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Les mots

Les mots

 

Quand mon lutin

joue du clavecin

sur tous les mots

de mes enclos

perdus en tête,

les mots s’entêtent,

dans le silence

de l’inconscience.

 

Je les ai vus,

ces mots têtus,

en estafettes,

conter fleurette

aux vers luisants,

chemin faisant,

dans les matins

de mes jardins. 

Rolande GILLARD

Tous droits réservés

 

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administrateur théâtres

L a    p a i x  d e s   c h a n t s 
 
Au début étaient des champs, et au milieu : un moulin à vents. Dans la campagne verdoyante était un village rural, Ganshoren qui fournissait in illo tempore les marchés de la ville en légumes et les brasseries en houblon. La première pierre de la future Basilique Nationale du Sacré Cœur était posée le 12 octobre 1905 par le Roi Léopold II. Aujourd’hui la Basilique de Koekelberg est une œuvre composite et inachevée, posée sur ce plateau jadis agreste. Elle a accueilli ce 9 novembre 2014, date anniversaire de la chute du Mur, des chants sublimes au service de la paix. Un océan de voix pour la Paix. "1000 Voices for Peace", c’est un projet élaboré par le Festival de Flandres-Bruxelles pour commémorer la Grande Guerre. 39 ensembles de choristes, c’est-à-dire 22 chorales belges et 17 chorales issues de pays impliqués dans le premier conflit mondial se sont unis par la voix, le chant et la musique pour adresser au monde un plaidoyer ardent en faveur de la paix.
 
  La soirée du samedi 9 novembre 2014 à la Basilique, liturgie musicale grandiose, a clôturé en beauté une semaine intense de rencontres et de travail musical. Sous la direction d’Andres Mustonen, nous aurons entendu des œuvres du compositeur chinois réputé, Tan Dun, du norvégien Ola Gjeilo, de Sofia Gubaidulina, compositrice russe de tout premier plan et du belge André Devaere, jeune compositeur et musicien tombé au champ d’honneur en 1914. Les concerts étaient ponctués de récitations d’œuvres poétiques universelles et d’extraits de journaux intimes datant de la Première Guerre mondiale. On retiendra en particulier la performance de la récitante au profil inoubliable: Isnelle Da Silveira.
 
Profitant de sa connexion en temps réel avec la station spatiale internationale ISS, le Festival de Flandres-Bruxelles a voulu démontrer qu’il se tournait résolument vers l’avenir. Par l’intermédiaire d’écrans disposés partout dans une basilique « full house » nous avons capté un message de paix envoyé par les astronautes Alexander Gerst, Max Surayev et Reid Wiseman du European Space Agency (ESA). Un clin d’œil de l’espace pour souligner l’urgence de la démarche, alors que les convulsions des crises économiques et sociales du monde se font aujourd’hui tellement douloureuses!

Herman Van Rompuy lui-même a pris la parole devant Sa Majesté le Roi Philippe et la Reine Mathilde pour réitérer les principes d’une paix durable auxquels il n’a jamais cessé de souscrire durant sa Présidence européenne depuis 5 ans. L’Union Européenne n’a-t-elle pas reçu un très bel encouragement avec le Prix Nobel de la Paix 2012 « pour avoir contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l'Homme en Europe», les pays membres renonçant sincèrement à leurs hostilités passées. Profitons pour rappeler haut et fort que la cheville ouvrière de la paix, c’est avant tout l’Art et la Culture.

L’œuvre maîtresse de ce concert est le "Dies Illa" de Krzysztof Penderecki - en première mondiale et joué en présence du compositeur. Elle a été choisie pour symboliser haut et fort le message d’ESPOIR collectif de « 1000 Voices for Peace ». Cet espoir est indispensable si nous entendons bâtir la paix et œuvrer à un savoir-vivre ensemble pacifique. L’art n’est-il pas un rempart contre la guerre et la violence?  Penderecki dédie son œuvre à toutes les victimes de la Première Guerre mondiale. Il souligne que cette musique inhabituelle et fantastique a un pied dans la musique classique et un autre dans la musique contemporaine. « La voix humaine est sollicitée d’une manière très particulière. Cela va des sonorités écrasantes et massives aux murmures à peine audibles, au brouhaha, aux bavardages… » Des instruments tels que tuba phone, glockenspiel, xylophone, vibraphone, cloche tubulaire complétaient les pupitres habituels de l’orchestre. Dans l’enceinte de cette basilique, pleine à craquer, qui pourtant est réputée pour une acoustique très médiocre, le résultat phonique était hallucinant. Pour qui eu la chance ce vivre cet événement exceptionnel... le souvenir ne s'effacera pas de si tôt et en se promenant sur les ondes radiophoniques  flamandes le  mardi 11 novembre dans la soirée, on aura revécu cet immense événement avec le même bouleversement. 
 
 

La direction musicale (choeurs et orchestre) revenait au violoniste estonien Andres Mustonen. L’Orchestre, le Brussels Philharmonic, occupait la croisée surélevée de la Basilique, les groupes de chanteurs disposés jusqu’au fond du Chœur et apparaissant en finale aussi à tous les balcons des étages. Le tout épicé par les articulations caméras gourmandes des chaînes de télévision, ce spectacle inédit avait quelque chose d’extra-terrestre. Savants jeux de lumière, solennité et fracas symbolisant la paix et la guerre, le spectateur est ressorti de cette expérience inoubliable, totalement abasourdi par l’ampleur et la qualité de l’entreprise. On a remis les pieds sur terre en rencontrant la très charmante musicienne et musicologue Cindy Castillo qui tenait les orgues! Les différents participants ont tous répété chez eux avant de participer aux deux seules répétions générales qui ont eu lieu la semaine dernière, nous a confirmé Michel Jakobiec chef de l’ensemble vocal du Conservatoire de Tournai.


