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administrateur théâtres

C’était une délicieuse perspective que d’aller écouter l’orchestre philharmonique de Rotterdam en ce jour royal du 29 avril 2011. Son chef d’orchestre, canadien, Yannick Nézet-Séguin , né en 1975 est un phénomène. Il s’intéressa à ce métier dès l’âge de 10 ans et il est frappant de constater que le personnage n’a rien perdu de sa passion  juvénile : il fait de véritables bonds de carpe ou plutôt de  saumon « fugueux » quand il dirige ses concerts et entraîne dans son sillage tout un orchestre de cheveux blonds et de cheveux blancs. On a rarement vu un tel feu dans les moments de « climax » qui émaillèrent cette prestation de Bach à Richard Strauss.

 

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On découvre d’abord une musique soyeuse et de plus en plus pulpeuse avec l’orchestration de Webern de l’Offrande musicale de J.S.Bach : une fugue brillante à six voix, composée en 1935. Chromatisme poussé, enchevêtrement de lignes, timbres romantiques dont on ressort séduit et  … sans voix. Il semble y avoir une continuité extraordinairement naturelle entre ces deux artistes, nés à deux siècles d’intervalle, qui se conclut avec panache sur un crescendo plein d’émotion et de résonnance profonde.  

 

 Vient ensuite le concerto pour deux violons et orchestre en ré mineur BWV 1043  de J.S.Bach  composé en 1720. Une œuvre d’une beauté exquise, un ballet musical entre les deux charmants mousquetaires de la musique :  Lorenzo Gatto et Yossif Ivanov, aux violons. Finesse, humour, assurance : leurs archets virevoltent comme des papillons par-dessus une prairie d’été, en épousailles sans failles. Leur complémentarité bienveillante donne le frisson : et l’entente et l’écoute. Ils croisent l’archet avec humour et jubilation. Rendons aussi hommage à leur fougue et leur générosité juvénile dans le  troisième mouvement, les deux violons ne semblent plus qu’en faire un, les canons et cascades de notes se terminent en un aboutissement plein de sérénité  et de simplicité. Vivats, ovations applaudissements sans fin termineront cette première partie, bouleversante, du concert.

Un cadeau pour le public : le troisième mouvement, en bis.

 

 

En deuxième partie, nous voilà avec le Don Quichotte de Richard Strauss, «  fantastische Variationen über ein Thema ritterlichen Charakters », pour violoncelle et orchestre, op 35  (1897). Deux thèmes s’entrelacent, Don Quichotte est représenté par des solos bouleversants de violoncelle et  Sancho Panza par la clarinette basse et le tuba puis par l’alto. L’orchestre ponctue ces solos dans un esprit de narration fantastique débridée. Les chapitres se déroulent en variations un peu sardoniques. Il y a de l’humour, certes, mais aussi beaucoup de lourdeur. Une chevauchée dans les airs avec une machine à vent renouvelle sans doute l’intérêt de l’écoute, mais on préfère décidément les morceaux de solo où Floris Mijnders, le violoncelliste,  joue en fermant les yeux et en exprimant de son corps de titan aux yeux bleus toutes les nuances de la musique, comme s’il était seul à bord du navire.

Les soli et le  Maestro Québécois  recevront une pluie d’applaudissements enthousiastes.

Rotterdams Philharmonisch Orkest

Vendredi 29.04.2011 20:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

Yannick Nézet-Séguin direction - Lorenzo Gatto violon - Yossif Ivanov violon - Floris Mijnders violoncelle - Anne Huser alto - Rotterdams Philharmonisch Orkest
 
Johann Sebastian Bach / Anton Webern, Fuga (Ricercata) a 6 voci
Johann Sebastian Bach, Concerto pour 2 violons, cordes et continuo, BWV 1043
Richard Strauss, Don Quichotte, op. 35

http://www.bozar.be/webpage_broadcastitem.php?broadc_id=1255

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=9781&selectiondate=2011-4-29

 

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administrateur théâtres

Une superbe vidéo aquatique  nous plonge dans l’Histoire du Titanic,  vieille de 99 ans. En ce jour fatidique  du 14 avril 1912, le puissant monde occidental se brisait comme une poupée de porcelaine et s’engouffrait au fond de l’Atlantique Nord pour toujours. On le sait, c’est le  péché  d’Hubris, tant dénoncé par les tragédiens grecs,  qui  fit disparaître  pour toujours ce bâtiment réputé insubmersible, dans "le  crissement d'un patin sur la  glace." Ce navire, aussi  haut que le plus grand des gratte-ciel américains, sombra en quelques heures par  une nuit sans lune, en frôlant l’iceberg meurtrier. Symbole tragique des limites de l’homme et de la dislocation du Vieux monde.

 

La pièce de THIERRY DEBROUX fut écrite quelques mois avant la sortie du film de Cameron en 1996, lui aussi une description d’une catastrophe qui ne cesse d’interroger notre mémoire collective.  Ainsi furent fracassés brutalement, le luxe extrême, le délire du progrès technique et les classes sociales…. Coup de semonce divine? En tout cas, une catastrophe internationale et ici dans la pièce, une catastrophe intime d’une petite fille séparée de sa mère dans des circonstances étranges. De l’immensément grand à l’immensément petit.

 

 Le décor est un vaste plan incliné blanc, le souvenir de l’iceberg,  sur lequel apparaissent - elle,  dans toute sa vivacité, et lui, dans son immense bonhommie - la grande actrice Jacqueline Bir et son merveilleux compagnon, Marc Olinger  jouant Edward, le mari flegmatique. Ils ont tout du beau couple de noces d’argent,  s’intéressant, l’un aux étoiles et aux questionnements de Einstein, et  l’autre à l’infiniment petit : les  pucerons  dévorants le robinier du jardin.

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 Maggy est mystérieusement protégée de ses souvenirs de petite fille par une amnésie infantile  qui a recouvert  les événements du 14 avril 1912.  La surface polie du couple sera fracassée par la  visite soudaine d’un jeune compositeur d’opéra, tout comme le destin fracassa subitement le bateau mythique. Edward, le mari  astronome ne veut pas réveiller les vieux souvenirs. Il traine derrière lui un fardeau aussi lourd que le Titanic. Par amour pour sa femme, Maggy,  il n’a jamais voulu dévoiler les secrets qu’il détient.

