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"Aux Hommes de bonne volonté" (théâtre le Public)

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"Aux Hommes de bonne volonté"  fable, de JEAN-FRANÇOIS CARON

Présentation : Jeannot est mort à 14 ans. Il laisse à sa famille un testament et quelques objets fétiches. Par l'entremise d'un notaire très ordinaire et du testament qui ne l'est pas, Jeannot le rebelle exprime sa révolte. Celle d'un jeune garçon pas reposant pour un sou, qui crie à sa famille son manque d'amour.
 

Crever l'abcès de la pleutrerie des sentiments, de la couardise du cœur, de la lâcheté de l'âme est en somme sa dernière volonté ! « Je manke damour tou lè jour, je sui come sa, je sui an manke damour ». Jeannot inscrit sa révolte dans le texte même de ses dernières volontés. Son testament a l'orthographe délibérément anarchique car sa rébellion avait atteint les fondements de son être!

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La mise en scène est astucieuse. Il y a cet immense bureau de ministre aux profonds tiroirs, tiré en longueur et en diagonale à travers le plateau. Comme si la vie avait été biffée, comme une faute d’orthographe. On est chez le notaire pour discuter de l’héritage avec les ayant-droit. Le plateau de ce bureau est fait de pavés de verre qui s’illuminent quand les personnages glissent ou basculent de l’autre côté du miroir pour dire leur vérité.

 

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 La mort survenue, c’est fou ce qu’on communique, à force de théâtralité, de cris, de confessions, d’aveux en tout genre.  On assiste à un  strip-tease familial débridé. Les corps et les mots sont lâchés.

 

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L’aveu principal est que le petit dernier, Jeannot le cinquième, a été idolâtré par sa mère comme un enfant unique. Paradoxe: alors qu’elle lui a tout donné - y compris la part pour son mari- c’est lui qui lance l’offensive du manque d’amour.  Elle a laissé les autres aller qui à son piano dévorant, qui  à ses livres, qui  à sa sagesse improvisée, qui à  ses errances.  Objets transitionnels. Ensuite Madame Vandale a fui, sans laisser d’adresse. Partie, pour une autre vie. Il y  a le délicieux oncle Jos,  qui tente de calmer le jeu  avec finesse quand la discussion tourne à l’empoignade, quand les mots éjaculés fracassent les âmes.

 

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Ce rôle de l'oncle Jos est  joué avec une tendresse infinie par Philippe Vauchel. Parole du jeune séropositif : « Je voulais que ma mort les délivre de leur manque d’amour ». Il parle de ses frères et sœurs.

Langue crue, texte rude,  tumultueux, sans concessions, émaillé de parler canadien-wallon, qui se termine à genoux devant un mur de lamentations, celui du manque d’amour. « Déguisons-nous en « nous ». En vandales ! » Cri de cœurs meurtris, cri d’amour aux hommes de bonne volonté.

 

Mise en scène: Vincent Goethals

Avec:  Patricia Ide, Nabil Missoumi (qui pour son interprétation de Serge a obtenu le Prix de la Critique: meilleur espoir masculin 2010), Audrey Riesen, Bernard Sens, Réal Siellez et Philippe Vauchel

 

DU 09/02/11 AU 05/03/11

 

 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=264&type=2

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administrateur théâtres

                       “Venitian and Flemish Masters ” 

  11 FÉVRIER 2011 - 08 MAI 2011  Bellini, Tiziano, Canaletto - Van Eyck, Bouts, Jordaens, ... Les frères vénitiens et flamands sont inséparables !

12272719677?profile=originalJan van Eyck, Sainte Barbe; 1437; Olieverf op paneel; 31 x 18 cm © Lukas - Art in Flanders VZW / Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen

 De la finesse de Van Eyck  (sainte Barbe, 1437) aux paysages de Canaletto.  Une cinquantaine d'œuvres majeures en provenance de l'Accademia Carrara di Bergamo sont actuellement accueillies au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en regard avec une quinzaine de chefs-d'oeuvre provenant du Musée Royal des Beaux-Arts d'Anvers (KMSKA), le temps de rénover ces deux musées prestigieux. L'Accademia Carrara di Bergamo  fut fondée par le comte Giacomo Carrera, mécène et collectionneur, qui fit un legs généreux à la ville de Bergame à la fin du XVIII e siècle.

Voici donc une exposition chronologique de grands maîtres tels que Giovanni Bellini  qui se retrouve réuni avec  Rogier van der Weyden , Pierre-Paul Rubens avec Le Titien et Véronèse. De nombreux contacts s’établissaient entre nos provinces du Nord et l’Italie. On circulait à pied, mais on circulait, malgré les brigands et les champs de bataille. La circulation des biens, des banquiers et des artistes remontait  par Messine, Barcelone jusqu’à Anvers  par voie maritime, particulièrement en provenance de Venise la Sénérissime, un état qui englobait d’autres villes du nord telles que Padoue, Bergame, Vicence, Vérone. Venise, fière et jamais prise, riche, pratiquait la tolérance religieuse et la circulation des œuvres d’art et des artistes. Voici enfin une exposition qui satisfera notre désir d’explorer ces liens privilégiés dont on nous a toujours parlé dans nos cours d’histoire de l’art.

Les quatre grands volets de l’exposition 

L’exposition Venetian and Flemish Masters, articulée en quatre sections, parcourt quatre siècles essentiels de la peinture européenne (du XVe au XVIIIe siècle) et illustre les nombreux points de contacts et d’influence jalonnant les rapports entre Bruxelles, Bruges, Anvers et Venise comme autant de lieux d’école et d’émulation :   

·   le quattrocento et la naissance du portrait et la peinture de dévotion, où Pisanello et Giovanni Bellini sont mis en confrontation avec d’autres maîtres tels que Rogier van der Weyden. 

 Voici une œuvre magnifique. C’est La Vierge à L’Enfant de Giovanni Bellini (1476)

12272720078?profile=original  Une œuvre très émouvante, où l’on perçoit la douleur de la Vierge devant le supplice à venir. Elle semble ne pas pouvoir retenir l’enfant plein de vivacité dans ses bras. La dynamique de la diagonale semble préfigurer que le Fils portera la croix! Il pose un pied  sur un marbre veiné de rouge et blanc, préfiguration du sang et des larmes de la Vierge versées  sur la pierre de son tombeau. Les fins rehaussements d’or du manteau de la Vierge soulignent le bleu exceptionnel et le drapé évoque la douceur et le mystère.

 

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 Ceci est un détail du portrait du jeune homme joufflu de Giovanni Bellini, (huile sur bois).  On est touché par l’humanité de son regard sensible, chargé d’interrogations. Le modelé du visage est de grande valeur expressive.

 

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Ce tableau, encore de Giovanni Bellini est tout aussi bouleversant. Il s’agit de la Déploration du Christ par la Vierge et saint Jean (1455).  La douleur de la Vierge est intense et contenue, les bras inertes du Christ sont soutenus délicatement par la  Vierge vêtue de rouge et Saint Jean en larmes. Une lumière venue de gauche illumine les visages et le corps livide, presque en clair-obscur. La profondeur du tableau est donnée par le petit parapet à l’avant-plan.

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On a envie de vous montrer encore l’exquise « Madonna con Gesù  Bambino» (1475) de  Crivelli Carlo, une œuvre toute en finesse. Le manteau de la Vierge travaillé en pastillage argenté évoque l'image d'une icône byzantine. Les fleurs - l’œillet, symbole de l’amour -  et les fruits font allusion aux vertus de la virginité et de la fécondité et du renouveau. Les deux vues de paysage - florissant à gauche, aride et mort à droite - préfigurent la Vie, la Mort. Le long bandeau de tissu que la Vierge tient délicatement dans sa main, illustre peut-être son lien charnel avec son Fils et en même temps les bandelettes utilisées pour les inhumations. La fusion de la mère et de l’enfant est très nette et enchâssée dans un schéma triangulaire.

·   le cinquecento, les paysages et la dévotion avec la présence d’œuvre du Titien, de Palme  l’Ancien mais aussi de Véronèse, mis en regard avec leurs collègues flamands.

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On découvre Gérard  David, Andrea Previlati pour arriver aux œuvres du Titien avec la thématique amoureuse d’Orphée et d’Eurydice qui se fait mordre par un serpent, une très belle œuvre commandée par le pape Alexande VI Borgia, une magnifique madone à l’enfant, toute en douceur et en courbes naturelles sur fond de paysage lumineux.

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Le plus étonnant c’est ce Joachim Patinir, originaire de Dinant, avec un paysage panoramique,  très romantique représentant la fuite en Egypte en miniature.

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 Il y a aussi un trésor de richesse chromatique : cette Vierge à l’Enfant entre saint Jean-Baptiste et sainte Marie Madeleine, toute en mouvement et en lumière de Palma l’Ancien.

12272720895?profile=original Ensuite on s’arrête  devant la très belle œuvre de Giovanni Cariani,  liée à la tradition du portrait lombard. Il s’agit du portrait somptueux d’un savant humaniste, mis en évidence par la composition de la perspective. Une technique ingénieuse déroule un rideau ou un écran derrière le personnage cependant que l’autre partie du tableau évoque un paysage, tableau dans le tableau.  La perspective du grand livre ouvert au bord du parapet contraste avec ce paysage inaccessible probablement inspiré des vallées de Bergame.

 

·   le seicento – Le Sacré et le Profane –Rubens, Padovanino et Tiepolo interpellent les sens au travers de leurs illustrations de thèmes sacrés et profanes.

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 Ici, Peter Paul Rubens - Heilige Drievuldigheid - La Sainte Trinité (1620)

Le contexte politique de Venise, à deux doigts du schisme avec Rome, rend cette période moins faste. « La méfiance rend cette ville prisonnière d’elle-même » Des artistes de renom choisissent cette ville pour y peindre.  Les œuvres sont devenues monumentales, comme en témoignent les quatre grandes toiles de Padovinano, élève d’un disciple de Titien dont il a étudié et copié les fresques. Ces toiles  représentant des scènes mythiques telles que Bacchus et Ariane, la fête de Vénus, les Andriens, le triomphe de Thétis.

 

 

 Dans ces salles on rencontrera le Bacchus de Jordaens, l’oeuvre qui sert d’affiche à l’exposition.   

 

·   les scènes de genre et vues du settecentoCanaletto, Francesco Guardi, Pietro Longhi sont mis en parallèle avec des maîtres du Nord qui les ont parfois précédés et influencés.

Giovanni Baptista Tiepolo, pétri de l’expérience de ses prédécesseurs comme Titien, Le Tintoret et Véronèse résoudra le problème de la relation entre peinture et architecture, entre l’art et la nature, apportant des solutions d’une grande complexité qui marqueront l’histoire de la peinture. La « veduta », « ce qui se voit » et aussi « comment on le voit » est un paysage historiquement objectif peint avec précision et réalisme. Les védutistes respectent avec une fidélité absolue la perception optique de la réalité. Le peintre sort de son atelier et descend dans la rue pour réaliser des esquisses de vues saisies sur le vif.  Les figures de Luca Carlevarijs, Antonio Canal-il Canaletto mettront en scène la ville et sa vie citadine intense, la lagune, les embarcations de tout genre et surtout la  magnifique lumière vénitienne. On est dans le classicisme de l’art paysager, un art qui se répandit à travers l’Europe avec le goût des souvenirs de voyage induit par la pratique du « Grand tour ».

