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                  Bien Chers tous,

              J'espère que vous avez fait figure de privilégiés, en cette veillée et journée de célébration de la Noël : j'entends, que vous avez pour chacun d'entre-vous, amis "d'Arts et Lettres", pu jouir de chaleur humaine, tandis que tant de personnes inconsolables de leur sort, sont hélas, demeurées dans un isolement terrible...

              À celles là, je dédie cette pensée de Christian Bobin :

             "L'amour est le miracle d'être un jour entendu jusque dans nos silences, et d'entendre en retour avec la même délicatesse : la vie à l'état pur, aussi fine que l'air qui soutient les ailes des libellules et se réjouit de leur danse."

             (Citation issue du recueil "Ressusciter".)

             De mon côté, faute d'avoir pu participer à une animation artistique bénévole escomptée, dans le dessein d’apporter une once de rêve et de lumière, je me suis retranchée sur une tâche purement utilitaire me laissant fort marrie, étant donné que je n’ai pu que constater au coeur de ma région,  le manque de fédération autour d'un projet de solidarité, dont pourtant la presse locale se gausse...

              Hélas, trois fois hélas, serons- nous toujours condamnés à assister impuissants à une notable indifférence, à tant d'innocence sacrifiée, pendant que d'autres "Frères humains" se livrent aux agapes orgiaques et débauche de festins impudiques sans fin, ni faim, rivalisant à qui mieux mieux sur le menu ...indigeste composant le repas de Noël, dont ils mettront plus d'une dizaine de jours à s'en remettre ?

               N'est-ce pas, Mesdames, membres bénévoles d'une certaine antenne  que je ne nommerais pas, engagées dans vos bonnes œuvres caritatives à l'année, et incapables d'accorder de votre précieux temps, soit quelques heures seulement, lorsqu'il s'agit d'organiser "une table ouverte" en faveur des plus démunis ?

               Combien ont répondu à l'appel afin de préparer potage et gâteaux en l'honneur de cette nuit étoilée du 24 Décembre, plus préoccupées, semble t’il, à farcir à dindes, oies et chapons gras, à concocter moult mets sophistiqués de leur menu personnel ?

               Et bien, je vous laisse deviner... Un véritable fiasco, guère encourageant pour former une chaine  fraternelle !!! Au sein de cette structure, nous fûmes recensées aisément, puisque au matin, nous pûmes nous compter en demi-douzaine de volontaires, pour achever notre « mission » eau début de l’après-midi… en trio ! Vous avouerez qu’en guise d’élan, on peut mieux faire, non ?

               Et si nous nous remémorions, ne serait-ce que pour un instant, que la misère est plus que jamais intemporelle, qu’elle se déguise  tant en hôte de nos campagnes que de nos cités, semblablement à une malheureuse priant Notre-Dame durant la nuit du Réveillon :

 

Seigneur Jésus, je pense à vous !
Ça m’ prend comm’ ça, gn’y a pas d’offense !
J’ suis mort’ de foid, j’ me quiens pus d’bout,
ce soir encor... j’ai pas eu d’ chance

Ce soir, pardi ! c’est Réveillon :
On n’ voit passer qu’ des rigoleurs ;
j’ gueul’rais « au feu » ou « au voleur »,
qu’ personne il y f’rait attention.

Et vous aussi, Vierge Marie,
Sainte-Vierge, Mère de Dieu,
qui pourriez croir’ que j’ vous oublie,
ayez pitié du haut des cieux.

J’ suis là, Saint’-Vierge, à mon coin d’ rue
où d’pis l’apéro, j’ bats la semelle ;
j’ suis qu’eune ordur’, qu’eun’ fill’ perdue,
c’est la Charlotte qu’on m’appelle.

Sûr qu’avant d’ vous causer preumière,
eun’ femm’ qu’ est pus bas que l’ ruisseau
devrait conobrer ses prières,
mais y m’en r’vient qu’ des p’tits morceaux.

Vierge Marie... pleine de grâce...
j’ suis fauchée à mort, vous savez ;
mes pognets, c’est pus qu’eun’ crevasse
et me v’là ce soir su’ l’ pavé.

Si j’entrais m’ chauffer à l’église,
on m’ foutrait dehors, c’est couru ;
ça s’ voit trop que j’ suis fill’ soumise...
(oh ! mand’ pardon, j’ viens d’ dir’ « foutu. »)

T’nez, z’yeutez, c’est la Saint-Poivrot ;
tout flamb’, tout chahut’, tout reluit...
les restaurants et les bistrots
y z’ont la permission d’ la nuit.

Tout chacun n’ pens’ qu’à croustiller.
Y a plein d’ mond’ dans les rôtiss’ries,
les épic’mards, les charcut’ries,
et ça sent bon l’ boudin grillé.

Ça m’ fait gazouiller les boïaux !
Brrr ! à présent Jésus est né.
Dans les temps, quand c’est arrivé,
s’ y g’lait comme y gèle e’c’te nuit,
su’ la paill’ de vot’ écurie
v’s z’avez rien dû avoir frio,
Jésus et vous, Vierge Marie.

Bing !... on m’ bouscule avec des litres,
des pains d’ quatr’ livr’s, des assiett’s d’huîtres,
Non, r’gardez-moi tous ces salauds !

(Oh ! esscusez, Vierge Marie,
j’ crois qu’ j’ai cor dit un vilain mot !)

N’est-c’ pas que vous êt’s pas fâchée
qu’eun’ fill’ d’amour plein’ de péchés
vous caus’ ce soir à sa magnère
pour vous esspliquer ses misères ?
Dit’s-moi que vous êt’s pas fâchée !

C’est vrai que j’ai quitté d’ chez nous,
mais c’était qu’ la dèche et les coups,
la doche à crans, l’ dâb toujours saoul,
les frangin’s déjà affranchies....

(C’était h’un vrai enfer, Saint’-Vierge ;
soit dit sans ête eune effrontée,
vous-même y seriez pas restée.)

C’est vrai que j’ai plaqué l’ turbin.
Mais l’ouvrièr’ gagn’ pas son pain ;
quoi qu’a fasse, elle est mal payée,
a n’ fait mêm’ pas pour son loyer ;

à la fin, quoi, ça décourage,
on n’a pus de cœur à l’ouvrage,
ni le caractère ouvrier.

J’ dois dire encor, Vierge Marie !
que j’ai aimé sans permission
mon p’tit... « mon béguin... » un voyou,
qu’ est en c’ moment en Algérie,
rapport à ses condamnations.

(Mais quand on a trinqué tout gosse,
on a toujours besoin d’ caresses,
on se meurt d’amour tout’ sa vie :
on s’arr’fait pas que voulez-vous !)

Pourtant j’y suis encore fidèle,
malgré les aut’s qui m’ cour’nt après.
Y a l’ grand Jul’s qui veut pas m’ laisser,
faudrait qu’avec lui j’ me marie,
histoir’ comme on dit, d’ l’engraisser.
Ben, jusqu’à présent, y a rien d’ fait ;
j’ai pas voulu, Vierge Marie !

Enfin, je suis déringolée,
souvent on m’a mise à l’hosto,
et j’ m’ai tant battue et soûlée,
que j’en suis plein’ de coups d’ couteau.

Bref, je suis pus qu’eun’ salop’rie,
un vrai fumier Vierge Marie !
(Seul’ment, quoi qu’on fasse ou qu’on dise
pour essayer d’ se bien conduire,
y a quèqu’ chos’ qu’ est pus fort que vous.)

Eh ! ben, c’est pas des boniments,
j’ vous l’ jure, c’est vrai, Vierge Marie !
Malgré comm’ ça qu’ j’aye fait la vie,
j’ai pensé à vous ben souvent.

Et ce soir encor ça m’ rappelle
un temps, qui jamais n’arr’viendra,
ousque j’allais à vot’ chapelle
les mois que c’était votre fête.

J’arr’vois vot’ bell’ rob’ bleue, vot’ voile,
(mêm’ qu’il était piqué d’étoiles),
vot’ bell’ couronn’ d’or su’ la tête
et votre trésor su’ les bras.

Pour sûr que vous étiez jolie
comme eun’ reine, comme un miroir,
et c’est vrai que j’ vous r’vois ce soir
avec mes z’yeux de gosseline ;
c’est comm’ si que j’y étais... parole.

Seul’ment, c’est pus comme à l’école ;
ces pauv’s callots, ce soir, Madame,
y sont rougis et pleins de larmes.

Aussi, si vous vouliez, Saint’-Vierge,
fair’ ce soir quelque chos’ pour moi,
en vous rapp’lant de ce temps-là,
ousque j’étais pas eune impie ;
vous n’avez qu’à l’ver un p’tit doigt
et n’ pas vous occuper du reste....

J’ vous d’mand’ pas des chos’s... pas honnêtes !
Fait’s seul’ment que j’ trouve et ramasse
un port’-monnaie avec galette
perdu par un d’ ces muf’s qui passent
(à moi putôt qu’au balayeur !)

Un port’-lazagn’, Vierge Marie !
gn’y aurait-y d’dans qu’un larantqué,
ça m’aid’rait pour m’aller planquer
ça m’ permettrait d’attendre à d’main
et d’ m’enfoncer dix ronds d’ boudin !

Ou alorss, si vous pouez pas
ou voulez pas, Vierge Marie...
vous allez m’ trouver ben hardie,
mais... fait’s-moi de suit’ sauter l’ pas !

Et pis... emm’nez-moi avec vous,
prenez-moi dans le Paradis
ousqu’y fait chaud, ousqu’y fait doux,
où pus jamais je f’rai la vie,

(sauf mon p’tit, dont j’ suis pas guérie,
vous pensez qu’ je n’arr’grett’rai rien
d’ Saint-Lago, d’ la Tour, des méd’cins,
des barbots et des argousins !)

Ah ! emm’nez-moi, dit’s, emm’nez-moi
avant que la nuit soye passée
et que j’ soye encor ramassée ;
Saint’-Vierge, emm’nez-moi, j’ vous en prie ?

Je n’en peux pus de grelotter...
t’nez... allumez mes mains gercées
et mes p’tits souliers découverts ;
j’ n’ai toujours qu’ mon costume d’été
qu’ j’ai fait teindre en noir pour l’hiver.

