurs de plaisirs gourmands, un immense  espace leur estréservé: Au menu, des livres de gastronomie et de cuisine, le tout agrémenté de démonstrations, de rencontres

et de dégustations.« Foire du Livre de Bruxelles », du 7 au 11 mars à Tour et Taxis, 1000

Bruxelles. Renseignements :

www.flb.be

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administrateur théâtres

C’est une heureuse  reprise. L’année dernière Jean Vilar affichait complet. Et on le comprend. Malgré les affiches criardes, c’est beau et succulent comme, Mmmm ! … de la belle nouvelle cuisine. Les plats se succèdent  sur le plateau devant trois immenses  paravents japonais lumineux qui évoquent le  bureau d’astronomie à droite, le salon au centre et la salle à manger à gauche. Quelques meubles épars, rescapés de l’époque des rois, flottent dans les savants  jeux de lumière de Jacques Magrofuoco. Le mot « savant » ici  n’est pas de trop et souligne le propos, avec bonheur. Armand Delcampe signe une  mise en scène burlesque et audacieuse. La distribution est rôdée et déborde d’énergie. 

Dès le début, le décor  surprend. C’est l’éblouissement de tout  l’univers étoilé cependant qu’une lune rousse se demande qui, du féminin ou de masculin, l’emportera. Ensuite le papier translucide  des paravents  se transforme en  aurore,  fixant  les  teintes pêche et fuchsia des robes 1920 des  doctes dames. Il enchaîne  ensuite dans  les tons vert tendre  les reflets irisés de paysages aquatiques aux lotus et chrysanthèmes stylisés. Les personnages  vont, viennent et disparaissent derrière les paravents en ombres chinoises et musicales des années folles.

Mais il n’y a pas que ce décor épuré et les costumes fauvistes de Gérald Watelet qui subjuguent le spectateur. Les amoureux d’abord :  Clitandre (Julien Lemonnier) a des allures de Gatsby le magnifique, l‘argent en moins! Et Henriette (Agathe Détrieux ) n’a de précieux que le nom, le reste est grâce et intelligence car le chouchou de Molière a tout pour plaire. 

Il y a le jeu extraordinairement puissant de l’impuissant  Chrysale, mené  par un surdoué de la scène, Patrick Brüll. ce dernier est  au mieux de sa forme et n’aurait pour rien au monde revêtu perruque à boucles, escarpins, bas blancs et pourpoint à rubans. Le voilà royalement sanglé dans une  splendide veste de velours, rouge de  la colère qui gronde  et  qu’il a bien l’intention de  troquer contre un habit sobre de son choix quand enfin, il reprendra le pouvoir usurpé. 

Car il s’agit bien de cela : de l’usurpation du pouvoir par les femmes. Le mari veut, quel que soit le siècle,  une femme dans son lit et des mets délicieux servis à l’heure pour son dîner. Il n’a cure de sciences, de latin, de grec et de philosophie. Les vers et la littérature l’emplissent de bile à tel point qu’on le verrait bientôt dépérir. Pour peu, on aurait pitié de lui !

Ce qui est vrai c’est la guerre aux extrémismes menée avec détermination et bon sens par Molière.  Qu’il s’agisse de  la préciosité ridicule des courtisans dévorés par le désir de  pouvoir ou de celle de trois péronnelles en folie qui se trémoussent devant le dieu Grammaire, la muse Poétique et les  Galimatias de tout poil, il s’agit d’une même Folie.  Nuisible à la bonne gouvernance, à la justice et au bonheur de tous. Voyez comme est traitée la pauvre Martine au naturel frappant (l’excellente Marie-Line Lefebvre) ! N’êtes-vous pas indignés ? Et Notre Monde moderne  n'a-t-il pas ajouté quelques folies en plus? La folie sexuelle, la virtuelle, la religieuse, l’économique… Mais où donc est passée la réalité ?  Et si Molière, par aventure nous revenait sur terre, il serait bien mari de  tous ces  excès  et de  ces extravagances  fantasmagoriques.  Des postures, toutes aussi ridicules. L’érotomane Bélise campée par  Cécile Van Snick décroche moquerie,  rires et gloussements à chacune de ses répliques! Le Trissotin de Pierre Poucet est en tout point odieux et exécrable à souhait,  personnage grandiloquent (au sens étymologique, s’entend), à l’affût bien sûr, du moindre profit. 

Molière  a donc raison.  Les maris en perte de pouvoir évident sont réconfortés d’entendre les  discours de Chrysale. Les filles (à marier ?) qui préfèrent l’amour à l’argent et  les plaisirs de couple et de famille  à l’érudition, sont  ravies de pouvoir faire un pied-de-nez à leur Philaminte  de mère-femme des années 80 ainsi qu' à leurs sœurs rivales ! A moins que tout ce beau monde, femmes, enfants et maris ne fassent fi du discernement, de  l’harmonie des alexandrins de l’illustre homme de théâtre  et ne soient devenus sourds à ses  savoureuses mises en garde verbales. Mmmm !

Distribution

 

Mise en scène : Armand Delcampe

Avec

Chrysale : Patrick Brüll

Armande : Morgane Choupay

Henriette : Agathe Détrieux

Vadius : Alain Eloy

Martine : Marie-Line Lefebvre

Clitandre : Julien Lemonnier

Trissotin : Pierre Poucet

Ariste : Freddy Sicx

Julienne : Julie Thiele

Bélise : Cécile Van Snick

Le notaire : Jean-François Viot

Philaminte : Nathalie Willame

Assistant à la mise en scène : Jean-François Viot

Décor et costumes : Gérald Watelet

Lumières : Jacques Magrofuoco

Régie vidéo : Quentin Huwaert

Régie lumières : Jacques Perera

Construction décor : Mathieu Regaert et Marc Cocozza

Direction technique : Jacques Magrofuoco

Une production de lʼAtelier Théâtre Jean Vilar et du Festival Royal de Théâtre de Spa, avec la participation du

Centre des Arts Scéniques.

Avec le soutien de la Province du Brabant wallon.

« Molière, l’humain parfait?

 

De la femme et de lʼhomme, il a tout observé, tout perçu ou pressenti, tout exploré et éprouvé.

Rien de la bonté, de la perversité, de la médiocrité humaine ne lui fut étranger.

Il se lança à corps perdu dans lʼaventure des désirs insensés.

Il prit tous les risques et souffrit tous les tourments. Il dit non, rusa, parla, protesta, se tut, reparla sans se démettre ou se soumettre jamais.

Dieu merci, il ne fut pas un « artiste pur ».

Il côtoya et chérit lʼimpur comme un fou, il comprit et il aima sans mépris lʼhumain plus quʼimparfait.

Poète vivant, il a, plus quʼaucun autre, fait vivre ensemble la poésie, la comédie et le drame, rires et larmes enchevêtrés, élans et faiblesses confondus, désirs infinis avec petites vérités pratiques à lʼexclusion des grands principes abstraits et des dogmes irréfutables.

Il a subi, il a enduré le calvaire des pouvoirs imbéciles, absolus et contradictoires, aux titres cumulés dʼauteur, dʼacteur et de chef de troupe… de sorte que mettre nos pas dans les siens nous paraît aujourdʼhui dʼun grand confort et dʼun incessant réconfort.  Merci au Saint Patron ! » 

 

                                                                                                                          Armand Delcampe (croyant en Molière)

 

 

 

 

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Introduction à une Évocation Naturaliste

Hymne au Culte de Natura…

Dans le cadre d’Une Rencontre Poétique Vivante

 

Question d’Interprétation,

 de Visions Subjectives

d’une Œuvre littéraire


L’Interprète : un Animal doué de raison, 

Vibrant  passeur, de l’esprit du Créateur,

   loyal témoin de son souffle ?

voire Miroir fidèle de la Pensée de l’Auteur ?