 
 
Solistes: Agnieszka Rehlis, Johanna Rusanen, Nikolay Didenko
Actrice: Isnelle Da Silveira
Organiste: Cindy Castillo
Violoncelliste: Luc Tooten
Recorder solist: Felix Casaer
Étudiante Colom: Clélia Twagirayesu
Présentateur: Laurent Graulus

LE PROGRAMME:


Tan Dun, Hero Concerto, VIII “Sorrow in the Desert”
Ola Gjeilo, Sunrise Mass III “The City”

Hymne Catalan, El cant dell Ocells
Sofie Gubaidulina, The rider on the white horse

Andre Devaere, Preludium en fugue, preludium
Krzysztof Penderecki, Dies Illa pour 3 solistes, 3 chorales mixte et orchestre.
Une commande du Festival de Flandre Bruxelles, avec le soutien de l’Institut Polonais à Bruxelles (service culturel de l’ambassade de la République de Pologne à Bruxelles).


LES  39 CHORALES:
Chœur de l’Université Gand, Chœur féminin Makeblijde (Zele), In Dulci Jubilo (Saint-Nicolas), Chœur de chambre Furiant (Gent), Ensemble vocal féminin Arabesk (Gand), Con Cuore (Waregem), Chœur de chambre yprois (Ypres), Cantores (Bruges), Chorale universitaire de Louvain (Leuven), Chœur de chambre Octopus (Anvers), Chœur de jeunes Villanella (Laakdal), Helicon (Lierre), Chorale Don Bosco (Hoboken), Chœur de la cathédrale de Hasselt, Ensemble Mantelius (Kuringen), Amabile (Neerpelt), Sing-in BOZAR (Bruxelles), Colom (Chœur d’Athénée Royal de Koekelberg), Café Latte (Chœur VUB), La Villanelle (Waterloo), Ensemble vocal du Conservatoire de Tournai (Tournai).


Brighton Secondary School Vocal Ensemble (Australie), Hart House Chorus (Canada), Treenighedskirkens Drengekor (Danemark), Junges Vokalensemble Hannover (Allemagne), Voces Musicales (Estonie), BA Voice Choir and Dance, University of Limerick (Irlande), Zvjezdice (Croatie), Choeur féminin BALTA (Lettonie), Suanplu Chorus (Thaïlande), Lautitia (Hongrie), Amadeus Chamber Choir (Malte), Medici Cantantes (Pologne), Canzona Neosolium (Slovaquie), Chœur d’étudiants d’Amsterdam (Pays Bas), Senior Chamber Choir of Hereford Cathedral School(UK), Lycée Aline Mayrisch Choir (Luxembourg) Nagaland Singing Ambassadors (Inde).

http://www.ganshorenmonvillage.org/
http://www.brusselsphilharmonic.be/orkest/over-het-orkest/
http://www.1000voices.be/nl/de-artiesten/

Pour réécouter ce concert:

CANVAS: 11/11/2014 - 15:00 | 15/11/2014 - 14:00 |
16/11/2014: 13:45

KLARA: 11/11/2014 - 20/00

MUSIQ'3: 20/11/2014 - 19:00

- - - LES PHOTOS  utilisées dans cet article sont le crédit de  Sander Buyck  que nous prenons la peine de remercier très chaleureusement. - - -

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Colère de novembre

Endormie sous une tonne de douceur et des milliers de sourires,

la colère se réveille en novembre.

Colère qui étrangle, qui donne envie de vomir.

La conscience aiguisée comme une lame de couteau.

Marcher à contresens tandis que les autres suivent le courant

les yeux fermés.

Frapper inlassablement contre une porte fermée à double tour,

depuis longtemps.

La clé reste introuvable.

Impuissance.

Colère de novembre.

Bientôt la neige viendra recouvrir le sol gelé.

La colère retrouvera le sommeil sous la douceur et les sourires.

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Une halte sur la route, vers le "pays du bleu"...

Cette nuit au plus tôt, j'arrive dans le "pays du bleu"...
Alors, avant de partir pour les dernières centaines de kilomètres qui m'en séparent, j'esquisse à toute vitesse le paysage vu du balcon de ma chambre, manière de réveiller les bleus qui dormaient au fond de ma palette !
J'aime bien commencer ainsi la journée par un minuscule travail informel et sans prétention, avant d'aller déjeuner puis reprendre la route...

12273058452?profile=originalEn attendant la suite, je vous laisse sur ce motif rapidement griffonné, et la dernière vidéo de sa très rapide réalisation, juste avant mon départ pour la dernière étape de cette approche du "pays du bleu".

Et malgré un planning très "serré" en plus du trajet quotidien dans ce "voyage du bleu" (car j'effectuerai en même temps les repérages d'un futur stage aquarelle / carnet de voyage tout à fait nouveau), je vais tout de même essayer de vous faire partager de temps en temps par un petit résumé, les étapes colorées de ce parcours...

- Alors, à très bientôt pour la suite ?

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LES YEUX DE MON CHAT

A qui appartiennent ces yeux perçants?