Voui, emm’nez-moi, dit’s, emm’nez-moi.
Et comme y doit gn’y avoir du ch’min
si des fois vous vous sentiez lasse
Vierge Marie, pleine de grâce,
de porter à bras not’ Seigneur,
(un enfant, c’est lourd à la fin),

Vous me l’ repass’rez un moment,
et moi, je l’ port’rai à mon tour,
(sans le laisser tomber par terre),
comm’ je faisais chez mes parents
La p’tit’ moman dans les faubourgs
quand j’ trimballais mes petits frères.

 

La Charlotte de Jehan Rictus...

 

(se reporter également à l’interprétation de Marie Dubas :

http://youtu.be/mAM230WywT8)

12272855259?profile=originalTableau de William Bouguereau : " Petites mendiantes",  1890

 

                Tant qu’à la coutume qui consiste à marquer le « gui l’an neuf », cru 2013, je ne peux qu’y souscrire volontiers, affectionnant les traditions ponctuant notre calendrier, et vous adresse donc, mes vœux les plus florissants à l'aube de ce nouvel an porteur de nombre d'or, 13 !

               Gageons que les valeureuses "Galatées" officiant ici même en terres apolliniennes, sous le regard bienveillant, mais sans concession de notre Pygmalion à tous, Robert Paul, nous réjouissent plus que jamais par leurs créations, et ce, dans une saine émulation...

                Fasse que lyre orphique et palette de peintre s’entrecroisent avec grâce, nous offrant la respiration vitale afin de nous soustraire, le temps de visites enrichissantes et émouvantes, des contingences matérielles de l’existence, de la monotonie de notre quotidien !

                 Et que nos échanges d'êtres favorisés, soient une source perpétuelle de réflexion salutaire, sinon de jubilation :

 

"L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire.

 Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant

 une image privilégiée des souffrances et des joies communes.

 Il oblige donc l’artiste à ne pas s’isoler ;

 il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. (…)

 C’est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ;

 ils s’obligent à comprendre au lieu de juger.

 Et, s’ils ont un parti à prendre en ce monde, ce ne peut être que celui d’une société où,

 selon le grand mot de Nietzsche, ne régnera plus le juge,

 mais le créateur, qu’il soit travailleur ou intellectuel."

 

Albert Camus

 

(Discours de Suède, 1957)

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Pour un sursaut des imaginations

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Quoi ? Toujours la colombe blessée, la colombe poignardée

Quoi ? Toujours l’épitaphe aux sanglots, le dernier mot à la guerre

Quoi ? Toujours les pensées prosternées, les portraits défigurés

Quoi ? Toujours céder in extenso à tout forfait des misères

A tout retrait d’amour en prière, à tout espoir en poussière

 

Quoi ? Toujours ma tristesse de cendre, nul ilot pour me reprendre

L’être profond ne résiste pas à se mourir beaucoup trop

Bien sûr, des rêves à rendre, mais pourquoi donc tout descendre

Laissez-moi là m’opposer de cette respiration qu’il faut

Pour tout temps de l’insupportable et de l’asphyxie des mots        

 

Quoi ? Mille fois à se crever les yeux, à se transpercer le cœur

Quoi ? Toujours le monde tant et tant à seule face cruelle,

Quoi ? Jamais cette idée du front bleu pour naître des jours meilleurs

Quoi ? Jamais un soupçon d’éclaircie par raison existentielle     

Par possession d’un cap au soleil, de l’âme de pluie nouvelle   

 

Quoi ? Toujours ma détresse pour ordre, tant les multiples discordes

L’être profond ne résiste pas à l’extinction des regards

Bien sûr, en moi des désordres jusqu’aux lèvres à les mordre   

Mais à ceux sous la loi des adieux désarmés de toutes parts   

Crois-tu qu’il ait besoin d’ajouter la densité d’un deuil noir    

 

Quoi ? Toujours les hommes à genoux, ces fléaux, ces mauvais coups

Quoi ? Toujours se faire esclaves, victimes de faits graves

Quoi ? Toujours tout traîner dans la boue, vraiment rien que l’on absout

Quoi ? Toujours l’esprit qui aggrave, décime les rangs des braves

Dépossède tous les sages du temps mis pour ce qu’ils savent   

 

Quoi ? Jamais ma largesse à défendre un lieu d’espoir même tendre

L’être profond ne résiste pas à longtemps désespérer

Bien sûr, à moi c’est l’épreuve d’une âme facile à fendre

Mais à ceux sur des voies dans l’impasse à quoi sert d’en parler

Crois-tu qu’il ait malin d’augmenter ce qui peut les condamner

 

Quoi ? Jamais ma tendresse à contours ajustés à des enfants

Il y a bien mieux à faire que de leur servir larmes et plaintes

Il leur faut plus que des promesses d’autre monde différent

Il faut déjà le porter en soi flambeau contre toute crainte

Qui ne l’a pas ne retient plus rien au terme de vie défunte

 

Quoi ? Toujours ce qui vide et dessèche à trop d’excès du mal être

Quoi ? Toujours ces cultes ces jubilés l’exploitation des malheurs

Cette élite des misanthropes qui en font cent fois l’enquête  

Prophètes de l’apocalypse prêts au troc de nos peurs

Pour qu’on leur laisse tout pouvoir mais pensez à leur noirceur

 

Quoi ? Jamais la mémoire ce qu’on sait quand on fait sonner le glas

Le tocsin de toute espérance, les torts quand on laisse dire

Quand on laisse faire l’acharnement à mettre l’homme au plus bas

Pensez ce que sont les pouvoirs qui réclament des martyres

Des catastrophes majeures, pensez l’effroi qui a fait leurs empires

 

Quoi ? Jamais une histoire à donner en lieu et place des ruines

D’un passé en crachat sur des tombes par ceux qui n’ont rien compris

A jamais pour notre décadence, tous coupables et indignes

Je ne signerai pas à genoux pour m’insulter d’être en vie

Ce serait tant blasphémer l’amour qui m’a fait ce que je suis

 

Non, à me résigner, hors combat, maillon de vieux ostensoirs

J’ai encore en moi des énergies l’envie des métamorphoses

Si un vieux monde s’effondre, qui en veut encore est sans voir

Ce qui remet notre cause au centre palpitant des choses

Laissons les statues de piété les gerbes fauchées des roses

 

Non, à me condamner au silence, en cage ou en otage

De ces pensées irréversibles qui nous font tous accusés

Incapables de grandeur d’âme, coupables selon l’usage

De certaine élite dans son rôle de sape des vérités

De tous les pouvoirs qui contrôlent ce qui peut leur résister

 

Non, à me refuser la parole au devant de l’avenir

Des assemblées se constituant par force de ne rien craindre

Au lieu de plaindre les faiblesses à tout subir, à se fuir  

A faire semblant d’être heureux à ne rien vraiment atteindre

Ma parole à d’autres libérées ne demande qu’à se joindre

 

Non, à m’interdire le langage à concevoir l’esquisse

D’autre monde à partir des choses essentielles à la vie

Inséparables des destinées qui se voudraient des hélices

Et quand bien même des jours tristes qui resteront grand souci

Temps report aux éphémères à dépasser à tout prix

 

Oui, une fois de plus, l’ouverture au contexte du bonheur

Si l’avoir dans l’absolu n’est pas pour autant faut-il qu’on brade

Toute chance, toute condition d’en avoir plus de la fleur

Des relations vraiment humaines, et des amours en bravade

A n’importe quel âge par choix d’exister dans l’escapade

 

Oui, une fois de plus, ma demeure aux choses bien naturelles

Je refuse d’y vivre à l’angoisse et croire tout ce qu’on dit

Chez moi il n’y a pas de fusil, et pas de journées cruelles

Si on me comprend tant mieux, si on ne comprend pas tant pis

J’ai besoin d’une île pour écrire à la paix ici merci

 

Oui, une fois de plus, l’archipel des rencontres au-delà

Du présent et des histoires qui font fuir des colombes

Une fois de plus, les voyages et au départ ça ira

N’expliquons rien du grand bazar du poids des idées qui plombent

Ne disons plus que c’est savoir vivre à être l’armée des ombres  

 

Oui, une fois de plus, mon crédit accordé au monde qui imagine

Toute autre tâche que de sauver la monnaie des vanités

Toute autre vie future que du temps compressé à la déprime

L’avant-garde de l’art des mains nues, des esprits recomposés

Comme culture en terre fertile, offrande à tout nouveau né

 

Ainsi ne soit-il pas le monde des négations sans merci     

Ainsi soit-il le monde qui va à la lumière établie

Chez moi, il y en a un morceau c’est avec ça que j’écris

Je suis bienheureux de m’en servir à l’adresse d’aujourd’hui

Un pourquoi pas pour demain vaut bien ma prière en poésie

 

© Gil DEF - 10.10.2011

- Manifestement cherche-monde -

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La "Partition oubliée" de Daniel CRANSAC


Vignemale avec Daniel

Cette photo a plus de trente ans. C’est Daniel qui me l’a prise sur l’arrête Petit - Grand Vignemale dans les Pyrénées, une petite « classique » pyrénéenne facile que nous effectuions ce jour-là avec un ami trop tôt disparu, Guy, un personnage de grande valeur, pyrénéiste émérite que nous n’oublierons jamais…


À présent, lisez la suite de mon billet, en écoutant la musique suivante


Il faisait beau comme souvent lors de nos entraînements en haute montagne tandis que nous vivions ces moments magiques d’aventure et d’amitié, partagés aussi avec Dany, André, Jean, et les autres. Le soir nous nous retrouvions en refuge pour revivre nos journées, imaginer des projets d’escalade dans des voies lumineuses comme des glaciers suspendus, aériennes comme des aiguilles de granit, vertigineuses comme des surplombs d’altitude, et refaire le monde autour d’un bon verre, près du poêle ou de la cheminée où brûlait le bois monté de la vallée.
Je n’ai pas retrouvé de photos où nous sommes ensemble Daniel et moi lors de nos courses mémorables c’est pour cela que j’ai choisi celle-ci (parce qu’il l’avait prise et qu’il y avait Guy), mais je sais que nos existences ont été définitivement marquées par ce temps-là.
La montagne était notre passion, nous avions tous failli en faire notre métier…
Daniel se rendait souvent à Chamonix, le massif du Mont Blanc constituant là-bas son principal terrain de jeux.