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Un douloureux travail de mémoire  pour Maggy s’engage dans un duel avec le jeune compositeur, figure très dramatique. Celui-ci s’est  passionné pour un travail de mémoire palpitant et c’est ainsi que les deux destins se croisent. Il est en effet fasciné par la photo d’une femme, trouvée dans un livre ayant appartenu à son grand-père. Pourquoi ressemble-t-elle tant à cette mère fermant les bras sur son enfant, qu’il a retrouvée dans des documents d’archive du  Titanic? Une énigme familiale qu’il ne peut s’empêcher de vouloir résoudre. Maggy, devenue la proie de réminiscences  troublantes, qu’elle croyait enfouies à jamais,  finit par se prêter au jeu … qu’elle porte élégamment, avec une justesse de ton, une vigueur et une émotion magnifiques.

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A la fin, c’est la catharsis salutaire et l’émergence de la sérénité et de la paix. La petite fille souriante de la vidéo mélangeant subconscient et fonds marins,  apparaît sur la scène en sautillant. Applaudissements vifs et chaleureux.

 

 

        THÉÂTRE ROYAL DU PARC  28 Avril 2011 >> 28 Mai 2011

MISE EN SCÈNE   Thierry Debroux , COMPOSITION MUSICALE de PASCAL CHARPENTIER, 

SCÉNOGRAPHIE ET COSTUMES   Catherine Cosme

 

 

AVEC   Jacqueline Bir,  Anouchka  Vingtier,  Marc  Olinger,  Hervé  Sogne

                                   Le texte est paru aux éditions Lansman.

 

 

 http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2010_2011_005

 

 

 

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GIFLE Poème

 

GIFLE

 

Rayures sur le visage

lueurs noires des yeux

brillants

brûlants

 

De ses deux mains

elle serre son coeur

enclavée

En elle tout est noir

fermé

laminé

 

L'ennemie la toise

blanc du regard

"Pleunicheuse va !"

 

Rayures sur l'âme

elle ne pleurera pas,

non, elle ne pleurera pas

 

Un pli au coin des lèvres

Déjà

Si petite

et ce pli ? Déjà

Elle a huit ans à peine

de peines

de haine

 

Dehors il fait soleil

Dehors il fait lumière

catéchisme de lumière

"Ton Esprit est Lumière"

 

OUI

 

Mais la maison

est sombre

si sombre

La maison

est ..... TENEBRES

 

Rolande Quivron ( E.L. QUIVRON-DELMEIRA)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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LE SOURIRE D'EDMOND

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Note de l'auteur


Premier ouvrage achevé, alors que d'autres dorment encore sagement dans les tiroirs, attendant la clé qui leur ouvrira la porte pour atteindre leurs lecteurs.

 

Le "Sourire d'Edmond", publié aux Editions Persée, est le fruit d'un long voyage dont les paysages, parfois rugueux parfois lisses, sont autant de photos qui ont guidé, dévié, inspiré ma vie. Il s'agit d'enfance, d'hommes et de femmes, de femmes et de femmes. Il s'agit de ces pays qui se frôlent et ne veulent jamais tout à fait se marier en paix. Il s'agit encore de cultures et d'incultures, de croisées de chemins, de larmes et de rires.

Le métissage, celui des sangs, des peaux et des croyances lui donne un arrière plan où tout est toujours incertain. Seule certitude pour moi, celle d'être une enfant du monde, une fille, une mère, une femme. Il est question de maternité, de solitude et de famille.

Le temps lui-même y est sans contour défini et se promène en un va et vient incessant entre passé et présent. Comme une quête qui peine à s'achever. ... Un rythme où les mots viennent et reviennent, comme ils le feraient dans une longue chanson... Mais trois minutes n'auraient pas suffi pour dire.

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Résumé 

 

Dans un garage, à l'ombre des grands, un frère et une sœur jouent, insouciants, à singer le monde des grands. De l'ombre à la lumière, le chemin de la vie, lignes brisées qui toujours se recoupent, est un voyage où le pur et l'impur, le vrai et le faux, l'être et le paraître s’entrechoquent, où les cultures s'emmêlent au mépris des frontières, où les sourires présents se trempent des larmes du souvenir.

Le Sourire d'Edmond est cette longue remontée du temps, nécessairement  douloureuse, cette longue quête de l'enfant qui grandit pour finir par ne plus être que lui-même, au-delà du lien infini qui lie la femme à l'enfant, l'enfant à la mère.

 

Sur l'auteur

 

Antonia Ramarozaka, née à Tananarive en 1961, maman à triple temps, métisse d'origine française et malgache, fille de diplomate, a passé son enfance entre malles et adieux. Auteur de l'ombre, noircissant des pages dans les rares heures de liberté que lui laisse l'emploi du temps chargé d'une femme ordinaire, elle continue de toucher à tout, chansons, images et mots. Réfugiée dans l’anonymat des cuisines havraises après avoir embrassé de longues années durant une carrière d'auteur-interprète dans la chanson, sous le pseudonyme d'Ona Rozaka, elle signe à l'aube de ses cinquante ans, son premier Roman.

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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invitation

ARTS PLASTIQUES Exposition pluridisciplinaire et multiculturelle Espace Wallonie 25-27 Rue Marché aux Herbes 1000 Bruxelles Tél : 02/506.43.40 02/506.43.41 Invitation 50 ans 50 artistes Vernissage le 28 avril 2011 à 18h A l' Espace Wallonie 25-27 Rue Marché aux Herbes 1000 Bruxelles L’expo est accessible au public : du mardi au vendredi de 11 à 18h et samedi de 13 à 18h 25 artistes femmes & 25 artistes hommes Marcos Aranda - Pablo Avedano - Victor Barros - Silvia Bauer - Jean-Pierre Bers Mbalaka dit Bersgransinge Hamsi Boubeker - Elisabeth Bronitz - Victoria Calleja - Gabriëlla Cleuren - Camille Cloutier - Brigitte Colmant Patryck de Froidmont - Roger De Bruyn - Stéphane Delhal - Olivier Dumont - Daniel Durieux - Gilles Fortunier Ania Janiga - Paul Gonze - Annette Krohn - Nadine Lebrun - Michel Leger - Sophie Le Grand - Esther Liégeois Stéphane Lejeune - Michel Liénard - Fatmir Limani - Peter M Friess - Monika Macken - Didier Maghe Moussa Malki - José Mangano - Didier Matrige - Chadé M'Nasri - Alexandre Nova - Bella Parizjeva Natalia Plamadeala - Franca Ravet - Claudine Renard - Véronique Sabban - HiRo Saika - Francesca Scarito Brigitte Schuermans -Tröss Nipanki Le Roij - Muriel Verhaeghe - Isabelle Van Wylick dite Zazie - Mario Villaggi Michel Vranckx - Marie Wardy - Lucia Wierzchucka.
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INGUERISON .....