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Canaletto, Il Canal Grande da Palazzo Balbi, olio su tela, 61x90 cm, inv. 540, 1730, datazione critica. Bergamo, Accademia Carrara

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Francesco Guardi, Piazza San Marco, olio su tela, 62x96 cm, inv. 567, 1760-1770, datazione critica. Bergamo, Accademia Carrara

 www.bozar.be

 

 

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administrateur théâtres

Pour la saint-Valentin, offrez-lui ce spectacle magnifique !

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René se souvient de ses vacances chez sa grand-mère à Soignies, berceau de la pierre bleue. « Je joue avec une petite fille dont j’ignorais le nom. » La grille du cimetière où ils jouaient se ferme. Elle a disparu. 

 Voici un huis clos qui évoque de façon ludique la vie de René Magritte, l’homme au chapeau boule,  vue par Georgette, sa femme,  sa muse chérie, son exclusive égérie, sa complice éternelle, son unique modèle...

Magritte peint dans la vie mais ne peint pas dans la pièce. La pièce c’est « la » pièce. La pièce où ils vivent, dans chacun des lieux où ils ont vécu de leur premier logement en passant par Paris, jusqu’à la rue des Mimosas, près du parc Josaphat, où Magritte s'éteindra à 69 ans, le 15 août 1967 à 15 heures.  Voici des tableaux vivant  la banalité  de  la vie de tout couple, et pourtant  une alchimie particulière, un mystère extraordinaire. Surréaliste ?  Aucune  figuration des peintures de Magritte: sa vie de peintre est entre parenthèses. Avec des comédiens de 2011, ce couple revisité, est vraiment  touchant.   Cela a quelque chose de jeune, de dynamique, d’innovateur, d’éternel, cela a le charme de Roméo et Juliette. Dans l'air, il y a l'énigme de tous les couples qui durent.

L’image du père fait ombre, elle se veut prophétique comme une scène d’Hamlet ou de Don Juan, elle représente  le bourgeois de 19e siècle engoncé dans ses certitudes, muré derrière ses habits de circonstance, avare de paroles. Léopold Magritte, « prohibant le sabir wallon dans sa maison, marchand tailleur et affairiste, brade, vend, écoule. Coureur de jupons, frimant et plastronnant, il  lui souffle : «M’as-tu vu bedonnant, d’un chapeau boule coiffé, cravaté, pocheté, costumé, tel un bourgeois sapé, tu me ressembleras, René !’  Cet homme à femmes, le mari de sa mère qui se suicide dans la Sambre, inondera le fils de sa culpabilité. A l’école, Magritte se décrit comme le fils de la noyée. « J’avais 14 ans, elle en avait 40.» Malheur indicible qui le corsettera à vie. Georgette : « De la perte cruelle, René se remet à peine. Je suis sa petite mère, Il est tout à moi ! »

 

La mise-en-bouche est de Patrick Rougiers : les mots dansent dans le tableau du théâtre. L’écriture rimée, parsemée  vocables belgo-belges comme des touches de peinture,  donnent une forme fantaisiste à la pièce. L’humour fait loi. Georgette: « J’ai fait une fausse couche, ce fut une froide douche. »  Assonances, allitérations, associations musicales ou rythmiques, tout cela laisse un magnifique espace pour le jeu des postures, des regards, le brillant du rouge à lèvres Diorescent de Georgette assorti à l’ourlet de sa robe mobile,  le magnifique film et les arrêts sur image qui encadrent les personnages. La mise en scène ciselée de  Monique Lenoble met carrément en scène toute  la lumière et les couleurs de Magritte, ce sont autant de moments de beauté, qui donnent de l’appétit,  du plaisir artistique. Cette comédie picturale diffuse un plaisir rare. Aurore Rougiers et  Baptiste Blampain sont éblouissants.  Le quatuor de comédiens nous livre une musique qui n’est pas une musique.  Ne vous en privez pas !

 

Du 27 janvier au 27 février 2011, le Poème 2 vous propose:

 
"La femme de l'homme au chapeau boule"
 
de Patrick Roegiers
 
"Magritte vu du côté cuisine, Georgette en personnage principal, René quand il ne peint pas. Ce qui est fascinant, c’est la vie de couple. Et comment une femme aussi simple est l’indispensable complément d’un génie." 

Renseignements et réservations:
Poème 2 (Théâtre-Poème)
30 rue d'Ecosse - 1060 Bruxelles
 
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LAISSEZ-PASSER

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Avoir

                Ce peu de beauté en partage

                Partie de la beauté du monde

                Une once d’amour par-dessous

 

                               Savoir

                Ce feu de la comète blonde

                Et connaître le seul langage

                Où l’être à jamais se dissout

 

                               Aimer

                Le jeu de la fête céleste

                Joint à l’univers asphodèle

                Dans l’or de l’espace qui meurt

 

                               Damer

                Le pion aux mouvantes rumeurs

                Savoir la main qui te modèle

                Le corps et le cœur et le reste

 

                               Tracer

                Dans le ciel noir une rayure

                Brève de feu clair un éclat

                Qu’un enfant trouvera dans l’herbe

 

                               Passer

                Infime vie et puis superbe

                Goûter la musique des glas

                Beauté du monde amour blessure

 

 

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administrateur théâtres

12272715085?profile=original« Himmelweg » de l’écrivain espagnol  Juan Mayorga 

Avec trois comédiens hors-pairs : Jean-Marc Delhausse, Michelangelo Marchese, Luc Van Grunderbeeck

à L’ATELIER 210 à Etterbeek

 

Pièce historique : la seconde guerre mondiale, un délégué de la Croix rouge va inspecter un camp de concentration. Il est les yeux du monde. Il sera aveuglé.  Il sera accueilli avec une courtoisie extrême par un commandant, élégant et lettré. Déjà le théâtre.  On lui jouera une farce: un village modèle, des gens qui jouent la normalité, un kiosque, une jolie gare avec une horloge, des amoureux sur un banc, des enfants qui jouent à la toupie, au ballon, une petite fille qui baigne son bébé en celluloïd… « N’aie pas peur, Rebecca, dis bonjour au Monsieur ! » Il ne se doutera de rien ! Les rumeurs de monstruosités s’apaiseront dans son esprit face au  bateau qu’on lui a monté.  Malgré des indices visibles, et parce que sa main n’aura pas achevé un petit  geste qui aurait pu tout changer. Et si son sens de l’analyse avait été plus aiguisé? Et s’il avait été moins lâche ?  Il conclura : «  les conditions d’hébergement paraissent correctes, l’hygiène, les vêtements dont ils disposent sont convenables, la nourriture en suffisance. » Ses yeux ne verront rien derrière le gigantesque rideau de fumée et le bruit des trains.

 

Le théâtre ici est sauvagement dénaturé, son mécanisme est mort. Il n’est plus le lieu naturel de catharsis qui permet d’exprimer l’inexprimable, de nommer l’innommable, de provoquer une prise de conscience, d’approcher l’humain dans sa nature fondamentale. Le théâtre est  bafoué.

 

Le commandant du camp est le maitre de jeu, seigneur de la manipulation, avec des tics de grandiloquence autoritaire, des envolées philosophiques écrasantes, de discours politiques pangermaniques. En homme cultivé, Il a amené 100 chefs d’œuvre de la culture européenne avec lui, pas un de plus. Son bureau est tapissé de 100 tiroirs remplis de dossiers macabres. Il n’acceptera que 100 figurants pour la mascarade qu’il donne afin d’abuser le monde : fixations de psychopathe. Il ose jouer sur la fibre poétique du mot « Himmelweg », alors qu’il s’agit pour tous les déportés, d’une descente aux enfers. Il joue les accommodants : « La guerre est un malentendu entre frères ! » Léger, il signale lui-même « on colporte des monstruosités », rien de mieux pour éteindre les doutes.  « Ah vous voulez des renseignements ? Je n’ai rien contre ! » Ironiquement, il est attiré par l’accent du visiteur étranger, il  veut entendre le mot « paix » prononcé dans une langue qui ne ment pas en continu. Arbeit macht frei !

 

Le vieux Godfried, le prisonnier juif qui doit collaborer et « traduire les idées de Berlin » à sa troupe de figurants demande pendant une tirade sur Aristote « Pourquoi des chaussures sans lacets ? » Le commandant rétorque « c’est de l’humour juif » ? Au gré des répétitions,  les figurants récitent mécaniquement, cela sonne faux. Derrière les mots et les gestes, il n’y a rien - c’est leur seule chance de se faire comprendre.  Le commandant se met en colère « Dans la vie, on ne parle pas comme cela ! » Godfried trouve des excuses pour tous les faux-pas des comédiens. Leur vie est en jeu ! Le commandant se fâche : « Trouvez des gestes qui vont avec ces paroles. Cherchez dans votre vie antérieure ! »  Godfried plaide « Ils ne comprennent pas ce qu’ils font, ils ont besoin de savoir ce qui les attend. » Réponse énigmatique du commandant « La vie est faite d’incertitudes ! ». Le tutoiement et les tasses de café prennent la relève pour amadouer Godfied. Godfried osera. Il ajoutera à l’intention du visiteur, pour qu’il entrevoie l’immense mise en scène et la supercherie, une phrase incongrue  « Nous sommes un navire qui doit rentrer au port,  le capitaine doit prendre patience » …. Hélas, trop sibylline. « Sauve-toi, Rebecca » dira la petite fille ! Bruits de trains.

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Une pièce qui exprime la vérité en contrepoint, avec finesse et pudeur. Avec la mise-en-scène fascinante de Jasmina Douieb, des comédiens plus qu’accomplis,  à la diction et la gestuelle parfaites, c’est  une pièce qui « questionne aussi notre présent et notre rapport à ce que l’on voit, ce que l’on veut bien voir, et ce que, saturés d’images, on ne voit plus. »

 

http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Himmelweg-4858/

jusqu’au 26 février 2011

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administrateur théâtres

Vous vouliez vivre un grand frisson de scène ? Une véritable passion entre Chair et Ciel? Courez  applaudir Carmela Locantore qui interprète merveilleusement la voix  notre grande Christiane Singer hélas disparue,  dans son livre brûlant:

12272716299?profile=original« UNE PASSION », livré pour nous… sur la scène du Blocry, place de L’Hocaille à Louvain-La-Neuve.

 

« J’ai choisi de chuchoter dans un siècle qui fait tant de bruit ! » Héloïse boit aux deux coupes de la mémoire, celle des événements et celle des sensations et rappelle « Dieu n’a que nous pour faire ce qu’il y a faire ».

Héloïse est animée de l’amour cueilli dans les yeux de sa nourrice Louisette, au premier regard, à sa naissance. Très jeune, elle a subi le coup de foudre avec Abélard, cela lui a entr’ouvert le ciel et les plaisirs sensuels, son corps en transes vit l’amour absolu et charnel. « Je découvrais le monde dans sa clarté originelle ». Le ciel dévoilé, le temps d’instants de grâce. « Nous avions conflué en Dieu ». Au contraire, Fulbert, son oncle trouve que toutes les activités humaines entravent la communication avec Dieu. Punition: la voilà enfermée dans un couvent pour avoir répugné ostensiblement de se plier aux conventions sociales. Abélard lui,  n’a rien compris … ou en définitive ne l’aimait pas ou aimait plus sa chaire de théologie. Elle médite : « Seul Comprendre délivre ! » Elle éprouve du remords : « Mon corps, le piège immonde où Abélard est tombé ».

Au couvent, Héloïse raconte : « je suis morte sans la miséricorde de la vraie mort ». « Chaque jour est un jour de moins de mon tourment, voilà ce que dit mon soupir ! » Enterrée vivante. Elle se souvient : « Je ne savais que me donner, rendre plus profond mon réceptacle. » Quelle passion haletante et  inouïe !