Pas étonnant qu’il publie aujourd’hui son 4ème livre: LA PARTITION OUBLIÉE.

Couv 1 Daniel Cransac

La quatrième de couverture de « La partition oubliée »


Là, il n'est plus question que de musique et de montagne. Un roman qu’il faut lire comme on savourerait un vin rare, un mets délicieux. Et on en redemande encore quand arrive la fin !


Si j’écris ce billet pour rendre hommage ce soir non pas à un ancien stagiaire mais à un ami de longue date, c’est que, parmi ce florilège de gens à découvrir qui illustrent si bien le monde avec leurs dessins et aquarelles, Daniel a toute sa place : il le dépeint comme le ferait un aquarelliste, mais avec sa plume, son vécu, sa mémoire, ses émotions et son imagination en nous entraînant entre rêve et réalité dans un suspense, une belle histoire d’amour, une imbrication historique, un roman de musique et de montagne, une aventure plus passionnante encore que nos courses de jeunesse !

Couv 2 Daniel Cransac

La première de couverture de « La partition oubliée »


Je me suis régalé à lire cet ouvrage c’est pour cela que je vous le fais découvrir : s’il vous reste au moins une poignée d'euros en ce moment de fêtes, ne finissez pas l’année sans commander le dernier livre de Daniel CRANSAC « LA PARTITION OUBLIÉE » en cliquant ICI (12 x 18 cm - 160 p -), vous verrez, vous ferez comme moi, vous le lirez d’une traite !
Si vous voulez mieux connaître Daniel et ses écrits, son blog est  ICI, et pour les amateurs de ses romans je vous recommande ses ouvrages précédents (cliquez sur leur titre pour les commander) :
Le chant des oiseaux : (Aventures personnelles en haute montagne, 12 x 18 cm -144p -)
- Les amours catalanes : (Roman sur la guerre d’Espagne 14.5 x 21 cm - 274 p -)
Sacré Julius : (Science-fiction, une brebis clonée qui veut faire comme les hommes 12 x 18 cm - 120 p -)


Pour le dernier jour de l’année 2012 (qui clôturera aussi cette série consacrée à d’anciens élèves, stagiaires ou amis de jeunesse publiant en ce moment un blog, un site, un livre ou réalisant une exposition), je vous réserve une surprise : vous retrouverez quelqu’un dont je vous ai souvent parlé (que beaucoup d’entre vous connaissent déjà), et qui nous annonce aidé par sa compagne dans la vie, son tout dernier moyen d’échange et de communication, …mais là je vous en ai déjà trop dit, la suite c’est pour le 31 décembre, en attendant voici pour évoquer le roman de Daniel les détails de deux aquarelles que je lui dédie symboliquement.

12272848457?profile=originalAquarelle plutôt « réaliste » de grand format que j’ai réalisée à l’époque de nos courses en montagne. Ici l’une des sorties possibles de la « voie Rébuffat », cette magnifique voie ouverte par le grand alpiniste Gaston REBUFFAT (en compagnie de Maurice BAQUET alpiniste non moins émérite). On voit au fond à travers la brume la Dent du Géant dominant la Vallée Blanche, dans le massif du Mont Blanc.  Cet itinéraire d’alpinisme fait partie des voies "historiques" de l’Aiguille du Midi, se terminant à l'altitude de 3842m.

Le roman de Daniel CRANSAC se passe en partie dans cet environnement. En cliquant ICI vous pouvez visionner (mettez-vous en grand écran) l’ascension de cette magnifique voie, comme si vous y étiez, face au Mont Blanc !
Dans l'éperon Frendo«Dans l'éperon Frendo», en face nord de l'Aiguille du Midi 3848 m, massif du Mont Blanc, une autre aquarelle de la même période.
En dessous Chamonix et sa vallée, une voie très impressionnante de 1200 mètres d‘ascension, classée difficile. En cliquant ICI vous pouvez également visionner (mettez-vous en grand écran) cette ascension comme si vous y étiez : époustouflant et vertigineux !

Dans l'éperon Frendo détail

Un détail de mon aquarelle : une cordée arrive sur le fil de l'éperon...

Je vous souhaite une très belle fin d'année !

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administrateur théâtres

Le film de Joe Wright, "Anna Karénine"

Le film de Joe Wright, "Anna Karénine"

Fort de ses quatre millions de dollars de recettes depuis sa sortie le 16 novembre aux États-Unis, le film de Joe Wright, "Anna Karénine", est arrivé dans les salles de l’hexagone mercredi 5 décembre. Une adaptation osée du roman éponyme de Léon Tolstoï qui ne plaît pas à tout le monde… (LE PLUS, Nouvel Obs’)

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=191856.html

N’attendez donc pas une  reconstitution historique fidèle et l’illusion cinématographique, vous serez déçus !  Voici tout son contraire. Une mise en abyme théâtrale intelligente et moderne appliquant au pied de la lettre le principe de Shakespeare :

“All the world's a stage,

And all the men and women merely players:

They have their exits and their entrances…” 

12272856093?profile=originalLe gigantesque théâtre délabré de la première séquence est bien le  symbole de la Russie impériale de 1874. Il accueille des personnages virevoltants ou soudainement figés dans une chorégraphie méticuleuse (Sidi Larbi Cherkaoui). Les personnages se gèlent pendant qu’un autre prend vie. Une course de chevaux  surréaliste ébranle le théâtre bourré de spectateurs.  La locomotive est tour à tour, jouet et réalité.  Les cloisons basculent, les lumières cascadent, le plateau se transforme en vrai paysage l’espace de quelques instants de rêve, puis les personnages se retrouvent coincés en coulisses parmi les rouages et autres machines du destin. La femme impure est voilée.  Les scènes se superposent derrière la rampe lumineuse comme dans un kaléidoscope. Où est passée la réalité ? Le metteur en scène Joe Wright et le scénariste Tom Stoppard semblent attendre  intensément  les réactions du public du 21e siècle, la caméra est omniprésente. On retient l’étonnante musique,  toujours prémonitoire, de Dario Marianelli, qui n’est pas sans rappeler  l’opéra de quat’  sous de Kurt Weil ou la Valse de Ravel. « Dance with me » est entêtant et obsessionnel à souhait.

« Vanity fair » à la russe: la haute société impériale russe est décrite à l’emporte-pièce sur un mode  fortement  satyrique, on l’aura compris. Les costumes sont éblouissants, la vaisselle somptueuse,  les sourires exquis comme des cadavres. Et  tout est faux et irrespirable. Joe Wright nous fait penser à notre James Ensor et sa galerie de portraits dans sa présentation squelettique de l’œuvre de Tolstoï dont le roman foisonnant de près de 900 pages est réduit à l’ossature d’une romance cruelle.

12272856473?profile=originalAnna, (la voluptueuse Keira Knightley), plutôt que de chercher de nouvelles façons de faire revivre son mariage imposé avec Alexeï Karénine (Jude Law) désespérément blême et dénué de vie, joue la madame Bovary russe et ne résiste pas longtemps aux assauts du comte Wronski (Aaron Taylor-Johnson).  On l’aurait souhaité plus romantique et fougueux cet amant, il est un peu pâle et fade à notre goût, bien qu’excellent si l’on veut en faire un pur pastiche.  Pour Anna, bonheurs et malheurs s’accumulent dans la balance de l’amour mais les leurres de la société feront s’écrouler tous les rêves des amoureux qui semblent s’être  trouvés.  Et la mort est le prix que doit payer l’héroïne pour s’être  livrée  avec  convoitise aux jeux interdits. Comme de bien entendu, la morale du 19e siècle  sera  sauve,  surtout dans un monde fait par et pour les hommes et les pères. Ce monde clos du théâtre est devenu fou.  Le seul moyen d’échapper, pour Emma Bovary comme pour Anna, devient l’arsenic ou la morphine. Où  est la différence ? Toutes deux se  dissolvent dans l’amour chimérique. Mais pour  Joe Wright : "Tout le monde essaie d’une manière ou d’une autre d’apprendre à aimer". C'est son propos.  Et Aimer passe immanquablement par le pardon. Plusieurs situations dans le film en sont la preuve et en particulier le cri d'Anna privée de son enfant:  « Mon fils me pardonnera quand il saura ce que c’est qu’aimer.» La machinerie bureaucratique impériale est sans pardon et sans merci.

12272856877?profile=originalPar contre, le couple d’idéalistes Kitty-Levine (Domhnall Gleeson, très convainquant et la délicieuse Alicia Vikander)  qui a su reconnaître ses erreurs et pardonner s’est  échappé du décor et  vit  au grand air. Leur amour réciproque et l'amour des autres est leur nourriture quotidienne. Des scènes champêtres réelles rappellent la prairie où le couple Anna-Wronski a connu l’éphémère extase.

La verte prairie du « Golden Country » de  George Orwell dans 1984?

Une image de ce que pourrait être un monde de rêve  et de solidarité…  

Un monde qui se mettrait à vivre enfin, comme ces deux jeunes enfants élevés par Alexeï Karénine, devenu enfin un peu moins absolu?

 

 

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Je souhaite à tous que cette année 2013 soit une année propice à vos créations de nouvelles oeuvres et que celles-ci intéressent,  passionnent et suscitent des commentaires joyeux, amicaux et éclairants de la part de vos amis et de tous ceux qui consultent  vos communications sur le réseau.

Robert Paul

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administrateur théâtres

Coupe de NOËL

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Noël unit petits et grands dans une belle atmosphère de plaisir et d'agrément. La joie et la beauté déployée en cette saison sont d'excellentes raisons d'offrir des vœux chaleureux à tous les artistes que l'on côtoie sur Arts et Lettres et à notre fondateur de réseau!

Que cette saison aux mille merveilles laisse place à de grandes créations; qu'elle soit propice à la découverte de bonheurs intenses, dont le plus beau d’entre tous est celui du partage.

Que la célébration de la naissance du Christ vous apporte joie et bonheur pour l'année à venir!

 

Meilleurs vœux

 

Un très joyeux Noël!  Et Paix sur la terre!

