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AFF%20Vasarely%20BD.jpg?width=300VASARELY. Hommage à Vasarely, une très belle exposition  au musée d’Ixelles,  les derniers jours…  

17.10.2013 > 19.01.2014

 

Victor Vasarely, peintre d’origine hongroise,  a été l'un des artistes les plus célèbres de la deuxième moitié  de notre XXe siècle. Son œuvre picturale, riche et variée, appartenant au domaine de l'abstraction géométrique, est fondée sur la ligne et la couleur, le contraste et les rythmes. Ses réalisations dans l'architecture, de la Cité universitaire de Caracas jusqu'au bâtiment de sa Fondation à Aix-en-Provence, témoignent de sa volonté d'intégrer l'art dans la vie quotidienne et l'espace urbain.
Ses théories sur le multiple, la reproduction industrielle et la mission sociale de l'art ont marqué son temps. Ses recherches sur la forme et le côté expérimental de sa pratique l'ont conduit à s'intéresser à la perception de l'œuvre d'art et aux phénomènes liés à la vision : elles ont fait de lui l'un des chefs de file de l'art cinétique qui allait devenir l'un des principaux courants artistiques des années 1960 en Europe et dans le monde.


L'exposition du Musée d'Ixelles (Belgique), en partenariat avec le Museum Haus Konstruktiv de Zurich (Suisse) et le EMMA - Espoo Museum of Modern Art (Finlande), est la première organisée depuis longtemps exclusivement consacrée à la peinture de Vasarely.

Elle est forte de plus de soixante tableaux magistraux mettant en lumière l’originalité et la perfection de son art. De 1947 à 1979, les deux composantes essentielles de son œuvre sont  le travail avec le noir et blanc, et celui avec la couleur. L’exposition  met en scène les principales familles de composition et d'arrangement des formes auxquelles il a eu recours. C’est rigoureux et fondé sur des verticales, horizontales et obliques à 45 degrés, mais les combinaisons semblent infinies.  On est saisi par  la richesse visuelle et la beauté incontestable des tableaux présentés, une production abstraite géométrique très féconde qui invite au dialogue avec les jeux de lumières.  C'est le  travail minutieux d’un roi de la ruche qui aurait pris le pouvoir et qui de ses yeux d’insecte travaillerait à la loupe pour produire des diamants.  

 Une occasion pour le papyboom de replonger dans  sa jeunesse – lequel d’entre eux n’a pas acheté à l’époque un poster de Vazarely ?- et pour les plus jeunes de remonter le temps. L'exposition, sous le commissariat  du français Serge Lemoine, remonte en effet le temps, depuis les premiers essais du graphiste travaillant, dans les années 1930, pour des agences de publicité comme Havas, jusqu'à l'élaboration de l'alphabet plastique, en passant par la phase noir et blanc, les périodes Belle-Isle et Daguerre et le retour à la couleur.

Lors de notre visite des groupes d' enfants étaient  particulièrement fascinés par ces  compositions parfaites (les couleurs sont éblouissantes comme aux premiers jours)  où se combinent, s’emboîtent, se permutent et s’assemblent couleurs, formes et systèmes géométriques visuellement rayonnants. On est médusés par les palpitations, les pulsations, les embrasements de camaïeux de couleurs qui occupent la surface dans sa totalité, les illusions de tiroirs qui sortent et qui se transforment aussitôt en  chambres tricolores creusées dans la toile et qui résonnent dans le vide.

 À travers cette vaste sélection de peintures abstraites venues de toute l’Europe, l’univers de Victor Vasarely produira sur votre vision ses effets optiques toujours saisissants, et parfois hypnotisants. Comme cette très belle œuvre au centre de l’exposition faite de lignes noires mystérieuses sur une sorte de de paravent de verre. On oscille entre le futurisme et la grecque antique.

L’hommage rendu à ce grand artiste vous invite à redécouvrir le talent d’un peintre exceptionnel et une œuvre singulière, foisonnante, radicalement moderne  et certainement pas « has been ». Un très beau catalogue accompagne cette très belle exposition que nous avons tardé à vous présenter, mais… il est temps encore !

Bruxelles, Musée d'Ixelles, October 2013 - January 2014
Zurich, Museum Haus Konstruktiv, February - May 2014
Helsinki, EMMA, September 2014 - January 2015

http://www.museedixelles.irisnet.be/fr/bannerother/expositions/expositions-en-cours-1/vasarely-hommage

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administrateur partenariats

12272945901?profile=original"Fagne wallonne" aquarelle de Adyne Gohy

Cet été, deux, trois, quatre artistes d'Arts et Lettres

munies de chevalets et de pinceaux, sillonnèrent la Wallonie

à la recherche de l'inspiration créatrice !

Elles jetèrent leur dévolu sur de beaux paysages bucoliques,

ensorcelant leur palette de couleurs fraîches et tendres,

et captèrent par leurs aquarelles

de beaux moments de paix et de sérénité.

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" Lac de Warfaaz , l'été finissant"  aquarelle de Jacqueline Nanson

Voici ici les billets édités suite à ces sorties magiques.

Ce fut le début d'une belle aventure qui devrait se poursuivre

longtemps encore ...

Quand deux artistes d'Arts et lettres s'en vont, par une chaude après-midi d'été, peindre en plein air !

Oyez oyez gentes dames et damoiseaux ! Venez découvrir le château de Franchimont peint sur motif par deux villageoises en goguette !

Une chapelle au coeur des Hautes fagnes, un passé, une légende, deux aquarellistes sur motif.

La chapelle de Tancrémont, près de Banneux, peinture sur motif de Adyne Gohy et Liliane Magotte, l'aventure continue !

Le lac de Warfaaz: eaux calmes et promenades romantiques offrant ramures et flots idylliques à de tranquilles aquarellistes d'Arts et lettres...

L'église de Becco (charmant petit village pittoresque près de Theux) peinte sur motif par Jacqueline et Liliane, deux pinceaux d'Arts et lettres !

Une, deux, et trois chapelles ! La chapelle Sainte-Anne de Halloux, à Limbourg, non loin de Verviers ...sur motif, on adore ça !

Beautés des paysages de la Fagne wallonne ou la peinture sur motif comme si vous y étiez ! avec Adyne et Liliane d'Arts et lettres !

Le lac de Warfaaz ...magique lumière de l'été finissant. Les sensations incomparables de la peinture en plein air ... sous une ombrelle chinoise !

Retour en Fagnes pour une peinture en plein air ensoleillée !

Caché au fond d'une vallée tranquille, le vieux moulin à aubes se raconte à l'aquarelle ... Peinture en plein air des artistes d'Arts et Lettres

Nos aventures ne sont pas terminées, nous vous donnons rendez-vous

pour de nouveaux billets au travers desquels nous vous feront découvrir

les beaux paysages et monuments de Wallonie !

Liliane, Adyne, Jacqueline et Sarah.

Un partenariat

Arts  12272797098?profile=original

Lettres

 

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ADMINISTRATEUR GENERAL

L’Espace Art Gallery a le plaisir de vous présenter du 15/01 au 02/02/2014 l’exposition  événement des artistes suivant : Collectif d’artistes : Igor Stepanov (Ru) peintures, Leslie Berthet-Laval (Fr) peintures, Nathalie Afonso Dell’Omo (Fr) peintures, Laurence Bourdon (Fr) peintures et Fabrice Lettron (Fr) sculptures. Exposition  événement comprenant cinq artistes dans le cadre du 26ème anniversaire d’Alzheimer Belgique A.S.B.L. Lien de l’association : http://www.alzheimerbelgique.be/

 

Le VERNISSAGE a lieu le 15/01 de 18h 30 à 21h 30 et l’exposition du mardi au samedi inclus de 11h 30 à 18h 30. Et sur rendez-vous le dimanche.

 

Vernissage qui sera agrémenté d’extraits de Musique Celtique interprétés par la harpiste Françoise MARQUET.

 

Espace Art Gallery 35 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles. Ouvert du mardi au samedi de 11h 30 à 18h 30. Et le dimanche sur rendez-vous. GSM : 00 32 (0) 497 577 120

 

Invitation à un concert de Chanson française (d'auteur). Concert "Ainsi soit dit ..." 3e saison.  Luz Chabane (textes et voix) & Thibault Dille (musique et chœurs). Date : le 1er février 2014 dans la galerie de 19h 30 à 21h 30 et après un verre de l’amitié sera offert entre amis. Les liens : http://www.luzchabane.be/ et http://www.lcproductions.be


PAF : le prix des places est de 10 € (sauf pour les artistes, les enfants et les étudiants: 8€).


Places : étant donné le nombre de places disponibles (36) il est préférable de réserver à l’avance sur le mail de la galerie eag.gallery@gmail.com ou par Gsm 0497 577 120.

 

Collectif de la GALERIE :

        

         Leslie BERTHET-LAVAL (Fr) peintures

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         Nathalie AFONSO DELL’OMO (Fr) peintures

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         Laurence BOURDON (Fr) peintures

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         Igor STEPANOV (Ru) peintures

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   Fabrice LETTRON (Fr) sculptures

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A voir également « La grande table en bois » réalisée par l’artiste

         Louis de VERDAL (Fr) sculpture

Et les bijoux d'art des artistes

         Lionel AUBERT et Julie ROBROLLE (Fr) créations en joailleries

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Exposition du 15 janvier au 02 février 2014.

  

INVITATION AU VERNISSAGE

 

Mercredi 15/01 de 18h 30 à 21h 30.

Drink de bienvenue et petits sandwichs fourrés.

 

Espace Art Gallery 35 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles.

Ouvert du mardi au samedi : 11h 30 à 18h 30.

Et le dimanche sur rendez-vous.

GSM : 00 32 497 577 120

Et à titre d’information voici les cinq prochaines expositions:

 

-Titre : « Au-delà de la transparence »

Artiste: Alfonso Di Mascio (It) sculptures et installations.

Vernissage le 05/02 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 05/02 au 23/02/2014.

&

-Titre : « Différents regards sur l’art »

Artistes: Leslie Berthet-Laval (Fr) peintures et Marc Bulyss (Fr) peintures.

Vernissage le 05/02 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 05/02 au 23/02/2014.

 

-Titre : « Palimpseste »

Artiste: Gert Salmhofer (Aut) peintures

Vernissage le 26/02 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 26/02 au 16/03/2014.

&

-Titre : « Différents regards sur l’art »

Artiste: Ann Philippsen de Bellefroid (Be) peintures

Vernissage le 26/02 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 26/02 au 16/03/2014.

 

-Titre : « La blessure de durée » (Aragon)

Artiste: Hans Schmidt (Be) sérigraphies

Vernissage le 19/03 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 19/03 au 06/04/2014.

 

Au plaisir de vous revoir à l’un ou l’autre de ces événements.

 

Bien à vous,

 

                                                        Jerry Delfosse

                                                        Espace Art Gallery

                                                        GSM: 00.32.497. 577.120

                                                         

Le site de l'Espace Art Gallery se prolonge dorénavant sur le Réseau Arts et Lettres à l'adresse: http://ning.it/KUKe1x

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Petite Badinerie sans queue ni tête, n’ayant rien de sage

ou Variation buccale dentesque, et non point dantesque …

 

 

Avertissement satiste en guise de Préambule :

« Bien que nos renseignements soient faux, nous ne les garantissons pas. » [1]

C’est la raison pour laquelle, cette nouvelle inspirée de la réalité ne saurait être pure fiction ! Toute coïncidence, ressemblance ou homonymie avec des personnages de chair et de sang, n'est par conséquent, ni fortuite ni involontaire. Et pourtant… l’imaginaire prévaut, tout en se nourrissant de péripéties manifestes glanées de ci de là, au gré de l’existence humaine et ne saurait en aucun cas engager la responsabilité de son auteur !

 

Oh combien la vie peut parfois être cocasse…et combien savent être savoureuses les facéties de celles-ci, lorsqu’elles se présentent à nous et que nous savons les distinguer !

Il semblerait que j’ai fait un songe un rien étrange, en cette nuitée étoilée de jour finissant, glorifiant une Sainte, l’ « égale aux apôtres » ignorée des Latins mais révérée des Orientaux…

Oui, tandis que la fête de Marianne instituée par le calendrier grégorien s’apprêtait à s’éclipser, en cette vingt et unième journée du mois de Messidor, correspondant pour l’éphéméride républicain cocardier, « au jour de la menthe », quelle ne fut pas alors mon ébahissement de distinguer en sourdine, des voix qui tissaient un dialogue insolite, dont il me sied de vous révéler, dépouillée de fausse pudeur,  quoiqu’il soit intime, puisque, toutes esgourdes en alerte, aiguisée par la curiosité ( qui ne constitue pas « un vilain défaut » ne vous en déplaise, contrairement à ce qu’un certain dogme manichéen prêche, mais représente plutôt à mon sens, une source d’enrichissement...), j’eus le privilège d’ouïr un échange des plus baroques, mettant en scène deux protagonistes, que je vais m’attacher à vous dévoiler.

« Quels étaient donc ces personnages formant un duo qu’il me fut loisible de surprendre », m’interrogerez-vous, piqués au vif par un intérêt évident ? 

-Tout simplement des hôtes profondément enracinés dans l’antre secret où siègent mes papilles gustatives, aux antipodes, hélas, d’un palais princier, hébergés de concert par mes mandibule et maxillaire, se faisant face, côté cour et côté jardin, telles deux loges d’un Opéra dit à l’Italienne situées en vis à vis, « dents de sagesse » ou « dents de l’amour » m’ayant causé, jadis, bien des palpitations, si ce n’est des ravages, les démones, et par conséquent, n’ayant rien, mais vraiment rien de sage, je puis vivement vous en témoigner,

Et c’est ainsi qu’avec pour auditeurs libres, incisives, canines et prémolaires entrant dans la danse de la confidence, je fus conviée à ce « Colloque sentimental » particulier, défrayant la chronique,  donné mezza voce par celles désignées en langage un brin « savant », sous le titre de « troisièmes molaires »:  

 

« Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !

N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie? […]

Ô cruel souvenir de ma gloire châtiée ! […]

Et ne suis-je blanchi dans les travaux passés

Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? »[…]

Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ? »[…][2]

 

se lamentait la forcenée ouvrant le bal des « réjouissances », révoltée de ce que ce coquin de sort lui avait délivré !

Ce à quoi, la deuxième, orgueilleuse au demeurant, son pendant de l’autre bord, tendance « rive gauche », l’admonesta formellement, en vertu du critère probant qu’elle n’avait jamais eu à faire au terrible « arracheur de dents » patenté, contre lequel, ma gencive supérieure « conserve une dent », le bien nommé Docteur Rabatjoie, chantre d’instruments de torture dentaire, maniant Daviers, Ciseaux, Fraises, Fouloirs, Pelles, Polisseuses à froid, comme il conduirait un rouleau compresseur, voire un bulldozer, soit, dénué de la plus infime dextérité digitale, de délicatesse à fleur de peau ou soyons précis, à fleur de tire-nerf, à l’inverse d’un affable praticien de notre connaissance, doué d’une fine psychologie,  salué présentement par l’une de mes « cassantes », antithèse de ce « faux frère » de sa confrérie, exerçant sa vocation avec délectation, et une aisance rayonnant d’une chaleur solaire revigorante fondée sur des valeurs de l’anthroposophie[3], le subtil et humaniste Docteur Àcoeurjoie, également adepte éclairé de l’Hypnose ericksonienne …

Mais reprenons si vous le voulez bien, le fil conducteur de notre historiette, là où nous avons abandonné celui-ci un peu plus tôt, à l’endroit de la scénette où l’offensée se prévalait d’une ambition démesurée : demander réparation à « ce Diafoirus de l’écarteur », sa farouche ennemie, dédaigneuse des vains trémolos et sanglots boursouflés subis, déterminée à couper la chique à cette larmoyante coreligionnaire,  ayant en amont préparé sa prédication :

 

« De quoi, oses-tu te plaindre, ingrate en furie ?

N’as-tu point la primeur, d’être la mieux servie ?

Allons, scélérate harpie, foin, je te prie

De tes vaines Lamentations de Jérémie !

Quelle honte pour notre grande fratrie réunie !

Diantre, tu me fais perdre mon flegme, legs d’Olympie !!! »

 

Interloquée, devant la violence de cette échauffourée truffée de vilenies, je fus sitôt incitée à m’efforcer d’apaiser de semblables dissensions entre ce faux couple d’alliées de ma denture, issu cependant de la même origine, se fréquentant depuis le berceau, une fois les « dents de lait » ayant pris la poudre d’escampette, appelé désormais à se côtoyer au quotidien, désirant le sermonner sur le champ pour user de ce ton par trop offensif, n’appréciant que modérément le précepte traduit de la « Peine du Talion » : « œil pour œil, dent pour dent » !

Qui de l’une ou l’autre avait conservé une dent contre sa « sœur », n’était certes pas la question, comme l’aurait professé le Seigneur Hamlet, Prince de nos mélancolies ! Car, de part et d’autre, sévissait une « dent dure », et les donzelles antagonistes semblaient loin de désirer sceller une esquisse de pacte de paix ! Savoir laquelle d’entre-elles avait déclenché ces hostilités importait, en l’occurrence, fort peu ! Ces nouvelles rivales fraichement déclarées, étaient incontestablement aussi avides d’affrontements sanguinaires que Caïn et Abel, géniture de nos Premiers Parents, Adam et Ève, chassée du Paradis pour avoir eu la tentation de croquer à belles dents le fruit défendu et j’avouerai franchement à quel point il me répugnait à les départager, refusant de jouer au juge assesseur assigné à instruire pareil féroce combat !

Orage, tourmente, tornade, désespérance, quoiqu’il en soit de la définition exacte du sentiment généré par ce duel annonciateur de rixe fratricide, nous ne pouvions que nous positionner en obsédés textuels dans le dessein d’admettre le fait suivant : «  le vent se lève, il faut tenter de vivre »[4].