Réflexions sur le rôle de la femme: on ne croit pas les femmes, pourtant, Héloïse cite leur rôle essentiel dans la Bible : « Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses TOUT COMME LES FEMMES AVAIENT DIT ; mais Lui, ils ne l'ont pas vu ! " (Luc 24:24)».

Et par l’écriture, l’âme s’est délivrée, abbaye du Paraclet, 1162   

12272716493?profile=originalLouvain-La-Neuve, Le Blocry, 2011: un spectacle qui coupe le souffle, on en oublie le décor parfaitement moyenâgeux,  il ne reste plus que l’incandescence de la  voix et des paroles.

 

http://www.atjv.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=442  jusqu’au 12 février 2011

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administrateur théâtres

L'Etranger (théâtre du Grand Midi à Ixelles)

« L’Etranger » d’Albert Camus (1957)

En jargon moderne : UNE ŒUVRE QUI TUE! Ne fût-ce que par sa sublime mise-en-voix ou en-scène  au théâtre du Grand Midi à Ixelles. Nous avons assisté hier soir au premier spectacle public de Raffaelle Giuliani dirigé par le directeur du théâtre Bernard Damien. Une première inoubliable, déjà une apothéose tant le comédien était étincelant dans cet exercice difficile, de porter ce texte devant les amoureux d’Albert Camus.

 

Quelques mots d’explication. La lumière inhumaine, la brûlure insupportable du  soleil d’été, autant dire 

 rien qui ne lui appartienne, plombent  inexorablement les actes de Meursault.  Il énonce  ses derniers 

jours de vie « libre » avec le détachement d’une autobiographie toute factuelle. Apparemment tout lui

est   égal.  Exemples. L’âge de sa mère, il ne le connaît pas. « Elle était vieille ? Comme ça ! » Cela 

l’indiffère  que Raymond soit son copain ou non, que son patron lui offre un boulot sur Paris : « On ne 

 change pas de vie ! ». La vie n’a pas de prise sur lui et il n’a pas de prise sur la vie.   « On finit par 

 s’habituer à tout  », disait sa mère.   Le comédien joue de façon magistrale. Physiquement son corps ne 

 peut pas mentir. Tout dans ses attitudes est langage. Juvénile et blasé, innocent et coupable à la fois.  

 Ce corps qui module chaque mot, et chaque pesonnage c’est la grande trouvaille du duo Maitre–élève

Bernard/ Raffaele.  L comédien incarne chaque personnage avec fulgurance.

C’est un travail épuisant que d’essayer de  mettre  de l’ordre dans tous ces événements. Meursault est

gêné à tout moment par la lumière  incandescente du soleil : « Le soleil avait fait éclater le goudron. Les

pieds enfonçaient et y laissaient ouverte sa pulpe brillante ».  

  Puis sans doute par celle des projecteurs de l’interrogatoire, enfin par   cette culpabilité imposée, qui

s’est insinuée perfidement sous sa peau.  

Bien sûr, étranger à sa vie, il  a subi tous les événements. Etranger au monde qui l’entoure, étranger à Dieu, étranger à lui-même, détaché, voici tout un homme coincé entre deux plaques de microscope, coincé par un Destin absurde.

 Autre jargon : WRONG TIME, WRONG PLACE, c’est le début absurde d’un enchaînement de malheurs où il subira les événements pendant que l’arme est mise dans sa poche et que son doigt déclenche la gâchette.  Une suite musicale comme une danse macabre,  un procès où l’absurdité prend les apparences de la logique. Pourtant le vieux Thomas Pérez « n’a pas vu Meursault pleurer, mais ne l’a pas non plus vu ne pas pleurer ! » «  Tout est vrai, rien n’est vrai ! » « Précisez les motifs de votre acte : c’était à cause du soleil ! »

« On m’a seulement appris que j’étais coupable ! » La colère est  le détonateur qui lui fait découvrir enfin qui il est et qu’il existe et qu’il tient désespérément à ce monde sensible et réel qui le touche maintenant qu’il ne peut que contempler le ciel , de sa cellule. Dernier inventaire, il collectionne avidement ses quelques souvenirs avant d’être livré à la guillotine au nom du peuple français.  Dans le Talmud,  il est dit que chaque être humain est le héros d’un drame cosmique, qu’il le sache ou non.

 Raffaelle Giuliani 12272719280?profile=original

XL Théâtre - Théâtre du Grand Midi Rue Goffart, 7a 1050 Ixelles (Bruxelles) www.xltheatredugrandmidi.be

du 8 au 26 février 2011

 

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Histoires de Livres: Le salon du livre d’artiste

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A BRUXELLES – 02 & 03 AVRIL 2011

 

Le Salon du Livre d’Artiste « Histoires de Livres » se déroulera dans les locaux de

l’ERG (Ecole de Recherche Graphique) à Bruxelles, le week-end des 02 & 03 avril 2011.

 

Créé en 2003 à l’initiative du collectif « En Creux », le Salon du Livre d’Artiste

« Histoires de Livres » en est à sa cinquième édition. Il se tient en effet tous les deux ans.

A l’origine de cette belle aventure, deux jeunes artistes graveurs : Gwënael Guégan et

Laurence Léonard.

 

Pour sa cinquième édition, « Histoires de Livres » prend un nouvel envol : nouvelle

équipe, nouvelle dynamique, objectifs renforcés.

Aux côtés de Laurence Léonard, cheville ouvrière des premières éditions, une nouvelle

équipe s’est mise en place, constituée d’autres artistes mais aussi de collectionneurs et de mécènes qui permettent de donner une nouvelle dimension à l’évènement.

Le salon « Histoires de livres » est intégré à une structure plus vaste, initiée par un

collectionneur, dédiée aux arts graphiques en général, « Graphies » (www.graphies.org en

construction).

 

A côté du salon proprement dit, de nombreuses activités et animations autour du

livre sont programmées, dont, notamment grâce à la participation d’acteurs artistiques et

culturels, différentes expositions décentralisées sur le thème du livre.

Les visiteurs du Salon du Livre d’Artiste « Histoires de Livres » sont multiples : grand

public en quête de découvertes, curieux de la création graphique, amateurs de microédition,  professionnels de l’édition et de la diffusion artistique, collectionneurs et artistes eux -mêmes.

 

« Histoires de Livres » est une manifestation gratuite pour les visiteurs offrant une

fenêtre originale sur le monde du livre. Sur deux jours, ce sont plusieurs milliers de

personnes qui découvrent toute la diversité et la richesse du monde de l’édition du livre

d’artiste.


Les exposants aussi ont des origines variées. Belges et étrangers, ils sont plusieurs

dizaines à présenter leur travail : éditeurs, graveurs, illustrateurs, relieurs, plasticiens mais aussi écrivains, conteurs et poètes ou tout simplement créateur p assionné et amoureux du  livre.

C’est une fenêtre sur la création contemporaine, sur la vie actuelle du livre d’artiste

qui est ainsi proposée. Vendre bien sûr, mais aussi expliquer, montrer, détailler le processus  de création, tels sont les objectifs affichés des exposants.

 

Informations et inscriptions :

« Histoires de Livres », le Salon du Livre d’Artiste

www.histoiresdelivres.be

graphies@skynet.be

(+32) 0476 77 53 60


 

Qu’est-ce qu’un livre d’artiste ?

 

Le livre d’artiste est un livre, voire dans certains cas un livre -objet, édité à peu d’exemplaires, créé de manière artisanale et très souvent diffusé hors des circuits classiques de d istribution.

Le livre d’artiste, plus que n’importe quel ouvrage, crée un lien d’intimité entre le créateur et le lecteur.

Le livre d’artiste peut être un « objet » abstrait ou figuratif, contenir du texte ou non, avoir un sens littéraire ou non.

Tout est permis dans la création de l’objet « livre ».

Le livre d’artiste est le résultat entre une pensée originale d’un créateur et son intervention

personnelle au niveau des formes, de la présentation, des possibilités d’impression ou de

reproduction, des choix des papiers ou des matières.

L’idée même du livre d’artiste recouvre des pratiques et des productions très variées.

La création d’un livre d’artiste répond à sept étapes :

 

1° Le thème : l’origine de la création du livre d’artiste peut être, pour l’arti ste créateur, un mot, une phrase, un proverbe, un conte, un texte humoristique, une note satirique, un

poème, une histoire, une matière, une image, une illustration, des couleurs, des surfaces, …

Il n’y a pas de limite dans la création.

2° La reliure : différents types de reliure existent : en escargot, en serpent, en accordéon,

reliure centrale, japonaise, papillon, flip book, reliure inventée, …

3° La technique : le livre d’artiste peut être construit par collage, à l’encre, à la gouache, à l’acrylique, par photocopie, dessin, tissu, pop up, pliages, par la formation de trous, …

4° La mise en page : elle peut être classique (par exemple image à droite et texte à gauche),  graphique (jeu entre l’image et le texte), peut répondre à un rythme propre au fi l des pages, …

5° La typographie : le créateur utilisera le cas échéant une typographie adaptée au sujet et

au style de son livre

6° La couverture : elle est l’élément qui doit donner envie de prendre le livre, l’objet, en

main, et de le découvrir. Elle peut être simple mais cependant forte pour séduire le lecteur,

le découvreur. Tous les artifices sont permis ici aussi.

7° Le colophon : traditionnellement situé en fin d’ouvrage, le colophon donne quelques

indications quant au créateur, au nombre d’exemplaires, à la date et au lieu de la réalisation  du livre. Le colophon peut aussi contenir une justification signée par l’auteur.

Préalablement à la création d’un livre d’artiste, l’auteur réalise une maquette, ou blanco, qui servira de fil conducteur pour la construction et l’élaboration du livre. 

 

Programme provisoire:


> Jeudi 31 mars 2011


18 heures


Activité partenaire : Cabinet Artistique « Libre Choix »

Rue Defacqz, 152 – 1060 Bruxelles

Vernissage d’exposition


> Vendredi 01 avril 2011


18 heures


Activité partenaire : Espace de Création « Le Caméléon Coquet »

Avenue A. Buyl, 12 – 1050 Bruxelles

« Carnets et correspondances »

Exposition de la Collection de Livres d’Artistes des Bibliothèques de Watermael -Boitsfort


> Samedi 02 avril 2011


De 10 heures à 18 heures


« Histoires de Livres », le Salon du Livre d’Artiste

Exposition-vente

Dans les locaux de l’ERG (Ecole de Recherche Graphiq ue)

Rue du Page, 87 – 1050 Bruxelles


De 10 heures à 18 heures


Activité partenaire

Au Cabinet Artistique « Libre Choix »

Rue Defacqz, 152 – 1060 Bruxelles

Exposition


De 10 heures à 18 heures


Activité partenaire

A l’Espace de Création « Le Caméléon Coquet »

Avenue A. Buyl, 12 – 1050 Bruxelles

« Carnets et correspondances »

Exposition de la Collection de Livres d’Artistes des Bibliothèques de Watermael -Boitsfort


18 heures


Dans les locaux de l’ERG (Ecole de Recherche Graphique)

Rue du Page, 87 – 1050 Bruxelles

Cocktail officiel (sur invitation)


A partir de 20 heures


Dans les locaux de l’ERG (Ecole de Recherche Graphique)

Rue du Page, 87 – 1050 Bruxelles

« Tournez les Pages à la rue du Page »

Soirée du livre - Repas, divertissements, animation musicale


> Dimanche 03 avril 2011


De 10 heures à 18 heures


« Histoires de Livres », le Salon du Livre d’Artiste

Exposition-vente

Dans les locaux de l’ERG (Ecole de Recherche Graphique)

Rue du Page, 87 – 1050 Bruxelles


De 10 heures à 18 heures


Activité partenaire

Au Cabinet Artistique « Libre Choix »

Rue Defacqz, 152 – 1060 Bruxelles

Exposition


De 10 heures à 18 heures


Activité partenaire

A l’Espace de Création « Le Caméléon Coquet »

Avenue A. Buyl, 12 – 1050 Bruxelles

« Carnets et correspondances »

Exposition de la Collection de Livres d’Artistes des Bibliothèques de Watermael -Boitsfort

Les Partenaires:

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12272711890?profile=originalIl s’agit d’u roman de l'abbé Jean-Jacques Barthélemy (1716-1795), publié 1788.