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administrateur théâtres

Jean et Béatrice de Carole Fréchette

 Vu pour vous au Théâtre du Blockry,  du 29 novembre au 12 décembre 2012

Mise en scène Cathy Min Jung

Avec Myriem Akheddiou, Nicolas Ossowski

 

Le jeu de l’amour et du hasard : Boucle d’Or, non, Boucle Anthracite attend au haut de sa tour (au 33ème étage) que son prince charmant vienne la libérer de sa solitude et de ses souffrances encore plus noires que ses cheveux. Elle est plus mystérieuse qu’une forêt vierge. Elle rêve de passion et de tendresse mais elle est plus secrète qu’un puits sans fond et sans eau. Lui, chasseur de prime pur et dur,  ne pense qu’à la récompense en billets de 20, promise dans la petite annonce, pourvu qu’il surmonte les « épreuves » de la dame mythomane. Il est prêt à user de tous les moyens (bonjour la sincérité des sentiments) pour tour à tour, l’intéresser, la séduire et la faire craquer. Mais au motif de toucher la prime. De l’amour, il n’en a cure ! Elle apparaît de plus en plus folle, lui coupe sans cesse la parole et lui, de plus en plus roué de vouloir la faire taire. La poursuite est délirante.  Et la pièce devient au fil des bons mots, des coups de griffes et des vérités-mensonges qui s’amoncellent, de plus en plus irrésistible.

Travaillant avec grande finesse et un sens aigu de l’observation du couple, Carole Fréchette, l’auteur canadienne de la pièce dirige le débat amoureux avec verve et causticité dans le cadre surréaliste de cet appartement improbable - Ceci n’est pas une histoire d’Ô -   meublé d’un unique fauteuil de cuir,  et parsemé de bouteilles d’eau minérale…  L’unique porte et l’unique fenêtre deviennent presque des personnages à part entière. On ne vous donnera pas la clé. Le  huis-clos amoureux, qui se mute presque en polar, question d’époque sans doute,  est bourré de suspense et de rebondissements.  Le rythme  débridé s’intensifie pour déboucher sur une clé que l’on jette dans le caniv-Ôh !  Mais où donc est la clé ? Tous les chemins de la carte du tendre aboutissent inexorablement à un mur. Le miroir aux alouettes de l’amour ne cesse de scintiller, la vérité ne cesse de se dérober. Le décalage entre l’homme indépendant et solitaire et la femme assoiffée d’amour ne cesse de s’affirmer. Mais le spectateur, bien accroché au fil du spectacle,  s’amuse follement dans les dédales du labyrinthe car il a le secret espoir que les personnages si touchants dans leurs contradictions finiront, à bout de souffle,  par se toucher enfin. Les vertus de la dispute ?  

C’est brillant, rocambolesque,  remarquablement interprété par Myriem Akheddiou  et Nicolas Ossowski totalement impliqués. Passion plus brûlante que le désert du Nevada,  action délirante sur  les quelques mètres carrés  de la scène et par-dessus-tout, un imaginaire plus  débordant que le fleuve qui sort de son lit. Vous parliez d’Ô ? « Au théâtre, il n’y a rien à comprendre, mais tout à sentir. » Louis Jouvet

Regardez la bande-annonce de la création.

 

http://www.atjv.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=490

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ACTIVITES DE JANVIER/FEVRIER 2013

1. Le 9 janvier 2013, à 17 heures, à l'A.R.E.A.W. (Association Royale des Ecrivains et Artistes Wallons, 150, chaussée de Wavre, dans les locaux de la Maison des Ecrivains (Ixelles) :

Eric Piette, poète de "Voz" (Le Taillis pré) présente mes derniers livres :

* Au plus près (Ed. du Cygne, Paris)

* Un piéton à Barcelone (Ed. Encres vives, Colomiers)

* D'enfances (Ed. Le Coudrier, Mont-Saint-Guibert)

* Déambulations romaines (Ed. Didier Devillez, Bruxelles)

* Quelques mains de poèmes (Ed. L'Arbre à paroles, Amay)

* Dix fragments de terre commune (Ed. La Porte, Laon)

 

2. Le 25 janvier 2013, Place des Cloîtres, Amay, à 19 heures, présentation de "Quelques mains de poèmes" (Ed. L'Arbre à paroles), par Antoine Wauters.

 

3. Le mardi 19 février 2013, aux Midis de la poésie, Musée d'art ancien, de 12h40à 13h30, je présente une conférence sur Pavese.

 

4. Le mercredi 20 février 2013, à 18 heures, à l'A.E.B. (Association des Ecrivains Belges), 150, chaussée de Wavre, Ixelles,  je présente le dernier recueil d'Eric Brogniet, "A la table de Sade" (Ed. Le Taillis pré).

 

 

 

 

 

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administrateur théâtres

Collegium Vocale Gent

Weihnachtsoratorium - L'Oratorio de NOËL de JS Bach

Philippe Herreweghe direction - Dorothee Mields soprano - Damien Guillon alto - Thomas Hobbs ténor - Peter Kooij basse - Collegium Vocale Gent

Johann Sebastian Bach, Weihnachtsoratorium, BWV 248

En cette période festive, Philippe Herreweghe nous offre sa version de l’Oratorio de Noël. Qui aurait cru il y a trois siècles que les cantates écrites par Johann Sebastian Bach pour les offices de Noël à l’Épiphanie seraient un jour interprétées d’un seul tenant pour évoquer le récit de la Nativité ? Sur scène, le chef s’entoure comme à son habitude de solistes hors pair qui maîtrisent sur le bout des doigts la musique du Cantor.

La musique placée au centre du discours, comme langage émotionnel universel

Partition sacrée considérable du répertoire de JS Bach, l’Oratorio de Noël constitue un ensemble cohérent en six parties. D’une durée de près de deux heures et demie cette fresque couvre l’espace des six jours les plus importants de la période de Noël à L’Epiphanie. Les textes sont principalement tirés des évangiles de Saint Luc (Cantates I à IV) et Saint Mathieu (Cantates V et VI). Le récit de l’Evangéliste (Thomas Hobbs) s’accompagne de chorals (chants d’assemblée, selon la tradition luthérienne) et de textes de libre inspiration que constituent les arias, duos et autres formes libres qui commentent l’action. Le lieu de prédilection de la célébration musicale d’un opéra sacré est bien sûr l’église ou la cathédrale. Cela a sa raison d’être. Ce soir, c’est aux Beaux-arts de Bruxelles devant une salle comble que cela se passe. Pour Luther, « la musique seule mérite d’être célébrée après la parole de Dieu. […] Que l’on veuille réconforter ceux qui sont tristes ou bien effrayer ceux qui sont joyeux, rendre courage aux désespérés, fléchir les orgueilleux, apaiser les amoureux, adoucir ceux qui haïssent, […] que pourrait-on trouver de mieux que la musique ? » A méditer.

Philippe van Herreweghe et le Collegium Vocale Gent ont en effet magnifiquement tenu ce rôle. Ensemble, chef d’orchestre, chœur et orchestre, mus par le feu sacré, ont eu à cœur de faire croire au message de l’Oratorio de Noël. Ce, en dépit des réactions très frustrantes d’un public sans-gêne, atteint sans doute de toutes les maladies respiratoires possibles et profitant de la moindre pause pour s’exprimer bruyamment sous forme de raclements et autres quintes fort peu musicales. Pour se faire entendre dans l’enregistrement de Klara? Le silence aurait été pourtant plus propice à la belle méditation musicale mise en scène par Philippe Herreweghe.

Et comment ne pas être comblé par le haut niveau de virtuosité de ce concert, son intonation parfaite et sa simplicité apparente. Philippe Van Herreweghe nous a offert la limpidité du message, en toute discrétion. Il dirige en effet du bout des doigts et des yeux, avec des gestes à peine amorcés, saisi lui-même d’humilité, devant la musique de Bach. C’est cela le mystère.  Et si le rôle d’acteur de la foi était au centre des préoccupations de Bach, Philippe Van Herreweghe  en joue admirablement le jeu. L’agencement sonore qu’il suscite entre le texte et la musique est un mystère en soi. Et le mystère interpelle, sans rien d’orgueilleux ou de fracassant, c’est ce qui peut-être a manqué aux agités de la toux compulsive.

Dans les arias sublimes et certains duos, on est au cœur de l’intériorité. Avec la basse (Peter Kooij ) « Herr, dein Mitleid, dein Erbarmen tröstet uns  und macht uns frei ! » On plonge dans l’intime et profonde piété individuelle. La soprane Dorothee Mields , dont le visage et la voix sont illuminés de vérité en est un exemple frappant. La légèreté de l’être ? La profondeur de la foi ? Soulignée par la violoncelliste omniprésente  touchée par la joie. Mais aussi Damien Guillon, l’alto qui égrène ses accents magiques au gré des récitatifs et des arias. Il y a ce passage d’émotion pure dans un aria de la Soprane  où l’être humain oscille entre le « nein » et le « ja » de façon étonnamment poétique et convaincante. On ne sait d’ailleurs plus très bien où est la voix humaine et celle du hautbois. Il y a comme un jeu d’échos surnaturels… Le texte de l’Evangéliste (Thomas Hobbs) s’écoute avec un intérêt croissant, les airs sont répétés deux fois avec bien souvent comme noyau central une méditation instrumentale appropriée. Tour à tour c’est l’orchestre au complet, les flûtes, les trompettes, les hautbois, des violons en duo enjoué, les cors qui inspirent le recueillement et provoquent la surprise et l’enchantement musical. Le discours et l’émotion suscitée par la musique adhèrent toujours parfaitement l’un à l’autre. Le contrepoint convoque l’harmonie. On est en présence de la perfection.

Cette prestation épurée, aux forces vocales et instrumentales peu tapageuses, a mis en lumière des prouesses vocales qui semblaient naturelles et des solos instrumentaux qui ont fait jaillir la lumière faite musique, pour les dieux et les hommes. La fraîcheur authentique était le commun dénominateur des solistes et du chœur. Un chœur vibrant et clair qui évoque l’enthousiasme des bergers, la douceur de Marie, le nom de « Jesulein Immanuel », la glorieuse quête des rois mages, la haine hypocrite et sanguinaire d’Hérode, la conquête de la Mort. Tout est là, ciselé pour longtemps dans le cœur du spectateur qui veut lui aussi jouer le jeu. Pourvu qu’il réponde à l’invitation au questionnement personnel, au voyage spirituel et à l’appel de la musique sacrée.