12272729455?profile=originalMon amie Colette Muyard écrit des poèmes aux mots merveilleusement imagés et tendres je vous offre un extrait de "Mélancolère" son dernier recueil que mon esquisse accompagne modestement

 

"Quand l'infini des plages

me faisait le coeur blond

l'espérance bleu-pâle

et l'avenir immense "

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administrateur théâtres

Etats de couple (théâtre Argan 42)

 

 

Etats de couple : tu m’aimes, pour... quoi ?

Voici une composition fantaisiste de scènes de couple, tantôt acerbe, tantôt tendre, toujours humoristique à travers leur grandeur et leur décadence. L’absurde et le surréalisme plantent le décor dès la première scène … dérapage immédiat pour s’être fiés à un livre de savoir vivre plutôt qu’au savoir être. La toile de fond est faite de pure mauvaise foi. Les nuances de cette toile lumineuse revêtent les couleurs pastel de l’arc en ciel, au propre et au figuré, pour faire le tour de toutes les situations et en voir de toutes les couleurs ! Savants jeux de projecteurs, sensibles et épicés. Les liens musicaux légers et discrets sont de vrais morceaux choisis. Les scènes éclair se succèdent, les mimes, les mimiques, les rires, les pleurs, les crises et quelques abandons. On se reconnait par flash soudains d’une phrase que l’on a sûrement déjà prononcée un jour et cela chatouille le cœur.

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Tout est une question d’optique et de ses illusions. Les changements de lumières, ceux des costumes nous emmènent dans le kaléidoscope amoureux, fracturé par les tâches domestiques, la télé, le boulot, les mille et une incompatibilités et hostilités rentrées. Scènes d’heurs et malheurs domestiques, puis comme un refrain de Zazie dans le Métro on se retrouve soudain avec la même scène, déjà vue, jouée de dix manières différentes, à la Raymond Queneau…. C’est comme dans la vie: ces nœuds sur lesquels on bute sans jamais vouloir changer une ligne du dialogue. Survient alors une magnifique scène de solistes - couple oblige - qui commence tout en douceur, chacun sa partition, et se termine en apothéose cacophonique aussi hilarante que brillante. Qu’ils sont beaux quand ils sont en colère, lorsque homme et femme orchestre se déchaînent! Les deux comédiens se lâchent complètement dans le pastiche de la scène d’ouverture de la Jalousie de Sacha Guitry. Bonheur d’interprétation! Colette Sodoyez est exquise ! La fin ressemble comme deux gouttes d’eau à du Guillaume Musso. Au milieu de toutes les scènes turbulentes dans la mosaïque de ce chaos organisé, on découvre… un couple enlacé dans le vitrail !

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Une comédie de Marc Pheline et Odile Clair

Avec Colette Sodoyez et Michel Hinderyckx

Mise en scène: Laurent Renard

 

Photos LucTourlouse 2010, festival Bruxellons

Une production de Argan42, la comédie de Bruxelles, Au Théâtre des Martyrs pour la saison 2010-2011

Au Théâtre de la Place des Martyrs

Atelier

Du 27 avril au 29 mai 2011

 

 

 

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possibilité d'une noyade

 Je prie pour ne pas me noyer dans les délices d'une série de marines trop clean..

 Je prie pour garder la tête hors de l'eau.. 

Mais pourquoi ces scrupules après tout.. Faire un peu dans le facile, pour une expo en Suède, faire du fastoche, du vendable..

 par exemple  ajouter le phare , silhouette sombre sur les rochers déjà dans le noir.

35x24 acry marouflée sur toile

 gegout © adagp.2011

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administrateur théâtres

Cinq filles couleur Pêche (Théâtre des Martyrs)

12272729068?profile=originalCinq filles couleur Pêche    Titre original :

« Five Women Wearing the Same Dress » (Allen Ball 1993)

 

L’absente de tout bouquet :  on ne voit jamais la mariée dans la pièce, mais on vient observer « les insolentes bridesmaids », toutes habillées façon meringues roses, selon le vœu de la mariée. Quant au marié, on n’en parle même pas ! symptomatique?


Cinq demoiselles « d’honneur » qui lèvent cyniquement le voile sur l’envers du décor. Cinq « demoiselles »…qui n’ont rien de jeunes vierges effarouchées. Elles devraient sortir d’une bonbonnière, et être toutes pareillement  coiffées, pomponnées et  habillées,  ainsi le veut la  coutume en Amérique. Mais la livrée est trash et chacune décline à sa façon des traits de costume et de caractère, hors du commun. Le froufrou du tutu de fluo  rose criant est piétiné par le vécu des cinq grâces, qui à l’occasion de la mascarade de ce mariage délirant, se lâchent comme elles ne l’ont jamais fait.

Elles boivent, elles fument et elles causent ! Confidences détonantes et hilarité en continu, vocabulaire cru fait pour choquer, langage corporel outrancier, la critique de la société néo-libérale éclate dans toute sa violence. Le ton est corrosif, on nage dans l’acide.  On ne peut pas être indifférent.

Margaret, la sœur de la mariée, coiffée punk blond oxygéné, attachante, est  vraie sur toute la ligne. Toutes griffes dehors elle pourfend l’institution, l’establishment et les parents débiles, et surtout la mascarade de la cérémonie et de l’après-cérémonie. Sous des dehors de battante, elle est toute fragilité et insécurité! 

Georgia the gorgeous, ronde et crépitant d’humour, l’esprit et le corps en pulpe. Pourquoi a-t-elle accepté de devenir demoiselle d’honneur d’une  mariée qui lui a raflé in illo tempore son Don Juan, l’incomparable sex-symbol, Tommy Valentine, qui se les est toutes « faites »? De dépit, elle a épousé le roi des « larves ». Elle joue divinement bien !

Frances : La cousine de la mariée. « Je ne fume pas, je ne bois pas, je ne couche pas, je suis chrétienne »….et tous les autres poncifs à la clé. Une caricature exquise de la naïveté et de l’innocence. C’est elle bien sûr qui gagnera le bouquet de la mariée !

Julia, « élue Reine de la mauvaise réputation ». Solitaire en diable malgré le  nombre  incalculable d’amants qu’elle a collectionnés. Les parents lui reprochent son influence  néfaste sur la mariée, elle se réfugie dans le plaisir de la manipulation et de l’observation, jusqu’à la dernière scène où …(chut !!!)

Brenda: la sœur grande et maigre du marié. Malgré les lunettes démesurées son  corps ingrat se cogne partout. Ugly Duckling, elle est devenue lesbienne, et peut se gorger d’appetizers à l’infini, sans gagner un gramme. Quelle injustice !

