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Promenade dans un jardin japonais

Le jardin japonais, représentation épurée du cosmos
Le jardin japonais, représentation épurée du cosmos

Augustin Berque, né en 1942 à Rabat, est un géographe orientaliste, et philosophe français. Il est le fils de l'arabisant Jacques Berque (1910-1995) et de Lucie Lissac (1909-2000), artiste peintre, fille de Pierre Lissac. Élu en 1979 directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), il gardera ce poste jusqu’à sa retraite en 2011. Docteur honoris causa de l'université Laval, il remporta pour ses travaux de nombreuses distinctions. Il fut notamment le premier Occidental à recevoir, en 2009, le grand prix de la culture asiatique de Fukuoka. Ses travaux portent sur ce qu'il nomme l'écoumène, qu'il définit comme la relation onto-géographique de l'humanité à l'étendue terrestre, et refonde une mésologie pouvant être rattachée à une phénoménologie herméneutique. Il est, depuis 1991, membre de l'Academia Europaea et, depuis 2012, membre d’honneur de l’EAJS (Association européenne des études japonaises).

Dans Par-delà nature et culture, Philippe Descola montre que l'opposition entre nature et culture est propre à la mentalité occidentale. Dans le chapitre intitulé "Figures du continu", il se réfère au livre d'Augustin Berque, Le Sauvage et l'Artifice, le Japonais devant la nature (Gallimard, 1986) qui montre que la notion de nature ("shizen" en japonais) ne recouvre pas le même sens au Japon et en occident : "Shizen ne recouvre en aucune façon l'idée d'une sphère des phénomènes indépendants de l'action humaine, car il n'y a pas de place dans la pensée japonaise pour une objectivation réflexive de la nature, un retrait de l'homme par rapport à ce qui l'entoure." (Par-delà nature et culture, Gallimard/Folio essais, p.69)

"Le terme même par lequel le concept de nature est traduit, shizen, n'exprime que l'un des sens du mot "nature" en Occident, le plus proche de la notion originelle de Phusis, à savoir le principe qui fait qu'un être est tel qu'il est par lui-même, qu'il se développe conformément à sa "nature" (cf. la notion "d'entéléchie" chez Aristote). Mais shizen ne recouvre en aucune façon l'idée d'une sphère des phénomènes indépendant de l'action humaine, car il n'y a pas de place dans la pensée japonaise pour une objectivation réflexive de la nature, un retrait de l'homme par rapport à ce qui l'entoure. De même qu'en Nouvelle-Calédonie, l'environnement est perçu comme fondamentalement indistinct de soi, comme une ambiance où s'épanouit l'identité collective. Augustin Berque (Le Sauvage et l'Artifice, les Japonais devant la nature, Gallimard, 1986) voit dans la syntaxe du japonais un signe de cette tendance à gommer l'individuation de la personne, notamment dans l'effacement relatif du sujet grammatical au profit d'un milieu de référence où baignent le verbe et les sujets individuels. L'environnement doit ici être pris au pied de la lettre : il est ce qui relie et constitue les humains comme expressions multiples d'un ensemble qui les dépasse.

Un tel holisme permet d'éclaircir le paradoxe du jardin japonais. Comble apparent de l'artifice, ce haut lieu de la culture nippone ne vise pourtant pas à témoigner d'une domestication obsessive de la nature, mais bien à offrir au plaisir de la contemplation une représentation épurée du cosmos. Grâce à lui, les montagnes et les eaux, demeures sacrées des esprits et buts d'excursions méditatives, sont transportées en miniature dans les lieux façonnés par l'homme, mais sans perdre leur caractère ni opérer d'intrusion. Réduire le paysage aux dimensions d'un enclos, ce n'est pas capturer une nature étrangère pour l'objectiver par le travail mimétique, c'est vouloir retrouver dans la fréquentation d'un espace familier l'association intime avec un univers aux cheminements peu accessibles. L'esthétique paysagère japonaise n'exprime pas une disjonction entre l'environnement et l'individu, mais montre que la seule nature porteuse de sens, c'est celle, reproduite par les hommes ou animée par les divinités, où sont d'emblée visibles les marques des conventions qui la façonnent ; loin d'être un domaine de matérialité brute, elle est l'aboutissement culturel d'une longue éducation de la sensibilité." (Philippe Descola, Par-delà nature et culture, "Figures du continu", p.68 et suiv., Gallimard/folio essais, 2005)

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Compassion

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Je plains l’homme triste attaché à ses biens.

suspendu aux avoirs comme corde à son cou

marié à son argent, seul comme un animal,

malade de méfiance, corrompu par lui-même

ne voyant l’univers qu’au travers de son prisme

il a vendu son âme contre quelques deniers.

Comédien redoutable, derrière le faux sourire, 

le poli compassé joue la sérénade, 

larmoie et crie son serment apocryphe.

Il veut en ses filets, ce démon carnassier

pour tromper son ennui

la proie qui pour un temps allège son tourment.

Son coeur depuis longtemps est sec et sans élan.

Ce diable psychopompe, ajuste, calcule

fait la pesée des cœurs à l’aulne de sa trempe.

Il spécule sans foi, aveuglé par son doute

hurle sa suspicion, mord la main qui le berce.

Peu de vrai chez cet homme, à part spéculation. 

Si l’ affliction est réelle, c’est dégoût de lui-même.

                                                P.L.

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administrateur théâtres

Sans l’ombre d’une hésitation  Arts et Lettres accorde 5 étoiles à ce fabuleux Hamlet absolument frénétique et échevelé, dont la mise en scène est signée par  un  maître de la flamboyance théâtrale, Thierry Debroux.  Celui-ci  gagne haut la plume son pari d’ouvrir au plus grand nombre, la voie royale  des chefs-d’œuvre immortels. Chacun, chacune peut se laisser traverser à loisirs par le génie de ses mise-en scène qui révèlent le texte sous des éclairages résolument modernes et novateurs sans pour autant trahir la pensée de l’auteur. Mélange habile : le texte de Shakespeare, dont Thierry Debroux a chassé les archaïsmes pour ne pas effrayer les plus jeunes, est épicé de bribes de conversation domestique et  permet à qui n’a jamais mis les pieds au théâtre de goûter chaque mot prononcé sur scène, d’apprécier les problématiques et de se laisser gagner par la magie  de l’œuvre.  Le découpage de la pièce va à l’essentiel et  met en lumière les personnages fondateurs du drame.

