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Facebook

Je me suis retiré de Facebook trois fois. La dernière, c'est du définitif. J'en avais assez d'être bombardé d'insultes et de messages indécents soi-disant expédiés par des membres, voire des amis. Le piratage des adresses y est systématique et la sécurité y est nulle. Y garder une page simple, juste pour y être, sans communication? Quel intérêt? Je connais des amis qui s'y trouvent bien, et sans doute maîtrisent-ils les outil proposés. Comme ce n'est pas mon cas, je reste au-dehors.

Mais... Mes filles, un peu plus modernes que moi et, surtout, plus habiles dans les pages facebookiennes, m'ont aidé à être prudent et efficace (je crois) sur FB. On peut donc m'y retrouver aujourd'hui, sur https.facebook.com/fregaume...

Si l'un ou l'autre ami sur Arts et Lettres veut en savoir un peu plus sur mon humble personne, j'ai mon petit site sur http://frego-et-folio.be et je suis webmaster, sur le plan de mon métier,  du site www.servicedulivre.be qui tout prochainement fera peau neuve. 

Aujourd'hui (29 mars 2020), et ce depuis quelques années maintenant, je me consacre au patois de ma région natale, le gaumais, parlé dans la Lorraine belge...

Je reviendrai de temps en temps sur ma page Arts et Lettres...

 

Jean-Luc GEOFFROY

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Coup de coeur.

 

"Bascule en moi le rêve
qui me fait tomber de sommeil,
qui m'emporte au-delà
des plus lointaines frontières.
Boire à même la fièvre!
vivre à cru pour t'aimer."

(J. Izoard ♥)

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Les farces nous font rire

 

Si j’avais du talent, j’écrirais une farce,

Ce qu’il est advenu à qui voulait duper,

Tout comme Patelin, qui se savait futé,

Mais qui se retrouva le dindon de la farce.

 

Se servant de sa verve et de son arrogance,

Un avocat ayant le seul gain pour enjeu,

Sans scrupules, acharné, se croyant dangereux,

Apparut promptement piégé par l’évidence.

 

Pour tenter un témoin étranger à sa cause,

Il usa de son mieux de divers procédés,

Pensant naïvement qu’il voudrait bien l’aider.

L’honnêteté agit quand il faut qu’on s’oppose.

 

Il est des arroseurs qui se font arroser.

Quand, par leur maladresse, le tuyau leur échappe.

Par ailleurs, le hasard intervient et frappe,

On ne peut s’arroger le droit de tout oser.

 

La farce offre un plaisir parfois irrésistible

Au public enjoué qui applaudit, moqueur,

Qui rit parfois aux larmes et toujours de bon coeur

Quand un mauvais plaisant a été pris pour cible.

 

30 juillet 2011

 

 

 

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12272747690?profile=originalLes "Cahiers" sont l'ensemble de notes et de réflexions de Paul Valéry (1871-1945), publié à Paris aux Éditions du CNRS entre 1957 et 1961 (29 volumes en fac-similé), et en anthologie chez Gallimard en 1973-1974.

 

Ces 261 cahiers de divers formats, remplis de notes écrites chaque matin entre 1894 et 1945, représentent dans l'édition du CNRS 26 600 pages d'écriture environ. Bien que ces notes fussent un pur exercice mental sans intention de publication, Valéry envisagea pourtant de les mettre en ordre et ne put venir à bout de sa tâche, tant en raison sans doute de l'énormité de l'oeuvre que de la nature même de sa pensée. Mais il avait ébauché un classement et choisi un certain nombre de titres de rubriques que reprend Judith Robinson dans son édition de la Pléiade, en optant pour un ordre significatif. De l'autoportrait ("Ego, Ego scriptor, Gladiator"), on y passe à l'élaboration d'un langage nouveau ("Langage", "Philosophie", "Système") qui permette l'analyse de l'esprit ("Psychologie", "Soma et CEM [Corps, Esprit, Monde]", "Sensibilité", "Mémoire", "Temps", "Rêve", "Conscience", "Attention", "le Moi et la Personnalité"), y compris dans ses aspects les plus irrationnels ("Affectivité", "Éros", "Thêta") et même biologiques ("Bios"). La faculté créatrice de l'homme est ensuite analysée sous ses formes scientifiques ou artistiques ("Mathématique", "Science", "Art et Esthétique", "Poïétique", "Poésie", "Littérature"), puis expérimentée ("Poèmes et PPA [Petits Poèmes abstraits]", "Sujets", "Homo"). Enfin, les deux dernières rubriques rendent compte de l'intérêt marqué par Valéry à la fin de sa vie pour différentes formes de la vie sociale ("Histoire-Politique", "Enseignement").

 

Ce journal d'un esprit - qui n'a rien d'un journal intime - est sans équivalent dans notre littérature. Parallèlement à ses oeuvres "officielles", Valéry s'est attaché à élaborer jour après jour, pendant cinquante ans, le "chef-d'oeuvre intérieur" du héros éponyme de Monsieur Teste: une oeuvre absolument en marge de toute reconnaissance sociale et, pour l'essentiel, de toute publication. Entre les Essais de Montaigne et les Pensées de ce Pascal auquel il revient souvent se heurter, Valéry définit son entreprise tantôt comme une "autodiscussion infinie", tantôt comme des "Essais, Esquisses, Études, Ébauches, Brouillons, Exercices, Tâtonnements" où peut enfin jouer librement "l'activité spontanée des analogies". Ces "gammes" qui restituent sans l'altérer le "mélange" hétéroclite de l'esprit et où l'auteur, tel Goethe, parle à son "Eckermann", sont le lieu privilégié d'observation d'une "intelligence en acte". La "tendance au dressage" de l'"animal intellectuel" (définie sous la rubrique "Gladiator", dont le nom est tiré de celui d'un célèbre pur-sang) ne peut se faire qu'au prix d'une sévère ascèse où les moyens mis en oeuvre ont au moins autant d'importance que le résultat.

 


Les Cahiers, dans leur diversité, sont pourtant au service d'une préoccupation centrale: élucider la nature et les mécanismes de la pensée humaine, mettre au jour ses possibilités et faire advenir le surhumain (en un sens différent de celui que Nietzsche attache à ce mot): "Le surhumain existe. Il est l'effet sur l'humain de la connaissance de l'humain." Cette recherche ininterrompue passe tout autant par l'analyse des différents états de conscience que par une réflexion approfondie sur le langage, véhicule obligé de toute pensée, afin de "s'interdire tout mot qui ne représente un acte ou un objet bien net". La critique du langage débouche alors nécessairement sur une critique de la philosophie, dans la mesure où celle-ci n'est qu'"un usage particulier des mots" et sur l'analyse de la création artistique ou poétique qui les mettent en oeuvre: "Mon objet - chercher une forme capable de recevoir toutes les discontinuités, tout l'hétérogène de la conscience." Cette quête est indéfiniment poursuivie par tous moyens dans ce "livre sans modèle". Maximes, poèmes en prose, dialogues, énumérations, impressions, sujets d'oeuvres à venir s'y pressent selon l'inspiration du moment. Le style de ces "pensées pour moi-même", tantôt courts développements tantôt télégraphiques (on y trouve même des formules mathématiques), est celui de l'ellipse, de l'allusion, du fragment, de l'aphorisme où la vivacité se conjugue au dédain de la rhétorique. L'esprit y vole d'un sujet à l'autre avec la liberté de ces hirondelles dont Valéry admirait par-dessus tout la mobilité.