Animée de cette saine détermination, nous prîmes la ferme résolution de nous « armer jusqu’aux dents » (j’emploie volontairement le pluriel en tant que personnalité double née sous la constellation zodiacale de figures gémellaires aériennes, dignes émissaires des Dioscures Castor et Pollux) du moins, celles décidées à nous emboiter le pas, quitte à nous faire menaçants et à les montrer…ces fameuses dents, n’étant pas du genre « à claquer des crocs » à la moindre intimidation ! Que diable, on a de la trempe, ou on n’en a pas !

Sans pour autant, « prendre le mors aux dents » ou encore moins « être sur les dents », il nous fallait montrer une part de notre tempérament et ne pas nous laisser nous en conter par ces réfractaires à l’harmonie, se plaisant perfidement à plomber l’atmosphère, « dents creuses ou chicots en dents de scie », « branlantes » faisant une concurrence déloyale aux mines de charbon, au sombre Pic du Midi ou au Mont Perdu !

Ainsi, nous engageâmes avec ces bougresses de « claquantes » entrées en rébellion, claquemurées dans leur habitat troglodytique, un âpre entretien afin de leur faire entendre raison !

Peine perdue ! Notre harangue moralisatrice crânement énoncée dévolue à leur faire entrevoir à quel point le ridicule émanait de leur lutte intestine pour le pouvoir, fit « beaucoup de bruit pour rien », et fini par pitoyablement échouer !

Nous eûmes beau dire et beau faire, en brandissant par exemple, l’ultimatum de leur couper les vivres, leur promettant qu’elles auraient à se mettre sous leur « nicotte », qu’un régime drastique composé de pain sec et d’eau, il nous fallu nous résoudre à lâcher prise devant la ténacité de ce conflit « dentesque » de nos « tabourets de la gargote » incriminées !

Bref, acidité et rancune étaient au menu, étant donné que ces pestes y allèrent de leur défense en ne manquant pas de nous remémorer notre part de responsabilité dans la déliquescence de la noble matière originelle de leur constitution, faute d’équilibre nutritif, oblige ! …

Hallucinant ! Du rôle d’agressées subissant l’assaut de leur déchainement, nous fûmes en quelques minutes catapultées dans la position  inconfortable de celles que l’on pointe du doigt ! Tout juste, si nous ne discernions pas le ministère public prononcer la phrase clé rebattue, à l’aide de dentales affutées :

 « Accusées, levez-vous ! »

Pour l’heure, nous ne saurions occulter le concret de ces tribulations qui nous faisait ressentir le danger imminent sous-jacent et qui nous obligeait à admettre que nous n’en menions pas large (nos « canettes » apparentes, de vraies perles, convenons-en, participant à faire tout le charme de notre exquis souris prenant dans ses rets force loups transformés en agneaux, s’entrechoquant à l’envi, esquissant une sorte de branle de Bourgogne...) tandis qu’une seule et unique aspiration nous animait : rétablir un semblant d’ordre et de quiétude au sein de ce logis exigu et confidentiel, la suite de notre « mobilier » surnommée « touches de piano » acquiesçant à ce dessein, ô combien salutaire !

Comment nous vînmes à bout de cette sotte escarmouche, en exigeant des belligérantes qu’elles enterrent ad vitam aeternam, la hache de guerre ?

 

Mon Dieu, ne l’avez-vous point déjà pressenti ? Donneriez-vous votre langue au chat ?

Désolées de vous décevoir, sinon de froisser votre susceptibilité, mais notre trio de Mousquetaires régnant du haut de leurs pattes de velours sur nos cœurs de grisettes chattesques, fauves miniatures apprivoisés, condescendant à partager leurs appartements avec les bipèdes que nous sommes, ne se régalent que de viande de volailles extra « élevées » aux grains et minéraux, estampillée d’un label fermier…

Moralité : reprenez, nous vous en prions instamment, votre langue concédée prématurément aux beaux sires à longues vibrisses, car nul doute, que nos aristochats en délicats gastronomes de l’Ancien Régime, nantis d’un palais éduqué digne d’un Prince ou à la rigueur d’un Duc ou du Marquis de Carabas, bouderont votre offrande, préférant la disette à ce type de chair, « abats » qu’ils daignent consommer qu’à titre exceptionnel, sous forme de foies de gallinacées, ayant, de surcroit, « les dents trop longues » pour se contenter d’un morceau carné à l’échelle minimaliste !

Trêve de badinages ! Vous brûlez d’apprendre, nous le devinons, comment ce tableau à deux personnages, s’est achevé ? Ah, si seulement nous le savions nous-mêmes !

Imaginez-vous qu’au moment suprême, où nous nous apprêtions à rabattre le caquet de ces broyeuses de denrées comestibles transformées en véritables pièces d’artillerie, comme fait exprès, les aiguilles de l’horloge marquèrent 7 heures, réveil matin que nous aurions pour une fois, tellement voulu voir « grippé », et qui néanmoins, retentit, nous rappelant, plus que jamais implacable, les astreintes au programme de notre agenda…

Nous nous surprîmes à Maugréer « entre les dents », du moins celles qui nous restaient, un vague :

« Divin Morphée, ô inconstant et cruel Amant, pourquoi veux-tu déjà nous délaisser ?»…

Dorénavant, il ne nous restait plus qu’à« Serrer les dents », du moins celles exposées en vitrine, jusqu’à en gricher afin de maitriser de dérisoires vociférations, puis à nous extirper de notre litière à la romaine, contre notre gré, est-il nécessaire de le relater, en ne les desserrant pas… « les dents », vaincues de reconnaitre, la bouche desséchée et pâteuse, que nous devions renoncer à bénéficier de l’épilogue de cette bouffonnerie, variante de la Farce de Maitre Pathelin, remettant aux calendes grecques l’espoir d’une intrigue heureuse ou plutôt lorsque « les poules auront des dents », répondant par automatisme et donc, « toutes dents dehors » à la question immuable inaugurant la fin de nos chimères, formulée par notre prévenant compagnon… n’attendant, même pas notre réponse :

« Avez-vous bien dormi, chérie, ma belle au bois dormant » de mes songeries éveillées les plus folles ?

Vous semblez, comme à l’accoutumée, fraiche comme un bouton d’églantine, Mignonne, mieux, comme « une rose, qui ce matin avait déclose sa robe de pourpre au Soleil » [5]!

C’est votre éternel « Prince charmant » et charmé à la Charles Perrault qui vous le déclare ma mie, et croyez m’en, « votre teint au sien pareil », à l’opaline de cette Rosacée, ne saurait souffrir nulle autre comparaison, excepté, peut-être avec son altesse le Lis candide, dit Lis de la Madone, qui, de sa tunique immaculée de noble gentilhomme, semblant se substituer aux Trompettes de Salomon, eût pu soutenir de vous être confrontée, « mon enfant, ma sœur [6]», ma Fiancée du Cantique des Cantiques[7] »…me complimenta, soucieux de m’amadouer, sourire ultra Bright de rigueur affichant en devanture ses incisives triangulaires non retouchées, à l’émail atteint par la jaunisse, le « Prince Charmant » en question, prêt à chevaucher son destrier pour affronter, si ce n’est terrasser, le dragon concurrent ennemi, tout au long de la sainte journée.

Oui, apparemment satisfait de sa saillie on ne peut plus spirituelle, mûrement improvisée…durant son insomnie inaugurée au crépuscule par les hululements de l’altière chouette effraie qui l’effrayait au plus haut point, le galant cogitait depuis sa veillée forcée jusqu’au lever de Monseigneur l’astre solaire, quelle stratégie efficiente à adopter afin de parvenir à nous charmer dès le saut de notre couche amorcé.

Et c’est ainsi, qu’il cru judicieux et de bon aloi, l’innocent, de déployer ce qu’il prétendait être ses meilleurs atouts de séducteur, en mettant à contribution ses zygomatiques, se fendant d’un rictus chargé de lever le rideau sur son aimable denture, riant de tout son « râtelier », n’ayant cure de se casser les quenottes, ou de tout autre incident de parcours !

À l’instar de ses semblables de son signe du zodiaque, pourquoi voulez-vous, que cette bête à cornes non châtrée de l'espèce Ovis aries bêlant à ravir, faisant ainsi frémir un cœur de pierre, se résigne à abdiquer, puisque aucune créature humaine ne saurait lui résister, était-il persuadé dans son for intérieur…

Qu’avait-il donc bien à perdre en « prenant la lune avec ses dents »[8] ?

Nous vous laissons le soin de le deviner

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Le 9 Juillet 2013,

Valériane d’Alizée,

© Tout droit de reproduction réservé


[1] : Axiome du compositeur Érik Satie, qui partageait avec Alphonse Allais, lui aussi honfleurais, un esprit affûté et d’une grande finesse…

[2] : Pastiche de l’illustre Monologue de Don Diègue du Cid  de Pierre Corneille (Acte I, scène IV de la Tragédie)

[3] : Le terme anthroposophie largement repris par Rudolf Steiner féru entre-autres, de la pensée goethéenne et nietzschéenne, provient au niveau de l’étymologie de anthropos et Sophia,  représente une philosophie de l’existence qui s’appuie sur l'observation et le penser, deux piliers fondamentaux de toute connaissance ; état d’esprit, manière d’appréhender la vie qui proposent, par une intensification conjointe aller-retour de ces deux activités, de faire l'expérience de l'essence du penser, qu'il nomme le penser pur. De ce dernier, l'homme doit pouvoir tirer en toute autonomie le motif de ses actions et agir alors librement. C'est ce que Rudolf Steiner a appelé « l'individualisme éthique ». L'anthroposophie se fonde sur l'affirmation d'un dépassement possible de la vision matérialiste de la nature et du monde en y ajoutant les niveaux suprasensibles de l'existence : processus vitaux, âme et esprit. Selon Steiner :

L'interprétation correcte du mot « anthroposophie » n'est pas « sagesse de l'homme », mais « conscience de son humanité », c'est-à-dire : éduquer sa volonté, cultiver la connaissance, vivre le destin de son temps afin de donner à son âme une orientation de conscience, une sophia4. »

L'anthroposophie cherche à développer en l'homme les forces nécessaires pour appréhender ce qui existerait au-delà des sens : monde éthérique ou monde des forces formatrices, monde psychique ou astral, monde spirituel. Pour Kant, l'homme ne peut pas connaître ce qui est au-delà des perceptions sensorielles. Pour l'anthroposophie, l'homme peut développer en lui les facultés qui lui permettent de dépasser cette limite.

Sur ce chemin, la connaissance de soi et le développement des forces morales sont présentés comme indispensables pour éviter les « décollements » et prévenir les dérapages. La règle d'or est celle-ci : Quand tu tentes de faire un pas en avant dans la connaissance des vérités occultes, avance en même temps de trois pas dans le perfectionnement de ton caractère en direction du bien. »

[4] : Fameuse devise extraite du « Cimetière marin » de Paul Valéry

[5] : Emprunt à la célèbre « Ode à Cassandre » de Pierre de Ronsard, in les Odes ,1550

[6] : Allusion aux premiers vers de « l’Invitation au Voyage » de Charles Baudelaire, poème tiré des Fleurs du Mal, 1857

[7] : En référence au livre de la Bible dont le titre en hébreu est שיר השירים, Chir ha-chirim, « Cantique des Cantiques », dit aussi Cantique de Salomon revêtant une forme de longs poèmes, « Chants lyriques d’amour » échangés entre un homme et une femme. Il fait partie des autres écrits au cœur de la Bible hébraïque et des Livres poétiques de l'Ancien Testament (la première partie de la Bible chrétienne Il représente une part de la littérature sapientiale (de sagesse), sans doute l'une des raisons qui font qu'on a voulu le relier au roi Salomon. Cependant, malgré la présence de certains archaïsmes dans le texte, la langue et le style sont assez tardifs et font penser à l'époque perse ou même hellénistique (IIIe s. av. J.C.). Comme pour tout livre vétéro-testamentaire, la rédaction du Cantique des Cantiques a probablement une très longue histoire.

[8] : Expression signifiant »tenter l’impossible…

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Moha le fou, Moha le sage

12272709853?profile=original« Moha le fou, Moha le sage » est un roman de Tahar Ben Jelloun publié en 1978.

Le rapport médical est formel: "Ahmed R. est décédé d'un arrêt cardiaque [...]. Qu'importe les déclarations officielles. Un homme a été torturé." Il avait vingt-six ans et était accusé de "troubler l'ordre public". C'est la parole de cet homme que capte Moha la sagesse, la dérision. Suivi par tous les gamins, il est lui-même, malgré son grand âge, resté cet enfant dont le pouvoir est dans les mots. Témoin de trop de misères et de scandales pour se taire, il déambule dans une ville maudite par l'argent, le mensonge et la lâcheté. Aïcha, paysanne louée au patriarche à l'âge de douze ans, fait le ménage et ne parle jamais. De retour de son pèlerinage à La Mecque, le patriarche a rapporté des soieries, des diamants et Dada, l'esclave noire achetée au Soudan pour satisfaire ses désirs, muette elle aussi. Le maître venait à elle "comme un taureau furieux et prenait la femme en silence", mais Dada ensorcela le maître et le rendit fou. Moha parle aussi pour les enfants des bidonvilles, nés adultes, et qui à la mosquée rencontrent des fanatiques "armés de corans et de poignards". Moha est emprisonné parce qu'il déchire des billets de banque dans la rue. Reconnu fou, il est libéré, et va retrouver son ami Moché, le fou des juifs; ils croisent leurs souvenirs, leurs regards sur un monde malade. Puis il va rencontrer le directeur de la banque, qui hait la poésie et prône l'usage de la force. Le pays tout entier est dans le coma à l'exception des enfants et des fous. Moha hurle sur la place publique, une ambulance vient l'arrêter. Diagnostic du psychiatre: "Poursuit sa bouffée délirante, trouble évident de la personnalité, continuer l'électrochoc." Moha est enterré dans un trou du cimetière des pauvres, mais il continue de parler et bientôt sa tombe est envahie. Les autorités ferment le cimetière et concluent à l'inexistence de Moha, mais sa parole continue à circuler dans les rues, les mosquées. "Qu'importe ceux qui me poursuivent de leur hargne. Ma folie a fait des trous dans leurs certitudes."

 

Improprement appelée "roman", cette oeuvre intègre des procédés qui tiennent du théâtre, du reportage, de la poésie. L'écriture polyphonique se veut sans frontières, à l'image de cette parole souterraine qui s'insinue dans les consciences pour effriter les certitudes. Cette variété formelle s'accompagne, sous forme d'un apparent délire, d'un ton de provocation. En proclamant bien haut ce qui fut pudiquement tu, l'écriture de Tahar Ben Jelloun veut déranger. Sa fureur iconoclaste ne relève pourtant pas de ce que l'on nomme habituellement l'"engagement"; sinon d'un engagement contre la médiocrité, la torpeur et au service d'une "guérilla" menée à l'intérieur d'un système linguistique. Pour s'approprier une parole refusée, l'auteur fait donc imploser le langage pour faire surgir des signes nouveaux capables de dire des réalités hallucinantes, de décrire des blessures insupportables. L'écriture devient une arme de dénonciation.

 

Dans Moha le fou, Moha le sage, toutes les réclusions sont exposées au grand jour. Le texte cristallise toutes les révoltes et toutes les misères - à commencer par celle de la femme. Moha entend les cris de toutes les femmes emmurées, de toutes les femmes vouées au mutisme et à la peur, insatisfaites, labourées par des siècles de silence et de brutalité. Il encourage également à contester l'oppression qui s'appuie sur une interprétation tendancieuse du texte coranique: "Ils font dire ce qu'ils veulent au Livre." "Ils", ce sont les hommes dans leur avidité de pouvoir, et leurs victimes ont pour nom Aïcha ou Dada, murées dans un silence forcé. La religion est dénoncée comme rempart facile, sous couvert de fatalité, pour justifier tous les abus, toutes les exploitations, tous les mensonges. Nu devant les hommes et devant son époque, démuni de tout excepté de ses mots, Moha le justicier exerce sa conscience, sa lucidité et sa subtile ironie sur un monde assoupi et résigné qui célèbre le culte de l'argent et de la possession. Il prophétise à qui veut l'entendre le vent de la démence et de la décadence.

 

Ce texte est la pure expression d'un monde arabe où explosent les conflits, les violences mais aussi les aspirations. L'espace de la folie s'y instaure comme espace de liberté. Moha parle, pour lui et pour tous ceux qui n'ont pas de voix. Il parle de façon désordonnée, absurde, excessive, dénonçant ainsi la rhétorique du pouvoir. Au savoir scientifique du psychiatre qui l'examine, Moha oppose une expérience de trois siècles. A la certitude du médecin sur l'identité du sujet et la recherche de l'équilibre rationnel, il oppose sa diversité: "Je suis une ambiguïté et une confusion étonnée. Voilà ce que je suis: étonné." Moha pratique l'étonnement comme école de vie, comme méthode d'appréhension du monde. De cette distance naît une lucidité; cette lucidité amère, douloureuse, marginale et dérangeante que l'on appelle "folie".

 

Ainsi, Moha le fou, Moha le sage est avant tout un langage, forgé à même la langue française, qui tente de conquérir une liberté clandestine pour crier toutes les déchirures; mais aussi un appel à la lucidité et une plainte contre l'indifférence.

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12272956682?profile=originalEcole vietnamienne (Huê, dans la Cité interdite)

Comme j'ai pu le constater du nord au sud l'école vietnamienne de peinture est particulièrement dynamique. Partout, du moins dans les régions touristiques, des peintres créent, s'affirment et exposent dans des galeries ou de simples échoppes. Capables de s'adapter aux goûts de tous les publics, ce sont aussi de remarquables copistes. Mais ce sont bien sûr les toiles originales, mariant tradition et innovation qui ont retenu mon attention.