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12273246301?profile=originalInnovation renversante : Hamlet, le plus grand des Danois est devenu russe ! Le cadre choisi est un glissement d’époque qui conduit à la nôtre.  Elseneur flirte avec Saint-Pétersbourg, le couple royal shakespearienne flirte avec les Romanov… ou les dictatures ultra-modernes.  Hamlet a décidément l’âme slave avec ses  souffrances extrêmes -  selon Dostoïevski, "le besoin spirituel le plus élémentaire du peuple russe est la nécessité de la souffrance" -  ses désespoirs sont  affolants et  ses folies ravageuses. La vigilance rend-elle fou ? Les multiples coiffures ébouriffées de sa crinière indomptée témoignent de son instabilité et de l’extrême sensibilité de ses perceptions. Se laisser pousser la barbe, dans la culture  russe  à l’époque, c’est un signe de révolte contre le diktat de l’Etat. Et pour le verbe,  quel savoir-faire et quel rythme dans sa sensibilité exacerbée! Je ressens donc je suis!   

 12273247489?profile=originalMais Hamlet, alias un fulgurant Itzik Elbaz, sans qui,  Thierry Debroux n’aurait jamais tenté l’aventure,  c’est aussi Roméo, lorsqu’il pose sa tête sur les genoux d’Ophélie et lui livre son immortelle et  vertigineuse confession intime, à laquelle il donne des résonances encore plus troublantes... Il  se sent à la fois dans le désir et dans l’obligation de la fuir pour la protéger.

Ophélie, prisonnière de la condition de la femme, soumise aux exigences de l’autorité  paternelle et rendue folle d’amour pour Hamlet,  ira elle jusqu’au bout de sa folie, accomplissant le geste fatal. En revanche, le rêve de vengeance d’Hamlet, qu’il maquille par une folie absolument crédible, se termine quant à lui par un salto mortale  dans le gouffre de l’extrémisme radical.  Car lorsque le pouvoir, la jalousie, la vengeance, le rejet des compromissions, l’extrémisme  « éliminent les autres sentiments  ils deviennent eux-même  immense folie! ». A peu de choses près, Hamlet réussit son coup d’état, sauf que la Destinée en décide autrement et que la pièce se terminé par un immense carnage…. « Et le reste est silence. »

Tout aussi admirable dans l’interprétation de son rôle, nous avons Anouchka Vingtier dans le rôle d’Ophélie à l’admirable coiffure tressée avec soin  par des mains de fées. Vêtue d’une robe de soie bleue comme la rivière ou le manteau de la Vierge,  ne dit-elle  physiquement par ses silences et ses postures  le dénigrement séculaire de la condition féminine? A l’instar des femmes décrites par Velasquez, elle est raide, sans maquillage,  paralysée par l’effroi et l’horreur de sa condition de femme, écartelée entre son désir amoureux  et l’obéissance au père. On souhaite que sa soumission, sa folie avérée et le  destin fatal qu’elle choisit radicalement, nous  fera réellement réfléchir.

2582363034.jpg?width=330 Tout aussi emblématique est l’affolement de la reine  Gertrude, complice de Claudius, interprétée par  Jo Deseure.  Si elle est devenue  la  propriété charnelle  du roi usurpateur, et même son animal de compagnie ( il l’appelle « sa souris ! ») elle attire la sympathie pour ses inquiétudes haletantes  de mère  tourmentée.  « Ne puise-t-elle pas «  toute sa vie dans les yeux de son fils ? » Ne va-t-elle pas elle aussi, friser la folie? La chevelure et le jeu de ses expressions égarées  en témoigne!  Encore un savant clin d’œil de l’artiste maquilleur et coiffeur, Bouzouk.

Pour en venir à Claudius (Serge Demoulin), meurtrier mondain,  il est coiffé comme un prince galant. Le dictateur, splendidement vêtu,  froid et résolu, installe à tout moment la surveillance. Il symbolise le visage d'un ordre social cruel : la violence d’état écrase toute forme de résistance ou d'opposition. Il étale ses manières courtoises pour mieux ourdir ses mortelles machinations, sûr de sa réussite. Son sang-froid, sa maîtrise  et sa duplicité laissent pantois. Serge Demoulin qui l’habite au mieux, retrouve toute son humanité  dans la scène de repentir devant Dieu,  jouée au pied des icônes de la cathédrale orthodoxe.  C’est à ce moment qu’ Hamlet perd l’entendement et la partie: il a  abaissé son glaive, non par pureté de cœur,  mais de peur que le scélérat, par sa confession, ne rejoigne malgré tout, un paradis immérité. Là, comme dirait Sophocle: flagrant défaut d’hubris !

Il serait injuste de ne pas aussi donner  la palme aux  trois  autres comédiens qui   contribuent de façon  irréprochable à  cette tragédie : Fabien Finkels, toujours aussi attachant,  que nous avions encensé dans le « Faust » de Goethe à l’affiche du théâtre du Parc l’an dernier et  l’impétueux Adrien Letartre dans les rôles d’Horatio et Laërtes. Et aussi Christian Crahay, un Polonius, superbe archétype du père despotique, qui rampe devant l’autorité et se fait tuer, pris pour un « rat ».

