L'ARBRE
La rue descend au loin, elle a un aspect sale,
Elle est pleine d'enfants, mais tous venus d'ailleurs
Qui au printemps s'égaient, déguenillés et pâles
Sur les pavés luisants de douteuses lueurs.
Mais là, tranchant sur la tristesse des murs gris,
Un bel arbre, tout vert, met une tache claire.
Par-dessus la clôture il chante et il sourit
Car de toutes ses branches jaillit une lumière.
Soudain dans le ciel bleu, par-dessus les toits noirs,
Passe un nuage blanc tout chargé de beaux rêves,
Et les petits enfants y mettent leurs espoirs
D'un avenir meilleur et d'une vie moins brève ...
Que la blanche sève qui coule doucement
Dans le bel arbre vert qui au loin resplendit,
Mais pour un temps très court, un printemps seulement,
Dans un ciel pur et clair ....
au-dessus des murs gris.
Quivron Rolande (E.L. Delmeira)
Extrait du recueil "Parallélismes" Altenloh1970
Commentaires
Que de bonheur de lire ton poème , l'arbre qui prend tout à coup vie , merci Rolande pour ton partage.
Bon dimanche à toi.
Mon amitié.
Du haut de son imposante stature, l'Arbre, dont la longévité fait rêver l'humanité, semble lui susurrer ceci :
"- Calme, calme, reste calme !
Connais le poids d'une palme
Portant sa profusion " ! [...]
"Patience, patience,
Patience dans l'azur !
Chaque atome de silence est la chance d'un fruit mûr " ! [...]
"Tu n'as pas perdu ces heures
Si légère tu demeures
Après ces beaux abandons ;
Pareillle à celui qui pense
Et dont l'âme se dépense
À s'accroitre de ses dons" !
Fragments issus du poème de Paul Valéry "Palme", Recueil "Charmes"
Patience dans l'azur
Bonjour Rolande
Comme vous le savez, je considère que l'on s'instruit grandement de soi-même à comprendre tout ce qui fait l'arbre ... C'est pourquoi c'est difficile pour les enfants des villes, et surtout dans les zones où ils n'ont pas d'arbres ou des arbres malades, ou squelettiques ... Il faudrait tout revoir dans les cabinets d'architecte, dans les bureaux où l'on traite de l'urbanisme ... et de ne pas aller mettre les arbres sur les toits sous prétexte qu'en bas c'est la place pour le macadam et la folie déifiée de l'automobile ...
Il me souvient combien les enfants aimaient ce poème de Verlaine "Le ciel est par-dessus le toit" qui évoque si bien combien on peut s'attacher à un arbre quand on n'a presque plus rien ...
Bonne soirée. Amitiés. Gil
Bravo Rolande d'évoquer ces enfants, il y en tant, il y en trop et tous n'ont pas un arbre pour s'ombrer.
A bientôt,
Yvette
Merci Chris et Roselyne pour vos commentaires toujours très appréciés. Il est toujours intéressant de connaître la réaction des gens face à de tels sujets d'écriture poérique !!.
Ce passage parmi de tels bouleversements et détresses m'a lancée dans de fulgurantes inspirations qui ne me laissaient en paix que lorsque j'avais écrit tous ces mots qui jaillissaient comme d'une source.
Comme toi Chris, j'aime me blottir contre lui : (l'arbre !!) c'est rassurant. Je ne pourrai vivre sans eux.
Cette fois, c'est promis, abandon des sujets tristes et place au bonheur ... La vie est ainsi faite en alternances.
Je vous embrasse toutes deux et excellent week-end. Bientôt le beau temps... Ouf.