Ces beaux yeux malicieux et scintillants!

Ils changent de forme selon l'humeur.

Parfois furieux, soudain blagueurs...

Ces yeux ont une âme, une profondeur,

intelligents et très charmeurs.

Il sont "agathe" ou  "émeraude"

toujours remplis de lumière chaude.

Ils me fixent et devinnent mes pensées.

Un regard complice, c'est la panacée!

Regard furtif pour intriguer et jouer,

ou regard amoureux pour un baiser.

Ces beaux yeux sont ceux de mon chat.

Ils sont un trésor pour moi!

A tous les chats qui m'ont accompagné et qui ont agrémenté ma vie.

 Pupuce; Ibis,;Malice; Mr Léon et Câline petite dernière près de moi en ce moment

MIREILLE

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Lessive-Pierre Chatillon

Laver la terre

une fois pour toutes

laver de tous ses maux

des morts, des guerres

et la suspendre propre enfin

à une corde de lumière

entre la lune et le soleil

(La lesive de Le violon vert- Recueil de poèmes de Pierre Chatillon)

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L'Infante immémoriale-Madeleine Gagnon

... Cris de malheur et cris de bonheur. Folie de la passion. Folie de la jouissance. Folie que de vouloir organiser ce beau  désordre, Folie que de vouloir  penser la démesure et la penser quand  même.Folie que de penser mesurer l'infini.. L'écriture connaît intimement  toutes ces folies.

L'Infante immémoriale - Madeleine Gagnon

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Tempus fugit- Jean-Paul Daoust

Mon cœur file et siffle comme un train dans la nuit

Tempus fugit

Toi seul peux l'entendre

Il va vite

Il s'emballe

Toi seul peux le ralentir

Tempus fugit

Alors l'aube nous appartiendra

Comme la neige à l'hiver

Comme le muguet au printemps

Comme la cigale à l'été

Comme les couleurs à l'automne

Tempus  fugit

Mon cœur arrive

il est là tout contre  toi

Entendons-les battre ensemble

En harmonie

Comme la lune avec la terre

Comme le  soleil avec la mer

Tempus  fugit

Alors l'éternité nous appartiendra

Jean-Paul Daoust.inédit

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MATIN DE NOVEMBRE

12273055895?profile=originalDans le brouillard persistant

Les fils d'argent ont illuminé le jardin endormi ...

"Que rien ne mesure afin qu'encore

il soit possible d'aimer la lumière

ou seulement de la comprendre

ou simplement encore,de la voir

elle , comme la terre la recueille

et non pas , rien que la trace de cendre"

Philippe Jaccottet ( A la lumière d'hiver)

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aimer

12273056699?profile=original

De ces corps enlacés,

De cet amour mutilé,

Surgissent des chimères,

S’envolent, éphémères,

Sans aucune raison,

Par delà l’horizon.

 

Elles se rassemblent

Virevoltent, tremblent,

Ne voulant pas mourir

Rejetant le mot, finir,

Ne voulant disparaître,

En espérant renaître

 

Est-ce possible ?

Est-ce plausible ?

Et s’éteint, la flamme

Sans aucun drame,

Ce n’était pas raison

Rien qu’une passion !

 

Voilà d’autres chimères,

Sans doute éphémères,

Repoussant la raison,

Instaurant la passion

Et ces corps enlacés

Revivent ce mot, aimer !

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administrateur partenariats

Partage d'un bel instant.

Une aquarelle de  Marie-Josèphe Bourgau

12273058459?profile=original

Quand tu reviendras,
je serai là... à t'accueillir.
Je n'aurais pas vécu dans l'attente.
J'aurais vécu chaque jour, avec le même espoir.
J'aurais partagé des joies et des peines avec d'autres.
J'aurais connu des étés et des hivers.
Quand tu reviendras,
c'est avec toi que j'oublierai les hivers.
C'est avec toi que je partagerai les étés.
Je serai plus belle et plus forte qu'avant.
Quand tu reviendras,
je serai là... à te sourire.

Antoinette Bärfuss

Un partenariat

Arts 12272797098?profile=originalLettres

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12273055698?profile=original

12273056261?profile=original

Réunie, préfacée, annotée par Robert Mallet, cette "Correspondance" fut publiée en 1949. Elle comprend 167 lettres, 46 d'André Gide (1869-1951) et 121 de Paul Claudel (1868-1955), qui furent écrites entre 1899 et 1926. Le nombre plus restreint de lettres de Gide s'explique assez bien. Au cours du tremblement de terre de Tokio en 1923, Claudel perdit une partie de ses

archives; mais indépendamment de ce fait, Claudel écrivait plus fréquemment et plus longuement que Gide. Celui-ci reconnaissait ne pas être un bon correspondant: "C'est à cause du branle-bas que cause en moi chacune de vos lettres", répond-il à Claudel, qui lui reproche ses longs silences. Ces lettres nous retracent l'histoire d'une conversion manquée.