 

L'abbé Jean-Jacques Barthélemy était fort savant. Numismate, historien, linguiste, connaissant à peu près tout ce qui se pouvait connaître en son temps sur le monde antique, il travailla durant trente ans au Voyage du jeune Anacharsis, qui recueillit un énorme succès, et connut maintes rééditions et traductions.

 

L'ouvrage est précédé d'une longue "Introduction au voyage de la Grèce", où toute l'histoire grecque, depuis l'"état sauvage et les colonies orientales" jusqu'à la prise d'Athènes, est retracée. Le jeune Scythe Anacharsis quitte son pays (chap. 1). Il traverse Byzance, Lesbos, l'Eubée, Thèbes, où il voit Épaminondas et Philippe de Macédoine (2-5). Il gagne Athènes (6-7), puis Corinthe (9). Athènes est longuement décrite: sa constitution, ses fêtes, l'éducation qu'y reçoivent les enfants (11-26). Puis c'est la Thessalie (35), l'Épire (36), l'Élide et la Messénie (38-40), la Laconie et Sparte (42-51), la légendaire Arcadie (52), l'Argolide (53). On revient à Athènes (55-59 et 65-67). On évoque les affaires de Sicile (60), les mystères d'Éleusis (68), le théâtre grec (69-71), Rhodes, Samos, Délos (73-79). Tout s'achève à Chéronée: la Grèce est vaincue, puis Alexandre succède à Philippe; Anacharsis regagne sa Scythie natale (82).

 

Ce Voyage témoigne d'une extraordinaire érudition. A preuve toutes les notes accumulées à chaque page, qui indiquent les sources de chacun des détails de la narration, et les longues tables chronologiques, qui suivent et justifient l'ouvrage. Barthélemy a voulu tout dire sur le monde grec de 363 à 337 avant JC. Comme plus tard les auteurs du Tour de France de deux enfants, il a oeuvré pour que ces connaissances fussent présentées de façon riante, englobées et entraînées dans une fiction comparable à un roman. La composition est d'ailleurs assez subtile, les passages didactiques ("la Bibliothèque d'un Athénien") étant divisés en plusieurs morceaux isolés les uns des autres. L'auteur a choisi un Scythe, pareil aux Siamois de Dufresny, aux Persans de Montesquieu, à tous ces Hurons qui découvraient la France dans les contes des Philosophes. Il a tenté de conduire à une philosophie, proche de celle de Rousseau. Les Arcadiens sont purs et valeureux; Anacharsis, à la fin, est écoeuré de voir la liberté grecque expirer sous les coups des rois de Macédoine: "Je revins en Scythie, affirme-t-il, dépouillé des préjugés qui m'en avaient rendu le séjour odieux [...]. Dans ma jeunesse, je cherchai le bonheur chez les nations éclairées; dans un âge plus avancé, j'ai trouvé le repos chez un peuple qui ne connaît que les biens de la nature."

 

Avec toute cette science, avec ces habiletés et ces ambitions, Barthélemy nous a donné une oeuvre un peu languissante. Son héros n'a guère de consistance; il ne connaît aucune aventure personnelle; il va d'un lieu à l'autre, comme un touriste qui aurait son guide à la main. Le style est euphonique, bien cadencé, mais il manque de couleur et de concret; on accumule les adjectifs stéréotypés: les poètes sont "excellents", les villes "opulentes", et "riches" les moissons. Nous sommes bien loin, malgré les apparences, de la magie et de la profondeur du Télémaque. Il n'en reste pas moins que ce livre a beaucoup fait pour le "retour à l'antique" au temps de Louis XVI et de la Révolution, et a donné à une ou deux générations une image nouvelle de la Grèce, bien différente de celles que Ronsard, Racine ou Fénelon avaient proposées.

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Prix et subventions de la Classe des Arts : inscriptions en 2011

 

En 2011, à la Classe des Arts, se clôtureront les inscriptions pour dix prix et deux subventions.

Se clôtureront le 31 mars 2011 les inscriptions pour :

- le Prix Jules Raeymaekers (Peinture et arts apparentés ; 10e période triennale : 01/04/2008-31/03/2011).

Se clôtureront le 30 avril 2011 les inscriptions pour :

- le Prix Emma du Cayla-Martin (Peinture ; 10e période biennale : 01/05/2009-30/04/2011) ;

Se clôtureront le 31 mai 2011 les inscriptions pour :

- le Prix Marcel Hastir (Portrait sculpté ; 4e période biennale : 01/06/2009-31/05/2011) ;

- le Prix Égide Rombaux (Sculpture, première sélection ; 20e période biennale : 19/01/2010-18/01/2013) ;

- le Prix Paul Bonduelle (Architecture, première sélection ; 16e période triennale : 01/01/2009-31/12/2011).

Se clôtureront le 31 août 2011 les inscriptions pour :

- la bouse de la Fondation Vanhove-Vonnêche (Restauration architecturale ; 3e période annuelle : 01/01/2011-31/08/2011).

Se clôtureront le 30 septembre 2011 les inscriptions pour :

- le Prix Jos Albert (Œuvre de tendance figurative ; 29e période annuelle : 01-10-2010-30-09-2011).

Se clôtureront le 31 décembre 2011 les inscriptions pour :

- le Prix Paul Artôt (Peinture ; 26e période biennale : 01/01/2010-31/12/2011) ;

- le Prix Arthur De Greef (Musique ; 11e période biennale : 01/01/2010-31/12/2011) ;

- le Prix Marcel Hastir (Musique ; 7e période biennale : 01/01/2010-31/12/2011) ;

- le Prix Baron Horta (Architecture ; 9e période quinquennale : 01/01/2007-31/12/2011) ;

- la subvention du Fonds Arthur Merghelynck (Histoire de l'art en Belgique ; 12e période annuelle : 01/01/2011-31/12/2011).

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FRANCE...Ma douce...

France, ma douce, ma belle, ma tumultueuse!

Fière et rebelle, soumise mais jamais prise...

Je ne sais pas quand, ni comment et si cela tient à la première bouffée d'air respirée? Logiquement, je ne crois pas...

Mais d'où vient alors ce sentiment qui me colle à la peau? Est-ce le fait de naître sur un territoire ou bien d'y revenir et de s'en imprégner? Est-ce partie de soi, est-ce dans les chromosomes? Pourquoi?

La terre est grande et belle, je n'en connais que peu ou beaucoup... C'est toujours une question de point de vue et de moyens, mais aussi toujours je compare! Alors pourquoi ne pas comparer à son pays, celui de ses ancêtres, de ses origines? Mais nos origines sont-elles celle que l'on croit? Ou bien se forge-t-on ses origines en se fondant à ce qu'on aime! Tout n'est-il pas une question d'amour?

On peut être subjugué par le Grand Canyon, être amoureuse de New-York, mais l'amour avec un grand A, c'est Paris la superbe, avec ses avenues larges et majestueuses, sans rien de pompier, tout en finesse, en esprit, en modernisme cartésien, en classicisme spirituel!

Paris un soir de printemps au bord de la Seine, c'est aussi beau que l'Arno un soir lourd de l'été de Florence, mais c'est plus léger... L'est-ce plus? Certainement non! Mais c'est Mon Paris, celui où la chance nichée dans le malheur d'une guerre m'a fait naître! Celui que j'aurais choisi entre tous! La ville où l'esprit et l'amour se rejoignent...

On n'est pas raisonnable quand on aime. Il faut excuser ce vocabulaire sans doute excessif.

Quittons Paris alors, et flânons à travers douce France...

De Bretagne en Provence, d'Honfleur à Chamonix! Avec un détour pour Chartres et sa dentelle, pour le cloître à Moissac, pour la sobriété de Reims et l'humilité parfaite des abbayes cisterciennes! Retrouver l'espace d'une heure la foi de son enfance dans la pureté froide et étoilée d'une nuit de Noël en Provence éthérée par le chant pur des petites soeurs de l'abbaye du Thoronet...

Et puisque nous sommes en Provence, restons-y.

Quoi de plus doux que ces coteaux où le vin murit au soleil? Quoi de plus âpre que cette terre rouge et rocailleuse? Quoi de plus accablant que ce lourd soleil, cette chaleur écrasante ponctuée par le cri des cigales? Quoi de plus délicieux que ce ciel si pur, cette végétation généreuse? Quoi de plus sauvage que ce Mistral réveillé qui glace et nettoie? Quoi de plus chantant que cet accent qui traverse les temps et ravi l'oreille de la nordique que je ne veux plus être?

Chaque coin cache ses merveilles pour retenir plus longtemps, l'amoureux impatient parti à ta découverte!

Oh France, pays de mon enfance, de mes premiers regards conscients, toujours émerveillés...

J.G.

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administrateur théâtres

La Cerisaie (Théâtre des Martyrs)

Le Théâtre en Liberté présente au théâtre des Martyrs le dernier chef-d’œuvre de Tchekhov, classique de l’âme russe, dans une nouvelle adaptation française de Jacques De Decker  et une prodigieuse mise en scène de Daniel Scahaise:

 

                                                 « LA CERISAIE »

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La dacha est endormie... Un personnage se repose les pieds en l’air posés sur un pupitre d’écolier dans une chambre d’enfants. Beau plan incliné vers l’avenir, drapé de blanc.  Lioubov  Andréevna (Hélène Theunissen) a passé  cinq ans de  Paris à Menton en compagnie d’un cuistre ; on l’attend, il est deux heures du matin. Elle arrive avec toute sa suite et trouve que  tout le monde a tristement vieilli !  Tantôt elle évoque avec délectation ses souvenirs d’enfance : « O mon enfance ! O ma pureté ! C’est dans cette chambre que je dormais, d’ici que je regardais le jardin, le bonheur se réveillait avec moi tous les matins, et le jardin était alors exactement pareil, rien n’a changé… » Tantôt elle éclate en sanglots pour la perte de son enfant de sept ans noyé dans la rivière. Léonid son frère (Bernard Marbaix), épris de billard et de beaux billets prononce l’éloge de l’armoire centenaire. Lioubov, tellement insouciante et  hors du temps, est envoûtée par la magnifique propriété mais refuse catégoriquement de prendre les mesures financières proposées par son formidable intendant Lopakhine (Jean-Henri Compère) : aucun sens des réalités.

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          Notre Europe de l’an 2010 ? Ou … notre minuscule Belgique ?