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Mais revenons encore sur cette mise en scène impeccable où les musiques de David Lempereur, le travail scénique sur deux niveaux  de galeries, et les inventions poétiques et allégoriques ne cessent de captiver. Les costumes sont signés Anne Guilleray. Vous aussi serez  hantés par les jeux de lumières fantomatiques, la multitude de miroirs traversés, le frisson de la rivière fatidique,  et par  les autres personnages typiquement shakespeariens qui ont eux aussi de belles histoires à vous faire savourer! Aux lumières : Laurent Kaye et à la scénographie : Vincent Bresmal. 

http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/57/48.html

Dates: du 14 septembre au 21 octobre 2017

Lieu: Théâtre Royal du Parc

Rue de la Loi, 3 1000 Bruxelles

Contact: 

http://www.theatreduparc.be 
info@theatreduparc.be 
02-505.30.30     

 

  

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Le voyage bleu

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La fuite de Henri Rochefort  Edouard Manet  1881

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Le Docteur Gachet  Vincent Van Gogh  1890

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Eglise à Auvers-sur-Oise Vincent Van Goghh  1890

A suivre...

N.-B.: si vous cliquez sur la peinture vous l'agrandirez

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Expression Française au Blues-Sphère Bar

12273249065?profile=originalDans une mise en scène déjantée, trois auteurs s'interviewent (Bob Boutique, Edmée De Xhavée et C.-L. Desguin), un imbroglio de trucs absurdes, des cadavres mais pas de sang, des neurones qui dansent la java avec des entrelacs de micros.

Plaisir des mots, de la voix et de la musique et... beaucoup de bonne humeur!

Et j'aurais aussi le bonheur de remonter sur scène avec mes deux fils ( Stéphane et Olivier Wertz )

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ENTRER DANS LE TABLEAU

12273242856?profile=originalC'est une longue procession dans la soie usée

Pour que la vie s'élève tout là- haut  dans le silence des musiques célestes

Chaque offrande est portée

Les arbres ploient à leur passage

Comme un autre coeur qui bat

AA

Précieuse  et authentique broderie chinoise héritage d'un ancêtre  et comme un signe qui rejoint la tradition  asiatique

  les stries d'usures deviennent arbres

la tache d'humidité devient lac

Tout se reconstruit avec le temps

AA

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Ancien Testament Nombres

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Quatrième livre de la Bible -l'un des cinq du "Pentateuque" -attribué à Moïse. Il porte ce titre depuis la version faite à Alexandrie, dite des Septante, et c'est celui que la "Vulgate" a retenu. En effet, les premiers chapitres ne constituent que le dénombrement "de toute l'assemblée des enfants d' Israël, selon leurs familles et les maisons de leurs pères, en comptant par tête les noms de tous les mâles, depuis l'âge de vingt ans et au-dessus". Le titre en langue hébraïque n'est autre que le premier mot du premier chapitre, de même que dans les autres livres du "Pentateuque". Il y a en tout 36 chapitres groupés en trois parties. La première (I, 1 -X, 10) commence  avec les instructions de l'Eternel à Moïse "le premier jour du second mois, la seconde année après la sortie du pays d' Egypte", et se réfère aux préparatifs des Juifs quittant le Sinaï: dénombrement du peuple et des Lévites, ordre de marche de la tribu, fonctions des lévites, lois morales, lois sur les revenus des prêtres et sur la célébration de la Pâque, signaux de marche, fabrication des trompettes d'argent, apparition de la nuée et du feu de l'Eternel. La seconde partie (X, 11 -XXI, 35) débute dix-neuf jours plus tard "le vingtième jour du second mois de la seconde année", au moment où les Israélites quittent le Sinaï. Il est le récit de ce voyage qui dura trente-cinq ans et qui mena les Juifs du Sinaï jusqu'au pays de Moab. Sur cette période, -du départ du Sinaï jusqu'à l'arrivée en Chanaan, -la Bible est presque muette. Seuls sont mentionnés les événements qui légitiment la condamnation que Dieu portera contre la seule génération qu'Il a libérée de la servitude des Egyptiens: l'interdiction d'accéder à la Terre promise. Quarante ans environ après la fin de l'exil en Egypte, Israël reprend sa marche vers Chanaan. Dès le début de ce nouveau voyage, Aaron meurt près de Qadech, sur la montagne de Hor (XX, 22). La Transjordanie est conquise par les armes. Au nombre des rois vaincus se trouve Balaq, souverain de Moab; plus confiant en la puissance de la magie qu'en la valeur de ses troupes, il avait décidé, avec les anciens de Madjan, d'appeler à son aide le célèbre magicien Balaam; mais Dieu avait contraint ce dernier à bénir Israël au lieu de le maudire. L'étranger Balaam, polythéiste, rend malgré lui le célèbre oracle messianique: "Un astre sortira de Jacob, un sceptre s'élèvera d' Israël". La troisième partie (XXII, I - XXXVI, 13) relate, outre l' oracle de Balaam, de nouvelles lois sur les sacrifices et les cérémonies et raconte la victoire d' Israël sur les Madanites, dénombre le grand butin qui fut pris, et mentionne le partage des terres à l'est du Jourdain. Le livre s'étend sur une période de trente-huit ans et demi environ. L'événement religieux le plus important est la prophétie de Balaam. Outre sa valeur historique, ce livre est intéressant au point de vue littéraire, car il nous a transmis des extraits précieux de vieux chants populaires.

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Un Hommage à Raymond MARTIN

Un Hommage à Raymond Martin

avec son dernier poème

"LA LIBELLULE"

inspiré d'une aquarelle

d'Adyne Gohy

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La Libellule

 

Un, deux, trois pas de danse contenus dans la légèreté de l’astre doré.

Beauté d’une Elfe de passage sur la terre se fondant dans la sphère flamboyante.

Danse de l’âme aux accords musicaux sublimes des sphères célestes inexplorées.

 

Un silence, en harmonie gestuelle aux vibrations cosmiques, porté par un élan juvénile.

Sémaphores élancés, en quête de l’éternel questionnement sur la complexité de l’être.

Silhouette, balancée au gré de l’immensité spatiale, quémandant une réponse subtile.

 

Le voile léger au gré des doigts se meut dans le désir de se fondre au crépuscule,

Pour une recherche  intime des nébuleuses impalpables, sur leurs orbites immuables.

Des étoiles dans le ciel, soupçonnées, silencieuses, sur la scène  une ombre frêle minuscule.