12272957457?profile=originalEcole vietnamienne (Hôi An, Art Gallery 31)

Je ne présente pas nécessairement les grands maîtres d'aujourd'hui, du moins reconnus comme tels, côtés et catalogués, mais j'ai glané ça et là quelques oeuvres qui m'ont vraiment accroché l'oeil et le coeur. Je ne connais généralement pas leurs auteurs, aussi je vous les livre telles quelles dans une petite galerie vivante et authentique.

12272958265?profile=originalEcole vietnamienne (Hôi An)

La seule réserve que j'émettrais c'est que lorsque ces artistes tiennent un idée, ils la déclinent un peu trop quitte à créer de nouveaux stéréotypes et à perdre leur âme. Nous pouvons cependant leur faire confiance pour éviter cet écueil.

12272958683?profile=originalEcole vietnamienne (Hôi An)

D'ailleurs Jean Gallotti prédisait déjà en 1931 "Qui sait si la renaissance de l'art ne viendra pas, un jour, de quelque région très lointaine ?" dans un article "L'Ecole des Beaux-Arts d'Hanoï" (in L'Illustration, hors série, juillet 1931).

Alors, à vous d'en juger...

12272959460?profile=originalEcole vietnamienne (exposé sur une île du delta du Mékong).

Pour terminer une curiosité...

12272959858?profile=originalTrait puissant, proche de la calligraphie, on sent ici l'influence de la grande tradition chinoise depuis "Les peintres des Tang* qui excellaient dans la peinture  de chevaux étaient nombreux, mais Cao Ba* et Han Gan* sont les plus fameux. Leurs principes étaient nobles et anciens, et ils ne cherchaient pas la ressemblance formelle.", écrivait déjà le peintre et lettré Zhao Meng Fu*.

Le pittoresque de l'histoire est que j'ai pris cette photo dans un... dépotoir de Hôi An où cette toile était reléguée ! Lavis lacéré.

Michel Lansardière (texte et photos)

* Dynastie Tang 618-907, Cao Bao ca 74-770, Han Gan ca 706-783, Zhao Meng Fu 1254-1322.

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IL EN FAUT...

Il en faut des caresses pour que l'on se console

D'un trop plein de détresse, de cette vie qui désole.

Et qui n'a  pas compris l'esprit de thérapie

Deviendra sec et froid au déclin de sa vie...

Il faut donner l'amour, par défaut, par folie

Afin de supporter les revers de la vie.

Car si l'on peut encore s'imprégner de soleil

L'esprit sera en paix si le corps s'émerveille!

Centrer tout son courage dans une manière d'être

Et à nos sensations ouvrir grand les fenêtres!

La mort est tout au bout et pour chacun de nous

Mais aujourd'hui en vie place à nos désirs fous!

J.G.

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Un Noël floral...

Message à l'attention des amis de notre réseau Arts et lettres,

J'ose espérer que chacun de votre côté, vous vous apprêtez à vivre une chaleureuse célébration de Noël, que vous en fassiez une festivité profane, ou au contraire sacrée, loin de l'aspect mercantile qu'est devenue cette fête, et surtout que personne parmi vous ne restera solitaire en cette veillée du 24 Décembre et jour du 25 inclus.

Je vous présente également tous mes vœux les plus florissants à l'aube de ce nouvel an.
Que les souhaits qui vous tiennent à cœur s'accomplissent, et que notre seul vrai trésor, la santé, nous permettent la réalisation de nombreux projets...
Et surtout, surtout, soyons un brin utopistes, que l'année 2014 soit le moins possible éprouvante en barbarismes de par le monde...

Floralement vôtre,
Une Valérianacée

Post-scriptum : Je vous ai concocté un court dossier concernant cette corolle hivernale, à partir de mon impulsion de vous faire partager un texte de Colette nous livrant un portrait de la Rose de Noël.

J'espère qu'il suscitera votre intérêt.

À propos de la Rose de Noël.pdf

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administrateur théâtres

12272985487?profile=originalVoici une savoureuse infusion d’Agatha Christie, de costumes des années 40, de promenades dans les coulisses du Phantom of the Opera (on scrute quand même le lustre sous lequel on passe lors des déambulations), un soupçon du charme discret de « Remains of the Day » et un à-bras-le-corps avec le personnage principal de l’ « Inspector Calls » de JB Priestley, …que vous interpréterez vous-même! La morale de l’histoire s’avérera d’ailleurs être la même que celle de la première pièce en anglais que vous avez  dû lire jadis quand vous étiez au collège. Au collège ? Mais oui, c’est là que cela se passe ! Ou plutôt au théâtre du collège Saint-Michel où il vous sera demandé de résoudre l’énigme de qui a réellement tué le baron d’Arras, fraîchement réfugié dans le théâtre avec toute sa domesticité, sous l'occupation allemande en 1944.


Il n’y a pas de metteur en scène à féliciter mais toute une compagnie de gens du théâtre (quatre anciens de l'IAD), qui se connaissent bien et se plaisent à écrire et à jouer ensemble. La compagnie  LAZZI véhicule un art totalement vivant, plein d’humour et de brio, aussi éphémère que la musique d’un concert, mais combien vibrant. Chaque représentation est différente selon les réactions du public partagé en quatre groupes de spectateurs qui arpentent les lieux de la représentation. Le spectacle fut créé au château de Modave en 2003, un lieu certes riche en salons, corridors, chambres, bibliothèque et autres recoins secrets.


En 2013 c’est la découverte des dédales d’un autre lieu d’histoire, le Théâtre Saint-Michel, qui nous guette des caves aux combles… en passant par d’anciennes classes de ce collège mythique qui a vu s’écraser à deux pas de ses murs un V2 meurtrier en 1944. Le cœur du spectateur palpite d’ailleurs dès les premières sirènes, les mêmes que celles entendues par nos aïeux.


Les quatre groupes voient le spectacle dans un ordre différent, menés chacun par un domestique sarcastique en diable qui ferait bien dans un thriller. La proximité jette des frissons d’effroi. Il n’est pas interdit de prendre note - ce que firent certains, à tout hasard - et évidemment tout se résout à la fin, sur la scène principale, entre rires et larmes, sous le regard critique des quatre impayables domestiques. On a vite un suspect en tête… on a le temps d’échafauder entre les scènes et on a envie de se laisser prendre au jeu. Les spectateurs n’hésitent pas à confronter leurs impressions pendant leur périple labyrinthique. La fin du jeu est le nom d’une pièce célèbre d’Eugène Ionesco qui virevolte dangereusement sur un bouquet de citations musicales parodiques complètement surréalistes! Ouf un peu de détente en même temps que la morale de l’histoire!


12272985666?profile=originalEn plus de cette approche insolite, le public est comblé par la très belle dramatisation. Le majordome, Matthias fourbe et splendidement servile malgré la rage sociale qui lui étreint le cœur est plus vrai que nature sous les traits de Thomas Linckx. La baronne Marguerite prend des airs de Marlène, oscillant entre alcool et femme fatale ou femme délaissée. Elle est merveilleusement croquée par une excellente Evelyne Rambeaux. La gouvernante Adèle, qui n’a rien d’une grande sèche, s’est glissée sous les traits joviaux de Pascale Vander Zypen, une femme diabolique ? Tandis que son comparse, Christian Dalimier incarne parfaitement le grand échalas de peintre de salon, Henri Rolin, épuisé d’être aux petits soins d’un mécène qu’il méprise.

12272986660?profile=originalMalgré les pérégrinations, on ne perd jamais le fil de la toile où sont enfermés les personnages. Au contraire la mosaïque de la comédie de mœurs se fait de plus en plus lumineuse, jusqu’au(x) coup(s) de théâtre de l’apothéose. Mais qui a donc tué d’un coup de couteau dans le dos, le Baron d’Arras dans le bureau?


La mise en espace très habile des scènes recrée minutieusement l’atmosphère de l’époque. Clap, moteurs ! Va-t-on être filmés avec les acteurs? Un vidéaste n’a pas cessé d’accompagner le groupe rouge! Et finalement  le concept vivant du spectateur obligé d’arpenter l’énigme dans tous les sens, replongeant à chaque fois dans un nouveau bain de mystère, est  fort porteur. Si vous allez au théâtre pour vous endormir… c’est raté ! Le résultat est une pétarade de fiction romanesque et de petit bonheur théâtral de grande qualité. Entre nous, c’est vif, c’est enlevé, c’est acéré et grinçant à souhait, comme une ghost story! De quoi clore avec brio une année 2013 qui n’a pas toujours plu à tout le monde!

Quanddu 26 décembre au 31 décembre
Horaire20h15
Théâtre Saint-Michel
2 rue Père Eudore Devroye
1040 Bruxelles
Prix12-22€ / 14-24€ (le 31/12)
Réservation02 737 04 40
Réservation par emailbilletterie@theatresaintmichel.be

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administrateur théâtres

12272976692?profile=original12272977453?profile=original12272979888?profile=original12272980084?profile=originalLe  nouveau Musée de Bruxelles :  le « Musée Le Fin-de-Siècle Museum »

Après l'inauguration en 2009 du « Musée Magritte»,  dont les recettes témoignent de l’excellente santé touristique, voici  enfin inauguré depuis le 6 décembre 213, le « Musée Le Fin-de-Siècle Museum ».

Il fait partie des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB).   Il a pris ses quartiers dans les salles de l'ancien Musée d'Art moderne qui n'avaient plus été rénové depuis 1989 et fut  fermé depuis février 2011. De nombreuses plaintes se sont succédées, estimant que Bruxelles, capitale de l’Europe, se devait de  posséder un musée d’Art moderne digne de ce nom.

12272978275?profile=originalCONSTANT MONTALD, Nymphes dansant, v. 1898, huile et détrempe sur toile.

 Enfin !  Plus de 400 œuvres allant de 1865 (date de la fondation du  cercle artistique la Société libre des Beaux-Arts) à 1914  sont désormais exposées sur quatre niveaux et  un espace de 4.500 mètres carrés. Nous  ne possédons pas comme en France  la verrière lumineuse  d’une  gare d’Orsay pour accueillir les merveilles de nos années 1900 mais vous viendrez  néanmoins admirer des  artistes comme Maurice Maeterlinck, Emile Verhaeren, James Ensor, Fernand Khnopff et son célèbre tableau énigmatique « Les caresses », Léon Spilliaert, Victor Horta, Octave Maus, Henri Van de Velde, Maurice Kufferath, Guillaume Lekeu... Vous découvrirez les instants fugitifs et grandioses des marines de Louis Artan.  De belles  confluences se retrouvent avec des œuvres d’artistes étrangers tels que  Paul Gauguin, Auguste Rodin, Georges Seurat ou Pierre Bonnard.

12272980893?profile=originalPierre Bonnard : « Nu à contre-jour », ca. 1908

Cette  nouvelle institution culturelle belge met en évidence une  Belgique des plus rayonnantes sur le plan culturel à cette brillante époque et se veut très éclectique. Une des  salles est aussi  prévue pour des expositions  temporaires. Cette salle accueille dès aujourd’hui la dernière (26e) exposition à ouvrir ses portes  dans le cadre d’Europalia. Une exposition consacrée à  des photographes d’époque qui ont rapporté vers l’Occident les premières photos du Taj Mahal et de la vie quotidienne en Inde  en 1900.

Une section entière de cette entité muséale est consacrée à 230 œuvres Art-déco issues de la collection cédée par la famille Gillion Crowet  qui seront exposées en permanence dans ce nouveau musée : vaisselle, mobilier, vases d’une incomparable beauté. Cet ancien ensemble privé regroupe plus de 100 verreries (Gallé, Decorchemont, Daum, Val Saint-Lambert), des pièces d’orfèvreries (Wolfers), de mobilier (Majorelle, Gallé et Horta) et de nombreux tableaux (Khnopff, Mellery, Carlos Schwabe, Mossa et Delville). Un don d'un million d'euros a permis de dessiner l'architecture de la salle et la collection est estimée à 20 millions d'euros. Une salle entière est consacrée à James Ensor. Une autre à Spilliaert.

 Le caractère pluridisciplinaire est évident. C’est ce qui attire  en particulier le visiteur étranger.  La Monnaie a prêté des enregistrements et des maquettes sur l’opéra de l’époque. Le musée du Cinquantenaire prête une partie de sa collection de photographies anciennes. La Bibliothèque Royale expose de précieux documents littéraires. La Cinematek projette de petits films du début du 20e siècle. Des écrans tactiles permettent d’explorer des édifices Art-Nouveau caractéristiques de la Fin-de-Siècle dont la bourgeoisie florissante de l’époque s’enorgueillit et se passionne.

12272977488?profile=originalEugène LAERMANS (1864 - 1940), Les émigrants, 1894, Huile sur toile, 150 x 211

De l’impressionnisme au  réalisme social de Constantin Meunier et d’Eugène Laermans ou de Léon Frédéric, au post-impressionnisme, partout souffle l’esprit d’avant-garde de l’époque. Tandis que l’onirisme des  nymphes gracieuses du peintre symboliste  Constant Montald  fait rêver et songer à ce que peut être un âge d’or. « Age éblouissant mêlant décadence et espoir, splendeur et mélancolie, l’art «fin-de-siècle» rassemble un grand nombre de chefs-d'œuvre de la création belge et européenne entre 1880 et 1914, dans les différentes disciplines artistiques (la peinture, l’architecture, la photographie, les arts décoratifs, la littérature, l’opéra et la musique). » L’objectif  a été  de redéployer les collections fédérales en unités muséales précise Michel Draguet, directeur général des Musées Royaux des Beaux-Arts et de présenter Bruxelles au visiteur  comme le carrefour  de l’effervescence créative  de l’Europe. Le salon des XX (1883-1894) et La Libre esthétique (1894-1914) des courants particulièrement ouverts sur les artistes étrangers.

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Fernand KHNOPFF (1858 - 1921), Des caresses, 1896, Huile sur toile, 50.5 x151

La réorganisation des collections publiques se poursuivra avec l'inauguration en 2016 d'un nouveau musée consacré aux œuvres postérieures à 1914, a assuré Michel Draguet. Cela étant, de nombreuses instances culturelles continuent à  déplorer le manque de moyens financiers et humains  mis à la disposition des musées pour entretenir les trésors inestimables  que recèlent leurs caves, où la conservation même des œuvres devient un sérieux problème. Les infrastructures ouvertes au public sont elles aussi menacées par la vétusté  … ou les  infiltrations d’eau. On est encore sous le coup de la fermeture de la splendide exposition L'HERITAGE de Rogier van der Weyden  qu’il a fallu fermer précipitamment  après quelques semaines à peine  d’ouverture,  pour cause d’insalubrité pour les œuvres exposées.  L'œuvre d'une vie de deux chercheuses émérites, le Dr Véronique Bücken et le Dr Griet Steyaert.   Hélas, on ne peut imputer ces situations dramatiques  qu’à  à la  complexité  du système de gestion mais surtout à  un manque chronique d’intérêt de la part des instances politiques.  

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Paul Gauguin, Le calvaire breton, Le Christ vert, 1889

Huile sur toile, 92 x 73,5 cm © MRBAB, SABAM 2011, [Photo d'art Speltdoorn & Fils]

 

http://www.fine-arts-museum.be/fr/les-musees/musee-fin-de-siecle-museum

Musée Fin-de-Siècle Museum

rue de la Régence, 3
1000 Bruxelles
+32 (0)2 508 32 11
http://www.fin-de-siecle-museum.be
info@fine-arts-museum.be
Itinéraire

http://visitbrussels.be/bitc/static/front/img/db/ContentArticle_408/img_6882.pdf

 

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FUREUR DE VIVRE.

 

Fureur de  vivre,

Sans savoir-vivre,

Jusqu’à l’ivresse.

Rage   de  chérir,

Jusqu’en démourir,

Sous tes caresses.

 

Fureur  de  vivre,

Mort qui délivre,

Du cancer rongeur,

Masque de tabac,

Dort sur le grabat,

D’un rouleau piégeur.

 

Fureur de  vivre,

Vouloir  survivre,

Dans tes désarrois,

Fumée du cercueil,

Tue avant le deuil,

De l’Ankou au charroi.

 

Fureur  de  vivre,

Fièvre de t’aimer,

Nicotine  camé,

Tes clous brûleront,

Jusqu’à l’abandon,

Du grand feu pâmé.

 

Fureur de vivre et d’en mourir……..

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.

 

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BE FILM FESTIVAL, fête annuelle du cinéma belge

Du 26 au 30 décembre, le Be film festival s’installe au Bozar et à la cinémathèque pour un rendez-vous annuel 100% cinéma belge. Depuis 1998, cet événement permet de découvrir en avant-première les films qui ont été tournés dans les deux communautés culturelles du pays mais aussi de revoir, en présence des réalisateurs et des vedettes, ceux qui ont fait le tour des festivals. Pas de gagnants ni de perdants, le Be film ne récompense personne. Mais c’est LA vitrine du cinéma belge et avec son bar festif, c’est aussi un lieu d’échange et de partage.

Le coup d’envoi de la 9ème édition du Be film sera donné le 26 décembre à 19h30 par Les âmes de papier , le dernier film de Vincent Lannoo, un conte de Noël qui sortira au moment de la projection. Cette soirée d’ouverture dévoilera aussi les lauréats du 4ème Nikon film festival. Ils se partageront 16000 euros entre prix du jury, du public et des écoles. Conçu dans le cadre du Short film festival, le Nikon récompense des films de quelques secondes réalisés par des professionnels aussi bien que des amateurs.