 

Les Cahiers, ce "Grand Atelier" (Cl. Launay), remettent ainsi en question la notion traditionnelle d'oeuvre. Dans ce "laboratoire de secrètes recherches" inspiré par les Cahiers de Léonard de Vinci, des pensées en gestation cherchent encore leur forme ou leur certitude achevée. Ce que Valéry appelle tantôt sa "méthode", tantôt son "système", tente de s'élaborer dans un beau désordre afin de préparer la grande oeuvre à venir. Simultanément, les Cahiers servent d'atelier de réflexion aux oeuvres en cours dont ils préparent, suivent et commentent l'évolution ("Mon Faust" ou la Jeune Parque, par exemple). Enfin, certaines parties des Cahiers sont - sur les instances pressantes d'amis de Valéry - utilisées dans l'oeuvre publiée (dans les recueils de Tel Quel, par exemple). C'est pourquoi Valéry peut parler de "contre-oeuvres" à propos des Cahiers, s'opposant ainsi radicalement à son maître Mallarmé pour lequel seule vaut l'oeuvre achevée. Les valeurs classiques, où n'a de prix que la perfection, sont ainsi renversées et le premier rôle est offert à la démarche créatrice en acte, dans ses errances et ses incertitudes. On voit donc mal comment les Cahiers, malgré le désir réaffirmé de leur auteur, auraient pu se fédérer en un système unique. Valéry en était bien conscient lorsqu'il y lançait cette boutade: "Il me manque un Allemand qui achèverait mes idées." Si les efforts de mise en ordre auxquels il se livra avec persévérance eurent le mérite de révéler les constantes et la cohérence de sa pensée, ils se trouvèrent bien vite entravés par son besoin de reprendre pour la nuancer, l'approfondir ou la développer chaque idée dont la première formulation ne le satisfaisait pas entièrement. Ce processus d'expansion indéfinie fait de nouveau songer aux Essais ("J'ajoute mais je ne corrige pas") où l'analyse du moi ("Ego") est également le point focal de la réflexion. On découvre ainsi dans ces Cahiers un Valéry plus humain, hésitant, anxieux, plus tendu dans l'exercice du pouvoir de l'esprit que dans ses oeuvres trop parfaites, lui qui prétendait ne goûter dans les ouvrages de l'homme que la "quantité d'inhumanité" qu'il y trouvait. Il est étrange de songer qu'un poète si classique par bien des aspects inaugurait à sa façon dans cet ouvrage une "parole en archipel" qui ferait les beaux jours de la poésie moderne.

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12272747259?profile=original« Les Immémoriaux » est un récit de Victor Segalen (1878-1919), publié à compte d'auteur sous le pseudonyme de Max Anély à Paris au Mercure de France en 1907; réédition sous sa forme définitive chez Plon en 1956, avec deux cartes et 40 illustrations, la plupart tirées de l'oeuvre de Paul Gauguin.

 

Première partie. "Le Récitant".Terii, jeune prêtre païen, achève sa période d'initiation. Il répète les "beaux parlers originels" maoris. Soudain les mots lui manquent: funeste présage qu'il associe immédiatement à l'arrivée dans l'île des "hommes à la peau blême" animés d'une croyance nouvelle. "Les Hommes au nouveau parler". Sur un rivage éloigné de l'île, Terii observe les coutumes de ces étrangers, travailleurs tristes et silencieux. "Le Prodige". Aux grandes fêtes données en l'honneur d'Oro, Terii est banni de la communauté des récitants pour avoir oublié, en public, les paroles sacrées, et, afin d'échapper à la colère de son peuple, feint un prodige et disparaît. "Les Maîtres-du-jouir". Les "hommes au nouveau parler" présentent leur religion, leur Dieu, leurs rites aux Maoris qui, d'abord séduits, les chassent au bruit de leurs festivités.

 

Deuxième partie. "Le Parler ancien." Terii a quitté l'île en pirogue, accompagnant Paofaï, l'un des chefs des récitants, parti à la recherche du "parler ancien".

Troisième partie. "L'Ignorant". Revenu à Tahiti, il n'est plus qu'un vieillard, surpris par le peuple qu'il retrouve converti au christianisme. "Les Baptisés". Peu à peu il pénètre les nouveaux rites et participe à la cérémonie collective du baptême. "Les Hérétiques". Devenu Iakoba, son zèle est grand pour la religion nouvelle: il dénonce les hérétiques. "La Loi nouvelle". Il renie son ancien maître resté, lui, fidèle aux anciens dieux. "La Maison du Seigneur". Devenu diacre, il va construire une église sur un autre rivage.

 

Dans ce "roman" d'une forme si personnelle et inhabituelle (le narrateur s'efface totalement, ne se laissant entrevoir que sous les traits supposés du scripteur qui recueille, sous leur forme brute, les dernières traditions de la civilisation et des croyances maories), Victor Segalen jette déjà un pont entre le Réel et l'Imaginaire (voir René Leys et Équipée). L'auteur tient à maintenir l'ambiguïté, et en usant d'une langue étrange, parfois hermétique, à égarer le lecteur le long de cette frontière incertaine qu'il s'attache à explorer.

 

Il est possible en effet de lire les Immémoriaux comme une somme ethnologique, une simple transcription - dans une traduction respectant autant que possible la syntaxe et les noms propres du parler maori - des rites d'une civilisation orale sur le point de sombrer définitivement au moment où Victor Segalen découvre Tahiti (y débarquant en 1903, il note dans son journal de voyage: "Ici comme ailleurs, la race se meurt"). Mais là réside le paradoxe fondamental du livre: puisqu'il met à l'épreuve de l'écrit ce qui n'était qu'oral, il crée, met en forme, organise (voir la disposition en parties chronologiques, en chapitres thématiques), donne au réel une cohérence de type narratif (remarquons ici le rôle symbolique, dans une économie romanesque, de la perte de parole de Terii au premier chapitre, qui annonce son renoncement volontaire au parler des anciens dans la dernière partie du livre), et se situe sans équivoque du côté de l'imaginaire.

 

Ce que l'on retient alors des Immémoriaux, c'est le voyage, le dépaysement poétique que permet une langue qui se situe à mi-chemin entre un langage connu (l'orthographe, la grammaire du français) et un langage imaginé dans la forme écrite qui lui est donnée (les noms de dieux, de lieux, les expressions imagées qui rendent compte des réalités étrangères, les adaptations des sonorités des langues européennes au parler maori, la métamorphose inattendue des noms bibliques, etc.).

 

Tout cela met l'accent sur le langage comme enjeu: le passage de la langue orale, fragile (voir les tresses nouées qui sont le seul moyen d'enregistrer les "beaux parlers" originels) à la langue écrite (les "feuillets à signes parleurs"), à la mémoire artificielle mais définitive qui impose, en imposant la fiabilité de sa forme, son contenu également. Au coeur de ce récit donc, qui constitue à certains égards une contre-initiation, se situe tout naturellement une sorte de poème en prose énigmatique, un long ruban d'images interrompu par la mort du vieux prêtre qui en était le dépositaire et dont la déchirure annonce précisément la mort de la civilisation qu'il portait (le parler ancien). Les "Immémoriaux", ce sont ceux qui sont détruits parce qu'ils ont tout oublié. "Vous avez perdu les mots qui vous armaient et faisaient la force de vos races et vous gardaient mieux que les gros mousquets de ceux-ci": telles sont les dernières paroles du dernier des récitants, Paofaï, condamné à mort ("la Loi nouvelle").