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administrateur théâtres

Hommage à René Jacobs pour son concert « La Flûte Enchantée » de Mozart aux Beaux-Arts de Bruxelles le 19 novembre dernier

 

René Jacobs dirige régulièrement au festival d’Aix-en-Provence depuis 1998, à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées et à la Salle Pleyel, ainsi qu’à Vienne au Theater-an-der-Wien. Il a été distingué de nombreuses fois par la critique musicale en Europe et aussi aux Etats-Unis, où son enregistrement des Nozze di Figaro de Mozart a reçu un Grammy Award en 2005. Le mensuel Classica l'a élu Artiste de l'année 2009 pour ses enregistrements de la Brockes-Passion de Telemann, d'Idomeneo de Mozart et de La Création de Haydn.

C’est sans compter son superbe enregistrement en 2010 de  La flûte enchantée à la manière  d'un grand spectacle radiophonique parlé et (en)chanté. Une œuvre couronnée CD des Jahres (Opernwelt), Preis der Deutschen Schallplattenkritik, Choc de l'année 2010, BBC Music Magazine Award.

 

 Ce soir-là, aux Beaux-Arts de Bruxelles, tous étaient présents pour nous entraîner dans l’imaginaire avec leurs voix de rêve. Miah Persson, Pamina, Topi Lehtipuu,Tamino, Marcos Fink, Zarastro, Burçu Uyar, la reine de la Nuit, Daniel Schmurtzhard, Papageno,  Sunhae Im, Papagena  et tous les autres… autour de la fabuleuse Akademie für Alte Musik Berlin et le  RIAS Kammerchor.   Un spectacle vivant, rythmé, varié au possible,   presque un ballet en costumes éblouissants, envahissait donc  la scène des Beaux-Arts en live, ce  qui devait ravir autant les mélomanes avertis  que le  public profane. La vérité des personnages et de la musique sur le plateau, se présenta devant quatre mille yeux ébahis d’une salle comble,  riant et applaudissant spontanément tout au long du spectacle la tension narrative. Il y a cet épisode  cocasse où Papageno qui a rêvé de femmes de bonne chère  et de bon vin tout au long de ses épreuves initiatiques reçoit des mains de René Jacobs la bouteille de vin dont il a tant rêvé. C’est Mozart en personne qui la lui offre ! Interpénétration subtile des réalités.

 

Le regard de Mozart  est sur l’homme et la recherche de la perfection. On goute  la présence de la comédie, l’humour des personnages, les fracas des orages, le ruissellement de la pluie,  on imagine les palais enchanteurs, et on est pris par le rire heureux. C’est du théâtre sonore palpitant. On craque dès l’apparition « des trois jeunes  hommes », des  tout jeunes chanteurs d’une fraîcheur inouïe…  On est fouetté par la sagesse des citations franc-maçonnes. « Ce qu’on recherche » avant tout « c’est la vérité et la lumière.» « Celui qui empruntera cette voie pleine d’embûches sera purifié par le feu, l’eau, l’air et la terre, surmontant la crainte de la mort, il trouvera la lumière…» L’Ave Verum, écrit aussi  en 1791, ne dit-il pas  «  Sois pour nous un réconfort à l’heure de notre mort… »  Un  chant triomphal identique  exulte dans  la Flûte Enchantée : « O Isis et Osiris, quelle joie, la sombre nuit est chassée par un soleil radieux…!  Bientôt ce jeune homme naîtra à une vie nouvelle : son esprit est hardi, son cœur est pur…  » Tamino est l’enfant généreux, l’humaniste, l’homme tolérant. Quoi de plus enchanteur ? La salle entière vogue dans un rêve qui passionne et qui éblouit.

 

 René Jacobs  a voulu dépoussiérer l’œuvre de toutes ses interprétations postérieures à 1791, date de création par Mozart, pour retrouver la vérité de l’œuvre et nous la faire entendre. Il a réintroduit des dialogues parlés du Singspiel, ce qui fit encore mieux ressortir les interventions du chœur et des parties instrumentales. La salle pleine à craquer a battu de tous ses cœurs, saluant les artistes par  des applaudissements frénétiques  avant qu’ils ne disparaissent dans les coulisses. Et l’on garde le message : « si l’on clouait le bec aux menteurs au lieu de calomnie, haine et rancœur, règneraient amour et fraternité ! » L’évidence même. « La flûte magique vaut mieux qu’or et couronnes car elle augmente la joie des hommes ! » Rien de plus vrai.

 

Voir en plein écran

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Die_Zauberfl%C3%B6te

 

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administrateur théâtres

12272851467?profile=originalUNE AUTRE VIE EST POSSIBLE
Jean-Claude Guillebaud
Éditions L’Iconoclaste, 214 p., 14 €

Combat étincelant


Bien écrit, le dernier livre de Jean-Claude Guillebaud « Une autre vie est possible », aux Editions L'Iconoclaste, est un véritable cadeau … (de Noël, pourquoi pas ?) car il oppose au désarroi humain et au pessimisme qui minent notre époque rien moins que la Bonté humaine et l’Espérance.


Son analyse serait-elle imprégnée de romantisme rousseauiste, d’un optimisme béat ou d’une confession religieuse particulière ? Certes non! Son enquête à propos des grandes périodes historiques de basculement et de changements est basée sur un travail solide et minutieux. Ancien reporter au Journal Le Monde, écrivain, essayiste, conférencier et journaliste français, il a derrière lui 25 années d’expérience de journalisme de guerre à travers le monde entier. Peu surprenant qu’il prône un regain d’intérêt pour la non-Violence et soit devenu "membre du comité de parrainage de la Décennie internationale de la promotion d'une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde des Nations unies".


Il profite d'ailleurs de son livre pour pourfendre la sinistrose ambiante de notre monde, sorte de maladie incapacitante des adeptes de « la culture du désespoir mondain ». Il n'hésite pas à les accuser de lâcheté intellectuelle, en particulier ceux de Saint-Germain-des-Prés. Au passage, il soufflète les médias. L’iconoclaste !


Au terme rabâché de « Crise » il préfère de loin celui de mutations majeures qui affectent le genre humain. L’approche est vaste et intelligente, que dire, passionnante ? Il envisage une situation planétaire pour que nous dévisagions ou envisagions enfin la Bonté qui siège dans le cœur humain, plus que sa vilenie. Et de souhaiter que celle-ci fasse sa révolution pacifique et salutaire.


Nous marchons en effet vers un autre monde affirme-t-il. Il y a tout d’abord le décentrement du monde avec l’émergence de cultures telles que la Chine, l’Inde, le Brésil. C’est définitif, pas de retour en arrière possible. Il y a cette mondialisation dont on nous rebat les oreilles mais qui prouve que l’économie a fait faux bond à la démocratie. Que fera-t-on ? Au cœur des cinq moteurs de changement il y a la mutation « numérique». C’est en fait l’apparition d’un sixième continent qui est partout et nulle part, ne vous en déplaise ! Dans la médecine, l’éducation, la presse, la finance …la guerre. Il y a la révolution génétique et la mutation écologique qui détermine la finitude de notre monde.
Dangers ! Oui ! Mais promesses aussi… Ce livre dévoile avec verve les leurres de notre société et entrevoit les lieux innombrables où brille la lumière. Cette lumière n’est pas forcément celle des moines du Moyen-Age, mais celle de la redécouverte de la Bonté humaine. Il y a donc de nouveaux chercheurs d’or. L’empathie humaine, l’entraide, la solidarité deviennent de voies obligées. Et cette lumière ne siège pas forcément dans les mains des grands de ce monde. Certes, loin de faire du folklore sur les misères du monde et la pauvreté, Jean-Claude Guillebaud déclare que l’optimisme est possible. Il y a aussi ce rêve, que l’Europe redevienne un sujet politique passionnant. 2014 ? Les Eurosceptiques conséquents sont les mieux placés pour relancer l’Europe, dit-il. Et de citer son auteur favori, Edgar Morin « il nous faudra demain des redresseurs d’Espérance » Je ne vous en dirai pas un mot de plus. Lisez le livre d’urgence, vous apprécierez.

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administrateur théâtres

12272855864?profile=originalDésopilant: dérivé de l'ancien français opiler « obstruer, boucher». Désopiler la rate, en l’occurrence, faire rire. C’est ce que « Le canard à l’orange » de Douglas-Home (« The Secretary Bird ») fait tout au long de la pièce, tant les bons mots et les situations scabreuses s’accumulent. Le maître de l’échiquier sentimental, Hugh Preston, vient de se rendre compte que sa femme Liz, après 15 ans de mariage, va partir en Italie avec John Brownlow, un bellâtre jeune et riche, marié et démarié trois fois.

Hugh est en effet le maître absolu du jeu alors que tout porte à croire que tout est perdu. « Everything under control » : il a plus d’un tour dans son sac et en particulier un appât très appétissant, « the Secretary Bird ». Avec jeu de mot, bien sûr. En effet, le serpentaire (la traîtresse) est voué à avaler le serpent (l’épouse). Ou peut-être pas. Mademoiselle Forsyth, beauté sulfureuse (« call me Pat ») est fascinante. Ce grand échassier ambitieux est né pour être amante, plutôt que femme mariée et a la finesse de le savoir. Son timbre de voix est ravissant, ses poses de mannequin irrésistibles, la peau lumineuse et belle, le maquillage soigné, le maintien altier et fragile à la fois. Juchée sur ses talons démesurés dans des tenues extra-courtes elle habite tout le plateau avec ses allures célestes.