 

Un, deux, trois pas de danse en recherche d’une parfaite gestuelle  accordée au ton  animique.  

Jadis, naguère, parallèlement au gré de la plume, selon l’âme de la danse elfique.  

Un, deux, trois pas de danse convenus pour un faune jadis endiablé, amoureux des  Nymphes.

 

Battements d’ailes déchirant l’air embaumé d’une voûte enveloppée d’une céleste senteur. Libellule, papillon en Elfe passagère, mystère de la métamorphose au gré de la poétesse  rêveuse.

Un, deux ou trois pas de danse, la scène est immortalisée en un tableau onirique d’une indicible candeur.

 

Raymond Martin

Mai 2017

  

 

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administrateur théâtres

L’image contient peut-être : 3 personnes, personnes assisesMerveilleux partage de complicité : dans cette comédie de boulevard  exclusivement masculine, Max (Bernard Yerlès), Paul (Bernard Cogniaux) et Simon (Alain Lempoel) sont amis depuis 35 ans dans l’histoire contée par Eric Assous,  comme dans la vie. Ils adorent leurs vacances annuelles et  escapades  sans leurs femmes, à moto, au disco, au foot ou à taper joyeusement le carton. Chacun a une carrière réussie et tous semblent avoir des vies parfaites, jusqu'à  cette soirée-cartes où Simon, arrivé largement en retard et complètement bituré,  annonce à ses amis qu'il vient d'étrangler sa femme, Estelle, après une dispute particulièrement  flamboyante. Max et Paul sont horrifiés par la confession de Simon, et reculent quand Simon leur demande entre deux hoquets, de mentir sur l’heure d’arrivée à la soirée et de lui fournir un alibi pouvant le  disculper du meurtre passionnel. Les deux hommes vont-ils ou non le livrer à la police? Les copains d’abord, non?

Quelles sont les limites de l’amitié, à quel moment se désolidarise-t-on ? Connait-on vraiment les alter ego? Les hommes ne préfèrent-ils pas mentir? Quand commence la lâcheté ? La soirée-cartes entre amis n’a pas lieu  devient vite un  tribunal à huis-clos devant le geste irréparable de leur ami. Mais la  comédie policière se révèle être surtout une comédie de mœurs rondement menée. C’est en fait  l’occasion pour chacun de vider son sac de mettre à nu les frustrations de chacun vis-à-vis de leurs femmes respectives: Estelle la colérique, Karin-qui-dort, et Magali c’est-fini! Et avec quelle ironie !

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Panique à bord, no joke,  la tension est  franchement palpable dans ce morceau de théâtre parisien divertissant.  Max a beaucoup de charme, de la carrure et des positions carrées.  Paul, qui déteste les conflits a l’art d’arrondir les angles. Simon, coiffeur de son état, amoureux nostalgique de la jeunesse - c’est écrit sur son T-shirt -  n’est-il qu’un vil manipulateur?  Les trois acteurs provoquent  des rires généreux malgré la gravité de la situation, et la pièce monte en crescendo au fur et à mesure que l’on prend conscience que les apparences sont plus que trompeuses et que chacun devrait balayer devant sa porte avant de juger l’autre. Deux scènes d’anthologie burlesque - loin de nous l’idée de les révéler – provoquent une adhésion totale au jeu de Bernard Cogniaux  et de Bernard Yerlès puisque le meurtrier cuve son vin au cours de cette nuit blanche pour les deux autres.  Le  décor de huis-clos lisse et raffiné de l’appartement de Max joue sur le féminin bien rangé… malgré l’absence de femme au logis.  Pas un seul coin pointu : du divan à la bibliothèque en rotonde qui abrite jusqu’au plafond  la collection légendaire de  vinyles de  tous nos chanteurs et poètes d’antan! Vous êtes plutôt Brassens ou Nougaro? On sera totalement : Alain Lempoel, l'homme aux chaussures rouges!

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administrateur théâtres

Des clés  pour l’opéra, …au cœur de la Forêt de Soignes 

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Quoi de plus  enthousiasmant  pour débuter la nouvelle saison de critiques chez Arts et Lettres, que  le charmant spectacle une  adaptation pour enfants de l’œuvre de Mozart  en  60 minutes   de bonne humeur et de légèreté, écrite par Sophie van der Stegen,  respirant l’exquise musique  du compositeur et son rêve des Lumières!  La (Petite) Flûte Enchantée est un projet Enoa (European Network of Opera Academies),  en coproduction avec l’ Escuela de Musica Reina Sofia, Fondation Calouste-Gulbenkian. La tournée a débuté en Belgique le 26 août à Louvain-la-Neuve (au Kidzic à la ferme du Biéreau), nous l’avons dégustée ce  samedi  10 septembre, à La Chapelle Musicale Reine Elisabeth qui affichait complet! Ensuite elle voguera vers d’autres contrées…(Luxembourg, Portugal & Espagne!)

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Heather Fairbairn, ludique et mystérieuse, est à la mise en scène. Tout commence avec des enfants munis de coussins et de masques d’oiseaux joliment assemblés avant le spectacle qui se rassemblent autour d’un podium servant d’écrin à un arbre de lumière stylisé, seul représentant d’une forêt imaginaire. Les  baies vitrées de la salle  de la Chapelle musicale donnent sur les bois.  Ainsi, au cours de  cet opéra participatif et immersif,  les jeunes de l’école maternelle à l’école primaire picoreront en live et pour la première fois pour nombre d’entre eux, les graines  de l’éveil musical et amoureux. La flûte enchantée n’est-telle pas une initiation au coup de foudre, à l’amour au premier regard, puis à sa maturation en empruntant la voie étroite?