C'est en 1899, chez Marcel Schwob, que les deux écrivains firent connaissance alors que Gide venait d'envoyer à Claudel son "Prométhée mal enchaîné" et son "Philoctète". La vie itinérante de Claudel favorisa cette correspondance. Très souvent ce que Gide n'osait ou ne voulait pas dire à son convertisseur, nous le trouvons dans son "Journal". Après son entrevue avec Claudel en novembre 1905, Gide y note qu'il "a l'air maintenant d'un marteau-pilon". Analysant son attitude devant lui, il écrit encore: "J'étais occupé un peu trop à me défendre et n'ai répondu qu'à demi à ses avances". Claudel veut convaincre à tout prix, quitte même à passer pour "un zélote et un fanatique". Gide, lui, veut se protéger et défendre son indépendance intellectuelle. Mais Claudel revient toujours à la charge: "Pourquoi ne vous convertissez-vous pas?", ne cesse-t-il pas de demander à son ami. Partant pour l'Extrême-Orient, il lui laisse un "Abrégé de toute
la doctrine chrétienne". Gide ne manque pas d'être touché par l'affection véritable qui motive la conduite de son ami; cependant, chaque fois qu'il le peut il tient à dire qu'il n'est toujours pas converti. C'est ainsi que peu de temps après la publication du "Retour de l'enfant prodigue" qui a
déchaîné la colère de Francis Jammes, il écrit à Christian Beck: "Peut-être ne savez-vous pas que Claudel, après avoir trouvé en Jammes une brebis facile à ramener au Seigneur, a voulu m'entreprendre à mon tour. Cela s'appelle, n'est-ce pas convertir". Claudel est conscient de
l'irritation que peut faire naître son prosélytisme dans l'esprit de Gide. Il s'en excuse: "J'ai toujours peur que vous n'interrompiez votre correspondance". La "Porte étroite" parue en 1909, est une nouvelle occasion de dialoguer. Gide critique l'état de repos auquel incline le catholicisme, mais Claudel lui répond en soutenant qu'il est au contraire un combat perpétuel. Claudel profite de la mort de Charles-Louis Philippe, auteur de "Bubu de Montparnasse", qui cherchait à se convertir, pour revenir à la charge: "Je me reproche de n'être pas assez fanatique et prédicant". Un an se passe avant que Claudel n'entonne son Magnificat à l'occasion de la Noël: "Je vais communier demain..., de quelles immenses joies vous vous privez." Claudel cherche, semble-t-il, à toucher la sensibilité de son ami.
Au cours de l'année 1911, le sujet brûlant paraît évité, mais brusquement en fin d'année la conversion au catholicisme d'une belle-soeur de Gide ranime tous les espoirs de Claudel: "La nouvelle de cette conversion dans votre famille m'émeut grandement. A quand la vôtre, mon cher ami?" A nouveau, Claudel assiège Gide, le pressant d'adhérer "à une chose aussi vaste que la voûte étoilée où l'océan lui-même a place pour se mouvoir". Car, pour lui, demeurer incroyant c'est "ne disposer que d'un monde rétréci, amputé de moitié". Mais Gide se déclare empêché d'abandonner le protestantisme au nom de "la fidélité qu'exigent de lui ces figures de
parents et d'aînés qu'il a vu vivre dans une communion avec Dieu si constante, si souriante, si belle...". Claudel veut rencontrer Gide, afin d'avoir avec lui une conversation décisive: "Il faudra que nous causions un de ces jours comme ces personnages de Dostoïevski qui se disent des
choses tellement confidentielles que le lendemain ils n'osent plus se regarder et sont pris d'une haine mortelle l'un contre l'autre". A l'occasion d'une polémique qui l'oppose à des catholiques peu chrétiens, Gide écrit à Claudel l'aversion qu'il ressent pour tous ceux "qui se servent du Crucifix comme d'un casse-tête". Claudel lui répond brutalement que "ce n'est pas avec les pailles qu'on trouve dans l'oeil du prochain qu'on construit la maison de Dieu, mais avec les poutres que l'on ôte du sien" (15-1-1912). Gide paraît las de ce dialogue: "Je voudrais n'avoir
jamais connu Claudel, écrit-il dans son "Journal"; son amitié pèse sur ma pensée et l'oblige et la gène".
Lorsque "Les caves du Vatican" paraissent en 1914, le drame éclate à propos des "moeurs affreuses" auxquelles Gide fait allusion. Claudel le somme de s'expliquer, mais Gide pressent qu'il n'y a plus rien à expliquer, car "que je réponde ou que je ne réponde pas, lui écrit-il, je
pressens que vous allez me méjuger". Il lui écrit cependant avec franchise et comme s'il parlait à un prêtre. Mais sa lassitude grandit: "Par instant, j'en viens à souhaiter que vous me trahissiez, car alors je me sentirais délivré de cette estime pour vous et pour tout ce que vous représentez à mes yeux, qui si souvent m'arrête et me gêne". Claudel ayant demandé à Gide de supprimer le passage incriminé, celui-ci s'y refuse: "Ne me demandez ni maquillage ni compromis ou c'est moi qui vous estimerai moins". Le livre paraîtra non expurgé et le silence grandira entre les
deux amis. Dix ans plus tard, à l'occasion de la parution de "Numquid et tu", Claudel écrit longuement à Gide: "Il me semble qu'en ces dix années votre chemin s'est tout de même rapproché de l'humble grande route que je suis". Alors qu'il doit le rencontrer lors de son passage à Paris en mai 1925, Gide ne peut s'empêcher de lui écrire: "Je souhaite de vous
revoir... Et j'ai peur de vous, Claudel". Après cet entretien, Claudel écrira au bas de la dernière lettre reçue de Gide: "Longue et solennelle conversation. Il me dit que son inquiétude religieuse est finie. Le côté goethien de son caractère l'a emporté sur le côté chrétien". Avec une certaine ironie, Gide raconte cette entrevue dans son "Journal". Il trouve à Claudel l'allure d'Ubu et termine en disant: "Devant Claudel, je n'ai sentiment que de mes manques; il me domine, il me surplombe; il a plus de bases et de surface, plus de santé, d'argent, de génie, de puissance, de
foi, etc., que moi. Je ne songe qu'à filer doux".
Dans sa dernière lettre à Gide (25-7-1926), Claudel affirme: "Vous êtes l'enjeu, l'acteur et le théâtre d'une grande lutte dont il m'est impossible de prévoir la conclusion". Quelques années plus tard, Gide écrira dans son "Journal" (décembre 1931) à propos de Claudel: Je l'aime et je le veux ainsi, faisant la leçon aux catholiques transigeants, tièdes et qui cherchent à pactiser. Nous pouvons l'admettre, l'admirer; il se doit de nous vomir. Quand à moi, je préfère être vomi que de vomir."
Cette "Correspondance" nous semble particulièrement révélatrice du tempérament de ces deux écrivains. La violence prophétique de Claudel, "ce catholique à globules rouges", ne parviendra jamais à entamer l'intransigeant besoin de liberté spirituelle réclamée par Gide. Claudel ne peut s'empêcher de ne juger les idées et les hommes qu'au travers de ses propres croyances religieuses. Il a du génie, mais demeure foncièrement incapable d'impartialité. Il veut sauver les âmes malgré elles. Il condamne et méprise toutes les oeuvres qui ne sont centrées que sur l'homme. Voilà pourquoi Montaigne, Kant, Rousseau, Nietzsche ne trouvent pas grâce devant lui. Il n'a d'ailleurs guère plus de sympathie pour tous les catholiques modernistes: Péguy et Unamuno ne l'intéressent guère. En revanche, ses admirations sont enthousiastes: Platon et Rimbaud, Fabre et Chesterton reçoivent en quelque sorte son imprimatur. Quoiqu'il en soit, ce dialogue demeure l'un des plus beaux de notre littérature et l'un des plus représentatifs de positions spirituelles opposées.