 

Si l'on note enfin que Victor Segalen a reconnu lui-même en avoir davantage appris par les textes et les croquis de Paul Gauguin sur la civilisation maorie que par son expérience personnelle ("Je puis dire n'avoir rien vu du pays et de ses Maoris avant d'avoir parcouru et presque vécu les croquis de Gauguin" - lettre à G. D. de Monfreid), le livre bascule définitivement du côté des voyages aux pays de l'Imaginaire, dans un de ces décors en trompe-l'oeil, chers à Segalen.

 

 

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Les vacances d'un enfant de Louis Scutenaire

12272747295?profile=original"Les vacances d'un enfant" est un roman de Louis Scutenaire (Belgique, 1905-1987), publié à Paris chez Gallimard en 1947.

 

Écrit entre 1939 et 1942, époque pendant laquelle l'auteur, fuyant l'invasion allemande, se réfugia à Paris, puis dans le Midi, ce roman, qui se déroule en Belgique pendant la Première Guerre mondiale - mais une guerre lointaine -, est imprégné par la nostalgie aiguë de paysages aimés.

 

Par un matin d'été, Palmer Choltès et sa mère partent en vacances chez la tante Damire. L'enfant y retrouve un groupe de domestiques avec lesquels il entretient des relations d'affectivité jalouse: Prudence, la cuisinière, le sot Neri, Tanta, le trimardeur, substitut du père, et Florine, la gouvernante, amoureuse de Tanta, lequel malheureusement n'a d'yeux que pour Antonine (chap. 1). Ivre des spectacles de la nature, Palmer laisse vagabonder son imagination: rêveries sur le soleil, les insectes, les notaires, entrecoupées de références à la bande dessinée (2). Un déluge s'abat sur le pays; Antonine s'éclipse, comme d'habitude, devant Tanta qui la poursuit. Palmer constate que l'amour a rendu son compagnon indisponible. Arrive la couturière unijambiste Mazanque; elle s'attache à exorciser les peurs de l'enfant insufflées par Florine, qui lui a fait croire à l'existence de deux monstres. Cela nous vaut une promenade nocturne et hallucinée de la cave au grenier (3). Arrivent à leur tour les frères Villa dont l'apparence tient du paysan parvenu et du roi africain. Le plus jeune, très pervers, fait de l'humour noir. Une journée se passe chez l'instituteur Coronice de Tramasure qui possède un observatoire d'où l'on peut détailler le pays (4). Les réflexions acides de sa mère, qui l'a obligé à l'accompagner en ville pour l'achat d'un pardessus, plongent Palmer dans une crise mélancolique, ponctuée par une obsession: "Florine va mourir." Après le supplice grotesque de l'essayage, il sera consolé par Adonis, le propriétaire de la Compagnie des Indes, dont le magasin est vide à cause de la guerre, mais dont la tête est pleine d'histoires. Palmer assiste à des combats de boxe nocturnes, entrecoupés d'histoires de chasse africaines et d'épisodes de sorcellerie. Sur le chemin du retour, Tanta constate la présence d'un homme chez Antonine. Le lendemain, on trouve un cadavre dans le grenier: ce n'est pas celui de Florine, mais de son frère Vincent, victime de ses mauvaises fréquentations. Puis Palmer apprend que Tanta, ulcéré par son échec amoureux, est parti sans espoir de retour: dans une crise de larmes, il prend conscience que tous ces gens qu'il aime devront mourir un jour (5-7).

 

On trouve dans ce récit, d'une densité remarquable, tous les registres de l'inspiration surréaliste chère à l'auteur. Contre la platitude bourgeoise de sa mère obsédée par les problèmes d'héritage, Palmer prend, d'instinct, "l'usage ou le parti des classes possédées". Non sans que l'érotisme y soit pour quelque chose, un érotisme occasionnel sans doute, comme il sied à cet âge, mais pleinement vécu, plus vibrant que chez les adultes. Ainsi lorsque l'enfant, à "rebrousse-chair", sent la croupe de Florine après le creux des reins, un éclair de plaisir presque douloureux le raidit. Ce genre de jeu pourtant n'est qu'une facette d'un imaginaire qui se nourrit de tous les objets, y compris les moins notables, comme les insectes par exemple: "Il enviait leurs ailes, leur corps réduit à l'essentiel, il eût aimé jouir de la science exquise, des sens subtils, qu'il attribuait à ces vies condensées." Dans le même esprit, voici la "collection des oiseaux morts en face de la clownerie des vivants", tandis que l'enfant nous décrit les notaires comme des "géants aux épaules en coussins, au ventre profond d'armoire dont, les battants du gilet ouverts, il sort des parchemins à ganses". L'humour plus ou moins blasphématoire n'est pas non plus absent: "Je doute de toi, mon Rien, qui ratas le ciel et la terre", s'exclame Coronice de Tramasure, maître dans les exercices de désarticulation du langage. Autre "locomotive verbale", la cuisinière Prudence dont le parler populaire possède à la fois force et saveur: "Ce n'est pas dans mon ventre que votre estomac crie", lance-t-elle à Palmer. L'utilisation savante de ce parler propre n'est pas sans évoquer Raymond Queneau, bien qu'il ne puisse être fait état d'une influence. La force de Louis Scutenaire est de nous présenter, autour d'un enfant à la fois émerveillé et acerbe, une galerie de personnages typés et originaux, tel le trimardeur Tanta, qui s'enfonce dans une passion sans issue comme si le malheur lui collait à la peau, et dont le mutisme même a un sens.

 

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L'encan

Tapis et objets d'art à offrir en cadeaux,
De nombreux meubles aussi, vieillis mais restés beaux.
Tant de choses aimées par des êtres fervents,
Se retrouvant, ici, à vendre au plus offrant,
Tout comme les esclaves le furent autrefois,
Expédiés ailleurs, sans n'avoir aucun choix.

En conservant leur âme, objets inanimés,
Ils seront à nouveau recueillis et aimés.
Ils avaient fait, jadis, l'orgueil d'un créateur,
Puis causé de la joie à un tendre amateur.
Ils attirent encore plus d'un regard d'envie.
Seront des compagnons, le temps d'une autre vie.

Mais qu'arrivera-t-il aux trésors sans valeur?
À mes joujoux pâlis, qui n'ont plus de couleurs
Mais tant de souvenirs qui s'accrochent à eux?
Où iront mes poupées, mon Pierrot malheureux?
Qui voudra de mes timbres et de mes coquillages?
Triste d'écrire :Fin ,à la dernière page.

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administrateur théâtres

12272750887?profile=originalIl  y a d’un côté le public et de l'autre, les  trois murs étincelants mais  étouffants d’une  cuisine modèle impeccablement tenue. Tout juste si,  par simple illusion d’optique on ne les voit pas se pencher subrepticement pour avaler cette femme volubile encore jeune, dont la vie a été remplacée par la routine. La femme est banale mais heureusement profondément actrice.  Elle  est, malgré le cadre,  exquise, fougueuse,  incapable de rester en place, craquante de sincérité et de naturel, débordante de convivialité. Elle en est venue  au cours des années, à converser vaillamment avec le mur, le verre de vin blanc à la main, face à  son improbable interlocuteur. Peut-elle encore imaginer ce qu'il y a derrière le mur?