 

 

                          "Le réel est une partie de l’art : le sentiment complète…

Si nous avons réellement été touché

la sincérité de notre émotion passera chez les autres",

 

clamait avec feu, un illustre inclassable [1], précurseur du mouvement impressionniste, qui allait
incessamment éclore, bousculant bien des traditions, des archétypes picturaux. Encore faudrait-il pour cela
ne pas tout livrer d’emblée, dans un accès de générosité impulsive, en adéquation de la philosophie de
Colette, qui affirmait :

                           "Le difficile, ce n'est pas de donner, c’est de ne pas tout donner[2]."

 

                            Aussi, lorsque herbier et bestiaire dans un élan spontané et fructueux s'épousent pour le

meilleur, avec à la clé, le clair objectif de nous livrer une palette polychrome étincelante de mille et un

joyaux, s'échappant d'une myriade de pages enluminées de la littérature, union d'une grande sagesse

certes, mais surtout " amoureuse", un tant soit peu promulguée selon nos desiderata subjectifs, avouons-le

sans fausse pudeur, puisque depuis notre plus tendre enfance, guidée à la fois par nos sens en alerte, à la

fois par des mentors bienveillants soucieux d'approfondir notre éveil, accompagnant sciemment ou non

notre quête initiatique tournée vers le monde merveilleux de la faune et de la flore, nous ne cessons de

rendre grâce à ces derniers, d'exister !

                           Oui, comment en outre, ne pas nous sentir infiniment redevables au tréfonds de notre âme

envers cette prodigue Natura, l’alliée inséparable de Gaïa, qui travaille à nous offrir une telle floraison

d'émotions, œuvrant continuellement au fil des saisons, afin que celles-ci soient, "belles et bonnes", c'est-

à-dire fécondes (ou à l'opposé, austères, en latence, quasiment infructueuses en fonction du calendrier

effeuillé), d'après notre opinion d'humains pragmatiques, avides de récoltes, regardant la Terre, notre mère

nourricière, à la façon d'une Corne d'abondance inépuisable, parmi laquelle il est "naturel de puiser"    

jusqu'à son "épuisement total", tandis que nous devrions considérer ce don généreux que Dame Nature

nous octroie, comme un privilège inestimable !

                          Au cœur de notre assemblée d’acteurs spectateurs solennellement invités à assister, de la

première loge d'un resplendissant théâtre de verdure en perpétuel mouvement, à d’infinies scénographies

de génie exaltant la double évolution de forces vulnérables, éphémères, fraternité complémentaire si ce

n’est duo complice indissociable, fondamental au rayonnement de l'écosystème, à la biodiversité

foisonnante de milliers de vies en germination, une interrogation majeure s'impose, s'emparant alors de

notre esprit en ébullition assorti d'un affect "frémissant"  :

                         Comment trouver le juste équilibre, l'harmonie souhaitée inhérente à l’adoption d’un ton

adéquat, soit, de contourner une aridité mesquine purement analytique, soit, d'éviter de tomber dans le

piège de l'outrance ?

                        Comment traduire notre fervente inclination naturaliste, transmettre notre message, en

usant de la tonalité appropriée, du bon dosage, dans le cadre d’une rencontre ou lecture animée collectant

un florilège de poésies destiné à être dit en public et voué à exalter les sonorités de notre patrimoine

littéraire florissant, d’une luxuriance absolue oserions-nous préciser, s’attachant, autant que faire se peut, à

en capturer les nuances, de la monodie traçant une ligne épurée, à la polyphonie recelant de voix

chatoyantes... ?

                        Ne pas s'abandonner plus que de raison à un lyrisme exacerbé grossissant le trait,

dénaturant le propos de l'auteur, ce qui reviendrait à le trahir, voilà pour l'interprète " passeur de mots et

de sens ", au service du créateur, une gageure à relever !

 

 

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Apollon et les neuf muses de Gustave Moreau , 1856

 

                       

                          Être fidèle, dans la mesure du possible, à un style d'écriture, ciselant le verbe en déployant

des moyens savamment soupesés, ni trop " économes ", " ni trop démonstratifs   ", tenter de retranscrire

l'atmosphère intrinsèque, l'intimité originelle d'une œuvre (dépouillée d’effets extérieurs ostentatoires

faciles, donc gratifiants), œuvre en étroite correspondance avec une époque de l'histoire des civilisations,

voilà une autre source de motivation élevée, car s'attacher à restituer la quintessence d'une pièce poétique

(vers et prose confondus), non sans l'avoir au préalable étudiée, est bien du devoir du "diseur conteur"

chargé de la faire vivre, qu'il s'adresse à un auditoire néophyte ou averti !

 

                        Quant à la sélection du programme par elle-même, confessons que c'est un choix tout à fait

cornélien et partial, mais mûrement réfléchi, puis assemblé judicieusement dans le but avoué que le fil

conducteur ne soit jamais rompu et que chaque texte puisse se répondre, s'éclairer et se magnifier

mutuellement.

                       

                         Or, à notre humble avis, il ne saurait être question d'éloquence forcée, préfabriquée et

superfétatoire en matière d'interprétation, et le temps de la déclamation pompeuse, ampoulée à la

manière des tragédiennes du siècle dernier ou du XIXème siècle finissant, est désormais révolu, n'est-ce

pas ?

                       Faut-il s'en réjouir pour autant, puisque, en lieu et place de cet ancien art de déclamer,

privilégiant l’emphase, concédons-le, il semble que nous sombrons malheureusement, dans l’effet inverse,

acceptant dès lors, qu’un ton général monocorde dégageant bien des platitudes vienne se substituer à

cette dite emphase, sous le fallacieux prétexte qu'il nous faut impérativement, à l'heure actuelle, paraître

"naturel" dans l'expression de nos inflexions, lorsque nous autres ambassadeurs, sommes appelés à porter la bonne parole (ou la "Bonne Chanson" [3]) de nos chers écrivains, grâce à la magie de leur lyre

ressuscitée, toujours vivante, nous faisant l'écho de leurs chants incantatoires profanes et sacrés .

 

                      Il nous appartient ainsi, de trouver un compromis entre le grandiloquent et la banalité, afin

de faire jaillir vocalement leur vérité, et forts de ce défi dont il nous faut être dignes, nous consacrer

pleinement à cette vocation initiale : conquérir une nouvelle audience, adeptes fraîchement sensibilisés ,

voire convertis, alors qu'ils étaient auparavant plus que réservés, sur la défensive, presque hostiles et

récalcitrants à se laisser bercer et pénétrer par le cortège séculaire des hymnes de Polymnie, à tort réputés

pour être hermétiques et lassants !

                     En tant que "fiers amants" de l’une des neuf compagnes d’Apollon, vénérant ô combien ceux

qui "taquinent" encore et "taquinèrent jadis, la muse", il est de notre ressort, à notre modeste échelon,

assurément, d'atténuer ces idées préconçues, à défaut d'être en mesure d'éradiquer cet inique quiproquo !!!

                    À travers les âges, les continents, nos chantres, un rien comparables à leurs frères maniant

non point la plume, mais le pinceau, ont, il est vrai, continûment transcendé le quotidien à l'aide d'un

vocable recherché, d'une écriture d'une stylistique plus précieuse que le mode de l'oralité emprunté,

certes, seulement, il convient de ne point nous méprendre, leurs préoccupations étaient d’une toute autre

veine, il nous semble : parvenir à dévoiler la profondeur de leurs sentiments et émois, se révélant parfois

un véritable abime de désolations nécessitant une libération thérapeutique par l’écriture, témoigner de

leurs propres expériences jonchant leur cheminement parsemé de dédales et labyrinthes.