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Fin d'automne.

 

 

Journée de fin d'automne,

matin gris, ciel bas,

peu de gens encore ;

un jardin amaigri respire,

 certains arbres y frémissent,

ondulent, quand d'autres,

demeurent silencieux, immobiles,

point fébriles, à l'instar des gens.

Journée de fin d'automne,

matin calme, paysage fusainé,

peu d'enfance encore,

un massif de fleurs pâles murmure,

certaines d'entre-telles,

y existent non sans joie, embaument,

quand d'autres,

regardent déjà le sol, défleurissent,

gémissent, à l'instar des gens.

Journée de fin d'automne,

matin blême, auréolé d'une brume solaire,

une femme pensive,

 chemine toute seule,

un oiseau sombre,

entonne un chant blafard et grave,

dans une clarté immaculée, intouchée ;

dans ma tête élargie,

monte, retentit,

le Requiem d'Amadeus Mozart !

C'est un chant de neige,

dont les sonorités sont bleues.

NINA

 

 

 

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"le petit rien".

Se cogner à un "petit rien",

 est un clin d'œil formidable du ciel,

destiné à notre regard devenu,

l'espace d'un instant,

démesuré, un peu fou ;

une parcelle d'éternel, toute bleue,

l'ayant délesté d'un voile obscur et froid.

Ce cogner à un "petit rien",

C'est être vêtu tout d'un coup,

de l'entier pull de l'univers,

chaud, ne pensant rien ;

de l'essentiel se désaltérer,

prendre de l'altitude,

puis écrire !

Au petit matin,

je suis née à nouveau,

en rencontrant une rose,

altière et éclatante,

empourprée, insoumise,

aux rudesses de novembre ;

l'ondée de l'aube bleue,

ayant exacerbé la splendeur inégalée,

de la fleur adolescente !

 

 

NINA

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Quand tu reviendras

Quand tu reviendras,
je serai là... à t'accueillir.
Je n'aurais pas vécu dans l'attente.
J'aurais vécu chaque jour, avec le même espoir.
J'aurais partagé des joies et des peines avec d'autres.
J'aurais connu des étés et des hivers.
Quand tu reviendras,
c'est avec toi que j'oublierai les hivers.
C'est avec toi que je partagerai les étés.
Je serai plus belle et plus forte qu'avant.
Quand tu reviendras,
je serai là... à te sourire.

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administrateur théâtres

lecole-38-5a530-3ea21.jpg?width=101 Dix sur vingt ? Trèees Bien!

 « L’école est finie ! » c’est le titre grinçant de la pièce de Jean-Pierre Dopagne.  Le théâtre n’est jamais loin de l’école et vice-versa. Demandez à vos  ex-profs préférés ! On espère donc sincèrement, que ni l’un ni l’autre ne seront finis de sitôt. Et pourtant, la menace couve, c’est notre culture que l’on assassine, dit-on dans les journaux! Voilà donc le propos de cet opus  éblouissant qui veut mettre l’alarme au camp!