Cette année, le festival fait peau neuve. Des prestations en direct, des volets inédits annoncent une ambiance chaleureuse et détendue.

Première innovation de l’édition Be.film 2013 : le festival se dote d’un parrain. Lors de la conférence de presse organisée à la Cinémathèque vendredi dernier, Frédéric Fonteyne s’est déclaré ravi de ce rôle qu’il a commenté avec humour. Le parrain, c’est bien celui qui reprend l’ensemble à son compte en cas de malheur ? Alors c’est parti ! Le projet l’emballe. Rappelons que le Be film est une initiative de l’asbl Un Soir… Un Grain dirigée par Céline Masset et Pascal Hologne.

Deuxième cadeau : inauguration de la première Be film Master class. Elle est confiée à Jeremi Szaniawski, ancien étudiant d’Elicit (ULB), diplômé de Yale et co-directeur du Directory of World Cinema : Belgium (2014). Intitulée Le cinéma entre chien et loup , sa Master class nous fera voyager entre le passé, le présent et le futur du cinéma belge. C’est pour le 29 décembre à 17h30 !

Venons-en à la programmation. Enrichies de performances live, les avant-premières sont prometteuses :

Le monde nous appartient de Stephan Streker sera précédé d’un mini concert du chanteur Ozark Henry (Piet Goddaer).

Tokyo anyway de Camille Meynard et aussi le film de Caroline Strubbe, I’m the same, I’m an other avec un concert live par un trio composé de saxophone, piano et violoncelle.

Dreamcatchers de Xavier Seron et Cédric Bourgeois le dimanche 29.12 suivi par une performance de catch live et précédé du court métrage 3 Vueltas de Méryl Fortunat-Rossi.

Ce même dimanche 29 décembre, il vous faudra choisir entre Traumland de Daniel Lambo précédé par le court métrage de Patar et Aubier Panique au village ou Les perruques de Christel de Christophe Hermans précédé du court de Guérin Van De Vorst Osez la Macédoine .

Puppy Love de Delphine Lehericey et 82 dagen in april de Bart Van den Bempt clôtureront cette galerie d’avant-premières, toutes en présence des réalisateurs et de leurs acteurs.

Autre surprise, le festival s’ouvre cette année au documentaire. Luc Jabon et Alain Marcoen seront de la partie pour L’âge de raison, le cinéma des frères Dardenne le samedi 28.12 à 19h30 avec la participation de Fabrizio Rongione.

Des retrospectives pour les séances des familles de 14h : Nono het Zig Zag Kind de Vincent Bal avec Isabella Rossellini et Ernest et Celestine de Vincent Pater, Stéphane Aubier et Benjamin Renver dans la catégorie cinéma d’animation.

Et aussi Tango libre de Frédéric Fonteyne qui sera accompagné par son actrice Anne Paulicevich, Het Vonnis de Jan Verheyen ou comment se faire justice à soi-même, Une chanson pour ma mère de Joël Franka avec Fabrizio Rongione et Sam Louwyck, Brasserie Romantiek de Joël Vanhoebrouck, et puis Hors les murs de David Lambert, Los Flamencos de Daniel Lambo, Kid de Fien troch et A pelada une comédie de Damien Chemin.

Depuis 3 ans, Be film collabore avec la Cinémathèque. Pour son 75ème anniversaire, celle-ci a offert une carte blanche à 125 réalisateurs belges. Le volet national de cette initiative démarrera le 29 décembre avec Mort à Vignole d’ Olivier Smolders, film choisi par Thomas de Thier (l’auteur "Des plumes dans la tête") et L’imitation du cinéma de Marcel Mariën proposé par le cinéaste d’essai Boris Lehman.

Last but not least, le Be film c’est encore l’occasion de revoir des courts métrages sélectionnés dans le coffret des Magritte comme Le Conseiller de Elisabet Llàdo, Electric Indigo de Jean-Julien Collette, Welkom de Pablo Nunoz Gomez, Zinneke de Rémi Allier, Délivre-moi d’Antoine Duquesne, Partouze de Matthieu Donck.

Pour clôturer en fête, la night party de la Saint Sylvestre vous fera glisser vers un 2014 que l’on souhaite déjà "cinéphilement" riche et prospère.

Palmina Di Meo

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Du Temps de l'Avent à celui de l'Épiphanie


Évocation de Fastes aux Reflets d’Antan

et Parfums Nostalgiques…

basés sur des Traditions Occidentales séculaires immuables :

l’Art Sacré infusant l’Art Profane

 

 

Époque XIXème S. (dernière moitié) et XXèmeSiècle (premier tiers) :

de la Génération Romantique à l’Aube des Années Folles

 

 

 

"Le souvenir est le seul paradis

 d’où l’on ne puisse être chassé."

Jean Paul Richter.

 

 

 

 

                                    Assurément, notre calendrier grégorien [1] adapté lui-même du calendrier Julien , legs romain empreint de rituels ancestraux, ponctué de saints issus de la religion Judéo Chrétienne, n’offre guère d’opportunités d’unir les Hommes de bonne volonté (pour reprendre une formule de Jules Romains) autour d’heures claires et allègres spirituellement s’entend, chantant ad libitum l’émergence d’une météore ou étoile filante baptisée de Lumière du Monde, selon la définition de Saint Jean, vie nous remémorant, que l’on soit agnostique, athée ou dévot, que chaque naissance humaine relève du rationnel et donc des sciences naturelles, mais avant tout, tient du prodige, de l’indicible et du sacré, acte rempli de mystère et d’espérance, dans « l’éclosion » de sa dimension, la fraîcheur de son innocence, dont la nature bienveillante, lorsqu’elle se fait féconde, gratifie notre espèce d’Hominem, bien que la faculté d’émerveillement de cette dernière soit quelque peu tempérée par le paysage ethnique, le milieu et maints critères d’évolution au sein desquels elle baigne.

                                   Pourtant, s’il est une parenthèse à l’aura bénéfique, nous incitant à déposer les armes, c’est volontiers, celle célébrant la Nativité de l’Enfant Roi. Temps de Noël (et de l’Avent) que l’Église romaine choisit à l’orée du haut Moyen-Âge - aux environs de 330 – en situant l’anniversaire de l’Enfant Jésus à la date du 25 Décembre , afin de recouvrir et d’abolir, comme de coutume, de séculaires mœurs païennes liées au solstice d’hiver , telles que les Saturnales [2], temps de félicité et de ferveur, de préparation propitiatoire au partage (du moins concernant les « règles » religieuses de l’Occident) et qui devrait, logiquement, pouvoir générer une trêve salvatrice, à défaut d’être en mesure de faire naître une alliance éternelle entre les esprits belliqueux, menaçant notre mère nourricière, la planète terre !

                                   En vertu de cette considération philosophique, sans doute serait-il sage, toutefois, de méditer sur le sens profond à donner à ce moment de rassemblement mystique ou de liesse populaire.

                                   Encore faudrait-il pour cela, en paraphrasant la devise  d'une grande mystique vivant à l'ère du bas Moyen-âge, Sainte Catherine de Sienne, d’abord avoir soif :

 

a)                    soif  de se rejoindre et d’apprendre à se redécouvrir 

                       au-delà  de retrouvailles superficielles et vaines,

b)                    soif  de renouer les prémices d’un dialogue,

c)                    soif  de la révélation de son prochain,

d)                   ou soif   d’un mouvement de communion de cœur et

                      d’esprit même si nous sombrons pour cela dans un cliché utopique !

 

                                

                                    Or, ce globe terrestre abritant faune et flore confondues, que nous maltraitons « assidument » à qui mieux mieux, et où réside le commun des mortels, cet être double, mi-ange, mi-démon, réunit, lors de ces journées qui se veulent tissées de joies et de sérénité, son cortège de croyants et de mécréants, rejetant de ce fait, en cette période privilégiée de réjouissances (Ô temps suspens ton vol/ Et vous, heures propices, suspendez  votre cours  [3]  ) les barrières et autres clivages relatifs aux conditions sociales des Créatures de Dieu, qu’elles revendiquent ou non le dogme du Christianisme, qu’elles pratiquent ou non l’Office divin, qu’elles soient animées d’une foi ardente si ce n’est inébranlable, ou que le doute assaille leur âme de pauvres frères humains  [4], reliés entre – eux et parfois malgré eux, suivant un élément marquant de l’histoire imprégnant les chroniques de l’humanité : l’avènement du Sauveur, revêtant présentement les tendres traits du Divin Enfant, né en l’honneur de notre rédemption, et qui, grâce à son sacrifice, racheta nos péchés, comme ceux engendrés par la Guerre qui tout dévoie, cependant que Paix est vrai trésor de joy [5].

 

 

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Scène de La Nativité

de Léonard Tsuguharu Foujita

 

 

                               Aussi, dans le monde tourmenté auquel nous sommes continûment confrontés, que la spiritualité représente ou non, une aide secourable favorisant notre maturation personnelle, comment pourrions-nous demeurer en retrait d’un thème flamboyant, enluminant l’obscurité du Villain Yver  [6], en dépit du fait, que nous devons fréquemment emprunter la passage obligé d’un système mercantile, en affrontant les assauts commerciaux et médiatiques d’une société dite de consommation, davantage encline à s’attacher au matérialisme ambiant, qu’à s’adonner à de Nouvelles Méditations, ou à se ressourcer en faisant jaillir un florilège d’Harmonies poétiques et religieuses. [7]

                              Mais alors nous direz-vous, chers auditeurs ou amis lecteurs, quel serait le motif exact d’un semblable déploiement d’allégresse détenant une popularité inégalée, n’ayant de cesse de se répandre à partir de la deuxième moitié du XXème, allant crescendo au fur et à mesure de sa progression vers le XXI  ème siècle ? Quelle signification véritable attribuer à cette profusion de célébrations envahissant notre environnement, parant, en fonction de notre volonté, les foyers de la Vieille Europe  [8] ?

                              Pour une raison spontanée, instinctive et « officielle », en imitation d’usages du passé, transposés, destinés à glorifier une valeur fondamentale, la famille, emblème du héros du jour et de son illustre parenté, « fratrie » enfin recomposée nous exhortant à communiquer et à faire preuve d’une grande tolérance, du droit et du respect à la différence d’autrui, instants rares et chéris miraculeusement subtilisés à l’usure du quotidien, et aux agendas surchargés de chacun d’entre-nous, jouant en permanence à l’ « homme pressé  », n’accordant son écoute qu’avec parcimonie, et qui nous conduisent, en cette pause temporaire, à rivaliser, dans une saine émulation fraternelle, de plénitude, d’ingéniosité, d’imagination foisonnante afin de saluer dignement les proches appartenant à son arbre généalogique ou à sa famille d’adoption, de cœur.

 

                            À l’heure où la majorité de la « confrérie » de plantes « herbacées ou ligneuses  », effectue une cure de sommeil, où exceptées les vertes frondaisons persistantes d’essences botaniques isolées, l’ensemble des arbres se dépouille, conformément au cycle immuable de la végétation, nous privant par leur splendeur , d’un spectacle vivant incomparable , nous ne pouvons nous défaire quelque peu d’une sensation de mélancolie, même si nous savons pertinemment que la toison de la feuillée renaîtra sous les auspices de Primavera [9] , ce seigneur d’une folle maestria régnant sur le printemps et sa ribambelle de feuillaison, de mille et une fleurettes émaillant prairies et jardins, s’appliquant, inlassable, à les faire ressurgir opportunément.

                           Dans l‘attente de cette perspective heureuse, il nous faut instamment recourir à un subterfuge afin d’apprivoiser pareille lacune, et conjurer immanquablement la « carence » en luminosité, ainsi que l’absence quasi générale de la « gent chlorophyllienne ». Envers quelle alternative ou produit de  substitution se tourner, pour atténuer la perception d’engourdissements que Dame Nature nous livre, sinon de s’approprier les maigres liens restants de celle-ci, ou en désespoir de cause de sélectionner un palliatif de qualité, déguisé sous les contours de végétaux en reproduction, de fleurs de soie, répondant à l'intitulation de « trompe l’œil », tant ces « faussaires », hélas inodores, sont criant de vérité ?

 

                           Effectivement, qui dit se regrouper afin de festoyer dans la chaleur de l’unité retrouvée, invite sitôt à concevoir une mise en scène enchanteresse dévolue à faire s’extasier petits et grands, à voir s’illuminer leurs prunelles devant une « débauche  » d’ornements féeriques en  Robes de parade [10], choisissant d’élire, selon son inclination et Affinités électives  goethéennes, un Minuit chrétien ou un Minuit profane, chaque « maisonnée » offrant l‘hospitalité, restant in fine, seule juge du mode et de la stylistique à adopter, s’abandonnant à une inventivité sensible et débridée, parlante, manifestant une expression artistique inhérente à son tempérament, rehaussée, inconsciemment ou non, d’images d’antan évocatoires de la prime enfance, réminiscences lointaines sublimées, ou imaginaire créatif débordant, enrichis depuis, de références issues de notre patrimoine culturel, engrangées au long du Livre d’échéances  [11] parcouru, feuilleté de manière confidentielle, puisant au tréfonds de ses propres souvenirs.

 

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La célébration de la Noël :

la préparation de la veillée et de son repas festif

de Carl Larrson

 

                         Nuit d’étoiles  [12] évocatrice d’un autrefois disparu, idéalisé voire fantasmé, dégageant moult effluves nostalgiques certes, et nous conviant allégrement à soupirer auprès d’une candeur « égarée», en partant incontinent, à la Recherche du Temps Perdu [13].

                        Veillée , précédée de ces semaines de l’Adventus  infusant les usages séculiers, ô combien nimbée de magie, d’onirisme, ponctuée d’une farandole de petites lueurs disséminées à la façon d’« un bon génie », non sans motif et symboles historiques, ornée d’un fleurissement privilégiant de verdoyants rameaux d’espèces végétales non caduques[14] sous la présidence du maître suprême, le genre des résineux y compris sa Majesté Epicéa, bref, toute une suite de nobles éléments d’ordre « décoratif », mais véhiculant, outre, leurs brillantes et charmantes enveloppes, une abondante signification dépassant les apparences, ayant pour vocation initiale d’exalter la grandeur de ces heures uniques et protégées, (ne serait-ce que l’ espace d’une halte) des clameurs de l’univers et de ses violences, et qui semble, de surcroît, nous conseiller de savourer ce Carpe diem  [15] fugace – gage de promesses « concrètes », « tangibles  » - dont il nous faut nous délecter avant qu’il nous néglige en s’envolant, cueillant sans ambages ni scrupules, les fruits de celui-ci !

                        Plaisir, vous qui toujours, remplacez le bonheur, s’exclamait clairvoyante, la poétesse Anna de Noailles, sachant mieux que quiconque, non seulement discerner le premier du deuxième, mais distinguer en l’occurrence, les agréments, qui ne sont que clairsemés sur cette terre  où nous ne sommes que de passage, éphémères et volatiles, telles nos amies les fleurs, décernés au gré du destin avaricieux, et ne sauraient donc se comparer aux « félicités célestes » que la Providence s’engage dans un devenir futur et sous un « aspect » différent, à nous allouer…

 

                       En attendant, faisons montre de sapience [16], et place à la solennité des rites fêtant sur un ton éclatant la venue du Roi des Cieux, contemplé, choyé par la Vierge Marie entourée d’angelots et d’archanges aux dous souris, touchant tableau d’une scène éminemment confessionnelle qui imprime à son tour la classe des laïcs [17], et suscite un vaste éventail d’us et coutumes , ne cessant point de se transformer au fil des siècles (non par le fond mais par la forme, le style), cheminant au cœur de notre hexagone, lui-même dérivant de civilisations lointaines et avoisinantes…

                       Formulons le vœu afin que la luxuriance de l’ornementation végétale sacrée, et son indissociable pendant, les parures d’essences profanes représentées jadis, dans une « débauche » de luxe inouïe et inimitable, perdure à infuser nos imaginaires , nos esprits créatifs en éveil (gage d’une société  équilibrée, épanouie…) réalisant là, la synthèse d’un naguère florissant révolu, sorte de trait d’union se voulant à la fois un vibrant hommage aux traditions d’antan et une libre interprétation de leur histoire [18], transposition d’un idéal rêvé grâce à l’apport de force témoignages documentaires, littéraires ou illustrés reposant principalement sur la seconde moitié du XIXème siècle , où sévit le goût et le mouvement Romantique , pour parvenir aux aurores de 1930.

                      Années Folles auxquelles l’on rattache communément l’entrée, conquérant notre territoire, de la couronne de Noël   [19] (symbole d’hospitalité  et de protection…) venant remplacer les simples branches décorant auparavant le seuil des demeures de nos ancêtres, alors que celle dite de l’Avent [20], inséparable des annales de notre continent, trône, impériale, déposée dessus un meuble ou métamorphosée en lustre, accompagnée d’un flot de guirlandes, guirlandes festons garnissant les manteaux de cheminées, encadrements de portes, tentures etc., tandis que dominant de toute son ampleur, l’assemblée, s’élève un auguste médiateur porteur de paix et de réconciliation entre les hommes, ce joyau des festivités : le sapin de Noël aux aiguilles périssables…

                      Essence végétale façonnée de contrastes, rappelant notre propre dualité, plante de prédilection, vigoureuse en tout point, lorsqu’au commencement de son « exil », nous la convoitons et la sacrifions, dès son enlèvement, sur l’autel de nos égoïsmes collectifs, puisque, à moins de lui conserver ses racines, dans un geste d’un idéal écologique responsable, notre tentative « d’acclimatation » exercée sous la contrainte, échoue systématiquement. Blessée, privée de son milieu biologique nutritif, elle ne tarde pas à dépérir et à se dénuder, enfin ses « modestes défenses » jonchant le sol de sa « prison dorée », elle s’éteint d’une manière implacable, nous obligeant, les agapes accomplies en ce début de nouvel an, à assister, impuissants, à pareille déchéance, transformant malgré nous, nos salons en « chambres funéraires » d’un pan du monde botanique.