 

 

12272760686?profile=originalOrphée et Eurydice de Jean-Baptiste Corot

 

                   

                     Patrimoine au langage multiple que nos civilisations n’ont que trop tendance à mépriser

(l’oubli n’est il pas synonyme de mépris ?), que nous devrions pourtant recevoir, non comme un dû mais

comme un bien incommensurable, qu’il nous faudrait apprivoiser au quotidien et inlassablement

reconquérir, doublement armé du vertueux dessein de passation, legs, qui, souhaitons-le, infusera à son

tour, les générations futures (ou du moins certaines âmes délicates prédisposées à en saisir certaines

nuances), allant ravies, de découvertes en découvertes, et de joies ineffables à de douces voluptés, lignées

éprises de raffinement, d’humanisme, proches en cela, de l’Homme sensible du siècle des Lumières,

conscientes, selon les fibres de leur tempérament propre, du "fardeau" créatif dont ces disciples d’Orphée

ont éprouvé le besoin vital de se délester, en s'inscrivant ainsi (à leur insu?) dans la pérennité et que

l'humanité reçoit en héritage pour son plus grand plaisir d'hédoniste !

 

                    C'est la raison pour laquelle il nous sied de nous positionner à contre-courant, de faire front à la morosité ambiante concernant ce subtile Art poétique  [4], estompant, à notre humble niveau,

l'indifférence très "tendance" à son sujet, envahissant notre société matérialiste, nous insurgeant, suivant

nos minces pouvoirs, en initiant une action concrète de diffusion, contre la profanation que nous lui

infligeons fréquemment (annonciatrice peut-être de précoces funérailles ?), en analogie de l'univers

botanique et animalier que nous malmenons allègrement en cette aube du XXI ème siècle, dénués du

moindre remords, d’une noble éthique !

                    Cependant, reprenant à notre compte un adage intemporel placé en exergue du sonnet

nervalien [5] et fruit de la doctrine de Pythagore, nous pouvons à l'unisson professer :

 

"Eh quoi ! Tout est sensible" !

 

                    Interpellation remontrance nous sermonnant sur notre fâcheuse manie à manifester légèreté et

insouciance, et qui nous remémore combien nous, les Hominiens sommes ingrats et pervers, pétris surtout

de suffisance en maltraitant à l’envi la fameuse Fontaine de Jouvence que représente notre Alma mater

terrestre :

 

Homme ! Libre-penseur – te crois-tu seul pensant

Dans ce monde où la vie éclate en toute chose ?    [... ]

Respecte dans la bête un esprit agissant ...

Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;     [... ]

Tout est sensible ; - et tout sur ton être est puissant !

 

                   Perception romantique d'une Nature divinisée, exagérément encensée dites-vous ? Non pas,

simplement une " ode solaire", ardente, signée en hommage aux " êtres obscurs " cachant maints trésors,

purs "chefs-d’œuvre en péril " ponctuant notre verdoyant environnement !

                  Sensiblerie ? Que nenni ! Hyperesthésie ? Qu'importe, Si vous voulez même !

                  Néanmoins, quelle que soit la définition exacte, convenant à cette flamboyante conception

dénotant une sensibilité extrême " à fleur de peau ", il nous revient indubitablement la " mission " en tant

qu’interprètes doués de raison, militants, portés à faire retentir, sonner la voix splendide et spirituelle du

poète, de nous plonger au cœur même de la "substantifique moelle" de sa composition afin de la propager,

pour reprendre une locution du Docteur François Rabelais, nous adonnant par cette circonstance, au pur

objectif d’une transmission de la plus grande honnêteté possible, soit, en l’occurrence, de nous effacer

devant la puissance de convictions, les intentions à énoncer, ou plutôt à prononcer, émanant de leurs

géniteurs (sans pour autant les altérer en sombrant dans une neutralité d’une fadeur insipide…)

constamment habités du vœu de "servir leur pensée" et non de "nous en servir" (avec en filigrane, l’intérêt

opportuniste de nous valoriser) "savoir faire" immanent à tout bon "diseur" qui se respecte, chargé de

"faire savoir" à ses interlocuteurs les idéaux et langage d’un maître de la littérature. 

 

                   Engagement subtilement mesuré donc, participant à ce que nous conservions la foi originelle,

La chair nue de l’émotion  [6], nantis en toile de fond d’une approche de la perfection, vaste projet

utopique, embrassant ad vitam aeternam, la morale de Nicolas Boileau, qui préconisait de faire montre de

pugnacité, ciselant et reciselant encore, tel un orfèvre, le fruit  de son labeur :

 

Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :

Polissez-le sans cesse et le repolissez ;

Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. [...][6bis]


 

                   Quelle que soit l’époque, les mouvements ou écoles, ainsi que la stylistique auxquels se

rattachent tant de "cantiques orphiques", l’essentiel ne réside t’il pas de contribuer à les faire revivre, les

faisant entendre dans leur idiosyncrasie foncière, rendant perceptibles, presque palpables, même à l’ouïe

d’un candide en la matière (nul besoin en effet, d’être un fin lettré pour se laisser toucher par eux) la

"palette de tableaux" ou du moins leurs touches impressionnistes, s’élevant de la vision créatrice ?

                  De grâce, n’oublions jamais, selon l’expression perspicace d’un "savant jongleur de mots " [7] ,

jouant avec notre belle langue française, que :

 

                 "Le mot est un son qui devient sens" !

 

                   Or, si il y a bien un mérite à prononcer, à mettre en bouche, à l’aide de notre instrument vocal,

le verbe poétique par l’entremise de la diffusion publique revêtant la forme de lectures vivantes, relayées

d’ateliers pédagogiques d’initiation, ne doutons plus que cela soit celui qui participe à l’émergence voire

l’éclairage, sinon la réhabilitation d’un texte et de son auteur laissé pour compte, pire, négligé ou au

purgatoire, à travers sa signification intrinsèque fondatrice, intériorité d’une Chanson grise [8] libérant sa

magnificence, une once de mystère et une musicalité devenues enfin intelligibles :

 

De la musique avant toute chose […]

De la musique encore et toujours !

 

recommandait le père des "Romances sans parole" à une confrérie imaginaire…

 

                    Car comment se laisser bercer par le balancement des "Mystiques Barcarolles", comment

entrer "en Poésie" (un peu comme on entre dans les ordres), comment tenter de pénétrer cette

énigmatique "gente dame" sans que le creux et le faux dignes des poseurs de salons s’invitent au

rendez-vous ? Vaste question existentielle qui nous taraude et fermente dans l’esprit de nous autres,

"passeurs de vers et de proses".

 

                       "Et tout le reste est littérature" [9] !

                        N’est ce pas ?

 

"Les Œuvres d’Art ont quelque chose d’infiniment solitaire,"

philosophait l’ancien secrétaire de Rodin, ajoutant ensuite ceci :

 

 "Seul l’amour peut les saisir, les tenir et peut-être équitable envers elles." [10]  

                     

                    Credo d’un sage, Rainer Maria Rilke, qui, ne s’égarant pas, par "des chemins perfides "

verlainiens, poursuivait son conseil à l’adresse de l’un des siens et que nous nous empressons de détourner

à notre endroit :

 

                   "Laissez chaque impression et chaque germe de sensibilité s’accomplir en vous, dans l’obscurité, dans l’indicible, l’inconscient, là où l’intelligence proprement dite n’atteint pas, et laissez-les attendre, avec humilité et une patience profondes, l’heure d’accoucher d’une nouvelle clarté : cela seul s’appelle vivre l’expérience de l’art ; qu’il s’agisse de comprendre ou de créer.

                   Là, le temps ne peut servir de mesure, l’année ne compte pas, et dix ans ne sont  rien ; être artiste veut dire : ne pas calculer ni compter ; mûrir comme l’arbre qui ne hâte pas sa sève et qui, tranquille, se tient dans les tempêtes de printemps sans redouter qu’après elles, puisse ne pas venir l’été. Il vient de toute façon. Mais il vient seulement chez ceux qui patients sont là comme si l’éternité s’étendait devant eux, insoucieusement calme et ouverte.

                   Je l’apprends tous les jours, je l’apprends au prix de douleurs envers lesquelles j’ai de la gratitude : la patience est tout " [11] !