 lecole-44-087bc-a78dc.jpg?width=150 Voici en tous cas, une pièce qui sauve, un radeau solitaire sur un océan de conformité. Cette pièce bourrée de vitriol, de dynamite et de phosphore est bien sûr aux antipodes de la version   éponyme de la chanson de Sheila, où après des années de travail scolaire ardu, on sortait de l’école équipés pour la vie et rêvant à l’amour! La comédienne d’aujourd’hui, Chloé Struvay, véritable virtuose des émotions,  perce les impostures modernes  les unes après les autres, cherchant l’adhésion du spectateur  de son regard incisif  - c’est du théâtre de proximité ! - et  explose toutes les hypocrisies contemporaines  à la manière d’une kamikase, avec un sourire ravageur. Elle diffuse une énergie sans pareille et se révolte de toutes ses fibres (les siennes et  celles de l’enfant qu’elle porte),  contre les tromperies qui ont semé son jeune parcours.

lecole-60-17e46-ad297.jpg?width=150Chloé Struvay (alias Caroline, 22 ans)  commence d’ailleurs par un mot très fort, elle parle du « viol » originel de sa personne. Elle a conscience que la société  en la privant de sens, lui a volé son unicité, sa conscience d’être et sa raison d’être. Même régime pour les élèves dont elle aura la charge une fois devenue enseignante à son tour!  Pour elle, l’enfant est sacré, il doit être éduqué, comme le verbe « educere » latin l’indique… « conduit, guidé  hors de… ». On ne peut se contenter d’étouffer les humains à petit feu. Elle a eu la chance incroyable de  résister, de s’accrocher aux nourritures spirituelles et s’en sortir, par sa seule volonté. Grâce à sa vitalité et sa rage de vivre, mais combien d’autres seront laminés ?

lecole-63-c5978-5c893.jpg?width=101L’enseignement au 21e siècle frise l’imposture et fait de plus en plus partie intégrante de la machine économique! Qu’il est loin le temps des arts libéraux ! Qui  lit encore Victor Hugo? Elle est une Antigone de notre société nouvelle. « Antigone, une fille comme vous et moi. Qui fait la guerre à la bêtise humaine et qui franchit les interdits » Au pays du surréalisme, la fausse nouvelle  récente du journal Nordpresse n’est pas si imaginaire que cela : « Depuis l’avènement d’Internet et des jeux vidéo, le Bescherelle a essayé de maintenir une conjugaison basée sur le sens et pas sur le son. Son usage fut conseillé à chacun, mais dans son édition 2015, tout change enfin. Dans sa prochaine édition, disponible en librairie dès le mois de Janvier, le manuel désire se conformer à l’usage courant de notre jeunesse. Au lieu de se braquer sur une pratique d’un autre âge écartant de facto les bloggeurs, joueurs en ligne et autres communautés de gens privés de vie sociale, il permettra enfin à chacun de choisir l’accord qui lui plaît. » Elle se bat férocement  pour la grammaire, les accords de participes passés,  les subjonctifs imparfaits, le scintillement du vocabulaire et  une  langue de culture, bref, ce qui nous relie entre nous ! Elle conspue les grilles de toute nature… les grilles de prison, celles  de lecture, celles d’évaluation… tandis que notre  propre grille horaire s’est arrêtée pile pendant ce spectacle courageux! Chloé Struvay (alias Caroline, 22 ans) va-t-elle réussir à arrêter le temps ?  

 

 lecole-87.jpg?width=501Le soir de la première au théâtre du Blocry (Jean Vilar) et le lendemain, les moindres strapontins sont occupés. On sent vibrer les réactions du public qui se boursoufflent de colère partagée contre un système qui dénature l’essence même de l’enseignement. En gros, on n’apprend plus aux gosses et adolescents à grandir en faisant des efforts sur eux-mêmes. On leur donne des leçons de vide et on leur apprend à simuler.  On les anesthésie  de paroles lénifiantes et de savoirs de plus en plus allégés, du berceau à la sortie de l’université, en espérant former des foules dociles et consentantes qui nourriront  le très rentable  collimateur du consumérisme économique. Cela passe  - comme dans le 1984 du célèbre George Orwell - par la réduction du langage à un kit de vocabulaire de survie, incapable d’exprimer ou pire d’énoncer  la moindre  pensée structurée.  

 

 lecole-71.jpg Large extrait : «- Parfaitement, Mademoiselle. - C'est Bouchard qui parle. - Le citoyen d'aujourd'hui doit être un citoyen de l'univers en expansion. Et l'expansion de l'univers, aujourd'hui, c'est la production et l'intégration. Ce sont les cadres, les normes, décrets et directives, indispensables à la bonne évolution des sociétés. Le poids des volailles, le calibrage des tomates, le temps de parole au journal télé, les quotas hommes-femmes sur les listes électorales, le nombre d'actes médicaux à poser dans un hôpital... tout est encadré et scientifiquement évalué par des organismes certifiés. Aujourd'hui, même les pays, les Etats reçoivent une note et un bulletin d'évaluation. C'est le devoir de l'Ecole d'assurer à tous les élèves une formation à l'encadrement, une qualification pour leur intégration dans la vie économique. Je traduis : citoyen signifie consommateur ; expansion veut dire mondialisation ; qualification : uniformisation ; formation : soumission ou formatage ; encadrement : emprisonnement ; vie économique : lois du marché ; formation : mise à mort de la liberté. »  Tout va « trèeees bien », madame la Marquise! Bravo Chloé Struvay (alias Caroline, 22 ans).  

L'Ecole est finie !



