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Henry van de Velde entretient ses Collègues de l'Académie libre Edmond Picard de la formation poétique de Max Elskamp et d'une amitié de plus de 50 ans (15 juin 1933) ici:
Hommage de Henry van de Velde.doc
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Cette dernière lettre comme la première d’une nouvelle vie. Quelques mots pour t’encourager à devenir sage et philosophe. Pour t’ouvrir une porte vers l’abstraction des lieux. Un endroit où me retrouver quand tu le souhaites et aussi souvent que tu le désires. Un espace qui n’appartient ni au temps ni à
la réalité. J’ai imaginé cet endroit pour que puisse vivre notre amour pour l’éternité, car la force de mon imagination est sans frontière, sans barrière et sans limite spatio-temporelle. Il faut que je t’indique le chemin qui te mène jusqu’à moi. C’est un peu labyrinthique, mais tu y arriveras. Quand tu auras
traversé le jardin de mon coeur, tu verras apparaître une fontaine d’eau
claire. Et tout deviendra clair dans ton esprit, tu te pencheras au-dessus de l’eau et tu verras dans ton reflet, mon visage apparaître. Je suis toi et tant que tu vivras, je vivrai en toi. Je suis la joie et l’espoir et quand tu te regarderas,tu deviendras moi. Et l’endroit où nous ne ferons plus qu’une est au centre du jardin de ton coeur. Traverse ton esprit et visualise ce lieu pour me rejoindre. Asseyons-nous au bord de la fontaine pour bavarder quelques instants. Les plus belles histoires que nous pourrons vivre seront les plus belles histoires que nous pourrons nous inventer. Et je suis si heureuse quand on se raconte de belles histoires. Je serai comme une gorgée d’eau et quand tu auras
soif de moi, tu pourras me boire à la fontaine, tu n’auras qu’à traverser le jardin de ton coeur et te rendre au centre de ton imagination. Je serai comme l’eau qui s’écoule dans ta gorge et tu pourras aussi te baigner dans la fraîcheur de mes idées. Des idées lumineuses comme un éclat de soleil qui brille dans l’eau de la fontaine. À chaque bain et à chaque gorgée d’eau, je serai celle qui te donne la vie et qui te lave de toutes tes tristesses. Quand tu voudras que je t‘embrasse,tu te passeras le visage sous l’eau parfumée d’un bain chaud et apaisant. Quand tu voudras me respirer tu déposeras quelques goûtes d’huiles essentielles et tu inhaleras la vapeur de mon odeur essentielle. Celle du calme et de la sérénité. Respire profondément, inspire, souffle. Je suis le vent. Et quand tu auras décidé de laisser la fenêtre de ton coeur ouverte, je rentrerai dans ta maison pour caresser tes cheveux et pour sécher les larmes de tes yeux. Pour roser tes joues et te chatouiller le nez. Comme une tempête qui te soulève le coeur, quand tu voudras que je te soulève, fais-toi légère comme un voile de pensées légères. Fais toi couleur, fais-toi lumière, fais toi chaleur. Alors je serai comme un vent chaud de vacances et tu me sentiras comme un souffle qui te pousse dans le dos
lorsque tu marcheras le long de la mer, les pieds dans le sable. Je serai là aux quatre saisons et quand il fera froid tu entendras ma respiration chaleureuse qui soupire à tes oreilles. Je suis le vent, je suis l’eau, je suis la terre de ton jardin et je pousse dans chacune des fleurs que tu y planteras, tu feras des bouquets de moi et tu en garniras ta maison. Je serai couleur et bonne
humeur. Je serai ce que tu feras de moi dans ton imagination. Je serai partout quand tu auras imaginé le jardin de ton coeur, tu l’arroseras de moi et j’y passerai en coup de vent pour te saluer. Nous bavarderons quelques instants, assises au bord de la fontaine et nous serons libres comme le vent, l’eau et la terre. Tu te coucheras dans l’herbe et tu regarderas le ciel, tu regarderas les
avions passer et tu me souhaiteras bon voyage. Je suis une grande voyageuse. Je pars au centre de mon imaginaire, c’est un endroit que j’ai appelé «abstraction des lieux », maintenant, tu sais comme y aller. Il ne tient qu’à toi de m’y rejoindre.
Rejoins-moi quand tu le souhaites et aussi souvent que tu le désires.
Je t’aime.
Je me suis sentie vide et anéantie. J’ai le cœur qui palpite, j’ai du mal à respirer, j’ai les jambes qui peinent à me porter. Je me sens nauséeuse et il m’est impossible d’avaler quelques nourritures. Hier, j’ai versé une petite larme dans le fauteuil au coin du feu, mais il m’était impossible de pleurer ma peine. Aujourd’hui, j’ai enchaîné mon cœur et j’ai lancé la clé au fond du lac. Je me suis arrêtée sur le chemin du retour et j’ai marché quelques pas dans la forêt de Soignes. Je me suis assise sur le sol humide comme le coin de mes yeux. J’ai regardé mes mains et j’ai vu mes ongles noirs de terre à cause d’avoir creusé la tombe où va reposer mon cœur.
J’ai également déposé au fond du trou un petit papier sur lequel j’ai écrit mes adieux au bonheur pour nous deux. Puis je suis rentrée chez moi et j’ai regardé mon lit vide. Je me suis assise et j’ai penché le miroir pour me faire face à moi-même. Je me suis vue livide. Si seulement j'arrivais à pleurer pour évacuer ma douleur.
Pleurer pour faire le deuil d’une petite mort. Un chagrin d’amour est comme une petite mort et je suis déjà morte deux fois pour toi. Il y a tant de sentiments amoureux qui soufflent et tournoient au-dessus de nos têtes et nous sommes incapables de les attraper et des les renvoyer comme des boomerangs. Alors, j’ai accroché mon cœur à un cerf-volant et j’ai lâché la corde au vent.
Pour te dire de ne pas t’inquiéter car j’ai confié mon amour à la
terre, au ciel et à l’eau douce dans l’espoir que la nature en prenne
soin.
Ch.
Je me bats avec les armes que tu me tends pour me défendre à la guerre que tu me déclares.
me retiennent à la vie. Je voudrais mourir pour t'entendre me dire la vérité.
Où êtes-vous ?
Où sont les conversations qui nous animent ?
Où sont les rêves qui nous font parler toute une soirée ?
Où sont les rires et les regards rieurs ?
Où sont les rois et les reines ?
Où sont les pensées qui flirtent avec la vague et le soleil ?
Où sont les messieurs ?
Où sont les plats de fruits ?
Où sont les jeux de cartes ?
Où sont les bras qui se tendent vers la joie ?
Où se cache l’amour fraternel ?
Dans quelle rue, à quelle heure, dans quel troquet ?
Ch.
S’il nous est donné d’être heureuxsous la grisaille et cela vaille que vaille, alors sachez que la bruine et la brume n’ont pas fini de combler mon bonheur.
S’il nous est donné la faculté de circuler entre les gouttes, alors
sachez que mon esprit devient maître en stratégie intergouttelaire.
Bonsoir dans les couloirs, à la vitesse de l’éclair. Juste pour vous dire deux trois choses, sans en avoir l’air.