 21742095_10159214129175459_865008333_o.jpg?oh=b998a914e9f3424913de1f9f2351ac7c&oe=59BEE75B&width=300  Quelque part, un escabeau sans prétention et un coffre à  malices ou à costumes ont rejoint le mystère de greniers d’antan.   A l’autre bout,  une pianiste (Julie Delbart /Marie Datcharry) fera frémir des atmosphères : des orages terrifiants, l’autorité du sage, les déclarations d’amour et  les  improvisations de bonheur qui pétillent dans la musique originale d’Ana Seara! 150 regards émerveillés qui ont fait le pari de l’imaginaire seront comblés, l’énergie du conte et de la musique circule  avec naturel. Comme le dit la conclusion du spectacle : « La musique, l’amour, l’amitié et l’imagination, c’est tout l’Opéra. »

 Le ténébreux barytonGuillaume Paire incarnait avec  voix assurée et entregent solide un Papagéno génial, en costume d’explorateur, ainsi que le mage Sarastro … et la Reine de la Nuit et ses maléfices! D’emblée, il sauve le séduisant prince Tamino (le très romantique ténor - brûlant et  enchanteur  -  Fabien Hyon) du terrifiant serpent de la forêt, grand comme une ablette. Rires. Celui-ci tombera ensuite amoureux du portrait de  Pamina, enlevée à sa terrible mère, et séquestrée par Sarastro. Flûte enchantée et carillon magique convoquent la magie… Mais pas que : la magie  même du spectacle et la voix des enfants devenus oiseaux des forêts, ouvrent les portes de l’imaginaire!   Des épreuves terribles attendent le jeune couple, dont la pire : le silence!21745048_10159214129400459_87792270_o.jpg?oh=cda0a4cfaa346a3044f6287eaca050f7&oe=59BF0783&width=300

Parents et enfants se retrouvent à rêver devant la vraie fée du spectacle Pamina (Julie Gebhart) : délicate, frissonnante, juvénile, tendre, exquise image de princesse, douée d’une voix extraordinaire au timbre fruité et aux aigus très agréables. C’est la même interprète, Julie Gebhart qui représente la coquine Papagéna.  « En musique, aidez-nous à trouver Papagéna ! » lance le maître du jeu musical, en nettement mieux que Dora l’exploratrice!  Rassemblés dans la joie de l’écoute et des rires, les gosses de tous âges et leurs parents sont réellement conquis par la découverte !

 

Chapelle Musicale Reine Elisabeth

445 chaussée de Tervuren, 1410 Waterloo

  

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http://belgium-events.com/event/la-petite-flute-enchantee-family-opera-2

 

Mind you! If you want to support the project, nominate us for an Opera Award! 
- Visit www.operaawards.org/nominate
- In the category 'Education & Outreach', type: Queen Elisabeth Music Chapel's La (petite) Flute Enchantee

 

 

 

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Dans le miroir de Vénus (Aphrodite, 4/7)

12273249659?profile=originalVénus Pudique

Quoique, méfiez-vous, elle sort tout juste de sa réserve…

(marbre ; musée du Louvre, Paris)

« Ha que plût aux Dieux que je fusse !

Ton miroir, à la fin que je pusse,

Te mirant dedans moi, te voir. »,

Anacréon (ca - 560, - 478 av. J.-C.) *1

 

      Archétype de la beauté, mythe absolu, déification de l’éternel féminin, finalement elle réconcilie les Anciens et les Modernes.

      Déjà, dans le monde gréco-romain, en Egypte et en Syrie, on a trouvé des figures de la déesse aux multiples attributs polythéistes (le gouvernail de la Fortune et la corne d’abondance, le casque de Minerve ceint du diadème de Cybèle, l’emblème d’Isis). C’est l’Aphrodite Panthée, protectrice de l’épousée, dans la lignée d’Isis-Hathor-Astarté, unies-vers-elle la panthéiste.

Produite en série (on la retrouve au Louvre, à Vienne… A Myrina, en Asie mineure, par exemple, on déclinait beaucoup de Vénus accroupie en terre cuite dans l’Antiquité), elle a continué de ravir et d’inspirer nombre d’artistes de la Renaissance aux plus contemporains. Rodin, Maillol, Bourdelle, Redon…

« Exquise vérité des formes, en sorte qu’on aurait pu les croire moulées sur nature,

si la nature produisait d’aussi parfaits modèles. »

Prosper Mérimée (La Vénus d’Ille)

 

12273250063?profile=original Vénus de Vienne

Sainte-Colombe à sa toilette.

(Ier-IIe s. ; marbre de Paros ; musée du Louvre, Paris)

Rappelons ici que Prosper Mérimée (1803-1870) fut inspecteur général des Monuments historiques. En tant que tel, il visita en 1835 le « Palais du Miroir » à coté de Vienne en Isère. Ce qui amena la découverte, deux ans plus tard, de la Vénus de Vienne dans le frigidarium des thermes de Saint-Romain-en-Gal. Une copie romaine de l’Aphrodite accroupie de Doidalsas de Bithynie, « une Vénus nue, supérieure encore à celle de Praxitèle » pour Pline l’Ancien.

 

      Rodin, ou avant lui Michel-Ange, rejoignaient Lysippe qui, tel que Pline le rapporte, « déclarait volontiers que les Anciens représentaient les hommes tels qu’ils les voyaient, et lui, tels qu’ils lui donnaient l’impression d’être. »

Ce sculpteur grec du IVe siècle avant notre ère dont « on dit qu’il contribua largement au progrès de la statuaire par le rendu minutieux de la chevelure et la modification des proportions du corps : les têtes étant plus petites, les corps plus minces et nerveux, la taille des statues semblait plus élancée. »

… Dali, Arp, Zadkine, Arman ou Andy Warhol…

Un thème universel qui défie le temps.

      Attractive, elle séduit toujours et fait vendre des produits en tout genre, les marchands se saisissant de  cette image qui capte immédiatement le regard du chaland. Un visuel parfait au fort pouvoir vendeur. Je me souviens que l’on avait même tenté de commercialiser les œufs d’escargot au prix exorbitant d’un « caviar blanc » sous l’alléchante appellation de « Perles d’Aphrodite » !

Oh je sais que d’Hermès, Aphrodite conçut Hermaphrodite, mais ce n’est que de son union avec Salmacis qu’il devint tel un petit hélix.