 

Un autre mur,  Joe, son mari lui dit bien de temps en temps «  qu’il l’aime », mais ce sésame n’ouvre paradoxalement  que sur les humiliations répétées, voire, le mépris  ou l’indifférence. Elle l'observe et le voit  en effet parler de façon bien  plus aimable à tous les étrangers qu’il rencontre!   Elle raconte avec délices  les éblouissements des débuts de vie de couple, les ravissements d’enfants en bas âge et  puis, moins drôle,  toutes les trahisons de la vie. Elle s’interroge:  va-t-elle oser sauter le pas, comme quand elle était enfant et qu’elle sautait du toit, pour partir  seule, en voyage de 15 jours en Grèce avec sa copine Jane, qui lui a maintes fois dit de larguer tout et lui a  même offert le billet de ses rêves ? Ses récits de vie et ses interrogations sont poignants, y  mêlant sans cesse le  réalisme des gestes domestiques quotidiens. Elle réalise soudain : « ma vie est un crime contre Dieu car je ne m’en suis pas servie, ne sachant pas quoi en faire ! » Elle est devenue inutile!

 

Doit-elle  « faire ce qu’elle voulait faire ou faire ce qu’elle devait faire ? » Elle découvrira que « les rêves ne sont jamais là où on les attend. »  Mais sautons  tout de suite à la fin de  l’histoire : «  Elle a subitement su qu’elle ne rentrerait pas vers Manchester avec la valise ! ». Elle a largué tous les démons qui l’enchaînaient. Elle ne traîne désormais  plus rien d’encombrant, elle se sent légère !  Elle compatit : « Joe aussi traîne sa vie comme un poids ! » Willy Russel – c’est un homme qui écrit –  a installé une  Shirley Valentine radieuse, décapée de toutes les  scories vénéneuses qui l’étouffaient, face à la mer Egée, sur un rocher … avec qui elle ne peut s’empêcher bien sûr de parler !  Question d’habitude.  Le rocher est couleur banquise, tout le reste du décor est noir.  Elle est belle comme une aigue-marine.

 

Entre l’immensité du ciel et de la terre,  elle  a enfin retrouvé sa dignité d’être humain, son identité  de « Shirley Valentine ».  V comme V Day, alors qu’elle n’était devenue qu’un avatar  oublié de grand mouvement du monde !  Là, assise buvant du vin  à  une table au bord de la mer - son égérie - elle déclarera d’une voix de star, à son mari qui vient la rechercher : « Bonsoir. La femme que tu veux voir n’existe plus. Celle qui était ton épouse  n’existe plus.  Celle qui était la mère de tes enfants, n’existe plus non plus. Celle à qui tu parles , c’est une femme que tu ne connais pas, Shirley Valentine, Amoureuse de la Vie. »

 

 C’est ce que Willy Russel veut pour la société entière : le changement, le réVeil, la ...Vie, quoi ! Au lieu de la manipulation et de  l’anesthésie générale des êtres humains en particulier, par les normes et les diktats de la consommation. Il ose brandir la liberté et souhaite que  les gens se réveillent de leur torpeur ! Et Shirley de souligner que  « les seules aventures de vacances que j’ai eues,  c’est avec moi, et je commence à m’aimer. »  Tout un Programme, une révolution,  à 42 ans !

 

Marie -Hélène Remacle, qui fonce dans cette pièce comme une météorite, nous  a offert un spectacle éblouissant d’humanité et de drôlerie. Pas étonnant que certains spectateurs ou spectatrices reviennent voir le même spectacle plusieurs fois!

 

http://www.bruxellons.net/shirley2011.html

 

http://www.comedien.be/Marie-Helene-Remacle

 





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La colère des impécunieux.

Opulents en trésors, panses ils rôtissent,

Sur le pont de leur yacht, sur la mer de soleil,

Pendant que pieds dans l’eau crasse ils subissent,

L’âpreté sans merci des marchands de sommeil.

 

Corps rondelets rosis d’héritages des loups,

Se privent, mangent sous caviar des coupe-faim.

Impécunieux, durci dès l’enfance des coups,

Visages creux, estomacs crispés par la faim.

 

Dans leurs porsches au design d’enfer demeurent,

Le temps d’étaler leurs vices à la vertu.

Sous le porche de la misère, ils meurent,

Du froid distant de n’être rien que fiers rebuts.

 

Les uns Dame Fortune borde de satin,

De velours cramoisi nappe leurs chaumières.

Des autres Dame Malchance dès le matin,

Pousse au vent leur infortune coutumière.

 

Gloire aux vieux, cursus d’études à bon sort,

Les hissent au sommet des fières victoires.

Pauvres, ont ingéré le temps des risque-mort,

Pour survivre, sans sombrer dans leurs déboires.

 

Le charme des vies de nuit dans les boîtes,

Côtoie les délices gâtés dans l’outrance.

Pour gênés, rues coupe-gorges étroites,

Disette, pénombres mal famés, errance.

 

La fureur des rues gronde dur au soleil,

Prend la vie des bouseux et des cousus d’or.

La révolte a répandu son sang vermeil,

Démocratie gérée par les veaux d’or.

 

Dictature douce, le pouvoir des nantis,

Se joue insidieuse des impécunieux.

Toujours pauvres, dans la rue anéantis,

Bouges de brimades, sont toujours des pouilleux.

 

Il en est ainsi, dans tous les coins du monde,

Le fer contraint toujours les cruches en terre,

Qui braillent aux cieux leur nouvel air de fronde,

Les blâment en priant d’être vers sur terre.

 

 

 

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L'agonie de la culture

Dans la "Confession d'un enfant du siècle", Alfred de Musset s'exprimant sur l'état de la société après la chute de l'Empire, tient à peu près ce langage: le monde d'hier n'est plus tout à fait là. Le monde de demain n'est pas encore tout à fait arrivé. La maison d'hier est à moitié détruite, celle de demain est à moitié construite. Quand on foule le sol, on ne sait jamais si l'on marche sur des semences ou sur des débris.

 

Le Monde diplomatique en publiant le numéro 19 de sa collection "Manière de voir" intitulé l'Agonie de la culture? (1), rassemblait en septembre 1993 quelque trente articles publiés dans ses colonnes pendant trois années et traite précisément, dans le domaine de la culture, des semences et des débris. L'ensemble est un vrai cadeau de pensée, en ce sens qu'il constitue un travail exigeant d'élaboration et d'interrogations dialogiques sans fuite en avant comme sans frilosité. C'est une contribution à la véritable "problématique vivante" qu'est la culture aujourd'hui. C'est une façon de se démener pour que l'industrie établie de la culture et les institutions fossilisées n'étouffent pas le désir du divers. Il y a souvent dans cette livraison des auteurs qui savent se libérer de "leurs crampes mentales", pour reprendre une expression de l'incommode et immense musicien que fut Luigi Nono.