 

                    Vision prophétique corroborant celle de Paul Valéry [12], qui incitait son prochain à la

persévérance afin de prétendre atteindre une maturation salutaire fertile :

 

 

"Patience, patience,

Patience dans l’azur !

Chaque atome de silence

Est la chance d’un fruit mûr !

[…]

Calme, calme, reste calme !

Connais le poids d’une palme

Portant sa profusion !  

[…]

Ces jours qui te semblent vides

Et perdus pour l’univers

Ont des racines avides

Qui travaillent les déserts.

 […]

 

Concluant à l’égard de sa dédicataire la morale suivante :

 

 

Tu n’as pas perdu ces heures

Si légère tu demeures

A près ces beaux abandons ;

Pareille à celui qui pense

Et dont l’âme se dépense

À s’accroître de ses dons" !

 

 

                         État d’âme, façon d’appréhender les choses et les êtres vivants peuplant leur

environnement (que d’aucuns se permettront de juger excessifs…) partagés par quelques rares

compagnons en communion de "sensations" de compassion et aussi de souffrance, déchirures pouvant

aller jusqu’à l’auto destruction, en similitude de ce témoignage confession confié par le compositeur de

Soupir  [13], à son intime, le Cygne d’Orthez, alias le Poète Rustique,  Francis Jammes  :

 

                         "Ah, mon ami, quelles atroces douleurs peuvent ressentir les âmes trop sensitives pour des choses dont bien des gens ne songeraient même pas à s’affliger."  [14]

 

                         Pourtant chaque abeille butineuse gonflée de suc doux ou amer fait son miel d’une

manière qui lui est propre, d’après une méthode comparable à nulle autre pareille, signant ici et là un

manifeste concernant son idéologie, son art de modeler la fructueuse vendange issue de ses méditations

profanes ou religieuses.

                        Pour notre part, il nous tenait à cœur de clore cet entretien au sujet de l’interprétation de

joyaux littéraires, en publiant la conception que la "Fée d’Auxerre", la bien nommée, "payse" de la

"Faunesse" de Saint Sauveur en Puisaye, Colette, se forgeait à propos de "La Poésie" [15]  avec un grand P,

en respectant son souci de révérence visionnaire.

                        Écoutons-la simplement nous énoncer son désir de nous guider vers le pur et l’indicible

nimbant cet univers :

 

                       "Il n’y a pas en Poésie de réalité positive. Il y a une vie profonde, une émotion intense transfiguratrice, qui dépendent fort peu de la circonstance extérieure qui les a provoquées.

                        À l’heure de grâce un rien ou presque suffit parfois à donner la secousse créatrice et à mettre en branle le génie intime qui aussitôt du rien s’empare et à l’infini l’amplifie.

                        Dante aperçoit Béatrice. Béatrice ? L’a-t-il longuement connue et courtisée ? Peut-être… Peut-être pas. Toute l’aventure du chant est dans l’âme du poète. Et si de surcroît, ce poète est un artiste, il arrive que de multiples impressions se fondent pour lui en une seule. Tel statutaire a tiré son dieu de plusieurs modèles.

                        C’est souvent léser gravement le charme d’un poème voire le réduire à néant, que de vouloir trop le situer, le dater, le délimiter de tous les côtés comme une pauvre pièce d’identité humaine.

                         La Poésie comme la religion exige le mystère. […]

                        Apprenez à lire les poètes. Ne les lisez pas en journalistes. Vous trouverez ailleurs qu’en eux assez de faits et gestes plus romanesques et plus curieux que les leurs.

                        Ils n’ont, eux, à vous offrir que leur âme.

                        Et la beauté sans nom ni lieu du verbe qui chante.

 

                                                                            Marie Noël.

 

 

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Muse de la Poésie ou Erato couronnée de verts lauriers (Laurus nobilis L.)

de Edward John Poynter -  1870

 

 

 

 

Texte de Valériane d’Alizée

Historienne –chercheur de la flore

Auteur- interprète du patrimoine littéraire naturaliste.

 

Tous droits de reproduction réservés.

 



[1]  : Allusion au peintre Camille Corot…

[2] : Citation reprise par Maurice Goudeket au sein de son témoignage : « Près de Colette », 1956

[3] : Allusion au recueil de Paul Verlaine, datant de 1871.

[4] : En référence à l'œuvre poétique de Verlaine portant ce titre, tirée du corpus : « Jadis et Naguère ».

[5] : A propos de Vers dorés de Gérard de Nerval in  « les Chimères ».

[6] : Expression empruntée au compositeur Claude Debussy.

[6bis] : Quatre derniers vers du Chant I (Il est certains esprits) issu du recueil « L’Art poétique » de Nicolas Boileau,

[7] : Allusion à l’auteur interprète, troubadour moderne de Toulouse : Claude Nougaro.

 8 : En référence à la pièce de Paul Verlaine  « Art Poétique » (recueil  « Jadis et Naguère ».)

 [9] : Emprunt à la formule de Paul Verlaine, dernier vers du poème  « Art Poétique »…

[10]: Citation issue des  « Lettres à un Jeune Poète », celle notamment datée du vingt trois Avril 1903.

[11]: Recommandation de Rainer Maria Rilke à un frais novice, F. X Kappus, qui sollicita son aîné afin de recueillir son avis critique sur ses propres ouvrages (même source). 

[12] : Extraits provenant du fameux poème de Paul Valéry intitulé  « Palmes » (recueil  « Charmes » de 1922).

  [13] : Évocation d’Henri Duparc ayant mis en musique ce texte de Sully Prudhomme devenu par la grâce du musicien une mélodie pour voix et piano. Personnalité artistique auto destructrice au demeurant, anéantissant fréquemment la moindre de ses productions.

[14] : Voir la correspondance échangée entre ces deux hommes qui nous révèle à quel point Henri Duparc fut traversé d’une hyper sensibilité néfaste tandis que le poète d’Orthez parvenait à sortir par intermittence du gouffre dans lequel les évènements de son existence le plongeaient, célébrant à nouveau le Triomphe de la vie…

[15] : Prose placée en avant –propos du recueil des  « Chants de la Merci » paru en 1930 et prise dans sa presque intégralité, hormis une phrase…

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Descriptif de la Mise en Scène Végétale Historique

Ornant les pièces du domaine en hommage

à l’Hiver, Saison de l’Art Serein, 

et à Noël, Fête de la Lumière.

 

Célébration se plaçant sous les auspices

d’un trio de tonalités :

Blanc, Vert et Or

 

(hormis une exception se singularisant du panorama général,

la Cuisine et son âtre rougeoyant…)

 

De la blancheur immaculée au dégradé verdoyant

rehaussés de poudre d’or nimbant

ces Heures Solennelles de réjouissances,

Minuit chrétien rejaillissant sur un Minuit profane

 

Cheminement des Appartements du Logis

 

 I)

            Les Intérieurs intimes de Léonard de Vinci :

Art Floral civil de style Belle-Époque :

 

Variations hivernales autour de verts branchages « éternisés », d’un noble calice, le lys candide,

et d’une belle exotique semblant on ne peut mieux conservée, mystérieusement préservée du temps

écoulé…Magnolia, qui, depuis le coucher de l’été, traverse l’échelonnement des semaines,

sans guère subir, ô prodige inouï, de dommages !

                            En ouverture du cheminement ornemental des visiteurs traitant à travers le biais de ce

fleurissement léger, de l’exil de la grande végétation, la Chambre et le Cabinet de travail du Maître, protégé

du Roi de France, François I er et  figure naturaliste épris de fleurs de simples, se plaisent à accueillir les

hôtes privilégiés séjournant au sein de sa dernière demeure terrestre, en leur offrant quelques raretés,

compositions calquées d’après nature, selon les dons avaricieux, pour lors, de celle-ci, hibernation oblige !