                     Toutefois, le Picea  [21](épicéa, en langue vernaculaire) quand il est encore gorgé de sève, puissamment irrigué de chlorophylle, renforce son image traversée d’une énergie vitale hors–norme, renouant avec force récits bibliques :

                    Arbre de vie, de la Connaissance du Bien et du Mal  [22] (par conséquent de la Tentation) en lieu et place de l’arbre fructifère comestible, il se fait l’attribut du Paradis d’Adam et Eve, lors des Mystères [23] médiévaux (Bas Moyen – âge), organisés précocement en Alsace (province précurseur, à l’époque, non rattachée au royaume Françoys ,acquise sous Louis XIV et annexée en 1871 jusqu‘en 1919 par l’Allemagne, berceau du territoire « français » de cette coutume venue d’Outre-Rhin, qui consiste à habiller les branches d’un sapin entier [24] , de pommes rouges appétissantes…) « lecture » simplifiée et revisitée des Saintes-Écritures, assignée à être décryptée et assimilée par les humbles ne prisant que l’oralité, à l’inverse de savants exégète, d’où ce rôle de figurant jouant au tentateur…

                    Dautres témoignages théologiques de référence nous attestent que son empire comporte un éminent fleuron, le Christ, la fleur des fleurs métaphorique de l’arbre de Jessé [25], rose sortant d’un délicat rameau, la Vierge Marie, que nous retrouverons bientôt sous une configuration dissemblable, fleurissant sa seigneurie sylvestre.

 

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Stille Nacht ou la ronde autour du sapin

de Viggo Johansen, XIXème siècle,

 

(tableau illustrant fort bien par exemple l'une des scènes de réjouissances

dépeinte au cœur fameux conte "le Sapin" d'Hans Christian Andersen)

 

 

 

                    « Doué » d’un langage ambivalent, que pragmatiques, nos vénérables anciens lui ont octroyé en corrélation de la famille des conifères à la ramée perpétuellement pigmentée de verdure , habitée d’immortalité ou presque, ifs, cyprès, genévriers, sapins blancs ou vrais, pins, cèdres etc. … aux forces antagonistes, transmettant une « dialectique  » de vie et de mort, puis de résurrection (légendes mythologiques et chrétiennes à l’appui…) notre Sapin de Noël, quelquefois désigné par le surnom de Sapin rouge ne saurait être confondu avec des descendants de sa « frèrie  », car sans embrasser pour autant le Violon d’Ingres de Jean-Jacques Rousseau, ce Promeneur solitaire chevronné et féru d’observation naturaliste, d’herborisation, sa silhouette élancée reconnaissable entre toutes parmi ses comparses, fut admirablement « dessinée » par un chantre du XXème siècle, qui nous la restitua sans traits abusifs ou erronés, la croquant en « blason » coiffé d’un couvre-chef fantasque :

 

Les Sapins en bonnets pointus

De longues robes revêtus

         Comme des astrologues… [26]   […]

 

                       Nous ne pourrions prétendre à la complétude de son effigie, si nous négligions de lui consacrer un condensé de ses facultés ornementales.

                      Vers quelle datation de l’histoire devons nous nous tourner, afin de rattacher l’introduction de son usage, puis de sa propagation au sein de notre pays ?

                      Nous répondrons sans atermoiement, en divulguant une thèse  que, botanistes et historiens de l’art reprennent de concert, s’accordant à accréditer une version similaire concernant son « apparition » : avant de se répandre au cœur de notre France profonde et de « convertir » chacun de ses terroirs, forts d’une floraison de spécificités, c’est l’antique cité de Lutèce qui, en pionnière, pu se flatter d’un tel prestige, plus précisément, la cour des Tuileries du roi Louis-Philippe et de sa dynastie (« Orléans », ayant pour la postérité, forgée une relation étroite avec Amboise et son château royal ligérien…), où il provoqua la surprise de l’assistance, lors de son « exhibition » confidentielle de 1837 (certains contradicteurs nous opposerons l’année 1840…), en concomitance du mouvement romantique alors à l’acmé de sa création, et ceci, grâce à un personnage féminin de haute extraction, belle-fille du souverain, la duchesse Hélène de Mecklembourg.

                    Néanmoins, bien que s’attachant les faveurs d’un cercle d’initiés, d’esthètes vivant dans l’opulence et goûtant la nouveauté, il faudra attendre le conflit de 1870 pour que son expansion puisse se concrétiser (fait de l’occupation allemande exportant ses traditions ou de celui du repli parisien des Alsaciens après la défaite ?) et se démocratise à fortiori « en sourdine », au début du XXème siècle, où dorénavant notre population succombe à son attraction, touchant en particulier les classes sociales favorisées en ayant la primeur, reproduisant le schéma de celles associées à l’Empire Britannique, car en concomitance de l’instauration française de l’arbre de Noël, une version historique soutient la théorie, que ce serait en provenance d’Allemagne et des contrées nordiques, qu’il se serait implanté en Angleterre ; d’aucuns chroniqueurs corroborent l’hypothèse que les marchands germaniques y ont grandement contribué, tandis que d’autres certifient que sa diffusion en reviendrait au Prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha par son union en 1840 avec la Reine Victoria .

                  Ah ! Le charme ineffable légendaire et incomparable des Noëls anglais sous le règne de cette souveraine…

 

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Carte postale anglaise fin XIXème représentant

le Divin- Enfant symbole charismatique du sapin

 

 

                 Concernant notre patrie, il est à signaler que nous éprouvâmes des difficultés à nous délester des a priori, de la défiance tenace dont les catholiques l’entourèrent, en regard de la veine protestante de ce sapin, « rival symbolique de la crèche sanctifiée », idéalement édifiée selon les préceptes de l’Église romaine.

               Quant aux « suspensions » originelles éclairant notre « porte-bonheur », l’épicéa, le Grand Siècle du Roi-Soleil [27] possède la prérogative de ces innovations porteuses d’un code sacré : pommes susmentionnées, hosties (préparation issue d’une variété de blé, le froment, attribut christique par excellence et de fertilité…), roses en papiers peints (symboles de l’unique terminaison florale « couronnant » l’arbre de Jessé, le Christ.

                 Avec l’échelonnement des ans, vinrent les rejoindre des fils d’or, des noix dorées et argentées (emblèmes de fécondité), des confiseries régionales, des étoiles [28] , des jouets, des rubans et des bougies (une douzaine correspondant à chaque mois de l’année, dit-on), faisant le ravissement de notre réveillon (terme né au XVIII  ème siècle) et de ses soirées d’avant première.

                Est-il besoin de vous stipuler que cette pléiade d’objets symboliques était prometteuse de vie et de prospérité ?

                Ainsi, pour clore notre entretien traitant des coutumes ornementales efflorescentes d’un Noël ancien atteignant sa quintessence à l’aube du XXème siècle, nous oserons affirmer, que le sapin dégage une noblesse d’expression telle, qu’il magnifie nos désirs prosaïques d’hédonistes, et par ses ramifications d’envergure, relayées d’un « idiome » interne, parait nous dispenser un message de sagesse universelle (ravivant notre souvenance parfois oublieuse, occultant le sort inexorable qui nous attend…) et nous conforte dans ce contexte indéniable, que rien ni personne, ici-bas, ne peut prétendre à l’éternité de la « matière », monument verdoyant, chef-d’œuvre naturel ou en reproduction [29], détenteur du titre envié du Roi des forêts, escorté de verts sujets, nous convoquant à nous réjouir, sinon à jouir d’instants précieux, bénis des Dieux !

                Fasse, que conscients de cette réalité, plongeant dans un élan salutaire et jubilatoire, au cœur d’une Fontaine de Jouvence compensatoire, ou de tout autre exutoire, source de rayonnement, nous puissions à l’unisson clamer ce credo :

 

"L’on n’échappe pas au monde

plus sûrement que par l’art,

et l’on ne s’y unit pas

plus sûrement que par lui."

                                                                                     

                                                                                      J.W. Goethe.

 

 

 

Étude de Valériane d‘Alizée.

Historienne chercheur de la flore,

et auteur-Interprète  de textes naturalistes.

Tous droits de reproduction réservés.

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L'Adoration des Mages d'Edward Burne Jones (vers1887)

 

 


[1] : Le calendrier grégorien ( calendrier provenant du latin Calendarium signifiant   livre d’échéances , dérive de la locution latine Calendae, ces calendes qui représentent le premier jour de chaque mois pour la civilisation antique romaine ) est ainsi nommé en mémoire de son instaurateur le pape Grégoire XIII , qui en  1582 , réforma le Julien son prédécesseur , institué quant à lui , dès 46 avant J.C,.par Jules César, et se base sur le rayonnement de l’astre solaire ; répartie en douze mois, l’année se divise en quatre saisons, comme chacun sait, saisons comportant les solstices (été hiver) et les équinoxes (printemps automne). Le Calendarium liturgique régi autour des fêtes de Noël et de Pâques fut établi entre les IVème et IXème siècles, et l’année organisée autour des rites liturgiques chrétiens commence à la période dite de l’Avent (du latin Adventus, terme aux racines profanes traduisant la Venue au sens d’avènement du mot…), ce temps de préparation de réjouissances religieuses annonçant l’épisode clé de la Nativité de Jésus-Christ. Célébré invariablement depuis le VIème  siècle, le Dimanche le plus proche de la Saint André (le 30 Novembre), il est synonyme, à partir du milieu du Moyen-âge, de gai recueillement destiné à louer l’apparition du Sauveur de l’humanité. C’est la raison pour laquelle, Noël, se plaçant dans l’hémisphère nord, au centre de la sombre époque hivernale, il était d’usage de se prémunir de l’éclipse du soleil et de la végétation, - en ayant recours à des artifices ornementaux, cierges, bougies, lanternes et végétaux, censés éloigner les âmes en errance des défunts et des démons, se réveillant ponctuellement au cours des fameux douze jours jugés dangereux, se déroulant de Noël à l’Épiphanie…

La fête de Noël, à proprement parler, ne remonte qu’au IVème siècle, aux années 330, précisément.

[2] : Les Saturnales surnommées libertés de Décembre, étaient des festivités placées sous la présidence de la Rome antique, ayant lieu vers le 17 Décembre, lors du solstice d’hiver ; elles avaient pour mission de faire revivre l’Âge d’Or, phase mythique où l’ensemble des hommes était heureux et fraternel, d’après les récits fondateurs de l’Antiquité grecque, infusant ceux des Romains. Parrainées par le dieu Saturne dont l’appellation sous-entend semences et fécondité , ces pratiques devaient se dégrader en se dirigeant vers la débauche, ce qui notamment servit de prétexte, comme à l’accoutumée, aux Pères de l’Église, pour les éradiquer et leur substituer celles de la Noël et de l’Épiphanie, conservant de ces premières impies, quelques traditions, semblables au Grand repas, aux présents mutuels échangés, à la galette partagée, au décorum végétal etc. … 

[3] : Célèbres vers issus du poème d’Alphonse de Lamartine : Le Lac.

[4] : Expression poétique due à l’auteur médiéval François Villon.

[5] : Allusion à la fameuse ballade de Charles d’Orléans, Prince des poètes lié à l’histoire du château royal d’Amboise ; pièce poétique (Priez pour paix), dont le compositeur Francis Poulenc réalisa une sensible mise en musique ; ces vers furent écrits à l’origine en Moyen Français: En deboutant guerre qui tout desvoye… / Priez pour Paix / Le Vray trésor de joye ‘.

[6] : Détournement d’une citation extraite du rondeau de Charles d’Orléans : Yver vous n’estes qu’un villain ...

[7] : Emprunt au recueil poétique d’Alphonse de Lamartine.

[8] : Formule historique désignant ici, les pays nordiques (Scandinavie) et germaniques, l’Angleterre, et la France ; Il semblerait que ceux du pourtour méditerranéen aient fait preuve de modération, étant moins sensibles aux fastes floraux de Noël, à de rares exceptions près !

[9] : Divinité tutélaire du Printemps sous l’Antiquité romaine, le complice de la déesse Flora présidant à la destinée des fleurs, Flora ou Flore, cette Belle Rommaine chère à la littérature et aux arts décoratifs, dont François Villon cita les attraits au cœur de sa ballade des  Dames du temps jadis.

[10] :Formule empruntée au poète Albert Samain(recueil Au Jardin de l'Infante).

[11] : Métaphore et traduction de Calendarium (expression latine désignant le mot calendrier).

[12] : Emprunt d’une pièce poétique due à Théodore de Banville, devenant une mélodie pour chant et piano sous la plume musicale de Claude Debussy.

[13] : Allusion à l’œuvre romanesque de Marcel Proust.

14 :Le feuillage persistant tel que celui appartenant à nombre de conifères, lié également au lierre, houx, buis, laurier noble etc...exprime dans sa globalité une symbolique de vie, de pérennité, porteuse d’une sève quasi immortelle que l’humanité peut envier, humains souhaitant plus que jamais se réjouir, en cette période de Natalies dies (jour de naissance) ou d’Emmanuel (Dieu avec nous en langue hébraïque), leur faisant oublier, du moins le temps de ces réjouissances, qu’ils dirigent leurs pas vers l’inéluctable ; ainsi les verts branchages semblant encore vivants en plein cœur de l’hiver synonyme de trépas pour certains feuillus, nous renvoyant l’image du nôtre, exorcisent en quelque sorte, nos aptitudes à disparaître…

15: Locution latine dont la traduction littérale est : cueille le jour, invitation à jouir de l’instant présent.

 [16] : Formule ancienne médiévale signifiant : foi, sagesse, patience et science.

[17] : Depuis des temps immémoriaux et cela en dépit des confessions de différentes civilisations, ne perdons jamais de vue, que le sacré a constamment nourri les mœurs et l’art profane, même si une certaine élite ecclésiale de chrétiens, relayée d’une édile d’aristocrates nantis de puissants pouvoirs ont violemment rejeté la culture des Païens…pour s’empresser de la remodeler à leur guise, selon leurs convictions !

[18] : En effet, bien que nous nous basons sur des recherches historiques approfondies étayées d’une iconographie de choix, l’ornementation végétale de cette Célébration de Noël, alliance de la théorie et de la pratique, c'est-à-dire de la vision d’un chercheur en histoire de la flore unie à celle d’un floraliste d’art, laisse heureusement une part importante à la liberté d’expression, et ne se veut en aucun cas une reconstitution décalquée d’un faste d’antan, mais suggère plutôt une évocation de style, d’un lustre floral du passé …

[19] : De souche Anglo-saxonne, la couronne de Noël représente la parure fétiche destinée à être suspendue à l’huis des maisons.

[20] : La couronne de l’Avent munie de ses quatre bougies, célèbre un rite de l’Europe du Nord, inspiré de la Sainte Lucie (incarnation suédoise de la lumière fêtée le 13 décembre) pour parvenir ensuite en Allemagne orientale au  XVIème s. et se répandre plus tardivement chez les luthériens et catholiques germaniques, avant de nous être redistribuée vers 1930.  

[21] : Notre seul vrai arbre de Noël, Picea en latin,  dit aussi Sapin rouge (son écorce écailleuse se colore d’un brun rougeâtre) étend ses souples rameaux  et ses fruits  coniques, au centre d’un territoire forestier français favorable à son épanouissement. Essence botanique du froid humide, elle est la merveille incontestée du massif des Vosges, du Jura, des Préalpes du Nord, où elle semble partir à l’assaut de je ne sais quelle montagne, à la façon d’escadrons de bon petits soldats dressés en rangs serrés.

22:L’espérance de vie de notre arbre de Noël (Picea) couvre une longueur de 500 à 700 ans, que malheureusement celui-ci a bien du mal à atteindre, étant donné que nous continuons à la prélever indéfiniment, malgré la présence de son substitut le sapin blanc ou argenté (Abies alba mill)…, heureusement, l’élevage de l’épicéa par le biais de la sylviculture est de plus en plus développé, ce qui contribue à le protéger de ces pillages anti écologiques.

23 : Les Mystères (provenant de Ministerium) mot latin désignant la cérémonie) étaient des représentations scéniques interprétées sur les parvis ou sur les porches des édifices religieux des grandes cités, basées d’après une thématique sacrée ; ces jeux liturgiques, cousins des Miracles (drames médiévaux relatant tout au long de l’année la vie des saints, dispensés en salles ou en plein air…), extrêmement populaires entre le XIVème et le XVème siècle, avaient pour fonction de divertir, tout en éduquant, et se déroulaient lors de célébrations chrétiennes de premier plan (Noël, Épiphanie, Pâques) ; les fêtes princières eurent également recours à leur service. Concernant les festivités de la Nativité de l’Enfant-Jésus, deux scènes majeures furent facilement théâtralisées, celle, d’une part, de nos premiers parents, le couple mythique Adam et Ève, et celle, de l’autre, des bergers venus adorer dans sa crèche, le Sauveur de l’humanité…

[24] : Prenant le relais des verts rameaux dispersés sur le devant et à l’intérieur des demeures de leurs aînés, mœurs léguées par les Romains polythéistes contre lesquelles l’Église s’insurgea (se reporter aux notes précédentes…), la coutume de dresser un arbre  persistant dans son intégralité remonterait au Xème siècle et prendrait sa souche en Allemagne (Hôpital de Fribourg-en Brisgau), 1419,date correspondant à trois ans près à la fin de notre fameuse guerre dite de Cent ans et à l’avènement de Charles VII (1422 ). Sous la Renaissance, Sélestat (Bas-Rhin) mentionne déjà le premier arbre vert (1521).