Liz a fait 100 km pour aller se faire masser(?) ou plutôt si, mais pas comme on pourrait le croire. Hugh a tout compris et la confond dès la première scène. Ensuite il installe son piège méticuleux, il est imbattable aux échecs comme au tennis. Sens moral ou sens pratique? Qui est fou dans cette histoire?  Il invite le bellâtre chez lui avant la séparation définitive, pour arranger les termes du divorce. Au téléphone : « je vous repasse ma femme ! » Les rire des spectateurs fusent sans discontinuer, comme autant de bulles de champagne que les comédiens sifflent joyeusement. Le malheur des uns  fait le bonheur des autres: la salle est comble, on a dû ajouter des chaises. L’idée d’un canard à l’orange qui n’en finit pas de cuire sous la houlette avertie d’une vielle domestique, fait craquer de rire le spectateur à chacune de ses apparitions. Mais plus que le canard mythique, c’est le texte qui est succulent à en mourir et  dont la saveur appartient surtout à l’interprétation prodigieusement juste  des cinq comédiens qui ne cessent de se passer, corps et âme, le flambeau des réparties. L’évasion est complète avec la brillante mise en scène de Danielle Fire, les costumes chatoyants et une décoration d’intérieur savamment aménagée par Christian Guilmin.  Un spectacle de fêtes étincelant.

http://www.comedievolter.be/index.php?page=le-canard-a-l-orange

Avec : Catherine Conet (Liz Preston, un épouse fidèle? ), Michel de WARZEE (Hugh Preston, le bouffon appointé pour

amuser sa Majesté la Reine d'Angleterre), Laura SAVENBERG(Patricia Forsyth, the Secretary Bird), Laurent RENARD

(John Brownlow, le séduisant agent de change, alias lapin à bretelles) et Françoise ORIANE (Mrs. Gray, toujours gray)

 

Mise en scène : Danielle FIRE

Décors : Christian GUILMIN

Régie et éclairage : Sébastien COUCHARD

Durée du spectacle : 2h30 avec entracte

Le 24 Décembre la représentation est confirmée à 20h15 au tarif habituel.

Les 25 et 26 Décembre il n'y aura pas de représentation.

Le 31 Décembre nous ajoutons une représentation :

  • à  16h30   Prix unique 30€
  • à  20h15   Complet !

 

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administrateur théâtres

Mysterium 2012. On les retrouvera à la Collégiale Sainte-Gertrude à Nivelles le 21 décembre 2012. 12272852465?profile=original

 Une affiche de rêve réunissait hier soir au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles de jeunes talents exceptionnels autour d’un joyeux mage de la musique : Daniel Lipnik, un esprit engagé, créatif, optimiste et bourré d’inventivité et de chaleur humaine.  C’et l’animus de MusikAnima. Le concert, nommé Mysterium, présentait un triptyque de musique de rêve et d’exultation produite par des compositeurs célèbres : Charpentier, Mozart et Bach.

La messe de Minuit pour Noël de Marc-Antoine Charpentier commence par un léger carillon angélique et se poursuit dans le feu de  l’allégresse des jeunes solistes qui se saisissent de phrases latines avec dévotion et vitalité.  Comme à l’église, la première phrase de chaque chant semble être psalmodiée  pour ensuite  exploser en mille éclats de voix, toutes animées de puissance  et de la  richesse de l’espoir.  Le chœur s’impose, profond et chatoyant. « Homo factus est » est infiniment mystérieux. Les hommes chantent avec émotion  la passion du Christ puis la résurrection triomphale. Les femmes interprètent l’ascension céleste. Le spectateur retient son souffle devant tant de beauté et de joie sincère. Le chef d’orchestre danse presque sur son podium, il quitte le sol, Amen! Les artistes lui répondent avec allant et bienveillance. Bien des  spectateurs ne pourront pas se retenir d’applaudir le Sanctus qui se conclut par une page instrumentale vibrante de confiance. L’Agnus, très scandé par les tambours,  rappelle les musiques au charme naïf de nos campagnes et la foi absolue du berger. La scène  des Beaux-Arts est presque trop petite pour accueillir ce somptueux ensemble de la Badinerie et les artistes et musiciens  de Music for Pleasure dirigés par Daniel Lipnik en personne. …Il faudrait les appeler Dream  Music for Pleasure car un rêve de beauté  musicale a surgi  ce soir dans la salle Henry le Bœuf et a séduit le public de façon inconditionnelle.

Changement de ton : voici l’ouverture des Noces de Figaro. Un clin d’œil à la musique sacrée.  Explosion musicale qui n’en finit pas de pétiller. Daniel Lipnik, ensorcelé par la musique, est  à la fois délicat et énergique en diable, brillant, fougueux et d’une précision extraordinaire. Il convoque chaque groupe d’instrument comme s’il devait faire de chacun des solistes. Le percussionniste est passionné et cela s’achève dans un sourire solaire.

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Le concert n’a pas fini de nous captiver. Entre en scène le tout jeune espoir belge Florian NOACK (22 ans) qui va exécuter une interprétation fastueuse du Concerto n° 21 de Mozart avec un lyrisme et une maîtrise étonnants. Tout commence sans lui : rondeur, légèreté  et distinction des vents. Le percussionniste est toujours aussi auguste. On se prend à rêver aux très beaux timbres, purs, exquis …quand voilà que le pianiste a déjà infusé dans l’orchestre ses premières volées de notes sans que l’on s’en aperçoive! C’est cela être sous le charme ! Il prend son clavier pour une harpe avec des trilles qui tiennent de la magie. Grâce, fluidité, tout y est, le son est parfait dans les oppositions  successives de caresses et d’accords vibrants de vie. Son premier solo sera fracassant, pour se perdre dans la tendresse puis déboucher dans la passion. L’orchestre reprend le thème à la seconde près,  avec une cohésion harmonique spectaculaire. Le deuxième mouvement s’engage après le clin d’œil du dirigeant complice. C’est rutilant et plein de connivence musicale. Les cuivres s’amusent à ponctuer, les cordes donnent le ton badin et juvénile. Le pianiste doit presque tempérer l’élan passionné qui lui échappe des doigts. Ce concerto a l’allure d’un joyau qui brille de mille éclats. Le jeune virtuose offre candidement deux transcriptions de musique romantique en  bis passionnés, for love and pleasure.      

Du rêve musical et du rêve de terrain. C’est le projet MusikAnima et Louvain Coopération (cause El Alto-Bolivie) qui présentait ce concert de solidarité. Le rêve au carré!

Back to reality. Extrait du programme : « Cette soirée a été organisée sans aucune aide de subsides ni de sponsors. Aucun de nos nombreux dossiers n’a rencontré un écho positif ! Il en sera ainsi sans doute encore pendant quelques années pour tous les organisateurs de projets qualifiés de « facultatifs » par les éminences de la culture. L’art et la condition humaine ne font pas partie des dossiers intéressants…semble-t-il.» En tant qu’artistes –producteurs nous sommes confrontés à la loi du « struggle for life » et réduits à une sorte de survie désappointée La belle phrase de Dostoïevski « Et si la beauté pouvait sauver le monde ! » devient imprécatoire par les temps moroses qui courent.12272853466?profile=original

C’est pourquoi ce concert se termine par l’éblouissant Magnificat de Bach. Dernière explosion de la soirée pour la joie humaine, le bonheur mystique et la gratitude. « Freut euch und jubiliert » : c’est dit en langue du peuple. Les Béatitudes rassurent les humbles et les petits et le Gloria final est de toute beauté, une vague de fond, « sicut erat in principio ». Beauté ou Amour ? Ou les deux… Ce qui sauvera le monde.  

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administrateur théâtres

 Création : "L’encrier a disparu"de Daniil Harms

 Cela se passe dans la salle des voûtes du théâtre le Public.  La mise en scène est délirante : un mur de boîtes de déménagement, des  chausse-trappes, des couloirs, un labyrinthe kafkaïen en trois D. Une bande de personnages hétéroclites explose de cet Univers chaotique et changeant où il est difficile de trouver des repères, de vivre, de  se cacher de l’ire du groupe ou de  celle de l’autorité qui vous poursuit à chaque instant. Repli fœtal, chutes bruyantes, glissades vertigineuses, scènes de pauvreté et de misère sur fond d’atmosphère fantastique. Voilà l’univers brutal, oppressant  et morcelé de Daniil Harms qui déboule sur scène avec  Bernard Cogniaux comme maître d’œuvre.

Il faut accepter de ne rien comprendre à l’intrigue. Y en a-t-il une ? Se laisser happer par la libre dynamique du spectacle qui ressemble plus à un ballet qu’à une comédie, même grinçante. Une danse macabre au style décalé en diable qui piétine le système. Une mosaïque d’histoires cyniques, farfelues et inachevées défile sous nos yeux comme emportées par un fleuve immense. Celui de l’histoire sombre de la Russie de Staline ?

Panta Rei. Tout coule, fort heureusement, comme l'encre quand elle est là, c’est le seul espoir pour des temps meilleurs. Il faut sans doute s’accrocher à la moindre planche de salut, survivre, muselé, avec ou sans encrier, tout en dénonçant de façon insidieuse les abus, les incohérences du régime, les injustices flagrantes. C’est ce que font muettement ou à force de cris les six comédiens survoltés dans leur pantomime acérée et féroce. Sans cesse broyés, ils se démènent et changent  de costume à une vitesse fulgurante, au nez et à la barbe d’une carpe d’or géante qui jamais ne se laisse prendre. Le bonheur est difficile dans la Russie des Tsars à nos jours ! Carpe Diem, est-ce possible ?  

Le monde de Harms est imprévisible et désordonné, ses personnages répétant sans fin les mêmes actions ou se comportant de façon irrationnelle, des histoires linéaires commençant à se développer étant brutalement interrompues par des incidents qui les font rebondir dans des directions totalement inattendues.

Son travail doit être replacé dans le contexte de l'Oberiou (Association pour l'Art réel), un courant littéraire et philosophique du modernisme russe dont il a été l'un des fondateurs. « Harms et d'autres écrivains ont fondé le mouvement OBÉRIOU œuvrant, comme le dadaïsme ou le surréalisme, à la recherche de formes artistiques entièrement nouvelles et libérées des anciennes conventions. Ce mouvement aux aspirations progressistes et anticonformistes fut violemment réprimé par la montée du stalinisme. Harms laisse une œuvre encore et toujours audacieuse, non conformiste, légère et libre, absolument! Un spectacle de bruits et de fureur pour tous les fous de la vie. »12272856057?profile=original12272856289?profile=original

Il fut accusé d'activités anti-soviétiques et exilé à Koursk en 1931. Il fut arrêté à nouveau pendant le siège de Leningrad le 23 août 1941 et interné en asile psychiatrique où il mourut, à 36 ans. Considéré comme un ennemi du régime stalinien, Harms ne put publier de son vivant que deux textes[: l'essentiel de son œuvre fut diffusée clandestinement. Il fut réhabilité en 1956, mais longtemps, seules ses poésies pour enfants furent republiées en URSS, à partir de 1962[. Son œuvre est aujourd'hui appréciée en Russie et a été traduite en de nombreuses langues. (source : Wikipedia)

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=318&type=1

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JUSTINE GUERRIAT : DE LA LUMIERE

Du 26-09 au 14-10-12 se déroule à l’ESPACE ART GALLERY(Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles) une exposition dont l’une des particularités est celle de nous faire découvrir les jeunes talents.