                           Lorsque des rameaux « immortels » ou presque…fiers de leur langage bénéfique, forment

un cadre d’élection  propitiatoire…à la réception de précieux fleurons échappant aux frimas…

 

Illustration poétique :

Ô neige, toi la douce endormeuse des bruits

Si douce, toi la sœur pensive du silence,

Ô toi l’immaculée en manteau d’indolence

Qui gardes ta pâleur même à travers les nuits.

Douce ! Tu les éteins et tu les atténues

Les tumultes épars, les contours, les rumeurs. […]

Georges Rodenbach.

 

 II)

 

 Oratoire de la Reine Anne de Bretagne

Art Floral sacré de style fin XIXème siècle :

 

 

                              Variations hivernales consacrant la gloire de Marie Fleur du ciel et de son fils, où

comment à l’heure où tout s’endort dans l’environnement naturel, à quelques exceptions près, l’avènement

du Divin – Enfant, baptisée de Lumière du Monde, également proclamée de Prince de la Paix, nous inspire

de pures et lumineuses « broderies » ouvragées, s’épanouissant au cœur d’un écrin de verdure et d’une

floraison d’essences botaniques riche de pieux symboles liés à la mystique chrétienne, conviant nos âmes

« d’humbles créatures » à se prosterner en dévotion et à se réjouir devant la solennité et la magnificence

de l’instant fécond…

                             Ici, l’austérité, le dénuement originel s’efface au profit d’une évocation d’un jardin clos paradisiaque.

                            

                             Tandis qu’une « litière » et une enceinte de ramures persistantes forment un rempart

protecteur pour le doux Jésus et la Sainte-famille, guirlandes, gerbes de pétales d’une blancheur

immaculée, louent à l’unisson, les vertus virginales de la Madone, cette Rosa mundi  [1] mère du Sauveur,

tels le Lilium candidum, dit aussi lys de l’Annonciation, grappes d’œillets, petites roses grappes et Rosa

alba en majesté, dévolus à entonner le cantique marial, de la très bonne et belle qui porta en ses flancs

bénis/Le Dieu qui précéda les siècles infinis !

                             Ambassadeurs botaniques, qui nous enjoignent à rallier leur cause…

 

Illustration poétique :

Ah ! De sa tige d’or quand cette fleur du ciel

Tomba pour embaumer les vallons d’Israël,

Que les vents étaient doux qui passaient dans les nues ! […]

 

Le parfum oublié de l’antique jardin,

Comme un cher souvenir et comme une promesse,

Des enfants de l’exil adoucit la tristesse,

Et de célestes voix, en chants harmonieux

Dirent ton nom, Marie, à l’univers joyeux.

Terre ! Oublie en un jour ton antique détresse !

Ô cieux ! Comme les mers, palpitez d‘allégresse ! […]

 

Le mystique Rosier va parfumer les airs !

L’étoile matinale illumine les mers !

Saluez, bénissez, créatures sans nombre,

Celle que le Très-Haut doit couvrir de son ombre. […]

Charles Leconte de Lisle.[2]

 

 

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Plan général de l'Ornementation florale d'Expression sacrée

Chapelle de la reine Anne de Bretagne

  

III)   

                      

  Grand Salon XVIII ème siècle

Art Floral profane de style Belle Époque :

 

 

                              Variations hivernales dédiées aux filles uniques de l’hiver, parrain de la fête, tendres

corolles d’ellébores (Helleborus niger) communément désignées roses de Noël escortées d’un bulbe fleuri

de la famille des Liliacées, Amaryllidacea, précisément, pouvant s’enorgueillir de détenir un joyau à

l’imposant port altier, répondant à l’appellation d’Amaryllis, illustre descendant de l’Amaryllis-belladona, à

la pâle carnation, introduite d’Afrique du Sud pour rejoindre le Château de la Malmaison, où plutôt les

collections botaniques inédites de Joséphine de Beauharnais, immortalisées en leur temps grâce à la

palette de Pierre Joseph Redouté, auteur de nombreux herbiers picturaux légués pour la postérité.

                             Roses de Noël et amaryllis qui assurément, n’excluent en rien l’apparition de leur

épineuse consœur, la Reine des fleurs attribuée à Vénus et donc emblème de beauté et d’amour, assortis de

la figuration constante de résineux et feuillages non-caducs lourds d’un manteau poudreux, cultivés ou

spontanés, comme l’ Hedera helix (lierre) réputé d’une fidélité exemplaire,si l’on en croit son blason : Je

meurs ou je m’attache

                             Le tout ordonnancé en corbeille dite glaneuse  [3], vase à l’antique et maints contenants

déclinant à l’envie de mélancoliques effluves de rêves anciens telle la jardinière-bouquetière, pique-fleurs

blanc-bleu, reproduction d’une faïence de Rouen…

 

Illustration poétique :

 

La Neige qui s’amasse et tombe dans la neige,

Du ciel, à gros flocons, sur la terre descend,

Et, comme pour les pas d’un triomphal cortège,

Son glorieux tapis rayonne éblouissant.

D’autres regrettent, devant cette richesse,

Les pourpris que l’Aurore arrose de ses pleurs,

Le gazon aplani pour des pieds de duchesse,

Et le rose printemps des oiseaux et des fleurs ;

Et de ne plus revoir, au soleil d’or qui baise

Les grands coquelicots, orgueil mouvant des blés,

 

Les gammes de Rubens et de Paul Véronèse

Tourbillonner en chœur devant leurs yeux troublés.

Mais moi, j’aime à songer devant cette harmonie,

Et toutes, les blancheurs de rêves anciens

Mettent d’accord leurs voix pour une symphonie,

Et leur rythme plaintif me prend dans ses liens. […]

Théodore de Banville.[4]

 

 

 IV)

Grande Salle de Réception renaissance :

Art Floral profane de style Années Folles :

 

 

                             Variations hivernales ou Improvisations sous le feu d’une plante tropicale, hôte de

prestige, fascinante orchidée quintessence du raffinement et du lustre au XIXème siècle jusqu’à l’aube des

années 1930.

                            Une fois n’est pas coutume, puisqu’un vent de folie sévit et s’empare du Maître de céans

présidant au cérémonial des agapes du réveillon ; c’est la raison pour laquelle, succombant lui aussi, à la

fièvre de l’Orchidomania, ce dernier en orchidophile éclairé, séduit par l’exubérance des espèces plus

éclatantes les unes que les autres, a émis le souhait de voir moult de leurs « épis » aux inflorescences

nacrées, rivaliser entre-eux de luxuriance, afin de dispenser aux convives de la table d’apparat

envoûtements et sortilèges…

                            En digne héritière hybridée de sa lointaine aïeule appartenant au genre Phaleanopsis

amabilis conçue aux aurores du Romantisme [5](vers 1825), notre orchidée-papillon ou du moins sa

mutation, prodigue ainsi force amabilités aux prunelles de l’assemblée, et de toute sa superbe sans égale,

sonne le « la » de cette soirée de joie et de partage, gage de pacifisme !

                           Pour parfaire la magie aux parfums d’antan de cet entablement, une fratrie de branches

de conifères emperlées de gouttes de givre et flocons neigeux, poursuit ce message d’hospitalité et nous

distille son souffle d’une autre veine féerique, scénographie de Natures-mortes remémorant aux membres

de la parenté réunie combien il fait bon de se trouver à l’abri des fantaisies de l’hiver, alors que dehors,

bien des démunis en font les frais…et ne peuvent hélas, profiter du déploiement festif de  ce rituel, dont le

mythique sapin de Noël, représente le centre paroxystique incontournable, d’une telle célébration, que l’on

soit croyant, agnostique ou même athée, restant malgré tout conscient que devenues profanes pour

certains, ces réjouissances de la Noël dérivent sans conteste, du culte chrétien, en conformité de ce

remplaçant d’épicéa, substitut « moderne » de chroniques bibliques, attribut christique ô combien

« parlant ».