Et qu’Hésiode a traité Aphrodite - ah ! c’est pas joli… ah ! c’est pas gentil… c’est même retors - d’hélicoblépharos, la « paupière en vrille » !

 

12273250485?profile=originalEn flânant, serein, devant les devantures de magasins,

une Aphrodite Mélaenis, Noire, maîtresse de la nuit, nous retient.

(copie d’une céramique dans le style attique à figures noires)

 

Je ne vais pas vous faire l’article… En boutique, on la vante extra vierge ! Organic (biologique) ! Magnétique !!! C’est la mercatique qui veut cela…

 

Et elle ne ferait plus recette ? c’est pourtant une huile !

12273250679?profile=originalA écouter les sirènes de la publicité, la consommation serait l’alpha et l’oméga 3 de l’existence !

 

Et ici, notre « Aphrodite de la Mer » rhabillée en magnet !

12273251467?profile=original (je vous livrerai la vraie, bien plus aimante et dans son plus simple appareil, dans le prochain numéro)

 

Quelle enseigne tout de même !

 

12273251490?profile=originalDans un jardin de Rhodes

Même mille fois déclinée avec tant de produits dérivés,

Jamais quelconque dans sa conque.

 

Surtout elle stimule la créativité des artisans qui perpétuent la tradition de la céramique, dans la copie ou son interprétation.

 

12273251289?profile=originalCéramique de Faros (Rhodes)

Enjôleuse et vendeuse, non ?

 

Aphrodite nous dicte toujours sa loi, elle qui bohème n’en connut guère. Car elle en impose encore notre déesse.

 

      12273252088?profile=originalVénus au miroir

Elle aimait le reflet de sa beauté, coquette au sortir du bain

ou conquérante dans le bouclier de Mars, fatale toujours.

(Copenhague, glyptothèque Carlsberg)

 

      Mais les attributs de la vénusté seraient-ils soumis aujourd’hui à un coefficient de vétusté ? 

La taille… plus fine ! Les jambes… plus longues ! Les seins… en obus de canon !!! Ainsi, par les vertus d’un traitement numérique, ou pis, par la chirurgie esthétique, notre almée à l’envoûtant déhanchement en serait-elle réduite à se conformer aux nouveaux diktats de la mode pour défiler sur les podiums ? Mincir pour entrer dans les normes, quel paradoxe ce paradigme !

« Son ventre splendide, large comme la mer. »,

Auguste Rodin, à propos de la Vénus de Milo

Quels que soient les commandements de la modernité, je ne cesserai de tourner autour de ces rondes-bosses…

 

12273252264?profile=original Vénus accroupie ou Vénus à la toilette

« Une fleur de vie, forme qui me réjouit. »,

Auguste Rodin

D’après un original de Doidalsas de Bithynie

(musée national, Rome)

 

… autant que de la contempler  accrochée aux cimaises me remplit d’aise.

 

12273251888?profile=originalLa toilette de Vénus (ou l’Air)

L’Albane  (Francesco Albani, dit ; 1578-1660)

(musée du Louvre, Paris)

 

Et se livrer avec Aphrodite aux délices de Capoue*2

 

12273252287?profile=original Toutes veulent être Vénus...

Cette belle romaine arbore une coiffure en vogue au 1er siècle

(Marcia Furnilla, seconde épouse de l’empereur Titus ?)

(Copenhague, glyptothèque Carlsberg)

 

Pas sûr toutefois que toutes puissent soutenir…

 

12273253471?profile=originalLa comparaison

Jean-Frédéric Schall (1752-1825)

« Jouissez amants, la fleur de jeunesse vous rit au visage. »,

Gioachino Rossini (1792-1868)

(musée du Louvre, Paris)

 

« Il avait à Syracuse un couple surnommé Belles Fesses. », raconte Cercidas de Megalopolis deux siècles avant notre ère. Voici l’histoire…

Deux sœurs s’interrogeaient, et la question était grave. A savoir laquelle avait le plus joli postérieur. Il fallait bien trancher, bien que le partage fût déjà très équitable. Un joli cœur s’en vint par là. « Il est bon de savoir qui de nous a le plus beau. » Bien qu’il y eût à hésiter, il devait en juger, il opta pour l’ainée. Et, bon gars, pour ne pas peiner la cadette, manda de ce pas son frère afin qu’il puisse plaider aussi son cas. Ce dernier lui trouva de sérieux atouts et, ma foi, fort à son goût. Tous se marièrent et firent ériger une statue à Aphrodite, callipyge comme il se doit pour rendre hommage à tant de grâces. On comprend mieux maintenant le motif*3 de ce tableautin libertin et pourquoi tant de messieurs aimeraient tant voir Syracuse avant que leur jeunesse s’use.

 

« Des jeunes cœurs c’est le suprême bien :

Aimez, aimez ; tout le reste n’est rien. »,

La Fontaine

 

Les anciens Grecs déjà prisaient fort les jeux de hasard. Aux dés la combinaison gagnante était le « coup d’Aphrodite » (3 fois 6). Victoire assurée… Sinon un « coup de chien » (3 fois 1), sinon l’apocalypse cette bête, était mauvais signe néanmoins. Heureux au jeu… Le perdant pouvait se consoler en se disant qu’aux jeux de l’amour il avait peut-être évité un « coup de pied d’Aphrodite », maladie vénérienne de ceux qui sacrifient trop à Vénus au hasard de rencontres douteuses. « Amour, Amour, quand tu nous tiens

On peut bien dire : « Adieu prudence. », La Fontaine (Le lion amoureux), autant :

« J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique,

La ville et la campagne, enfin tout ; il n’est rien

Qui me soit souverain bien,

Jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique. »,

Id., Les Amours de Psyché et de Cupidon

 

      Par-delà la légende, Chypre, l’île d’Aphrodite, toujours très sismique, est née de la mer au crétacé, il y a environ 90 millions d’années, d’une surrection du plancher océanique, un choc titanesque entre les plaques anatolienne et africaine. Puis l’île s’est surélevée au pléistocène, il y a environ 1,8 millions d’années, pour dominer à 1952m dans le massif du Troodos au mont Olympe (qu’il ne faut pas confondre avec son homonyme, siège des dieux de la mythologie grecque).

