Par l'âme qui parcourt de mes yeux entre ouverts
le livre du soleil dans le matin frileux ;
par le fauve reflet d'un chevreuil sur le vert,
les volutes fanées d'un reste de Grand feu ;
par la brume glacée des rochers à l'hiver,
l'horizon vacillant en osmose de bleu ;
par les notes poivrées de l'humus en prière,
l'arbre mort et la source, par le secret des dieux ;
par tout ce qui me lie au vibrant univers
et qui me tient debout lorsque rien ne se peut,
tout ce qui transparaît au-delà du mystère
et déchire la nuit d'un éclair fabuleux ;
par les arpèges fous de l'étrange concert
où ma terre s'entend donner à qui le peut
et veut en l'épousant dépasser la matière :
par tout cela je suis et suis un homme heureux.
Une certaine vision de l'Ardenne : visitez mon blogue
Commentaires
très beau ! merci pour le partage
J'y retrouve la beauté qui explose quand on lit Francis Jammes sans avoir pour autant emprunté autre chose que le petit 'par'. Ce poème, donc, est venu poser sa force explosive tout tout près de mes neurones. Depuis mon inscription, je découvre une poésie belge active. Je l'ai tant cherchée. Elle était là, sous mes doigts. Ce qui me porte à dire: n'est impossible que ce qu'on ne veut pas chercher, voir et croire. Ainsi également, l'impossible devient soudain pour moi, d'une ineptie incroyable. Faut-il passer par la douleur de ne plus croire pour retrouver la foi. Faire la paix avec l'homme, l'humain, petit, humble, voilà le résultat de vos superbes vers.
Je paraîtrai sans doute bien lourde à côté de tous vos commentaires festifs, ces échanges entre vieux potes qui partagent un vers. Je suis désolée de ne pas avoir cet humour et d'aborder chaque écrit en habit austère. Pardonnez la jeunesse !
Merci.
Vos mots si bien choisis donnent envie de créer, d'un retour aux sources... merci pour ce partage.
Bien cordialement,
Pascale