 

 Cela a un goût de décadence, d’inexorable effritement, d’illusions perdues, d’argent impossible à garder, de désirs avortés.    Tout file entre les doigts frivoles de Lioubov, jusqu’au dernier rouble. Bien que ruinée, elle commande une dernière fois des violons qu’elle ne pourra pas payer et donne une dernière fête où tout le monde danse, chante et se soûle de gloire passée. Elégance du désespoir. Chapeaux et  habits sont somptueusement blancs et sophistiqués, la blancheur précoce des cerisiers annonce la fin imminente.  Voilà La  Cerisaie perdue, vendue au plus offrant : ce petit-fils de paysan qui étouffe du bonheur et de fierté d’avoir saisi les biens de ses anciens maîtres. C’est le déchirement et départ de la famille au grand complet après un dernier  hommage à la beauté vouée à la disparition. Il y a ce duo très émouvant de mère et fille (Julie Lenain), l’une crispée par la douleur, l’autre illuminée par le désir et l’espoir de renouveau, la beauté de la jeunesse,  son amour pour l’ancien précepteur du petit Gricha, l’étudiant errant, Trofimov! Idéaliste surréaliste, il  se croit « au-dessus de l’amour ! » …et ressemble curieusement à Tchékov !

 

 « Toute la Russie est notre Cerisaie. La terre est vaste et belle, il y a beaucoup d'endroits splendides. Imaginez, Ania : votre grand-père, votre arrière-grand-père, tous vos ancêtres possédaient des esclaves, ils possédaient des âmes vivantes, et ne sentez-vous pas dans chaque fruit de votre cerisaie, dans chaque feuille, dans chaque tronc, des créatures humaines qui vous regardent, n'entendez-vous donc pas leurs voix ?... Posséder des âmes vivantes - mais cela vous a dégénérés, vous tous, vivants ou morts, si bien que votre mère, vous, votre oncle, vous ne voyez même plus que vous vivez sur des dettes, sur le compte des autres, le compte de ces gens que vous laissez à peine entrer dans votre vestibule... Nous sommes en retard d'au moins deux siècles, nous n'avons rien de rien, pas de rapport défini avec notre passé, nous ne faisons que philosopher, nous plaindre de l'ennui ou boire de la vodka. C'est tellement clair, pour commencer à vivre dans le présent, il faut d'abord racheter notre passé, en finir avec lui, et l'on ne peut le racheter qu'au prix de la souffrance, au prix d'un labeur inouï et sans relâche. Comprenez cela, Ania. »

Et si c’était vrai - après tout, qu'y aurait-il là,qu'il faille prendre au tragique ?...L’enfance qui ne revient jamais ?  La mort muette sous les feuilles mortes, dans l'armoire funéraire, du fidèle majordome  Firs?   Serviteur à la précision horlogique pourtant lui aussi victime du temps, il est  interprété de façon savoureuse par Jaoued Deggouj.12272717669?profile=original

 Le cycle des saisons s’achève…  C’est l’émotion et la nostalgie qui nous prennent à la gorge et brident les nombreux applaudissements.

 

LA CERISAIE – Anton Tchekhov Théâtre en Liberté
Au Théâtre de la Place des Martyrs - Grande salle
Du 27/01 au 05/03/2011 - Dimanches : 06 et 20/02

 

http://www.theatredesmartyrs.be/saison.html

 

 

 

 

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Exposition Floreffe- Récapitulatif !!

Voici pour plus de facilités un résumé de toutes les informations pour l’expo de Floreffe.
Photos de la salle , en fin de Blogue deux vues de Floreffe
Date : les 15-16 et 17 avril 2011.
Nous demandons une participation de 35€ par artiste pour couvrir les frais d'expositions, vernissage, affiches et cartes d’invitation.
Le paiement est à effectuer sur le compte n° 143-0797271-32
En format IBAN : BE90 1430 7972 7132
Bic = GEBABEBB
Banque Fintro, rue du Centre 32 à 5090 Ciney
Intitulé du compte :
Claudine Boignet- regard pastel - 12 rue des Libérateurs à 5100 Jambes

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Liste des participants à ce jour : avec astérisques = membre du réseau Arts et lettres.

*Sylviane Joséphine Tirez
* Eve Oziol

* Margareth Lenoir
* Anne Roncalli
* Guy Penninckx
* Mohamed Saoud
* André Jongen
* Daniel Vigneron
* Claude Hardenne
* Martine Hougardy
*Yvette Douchie
Ryckewaert Franz n’a pas internet
* Martine Salendre--- France
* Delvaeye
* Josette Boignet
Fabienne Bertrand
Véronique Radelet
Gaby Boulier---- France
Janick Poncin --- France
Marie-Laure Dubois
*Jeanine Alexandre
* Claudine Boignet

Il y a encore 4 inscriptions en attente. J’espère n’avoir oublié personne !
Date ultime des inscriptions : 31 janvier 2011
Réunion d’information : Abbaye de Floreffe, salle du Moulin- le 12 mars à 14h

Liens :

L’abbaye de Floreffe : http://www.abbaye-de-floreffe.be/

Coordonnées personnelles : Claudine Boignet 12 rue des Libérateurs 5100 Jambes.
 0032.495.494843.081.325269 de l’étranger 003281.305269
Mail : claudine.boignet@skynet.be
Site www.claudineboignet.be
Autre mail : le.regard.pastel.blik@gmail.com.

Le montage est prévu à partir du jeudi à 13h, et le vendredi dès 10h jusque 18h.
Le vernissage aura lieu le vendredi 15/4/2011 vers 19h30 (à confirmer), le démontage le dimanche soir et le lundi !
Accrochage : Les salles disposent de cimaises, il suffira de prévoir, des chaines et des crochets pour l’installation. Il sera prévu des enveloppes suspendues pour y déposer ses cartes de visites d’artistes + coordonnées complètes.
Nous exposerons 5 pastels par artiste.
Vous voudrez bien m’envoyer pour fin janvier 2011, cinq lignes de biographie + photo d’identité . par mail !!!!!
Nous demandons des œuvres originales, pas de reproductions.
Nous ferons parvenir à chacun des invitations et des affiches en format mail
Les formats papiers seront distribués le 12 mars 2011 à la réunion.
Voici, ci-après déjà une ébauche d’affiche à envoyer par mail à tous vos contacts, ou à d’autres artistes en les invitant à venir exposer ! (faire un copier-coller). A placer aussi sur votre site, galerie…votre page Facebook etc ! Plus l’info sera diffusée, plus nous aurons de visiteurs !
Je reste à votre disposition pour tous renseignements complémentaires.
Bon travail à vous tous amitiés – Claudine

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Belge, Georges Rodenbach est l'un des membres les plus originaux d'un
mouvement symboliste qui a su garder son autonomie par rapport à l'école
française. Venu à Paris en 1876, il reste cependant le poète de Bruges où il
est né. Dans les recueils de vers Jeunesse blanche (1886), Le Règne du
silence (1891), Les Voies encloses (1896) apparaît la nostalgie de sa
province. Absente, elle devient le reflet du monde : les béguinages et les
canaux de la Venise du Nord vont servir de relais entre un symbolisme étayé
sur des sensations visuelles et une rêverie qui reste au contact de la
réalité. On découvre là le secret d'une poétique des correspondances que
Rodenbach a poussée plus loin que la plupart des symbolistes : à partir d'un
objet, d'un paysage (ici Bruges), le poète peut évoquer ses impressions
sensibles, en général impressions visuelles et auditives mêlées, et ainsi se
pose l'existence d'un sujet, le je du poète. Dans ce système d'oscillations,
dans ce jeu des correspondances, le monde intérieur et la réalité vont se
fondre en une sorte de rêverie mystique où l'on ne saura plus distinguer
l'émoi du poète et celui de l'objet. Alors qu'en général ce procédé restait
discret, sa mise en évidence et son exploitation systématique, ainsi que la
rigueur de la prosodie de Rodenbach, contribuent parfois à rendre ses vers un
peu affectés. Cependant, l'évocation de la Flandre mystérieuse, des petits
bourgs endormis du Nord reste encore très séduisante aujourd'hui. Le
fantastique qui se dégage de toute la poésie de Rodenbach serait peut-être
plus original, si précisément le recours incessant à des procédés de technique
poétique ne le rattachait pas toujours à la vie intérieure du poète. Mais il
s'agit là de la question de la sincérité que pose toute la poésie symboliste.
Rodenbach écrivit encore quelques romans, Bruges la Morte (1892), Le
Carillonneur (1895), sur les mêmes thèmes, en demi-teintes, du silence et de
l'obscurité.
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Témoignages d'écrivains sur la langue française

Témoignages d'écrivains sur la langue française
EUROPE

Stéphane Hessel (Berlin, 1917)
Né allemand, acquiert la nationalité française en 1937. S’engage dans les Forces françaises libres. Devient diplomate et haut représentant de la France.
« De cette France revendiquée j’adopte les institutions et les multiples aspects de l’héritage culturel et historique : non seulement la Révolution de 1789 et la Déclaration des droits de l’homme, mais encore la valorisation sans cesse renouvelée de l’intelligence et de la tolérance, de la lucidité et du respect de l’autre : Montaigne, Pascal, Voltaire, Georges Sand ; la conquête des libertés modernes : Hugo, Baudelaire, Rimbaud, Apollinaire ; la profonde clarté d’une langue analytique, articulée, précise. »
(« Danse avec le siècle », par Stéphane Hessel, Seuil, 1997, p. 39)

Rainer Maria Rilke (Prague, 1875-1926)
Poète autrichien de langue allemande. secrétaire de Rodin.
« Oui, j’aime écrire en français, quoique je ne sois jamais arrivé à écrire cette langue (qui plus que toute autre oblige à la perfection, puisqu’elle la permet) sans incorrections et même sans d’insidieuses fautes… Je me rappelle qu’une des premières raisons de me passer une poésie française fut l’absence de tout équivalent à ce délicieux mot : Verger. »
(Florilège de la langue française », par Xavier Deniau, Evreux, Editions Richelieu-Senghor, 1988, p. 102)
« Quelle joie que de pouvoir confier à une langue aussi consciente et sûre d’elle-même, une sensation vécue, et de faire en sorte qu’elle introduise en quelque manière dans le domaine d’une humanité générale… Elle académise, si j’ose m’exprimer de la sorte, la contribution frappée à sa marque et déversée en elle, et lui donne ainsi l’aspect d’une noble chose comprise. »
(Extrait de « Vergers », Gallimard, 1926)

John Brown (Angleterre)
Poète anglais et critique éminent. Auteur en français d’une remarquable histoire des lettres américaines.
« Je sais qu’au début, émerveillé, je maniais le français avec l’insouciance et l’audace d’un alpiniste débutant, qui se balance sur les abîmes sans penser aux dangers. Tout était permis : Je me trouvais dans un nouveau pays où je ne connaissais personne, où personne ne me connaissait. Les contraintes de ma langue natale disparaissaient. Je pouvais sauter, danser, marcher sur la tête, je ne craignais ni le ridicule ni l’extravagant. J’étais l’enfant qui tambourine sur un antique clavecin, le barbare qui pille joyeusement les temples millénaires. »
(Revue internationale de culture française, op. cit.)