Théâtre Blocry / Louvain-la-Neuve

Une production de l'Atelier Théâtre Jean Vilar et du Festival Royal de Théâtre de Spa. Le spectacle est créé à Louvain-la-Neuve cette semaine, dans une mise en scène de Cécile Van Snick (interprétation : Chloé Struvay). Du 6 au 26 novembre.

www.atjv.be

Le livre de Jean-Pierre Dopagne (éd. Lansman) sera en vente en primeur lors des représentations.

photos © Véronique Vercheval

 




 
 
 
 
  



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ADMINISTRATEUR GENERAL

L’Espace Art Gallery a le plaisir de vous présenter du 12/11 au 30/11/2014 l’exposition  événement des artistes suivants : Claudine Celva (Be) photographies ChromaLux, Anne Parmentier (Be) céramiques, Jean-Paul Constant (Fr) sculptures, Ophira Grosfeld (Be) aquarelles, Margarita Bancells (It) sculptures et bijoux et Jade B. Rougerie (Fr) peintures.

 

Le VERNISSAGE a lieu le 12/11 de 18h 30 à 21h 30 et l’exposition du mardi au samedi inclus de 11h 30 à 18h 30. Et sur rendez-vous le dimanche.

 

Vernissage qui sera agrémenté d’extraits de Musique Celtique interprétés par la harpiste Françoise MARQUET.

 

Le FINISSAGE a lieu le 29/11 de 11h 30 à 18h 30.

 

Claudine CELVA (Be) photographies ChromaLux

                   « Scientifiquement poétique » 

 

Anne PARMENTIER (Be) céramiques

                  « Quand le raku s’habille de couleurs » 

 

Jean-Paul CONSTANT (Fr) sculptures

                  « Animal » 

 

Ophira GROSFELD (Be) aquarelles

                  « Lumière – puissance émotionnelle  » 

 

Margarita BANCELLS (It) sculptures et bijoux

                  « Silence Précieux » 

                           

Collectif de la GALERIE :

 

Jade B. ROUGERIE (Fr) peintures sur les fleurs      

 

        

A voir également « La grande table en bois » réalisée par l’artiste

 

Louis de VERDAL (Fr) sculpture

 

Exposition du 12 novembre au 30 novembre 2014.

 

Espace Art Gallery 35 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles. Ouvert du mardi au samedi de 11h 30 à 18h 30. Et le dimanche sur rendez-vous. GSM : 00 32 (0) 497 577 120

INFOS ARTISTES ET VISUELS SUR :

 

Le site de la galerie www.espaceartgallery.eu

Le site de la galerie se prolonge également sur

Le réseau Arts et Lettres à l'adresse: http://ning.it/KUKe1x

Voir: https://artsrtlettres.ning.com/ (Inscription gratuite)

Diaporama des plus belles expositions de l'Espace Art Gallery :  

Voir: http://ning.it/KHOXUa

Les critiques de François Speranza sur Arts et Lettres :

Voir : http://j.mp/1dDwL9m

 

 

Voici les quatre prochaines expositions :

 

-Titre : « Peintures » 

Artiste : Leonard Pervizi (peintures)

Vernissage le 03/12 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 03/12 au 28/12/2014

Finissage le 27/12/2014 de 11h 30 à 18h 30.

&

-Titre : « Corps et Âmes » 

Artiste : Sophie André (peintures)

Vernissage le 03/12 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 03/12 au 28/12/2014

Finissage le 27/12/2014 de 11h 30 à 18h 30.

 

 

-Titre : « Au commencement » 

Artiste : Cyril Clair (Fr) peintures

Vernissage le 07/01 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 07/01 au 25/01/2015

Finissage le 07/01/2015 de 11h 30 à 18h 30.

&

-Titre : « Différents regards sur l’art » 

Artistes : Collectif d'artistes

Vernissage le 07/01 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 07/01 au 25/01/2015

Finissage le 07/01/2015 de 11h 30 à 18h 30.

 

Au plaisir de vous revoir à l’un ou l’autre de ces événements.

 

Bien à vous,

Jerry Delfosse

Espace Art Gallery

GSM: 00.32.497. 577.120

Mail de réponse eag.gallery@gmail.com

Le site de la galerie www.espaceartgallery.eu

 

Le site de l'Espace Art Gallery se prolonge également sur le Réseau Arts et Lettres à l'adresse: http://ning.it/KUKe1x

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bonheur

Joie de vivre et bonne humeur font la jeunesse du coeur.
Amour et humour forment un couple heureux qui fait jaillir nos rires.
Le bonheur est un bouquet de fleurs parfumées, un gâteau au chocolat,
qui font chavirer nos sens.
La vie est un long fleuve pas si tranquille que ça.
Un voyage à la découverte de soi et des autres.
Le bonheur, quand il est là, se déguste sans retenue.

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Le mystère des arts

 

 

 

Tout art est un défi. La critique le sait.

D’infructueux efforts écartent les profanes.

Sans travail assidu le vrai talent se fane.

Maîtriser un savoir peut mener au succès.

 

Les patineurs professionnels font des prouesses.

Dans leurs rangs, il ne peut se glisser d’amateurs.

Les figures imposées, au mépris de la peur,

Ne permettent jamais un geste de faiblesse.

 

La poésie moderne demeure encore un art.

De beaux vers fleurissaient sur le terroir de France.

Les odes et ballades offertes en abondance,

Ravissaient la jeunesse autant que les vieillards.

 

Il y a, de nos jours, une autre poésie,

Qui émeut rarement à défaut de séduire.

Dans le dérèglement, elle devient délire.