Parmi ceux-ci, une jeune artiste de 22 printemps nous offre son travail de fin d’études. Après avoir passé trois ans à l’Helb-Ilya Prigogine (INRACI), Mademoiselle JUSTINE GUERRIAT   livre son interprétation sur l’idée de la création au sens large du terme. Le sujet de son travail de fin d'études étant libre, elle saisit cette opportunité pour nous livrer sa vision intime de cette problématique. Car c’est, en effet, une « problématique » dans toute l’acception philosophique : un raisonnement aboutissant à l’amorce d’une réflexion.

L’artiste a voulu créer une image où la lumière, associée au sujet, demeure primordiale. Elle s’est centrée sur la notion de l’ « ineffable » et sa définition de ce terme se base sur le rôle de l’image en tant qu’écriture.

JUSTINE GUERRIAT fait donc de l’indicible le support d’un langage.

Sa directrice de projet à l’INRACI, Madame Brigitte De Mees, a supervisé son travail qui lui a valut un 1er Prix.

L’imaginaire est le terrain fertile, par excellence, où se manifeste l’ineffable. Interpellé par les images exposées, il les interprète au gré de sa fantaisie et de sa culture.

Ballons gonflés, en suspension dans l’espace…ventres en gestation d’où émerge une lumière germinale.

 

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Sujets « flottants » à l’intérieur d’un espace variant du noir opaque au translucide, à l’instar de la photo N° 6 où la silhouette apparaissant au regard du visiteur, pose la question de savoir si c’est elle qui est déjà créée ou si c’est le regard qui la construit, au fur et à mesure que le visiteur s’en approche.

L’artiste parle de « portraits » mais en insistant sur le fait qu’il s’agit de portraits de dimension « mentale ». Néanmoins, le « portrait » le plus classique soit-il, n’est-il pas, en définitive, une œuvre de dimension « mentale » ?

La photographie N° 2 montrant un profil féminin est un fin compromis entre peinture classique dans l’alchimie existant dans le clair/obscur et la photographie dans la restitution de celui-ci.

 

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Les œuvres N° 6 (citée plus haut) et N° 8 (60 x 40 cm), traduisent parfaitement la problématique dans laquelle l’artiste s’est engagée. L’œuvre N° 6, est une véritable dissertation sur la lumière basée sur un questionnement : qui engendre quoi ?

 

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Est-ce la lumière qui provoque la silhouette ou est-ce cette dernière qui met la lumière en valeur ? Impossible d’y répondre tant l’un se fond dans l’autre à travers un filtre d’opacité qui participe précisément de cet « ineffable » à la base de son discours. Cette image psychanalytique que l’imaginaire s’en fait : la silhouette, frêle, à peine esquissée, émergeant, imprécise, de son aura de vapeur lumineuse, pensée comme une étendue métaphysique en germination.

 

L’œuvre N° 8, propose, toujours sur le thème de la lumière, un autre discours, à savoir ce qui existe devant et derrière l’objectif (l’ombre savamment cadrée de la lucarne sur la gauche évoque ce qu’il y a derrière la caméra).

 

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Le sujet de cette photographie demeure la lumière. Cette lumière aveuglante qui s’imprime sur la rétine comme un sceau incandescent dans sa pleine matérialité.

 

JUSTINE GUERRIAT, qui se destine à la photo d’art, travaille aussi bien l'argentique que le support numérique. Elle est principalement photographe mais il y a chez elle l’œil et la sensibilité du peintre ainsi que le cadrage du cinéaste.

 

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Les œuvres exposées à l’ESPACE ART GALLERY, primées par le jury qui les a jugées, le prouvent aux yeux de l’Art.

 

François L. Speranza.

 

Une publication

Arts
12272797098?profile=originalLettres

Note de Robert Paul:

Nous constatons ici avec plaisir que -via nos écoles belges-  la recherche et la réflexion sont encore et toujours heureusement délivrées à une talentueuse relève qui fait ses preuves et nous sommes heureux d’en signaler leur savoir faire.

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administrateur théâtres

12272855266?profile=originalPour "vraissemblance" on dit en anglais : verysimilitude…  le terme est évocateur. David Hare est passé maître en dialogue psychologique complexe et profond. Il nous livre un feu d’artifice émotionnel dans « Skylight »,  une  intrigue  très bien ficelée avec un point culminant saisissant de vérités plurielles.

Le théâtre est ici plus qu’une illusion, on dirait qu’il a volé le feu de la vie. Les personnages sont campés avec brio par les trois comédiens si attachants qu’on ne sait quel parti prendre. Le jeu du spectateur, car il y en a un,  est à celui qui attrapera le plus d’étincelles qui jaillissent de cette série de rencontres-choc. On aurait pu tomber dans la mièvrerie sentimentale  mais les trois personnages cherchent avec passion leur vérité, c’est ce qui fait l’intérêt majeur de la pièce.  Le jeu de l’adolescent est saisissant par sa colère, son inventivité et sa tendresse juvénile. Son intransigeance.  Il est tout simplement craquant.

12272855067?profile=originalMais que dit l’histoire ? Kyria (Erika Sainte)  a quitté le milieu des limousines pour vivre la vraie vie. Et la jeune prof idéaliste de mettre tout son talent au service de jeunes défavorisés d’une  banlieue de Londres. Marre de voir le potentiel de toute une série de gens rayé de la carte. Expierait-elle quelque culpabilité ?  Elle vit seule et  sobrement, dans un appart’ glacial d’une joyeuse couleur vert hôpital, pauvrement équipé, style récup’ et corrige ses cahiers. Le brouillard et les bruits de trafic s’infiltrent partout, on n’est pas dans une belle propriété arborée à Wimbledon. Quatre ans ont passé depuis qu’elle vivait avec Tom et Alice, un couple qui avait accueilli son errance à  Londres à l’aube de ses 18 ans. Mais le jour où Alice apprend l’histoire d’amour secrète entre Kyria et son mari, Kyria prend aussitôt la fuite, sans donner la moindre explication. Entre temps, Alice se meurt  d’un cancer et refuse avec grandeur les bouquets de fleurs de son mari. « Les roses, c’était pour quand on s’aimait. »  Tom, inconsolable, a le sentiment d’être minable. Aussi, après la mort de sa mère,  leur fils, Edward (Toussaint Colombani) qui regrette les jours heureux, a fugué et vient supplier Kyria de faire quelque chose. Touchant.  Son père est devenu insupportable, dépressif ou violent. Le tribut de la culpabilité ?

12272855452?profile=originalUn fossé sépare les ex-amants : « Je suis devenue ma colère ! » rugit Kyria.  Kirya veut faire un métier auquel elle croit et vit comme une missionnaire. Le spectacle très rythmé débouche sur une querelle idéologique, puissante comme une lame de fond. Tom ne comprend pas comment elle gaspille ainsi ses talents. Le combat des deux idéaux est  très convaincant. L’arrogance du bonheur quotidien  assuré, face à l’idéal solidaire pur et dur laisse le spectateur dans le doute total. Le spectateur quitte la soirée théâtrale en laissant flotter toutes les questions dans son esprit. Il part avec le pétillement spirituel, les silences et sourires éloquents et les blessures de l’émouvante actrice qui a pris des dimensions de grande tragédienne. Elle a des airs brûlants  d’Antigone ou de Jeanne d’Arc, avec sa quête d’absolu et son intransigeance.  Il part avec la fausse arrogance de l’homme de 50 ans magnifiquement interprétée par  Michel Kacenelenbogen  en homme d’affaire qui a tout réussi, sauf sa vie intérieure et est venu chercher le pardon. Il part en emportant l’espoir maladroit et la fougue  rédemptrice de la jeunesse sous les traits de Toussaint Colombani.

 Pour mémoire, un « skylight » est une  sorte de lucarne découpée dans une toiture qui permet une illumination interne. A méditer.

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=317&type=1

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administrateur théâtres

Jusqu’au 22 décembre et le 31 pour fêter le Nouvel An, au Théâtre Royal du Parc

 

                          Le monde est fou? Venez vous plonger dans un monde magique et drôle, celui du « Maître des illusions » sous la houlette de Lewis Carroll, ou presque. Non, sous la plume moderne et déjantée de Thierry Debroux, nouveau Maître des illusions. Au théâtre Royal du Parc.

                         « La magie te rend fou » déclare à son mari Fantin, la tête de Marguerite déposée sur la table. Pour sa part, Marguerite, trop grosse, comme la Reine de cœur, n’entre plus dans ses costumes de scène. Le ton est donné : « Qui a osé éternuer et me tirer de mes songes?», clame soudain le magicien-commandeur, beau- père de son état et veuf éploré, pour l’histoire.

                       12272848472?profile=original   Fantin, (Pierre Dherte, acteur et magicien) poursuit son rêve enfantin. Celui d’éblouir père et public dans un nouveau spectacle dont son père détient le secret. Un secret d’alcôve, par ailleurs…écrit dans un carnet noir. Fantin avoue s’être senti piétiné par le monstre paternel toute sa vie. Freud es-tu là ? Un monstre de la scène lyrique l’incarne : rien moins que José Van Dam en personne. C’est tout chanté: « Le chant est la seule façon d’amadouer la mort.» Vraie parole de cygne.