 

La panoplie des maux de notre siècle est présentée en éventail.  Rien ne manque. Le rythme et le décor sont débridés, le ballet presque macabre. On perçoit des références très lisibles au très beau film du même auteur, « American Beauty » avec l’utilisation d’une  petite caméra vidéo qui filme les mouvements des « Barbies ». Ils sont  projetés sur une dizaine d’écrans ayant remplacé depuis longtemps les livres sur les étagères de l’immense bibliothèque de  cette chambre où elles se sont réfugiées pour fuir le mariage. On a même droit à une séquence purement nombrilique, au propre et au figuré, c’est dire si l’altruisme a peu voix au chapitre!  La mise-en-scène de  leur déshabillage mental est très audacieuse et fait mouche. Toutes happées par les non-valeurs, l’encombrement de la société moderne et la perte de certitudes, elles volètent en tous sens, de façon erratique. Heureusement cette expérience impromptue leur fait découvrir les bienfaits du parler vrai et des  liens d’amitié naissante, la seule chose qui surnage dans ce tas d’immondices.

Soif d’idéal couleur pêche?  On finit par les aimer toutes …ces pécheresses! Toutes pèchent, à cause du monde  moderne qui les broie. Sauf peut-être, Frances, accrochée aux vertus obsolètes de sa foi chrétienne.  Et encore, celle-là  ne pèche-t-elle pas par extrémisme religieux?  Foule sentimentale, s’abstenir.

Sauf que le jeu des cinq actrices est tout simplement génial.

Dernier jour: au théâtre des Martyrs

 

avec 

Julia (Valérie Bauchau)

Margaret (Stéphanie Blanchoud)

Georgia (Laura Vossen)

Frances (Sandy Duret)

Brenda (Karin Clercq)

Et Michelangelo Marchese


http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece5.html

 

 

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administrateur théâtres

 

 Musica Deuxième (Marguerite Duras)


   

Du 11 mars au 9 avril 2011, au THEATRE DE LA PLACE DES MARTYRS.

D'après Marguerite Duras. Mise en scène de Philippe Sireuil. Une femme. Un homme. Ils se sont aimés, ont formé un couple, se sont mariés pour faire "comme tout le monde". Le temps, ses affres et ses tentations ont suivi leurs pas, jusqu’à les perdre...

Deux comédiens suisses romands: L’une semble être une variante de Juliette Binoche ou de Fanny Ardant, l’autre de  Michel Piccoli. Cela pose déjà les personnages et leurs affects.  Après la liquidation de leur mariage cassé, voici leur ultime rencontre dans l'entre-deux d’une scène bi-frontale,  sorte de couloir qui sépare deux assemblées d’yeux interrogateurs installés dans la pénombre formant une double toile de fond observatrice.

 

Eux deux  sont enfermés dans une moustiquaire, entre une fenêtre aveugle à droite et une double porte d’hôtel de province vers le Rien, à gauche. Ou l'inverse pour les autres qui regardent aussi. Pas d'issue: ils sont pris au piège. 

 

La lumière d’entre-deux est faiblarde: le twilight anglais. Leur amour dévorant aura été  la relation la plus forte et la plus intense dans leur vie car ils sont maintenant exsangues, tous deux vidés de leur énergie vitale. De plus  ils se sont tous deux rapprochés très dangereusement de la mort.  Plus jamais ils ne renverront la lumière. Un constat pénible.  Le public  assiste impuissant à « cette rhétorique du désastre amoureux, au ballet des figures imposées de la désespérance ; à vivre, comme par effraction, cette joute ultime où il viendra sans être vu, comme un voyeur de hasard, ou un client de peepshow, pour mieux entendre ce qui se dit, mais aussi ce qui est tu ». Paroles de  Philippe Sireuil, le metteur en scène.

 

 

 

Mots simples, texte poignant:

 

ELLE. - Et de toi, qu'est-ce que tu faisais de toi ?

LUI. - Je ne l'ai jamais su.

Silence. L’histoire des amants d'Évreux devient un fait-divers, une fiction.

ELLE, dit au public. - On avait renvoyé la femme de ménage. On avait honte de

nous, on avait peur qu’elle raconte dans la ville. Tout était sale, il n'y avait

rien à manger. On ne se parlait plus qu'en hurlant.

LUI, dit au public. - Un soir les voisins ont appelé la police. Ils voulaient nous

emmener au commissariat pour vous protéger de moi.

Ralentissement. Un temps.

ELLE, dit au public. - Après on n'a plus appelé les voisins. On ne les a plus

appelés.

LUI. - Après on n'a plus appelé personne. (Un temps.)

Après on est mort. (Un temps.)

On nous a trouvés morts. (Un temps.)

Ensemble. (Un temps.)

Par terre.

ELLE. - Oui.

Silence. Et puis soudain il crie bas. La figure dans les mains.

Sous les mains les yeux sont fermés, le visage reste détruit.

LUI. - Je veux une histoire avec toi.

Je veux ça.

Vivre avec toi.

Une histoire avec toi. Partir avec toi.

Enfermé avec toi dans une maison. Je veux ça.

C'est ça. Je veux ça.

Elle s'éloigne de lui, elle ne peut pas rester près de lui alors qu'il est dans cet

état. Et elle parle, pour parler, sans voix, de ces meubles du garde-meuble,

cette fausse donnée de l'histoire.

ELLE. - Pour … ces choses … du garde-meuble … à vrai dire je n'en ai plus

l'emploi … (Un temps.) Prenez les, vous … pour un jour vos enfants ?

 

Les corps et les visages sont plantés là,  comme des personnages de scène funéraire égyptienne, de profil,  avec la mort ou l’éternité rôdant partout. Une urne pour recueillir les cendres inutiles.  Le dos-à-dos règne en maître, le regard  de la femme se perd dans le vide,  le « vous» poli enterre des  pointes de «tu»  et d’intimité. Las, on est impuissant à sauver les paramécies dans le bocal : car elles sont figées dans l’impuissance face au changement, l’absence d’idéal, la fragilité personnelle, l'incommunicabilité et la solitude, sauf cette ultime fois. Mais tout est  inéluctablement consommé, dans l'intimité de leur théâtre. Seule la musique reste. Et l’obscurité.