                          Près de notre Roi des forêts apprêté d’artifices [6] au diapason du manteau hivernal

habillant dame Nature, une Scène d’Enfant [7], ou village miniaturisé, est dressée comme pour mieux

inciter petits et grands à s'enquérir d'un autrefois révolu, partant ainsi, À la recherche d’un temps perdu…,

vers une Vie antérieure !

 

 

 

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Ornementation florale d'expression profane

Plan rapproché  de la table d'apparat ...

La Grande Salle de réception renaissance à l'heure de 1930

et de la vogue de belles exotiques...

 

 

Illustration poétique :

a)

 

  La Neige a rompu, ce matin,

Les murs de saturne et d’étain

Où s’enfermaient ses cataractes.

 

Elle défeuille lentement

Des roses froides, endormant

Tout sous sa fourrure compacte.

Les rouges-gorges affolés,

Désertant les buissons gelés,

Cherchent un toit qui les protège.

Silence et deuil, mort et blancheur !

La ville dort sous la fraîcheur

Assoupissante de la neige.

 

Il faut boire et, sur le foyer,

Poser, afin de s’égayer,

Les sarments d’où jaillit la flamme,

Attiser, loin de tout bruit vain,

Le feu vermeil et, dans le vin,

Réchauffer son corps et son âme.

Laurent Tailhade.[8]

 

 b)

 

 L’air est glacé, mais la nuit est sereine,

Les astres clairs nagent en un ciel pur ;

J’entends gémir les eaux de la fontaine ;

Le firmament étale son azur. […]

 

Nuit de Noël, derniers jours de l’année,

Oh ! Que de jeux, de paix et de plaisirs,

Vous rappelez à mon âme fanée !

Et tout a fui sous de nouveaux désirs !

 

Comme d’un rêve aussi doux que rapide,

Il me souvient de ce bonheur passé.

Bonheur d’enfance, imprévoyant, avide,

Que la raison a si vite effacé… […]

 

Jacques Imbert-Galloix.[9]

 

 

 

 

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Vue d'ensemble de l'Ornementation florale d'expression profane

La Grande Salle de réception renaissance à l'heure de 1930

et de la vogue de belles exotiques...

  

V)                

La Cuisine de Mathurine :

Art Floral profane de style début XXème siècle :

 

ou lorsque une Parenthèse Flamboyante vient se glisser

au milieu de la tonalité immaculée de ces Variations hivernales.

 

 

                           Nous voici parvenus au seuil de cette Mise en Scène Florale évocatrice d'histoire ; de Tout

un Monde lointain [10] aussi, pour clore ce parcours « costumé » d’une blancheur laiteuse, vierge de toute

flétrissure reflétée par la nature aimant à se couvrir d’une houppelande candide, et surtout afin de conjurer

l’infini du morne hiver, la nudité des bocages et l’absence de feuilles ainsi que la fausse impression de

désolation se dégageant des paysages agrestes en sommeil, l’antichambre de la grande salle de réception

vouée aux préparations culinaires festives incluant les délices sucrés réservés aux fins gastronomes et dont

le Maître-queue du logis conserve jalousement le secret de générations en générations, revêt, pour la

circonstance sa Robe de parade [11]  confectionnée sur mesure (comme les autres œuvres cousues mains

ponctuant les appartements du château…), robe resplendissante, chatoyant de pourpre et de rubis relevé

d’émeraude et d’un soupçon de poudre d’or, si ce n’est neigeuse

 

                           Et puisqu’il nous semble que tout doit concourir à l’heureux accomplissement de ce Carpe

diem fugace entourant la veillée étoilée, chantant l’avènement du Divin-Enfant et celle des douze coups de

minuit du fameux gui l’an neuf, conduisant, la lèvre affriandée [12], au matin des traditionnelles étrennes

(coutume, hélas, plus guère usitée de nos jours…), de menus présents fraîchement élaborés attendent

d’être attribués à leurs destinataires méritants, telle cette savoureuse pyramide entremêlée de fruits

comestibles et ornementaux qui convoque, en irréductible séductrice nos sens en émoi, à nous partager

ses faveurs (du moins en songe…) dôme pyramidal rejoint de modestes douceurs d’autrefois non moins

exquises tels des bonbons habillés de papillotes dorées, de pommes d’or, fétiches et précieuses (oranges,

mandarines) en chemises d’argent ou de soie, et différentes confiseries de nos chères provinces françaises,

sans oublier la contribution légendaire d’accessoires « divinatoires » et prolifiques, noix, noisettes « lisant »

l’avenir, assortiments de fruits secs surnommés mendiants en raison de la notoire trêve de Noël scellant la

réconciliation des quatre ordres mendiants, aisément identifiables selon la couleur affichée de leur bure ;

les « oléagineux » amandes blanches et noisettes symbolisant de part et d’autre Carmes et Augustins,

raisins et figues déshydratés, figurant de leur côté, Dominicains et Franciscains…

 

                        Outre les pâtes d’amandes dégustées telles quelles ou en « farce » à l’intérieur de

pruneaux, dragées, pastilles et caramels prennent le relais, suivis de gâteaux de l’Avent comme celui

typique de Noël, pain d’épices décliné sous de multiples contours, cœur, Saint Nicolas, figurines d’Adam et

Ève croquant la pomme défendue, maison de la sorcière du conte Hansel et Gretel, etc…

                         Temps de l’Avent  indubitablement marqué par l’emblématique couronne munie de ses

quatre bougies [13] correspondant au nombre de dimanches nous séparant de la nuit du 24 Décembre,

bougies dont il est de bon ton de souffler la flamme à partir de la Saint André (30 Novembre), lors de

chaque repos dominical…

                        Mais que les adeptes de la botanique modelée en compositions de style se rassurent, ils

auront de quoi sacrifier à son culte ; rameaux d’aiguilles persistantes parsemés de sommités florales se

distingueront volontiers, parmi cette Corne d’abondance goûteuse…sur le plan visuel !

 

Illustration littéraire

 

En guise de témoignages d’us et coutumes chez les humbles  de ce Monde  :

 

                       Il y a quelques décennies encore de cela, que certains de nos augustes ainés, vivants

témoins de ce temps jadis, ont connu, l’orange représentait le cadeau de Noël suprême, si ce n'est rêvé et

l’un des plus recherchés. Il faut dire que les enfants de souche modeste n’avaient guère le choix, ne

connaissant qu'une pléiade infime d’objets plus sophistiqués, ne convoitant aucunement les jouets de luxe

garnissant le sapin de leurs camarades de la bourgeoisie ou de la haute société…Et le cœur pur, simples,

ils contemplaient cette magnifique offrande, inestimable sphère odorante fleurant bon les pays chauds, que

l'on se contentait de recevoir seule, ou plus rarement, accompagnée d'un livre pour les foyers plus fortunés :

 

                         Noël, dans mon enfance, c’était le jour où on me donnait une orange et c’était

un grand évènement. Sous la forme de cette pomme d’or, parfaite et brillante, je pensais tenir

dans mes mains le bonheur du monde.

                       Je regardais ma belle orange ; ma mère la tirait de son papier de soie ; tous les

deux, nous en admirions la grosseur, la rondeur, l’éclat ; je prenais dans le buffet un de ces

beaux verres à pied en cristal qu’on achetait alors dans les foires. Je le renversais, le mettais

à droite, au bout de la cheminée, et ma mère posait dessus la belle orange. Pendant des mois,

elle nous assurait par ses belles couleurs, que le bonheur et la beauté étaient de ce monde.

Quelquefois, je la palpais, je la tâtais. Il m’arrivait d’insinuer qu’elle serait bientôt mûre.

                     -Attends encore ! répondait ma mère, quand nous l’aurons mangée, qu’est ce qui

nous restera ?