 

12273253854?profile=originalAu printemps de quoi rêvais-tu Sandro ?

A la naissance de Vénus ?

(musées capitolins, Rome)

Tête dite d’Amazone blessée du type Capitole-Sôsiclès. Copie romaine d’un original grec du Ve s. av. J.-C. La statue aurait été créée par Crésilas pour un concours l’opposant ainsi à Polyclète, Phidias, Phradmon et Cydon. Elle était destinée au temple d’Artémis à Ephèse et serait arrivée en troisième position après celles de Polyclète et Phidias, devançant celles de Cydon et Phradon.

N’est-elle pas confondante cette beauté canonique ? Eternelle korê (jeune fille) qui semble bien avoir inspiré Botticelli pour sa Naissance de Vénus*4, en tout cas cela m’a frappé lorsque je l’ai photographiée. Ou, plus sûrement encore, un dessin à la mine de plomb de Gustave Moreau.

 

A suivre…

Car l’amour renait sans cesse.

Vous aurez peut-être plaisir à retrouver ici les trois premiers épisodes de ce feuilleton avant son épilogue prochain :

1.  A Paphos, l’effrontée Aphrodite fût :

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/a-paphos-l-effront-e-aphrodite-f-t-aphrodite-1-5

2.  

1.    A la poursuite d’Aphrodite la dorée :


 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/a-la-poursuite-d-aphrodite-la-dor-e-aphrodite-2-5

1.  Toujours fondu d’Aphrodite ?

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/toujours-fondu-d-aphrodite-aphrodite-3-6

 

Michel Lansardière (texte et photos)

 

*1 Anacréon, poète lyrique grec, adapté pour l’occasion par Rémi Belleau (1528-1577). Sous la plume de Pierre de Ronsard (1524-1585) les vers d’Anacréon deviendront :

« Mais je voudrais être miroir

Afin que toujours tu me visses. »

Un autre de leur contemporain, Olivier de Magny (1529-1561), donna :

« Je voudrais être le miroir

Où vous vous ébattez à voir

Les beautés de votre visage. »

Au XVIIIe siècle, par le truchement de Louis Poinsinet de Sivry (1733-1804), on obtint :

« Que n’est-il en mon pouvoir

D’être cette glace heureuse,

Où vous aimez à vous voir ? »

Enfin, de la réflexion de Charles-Marie Lecomte de Lisle (1818-1894) :

« Pour moi, que ne suis-je, ô chère maîtresse,

Le miroir heureux de te contempler. »

Quant à la statue, exposée depuis peu au public et ici donnée en illustration, elle est du type genitrix (mère ; Vénus, déesse de la fécondité ; cf. A la poursuite d’Aphrodite, 2/7).

A remarquer également, l’hydrie (aiguière), rappelant le bain lustral. L’eau-mère associée à sa naissance, à l’abondance qu’elle génère.

*2 Les « délices de Capoue » font référence à Hannibal et son armée qui prirent Capoue (Santa Maria Capua Vetere de nos jours) aux Romains en – 215. Au lieu de repartir en campagne, ils y firent relâche, attendant des renforts, et cédèrent à la tentation. Après la débauche, les Romains n’eurent plus qu’à faire main basse sur la ville, en – 211, et rafler la mise. Hannibal était défait. Anachronisme, me direz-vous. Pas tant que ça, je fais ici allusion à l’Aphrodite de Capoue du musée archéologique de Naples, attribuée à Lysippe ou à Scopas selon les auteurs, et comparable à la Vénus de Milo. De même l’Aphrodite Landolina du musée de Syracuse avec son drapé qui s’ouvre telle une conque pour révéler les jambes splendides de la déesse.

Un peu plus loin encore (aux jeux de l’amour et du hasard) les époques se carambolent (si le « coup d’Aphrodite » est bien une expression grecque, les autres termes sont nettement postérieurs), autres temps ne signifiant pas nécessairement autres mœurs. Aussi me suis-je accordé quelque licence… littéraire.

*3 Complétons la légende. Sous la Régence, il y avait aussi une « fraternité des Aphrodites ». Ses membres, qui se faisaient aussi appeler Morosophes, aimaient se réunir du côté de Montmorency, au nord de Paris, pour de petites sauteries entre amis amateurs d’académies. Cet « ordre » fut dissout en 1791. Et Schall, qui vivait à Paris, aimait les sujets légers.

*4 Même si on dit souvent que c’est Simonetta Vespucci, « la sans pareille », qui, bien que morte depuis plusieurs années, lui aurait prêté ses traits. Ou, plus osé encore, Alessandra Lippi, sa filleule et fille de son maître Fra Filippo Lippi. Mon hypothèse après tout n’est guère plus risquée et, au moins, l’Amazone de Crésilas de la Vénus de Botticelli a la lippe. Une vraie renaissance de l’idéal antique.

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Michel de Certeau, Le Jardin : Délires et Délices de Jérôme Bosch
Michel de Certeau, Le Jardin : Délires et Délices de Jérôme Bosch
Michel de Certeau, Le Jardin : Délires et Délices de Jérôme Bosch

"Des mois durant, errer dans cet espace clos nommé le Jardin des délices. S'y perdre. Non qu'il se creuse et qu'il échappe en ces profondeurs, cavités, grottes, tubes, repaires souterrains, caches sous-marines et obscurités sylvestres qu'il représente. Il est tout dans sa surface. Il s'offre entièrement à l'oeil que, de surcroît, il dote d'une vue plongeante, panoramique et totalisante, a bird's eye view. Il s'étale "en perspective" comme plus tard les plans tracés dans des Jardins de plaisir. A le parcourir, les rencontres se multiplient, plaisirs exquis de l'oeil en ses voyages, le rose d'un mégalithe, la silhouette d'un cueilleur d'oranges, les amoureux dans une cornue en forme de fleur, mais ces délices ponctuent des chemins privés de sens. Jouissances aveugles. Quel est ce lieu, locus voluptatis, comme d'autres jardins amoureux ou mystiques ? Que s'y passe-t-il ? Le tableau s'opacifie à mesure que se détaille la prolifique épiphanie de ses formes et de ses douleurs. Il se cache en les montrant. Il organise esthétiquement une perte de sens..."