 

Distribution : Avec Anne Martinet, Philippe Morand

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Focus sur un petit éditeur belge de qualité 

Quelques auteurs:

 

Jacques Abeille

Claude Albarede

Claude-Albane Antonini

Jean-Claude Asset

Jean-Michel Aubevert

Adeline Baldacchino

Dirk ‘Bowy’ Bauwens

Jean-Christophe Belleveaux

Jérôme Bertin

David Besschops

Philippe Boisnard

Antoine Boute

Rémi Boyer

Christoph Bruneel

Annie Busin

Peter Arthur Caesens

Jacques Canut

Jean Chatard

Gérard Cléry

Michel Cosem

Jean-Louis Costes

Maurice Cury

Pierre Dailly

Jean-Paul Daoust

Yvonne de Grazia

Laurent Debut

Louis-François Delisse

Alain Delmotte

Christophe Depauw

Jean-Pierre Depoortere

Frans Deschoemaeker

Johan Deschuymer

Gie Devos

Katrine Dupérou

Francis Duriez

Dan Ferdinande

Guy Ferdinande

Bertrand Foly

Philippe G. Brahy

Otto Ganz

Hortense Gauthier

Jean-Paul Gavard-Perret

Marie Ginet

Francis Giraudet

Jo Govaerts

Bruno Groensteen

Bernard Guérin

Bibliotheca Gullbiana

Georges Hassomeris

Alain Helissen

Edith Henry

Leen Huet

Jean-Philippe

Alain Jegou

Jacques Jouet

Yann Kerninon

Parviz Khazraï

Vénus Khoury Ghata

Jean L’Anselme

Jean-Louis Lafon

Werner Lambersy

De Lanzedeners

Frédéric Le Moigne

Alain Georges Leduc

Jacky Legge

Dominique Leloir

Philippe Lemaire

Les Bicéphales

Anne Letoré

Gérard Levoyer

Suzy Lieppe-Pruvot

Françoise Lison-Leroy

Jean-Sébastien Loygue

Thierry Maricourt

Mimosa

Ian Monk

Roland Nadaus

Sylvie Nève

Brigitte Niquet

Armand Olivennes

Orieta

Angela Ortenzio

John Paragraph

Jean Parsy

Charles Pennequin

Nicole Petit

Alain-Pierre Pillet

Jean-François Poupart

Thierry Rat

Pierre-Yves Renkin

Fabien Ribéry

Cécile Richard

Jean Rousselot

Frédéric Saenen

Paul Sanda

Louis Savary

Bernard Simoes

Baudhuin Simon

Jacques Simonomis

Jan Snauwaert

Bruno Sourdin

Lucien Suel

Michel Valprémy

José Vandenbroucke

Peter Vandewiele

Luc Vandromme

Dimitri Vazemsky

Constant Venesoen

Muriel Verstichel

Michel Voiturier

Annie Wallois

A. Wandre

Lucien Wasselin

Koen Wastijn

Peter Wullen

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Michel Onfray - Conférence "Dialectique de la laïcité"

Le jeudi 31 mars, le premier festival philo organisé par le CALBW se clôturait par la conférence de Michel Onfray sur le thème "Dialectique de la laïcité". Le théâtre Jean Vilar affichait complet à cette occasion (600 personnes). Si vous n'avez pas eu l'occasion de vivre cette conférence, retrouvez  ici les principaux extraits





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administrateur théâtres

La Puce à L'Oreille (Le théâtre des Galeries)

12272726475?profile=original     Le Vaudeville ? Déjà Boileau disait de lui :

 

D’un trait de ce poème en bons mots si fertile,

Le Français, né malin, forma le vaudeville :

Agréable indiscret, qui, conduit par le chant,

Passe de bouche en bouche et s’accroît en marchant.

 

 

Très jeune, Georges Feydeau usa de bons mots et écrivit des pièces à rires pour échapper aux devoirs d’école, … avec l’assentiment paternel.  Il était heureux. En faire un moyen de subsistance changea toute l’affaire: le voilà coincé dans des structures  contraignantes desquelles il voudrait sans cesse s’échapper. Paradoxe, même si ses pièces sont drôles,  il ne rit plus. Il adore l’amour, paradoxe, il en mourra, veillé par Sacha Guitry. Mais ses pièces restent. Le genre peut paraître secondaire mais… il y infuse de l’esprit mordant et de la critique sociale, sans être aussi venimeux qu’Octave Mirbeau. Il dénonce cette bourgeoisie pétrie d’hypocrisie, de bassesses et de moralité fort complaisante.

 

Dans La Puce à L’Oreille, l’imbroglio inextricable  de quiproquos les plus burlesques et de situations les plus risquées, tourne à la folie!  La couleur de la puce? Puce me direz-vous ! Non, Verte ! Verte comme la jalousie, insidieuse, dévorante, dévastatrice.  Elle règne en maîtresse absolue, du valet,  au plus nanti des assureurs.

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Les patronymes sont exquis: Victor-Emmanuel  et Raymonde Chandebise, Carlos  et Lucienne Homenidès de Histangua, Romain Tournel : …Ris, Tournel !…. On n’y échappe pas !

Le Docteur Finache qui « soigne » aux sels d’ammoniaque. Notre illustre comédien Michel Hindericks joue avec brio, Augustin Ferraillon, chef de l'Hôtel du Minet Galant. Sa femme Olympe, tout droit sortie des peintures de Toulouse Lautrec...est interprétée avec délices par Laure Godisiabois et ses rires de gorge sont  inimitables. Les décors - de l’art nouveau à l’art galant -  ne sont pas en reste.

 

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Les costumes sont magnifiques et caricaturaux : un robe de soie fuchsia qui déambule dans un décor saumon, une autre robe couleur puce, taillée dans la même soie que  la nappe qui recouvre la table sous laquelle  d’aucuns devront se cacher pour échapper à d’embarrassantes situations. Les détails humoristiques fourmillent… Robes de chambres, chemises de nuit et bonnets,  livrées de valets et de séducteurs, coiffes de bonnes, l’embonpoint de l’espagnol, sommité de la jalousie féroce, tout contribue aux rires!

 

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Le comique du neveu Camille  qui ne peut prononcer les consonnes fait mouche malgré le procédé un peu gros quand même.   Image incontournable d’une  dégénérescence de caste? La farce sera à son comble si on ajoute le comique technique d’une chambre  galante qui s’escamote et présente  subitement l’image d’un pauvre hère hébété malade et  alité, ou d’autres situations coquasses. L’auguste personnage de Victor-Emmanuel semble atteint de delirium tremens. Le jeu des sosies… lui fait voir des fantômes et perdre toute notion d’identité. On ne se remet pas des accès de rire à répétitions, qui bien involontairement nous échappent, nous qui, d’ordinaire, allons  au théâtre pour les idées et les grands sentiments.

 

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Le spectateur est happé par cette pièce délirante et s’y trouve heureux. Un tour de force du texte et de son interprétation magistrale par cette troupe de comédiens magnifiquement rôdée.