                      Nous attendions. En avril, en mai, il fallait la jeter, parce qu’elle était gâtée. Je n’ai

pas de souvenir d’avoir jamais mangé l’orange de Noël…

 

Jean Guéhenno.[14]

 

 

                         Une deuxième souvenance, fruit d’une Faunesse native de Saint Sauveur en Puisaye, nous

relate sur un ton empreint de poésie et de mélancolie, à quel point le rite du jour de l’an, fête glacée, tant

attendue, annonciatrice de distribution des étrennes, était synonyme de gestes charitables dénués

d’affectation, respirant la joie authentique de faire plaisir à plus défavorisé dans ce bas-monde que soi…

 

                        Vides, elles l’étaient quasi, les poches et les mains de qui me venaient pourtant 

toutes grâces et toutes libéralités. Mais elles accomplissaient des miracles à leur portée.

                        L’aube du premier janvier, rouge au ras de la neige, n’était pas née que les cent 

livres de pain, cuites pour les pauvres, tiédissaient la cuisine carrelée de ma maison natale,

et  les cent décimes de bronze sonnaient dans une corbeille. Une livre de pain, une décime,

nos pauvres d’autrefois, modestes, s’en allaient contents et me saluaient par mon nom de

jeune fille.

                       Debout, juchée sur mes sabots et grave, je distribuais le pain taillé, le gros sou ; je

flairais sur mes mains l’apéritive odeur de la miche fraîche ; à la dérobée, je léchais sur le

ventre en bouclier d’un pain de douze livres, sa fleur de farine. Fidèlement, l’odeur de pain

accompagne, dans mon souvenir, le cri des coqs sous la barre rouge de l’aube, en plein hiver,

et la variation de baguettes, jouée par le tambour de ville devant le perron, pour mon père.

                      Qu’il est chaud à mon cœur, encore, ce souvenir d’une fête glacée, sans autre

cadeaux que quelques bonbons, des mandarines en chemises d’argent, un livre…La veille au

soir, un gâteau traditionnel, servi vers dix heures, saucé d’une brûlante sauce de rhum et

d’abricot, une tasse de thé chinois, pâle et embaumé, avait autorisé la veillée. Feu claquant et

dansant, volumes épars, soupirs de chiens endormis, rares paroles – où donc mon cœur et

celui des miens puisait-il sa joie ?

                       Et comment le transmettre, ce bonheur sans éclat, ce bonheur à flamme sourde,

à nos enfants d’aujourd’hui [15] ?

 

Colette.

 

 

Conception artistique de Valériane d’Alizée

Chercheur – historienne de la Flore

Auteur-interprète du patrimoine naturaliste

 

Tous droits de reproduction réservés.



[1] : Expression latine désignant par une métaphore la Vierge Marie cette rose du monde

[2]  Fragments de la poésie Ah ! De Sa Tige D’Or, extrait du recueil Derniers Poèmes.

 [3]  La glaneuse en vannerie provient du verbe glaner et nous retrace la charmante inclination de la Reine

Marie-Antoinette, pour le naturel, qui, au cours du siècle des Lumières aimait à se retirer du monde civilisé imposé, au sein de son domaine intime du Petit Trianon, jardin secret abritant des fleurs champêtres dans la mouvance des jardins anglais et de la pensée d’un promeneur solitaire, Jean-Jacques Rousseau, fleurs sauvages ou du moins en ayant l’apparence, qu’elle prenait le soin d'admirer, et que la souveraine récoltait donc, à l’aide de ce panier-glaneuse

[4]  Extrait du poème La Symphonie de la Neige, issu du recueil Les Stalactites.

 [5]   Phaleanopsis amabilis est la création, ou l’obtention en langage horticole, du directeur du jardin botanique de Leiden en Hollande,

Carl Blume . Cette orchidée parfumée nous provient de Malaisie, de Nouvelle-Guinée et d’Australie, où elle croît à l’état indigène, sur les arbres, dans les forêts humides à l’intérieur des terres, ou près des régions côtières

[6] 

 Notre Picea remplacé aujourd'hui par plusieurs sapins hybridés, véhicule à lui seul une histoire ô combien étoffée, et qui, une fois, paré

d’éléments décoratifs voit sa mission symbolique amplifiée par l’apport notamment de suspensions en forme de sphère nous évoquant la redoutable pomme tentatrice de l’Éden, Paradis originel accueillant notre mystique Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal

[7]  Emprunt au titre d'un cycle pour piano du compositeur romantique, Robert Schumann.

[8]  Odelette Hiémale provenant du recueil Poèmes Élégiaques

 

[9]  La Nuit de Noël  recueil  Poésies.

[10]  Détournement d'une œuvre musicale  pour violoncelle et orchestre du compositeur Henri Dutilleux, portant ce titre.

[11]  Emprunt d'une formule poétique d'Albert Samain, Recueil Au Jardin de l' Infante.

[12]  Expression empruntée à Arthur Rimbaud dans son texte  Les Étrennes des Orphelins.

[13]  Le temps de l’Avent est inauguré par l’exposition symbolique de la couronne dite de l’Avent (à ne pas confondre avec sa rivale profane

de l’hospitalité fleurissant l’huis de nos demeures et de source anglo-saxonne, premier tiers du XXème siècle) nimbée de son quatuor lumineux et qui tend à perpétuer un rite ancestral provenant de l’Europe du Nord, inspiré de la fête de la Lumière célébrée le jour de la Sainte Lucie le 13 Décembre, et imprégnant depuis le XVIème siècle l’Allemagne orientale avant de transiter plus tardivement chez les luthériens et catholiques germaniques pour nous parvenir enfin aux environs de 1930. Quant à notre légendaire sapin de Noël, aux origines similaires,- venant des régions de Scandinavie pour s’implanter en territoires germaniques-il faudra patienter afin de contempler sa figure charismatique au centre de nos foyers, puisque c’est seulement vers 1837 au cours du règne du Roi Louis-Philippe qu’il fit son entrée magistrale , sous l’initiative d’Hélène  de Mecklembourg, belle-fille du souverain, en souvenir des usages de son enfance…Mais rien qu’à lui tout seul, le roi des forêts mériterait bien des pages contant ses chroniques historiques !

 [14]  Prose tirée du roman Changer la vie aux éditions Fayard.

[15]  Fragment en prose extrait du Voyage égoïste.

 

 

 

 



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administrateur théâtres

A mi-chemin entre deux réalités : Cinéma ou Théâtre ? Italie ou Europe-la-nordique ?  Comédie ou leçon de philosophie ?  Entre deux théories: le Big Bang ou la théorie de l’état stationnaire ? Entre deux visions du monde : celle de l’homme, celle de la femme ? La transhumance ou le home sweet home ?

  12272868278?profile=originalLe décor est d’un réalisme enchanteur. Nous sommes au pays du Brunello. Le village en plein ciel se situe sur une pente escarpée. Une Fiat 500 a été abandonnée par trois voyageurs étranges au pied de la colline abrupte. Un éminent cosmologiste belge Monseigneur Georges Lemaître et son collègue le britannique Fred Hoyle accompagné de sa femme Barbara Clarke, tous  personnages ayant existé, débarquent sur la place du village, au pied de l’antique  pompe à bras devant l’auberge des voyageurs.  Il n’y a  pas de téléphone, juste des cigales éreintées par le soleil de midi,  année 1957.

Virgilio, l’aubergiste a du mal à sortir de sa sieste. Mais c’est l’Italie, le bon vin et le respect de la robe, qu’elle soit ecclésiastique ou féminine, auront vite fait de lui rendre ses dons d’hospitalité. Langue locale, jovialité, bonne humeur, vin blanc, musique (de film !), voilà le début d’agapes réelles  autour de nourritures autant  terrestres que célestes. De quoi mettre en appétit le spectateur qui va assister à un duel verbal de hautes sphères, entre les deux éminences scientifiques.Chose peu commune au théâtre.