                         12272849099?profile=original Et voilà la jeune Alice, échappée de l’asile où sa famille l’a fait enfermer. Camille Claudel, où es-tu ? Elle est poursuivie par le Docteur Munch,(l'excellent Benoît Van Dorselaer) bientôt transformé en lapin. On hésite entre la référence au Baron Münchhausen de la littérature allemande ou au Baron Perché de Calvino. Mais Marguerite (Pascale Vyvere, femme du diable?) n’a pas chanté son dernier mot ! Elle rugit de jalousie avec la dernière énergie car Fantin a décidé de prendre la frêle Alice pour assistante. Détail  plutôt sordide: cette dernière se plaint au passage d’un oncle Edouard qui est venu un soir dans sa chambre et lui a planté un arbre qui pousse dans son ventre…

                       12272848896?profile=original   Pour se venger et se débarrasser de la jeune intrigante, Marguerite libère de sa cage à oiseaux le docteur-lapin qui poursuivait Alice : c’est le monde à l’envers ! Elle se jette à son cou : « Je plais, je plais … » chante-t-elle avec délices, saisie par le démon de minuit : encore le monde à l’envers ! Et ainsi de suite, on est au cœur de l’Absurde, au tréfonds des fantasmes, de plain-pied avec de vrais illusionnistes qui enchaînent les tours de magie sur une scène de théâtre. Le lieu même de l’illusion. Et le verre se casse finalement, comme dans le Tambour de Günter Grass. Mais on ne vous dira pas par qui, ni comment.

                           A vous de venir découvrir ce spectacle total avec des musiciens dans la fosse bourrée de citations musicales, une très belle partition originale de Pascal Charpentier, avec notre prince lyrique en personne sur les planches et de la magie à tous les étages…y compris le découpage de femmes en quatre. Mais ce n’est pas le plus surprenant des tours de magie. Il y a encore plus spectaculaire, courrez voir ! Sybille Wilson est la maîtresse d’une somptueuse mise en scène poétique et grinçante des affects profonds et du dérisoire. Ce spectacle  a vraiment tout pour plaire ou séduire.

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2012_2013_002

 

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administrateur théâtres

Quand le  film documentaire se fait dépassement personnel et démarche vers l’Autre

VIETNAM – LAOSCAMBODGE

à pied sur la Piste Rouge

 

Film présenté par Cécile Clocheret & François Picard

 

En salle du 12 novembre au 16 décembre 2012

 

Le centre culturel d’Auderghem accueille non seulement Paris-Théâtre mais aussi les magnifiques reportages de l’Exploration du monde.  Après le reportage passionnant de Patrick Mathé sur les peuples Naxi aux confins du Yunnan et l’histoire passionnante de JF Rock qui entre 1920 et 1949  fut le premier à se pencher sur la mystérieuse écriture des Naxi et à photographier les étranges cérémonies de leurs shamans,  voici le récit de l’aventure stupéfiante de François Picard et de Cécile Cocheret, explorant « La piste rouge », la terrible piste Hô Chi Mihn que certains n’hésitent pas à appeler « The Blood Trail ».  Vivant plusieurs mois dans des conditions extrêmes, à l’instar de pèlerins de l’humanité,  François et sa compagne  ont parcouru à pied les 2000 km de cette piste où ont transité près d’un million d’êtres humains transformés en bêtes de somme,  victimes de deux décades de lutte sanglante  entre le bloc communiste et le monde libre jusqu’à l’unification du Vietnam en 1976.

Ces deux jeunes  journalistes-explorateurs sont les premiers occidentaux à reconstituer le trajet de cet axe qui serpente entre le Vietnam, le Laos et le Cambodge. Il faudra encore 100 ans pour arriver à déminer ces régions des bombes non explosées qui minent le sol.  Le but de deux aventuriers a été  de rencontrer les habitants qui vivent au fond de jungles interdites au tourisme. Cette piste permettait aux soldats Viet Cong d’acheminer  pieds nus en poussant leur vélo d’énormes charges de  munitions, de provisions et carburant vers le Sud. Le but des Américains fut d’essayer de neutraliser cette piste avec les dégâts humains que l’on connaît.  

Le récit extraordinaire de l’aventure personnelle des deux explorateurs qui sont partis sac à dos et à pied est doublé de celui de l’histoire des trois pays qu’ils traversent.  Ce reportage permet à l’occidental de se rendre compte d’une réalité que jamais il ne rencontrera lors d’une visite organisée dans ces pays. C’est poignant de voir combien les habitants sont chaleureux vis-à-vis des visiteurs malgré les obstacles de la langue et de la culture. Ceux-ci ont eu bien sûr des démêlés avec la police vietnamienne qui les prenait pour des espions mais malgré la mousson, les moustiques, l’épuisement, l’itinéraire impossible à travers la jungle, le manque de nourriture, le logement précaire, ils ont réussi le défi qu’ils s’étaient fixé.

 Ils nous rapportent combien au Cambodge, les trois religions Bouddhisme,  Christianisme et Islam font bon ménage, acceptant les mariages mixtes et vivant  côte à côte sans se gêner. Ils utilisent dans leur film des images d’archive de l’époque, empruntées à Washington pour la partie historique. Non moins crucial est leur cri d’alarme pour la conservation de notre bien commun car le  Cambodge s’avère être l’un des pays les plus touchés au monde  par la déforestation. Ce reportage de L’Exploration du monde  qui  a été présenté dans le cadre des après-midis douceurs au centre Culturel d’Auderghem est une leçon de solidarité, d’humilité, d’humanité et d’endurance.12272847699?profile=original

François Picard est fondateur de Culture-Aventure, association reconnue d’utilité publique en France.

Un reportage par ce couple d’explorateurs solidaires sur la culture Khmer et ses temples est en préparation depuis cet été. Souhaitons que les instances d’Exploration du monde acceptent le nouveau projet de ces jeunes explorateurs intrépides qui ont un don évident pour établir la  communication avec des humains appartenant à un monde on ne peut plus différent  du nôtre.  

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administrateur théâtres

12272847097?profile=originalJusqu'au 16 décembre 2012 (20h30) au centre culturel d'Auderghem:

 

Ensemble et séparément , comédie de Françoise Dorin

dans le cadre des spectacles Paris-Théâtre

Françoise Dorin est la compagne de Jean Piat depuis 1975. A-t-elle écrit par quelque heureux hasard sa dernière pièce pour lui, particulièrement? On n’en doute pas !

« Tout est toujours possible, le meilleur comme le pire », voilà son credo. Voici une pièce qui flingue toutes les idées noires. Elle présente un face à face brillant et sensible de deux solitudes qui se rencontrent  sous le signe du hasard le plus pur. Mais le hasard est-il pur? Ainsi donc la réussite de cette rencontre accidentelle d’un éditeur à la retraite et d’un écrivain pour la rubrique jeunesse, irrésistible et née à peine plus tard que lui. Elle le séduit totalement par sa malice, lui qui croyait avoir tout lu, tout vu et tout vécu. Elle est « écouteuse d’imprévisible». Malgré son optimisme de naissance - elle ne se souvient que des hauts, jamais des bas - elle avoue avoir peur de  l’Avenir, peur de la mort qu’elle frôle de justesse tandis que le vieux cœur de l’éditeur bat la chamade comme celui d’un adolescent. Les  citations de grand classiques fusent, l’art de la conversation bat son plein.  De son  côté, elle ne rêve que d’une chose : lui offrir en cadeau le coup de tonnerre, la suite  attendue du coup de foudre… aux sens décrits avec finesse par madame de Staël. Elle lui apporte clé sur porte, les surprises de l’amour et de l’étonnement, en un mot, elle s’ingénie à lui faire prendre la réalité pour ses désirs. Et quoi de plus sage ?   

Voici  donc nos deux indépendants endurcis mais infiniment curieux qui vivent ensemble et séparément le paradoxe d’un amour-amitié et vivent 364 jours de non-anniversaire où ils conjuguent sous nos yeux étonnés le verbe surprendre, étonner et aimer au présent progressif. Ils se font tour à tour un jeu de cache-cache de plus en plus  invraisemblable et de plus en plus amoureux.  Déjà, dans « Le lit à une place » Françoise Dorin insiste avec lucidité : « C'est logique dans la vie ... il y a juste une suite, ou plutôt des suites, avec des hauts, des bas, des bonnes surprises et des mauvaises, des hasards invraisemblables, des joies inespérées, des déceptions inattendues, des échecs incompréhensibles et des réussites inexplicables.» Sagesse.

La mise en scène de Stéphane Hillel est fine et intelligente car tout se passe dans la bibliothèque mythique de l’éditeur et tout semble être une question de fenêtres ouvertes ou fermées, de jumelles ou de lorgnettes malicieuses. Jean Piat vedette à la voix troublante et adorée du public et Marthe Villalonga tout aussi populaire font merveille dans ce duo beau comme un conte de Noël. L’humour, la vivacité de ton, l’ironie solide mais aimable, la politesse joyeuse pour contrer la morosité et la peau de chagrin, rendent  ce spectacle emballant et touchant  par sa sensibilité et sa délicatesse. Le talent de scène de Martha Villalonga ne s’arrête pas à la comédie de soubrette futée… par deux fois elle s’installe au piano pour interpréter ses émotions. Pas facile pour la pianiste, vu la piètre qualité de l’instrument perdu dans les livres en trompe-l’œil. Mais Debussy livre une bouffée supplémentaire de tendresse au public et à l’éditeur qui offre à sa cadette passionnée la clé du bonheur : ensemble et séparément pour vivre une non-fin. Comme un conte de Noël. Et le public de basculer dans de généreux applaudissements de bonheur.

http://www.artemis-diffusion.com/en_tournee/ensemble_separement/telechargement.html

http://www.cc-auderghem.be/index.php/nos-spectacles/paris-theatre-1213.html

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EN MEMOIRE...

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Beaucoup que j’ai connus ne sont plus de ce monde

Le vaisseau terre Espace Et la comète blonde

Tournent toujours sans eux l’impassible ballet

Personne ne comprend d’où vient où va la ronde

Et eux dorment sans rêve en leurs sombres palais

 

 

 

Vous n’êtes pas venus des grands livres d’Histoire

Vous tous venus à moi du fond de la mémoire

Du fond de cette eau trouble où gît le souvenir

Mais des petits métiers des pauvres mots sans gloire

Du quotidien rivé au tout proche avenir

 

 

 

O ma maman perdue aux sables du rivage

Quelque part dans ce Nord livré aux vents sauvages

Si loin si loin déjà et du tendre et du clair

De mon enfance nue Et ce temps qui ravage

Tes yeux de noir velours Amour fragile éclair

 

 

 

La vague bat toujours ce noir embarcadère

Comète blonde Espace Vaisseau fou la terre

O vous tous qui dormez de vos rêves absents

Souvenez-vous de nous les vivants délétères

De la nuit de velours à l’aurore de sang    

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