 

Victor-Emmanuel Chandebise

Michel Poncelet

Raymonde Chandebise

Perrine Delers

Lucienne Homenides

Angélique Leleux

Camille Chandebise

Luc Gilson

Romain Tournel

Pierre Pigeolet

Augustin Ferraillon

Michel Hinderyckx

Olympe Ferraillon

Laure Godisiabois

Docteur Finache

Marc De Roy

Carlos Homenides de Histangua

Toni d’Antonio

Etienne

Jean-Paul Clerbois

Antoinette

Cécile Florin

Rugby

Benoît Strulus

Baptistin

Bernard Lefrancq

Eugénie

Marjorie Berger

--

Mise en scène

Bernard Lefrancq

Décors

Francesco Deleo

Costumes

Ludwig Moreau

 

http://www.trg.be/Public/Page.php?ID=2686&ancestor1=2463&saison=2448

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administrateur théâtres

12272725700?profile=original      Hagen Quartett

        Mardi 29.03.2011 20:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

 

Wolfgang Amadeus Mozart, Quatuor à cordes, KV 428
Dmitry Shostakovich, Quatuor à cordes n° 8, op. 110
Franz Schubert, Quatuor à cordes n° 15, op. 161, D 887

 

Trois des quatre membres du Quatuor Hagen sont frères et sœur. Voilà qui explique peut-être l’exceptionnelle homogénéité de l’ensemble, qui fait partie depuis près d’un quart de siècle déjà des meilleurs quatuors à cordes internationaux. Au programme de ce concert, trois époques et trois styles très différents : Mozart et l’un de ses quatuors dédiés à Haydn, Chostakovitch et son plus célèbre quatuor, véritable requiem, « dédié aux victimes de la guerre et du fascisme », pour finir avec Schubert et son ultime quatuor. En un mot, trois compositeurs, trois chefs-d’œuvre.

 

Une île ou un esquif ? Dans cet océan d’auditeurs massés dans la grande salle Henry Le Bœuf... On est là pour écouter le quatuor Hagen. Chuuuut ! Les frémissements du quatuor à cordes en mi bémol majeur de Mozart commencent. C'est l’allegro ma non troppo, mais comme il est intimidé! Noyé ... dans ces 2000 respirations aux aguets !  Les contrastes entre idéal-et-lumière et condition humaine-et-structures sombres sont très marqués…  Troppo?

 Le deuxième mouvement: Andante Con moto devient d’une belle expressivité, intense et complexe. On respire. Cela doit être éprouvant de faire de la musique de chambre devant une aussi grande salle.  Mais le talent est là et le sentiment fera le reste.

 

Embarquement dans la musique de Dimitri Chostakovitch avec un morceau extraordinaire, oeuvre puissante et pensive à la fois : le quatuor à cordes N°8 en do mineur, composé en 1960. Cette composition lui prit quelques jours seulement, lors de la visite du musicien en Allemagne sur les lieux d’un camp d’extermination. Ce voyage le ramène aux souvenirs de la désolation des bombardements que lui-même subit pendant la guerre en Russie dans sa propre ville. Cette pièce comprend cinq parties dont trois largos extrêmement émouvants.  Une écriture très subtile exprime  à la fois sa dissidence et le refuge qu’il trouve dans la musique. La première complainte lugubre est suivie d’une sorte d'assaut  et d’une fuite effrénée en avant, sorte de danse macabre d’un essaim de maléfices.  On perçoit des références au Dies Irae, des effluves tragiques d’un hymne russe funéraire. La salle est recueillie. Le violoncelle devient passionné et exprime une inextinguible lamentation totalement désespérée. C’est très beau.  

 

La dernière œuvre que ce Hagen Qartett nous interprète est une œuvre dynamique, pulpeuse, plus basée sur des effets de rythme que sur de la mélodie selon moi. Il s’agit du quatuor à cordes N°15 en sol majeur de Franz Schubert. En quatre mouvements.

Ce qu’on aime, c’est l’épaisse matière instrumentale, les accompagnements généreux autour du violon, des effets dramatiques et le rôle grandissant du violoncelle. Le mouvement semble infini et semble faire du sur place  quand démarre le scherzo, un morceau hérissé de  courtes vagues d’angoisse. Le violoncelle porteur de calme revient et le violon retrouve sa chanson avant que de nouveaux frissons ne s’emparent du quatuor. Avec le quatrième mouvement  voici enfin une mélodie joyeuse et dansante qui fait un pied-de-nez au  sombre destin. C’est l’acceptation des épines de la vie, sans amertume, l’anima libre et ailée n’a pas dit son dernier mot et se rit des frayeurs humaines.

La salle  et l’esquif se retrouvent, dans un tonnerre d’applaudissements.

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=9861&selectiondate=2011-3-29

 

 

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administrateur théâtres

LE JOURNAL D'UNE FEMME DE CHAMBRE

femmedechambre.jpg d'Octave Mirbeau
du 22 mars au 9 avril 2011 à 20H30
Matinée le dimanche 3 avril à 16H
Relâche dimanche et lundi


adaptation et mise en scène
Bernard Damien
Avec
Nicole Palumbo
Laurent Renard

« Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens. »

C’est dire si Octave Mirbeau éprouve une véritable nausée pour le monde des honnêtes bourgeois qu’il pourfend impitoyablement. Célestine, la soubrette, tient un journal circonstancié de ses heurs et malheurs et égrène les turpitudes des nantis. « Je te hais, un peu, beaucoup, passionnément… » La condition de domestique n’est qu’un esclavage déguisé. Le secours des mots lui rend toute sa droiture et sa solidité. Ses racines sont dans le ciel.  Les rôles s’inversent, on est pris d’empathie pour quelqu’un qui s’exprime avec autant de finesse, de lucidité et de cœur. Car elle a le cœur grand comme la main.

« Échouée dans un bourg normand, chez les Lanlaire, au patronyme grotesque, qui doivent leur richesse injustifiable aux filouteries de leurs « honorables » parents respectifs, elle évoque, au fil de ses souvenirs, toutes les places qu’elle a faites depuis des années, dans les maisons les plus huppées, et en tire une conclusion que le lecteur est invité à faire sienne :  Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens. »

Comme Chambrière elle rêvait d’une intimité avec la dame à servir, … de confidences, voire d’amitié même. Elle découvre froideur, mépris, méfiance, manque d’humanité, avarice et asservissement. A elle de déguster en cuisine poires pourries et poulet avarié. A elle d’aller  quérir les pantoufles du maître qui ne peut plus cacher son désir.  La dame des lieux accepterait même que le maître de maison la mette dans son lit… du moment que cela ne lui coûte rien! Ordre social hypocrite et injuste où les domestiques sont souvent des travailleuses sexuelles à domicile.

L’adaptation théâtrale de ce roman fait d’aller-retours dans le temps et l’espace, dans les états d’âme, dans  la perception de la moralité, est faite de façon très fine dans cette création du théâtre du Grand Midi. Le large décor sur plusieurs plans tout éclairé d’art nouveau est une jolie féerie dont on découvre vite les dessous peu aimables.