 

Il faut retenir plus particulièrement cinq articles symbolisant bien l'ensemble de la démarche, avec en leur centre une époustouflante réflexion de Félix Guattari: "Refonder les pratiques sociales". Partant du constat que l'humanité "tient d'autant plus à se rassurer que plus rien n'est assuré" et "reste hébétée, impuissante, devant les défis auxquels elle est confrontée", Guattari s'interroge un peu à la manière d'Angelopoulos dans son film le Pas suspendu de la cigogne: "Par quels mots-clefs pourrait-on faire vivre un nouveau rêve collectif?"; pour aussitôt dire: "Il ne s'agit pas seulement d'agiter les menaces, il faut passer aux réalisations pratiques." Et de traiter du monde machinique à repenser, du monde machinique conduisant à une mutation de la subjectivité, d'une démocratie machinique, d'une "démocratie écosophique" avec, en son coeur, l'option d'autrui, le recollement du corps avec la tête, un choix de responsabilités pour les générations à venir, une régulation de nature géopolitique et écologique, une nouvelle éthique de la différence conduisant à une politique des désirs des peuples. Comme beaucoup, il s'interroge sur la crise du sens, mais il la traite comme le jeune philosophe Yves Clot dans sa thèse "Le travail entre activité et subjectivité": c'est plutôt un sens en souffrance, un sens suspendu, la perte de sens comme autre face d'une anticipation. Car c'est bien de cela qu'il s'agit: Félix Guattari silhouette les nouveaux liens sociaux.

 

Voilà qui est très important au moment où ils se décousent, comme l'écrit, avec profondeur et finesse, Alain Bihr en traitant de l'absence d'un ordre symbolique et de sa conséquence, "l'homme de ressentiment", dont on s'explique l'existence, mais qui n'a jamais rien construit. Donnée constante, notamment de l'histoire de France, que pointait déjà le 25 juillet 1789 Gracchus Babeuf dans une lettre à sa femme après avoir vu le premier défilé avec des piques portant des têtes. "Ma chère petit femme, écrivait-il, j'ai eu comme un malaise à cette manifestation. Regardant ces têtes, je me disais: Enfin, elles ne feront plus de mal; puis aussitôt je pensais qu'il avait fallu qu'il soit grand le mal qu'elles avaient fait pour que nous soyons amenés à en faire autant." Babeuf lançait là une idée rare encore aujourd'hui mais combien précieuse, celle d'écarter la culture de ressentiment.

 

Refuser la médiocrité comme destin

 

AUTRES articles de deux auteurs, véritables "skieurs au fond d'un puits" (Henri Michaux), le Français Armand Mattelart et l'Américain Herbert I. Schiller.

 

Le premier traite de la diplomatie des réseaux, de la société globale et de leurs débouchés, de la "liberté d'expression commerciale", et revendique un espace public transnational (pas supranational) dépassant à la fois le repli nationaliste et le marché monde.

 

Le second réfléchit sur la toute-puissance des marchands s'accaparant les nouvelles technologies, déréglementant tout et répandant le virus du consumérisme, conduisant à une société de surveillance, toutes réflexions capitales en ces temps où les grandes affaires veulent identifier culture et marchandise et substituer à la qualité du divers l'uniformité de la quantité. Comme si un fleuriste ne vendait qu'une fleur... Pas plus que Mattelart, Schiller ne succombe à l'impuissance démissionnaire et conclut: "Aussi dominant soit-il, le monde des affaires ne pourra maintenir indéfiniment sous sa coupe la créativité de l'homme."

 

Précisément Eduardo Galeano, dans "Etre comme eux", se demande "si le seul rêve désormais permis aux citoyens du Sud serait le cauchemar d'un développement qui méprise la vie et adore les choses". L'écrivain uruguayen nous donne envie d'écrire rapports Sud-Nord au lieu de rapports Nord-Sud. En juillet 1988 à Santiago encore sous Pinochet, j'ai écouté ce même homme dire à "Chile crea" (états généraux de la culture du Chili): "Refusons la médiocrité comme destin. Il faut nous compromettre avec la personne humaine." Mots splendides, osés, sous la dictature Pinochet, et qui contribuèrent à la faire chuter. Je me souviens aussi du peintre José Balmès, qui eut le premier l'idée de "Chile crea" et qui, devant les hésitations compréhensibles de quelques-uns de ses amis, leur déclara: "Si ce n'est pas moi, alors qui? Si ce n'est pas maintenant, alors quand?". Et si ici chacune, chacun faisait de même contre les injonctions du GATT, ce vieil organisme déjà bâtard à sa création en 1948, voulant imposer aux oeuvres culturelles les règles du "marché des marchandises" "sans conscience ni miséricorde" (Octavio Paz) et tentant ainsi de mettre un verrou à l'avenir!

 

Ce dossier du Monde diplomatique auquel il manque peut-être un ou deux articles d'un Michel Verret comme "Où en est la culture ouvrière aujourd'hui" ( Sociologie du travail, n° 1, 1989) ou comme "Les alphabets de la culture" ( Elan, cahiers n° 1-2, janvier-février 1990), est de la belle munition riche de pensées-passerelles pour l'en-commun des hommes, l'essence même de la culture.

 

(1) "L'Agonie de la culture?", Manière de voir n°19, septembre 1993.

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12272746858?profile=original"Le voyage du condottiere" est un récit en trois parties d'André Suarès (1868-1948), publié à Paris chez Cornély en 1910 ("Vers Venise") et chez Émile-Paul en 1932 ("Fiorenza" et "Sienne la bien-aimée").

 

Vers Venise. A trente-trois ans, Jan-Félix Caërdal, le Condottiere de la beauté, se passionne pour l'Italie. Son besoin d'action s'accomplit dans la contemplation esthétique. Musicien des âmes, il découvre dans l'art l'expression de sa double postulation pour l'héroïsme et la sainteté. Après Bâle, où Holbein trahit son athéisme accompli, Milan grouille d'une vie pleine d'énergie. Léonard de Vinci transfigure la réalité par le symbole: chez lui, la forme donne vie à l'être. Les villes italiennes expriment les passions de tout un peuple: berceau de Monteverdi, l'ardente Crémone s'enivre de mélancolie; la chartreuse de Pavie dresse son décor compliqué; Parme et son monotone Corrège, infidèles à l'esprit de Stendhal, et la sombre Mantoue déçoivent. Passé Vérone, emplie du souvenir de Juliette, c'est Padoue et saint Antoine, terrible ascète; Venise arachnéenne, figure de son désir! Plénitude de Saint-Marc! Ravenne la Byzantine concentre des joyaux de lumière et ouvre les portiques des pins vers l'Adriatique. Franchir le Rubicon, posséder la terre... Le voyage est action, comme l'homme: saisi par une insatiable fureur de vivre, le Condottiere mène campagne dans le monde de la beauté.

 

Fiorenza. Gênes la magnifique, Pise l'irréelle incarnée, Lucques... Toutes ces villes s'ouvrent comme des livres merveilleux à qui connaît leur histoire. Florence inspire une émotion épurée. Que de génies! Donatello féconde les formes, Fra Angelico invente une beauté surnaturelle, Vinci approche l'absolu, Botticelli crée des lignes exquises. Et Giotto, et Michel-Ange, éternel titan... Mais Machiavel et son naïf système, Dante et son adulation aveugle de la Rome antique l'ennuient. Florence semble un musée, un roman où l'on cherche ses enfants; adieu, donc. Quel mérite y aurait-il à tout admirer?

 

Sienne la bien-aimée. Tous deux natifs d'Ombrie, le peintre Piero della Francesca incarne le Verbe et saint François d'Assise dispense un amour empreint d'une charité adorable. Enfin le voyageur atteint l'objet de son désir, Sienne, la parfaite, qui prend la forme de son attente. Plus ancienne que Florence dans la quête de la beauté, elle touche au sublime dans l'équilibre des proportions. Catherine s'y brûla dans une foi ardente. Guido Riccio enseigne au Condottiere l'"ardente sérénité" et l'accomplissement dans le silence: la suprême beauté naît de l'harmonie entre soi et le monde. C'est ici que la beauté comble l'attente de l'amour. En quittant Sienne, le Condottiere emporte avec lui une ville dont il ne sera jamais absent.