[25] : Allusion à l’arbre généalogique du Christ, illustré soit dans les arts décoratifs (vitrail…), soit dans la littérature dès le XIIème siècle, à partir d’un texte prophétique d’Isaïe, que certains auteurs médiévaux reprendront à leur tour.

[26] : Les trois premiers vers des Sapins (recueil Alcools, 1913) issus du poème de Guillaume Apollinaire, pièce poétique honorant non pas les Sapins dans leur généralité, mais  dans son genre Épicéa…

[27] : Toujours au XVIIème siècle, au domaine royal de Versailles, la princesse Palatine Élisabeth-Charlotte, épouse de Monsieur, frère de Louis XIV, se rappelait non sans émotion, les arbres de Noël de son pays d’origine, où les minois enfantins, semblables au sien, contemplaient éblouis, les branches de ces derniers, lourdes de bougies, de guirlandes de sucres filé et de pommes caramélisées…

[28] : L’étoile du sapin proviendrait de l’étoile de Bethléem ou de l’Épiphanie, astre à son lever guidant les Mages venus d’Orient jusqu’à Bethléem en Judée, afin d’adorer l’Enfant Jésus (d’après l’Évangile selon Saint Mathieu). Elle est devenue, par analogie, le symbole de la lumière protectrice.

[29] : De tout temps, l’homme n’a cessé pour pallier au déficit des fruits de la nature (morte saison oblige) de vouloir les reproduire en employant des matières nobles, tissus (soie…) cire, papier etc. …copies ressemblant comme des sœurs aux modèles originaux, subtilement ouvragées par  des  mains délicates et cela depuis l’Antiquité, en passant par la Chine ancienne jusqu’aux confins de 1950 où des ateliers d’artisanats d’art officiaient encore. De nos jours, quoique certaines maisons de luxe défendent toujours cette pratique du trompe–l’œil, une large diffusion de produits bas de gamme sévit à loisir, inondant à notre grand dam le marché, étant donné que s’incrustant chaque année davantage, en provenance d’Asie, ils déforment l’optique et le goût des consommateurs, tant et si bien que même si un nombre de  résistants à l’artificiel persévère à n’employer que des végétaux indigènes ou cultivés (mais éphémères) fraîchement cueillis, afin de servir de supports à la fabrication de l’œuvre souhaitée, adaptée selon ses propres desiderata, la majorité de la clientèle tentée par la facilité et le coût de l’article, acquiert des assemblages stéréotypés, des choses toutes faites , qui, hormis cet aspect clinquant s’éloignant de plus en plus du réalisme des végétaux, possèdent deux atouts majeurs : ils sont réutilisables (jusqu’à l’écœurement !) et ne demandent guère d’investissement de temps, puisque ils sont déjà prêts à décorer nos habitats, au détriment de tant de valeurs méprisées, dont celle de la créativité individuelle et des métiers d’art. Que dire des modèles de sapins en reproduction, tellement ils sont dénaturés, dépourvus d’odeurs !

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ESPOIR...

Ne pas laisser l'empreinte de la vie

Imprimer les griffes de mélancolie...

Mais ressentir tout au fond la chaleur

Imprégner lentement le cœur du cœur!

Goûter l'amour coulant avec douceur

Oublier les superficielles peurs...

Et sachant combien tout n'est qu'imparfait

D'instants merveilles, savourer le bienfait!

Car si on se croit sage, on n'est qu'attente...

De gommer enfin tous les mots qui mentent!

Trouver la force de suivre ce chemin

Où par moment on saisira une main...

J.G.

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Cher Amis,

Comme l’an passé, j’ai le plaisir de vous inviter à venir honorer de votre présence et de celle de vos enfants, amis, parents, voisins la petite fête de dédicace de mon dernier livre aquarelle sorti cet été :

La Petite Fille à la Lanterne illustré par Michèle Pouilly, le vendredi 20 décembre de 17 à 19h.

Les quatre autres livres précédents de mon édition La Lyre d’Alizé www.lalyredalize.org seront aussi exposés pour pourvoir à votre choix de cadeaux : Etoiles, Stars, Sterne de Dom Amat pour créer de belles étoiles en papier cristal sur vos fenêtres de l’Avent, Les Bergers de Noël illustré par Marie-Christine Serventi, La Petite de Neige illustré par Mariella Fulgosi, Le Violon Enchanté illustré par Anne-Marie Vaillant.

Avec la joie de vous revoir et retrouver nombreux pour partager cette belle opportunité offerte.

Amitiés

Rébecca Terniak

078 739 38 88

 

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Je ne fêterai pas sans toi

 

Soliloque

Un au-revoir n'est jamais triste.

On sait que revient le printemps,

Chaque saison en fait autant.

Sans cesse s'ouvrent d'autres pistes.

On sait que revient le printemps;

L'énergie circule et subsiste.

Sans cesse s'ouvrent d'autres pistes.

Tu trouvais cela exaltant.

L'énergie circule et subsiste,

Sauvée par son pouvoir troublant.

Tu trouvais cela exaltant,

Chercheur demeuré humaniste.

Sauvée par son pouvoir troublant,

Ta pensée fait que tu existes.

Je lui prête ma voix, te cite.

Dans ma maison tu es présent.

22 décembre 2013

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administrateur théâtres

A Robert Paul, special wishes for a special friend

 La fête de NOËL « Elle est, cette bonté folle, ce qu'il y a d'humain en l'homme, elle est ce qui définit l'homme, elle est le point le plus haut qu'ait atteint l'esprit humain. »

 

« Le temps glisse et frémissent les ruisseaux », du givre à la neige, voici bientôt N O Ë L !

Ce White Christmas rêvé qui dit notre besoin de renouveau, ce besoin, chaque année, d'une nouvelle  page blanche et immaculée où nous pouvons chacun écrire la suite de notre histoire ! Notre art de vivre et l'art dans notre vie. Notre empreinte d'humanité.

Les festivités de Noël  se préparent doucement et chaleureusement, nous fêtons tous Noël à notre manière.  A l’approche de la saison hivernale, sombre et glaciale, nous avons  tant besoin d'un peu de lumière et de chaleur!  Si nos  traditions et croyances nous séparent parfois, nous avons tous au moins un point en commun, le rêve du renouveau. L’espoir de la vie en germination.  L'approche des fêtes de Noël  correspond au solstice d'hiver, la nuit la plus longue de l'année.

Une nuit fertile  d’espoir fou, pour certains, la folie d'amour. Un choix de vie, un choix pour la Vie, un refus radical du mortifère. Comme par magie,  à partir de cette date, les jours rallongent,  le soleil renaît. Le renouveau du printemps est bien là: subversif,  invisible et souterrain. La chaleur des lumières allumées dans nos maisons et dans nos cœurs, nous apporte ainsi amour, lumière, chaleur et espérance.

Joyeux Noël à tous les amis Artistes de ce Réseau hors de l’ordinaire, fondé par l’Ami de tous, Robert Paul, le fondateur si éclairé. Qu'il reçoive nos profonds remerciements pour sa généreuse disponibilité …   Je lui offre, en cette troisième semaine de l'Avent,  avec toute ma gratitude et la vôtre, ce très beau White Christmas de 1942,

 

Deashelle

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administrateur théâtres

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 LA GRANDE-DUCHESSE DE GÉROLSTEIN
Un spectacle sur-mesure pour vos fêtes de fin d'année!
Du 20 au 31 décembre 2013 au Théâtre Royal de Liège
Direction musicale: Cyril Englebert | Mise en scène: Stefano Mazzonis di Pralafera
Ou comment sabrer le champagne avec panache!

A la guerre comme à la guerre! Bruxellois, si vous voulez un dépaysement courrez à Liège, à pied, à cheval ou en voiture, en train pourquoi pas (ils font une offre à 5 euros aller-retour pour les fêtes, renseignez-vous à la SNCB!) Pas de traîneaux, y pas de neige! C’est à deux pas de la place de la République ou de la rue Joffre, des noms qui ont des airs de France, on s’y croirait déjà ! Où donc? Mais à l’Opéra, c’est là où l’on fête avec brio liégeois, l’Esprit Français. On y mange aussi, et délicieusement de surcroît, dans un valeureux décor fraîchement rénové digne des salles Viennoises, pour un prix très doux.

12272980299?profile=originalChorégraphies aux reflets passé-présent, musique des folies parisiennes, parole franche et légère, parodie au premier et au second degré sont au rendez-vous. En effet le directeur général de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège qui est aussi metteur en scène, remet l’œuvre au goût du jour, Frères Taloche  à l’appui pour la mise en abyme, ou abîme, comme vous voudrez, (on accepte les deux orthographes…) Quoi ? Un vieil opéra bouffe du Sieur Offenbach qui signa en 1866 un œuvre sulfureuse à propos de la hiérarchie dictatoriale et de l’esprit belliqueux des va-t’en guerre de l’époque, dans la plus pure tradition de l’opéra-comique. Il veut retrouver le genre primitif et vrai d’une grande musique qui amuse et qui émeut, où c’est le public raillé qui le louange ! « Napoléon III et l’impératrice Eugénie, le tsar Alexandre II, le prince Bismarck, les rois du Portugal et de Suède, le vice-roi d’Egypte ou le prince de Galles se pressent aux premières représentations de cet opéra-bouffe! Et pourtant à l’époque nul ne sera dupe: ils sont la cible d’Offenbach. Lui seul pouvait réussir le tour de force d’être adulé par ceux dont il s’inspirait si cyniquement! »

Stefano Mazzonis di Pralafera a décidé de monter une « Grande-Duchesse de Gérolstein » (1867) revisitée, en réécrivant le texte dans le style de la téléréalité culinaire (si cela vous dit quelque chose, sinon, allez juger sur pièce !) Après la mise en bouche succulente des frères Talochenous pénétrons dans les grandes cuisines de la duchesse avec moultes tables roulantes et fourneaux étincelants, un âtre dans lequel rôtit un agneau, des serveuses en noir et blanc, des poêlons de cuivre, des bacs de bière sur roulettes. « Dansons, dansons, c’est la danse du cuistot » chante une joyeuse foule de bon-vivants à cœurs déployés. Décors astucieux de Jean-Guy Lecat. Parfois, oui on chante, on boit et on danse par nostalgie de la fin-de-siècle ou pour des années folles à venir! Pour conjurer la guerre! Quand tout est perdu, il vaut mieux… rire!

act_1_3.jpg?width=452Le chef Boum (un  Lionel Lhote très  convaincant) se rengorge: « Qu’il est bon d’être MOI! » Tout un programme ! Mais pour le plongeur Fritz (Sébastien Broy, pour la première fois sur la scène de l’OPRLW) et sa chère Wanda (qui n’a rien d’un poisson, l’exquise Sophie Junker) : « Au diable la consigne et vive l’amour !». La Dame duchesse est bien en émoi, car elle veut son Fritz ! En tailleur de brocard jaune la dame au p’tit chien promène son Pékinois ou ce qui en tient lieu avec des airs de Madonna. Patricia Fernandez est débordante d’« esprit » regorgeant de lascivité et de sensualité. Son désir rime avec empire, sa dictature élève et abaisse ses serviteurs, la loi est au fond de la voix. « Ah que j’aime les militaires! » entonne-t-elle avec légèreté ! On est à deux pas de la guerre de 1870. Et nous « fêtons » bientôt le centenaire de 14-18… cette guerre qui a changé définitivement la face du monde! Et nous regardons impuissants, les images de conflits qui sévissent d’un bout à l’autre de la planète…

Même si la duchesse peut tout acheter selon son bon plaisir, cette jeune domestique, la petite Wanda, lui porte vraiment sur les nerfs! Mais c’est l’histoire du Sabre qui soudain fait resurgir la voix de nos aïeuls dont l’enfance a été bercée par ces musique de la Belle Epoque « Voici le sabre ; voici le sabre tu vas le mettre à ton côté ! » Tout-à-fait ce que chantait mon grand-père s’exclame une sexagénaire, pendant la pause, il m’en souvient encore! Ici la parodie de la parodie rend le spectacle encore plus pétillant qu’au temps des crinolines! La maîtresse de la chorégraphie est Laurence Fanon qui valse spirituellement entre jeux d’amour et de massacre…   

12272981885?profile=original La réécriture est très adroite, entre sabre, plumeaux, panache, cocarde, toque et tire-bouchon. On est franchement menés joyeusement en bateau! Le vocabulaire culinaire et militaire filent le parfait amour ! Immanquablement il y aura une histoire de vengeance, puisque dame Jalousie se cache dans tous les couloirs! Mais sur le ton de la fantaisie,  précise la Grande Dame ! « Il faut qu'il tombe, sous nos coups! » rugissent les conjurés déconfits (Paul, Puck et Redbul)! Ah la perte de pouvoir, quel détestable affront! Il y a ce superbe ballet de préparation de la chambre nuptiale du jeune couple  avec une troupe de danseurs fascinants. La chambre des mariés sera tour à tour envahie par les vœux de bonheur nuptial de l'armée de danseurs et par les cris d’une foule guerrière : « Au fourneau, au fourneau ! Il faut aller vaincre ou mourir ! »

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  Il y a cette longue scène d’aveu pathétique où la duchesse s’adresse à Fritz pris au piège de son glorieux palace, et le supplie en cachant son identité : « Ah dites-lui que je l’aime et que je suis belle » ! Un air de nos aïeules ? Il y a les costumes inventifs de Jérôme Bourdin… Il y a cette finale de réalisme matérialiste : le bonheur est peut-être là, « quand on n’a pas ce que l’on aime, on aime ce que l’on a ! » Sagesse populaire, conclue par des folies bergères de Moulin ...Liégeois, tailles et couleurs de guêpes courte vêtues, très toniques qui vous donneront la frite! Il n’y a plus qu’à sabrer le champagne! Et joyeux centenaire à tous!

12272981283?profile=original(©Croisier)

LA GRANDE-DUCHESSE DE GÉROLSTEIN
Un spectacle sur-mesure pour vos fêtes de fin d'année!
Du 20 au 31 décembre 2013 au Théâtre Royal de Liège
Direction musicale: Cyril Englebert | Mise en scène: Stefano Mazzonis di Pralafera

Ou comment sabrer le champagne avec panache !

http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/la-grande-duchesse-de-gerolstein

 

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Évocation Naturaliste :

(I ère Partie) 

Qu'il me soit permis de dédier ce texte déjà ancien,

riche de toutes les maladresses d'un verbe se voulant amour,

à l'une de mes plus belles rencontres humaines et artistiques,

l'interprète singulière Solange Boulanger...

 

 Regards Croisés sur le " Règne Végétal

et Celui des " Aristochats "

Prologue de l'Intermède Poétique :

 

Voyage en Pays Connu " [1]:

 

de Jean de La Fontaine à Colette

 

Introduction

 

Question d'Interprétation, de Visions subjectives

à propos de la Défense d'une Œuvre Littéraire :

Chimère ou Réalité ?

L’Interprète," Miroir Fidèle " de la Pensée de l'Auteur ? 

 

 

"Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,

polissez le sans cesse et le repolissez ".

Nicolas Boileau.

 

 

 

                              Le réel est une partie de l’art : le sentiment complète… Si nous avons réellement été

touchés, la sincérité de notre émotion passera chez les autres ",

clamait avec feu, un illustre inclassable,[2] précurseur du mouvement impressionniste, qui allait

incessamment éclore, bousculant bien des traditions établies, bien des archétypes picturaux.

                                Encore faudrait-il pour cela ne pas tout livrer d’emblée, dans un accès de générosité

impulsive, en adéquation de la philosophie de Colette, qui affirmait :

                               " Le difficile, ce n'est pas de donner, c’est de ne pas tout donner"[3]".

                                 Aussi, lorsque herbier et bestiaire dans un élan spontané et fructueux s'épousent pour

le meilleur, avec à la clé, le clair objectif de nous livrer une palette polychrome étincelante de mille et un

joyaux, s'échappant d'une myriade de pages enluminées de la littérature , union d'une grande sagesse

certes , mais surtout "amoureuse", un tant soit peu promulguée selon nos desiderata subjectifs , avouons-le

sans fausse pudeur, puisque depuis notre plus tendre enfance, guidée à la fois par nos sens en alerte, à la

fois par des mentors bienveillants soucieux d'approfondir notre éveil, accompagnant sciemment ou non

notre quête initiatique tournée vers le monde merveilleux de la faune et de la flore, nous ne cessons de

rendre grâce à ces derniers, d'exister !

                                Oui, comment en outre, ne pas nous sentir infiniment redevables au tréfonds de notre

âme envers cette prodigue Natura, l’alliée inséparable de Gaia, qui travaille à nous offrir une telle floraison

d'émotions, œuvrant continuellement au fil des saisons ,afin que celles-ci soient," belles et bonnes ", c'est-

à-dire fécondes (ou à l'opposé, austères, en latence, quasiment infructueuses en fonction du calendrier

effeuillé), d'après notre opinion d'humains pragmatiques, avides de récoltes, regardant la terre, notre mère

nourricière, à la façon d'une Corne d'abondance inépuisable, parmi laquelle il est" naturel de puiser

"jusqu'à son " épuisement total ", tandis que nous devrions considérer ce don généreux que Dame Nature

nous octroie, comme un privilège inestimable !

                               Au cœur de notre assemblée d’acteurs spectateurs solennellement invités à assister, de

la première loge d'un resplendissant théâtre de verdure en perpétuel mouvement, à d’infinies

scénographies de génie exaltant la double évolution de forces vulnérables, éphémères, fraternité

complémentaire si ce n’est duo complice indissociable, fondamental au rayonnement de l'écosystème, à la

biodiversité foisonnante de milliers de vies en germination, une interrogation majeure s'impose, s'emparant

alors de notre esprit en ébullition, assorti d 'un affect "frémissant":

                              Comment trouver le juste équilibre, l'harmonie souhaitée inhérente à l’adoption d’un ton

adéquat, soit, de contourner une aridité mesquine purement analytique, soit, d'éviter de tomber dans le

piège de l'outrance ?