Le nombre de rôles endossés par le comédien masculin est extraordinaire. Il est la plume d’Octave Mirbeau et à la fois une constellation de personnages admirablement  campés. C’est un conteur né, avec la légèreté et la mobilité du troubadour.  Ses interprétations féminines sont particulièrement renversantes avec en vedette la maîtresse frustrée: Madame Lanlaire. Des  caricatures dignes des personnages de Daumier. Jubilatoire.

Le jeu de la charmante soubrette Célestine est carrément exquis, fait de nuances, d’amour  véritable, de compassion, d’humour, de distance,  un personnage hybride entre servante et maîtresse… et qui le deviendra en se fiançant au pire des hommes, le jardinier-cocher Joseph : « Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens. »

Des chansons de barricade  ou de pavé parisien sont autant de clins d’œil poétiques et émouvants… très Piaf ! La construction de la pièce est aussi  harmonieuse que la société qui est dépeinte est pourrie et vice-queuse.

 

http://www.xltheatredugrandmidi.be/index.php?pid=39

 

 

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La Nouvelle Histoire de Belgique

Parution de "La Nouvelle Histoire de Belgique", un coffret en 9 volumes

La connaissance du passé contribue à la conscience des enjeux qui conditionnent le présent et bâtissent le futur. L’Histoire et la mémoire contribuent à réduire le risque de répéter les errements du passé. "La nouvelle histoire de Belgique" contribuera à n’en pas douter à jouer ce rôle pédagogique et citoyen de tout livre d’histoire. Elle sort de presse en français aux Éditions Le Cri, quelques années après la version flamande parue chez Lannoo.

En 9 volumes, douze historiens, flamands et francophones, se sont relayés dans leurs spécialités respectives pour écrire cette histoire politique de la Belgique dans une disposition chronologique allant de 1828 à 2000. Le dernier volume, thématique celui-là, est consacré au Congo.

Ecrits par d’éminents historiens, ces livres répondent au souci de lisibilité qui a présidé à leur conception, souci partagé par Christian Lutz, éditeur, et Vincent Dujardin, un des quatres coordinateurs de ce projet, que nous avos rencontrés.

Lors de la présentation de l’ouvrage dans les salons de la Présidence de la Chambre des Représentants à Bruxelles, le souhait a été formulé que ces livres trouvent leur place dans toutes les écoles et bibliothèques du pays. Gageons que ce message reçoive un écho au Sud et au Nord de la frontière linguistique qui traverse ce pays dont la capitale est aussi celle de L’Union européenne.

Edmond Morrel

 

LES 9 VOLUMES :

(1828 - 1847) Els Witte, La Construction de la Belgique

(1846 - 1878) Éliane Gubin & Jean-Pierre Nandrin, La Belgique libérale et bourgeoise

(1878 - 1905) Gita Deneckere, Les Turbulences de la Belle Époque

(1905 - 1918) Michel Dumoulin, L’Entrée dans le xxe siècle

(1918 - 1939) Emmanuel Gerard, La Démocratie rêvée, bridée et bafouée.

(1940 - 1950) Vincent Dujardin & Mark Van den Wijngaert, La Belgique sans roi

(1950 - 1970) Vincent Dujardin, Michel Dumoulin, L’Union fait-elle toujours la force- ?

(1970 - 2000) Marnix Beyen, Philippe Destatte, Un autre Pays

(1885 - 1980) Guy Vanthemsche, La Belgique et le Congo.

 

 

 


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administrateur théâtres

Le Géant de Kaillass ( Atelier Jean Vilar )

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Atelier Jean Vilar                      Le Géant de Kaillass
Du 15 mars au 1 avril 2011       Compagnie Arsenic

texte de Peter Turrini


Au Parc à Mitrailles à Court-Saint-Etienne
Sous chapiteau numéroté – Navettes au départ de Louvain-la-Neuve
Avenue des Combattants, 19b – 1490 Court-St-Etienne
Représentations à 20h30 sauf le jeudi à 19h30 et le dimanche 27/03 à 15h

Ensuite le spectacle sera visible à L’esplanade Saint-Léonard (Liège) du 26 avril au 4 mai

Tél. gratuit : 0800/25 325  E-mail : reservations@atjv.be

 

 

Un théâtre qui se déplace, qui va vers les gens, qui part à la rencontre des publics c’est le théâtre sous chapiteau. Ce théâtre renoue avec la fête, le conte et le mythe.

 

Dans le village de Kaillass vit un jeune géant qui pleure. Il est le souffre-douleur des villageois moqueurs, qui l’accusent de tous les maux qui les accablent. Il  rêve d’une vie à sa mesure, du  vaste monde au-delà des esprits étroits, qui aurait quelque chose de grand à offrir, un Ailleurs : L’Amérique, lieu de tous les possibles? Un lieu large comme deux bras ouverts, un lieu au large de l’espoir d’exister tel qu’il est. Il est en même temps écrasé par l’impératif de ressembler aux autres. Ainsi son vain souhait de réintégrer la chorale des petits chanteurs de Kaillass, dont il a été exclu, va lui donner le désir chimérique d’acheter «  un pré si grand qu’assis dans l’herbe, il y paraîtra enfin petit. »

  

 Une naine rondelette et délectable, Irmeline tombe amoureuse de lui : voilà l’amour impossible qu’il accueille  certes, mais qui  ne l’empêche pas d’accomplir une odyssée aride qui le mènera de ville en ville à travers l’Europe, de champs de foire en cours royales de Prusse ou Angleterre, jusqu’au  au pied de la tour Eiffel, à la poursuite de son rêve d’enfant.

 

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 Son voyage  héroïque sera comme un conte initiatique, mais hélas un voyage intérieur qui ne le mènera nulle part, tant le trou dans sa poitrine demeure béant et triste. Il s’agit de quitter l’enfance, il faut rompre avec la mère, il faut cesser de croire à la légende par laquelle elle le berce d’une origine mythique et fabuleuse : celle d’un arbre. Il faut, et c’est le comble pour un géant, se décider à grandir, alors qu’il rêve de rapetisser! A peine parti, il veut rentrer dans son village natal. Le géant, bébé sans nom dira : «  Dedans moi, il fait noir. J’ai un tel désir. Laissez-moi de nouveau être avec vous. Est-ce que je peux de nouveau chanter avec les petits chanteurs ? 