 

Le Voyage du Condottiere témoigne d'une immense culture artistique, héritée de nombreux voyages en Italie et mise au service de l'initiation à la beauté et, par voie de conséquence, à l'absolu. Le narrateur évoque la quête du condottiere moderne, double de lui-même: au travers de la contemplation passionnée des oeuvres d'art, il épuise le patrimoine culturel du quattrocento et du cinquecento italiens pour aller vers la connaissance de soi. Reniant l'héritage de Rome, sa démesure vulgaire, il tente d'approcher le spirituel au travers de la sublimation des formes: l'art invente une harmonie suprême, miroir des âmes, accomplissement de l'idée. Aussi le voyage en Italie s'impose-t-il comme un prétexte à la quête de soi. Du multiple, il conviendra d'extraire l'essence de la beauté: le Condottiere la trouve à Sienne où l'esthétique renonce à toute emphase et exprime l'amour épuré de tout narcissisme. Florence, Venise, Sienne constituent la trinité secrète, les trois pôles de son désir; il s'y promène comme il étreindrait un corps de femme et de cette union, de cette symbiose du corps et de l'esprit, naît la conviction d'une prédilection pour la cité ombrienne. Puisque les villes expriment l'âme d'une époque et d'un milieu, le choix de l'une d'elles révèle les déterminations inconscientes du héros: tel un nouveau Pâris, le Condottiere décerne le prix de la beauté à Sienne, sublimation du projet esthétique. Il y rencontre son maître le condottiere Guido Riccio, qui, aux armes préféra l'accomplissement de soi dans la passion.

 

Ce projet métaphysique ne peut se réaliser qu'au terme d'une investigation complète de toutes les formes d'art. Musique, poésie, architecture, sculpture, peinture: toutes les Muses sont convoquées pour retracer l'itinéraire d'une Italie transformée en un immense musée vivant. Dans un style classique qui ne répugne pas à l'exaltation mais qui sait frapper par ses formules, l'auteur explore avec minutie et exhaustivité tous les musées, toutes les églises, tous les hauts lieux touristiques pour les constituer en témoins d'une humanité pensante. Le passé s'impose comme la source d'une compréhension intime du présent; il se confond avec lui et lui donne sa richesse, car Suarès mène de front les études de moeurs et les analyses esthétiques. Aussi, à chaque pas, les vieux murs évoquent-ils une figure disparue, des personnages historiques fixés dans l'imaginaire collectif par la légende comme saint Antoine de Padoue, saint François d'Assise, sainte Catherine de Sienne; des artistes sublimes dont la science d'un auteur esthète restitue le visage, l'histoire et la technique, au travers d'évocations très fouillées de leurs créations... Ainsi, saisie entre son passé et son présent, l'Italie vit d'une existence à part entière sous la plume de Suarès, dont le héros de fiction incarne le conquérant des temps modernes, l'esprit à la recherche d'une beauté vivante. Il faut épuiser le champ de tous les possibles pour atteindre l'absolu. Certes, le lecteur éprouve souvent quelque lassitude, comme accablé par les descriptions incessantes des trésors italiens, et l'impression diffuse de compulser un guide touristique relevé par les notations très justes d'un exceptionnel amateur d'art. Mais, l'ensemble demeure un témoignage singulier d'un amour total pour une humanité en quête d'elle-même au travers d'un dépassement du réel. Décrivant l'Italie, Chateaubriand y projetait sa propre figure. Stendhal évoquait l'Italie qu'il rêvait. Suarès tente de convoquer toutes les figures du génie pour alimenter le feu de sa passion.

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L'arbre (La même source d'inspiration)

 

 

                           L'ARBRE

 

La rue descend au loin, elle a un aspect sale,

Elle est pleine d'enfants, mais tous venus d'ailleurs

Qui au printemps s'égaient, déguenillés et pâles

Sur les pavés luisants de douteuses lueurs.

 

Mais là, tranchant sur la tristesse des murs gris,

Un bel arbre, tout vert, met une tache claire.

Par-dessus la clôture il chante et il sourit

Car de toutes ses branches jaillit une lumière.

 

Soudain dans le ciel bleu, par-dessus les toits noirs,

Passe un nuage blanc  tout chargé de beaux rêves,

Et les petits enfants y mettent leurs espoirs

D'un avenir meilleur et d'une vie moins brève ...

 

Que la blanche sève qui coule doucement

Dans le bel arbre vert qui au loin resplendit,

Mais pour un temps très court, un printemps seulement,

Dans un ciel pur et clair ....

 

au-dessus des murs gris.

 

Quivron Rolande (E.L. Delmeira)

Extrait du recueil "Parallélismes" Altenloh1970

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Caniveau

 

 

 

   CANIVEAU

 

Il pleut

 

Pourriture du caniveau

Dedans, un chien crevé.

 

Des enfants oiseaux pépient,

remontent la rue :

"Eh ! Regardez .... un chien crevé"

 

Plane un silence

La rue devient attentive

Des enfants, sagement,

en rang par deux

se tiennent par la main

s'égrènent lentement.

                

Des enfants migrateurs

 

Ils grandissent

Enfants de rue

Enfants poubelles

Poubelles du caniveau.

 

 

Ils grandissent

Se bousculent

Rêvent ....

"Atteindre le POUVOIR ?"

                                      POUVOIR MOUROIR

 

IL PLEUT

 

La rue s'épanouit

 

Pourriture du caniveau

Dedans ... un chien humain.

 

"Eh ! Regardez, un chien humain ... il crève"

 

Ils passent sagement, en rang par deux

se tenant par la main.

 

Les yeux de la rue deviennent souffrance.

 

SILENCE

 

Rolande Quivron (E.L. Quivron-Delmeira)

 

(Paru dans la Revue du Grenier Jane Tony "N° 264") Modifications le 29.O7.2011

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ESPACES TEMPORELS

12272748674?profile=originalLe très beau Haïku de Raymond Martin  se retrouve à mes yeux dans cette esquisse imaginaire très personnelle, que je vous livre une fois encore en partie  qu'il me pardonne l'amputation des autres Vers

"Au de - delà d'ici

Horizon déchaîné  vie

vagues à lames"

 

"Nuages bleutés

 Des espaces temporels

Tant de temps perdus"

Raymond Martin

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administrateur théâtres

12272749893?profile=original17-31 Juillet 2011. MUSICA MUNDI  n’est plus à présenter, mais rappelons tout de même à ceux qui ne connaissent pas encore ce fleuron international de la vie musicale belge,  les grandes lignes de ce projet fantastique, créateur de chance pour des jeunes talents musiciens sous la houlette de plus grands noms.  

 C’est donc la 13e édition d’un stage et festival de musique de chambre international ouvert aux jeunes talents âgés de 10 à 18 ans. Il a été créé dans le but, d’une part, de développer le talent de ces jeunes musiciens à la personnalité unique, et d’autre part, de leur permettre de rencontrer d’autres musiciens qui ont déjà acquis une certaine renommée. Les lieux de rencontre sont prestigieux : le Château du Lac à Genval, le Château de la Hulpe, le Concert Noble et l’hôtel Lido à Rixensart, où sont logés gracieusement les jeunes talents.