 12272868873?profile=originalMonseigneur Georges Lemaître en route pour le Vatican est à la veille d’aider le pape Pie XII à rajuster de malheureuses prises de position concordistes à propos des nouvelles théories du Big Bang. Son collègue Fred Hoyle  le taquine et de brillants échanges fusent entre  les adversaires.   Une façon indirecte  de monter que le « disputare » n’aboutit pas nécessairement à la « disputatio »Il y a  disputes et disputes.  Cela semble être une des intentions de l’auteur Jean-François Viot.

Monseigneur Georges Lemaître, père scientifique de « l’atome primitif »,  distingue la notion de « commencement » de celle de « création », la première étant une entité physique, la seconde un concept philosophique. Il ne veut en rien mêler Dieu à la science. « Dieu ne se prouve pas, il se trouve ». Sir Fred Hoyle lui, n’a pas eu l’heur de trouver Dieu, il n’a trouvé que la femme, avec qui éclatent de belles crises domestiques. En effet, « Monsieur le savant toujours absent » donne la migraine à l’hyper-sensible Barbara (Maud Pelgrims) et la fait sortir de ses gonds sous ses apparences de jeune dame rangée des années 50.  Les crises cycliques de sa femme sont bien à l’image de la  théorie de  « l’état stationnaire » prônée par son (tendre ?) mari, postulant qu’à une large échelle, l’Univers est partout le même, qu’il l’a toujours été et qu’il le sera toujours.

 Empoignades scientifiques et domestiques alternent avec des leçons de science extrêmement ludiques et illustrées. Les postures et les déplacements  et les silences éloquents des deux hommes de sciences, si opposés physiquement et mentalement, sont une source de comique inépuisable. La prestance de chat mystérieux de Alexandre Von Sivers en soutane  et  l’accoutrement du malicieux François Sikivie en costume anglais font pouffer de rire. Virgilio l’aubergiste (Grégoire Baldari), un nouveau dans la Commedia dell’Arte ?  se prête gracieusement à l’exercice de pédagogie active qui utilise ballons et grains de riz. Massimo (Michael Manconi), son  jeune neveu,  est tout aussi drôle et réaliste.  Imperturbable, Virgilio  sert généreusement  les cantucci et le vin de cette messe scientifique, comme au cinéma.

 

Une pièce savante et marrante quand même, un curé débonnaire, un mari qui ne manque pas d’airs, et l’homme toujours, comme toujours il l’espère : sur le devant de la scène, immuable tableau! Dans une Toscane de rêve.

Soulignons enfin que la mise en scène est signée Olivier Leborgne. Une aventure où l’excellente scénographie d’Edouard Laug et la construction du décor par l'équipe de Marc Cocozza, Christophe Beaugé et Mathieu Regaert sont des éléments indispensables au spectacle, sans compter la poésie des lumières de Laurent Béal.

http://www.atjv.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=496

Une production de l’Atelier Théâtre Jean Vilar et du Festival Royal de Théâtre de Spa.

Exposition Georges Lemaître présentée par les Archives Georges Lemaître (UCL) : Panneaux et vidéo sur le parcours de Georges Lemaître, accessibles lors des représentations.


Dimanche 24 février : l’ATJV soutient CAP48. Réservez vos places au profit de l’opération ! www.cap48.be

19 au 24 février 2013 Théâtre Jean Vilar
Durée : 1h30

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J'ai créé ce réseau début juillet 2009, soit il y a trois ans et demi. Il a fait l'objet de 5 067 736 consultations de pages.

Les visites du site s'élèvent actuellement à 932 936 visites et à 483 830 visiteurs uniques.

Voici le graphique de la présentation de l'audience fourni par Google Analytics:

 

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Arts et Lettres 3575 membres
41472 photos
500 chansons
1314 vidéos

273 discussions
4788 événements
6852 billets

 

En vous remerciant tous de votre collaboration

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Robert Paul

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 12272868093?profile=originalSU N D E R L A N D  ? Va-y!    dirait Le Soir!  ... mis en scène par le Petit Théâtre de Paris. Ils sont  une toute petite semaine à Bruxelles... Au centre culturel d'Auderghem!

 

L’exposition de la pièce peut  paraître un peu longuette, le décor peu joyeux. Il est vrai que l’on se perd  un peu dans les liens  improbables qui unissent les trois filles qui ont déboulé sur le plateau. Il est vrai qu’on a été sonné  par  l’amorce audacieuse de la pièce qui n’est rien moins  qu’un bruyant one-woman-show de téléphone rose en style 90 shades of Grey. Puis tout se met en place. La petite ville du Nord de l’Angleterre où l’usine de poulets a dû fermer  à cause de la grippe aviaire. Une famille décapitée. Pas d’argent. Ouf, personne ne picole. Que du café imbuvable.  La mère disparue et  fantomatique, version irlandaise de  Billy Holiday,  ce n’est pas peu dire ! Mais qu’est-ce qu’elle est belle cette Vénus au teint clair qui a oublié ses enfants,  quand ses filles se font leur cinéma et la projette sur leur écran noir! Emotion et  esthétique à la fois ! La copine SDF qui fabrique du téléphone rose, sert de tiers  psychologique et ne mâche pas ses mots. A la bonne heure! On se serre les coudes, les filles!

 

Et puis, voilà l’arrivée d’un couple particulier. Gordon et Paul.  Il fait sourire et nous projette dans l’actualité française récente. Mais l'enjeu est de taille pour Sally : accepter de devenir mère porteuse pour eux  et sauver de l’institution, sa petite sœur Jill à la sensibilité et l’esprit mutilés,  ou la voir arrachée à  ce qui reste de son triste terreau familial et mourir à petit feu loin de tout.

Il n’est pas juste de présenter le problème en ces termes. C’est sous la pression d’une situation financière  intenable que la jeune femme se voit forcer de louer son corps comme une coquille. Bonjour la dignité de la femme ! Bonjour les dégâts affectifs chez le futur bébé dont la mère n’aura été qu’un éclosoir ! Le désir (égoïste ?) du couple de messieurs bien sous tous rapport passera au second plan on l’espère, car bien plus terrible est la problématique des mères porteuses. « Et le gosse ? T’as pensé au gosse ?»

Les chaises de formica dépareillées,  la machine à laver, le  frigo couleur Coca-Cola, l’évier de cuisine et  l’appareil de chauffage symboliquement en panne, où vient s’affairer quotidiennement le vieil  ami footballeur de  la grande sœur forment un décor haut en couleurs de misère.  Qu’est-ce que Sally a contre lui ? « Je lui en veux juste d’être d’ici » C’est tout dit !12272868275?profile=original

 Il y a aussi cet étonnant  vivarium symbolique que la jeune autiste transporte au milieu du plateau, à chaque fois qu’elle tremble d’émotion. C’est là que vit la reine des fourmis  et sa colonie, qui se mange les ailes pour mieux se reproduire… Autre symbole très parlant.

 Les filles sont fagotées de vulgarité involontaire et donc pardonnable. D'autant qu'elles jouent leur rôle avec une justesse incroyable. C’est l’émotion alors qui vous prend par le cœur, comme dans les plus beaux films de Ken Loach. Mais on est sur des planches et l’humour finit par l’emporter haut la main sur le  misérabilisme tentateur. Les séances du protocole de procréation sont particulièrement hilarantes. Le message   - ou l’interpellation, à deux doigts de la journée internationale de la femme -  en sera encore plus strident. Une vraie bombe parmi les spectateurs du douillet centre culturel d’Auderghem, qui réveille à souhait la conscience humaine et les dangers de l’eugénisme.

Clément Koch, auteur français, a signé ici une  comédie sociale très habile que de  nombreux rappels ont clôturée. Les comédiens au mieux de leur forme  sont éblouissants. Explosés, les grands principes.

http://www.ticketnet.be/fr/manifestation/idmanif/6690/idtier/289298

 

Distribution

et la participation de Bénédicte Dessombz (la mère)

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