On accueille déçu cette logomachie.

 

La créativité, a besoin du savoir.

On admire les lois régissant la nature.

Elles créent l'harmonie qui naît de la mesure.

Et donnent à la beauté son émouvant pouvoir.

 

 

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administrateur théâtres
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LES FILLES AUX MAINS JAUNES

de MICHEL BELLIER
Mise en scène Joëlle Cattino. Avec Anne Sylvain, Valérie Bauchau, Céline Delbecq, Blanche Van Hyfte. Violoncelle: Jean-Philippe Feiss
DU 05/11/14 AU 13/12/14
 
Accueil - Salles des Voûtes - relâche les dimanches et lundis
 
Qui étaient les filles aux mains jaunes?
« Si les femmes s’arrêtaient de travailler vingt minutes, les Alliés perdraient la guerre ! » disait le  Maréchal Joffre. Un hommage rendu aux femmes laissées seules,  une fois les hommes partis en guerre. Auparavant employées dans des tâches mineures, elles vont tout assumer : travailler dix heures par jour dans les usines d’armement, assumer avec les vieillards et les enfants les durs travaux des champs, devenir marraines de guerre pour remonter le moral des combattants et pleurer les disparus. À la fin de l’année 1917, les ouvrières seront quatre cent mille. De nombreuses employées feront grève pour obtenir des salaires équitables. La place traditionnelle de la femme évolue enfin.
L’écriture de Michel Bellier, autodidacte, est une véritable trainée lumineuse qui n’en finit pas de faire palpiter un public pris à bras le corps, au confluent du souvenir de la première Guerre mondiale et celui de la justice enfin faite à la voix des femmes. Anne Sylvain, Valérie Bauchau, Céline Delbecq et Blanche Van Hyfte incarnent à la perfection les quatre cariatides de cette magnifique pièce épique et polyphonique, porteuses d’un monde nouveau. Toutes de condition plutôt  modeste - l’une sait à peine lire - créent lors du travail éreintant et insalubre dans cette usine d’obus, du lien indélébile, malgré leurs différences très marquées  qui vient nous  remuer au plus  intime… cent ans après.  Et c’est la création même  de ce lien qui libère la parole ! Enfin. 

Cette pièce est  donc un pavé dans la mare des adeptes du déni des femmes et au fur à mesure la dramatisation  se construit mot après mot, une sorte de cathédrale d’échos, d’appels, de rêves, de joies et de larmes  que nul ne peut désormais oublier. L’objectif pédagogique de l’auteur est pleinement atteint. Qu’il soit remercié ! 

 Quant à l’interprétation dramatique des quatre comédiennes, vivantes, charnelles et attachantes,  elle est à son zénith.  Chaque nouvelle vague de parole qui se déploie dans ce  lieu qui sent l’huile, le métal surchauffé, la sueur et le danger, ou la courette ensoleillée où les ouvrières respirent quelques instants sur le chemin des toilettes,  nous touche et nous émeut profondément dans leur splendide diversité. Jeanne : « Tu crois que c’est drôle, toute la journée, coudre des robes noires ? » Rose : 500.000 femmes … ensemble. Mais pourquoi faire ?  Tu crois qu’on l’aurait votée, toi la guerre ? Louise : une guerre ça ne se vote pas, ça se déclare. Julie, face au public : A quoi as-tu pensé ? Ta dernière, ta toute dernière pensée ? Celle qui restera dans tes yeux ? Et dans ta bouche, mon nom est-il resté ? 

 Le public est embarqué dans les rêves de ces femmes aux malheurs en cascades, et impliqué dans la lente organisation de leur combat. Le texte est d’une justesse de ton extraordinaire, en diapason total avec l’accompagnement musical émouvant de  l’homme silencieux (Jean-Philippe Feiss) qui joue sans discontinuer du violoncelle sur scène. Image de paix surréaliste, au milieu de ces planches bouleversantes. Les pulsions musicales subliment le texte et l’entoure d’un amour ineffable. A se demander qui induit l’autre, la mélodie ou le texte joué. Une communion parfaite dans laquelle on se perd et on s’abandonne. Le symbole de l’homme absent ?   

De cette première guerre mondiale, mère de toutes les atrocités, Michel Bellier fait  surgir une lumière, un bienfait fragile mais  toujours en construction : la parole des femmes et le mot liberté. Le mélange intime du travail de mémoire et du travail  d’avenir est nécessaire afin que les  immenses sacrifices consentis ne se perdent pas dans les sables de l’oubli ou du déni.  La construction progressive du récit dans une langue fluide et vivante est d’un équilibre parfait : pas un mot à retirer ou à suppléer.  Michel Bellier  semble porter en lui l’amour de toutes les femmes, et  aussi celui des jeunes générations auxquelles ils consacre une bonne partie de son temps en parcourant les écoles avec ses productions porteuses de sens. Est-il sur les pas du merveilleux romancier Gilles Laporte, l’écrivain Vosgien qui a consacré une grande partie de son œuvre à un engagement inconditionnel en faveur de la reconnaissance de la Femme dans la société ? On  y retrouve le même souffle de vérité que dans le  roman « Julie-Victoire Daubié, première bachelière de France », ou  l’autre « Des fleurs à l’encre violette ». Cette modeste pièce oh combien bienfaisante, en a les accents  et participe de la même puissance sismique. Et tout cela… nous ramène à l’héroïne entre toutes : Marie Curie! 
  

 
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