 

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 « C’est loin l’Amérique ?  » Grandir est pénible, il tousse, il est chétif malgré son format extraordinaire, et son compagnon de voyage est terriblement avide. « Je veux retourner chez Hannia » « Tu es maboule ? Toutes les célébrités de Berlin rivalisent pour te rencontrer ! Un empereur est assis sur tes genoux et toi, tu veux rentrer dans ce trou perdu ? ». Et le géant alors : « Le trou dans ma poitrine est de nouveau là. » Peut-on combler ce trou avec un cœur qui bat ? Las, l’amour et  la musique sont absents.  Son guide intéressé lui répète sans cesse qu’il n’y a pas d’argent et qu’il faut « avancer ». Un impératif de production fait du géant maladif et incapable de quitter l’enfance une victime de choix, et le tue à petit feu. Il s’éteindra dans le champ originel,  les bras aimants  de sa mère, vaste pré d’amour. Elle n’a jamais reçu d’argent de l’ignoble Crochetailleur.   Mais au-delà de la mort, il y a cet autre amour inaltérable, celui  d’Irmeline  la jeune naine, l’amour au-delà de la mort, qu’elle a perçu tout au fond de ses yeux… Voici une histoire triste comme celle du « Meilleur des Mondes » de Aldous Huxley où John le Sauvage, incapable de se conformer aux impératifs de la société, s’éteint dans son phare. Ici cynisme absolu, les braves villageois récupèreront son image et en feront de juteux bénéfices pour la sainte ville de Kaillass. 

 

 

                                          Très beaux, ces  costumes de cirque ambulant. Belle, la  musique de fanfare joyeuse des bateleurs – le soubassophone étonne – et les voix « d’oiseaux »féminines. Magnifiques, la mise-en-scène et la mobilité corporelle de tous les artistes: une œuvre théâtrale pleine de recherche et d’authenticité. Un spectacle total, fait pour toucher et émouvoir, malgré l’humour grinçant et l’accumulation de scènes grotesques que d'aucuns adorent pour leur dérision.

 

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administrateur théâtres

12272725475?profile=originalOrchestre National de Belgique « L'essence du romantisme allemand »

Vendredi 18.03.2011 20:00 Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

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Walter Weller direction - Daniel Hope violon - Orchestre National de Belgique

Johannes Brahms, Akademische Festouvertüre, op. 80
Max Bruch, Concerto pour violon et orchestre n° 1, op. 26
Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 7, op. 92

Pour célébrer l’arrivée du printemps, Walter Weller a déniché une ouverture festive, un classique du violon virtuose sous l’archet fameux de Daniel Hope, ainsi qu’une profusion de rythmes de danses signées Beethoven. Autant de sonorités symphoniques qui l’une après l’autre exhortent, mettent au défi et marquent les esprits.

 

 Après l’installation de l’Orchestre National de Belgique sur la scène de la salle Henry Le Bœuf, voici que pénètre une figure emblématique, Walter Weller qui vient saluer un public déjà à sa dévotion. Ce septuagénaire, patriarche souriant, mènera le programme avec sûreté et nuances infinies.

De l’humour d’abord avec l'Ouverture du Festival académique en do mineur (1880), composée par Johannes Brahms en remerciement pour le titre de docteur honoris causa qui lui fut décerné par l’université de Breslau. Elle comporte des bribes de joyeuses chansons estudiantines  allemandes, très riches en thèmes, sorte de pot pourri  qui se mute ça et là en hymnes victorieux…pour rebondir sur une fin à rallonges – de l’humour encore  –   à tel point que le public  trompé,  a déjà commencé d’applaudir !

 

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Ensuite, le régal : où  le violoniste Daniel Hope déploie la finesse de son expression et sa sensibilité intense dans le très connu Concerto pour violon et orchestre N°1 en sol mineur de Max Bruch. Il est porté avec respect par l’orchestre qui l’accompagne dans un dialogue tout en douceur et en nuances. Chacune de ses prises d’archet est articulée et épanouie, les silences alternés de l’accompagnement et du soliste plongent la salle dans une écoute concentrée. Tantôt on est séduit par les jeux d’écho et l' éclat d'une  musique majestueuse, tantôt on s’émeut d’accents de berceuse, et enfin on a le souffle coupé par une sorte de long aria instrumental d’un  rossignol à toute une forêt en émoi. Beauté et délicatesse sont au rendez-vous. Le soliste semble écouter le bois précieux de son violon, tant son oreille y est couchée tendrement. L’allegro energico fait bondir de joie, on dirait un enfant de la musique qui conduit l’archet, accords brillants, émerveillement,  triomphe.  L’essence du romantisme allemand.

Le bis choisi par Daniel Hope sera « Kaddish » de Maurice Ravel, en l’honneur des victimes de la tragédie au Japon. Intériorité profonde,tristesse, espoir, on peut croire que la salle entièrement recueillie se joignait à la prière, un summum d’humanité.

 

                                                                  silence

 

 

Place maintenant à la toute belle symphonie N° 7 en la majeur opus 92, de Ludwig van Beethoven. Le premier mouvement démarre sur des vocalises ascendantes et des murmures pour initier le chant de la flûte traversière, à nouveau dans une exquise douceur. Violons et bois semblent se disputer le « la » avec humour quand éclate toute la fougue des violons. Comme si le compositeur ménageait une sorte de suspense avant de s’élancer dans une sorte de combat entre le mystère profond et la lumière étincelante. Reprise de thèmes dansants, place aux puissants instruments à vent, beaucoup de relief et de précision. Multiples cavalcades joyeuses, rythmes soutenus de chevauchées typiques du compositeur, gammes ascendantes, les cors et timbales termineront avec brio… et le public lâchera des applaudissements difficilement réfrénés.

 Le deuxième mouvement, la page la plus célèbre,  met le mystère et l’émotion au premier plan, beauté d’un chant lugubre : « les chants désespérés sont les plus beaux ! » On a l’impression d’être dans une valse lente, aux gammes descendantes. Après la reprise des notes initiales, c’est une pause de bonheur romantique et les accents marqués des violons, puis des flûtes et hautbois, puis des cors. On est surpris par l’agencement précis, ordonné, classique qui évoque presque des jardins à la française alors qu’on est au plus profond du siècle allemand. La suite de la symphonie sera remplie d’allégresse, de tendresse et de majesté, les archets glissent, enchantés, les flûtes s’amusent en poursuite échevelées, les puissantes timbales soulignent  les bassons. Le tout se termine par un tourbillon de scintillements musicaux.

 Fascinants, le langage corporel et le regard brillant du très subtil chef d'orchestre Walter Weller font leur effet. Walter Weller  déroule et extrait mille nuances de  chacun de ses musiciens, - tout juste s’il ne sifflote pas mentalement  à chacun, sa note et sa modulation-  une sorte de substantifique moelle, faite d’émotion pure. Le patriarche souriant et son orchestre seront ovationnés car le bonheur du public subjugué est général.  

 

 

 

 

 

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