"L'ailleurs a cent autres formes, depuis les amours à trois ou les agonies du désir, jusqu'aux grâces oiselières ou cavalières du carrousel. de ce pays, au terme de mes premiers voyages, je ne sais pourtant rien de plus, avançant comme un nageur vers le large. Je "pensais voir". En réalité, par l'effet d'une lente inversion, je suis regardé. "Les tableaux nous considèrent" (Paul Klee).  Une xylographie de 1546, reproduction ou plagiat d'un Jérôme Bosch, a l'innocence (peu boschienne) d'en instruire le spectateur par une légende : "Le champ a des yeux, la forêt des oreilles." Le Jardin regarde. Il est plein d'yeux qui "nous considèrent" (j'en ai compté au moins huit ou neuf). Partout le regard de l'autre surplombe. Le tableau ne donne pas une image dans un miroir (les miroirs sont rares et diaboliques chez Bosch), mais une inquiétante privation d'images, organisée par ce qui, d'interrogateur, en vient. Comme si, tout entier mué en sibylle à bouche close, en sphinx, il disait au spectateur : "Toi, que dis-tu de ce que tu es en croyant dire ce que je suis ?" Mais c'est trop déjà que lui supposer le statut d'une énigme, énoncé qui dit la "vérité dans la mesure, et seulement dans la mesure où il signifie ce qu'on lui fait raconter. L'esthétique duJardin ne consiste pas à fomenter les brillances nouvelles d'une intelligibilité, mais à l'éteindre." (Michel de Certeau, La Fable mystique, Le jardin : Délires et Délices de Jérôme Bosch, Editions Gallimard/tel, p. 71 et 99)

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Reiner-Maria Rilke, "Tu dois changer ta vie"

Reiner-Maria Rilke, "Tu dois changer ta vie !"

           Torse archaïque d'Apollon 

Nous n'avions pas l'idée de sa tête inouïe
Où les yeux mûrissaient comme des pommes. ‒ Mais
Son torse luit encore ainsi qu’un candélabre :
C’est là que son regard, seulement affaissé,

Se tient brillant. ‒ Le haut sinon de la poitrine
Ne pourrait t’éblouir, ni dans la douce courbe
Des lombes ne pourrait s’avancer un sourire
Vers ce centre jadis porteur d’engendrement.

Cette pierre, sinon, serait, informe et courte,
Sous le joug du tomber transparent des épaules,
Et ne reluirait point comme une peau de fauve ;

Ni ne s’échapperait par toutes ses bordures
Comme une étoile fait : car il n’est aucun lieu,
Ici, qui ne te voie. Tu dois changer de vie.

("Archaïscher Torso Apollos", In Neue Gedichte, 1907, Traduction originale Lionel-Edouard Martin)

 

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Un mystère enchanteur

Bien que mon envie soit intense,
De changer un comportement,
Je m'y applique vainement.
D'une chanson ai souvenance.

Elle était gaie. J'aimais l'entendre.
Un vieillard aurait bien voulu
Mais, hélas! il ne pouvait plus.
N'avais pas besoin de comprendre.

C'était l'année de mes vingt ans.
Se prolongeaient mon innocence
Et mon amour de l'existence.
M'exaltaient les garçons brillants.

 

Je médite restant passive.
Mon âme est emplie de tendresse.
Ô les saveurs de ma jeunesse,
Par mystère conservées vives!

14 septembre 2017

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Mamy JGobert

Les jours passent. Ton absence s’estompe doucement, insensiblement et les matins retrouvent le goût perdu du miel d’antan. Je voulais vivre un grand, un immense amour comme dans les livres, un de ceux que les poètes décrivent avec tant de passion et tant de bonheur. Je pense l’avoir effleuré des doigts, un temps infime et minime. J’en ai fait une histoire, mon histoire que j’ai brodée chaque jour comme un tableau de maître. J’y ai cru fermement comme on croit à ses rêves d’adolescente, de femme. J’ai voulu le retenir, y croire encore et encore, mais il faut être deux pour une histoire d’amour.

Depuis peu, je dois te dire que je revis, je ne croyais pas cela possible. J’ai fait la rencontre d’un nouvel amour, puissant et intense. Un de ces amours qui grandit avec le temps, jour après jour, semaine après semaine. Je ne réalisais pas son importance au début. Je l’attendais inconsciemment sans le savoir.

Le regard embué de larmes, je l’ai découvert petit, enroulé sur lui-même, une boule d’amour et de vie. J’ai fait sa connaissance un matin d’automne dans les bras de sa mère. Doucement comme un trésor que l’on effeuille et que l’on touche délicatement pour s’en imprégner, il est devenu visible, palpable. C’est ma réalité.

Chaque jour est bonheur. Tout aujourd’hui gravite, tourne autour de cet être d’exception qui donne tout à foison, sans retenue, sans modération. Généreux, bienveillant dans ses sourires, dans ses baisers, ses mots d’enfant sont un bonheur de chaque jour. Sa présence m’est devenue indispensable, essentielle, vitale.

Cet amour a transformé une grande partie de ma vie et efface, remplace avec bonheur ceux qui ont disparu dans les trahisons, les larmes, le chagrin. Comme un trésor inestimable, précieux, je lui ai fait une olie place dans mon existence. J’ai ouvert mon cœur, écarté les murs de ma vie pour y mettre ce bijou, je lui ai offert mon amour, ma sincérité, ma raison, mon temps. J’y consacre les plus belles heures de ma vie et j’en suis comblée.

Depuis ce temps, d’autres êtres sont venus agrandir cet amour irremplaçable et m’emplissent de bonheur. L’amour s’additionne avec tant de plaisir, avec tant d’enchantement.

L’heureux temps d’être mamy.

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