Julia Kristeva (Bulgarie)
Professeur à Paris VII. Epouse de Philippe Sollers. Auteur de « Etrangers à nous-mêmes » (Folio, 1988).
« Ecrire en français, ce fut me libérer. Geste matricide. Quitter l’enfer : cette langue est devenue mon seul territoire. Désormais, je ne rêve plus qu’en français. »
(André Brincourt, op. cit., p. 231)

Michel del Castillo (Madrid, 1933)
A fui l’Espagne franquiste, en 1953, pour Paris. Romancier célèbre et chrétien engagé.
« C’est vrai que j’ai eu beaucoup de mal avec l’Espagne, mais maintenant cela va beaucoup mieux. Je suis en fait assez content de ma position, être un écrivain français d’origine espagnole me permet d’avoir une certaine distance vis-à-vis des deux pays. »
(Entrevue, dans Vers l’Avenir, Namur, 18 août 1997)

Jorge Semprun (Madrid, 1913)
Emigré à Paris, en 1936. Déporté à Buchenwald. Ministre en Espagne après Franco.
« Nous avions la passion que peuvent avoir des étrangers pour la langue française quand celle-ci devient une conquête spirituelle. Pour sa possible concision chatoyante, pour sa sécheresse illuminée… L’ espagnol est une langue très belle, mais qui peut devenir folle et grandiloquente, si on lui lâche la bride. Cioran parlait du français comme d’une langue de discipline. Je le crois, le français m’aide à maîtriser mon espagnol. »

Jan Baetens
Critique et poète flamand
« En choisissant librement le français, je cherche aussi à maintenir vivante la tradition de liberté du français, langue et culture des lumières dont il est nécessaire de rappeler l’héritage. J’écris en français pour me libérer de mes particularités trop partisanes, de tout ce qui me limite, des préjugés, des idées trop vite faites, des certitudes trop commodes à porter. »
(Carte blanche, extraits. Le Carnet et les Instants, novembre 1998- - janvier 1999)

Marie Gevers (Edegem, 1883-1975)
Romancière flamande intimiste de grand renom.
« J’ai reçu le français comme instrument familier et bien aimé. Je n’ai pas choisi cette langue. Je me trouve au point de jonction des deux cultures. Et ces deux routes se joignent dans mon cœur. »
(Marie Gevers et la nature, par Cynthia Skenazi, Palais des Académies, 1983, p. 81).

Emile Verhaeren (Saint Amand, 1856-1916)
Etudes au Collège jésuite de Gand (en français) avec Georges Rodenbach. Figure dominante de la littérature belge de langue française. Chantre de la Flandre.
« La plus solide gloire de la langue française, c’est d’être le meilleur outil de la pensée humaine ; c’est d’avoir été donnée au monde pour le perfectionnement de son sentiment et de son intelligence ; c’est en un mot, d’être faite pour tous avant d’appartenir à quelqu’un. Ah ! Si un jour il se pouvait faire que toute la force et tout le cœur et toute l’idée et toute la vie des Européens unis s’exprimassent en elle avec leur infinie variété d’origine et de race… »
(Revue internationale de culture française, op. cit.)

Vassilis Alexakis Grèce) 1944
Partage sa vie entre Athènes et Paris. Prix Médicis 1995 pour « La langue maternelle ».
« Nous sommes les enfants d’une langue. C’est une identité que je revendique. J’écris pour convaincre les mots de m’adopter. »
(« La langue maternelle », Fayard, 1995)

Jean Moreas (né Papadiamantapoulos, Athènes, 1856-1910
Amoureux de la France. Prince de l’école symboliste.
« Mon père voulut m’envoyer étudier en Allemagne. Je me révoltai. Je voulais voir la France. Deux fois je me sauvai de mon foyer et pus enfin gagner Paris. Le destin m’a montré la route –mon étoile me guidait- pour que je devienne le plus grand des poètes français. »
(Revue internationale de culture française, op. cit.)

Samuel Beckett (Dublin, 1906-1990)
Ecrivain de langue anglaise qui s’est imposé par son théâtre en langue française. Prix Nobel de Littérature.
« Son bilinguisme anglais-français lui permet d’assurer à sa pensée une équivalence d’expression dans chacune des langues qui lui sont également familières… Le langage ne compte pas d’abord en tant que porteur d’idées, ce sont les mots, quoique imparfaits, chacun d’eux pris séparément et en même temps dans ses rapports avec les autres, qui isolent l’idée pour la mettre en valeur, soit prononcée, soit suggérée, soit très sous-jacente. »
(Louis Perche dans « Beckett », Le Centurion, 1969, p. 118-119)

Carlo Coccioli (Livourne, 1920)
Emule de Bernanos, auteur du roman « Le Ciel et la Terre ».
« Disons que je sens en italien et que je parle en français. »
(dans « La Voix au cœur multiple », op. cit., p. 25)

Emmanuel Lévinas (Kaunas, Lituanie, 1905-1995)
Philosophe d’origine juive. A élaboré en français sa phénoménologie.
« J’ai souvent pensé que l’on fait la guerre pour défendre le français, c’est dans cette langue que je sens les sucs du sol. »
Le Monde, 19 janvier 1996)

Oscar Vladislas de Lubicz-Miloz (Czereïa, Biélorussie, 1877- Fontainebleau, 1939)
Prince balte, grand poète français. Auteur d’un chef-d’œuvre : Miguel Manara.
« Honneur à la France, pays de cristal, patrie de la pure raison. »
(dams « Milosz, par Armand Godoy, Fribourg, 1944, p. 207)

Marel Halter (Varsovie)
D’origine juive. Rescapé des camps d’extermination.
« C’est en France, plus tard, dans cette France réelle que j’ai découverte à l’âge de quatorze ans, que j’ai appris la liberté en même temps que le français. C’est pourquoi, bien que parlant plusieurs langues, je ne peux écrire, pleurer, rire ou rêver qu’en français. Seule langue dans laquelle je n’ai connu aucune oppression. »
(« Contacts », Paris, janvier 1996-décembre 1997)

Emil Michel Cioran (Raschinari-Sibiu, Roumanie, 1911-1995).
En France depuis 1937. Devenu chef de file de la pensée française.
« La langue française m’a apaisé comme une camisole de force clame un fou. Elle a agi à la façon d’une discipline imposée du dehors, ayant finalement sur moi un effet positif. En me contraignant, et en m’interdisant d’exagérer à tout bout de champ, elle m’a sauvé. Le fait de me soumettre à une telle discipline linguistique a tempéré mon délire. Il est vrai que cette langue ne s’accordait pas à ma nature, mais, sur le plan psychologique, elle m’a aidé. Le français est devenu par la suite une langue thérapeutique. Je fus en fait moi-même très surpris de pouvoir écrire correctement en français, je ne me croyais vraiment pas capable de m’imposer une telle rigueur. Quelqu’un a dit du français que c’est une langue honnête : pas moyen de tricher en français. L’escroquerie intellectuelle y est quasi impraticable. »
(« Itinéraires d’une vie », par Gabriel Lûceanu.)

Eugène Ionesco (Slatina, Roumanie, 1912-1994)
Membre de l’Académie française. Consécration mondiale au théâtre avec « La Leçon » et « La Cantatrice chauve ».
« Si je suis citoyen français, c’est que j’ai fait un choix, qu’une patrie avait la priorité. J’ai choisi le pays de la liberté. »

Romain Gary (Moscou, 1914-1980)
D’un père émigré en Pologne. Volontaire de la France libre. Amoureux de De Gaulle. Diplomate français. Deux fois Prix Goncourt avec « Les Racines du ciel » et « La Vie devant soi ». S’est suicidé.
« Je plonge mes racines littéraires dans mon métissage… La France libre est la seule communauté humaine à laquelle j’ai appartenu à part entière. »
(Dans André Brincourt, op. cit. p. 190-191)

Andreï Makine (Novgorod, 1957)
Venu de Russie aux lettres françaises. Pris Goncourt 1995 pour « Le Testament français ».
« Le français de Charlotte avait gardé une extraordinaire vigueur, dense et pure, cette transparence d’ambre qu’acquiert le vin en vieillissant. Cette langue avait survécu à des tempêtes de neige sibériennes, à la brûlure des sables dans le désert de l’Asie, et elle résonne toujours au bord de cette rivière. »
(« Le Testament français », Mercure de France)

Henry Troyat (né Lev Tarassov, Moscou, 1911)
Venu à Paris en 1920. Couvert de prix. Membre de l’Académie française (1959). Beaucoup de romans et de biographies, inspirées par la Russie.
« Je vivais la moitié du jour à Paris et la moitié du jour à Moscou. J’étais partagé entre le passé et le présent, sollicité, tour à tour, par des fantômes surannés et par des visages vrais et actuels, par une première patrie, lointaine, inaccessible, fuyante, et par une seconde patrie, qui bourdonnait autour de moi, me tirait à elle, m’emportait dans un tourbillon. Pendant longtemps, j’avançai, tant bien que mal, un pied sur les nuages russes et l’autre sur la terre ferme française. Puis, l’équilibre se fit, insensiblement, entre ces deux séductions rivales. Je devins Français, tout en conservant une tendresse particulière pour la contrée de rêve dont m’entretenaient mes parents. »
(« Revue internationale de culture française », op. cit.)

Milan Kundera (Brno, 1929)
Ecrivain français de langue tchèque. Exilé en France. A fini par écrire directement en français (par exemple « Les testaments des trahis »).
« C’était l’occupation russe, la période la plus dure de ma vie. Jamais je n’oublierai que seuls les Français me soutenaient alors. Claude Gallimard venait voir régulièrement son écrivain pragois qui ne voulait plus écrire. Dans ma boîte, pendant des années, je ne trouvais que des lettres d’amis français. C’est grâce à leur pression affectueuse et opiniâtre que je me suis enfin décidé à émigrer. En France, j’ai éprouvé l’inoubliable sensation de renaître. Après une pause de six ans, je suis revenu, timidement, à la littérature. Ma femme, alors, me répétait : La France, c’est ton deuxième pays natal. »

Elie Wiesel (Signhet, Transylvanie, 1928)
Rescapé des camps d’extermination. Parle et écrit quatre langues : yiddish, hébreu, français, anglais. A choisi le français pour langue littéraire parce que c’est la langue qui l’a réconcilié avec le monde et c’est en français qu’il a lu ses deux maîtres : Kafka et Dostoïevski.
« C’est le français qui m’a choisi. »
(Dans « Auteurs contemporains », n° 6, Bruxelles, Didier-Hatier, p., 50


AFRIQUE NOIRE ANTILLES OCEAN INDIEN

Paulin Joachim (Cotonou, Bénin, 1931)
Etudes de journalisme. Directeur de « Bingo ».
« Je me suis enraciné loin dans la langue française pour pouvoir en explorer les profondeurs… et je peux affirmer aujourd’hui que je lui dois tout ce que je suis. »
(« Florilège de la langue française », par Xavier Deniau, Evreux, Ed. Richelieu Senghor, 1998)

Sony Labou Tansi (Kimwanza, 1947-1995)
Né de père zaïrois, un des écrivains les plus créateurs de l’Afrique noire, notamment au théâtre. Mort du sida.
« On me reproche d’écrire en français, langue de l’acculturation. Une chose me fait sourire : les reproches me sont faits en français et je les comprends mieux comme cela. Cela ne veut, certes, pas dire que je balance la langue kongo par dessus bord pour épouser la belle prisonnière de Malherbe. Le monde actuel est essentiellement fait de métissage. Comment pourrait-il en être autrement ? Je suis Kongo, je parle kongo, j’écris en français. Ma kongolité ne peut pas s’exprimer en dehors de cette cruelle réalité. »

Léopold Sédar Senghor (Joal, 1906)
Père de la négritude, premier président du Sénégal indépendant. Membre de l’Académie française. Un des plus grands poètes français.
« Le français, ce sont les grandes orgues qui se prêtent à tous les timbres, à tous les effets, des douceurs les plus suaves aux fulgurances de l’orage. Il est, tour à tour et en même temps, flûte, hautbois, trompette, tam-tam et même canon. Et puis le français nous a fait don de ses mots abstraits –si rares dans nos langues maternelles- où les larmes se font pierres précieuses. Chez nous, les mots du français rayonnent de mille feux comme des diamants. Des fusées qui éclairent notre nuit. »