                              Comment traduire notre fervente inclination naturaliste, transmettre notre message, en

usant de la tonalité appropriée, du bon dosage, dans le cadre d’une rencontre ou lecture animée collectant

un florilège de textes poétiques (vers et proses confondus),destiné à être dit en public et voué à exalter les

sonorités de notre patrimoine littéraire florissant, d’une luxuriance absolue oserions-nous préciser,

s’attachant, autant que faire ce peut, à en capturer les nuances, de la monodie traçant une ligne épurée, à

la polyphonie recelant de voix chatoyantes... ?

                             

                             Ne pas s'abandonner plus que de raison à un lyrisme exacerbé grossissant le trait,

dénaturant le propos de l'auteur, ce qui reviendrait à le trahir, voilà pour l'interprète "passeur de mots et de

sens", au service du créateur, une gageure à relever !

                             Être fidèle, dans la mesure du possible ,à un style d'écriture, ciselant le verbe en

déployant des moyens savamment soupesés, ni trop" économes", " ni trop démonstratifs ", tenter de

retranscrire l'atmosphère intrinsèque, l'intimité originelle d'une œuvre(dépouillée d’effets extérieurs

ostentatoires faciles, donc gratifiants), œuvre en étroite correspondance avec une époque de l'histoire des

civilisations, voilà une autre source de motivation élevée, car s'attacher à restituer la quintessence d'une

pièce lyrique, non sans l'avoir au préalable étudiée, est bien du "devoir" du "diseur conteur" chargé de la

faire vivre, qu'il s'adresse à un auditoire néophyte ou averti !

                             Quant à la sélection du programme par elle-même, confessons, que c'est un choix tout à

fait cornélien et partial, mais mûrement réfléchi, puis assemblé judicieusement dans le but avoué que le fil

conducteur ne soit jamais rompu et que chaque texte puisse se répondre, s'éclairer et se magnifier

mutuellement.

                             Or, à notre humble avis, il ne saurait être question d'éloquence forcée, préfabriquée et

superfétatoire en matière d'interprétation et le temps de la déclamation pompeuse, ampoulée à la manière

des tragédiennes du siècle dernier ou du XIX ème siècle finissant, est désormais révolu, n'est-ce pas ?

                            

                              Faut-il s'en réjouir pour autant, puisque, en lieu et place de cet ancien art de déclamer,

privilégiant l’emphase, concédons-le, il semble que nous sombrons malheureusement, dans l’effet inverse,

acceptant dès lors, qu’un ton général monocorde dégageant bien des platitudes vienne se substituer à cette

dite emphase, sous le fallacieux prétexte qu'il nous faut impérativement, à l'heure actuelle, paraître

" naturel "dans l'expression de nos inflexions, lorsque nous autres ambassadeurs, sommes appelés à porter la bonne parole (ou la Bonne Chanson  [4]) de nos chers écrivains, grâce à la magie de leur lyre ressuscitée,

toujours vivante, nous faisant l'écho de leurs chants incantatoires profanes et sacrés .

                             Il nous appartient ainsi, de trouver un compromis entre le grandiloquent et la banalité,

afin de faire jaillir vocalement leur vérité, et forts de ce défi dont il nous faut être dignes, nous consacrer

pleinement à cette vocation initiale : conquérir une nouvelle audience, adeptes fraîchement sensibilisés ,

voire convertis , alors qu'ils étaient auparavant plus que réservés, sur la défensive, presque hostiles et

récalcitrants à se laisser bercer et pénétrer par le cortège séculaire des Hymnes de Polymnie, à tort réputés

pour être hermétiques et lassants !

                             En tant que "fiers amants "de l’une des neuf compagnes d’Apollon, vénérant ô combien

ceux qui "taquinent "encore et "taquinèrent jadis, la muse", il est de notre ressort, à notre modeste

échelon, assurément, d'atténuer ces idées préconçues, à défaut d'être en mesure d'éradiquer cet inique

quiproquo !!!

                            À travers les âges, les continents, nos chantres ont, il est vrai, continûment transcendé le

quotidien à l'aide d'un vocable recherché, d'une plume d'une stylistique plus précieuse que le mode de

l'oralité emprunté, convenons-en, seulement, il nous revient de ne point nous méprendre, leurs

préoccupations étaient d’une toute autre veine, il nous semble : parvenir à dévoiler la profondeur de leurs

sentiments et émois, se révélant parfois un véritable abime de désolations nécessitant une libération

thérapeutique par l’écriture, témoigner de leurs propres expériences jonchant leur cheminement parsemé

de "dédales et labyrinthes".

                           Patrimoine au langage multiple que nos civilisations n’ont que trop tendance à mépriser

(l’oubli n’est il pas synonyme de mépris ?), que nous devrions pourtant recevoir, non comme un dû mais

comme un bien incommensurable, qu’il nous faudrait apprivoiser au quotidien et inlassablement

reconquérir, doublement armé du vertueux dessein de passation, legs, qui, souhaitons-le, infusera à son

tour, les générations futures (ou du moins certaines âmes délicates prédisposées à en saisir certaines

nuances), allant ravies, de découvertes en découvertes, et de joies ineffables à de douces voluptés, lignées

éprises de raffinement, d’un profond humanisme, proches en cela, de l’Homme sensible du siècle des

Lumières, conscientes, selon les fibres de leur tempérament propre, du "fardeau "créatif dont ces disciples

d’Orphée ont éprouvé le besoin vital de se délester, en s'inscrivant ainsi (à leur insu?) dans la pérennité et

que l'humanité reçoit en héritage pour son plus grand plaisir d'hédoniste !

                           C'est la raison pour laquelle il nous sied de nous positionner à contre-courant, de faire

front à la morosité ambiante concernant ce subtile Art poétique [5], estompant, à notre niveau, l'indifférence

très en vogue à son sujet, envahissant notre société matérialiste, nous insurgeant, suivant nos modestes

pouvoirs, une action concrète de diffusion, contre la profanation que nous lui infligeons fréquemment

(annonciatrice peut-être de précoces funérailles?), en analogie de l'univers botanique et animalier que

nous malmenons allègrement en cette aube du XXI ème siècle, dénués du moindre remords, d’une noble

éthique !

                          Cependant, reprenant à notre compte un adage intemporel placé en exergue du sonnet nervalien [6] et fruit de la doctrine de Pythagore, nous pouvons à l'unisson professer :

                          "Eh quoi ! Tout est sensible" !

                          Interpellation remontrance nous sermonnant sur notre fâcheuse manie à manifester

légèreté et insouciance, et qui nous remémore combien nous, les "Hominiens" sommes ingrats et pervers,

pétris surtout de suffisance en maltraitant à l’envi la fameuse Fontaine de Jouvence que représente notre

Alma mater terrestre :

 

" Homme ! Libre-penseur – te crois-tu seul pensant

Dans ce monde où la vie éclate en toute chose ?           [... ]

Respecte dans la bête un esprit agissant ...

Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;             [... ]

Tout est sensible ; et tout sur ton être est puissant" !

 

                             Perception romantique d'une Nature divinisée, exagérément encensée dites-vous ? Non

pas, simplement une "ode solaire", ardente, signée en hommage aux "êtres obscurs" cachant maints

trésors, purs "chefs-d’œuvre en péril", ponctuant notre verdoyant environnement !

                            Sensiblerie ? Que nenni ! Hyperesthésie ? Qu'importe, si vous voulez, même !

                            Néanmoins, quelle que soit la définition exacte, convenant à cette flamboyante

conception dénotant une sensibilité extrême "à fleur de peau", il nous revient indubitablement la "mission",

en tant qu’interprètes doués de raison, portés à faire retentir, sonner la voix splendide et spirituelle du

poète, de nous plonger au cœur même de la substantifique moëlle de sa composition afin de la propager,

pour reprendre une locution du Docteur François Rabelais, nous adonnant par cette circonstance, au pur

objectif d’une transmission de la plus grande honnêteté possible, soit, en l’occurrence, de nous évertuer à

nous effacer devant la puissance de convictions, les intentions à énoncer, ou plutôt à prononcer, émanant

de leurs géniteurs (sans pour autant les altérer en sombrant dans une neutralité d’une fadeur insipide…)

constamment habités du vœu de "servir leur pensée" et non de "nous en servir"(avec en filigrane, l’intérêt

opportuniste de nous valoriser)" savoir faire "immanent à tout bon "diseur "qui se respecte, chargé de "faire

savoir "à ses interlocuteurs les idéaux et langage d’un maître de la littérature.

                            Engagement subtilement mesuré donc, participant à ce que nous conservions la foi

originelle, la chair nue de l’émotion  [7], nantis en toile de fond d’une approche de la perfection, vaste

projet utopique, embrassant ad vitam aeternam, la morale de Nicolas Boileau placée en ouverture de notre

"Évocation naturaliste", qui préconisait de faire montre de pugnacité, ciselant et reciselant encore, tel un

orfèvre, le fruit de son labeur…

                           Et ce n’est certes pas, notre fascinante Faunesse, sorte de  "dryade "ou de "prêtresse

vagabonde" éperdument éprise de sa contrée natale bourguignonne de Saint Sauveur en Puisaye, en

similitude de sa "payse", la Fée d'Auxerre [8], et de ses personnages intègres, typiques, savants à leur

façon, c’est à dire, par empirisme, en glanant quelques recettes concrètes issues de traditions ancestrales,

guérisseurs et autres pratiques ou " petits métiers", qui faisaient alors "le sel " de nos chères provinces

françaises, qui apporterait un démenti à nos propos " militants", si elle était encore de ce monde, elle qui

fut durant tout le long de son existence, animée d’un "feu sacré", bref, qui su toujours se sustenter ,

s’enivrer à la source même des choses, en conservant le goût de la découverte, d’éternels Apprentissages,

pour ne pas la citer !!!

                          Ce qui constitue un bonheur providentiel pour nous autres interprètes, n’aimant rien tant

qu’à s’abreuver auprès d’une onde pure!       

                          En l’occurrence, embrassons dès lors, si vous le voulez bien , la pensée de notre femme de

lettres , fervente naturaliste se régénérant constamment à la flamme des Nourritures terrestres, exhortant à

travers son œuvre prolifique, les splendeurs fugaces des Vrilles de la Vigne, d'une part, et celles de la

Ronde des Bêtes, de l'autre, étant donné qu'il nous a semblé évident de dédier cette thématique riche en

variations "chattesques" (veuillez nous pardonner ce néologisme ) reposant sur un tapis chlorophyllien,

ayant pour cadre tant de sites agrestes enchanteurs, à une figure unique, singulière du   XXème siècle,

volontiers iconoclaste, à la fois fière et profondément enracinée dans son berceau d’origine ou d’élection,

sans pour autant sombrer dans les pièges du régionalisme à outrance, ce qui aurait pu contribuer pour la

" Nuit des temps", à faire de Colette, un auteur de terroir, avec toute la connotation péjorative que cela suppose !

                         Personnalité incontournable, particulièrement intarissable en matière de bestiaire et

d'herbier, que notre radieuse " Immortelle", sur le plan de l’Académie … s'ingénia à étroitement entremêler

au centre de ses récits, à tel point, que l'on ne saurait songer à les séparer, en les citant indépendamment

l'un de l'autre, et lorsque, chassant cet Yver qui n'est qu'un villain, d'après une locution médiévale du

Prince des poètes, Charles d'Orléans, l'immuable printemps, resurgit en robe émeraude, émaillé de vives

couleurs, présidant au détour du jardin et de la campagne rutilants, à l'apparition enchanteur des buissons

odorants du lilas, à l'éclosion de cascades de glycine, annonçant sureaux et chèvrefeuilles, il n'est pas rare

qu'un bataillon de rouges-gorges et de merles siffleurs nargue en son jargon, qui, Nonoche,  chatte

distinguée de Perse, hautement titrée, qui, "le Greffier" en mal d'idylles ou d'aventures belliqueuses avec

ses rivaux.

                        Elle fit sienne, mieux que quiconque, cette illustre devise du Petit Prince, qui professe ceci à

autrui : "Tu deviens pour toujours responsable de ce que tu as apprivoisé", saisissant toute l'ambivalence, la

mystérieuse complexité habitant la multitude de créatures vivantes, en ne s'épanchant pas exclusivement

que sur leur enveloppe, leur aspect esthétique flattant les prunelles, scellant avec ses protégés, un pacte de

soutien et d’attention infinis.

                        Appréhendant la  sève du Règne végétal   [9] d’une tendre acuité, sondant avec une assiduité sans faille le Cœur des bêtes  [10], leurs faits et gestes, en observatrice fine et zélée, inlassable,

douée d'une délicatesse insigne, reflet de son infinie bonté et, ce qui n'est pas rien, d'une justesse de

regard d'une précision incisive, découlant sur une alchimie d'écriture à nulle autre pareille, identifiable

entre toutes, il est irréfutable que sa faconde stylistique ou plutôt son art de portraitiste et de coloriste innée

su dépeindre de touchants tableaux, empreinte marquante transparaissant dès les premières lignes de

lecture ou de déchiffrage à l'aveugle, de l’une des pages de son œuvre intemporelle...

                       Ainsi sa maîtrise dialectique (miroir nous réfléchissant sa jouissance d'esthète et d'érudite

émérite) ne nous éclaire t’elle pas instamment sur son étoffe viscérale, son idéologie foncière à l'écoute du

cosmos ? Car, est il nécessaire de souligner une telle évidence, vous ne trouverez, chez notre Ingénue

libertine et libertaire, nulle trace de tentatives de séduction préméditée destinée à conquérir un public

facile, friand de produits formatés, coquetterie synonyme de charme factice, artificieux, pas plus que vous

ne sauriez y débusquer un effet " tendance ", à l’instar de Jean Cocteau, qui prônait l’indépendance

d’esprit, en déclarant ce truisme :

                      "Il n’y a rien qui se démode plus vite que la mode"!

                       Seul, réside, le désir manifeste de retranscrire troubles et émois d’un instant, captés sur le

vif, à l’aide d’un vocable qui lui est propre, fleurant bon maintes fragrances.

                       Qui d'autre que notre subtile et truculente héroïne, transposant elle aussi, ses sensations ou Rêveries d'une promeneuse solitaire [11], en descriptions hautes en couleurs, d'une somptueuse sensualité,

miniatures ou fresques affranchies de toutes conventions, aurait pu prétendre, en parallèle de ses affections

félines ," herboriser "avec ce talent d'épicurienne patentée, au gré du calendrier floral, propice à distiller

un cortège d’effluves envoûtants, interceptant leurs sortilèges par touches impressionnistes, inégalées,

désireuse de nous les restituer dans leur intégralité ?

                     Aptitudes et convictions entrelacées au plus intime de son être, nous contant les annales de

fleurons gorgés de substances vitales, (médicinales de surcroit, concernant la botanique) adresse défrayant

la chronique, Pur et Impur  [12] sortant des sentiers battus et rebattus et qui nous fait sitôt nous exclamer :

                     "Ces témoignages sont estampillés Colette" !

                      Notre  Poète rustique   [13] par excellence,(éminente sœur spirituelle de Francis Jammes, son

confrère misanthrope et l'un de ses nombreux admirateurs ...) foulant, selon l'inspiration de sa fantaisie,

prairies et allées ornées de folles herbes médicinales, ou contemplant De sa fenêtre [14], l'enclos privatif

renaissant de ses cendres après un long endormissement et incontinent constellé de tendres corolles aux

nuances "pastel ", ne revendiquait-il pas avec une fougue, et surtout, une flamme inextinguible "constante", la tutélaire amitié des fleurs  [15] ? Renchérissant sur sa captivante inclination au

"développement durable "à l'intention du Dieu félin, au sens générique du mot (son presque "double", sa

"référence ", si l’on entend ses aveux, défiant les normes austères des conventions):

                     "À fréquenter le chat, on ne risque que de s'enrichir", promettait-elle [16] !

                      Lors de ses déambulations d'herboriste amateur féru de Blé en herbe  [17],au cœur de l'Île-

de-France ou de l’hexagone, notre tempérament de sensitive n'aimait rien tant , que ce soit aux aurores ou

à l'heure vespérale, à palper de près, et à se délecter de souples ramées au port altier odoriférantes ou

non, essences végétales procurant bien des évasions inespérées, s'imprégnant de sujets au visage familier

ou sauvage de notre planète, en les restituant sur le papier dans leur contexte, d'un côté sous le sceau

favorable, fertile de la liberté (allusion au recueil Le Paradis), de l'autre, sous celui néfaste, que représente

la privation de ce bien irremplaçable aboutissant à la claustration, (en référence à la suite du volume

précédant Prisons...)

                       De  la "Retraite sentimentale"  à la "Naissance du jour" (titre de son roman composé au sein

de son refuge méridional au nom  évocateur et savoureux de la "Treille muscate",) sans omettre une

pléiade d'ouvrages de veine similaire célébrant ses Affinités électives, relevant d'un mysticisme païen

d’insatiable "Bacchante "où affleure une cocasserie irrésistible, un respect et une foi inaltérable en faveur

de l’univers végétal et animal, notre portraitiste attitrée, de La Chatte [18], inconditionnelle de Kiki la

doucette chat des chartreux (l'un des glorieux matous de sa fratrie animalière, immortalisé au sein de son

corpus Dialogue de bêtes,) s'attarda au-delà de sa dextérité d’enlumineur d'envergure, à soigner également

le pourtour, c'est-à-dire la forme.

                       Ce n'est pas  l'éventail de blasons parlants, magistralement réalisés à la gloire de nos amies les plantes (herbacées et ligneuses incluses ...), Histoires naturelles [19] que n'aurait probablement pas

dédaigné un autre "chasseur d'images", le fantaisiste Jules Renard, qui viendra désavouer notre

allégation! 