Parmi les artistes qui ont honoré de leur présence les précédentes éditions du stage et festival de musique de chambre international Musica Mundi citons, entre autres : Maxim Vengerov, Mischa Maisky, Gidon Kremer, Ivry Gitlis, Katia & Marielle Labèque, Heinrich Schiff, Leif Ove Andsnes, Paul Badura-Skoda, Itamar Golan, les King’s Singers, le Petersen string quartet, le Talich string quartet, et le St.Petersbourg string quartet.

 

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Dans le cadre du festival de Musica Mundi au château du Lac à Genval, nous sommes allés écouter  hier avec ravissement Christian Zacharias.

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"Je suis né le 27 avril 1950 à Jamshedpur en Inde, d'un père ingénieur, Friedrich-Wilhelm Zacharias, et de sa femme Susanna, née Haase. Mon père, originaire de la Prusse de l'Est, émigra rapidement à l'étranger et c'est ainsi qu'il passa près de vingt ans de sa vie en Inde, où il épousa ma mère, originaire de Danzig. En 1952, ma famille qui compte encore ma soeur Katarina, retourna en Allemagne et s'installa à Karlsruhe. Là, je commençais l'école et reçu mes premiers cours de piano à l'âge de sept ans. Mon maître de musique au Gymnase, qui reconnut et soutint très tôt mon don, me facilita l'entrée à l'école supérieure de musique de Karlsruhe, où, dès 1961, j'étudiai avec Irène Slavin, une russe exilée. J'obtins, parallèlement à mes études scolaires, les diplômes des branches théoriques musicales (harmonie, contrepoint, analyse, orchestration, composition), si bien qu'en 1969, une année seulement après ma majorité, je pus achever mes études musicales avec les diplômes de professeur de musique et de pianiste de concert. Suivirent des études auprès de Vlado Perlemuter à Paris et ma participation à divers concours de musique, dont Genève et Van Cliburn aux Etats-Unis, où j'obtins le Deuxième Prix, et au concours Ravel à Paris où je reçus le Premier Prix. Depuis 1975, je pus vivre de mon activité de concertiste indépendant et dès lors, ma carrière m'a mené à pratiquement tous les orchestres et centres musicaux importants dans le monde."

 

Voici le  magnifique programme qu’il nous a présenté :

C.P.E. Bach : Sonate en la mineur
C.P.E. Bach : Sonate-Rondo en ut mineur
Brahms : Quatre Klavierstücke opus 119
Beethoven : Sonate pour piano n°31 en la bémol majeur opus 110
Brahms : Sonate pour piano n°3 en fa mineur opus 5

D’aucuns disent « Il comprend tout, il voit tout !... Et lorsque Christian Zacharias joue, c'est clair, net, précis, limpide... il arrive même à nous faire supposer que l'œuvre est facile... et lorsque j'ai la chance de pouvoir aller l'entendre, aucune note ne m'échappe... et ces notes-là, elles sont belles !... » Nous ne pouvons qu’acquiescer car nous avons assisté à un festin musical.

 

Dans la  salle grandiose de l’hôtel du Lac il y a cette fenêtre qui, à la façon chinoise s’ouvre sur une chute d’eau silencieuse, des bambous de différentes espèces, des roches  et des mousses. Recueillement.  Le piano à queue trône devant cet espace poétique du jour qui décroît cependant que s’allument des  illuminations  nocturnes discrètes. Discrète aussi, l’arrivée du pianiste dont le jeu léger des pièces de C.P.E Bach fait penser à des gouttelettes frémissantes, des bruissements d’ailes, de la délicatesse, des annotations cristallines. Il y a des quintes et des trilles humoristiques, des ricochets farceurs, un ballet de pattes de souris. Dans le second morceau les babillages de notes contrastent avec des accords nets et denses d’une magnifique sonorité.  Sous des dehors O combien austères, le pianiste développe toute la finesse de la musique de façon presque juvénile. Une vraie dentelle ancienne.

Avec l’opus 119 de Brahms c’est la confidence qui prime, la douceur et même la langueur, tout en ne se départant jamais de cette légèreté lumineuse du début du concert. Le deuxième mouvement s’accélère, une danse ou une berceuse ? Flots de  romantisme et cela se termine comme  le rayon vert à la surface de la mer ou l’observation attendrie d’une respiration endormie. Le 3eme mouvement emporte dans des rêves ou des chimères lâchées comme un troupeau joyeux. Le final reprend passionnément les thèmes de l’ouverture.

 

On aurait pu penser que pour Beethoven, le pianiste oserait une certaine violence de sentiments. Au contraire, ses doigts sont des étoiles filantes, les notes, des cascades de voie lactée… Une musique de grande légèreté encore qui semble évoquer l’innocence pure de l’enfant. La main droite énonce des notes claires tandis que la gauche étouffe sa puissance. Puis les portes claquent, un adolescent découvre la fermeté d'accords rebelles.  Le troisième mouvement devient sombre, empreint de mélancolie. L’âge d’or révolu ? La perte de l’insouciance. Sous ses doigts on assiste à la naissance d’accents très profonds soudains révélés au monde. Méditation. Puis il a ce retour au thème principal : temps retrouvé ? Crescendo de bonheur, élan de tendresse, plénitude même. Et malgré des accords écrasants aux accents de Fatum, le final est un jaillissement de notes joyeuses débordantes et libres. Le public est sous le charme. Autant de douceur, des mains de ce grand homme viril étonnent. Une fabrique de bonheur et de beauté.

La sonate en 5 mouvements de Brahms démontre toujours autant d’aisance et de maîtrise. Jouerait- il    ici son moreau de prédilection ? Une fougue nouvelle s’empare du pianiste. Mais celle-ci s’oppose à nouveau avec des intermèdes ruisselants de douceur où  le musicien semble presque s’évanouir. Voltiges ralenties, plaisir musical évident. Une légèreté presque féminine s’empare des deux mains. On pense à la fragilité de fleurs de cerisier, à des  pétales de délicatesse. Les derniers grains quittent le sablier à regrets, c‘est le retour de tons graves, la concentration est extrême, jusqu’à l’épuisement des basses avant une ultime caresse finale. Le troisième mouvement s’emporte. Le jeu est vif et brillant, sonore et frappé. Mais le 4e renoue avec « cette douceur avant toute chose », comme si son but était d’effacer coûte que coûte, note par note toute la violence et la misère du monde. Musique et douceur se confondent.  Il s’enivre de la saveur de la musique comme d’un parfum entêtant. C’est tout juste si  on ne voit pas tomber des plumes de cygne sur le pianiste et son instrument. Ces instants sont magiques.  Le dernier mouvement est un   bouquet d’été : monumental,  royal, tout en camaïeux riches et exubérants.
 Un bis bien sûr : «  Les arabesques » de Schumann. Il  virevolte une fois de plus entre le Ying et le Yang, de façon savante et décontractée. Ce festival de saveurs douces et lumineuses a fait lever la salle entière à la dernière note  pour applaudir à tout rompre l’art poétique de ce musicien extraordinaire.  

Il vous reste un dernier soir pour vous joindre à cette atmosphère  envoûtante très particulière  de têtes blondes et cheveux gris et c’est la soirée de gala :

«  Course and Festival GALA Concert   »  le 31 juillet à 19 heures au château du Lac.                      (Black tie)

 

http://www.musicamundi.org/fr/index2.htm

 

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L'INOUBLIABLE !...

Qu'est-ce donc l'inoubliable?

Ce jaune rare d'un bouquet d'iris?

Des mots tendres qui frémissent?

Se sentir inestimable!

 

Un regard incontournable...