René Depestre (Jacmel, Haïti, 1926).
Exilé. Séjour à Cuba. Haut fonctionnaire à l’Unesco.
« De temps en temps il est bon et juste
de conduire à la rivière
la langue française
et de lui frotter le corps
avec des herbes parfumées qui poussent en amont
de mes vertiges d’ancien nègre marron.
Laissez-moi apporter les petites lampes
créoles des mots qui brûlent en aval
des fêtes et des jeux vaudou de mon enfance :
les mots qui savent coudre les blessures
au ventre de la langue française,
les mots qui ont la logique du rossignol
et qui font des bonds de dauphins
au plus haut de mon raz de marée,
les mots qui savent grimper
à la folle et douce saison de la femme,
mes mots de joie et d’enseignement :
tous les mots en moi qui se battent
pour un avenir heureux,
Oui, je chante la langue française
qui défait joyeusement sa jupe,
ses cheveux et son aventure
sous mes mains amoureuses de potier. »
« Bref éloge de la langue française », Haïti, 1980)

Léon Laleau (Port-au-Prince, 1892-1979)
Sa « Musique nègre » date de 1931.
« Ce cœur obsédant, qui ne correspond
Pas à mon langage ou à mes costumes,
Et sur lequel mordent comme un crampon,
Des sentiments d’emprunt et des coutumes
D’Europe, sentez-vous cette souffrance
Et ce désespoir à nul autre égal
D’apprivoiser, avec des mots de France,
Ce cœur qui m’est venu du Sénégal. »
(Dans « Francité », par Joseph Boly, Bruxelles Fondation Plisnier, 1984, p. 36)

Jean Métellus (Jacmel, 1937)
Eloigné de son pays. Neurologue à Paris.
« Je tiens à la francophonie non pas pour une quelconque raison esthétique mais parce que tout le passé d’Haïti a été exprimé dans cette langue. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 127)

Raphaël Confiant (Lorrain, Martinique, 1951)
Appartient à la nouvelle génération des Antillais décolonisateurs de la langue française, avec Patrick Chamoiseau (Prix Goncourt pour « Texaco »). Co-auteur de « Eloge de la créolité ».
« Je suis français. Césaire est français. Mais nous ne sommes pas que français. Je ne peux pas écrire comme un Hexagonal. Je ne crois pas que les canadiens Gaston Miron ou Antoine Maillet soient seulement français, et ce qui est intéressant dans leurs livres, ce n’est pas la Francité mais la Canadianité. »
(Dans André Brincourt, op. cit., p. 60)

Edouard Glissant (Bezaudin, Martinique, 1928)
Ecrivain mondialement consacré depuis longtemps. Prix Renaudot pour « La Lézarde » (Seuil, 1958)
« Je crois que la francophonie peut être un lieu de lutte pour l’explosion de toutes les langues, et c’est seulement à ce prix, selon moi, qu’elle aura mérité d’être. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 128)

Jean-Joseph Rabearivelo (Tananarive, 1901-1937)
Poète maudit et déchiré. Auteur des « Calepins bleus ». S’est suicidé en pensant à Baudelaire.
« J’embrasse l’album familial. J’envoie un baiser aux livres de Baudelaire que j’ai dans l’autre chambre –Je vais boire- C’est bu- Mary (sa femme). Enfants. A vous tous mes pensées les dernières –J’avale un peu de sucre –Je suffoque. Je vais m’étendre…
(Dans « La Voix au cœur multiple », op. cit. p. 106)

Jacques Rabemananjara (Maroantsera, 1913)
A grandi à Tananarive. Ecrivain majeur des lettres françaises.
« La langue française est un objet d’amour pour nous… Nous avons été tellement séduits par la langue française que c’est à travers cette langue française que nous avons réclamé notre indépendance… Débarrassée de toute connotation impérialiste et dominatrice, la langue française a été choisie par nous-mêmes pour être un instrument idéal, le véhicule qui nous permet de communiquer aisément avec des millions d’êtres humains et de lancer, de par le monde, notre propre message. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 104 et 127)

Raymond Chasle (Brisée-Verdière, Ile Maurice, 1930-1996)
Etudes à Londres. Diplomate de haut niveau. Métis et poète à la manière de Mallarmé et d’Apollinaire.
« La langue française m’a permis de résoudre mes tensions intérieures, de transcender mes écartèlements. Langue de toutes les succulences et de toutes les résonances, elle est, pour moi, le support privilégié de la mémoire, de la connaissance et du combat. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 104)


MONDE ARABE

Jean Amruche (Kabylie, 1906-1962)
Poète et essayiste. Se voulait être un pont entre les communautés algérienne et française.
« Ses rigueurs (du français) satisfont un besoin essentiel de mon esprit. Sa souple, sévère, tendre et quasi insensible mélodie, touche, éclaire, émeut mon âme jusqu’au fond. »
(Le Figaro littéraire, 13 avril 1963)

Mohamed Dib (Tlemcen, 1920)
Romancier et poète. regard lucide sur le monde et les siens.
« (Le français), c’est le véhicule idéal d’une pensée qui cherche, à travers les réalités locales, à rejoindre les préoccupations universelles de notre époque. »
(« Florilège de la langue française », par Xavier Deniau, Evreux, Ed. Richelieu-Senghor, 1988)

Tahar Djaout (Algérie, 1954-1993)
Prix Méditerranée 1991. Assassiné à Alger, le 2 juin 1993.
« L’écrivain n’use-t-il pas inévitablement d’une langue différente, d’une langue de l’étrangeté… empruntant les détours d’une langue non natale, aller plus loin dans l’exil et, partant, dans l’aventure. »
(« La Quinzaine littéraire », Paris, 15 mars 1985)

Assiaz Djebar (Cherchel, 1936)
Romancière et cinéaste.
« Il y a un pont à établir… du français conceptuel à l’arabe luxuriant, il y a quelque écho commun, mais si fragile, si secret… une fluidité, une coulée qui est à la fois française et arabe. »
(Dans « La Voix au cœur multiple », op. cit., p. 54) + Anth. Nathan (p. 376-7)

Malek Haddad (Constantine, 1927-1978)
Poète et romancier. déchiré de ne pouvoir écrire en arabe.
« Je suis en exil dans la langue française. Mais des exils peuvent ne pas être inutiles et je remercie sincèrement cette langue de m’avoir permis de servir ou d’essayer de servir mon pays bien aimé. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 126)

Mouloud Mammeri (Kabylie, 1917-1989)
De sa langue maternelle berbère au roman français. Auteur de « La Colline oubliée » (1952). Mort accidentelle.
« Le français n’est pas ma langue maternelle. J’ai eu bien du mal à apprendre l’imparfait du subjonctif antérieur. Or si je veux m’exprimer, je ne peux le faire que dans cette langue. On peut être nationaliste algérien et écrivain français. Je crois, d’ailleurs, qu’avec l’indépendance, la langue française prendra un nouvel essor. Elle ne sera plus l’instrument d’une coercition, la marque d’une domination. Elle sera le canal de la culture moderne. Pour moi, je n’envisage pas d’écrire jamais dans une autre langue. »
(Le Figaro littéraire », 31 décembre 1955 et « Témoignage chrétien », 24 janvier 1958)
« La langue française est pour moi un incomparable instrument de libération, de communion ensuite avec le reste du monde. Je considère qu’elle nous traduit infiniment plus qu’elle nous trahit. »
(« France Information », n° 122, Paris, 1984)

Khalida Messaoudi
Pour elle, comme pour beaucoup d’autres, la résistance au terrorisme islamique en terre d’Algérie se fait d’abord en langue française.
« Bien sûr, j’avais déjà étudié Nedjma (de Kateb Yacine) sans le comprendre vraiment. J’ai écouté cet homme (Guenzet) parler dans un français exceptionnel et nous lancer : « Le français, c’est un butin de guerre . » Pour la première fois, je me suis mise à réfléchir en français, mais plus comme à la langue donnant accès aux textes de littérature ou de philosophie. Je m’interrogeais sur son statut en Algérie. Je me suis rendu compte que Kateb –comme Mouloud Mammeri ou Mohamed Dib et d’autres- l’avait utilisé, lui, comme arme de combat contre le système colonial, comme arme de conceptualisation. Dès lors je ne trouvais plus seulement naturel de parler français, je me disais : « C’est génial, je suis en train de me l’approprier comme un instrument. Jamais je ne laisserai tomber ça. » Vois-tu, c’est cette Algérie-là pour laquelle je me bats, une Algérie où il est possible d’être en même temps berbérophone, francophone et arabophone, de défendre le meilleur des trois cultures. Le message de Guenzt se trouvait dans cette vérité, et ma mémoire l’a enregistré pour toujours. »
(« Une Algérienne debout », Flammarion, 1995, coll. J’ai lu, p. 81-82)

Kateb Yacien (Constantine, 1929-1989)
D’une renommée internationale avec « Nedjma » (1956) au théâtre en langue arabe.
« La plupart de mes souvenirs, sensations, rêveries, monologues intérieurs, se rapportent à mon pays. Il est naturel que je les ressente sous leur forme première dans ma langue maternelle. Mais je ne puis les élaborer, les exprimer qu’en français. Au fond, la chose est simple : mon pays, mon peuple sont l’immense réserve où je vais tout naturellement m’abreuver. Par ailleurs, l’étude et la pratique passionnées de la langue française ont déterminé mon destin d’écrivain. Il serait vain de reculer devant une telle contradiction car elle est précieuse. Elle consacre l’un de ces mariages entre peuples et civilisations qui n’en sont qu’à leurs premiers fruits, les plus amers. Les greffes douloureuses sont autant de promesses. Pourvu que le verger commun s’étende, s’approfondisse, et que les herbes folles franchissent, implacables, les clôtures de fer. »
(« Revue internationale de culture française », op. cit.)