                      Encline à la compassion envers des êtres innocents en état de dépendance, soumis aux lois

du "grand manitou" ("bipède" de race soit disant supérieure ...), elle confirma d'années en années, de

recueils en recueils, un amour philanthropique rehaussé de serments tangibles tenus à leur endroit, nous

révélant au passage la complicité magnétique les reliant, réciprocité confiante d'une telle ampleur que le

terme communion serait plus adapté !

                     D'une manière générale ou individualisée, elle eut le courage de dénoncer les cruels méfaits

exercés à leur encontre par une gent humaine s'arrogeant trop fréquemment le droit de les enchaîner,

dispensant le droit de vie ou de mort à sa guise, et qui, du haut de son pouvoir absolu de tyran (que voulez-vous, la raison du plus fort est toujours la meilleure  [20] ) s'applique à trahir, en les asservissant, les

héros de sa foucade qu'elle a auparavant élus !

                     Quant à notre partisane de la probité, (vénérable Orphée moderne, auquel nul ne saurait

rester totalement indifférent), elle se plut à cultiver une liaison affective d'une constance exemplaire,

ignorant l’engouement, cet inconstant, s'efforçant, incité en cela par son instinct, son intuition, à les aimer

pour elles-mêmes ces créatures, tissant avec elles, une relation privilégiée, dénuée d'affectation ou de

sentimentalité mièvre, un rien sucrée, en un mot franchement " bébête", tandis que le commun des mortels

pétri d'une souveraine condescendance dans son for intérieur, et prêchant, orgueilleux, pour sa paroisse, c'est-à-dire en faveur de la Possession du Monde  [21], fait preuve d'une fâcheuse disposition à dénaturer

l'essence originelle de celles-ci, s'égarant même, en allant jusqu'à leur prêter une psychologie ridicule,

réservée à ceux que notre auteur surnommait à l’égard de son prochain, "les Deux pattes."

                    Baignant dès son apparition en ce bas monde, dans l’omniprésence florale et "faunesque ",

elle eut, en l'occurrence, la prescience, que, pour nous accomplir, il nous faut dépasser la seule apparence

des choses, puisque :

          " On ne voit bien qu'avec le cœur,             et que

l'essentiel est  invisible pour les yeux [22]",

 

afin de vivre en accord avec notre frère le pampre et notre sœur la groseille (pour paraphraser la poétesse

Anna de Noailles) et d’être capable de goûter au bonheur de jouir de la présence charismatique de sa

seigneurie "chat", "objet" d'une prédilection clamée envers et contre tout à la face du monde, ou plutôt,

crânement assumée.

                     Ne proféra-t-elle pas à nombre de reprises son assuétude proche de "l'assujettissement

frénétique" pour la chatte, son modèle, la chatte, son amie  13  bis, incarnation, transposition de l'éternel

féminin, qui la fit sacrifier au culte de l'espèce Felis Catus, détentrice d'inaliénables qualités, élan admiratif

surpassant, et de loin, l’entourage réconfortant d’un "fidèle" entre les fidèles, le chien, en dépit de son

penchant servile, que d’aucuns se complaisent à juger admirable, ne cessant de s’esbaudir sur la constance

de l’attachement du dit Canidé, sans doute en corrélation de la maxime suivante :

" Les chiens ont des maitres,

       Les chats des serviteurs [23]." 

                  

                    Faisant fi d'un égoïsme (ou égocentrisme) inhérent à notre genre, ainsi qu'abstraction de tout

calcul personnel servant ses intérêts, notre héritière de Sido (mère non pas" idéalisée" mais à laquelle elle

se réfère, louant sa bonté, sa grâce de " thaumaturge" attentive aux opprimés, au sort funeste des

démunis ... ), sut se montrer d'une prodigalité inouïe, en étant digne des petits compagnons fleurissant la

sente de sa destinée d'artiste, chérissant avec un véritable altruisme, tant les Aristochats blasonnés se

prélassant comme des princes dans les intérieurs de leurs luxueux appartements ... mondains, que les

"Gavroches "de faubourgs, "gouttières "de la roture juchés en équilibristes sur les toits des bâtisses de nos

cités ou villages...

                   Nanties d'une vivacité et d'une acuité de raisonnement, bon sens et amour désintéressé qui la

firent se pencher au hasard d'une étape providentielle sur les déshérités (et cela, soulignons-le une fois de

plus, au risque de nous répéter, sans rien attendre ou quémander en retour !), elle persévéra dans son rôle

de protectrice, en recueillant quelques miséreux la "démêlant" d'emblée parmi une foule d'anonymes,

" Poulbots" des rues errant sans "domicile fixe", victimes, la plupart du temps, de lâches abandons de nos

congénères soit disant civilisés, dont elle eut l'opportunité, mais surtout, la bienveillance, d'adoucir les

jours !

                  Nous en voulons pour preuve de son abnégation, qu'elle répugna à prétendre à quelque

contrepartie que ce soit, en échange "du gîte et du couvert" – et plus si entente cordiale ou affinités – que

nous leur assurons, s’insurgeant volontiers contre de froids pragmatiques appartenant au cercle de ses

amis, qui avaient l'audace de répéter sempiternellement, indéfiniment, le semblable questionnement:

                 "Cet animal est joli, mais ... est-il affectueux [24]" ?

et notre "sage" de commenter :

                "Je les trouvai bien osés de poser si crûment la question, leur question toujours la même  

question. Que d'exigences, et quel bas commerce avec la  bête ... Donnant, donnant et que donnons-nous?

Un peu de nourriture, et une chaîne."

                 Voilà, en quelques phrases lapidaires de Colette, toute sa philosophie résumée en analogie de

sa pratique de vie. Elle ne se contenta pas de cultiver de grands principes ... théoriques, mais les mit en

application au rythme du quotidien, dès qu'elle le put.

                 En vérité, elle aurait pu faire graver en exergue de toute la somme monumentale de ses

bouleversants écrits qui s'inscrivent à jamais dans la postérité, la sensible pensée du "père" du Petit Prince

au préalable mentionnée, où il est question de s’acclimater à l’essence d’autrui, sans jamais le délaisser,

une fois devenu notre familier.

                 Encore faudrait-il pour ce faire, "d’abord avoir soif", selon la magnifique expression d’une

mystique médiévale, Sainte Catherine de Sienne…Soif  d'apprivoiser pour tenter d'approcher sans doute, si

ce n'est d'atteindre (une utopie !) les voix intérieures de son congénère ou d’un "Étrange étranger" à la

Prévert, quel louable et noble dessein !

                 Ne s'était-elle pas assignée, en "missionnaire naturaliste" émule du Panthéisme, la charge, de

servir la cause animale, associée à une authentique déférence éprouvée à l'égard des "fleurs de simples"

de notre continent, formulant le souhait :

               " D'aller à la rencontre de la perfection d'une vie végétale et animale qui proclame : je resplendis

encore. Déjà, je me fais active, avide [25]..."

                Avide de reviviscence salvatrice, programmée par le gentil Primavera [26] au sortir d'une longue

hibernation, de "l’Ombre des Jours"[27]relative à toute forme de vie.

                Écoutons un chantre de Lutèce nous dessiner une pléiade d'exquis Portraits de famille dont celui

de notre Bourguignonne, se métamorphosant également en Parisienne "pur jus" :

 

             " Adorable  Colette, qui savez tenir un porte-plume comme personne au monde, renifler

le mensonge, reconnaître un melon honnête, un vrai bijou, un cœur d'or ... Colette pour vous

particulièrement, la nature a travaillé dans le genre génie.

              Vous êtes une reine des abeilles. Toutes les abeilles françaises, de la grande dadame 

à la modiste, sentent comme vous sur le plan de la confiture, de la confiance, du confort, et

vous êtes la seule qui sachiez l'exprimer dans les siècles et des siècles [28]"

            

                 Visions profondes, et non fugitives, qui ne firent guère hélas, l'unanimité, étant donné qu'à

quelques temps de là, en amont, et surtout, en pleine ère baroque précisément, un certain Maître des Eaux

et Forêts, auteur du Chêne et du Roseau, poursuivit un autre projet ...

             Or, si Messire Jean de La Fontaine (vous aviez naturellement deviné, j'espère, de qui il s'agissait...) 

sut nous décrire et célébrer avec justesse, l’éclat de la nature, quel que soit son destin implacable, notre

savant fabuliste de Château-Thierry, aspira, pour sa part, à emprunter le costume ou le déguisement

fantasque de force membres du bestiaire, afin, sous ce masque de convention le libérant des entraves de la

royale censure d'un monarque ne badinant pas avec les règles de sa politique au règne absolutique ... de

dépeindre le caractère bien souvent malfaisant de ses semblables (comportement aux antipodes des

Hommes de Bonne Volonté de Jules Romains) ne cherchant jamais, au grand jamais, à les humaniser,

s'adonnant entre autre, à brosser une esquisse peu louangeuse de notre affectionné "Mistigri", n'hésitant

pas à l'affubler de surnoms parlants d'eux-mêmes (repris de la facture de Rabelais ou sortis de son

imaginaire ...) sobriquets chattesques répondant à la dénomination de Grippeminaud, le bon apôtre, de

Raminagrobis,  vivant comme un dévot ermite faisant  la chattemite (contraction de chatte et de Mitis : ce

qui signifie, doux en latin ),un saint homme de chat bien fourré (allusion rabelaisienne évoquant les juges),

"gros et gras", bref, usant à son endroit d'un vocable abondant en superlatifs de circonstance, teinté

indéniablement d'une ironie caustique, satire frôlant la caricature, égratignant quelque peu ce pauvre mal

aimé de Minet, en droite lignée d'us et coutumes séculaires, du Moyen Age occidental, où notre souricier

exterminateur, dit aussi mignard sourien  [29], la terreur des rongeurs, vécut un abominable martyre,

souffrant d'une réputation sulfureuse le conduisant "sans autre forme de procès", au bûcher.

                Perdurant à le croquer dans une sombre effigie, le desservant notre narrateur du Voyage en

Limousin persiste et signe sa critique préjudiciable, redoublant de pittoresque ... méprisant, afin de mieux

discréditer notre  « raticide » salutaire, le noircissant à souhait en le taxant de fourbe notoire, commettant

force tartufferies, fieffé coquin arborant un air patelin, tramant avec une  adresse de dissimulateur né, une

pléthore de complots maléfiques !

                Traversant les âges, telle se répand la légende du genre félin, légende encore abondamment

tissée de nos jours, de clichés stéréotypés, d'images d'Épinal ou autres vignettes abusives, accréditant que

trop une rumeur ô combien ancrée dans l'imagerie collective populaire !

                Égérie encensée par les uns, les mystiques initiés adorateurs se dévouant à le réhabiliter, désigné

du doigt comme un diable et honni par les autres, ses détracteurs, persévérant, hélas, dans une haine

immémoriale contre notre chat bien aimé, le Chéri de Colette, et heureusement, de tant d’autres !!!

                Que de procédés diplomatiques, de subterfuges industrieux, devons-nous à fortiori mettre au

point, afin d'atténuer, de temporiser les exagérations fétichistes ou digressions anthropomorphiques,

nuisant gravement à sa renommée, ainsi qu'à la pertinence de ses traits de caractère !

                Pour clore cet entretien  naturaliste, où nous devisions tant du Règne végétal que de celui de nos

favoris d'Aristochats, nous avons formulé le vœu de vous présenter une moisson de maximes et pensées

illustrant notre dernier propos les concernant (" Pauvres bêtes" suffisamment accablées d’une multitude d’

imperfections, pour que nous nous consolions en chœur, leur dédiant cet hommage), citations d'écrivains

les saluant avec ferveur et entendement, dans un "unanimisme" de rigueur, suivant leur penchant commun,

semblant nous murmurer cette invite en préambule :

 

"Suis ton cœur, pour que ton visage

    rayonne durant ta vie  [30]."

 

                 Ainsi, avant de nous séparer, feuilletons ensemble cette floraison de sentences "chattesques"

liée, nous semble- t- il, à l'état d'âme et d’esprit de notre narratrice intrinsèquement animée du monde du

vivant, qui, déchirée, par les tourments que celui-ci endure, déclarait :

 

       "C'est toujours pitié que de voir détruire par la violence,

            ce qui implore seulement la permission de vivre  [31]" !

 

    

Florilège de Devises félines

       Signées de la plume

   

      de Théophile Gautier :

 

            
               " Conquérir l'amitié d'un chat est chose difficile.           [... ]

Il veut bien être votre ami si vous en êtes digne,

mais non pas votre esclave.

Dans sa tendresse, il garde son libre arbitre et il ne fera pour vous ce qu'il juge déraisonnable ;

mais une fois qu'il s'est donné à vous, quelle confiance absolue, quelle fidélité d'affection"!

       

à celle d'Ernest Hemingway :

 

" Le chat est d'une honnêteté absolue :

 les êtres humains cachent pour une raison ou pour une autre leurs sentiments.

Les chats, non".

    

ou bien encore de celle de Mark Twain :

 

"Si l'on pouvait croiser l'homme et le chat, cela améliorerait

       l'homme mais dégraderait le chat".

 

de celles traitant de notre inaptitude à cerner

ces "Félidés miniatures" composées par :

 

I     Paul Morand :

 

"Les chats sont incompris parce qu'ils dédaignent de s'expliquer.

Ils ne sont énigmatiques, que pour qui ignorela puissance expressive du mutisme".

 

II  : et Georges Bernard Shaw:

 

"L'homme est civilisé dans la mesure où il comprend le chat".

 

 

Texte de Valériane d’Alizée

Collectrice-raconteuse de l'histoire de la flore

 et Auteur interprète du patrimoine littéraire naturaliste.

 

Tous droits de reproduction réservés.

 

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Œuvre de Susan Herbert d'après La Ghirlandata

de Dante Gabriel Rossetti



[1] : Emprunt au titre d’un ouvrage de Colette.

[2] : Allusion au peintre Camille Corot

[3] : Citation reprise par Maurice Goudeket au sein de son témoignage "près de Colette", 1956

[4] : Allusion au recueil de Paul Verlaine, datant de 1871.

[5] : En référence à l'œuvre poétique de Verlaine portant ce titre, tirée du corpus : "Jadis et Naguère".

[6] : À propos de Vers dorés de Gérard de Nerval, in " les Chimères".

[7] : Expression empruntée au compositeur Claude Debussy.

[8] : En référence à la poétesse Marie Noël.

[9] :   Titre d’un ouvrage de Georges Ribemont Dessaignes.

[10] :   Nouvelle de Colette éditée au sein de "Journal à rebours",1941.

[11] : Détournement d'un titre dû à Jean-Jacques Rousseau, grand connaisseur de botanique.

[12] : En référence à l’un des recueils de Colette.

[13] : Emprunt à l’œuvre de Francis Jammes portant ce titre, surnom qu’il s’était lui-même délivré !

[14] : Ouvrage éponyme de Colette.

[15] : Citation extraite de "Belles Saisons" de Colette.

[16] : Extrait d’un de Colette paru au cœur du corpus "Les Vrilles de la Vigne", (1908).

[17] : En référence à l’un des fameux romans de notre auteur.

[18] : Allusion à l’un des succès littéraires de Colette.

[19] : Proses de Jules Renard célébrant la nature, datant de 1896.

[20] : Fameuse morale provenant du "Loup et de l'Agneau", fable de Jean de La Fontaine.

[21] : Titre d'une œuvre signée Georges Duhamel.

[22]   Devise d'Antoine de Saint -Exupéry issue du "Petit Prince".

[23] : Maxime fort explicite signée de Dave Barry, résumant combien le genre félin dans son entité, ne saurait devenir l’esclave de l’homme !

[24] : : Citation provenant de la nouvelle consacrée à "Pitiriki", L'Écureuil  du Brésil que l'on avait offert à l'écrivain ; émue de

       son sort, Colette lui dédia cette histoire appartenant à "Prisons et Paradis", publication datant de 1932.

[25] : Formule extraite de "Belles Saisons "de Colette.

[26] : Allusion à la divinité latine, fertile du printemps.

[27] : Titre de recueil poétique d’Anna de Noailles, employé ici en guise de métaphore.

[28] : Citation de Léon-Paul Fargue au centre de son livre "Portrait de famille".

[29] : Locution renaissance empruntée à un admirateur adorateur de notre félin de prédilection, Joachim du Bellay, qui à la

     disparition de son "cher Belaud", lui consacra en guise d'épitaphe, un poème émouvant.

[30] : Adage oriental anonyme.

[31] : Citation extraite de l'ouvrage " Pour un Herbier " (l'Arum) 1947.

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Inspirée d'une poésie de Claudine Quertinmont

Amour Rose d'automne

 

Une aquarelle d'Adyne Gohy

 

 

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Amour Rose d'automne

de Claudine Quertinmont

 

Il était une rose transie d'un frêle amour,

Pour un papillon bleu, aux ailes si douces

Qui lui rendait visite, lui faisait des mamours,

Il était une rose transie d'un frêle amour,

Son parfum voletait de pétale en frimousse,

Des boutons ravissants de ses jeunes pousses.

Il était une rose transie d'un frêle amour,

Pour un papillon bleu, aux ailes si douces.

 

Peu à peu l'été s'endormit et son coeur se givra,

Embrasant les feuilles, les incendiant de feu,

Couvrant la nature de robe d'apparat.

Peu à peu l'été s'endormit et son coeur se givra,

Rose et doux papillon se firent de longs adieux,

Le coeur las et brisé, des perles pleins les yeux.

Peu à peu l'été s'endormit et son coeur se givra,

Embrasant les feuilles, les incendiant de feu.

 

 

 

 

 

 

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