Des mains douces qui se glissent

Pour l'amour et ses délices...

N'être plus que désirable!

 

Qu'est-ce donc l'inoubliable?

Ce long cri qu'on a rentré

Pour garder sa dignité

Quand on n'est que misérable!

 

Puisque c'est inéluctable

Cet adieu dans un sourire

Pour nous éviter le pire

N'être jamais détestable!

 

Qu'a-t-il donc d'inoubliable?

Ce sursaut de la volonté

Pour le mal apprivoiser

Et que la vie soit buvable!

 

Non, bien sûr l'inoubliable!

Qu'on respire et qu'on attend...

C'est cet amour dans le temps

C'est ce qui est impalpable!

J.G.

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While my guitar gently weeps

Vifs remerciements à Jacqueline, Lindsay et Dominique Lefevre ainsi qu' à tous les participant(e)s

de la Jam session du dimanche 24 juillet 2011, un agréable moment de partage et de complicité musicale

et merci pour la photo.

 

Michel Marechal

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Salon d'été des Artistes de l' Espace Art Gallery

VERNISSAGE le 03/08 de 18 h 30 à 21 h 30

Exposition  du 03/08/2011 au 31/08/2011

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Les artistes de la galerie présents pour ce Salon d’ensemble sont par ordre alphabétique :

 

Adriaenssens Freddy – Pierre (Belgique), Artin (France), Bal Alain (France), Bodin Jean – Paul (France), Boica Grace (Portugal), Calleja Sara (Espagne), Cavagnac Marie – Claude  (France), Cayet Muriel (France), Challier Christophe (France), Chanon (Hollande), CHIOCCA (France), Christophle Sandrine (France), De Grave Alexandra (Belgique), Delfosse Jerry (Belgique), DENI alias Danijela Gasparovich (Croatie), de Sagazan Patrick (France), de Verdal Louis (France), Duffour Carole (France), Gillet Marie-Anne (Belgique), Gillis Jérémie (France), Guillaumond Yves (France), heSBé (France), Hirt Gilles (Suisse), Ju Chou (Corée du Sud), Kahiani Nugzar, (Lettonie), Kej alias Mullier Christian (France), Lapassouze Emma (France), Litou Philippe (France), Lorillot Didier (France), Machuel Dominique (France), Marot Donato (Espagne), Masson Yannick (France), Maurin Michèle (France), Mejias Alvaro (Venezuela), Merviel Philippe (France), Mery Bernard (France), Misyats Igor (Ukraine), Montelet Dan(France), MUSIKA (France), Nasca alias Ferron Christelle (France), Ophalvens Lieve (Belgique), Passani Pierre (France), Piu Adriano (Italie), Raghad (France), Riguidel Bertrand (France), Rochet Marie – Hélène (France), Rocskay Jay (France), Ruiz-B Monika (France), Sabot Arnaud (France), Savreux Catherine (France), Serre – Combe Nathalie (France), Soufflet Pierre (France), Tauss Sophie – Mathilde (France), Thys Daniel (Belgique), Turpin André (France), Vanhoebroeck Benoît (Belgique), Van Ryswyck Kristeen (France), Veloso César (Espagne), Venet Isabelle (France), Vilanova Patricio (Portugal), Wilson Corinne (France).

 

Tous les artistes soulignés sont des sculpteurs. Au total 60 artistes qui viennent de France, Hollande, Italie, Espagne, Portugal, Suisse, Croatie, Lettonie, Ukraine, Venezuela, Corée du Sud et de Belgique… 

 

Les 12 œuvres présentes sur l’affiche sont de : Adriaenssens Freddy – Pierre, Bal Alain, Bodin Jean – Paul, Cayet Muriel, Chanon, Christophle Sandrine, Hirt Gilles, Ju Chou, Kahiani Nugzar, Lapassouze Emma, Turpin André et Van Ryswyck Kristeen.

 

A voir du 03/08/2011 au 31/08/2011 au 35 rue Lesbroussart à 1050 Ixelles.

Ouvert du Mardi au Samedi inclus de 11 h 30 à 18 h 30.

Et sur rendez-vous le dimanche.

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Il fait gris encore et encore

 

 

Il n’y a pas de soleil sur les ombres

il n’y a que des poupées de chiffon noircies

des cheveux monochromes arrachés

quand une nouvelle saison se lève

 

 

Notre corps est un livre

on déchire la souffrance

les morts ne volent pas

les morts ne salissent pas

 

 

On déplie son corps encastré dans le vide

à l’angle des raies de lumière

on relève la tête

on enfourne ses doigts dans la bouche

hors d’haleine on en extirpe les mots

les morts ne parlent pas

 

 

Rien qu’un verre d’eau pour laver le linge

de l’eau sucrée-salée

rien qu’une épaule pour expulser le froid

une main sur le ventre

on lui lave les pieds

on lui lave le sexe

la toilette faite on le caresse

 

 

L’escalade des doigts pousse les heures

il n’y a que les corps vivants

les armes au poing

qui se souviennent

 

 B 

 

 

 

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La Troisième Fille

 

 

La Troisième Fille

 

Rosy était enceinte pour la deuxième fois. Comme la première fois tout était normal, on lui avait prédit une fille, une sœur pour sa grande âgée de trois ans. Elle était satisfaite, dans quelque temps elle pouponnera à nouveau,  son mari souriait àl’idée de trois femmes a la maison. 

 

Rosy a un petit ventre rond qu’elle caresse tendrement, l’enfant bouge en elle. Assise confortablement elle murmure une vielle berceuse, elle s’assoupit, une chaleur entre les jambes la réveille, la peur, l’ambulance, la salle d’opération, le noir. 

 

Le réveil, sa mère et son mari  la consolent, elle veut voir sa fille, on baisse la tête, impossible.

 

Deux ans plus tard une belle petite fille vient compléter le tableau familial. La famille les amis ont oublié l’incident, pourtant elle, elle sent le vide, le manque de cette Troisième Fille.

 

Les années passent, avec des petits et grands drames, comme dans chaque famille. Les filles grandissent, Rosy sent toujours ce manque,  elle voudra connaître la raison de la perte et regrette ne pas avoir vu le bébé.

 

Rosy a cinquante ans, les filles sont indépendantes, elles sont loin. Un article nouvel âge  lui donne un aperçu sur les enfants avortés naturellement. Cela la  fait réfléchir. Et si cela était vrai ?

 

 

Son mari est décédé brusquement. Le jour des obsèques, elle sent une troisième présence prés d’elle, elle a peur elle se croit au bord de la folie…

 

 

Pour son soixantième anniversaire ses filles lui offrent un voyage en Italie. L’Italie lui fait oublier partiellement sa tristesse.

 

Un dernier café avant l’embarquement pour le retour à la maison. Un regard sur la serveuse, ses yeux, le vertige, les yeux aux longs cils tellement semblables à ceux de son défunt mari et de sa deuxième fille, le sourire, la fossette sur la joue gauche, est-ce possible ? Elle demande un verre d’eau, gentiment elle questionne la jeune serveuse, oui elle habite Rome, sa mère et médecin d’enfants son père avocat….

 

Elle embarque, la tête appuyer contre la vitre du hublot elle pense, si la philosophie nouvel âge était vraie ? Si sa Troisième Fille avait choisie d’autre parents, un autre genre de vie.

 

Ses deux filles la reçoivent à l’aéroport avec des fleures, la Troisième la soutient invisiblement par le bras….  

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