Tahar Ben Jelloun (Fès, 1944)
Immense écrivain international. Poète, romancier et essayiste. Pris Goncourt (« La Nuit sacrée »). Chroniqueur au « Monde ».
« Qu’importe l’encre, la couleur des mots, le regard des mots ; et si ces mots sont de France, ils viennent de toutes les langues françaises que nous écrivons ici et ailleurs. »

Héli Béji (Tunisie, 1948)
« Une langue n’est jamais neutre, fut-elle de naissance ; elle n’est qu’une traduction étrange de l’intensité de la réalité. »
« La Quinzaine littéraire, Paris, 16 mars 1985)

Abdelwahab Meddeb (Tunisie, 1946)
« Faire pénétrer dans la langue française une respiration sémitique spécifique… décentrer la langue française, lui insuffler un expir arabe, de quoi lu donner des accents inouïs, inattendus, imprévus. »

Albert Memmi (Tunis, 1920)
Vit à Paris. Psycho-sociologue et romancier. (« La statue de sel », 1953).
« J’essayais de prononcer une langue qui n’était pas la mienne, qui, peut-être, ne la sera jamais complètement, et pourtant m’est indispensable à la conquête de toutes mes dimensions. »
(Dans « La Voix au cœur multiple », op. cit., p. 78)
Abdelaziz Kacem (Bennane, Tunisie, 1933)
Agrégé d’université, critique, écrivain bilingue.
« J’ai expliqué que l’arabe et le français étaient pour moi l’endroit et l’envers d’une même étoffe, que l’une des deux langues était ma mère et l’autre ma nourrice, ce qui fit de moi pour Villon un frère de lai. »

Hector Klat (Alexandrie, 1888-1977)
Un des précurseurs, avec Charles Corm, dans l’expression littéraire libanaise.
« Mots français mots du clair parler de doulce France ;
Mots que je n’appris tard que pour vous aimer mieux.
Tels des amis choisis au sortir de l’enfance ;
Mots qui m'êtes entrés jusqu’au cœur par les yeux. »
(« Le Cèdre et les lys », 1934, couronné par l’Académie française)

Georges Schéhadé (Beyrouth, 1910-1989)
Une des grandes voix des lettres françaises en poésie et au théâtre.
« Tout petit, j’avais le goût des mots, j’étais en dixième, je crois, quand j’ai entendu pour la première fois le mot « azur », j’ai trouvé ça « extraordinaire »… « azur »… je l’ai emporté avec moi dans mon cartable. »
(Entrevue dans « Le Monde », par Claude Sarraute, 26 novembre 1967)

Salah Stétié (Beyrouth, 1929)
Grand prix de la francophonie 1995.
« Miracle de ceux-là qui viennent au français avec leur arabité ou leur négritude, leur asiatisme ou leur insularité, leur expérience autre de l’Histoire et du monde, leurs autres mythologies, avec leurs dieux ou leur Dieu, salés par les océans qui ne sont pas les mers frileuses d’ici, mers d’Europe bordant le plus grand pourtour de l’Hexagone. Ils savent ceux-là que le français, langue des Français, n’est pas, n’est plus le trésor des seuls Français. »
(Dans André Brincourt, op. cit., p. 103)

Vénus Koury-Ghata (Beyrouth, 1937)
Inspiration poétique et expérience de femme.
« Le français est pour moi un compagnon fidèle, clef des fantasmes, gardien contre les dérapages et la solitude dans un pays qui n’est pas le mien. L’Arabe, c’est l’autre, drapé de mystère. Il emprunte ma plume… Il revient quand bon lui semble, entre les lignes, au détour des pages. Ses passages sont fugaces. »
(Dans André Brincourt, op. cit., p. 104)

Amin Maalouf (Beyrouth, 1949)
Une des voix qui montent en France et recueillent tous les suffrages. Auteur des « Identités meurtries » (Paris, Grasset, 1998)
« Le fait d’être chrétien et d’avoir pour langue maternelle l’arabe, qui est la langue sacrée de l’Islam, est l’un des paradoxes fondamentaux qui ont forgé mon identité… Je bois son eau et son vin, mes mains caressent chaque jour ses vieilles pierres, jamais plus la France (où il vit depuis l’âge de 27 ans) ne sera pour moi une terre étrangère. »

Andrée Chédid. (Le Caire, 1920)
Vit en France par choix. Y brille par sa poésie. Formée en partie à l’Université américaine. Premier poème en anglais.
« Par choix, par amour de cette cité (Paris). Sa pulsation, sa liberté, sa beauté m’ont marquée très jeune d’une manière indélébile. »
(Dans « Questions de français vivant », n° 4, Bruxelles, 1984)

Albert Cossery (Le Caire, 1913)
Vit à Paris depuis 1945. N’a jamais demandé la nationalité française. Décrit une Egypte marginale.
« Je n’ai pas besoin de vivre en Egypte ni d’écrire en arabe. L’Egypte est en moi, c’est ma mémoire. »
(Dans André Brincourt, op. cit., p. 16)

Georges Dumani (Egypte, 1882)
Fondateur de l’hebdomadaire « Goha ».
« C’est qu’ici et là on aime la fine clarté, l’intelligence compréhensive, l’ordonnance rythmée de la pensée et du style, l’enchâssement harmonieux des mots dans le tissu des phrases : c’est qu’ici et là –quelle que soit la diversité du génie et de la race- on a le goût de la vérité, le sens de l’ironie et le culte de la tendresse. »
(Dans « L’Egypte, passion française », par Robert Solé, Seuil, 1997, p. 234)

Edmond Jabès (Le Caire, 1912-1991)
Grande notoriété dans la littérature française contemporaine. Quitte l’Egypte à l’arrivée de Nasser, en 1957.
« Mon attachement à la France date de mon enfance et je ne pouvais m’imaginer habitant ailleurs. »
(Dans « Questions de français vivant », op. cit.)

Elian J. Fibert (Jaffa, 1899-1977)
A chanté les animaux et son pays, Israël. Grand Prix Princeton pour l’ensemble de son œuvre.
« Voici des Musulmans, des Arméniens, des Juifs, des Syriens et bien d’autres. Familles d’esprit aux contrastes et aux oppositions innombrables, mais qui se sont pliés à une même règle et ont accepté une discipline semblable, celle de la langue et de la culture françaises. Peut-être, cette langue et cette culture, touchent-elles en moi ce que nous avons en commun, nous autres riverains de la Méditerranée, je veux dire le goût pour les idées pures, pour la raison. »
(« Revue internationale de culture française », op. cit.)

Naïm Kattant (Bagdad, 1928)
Né dans la communauté juive de Bagdad. Emigré au Québec, en 1954. Chef de service des lettres et de l’édition des Arts du Canada.
« Si, à vingt-cinq ans, j’ai choisi Montréal comme nouvelle patrie, c’est qu’on y parle français. Aussi, à travers les civilisations, j’adopte une langue et un pays autres que les miens et je garde mon nom. Je ne subis pas mon destin et ma mémoire, je les accepte et je signe mon nom. »
« Le Repos et l’Oubli », essai, Québec, Méridiens Klincksieck, 1987, p. 121 et 196)

André Chouraqui (Aïn Temouchent, Algérie, 1917)
Résistant en France. Maire adjoint à Jérusalem. Traducteur de la Bible et du Coran en français, « une lecture décloisonnée, non confessionnelle » qui, grâce aux « libertés que permet l’éclatement actuel de la langue française, abolit les frontières et lance un pont entre des religions et des confessions fondées sur les réalités essentielles ».
« Ma langue maternelle, avant l’hébreu, était l’arabe. Nous ne parlions que cette langue, qui fut celle de nos plus grands théologiens, dans notre maison, comme dans les rues animées par nos jeux. »
Dans « Le Journal d’un mutant » par Joseph Boly, CEC, Bruxelles, 1987, p. 89)


AMERIQUE – ASIE

Julien Green (Paris, 1900)
Ecrivain américain de langue française. Un monument de notre littérature.
« Ma vraie personnalité ne peut guère s’exprimer qu’en français ; l’autre est une personnalité d’emprunt et comme imposée par la langue anglaise (et pourtant sincère, c’est le bizarre de la chose). Cette personnalité d’emprunt, je ne puis la faire passer en français que fort ma-laisément : elle ne semble pas tout à fait vraie. »
(« Journal » (1943-1945), Plon, 1949, p. 160, 16 sept. 1944)

Hector Biancotti (1930)
Argentin d’origine italienne. Venu en France, à Paris (1963) pour être écrivain français. Membre de l’Académie française. Chroniqueur au « Monde ». Premier roman en français « Sans la miséricorde du Christ » (Gallimard, 1985).
« J’entends les nuances du français, c’est une langue plate, très uniforme au point de vue de l’accent, mais il a la richesse des diphtongues et des différents « e » aigu, accent grave, et cette mystérieuse richesse qui est le « e » muet. Il faut que la phrase soit bien balancée. Pas toutes. On apprend, en écrivant beaucoup de pages, qu’il ne faut pas tomber dans la mélopée. Il faut casser le rythme. Vous avez cédé pendant vingt lignes à la phrase longue et à la mélopée, alors il faut tout à coup faire des phrases courtes. Certains appellent ça la technique. C’est comparable à la musique. »
« Le Magazine littéraire », septembre 1995)

Adolfo Costa du Rels (Corse, 1891)
Romancier et auteur dramaturge bolivien. Ecrivain bilingue.
« Je t’ai donné une culture française afin de perpétuer dans notre famille une tradition qui est une sorte de patrie mentale. Je vous passe le message de mon père. » (à son fils).
(« Revue internationale de culture française », op. cit.)

Armand Godoy (La Havane, 1880-1964)
A changé de langue à quarante ans pour devenir poète français dans la langue de Baudelaire.
« Depuis que je t’ai découvert
Ton livre jamais ne me quitte
Il vit en moi, toujours ouvert,
Comme un missel de cénobite. »
(« Stèle pour Charles Baudelaire »)

Ventura Garcia Calderon (Paris, 1887-1959)
Né péruvien, à Paris. Fut ministre du Pérou. Ecrivit dans les deux langues en cultivant un grand amour pour la France.
« Me suis-je trompé avec tant de spectateurs universels en venant ici à vingt ans, orphelin ingénu, comme le pauvre Gaspard de Verlaine, prendre place dans ce que l’ancêtre Calderon appelait « le grand théâtre du monde » ? Tout le problème de la culture française et des origines de son génie se posait naturellement à moi. pendant que des soldats nocturnes dévalisaient la France, je faisais, sans pouvoir dormir, l’inventaire de son génie. »
(« Cette France que nous aimons », Paris, Editions H. Lefèbvre, 1942)

Nguyeng tien Lang (Nord, 1909-1976)
Prisonnier du Viêt-Minh (1945-1951). « Les Chemins de la révolte » (1953).
« C’est dans nos fibres les plus profondes que cette empreinte de la France nous a marqués pour toujours, et pourtant nous restons encore et toujours nous-mêmes ; ou, pour ainsi parler, ni tout à fait nous-mêmes, ni tout à fait français ! C’est cela qu’on appelle la synthèse ! Si c’est cela, c’est bien doux à certaines minutes, mais c’est très souvent déchirant. »
(Dans « La Voix au cœur multiple », op. cit., p. 149)

Vo Long-Tê (Sud, 1927)
Ecrit en vietnamien et en français. Baptisé catholique en 1952. Interné en 1975-1977. Au Canada depuis 1991. Traducteur de Paul Claudel. Admirateur de Rimbaud et du poète lépreux Han-Mac-Tu. A servi la poésie française qui lui a permis de rester lui-même dans l’épreuve.
« Reverrai-je bientôt ma lointaine patrie ?
Elle est toujours en moi durant toute ma vie,
Attachée à jamais à la vietnamité. »
(« L’Univers sans barreau », 1991)

A ces auteurs qui se sont exprimés, il conviendrait d’ajouter tous les autres, innombrables, et de plus en plus nombreux, ces dernières années.
Laissons de côté les écrivains d’Afrique noire, des Antilles et de l’Océan Indien ainsi que ceux du Monde arabe et de l’ancienne Indochine, ils sont légion. Nous ne pouvons que renvoyer aux anthologies et histoires littéraires.
Certains pays non francophones et non colonisés par la France entretiennent une littérature presque continue en langue française. C’est le cas de :

Flandre : Charles de Coster, Michel de Ghelderode, Georges Eechoud, Max Elskamp, Franz Hellens, Werner Lambersy, Maurice Maeterlinck, Françoise Mallet-Joris, Félicien Marceau, Camille Melloy, Jean Ray, Charles Van Lerberghe, Liliane Wouters, Pau Willems .

Roumanie : Constantin Amarui, Princesse Bibesco, Adolphe Cantacuzène, Comtesse Anna de Noailles, Petru Dimitriu, Mircea Eliade, Benjamin Fondane, Virgil Gheorghiu, Luca Gherasim, Isidore Isou, Panaït Istrati, Tristan Tzara, Hélène Vacaresco, Horia Vintila, Ilarie Voronca.

Russie : Arthur Adamov, Victor Alexandrov, Nelle Bielski, Alain Bosquet, Hélène Carrère d’Encausse, Christian Dédeyan, Georges Govy, Joseph Kessel, Zoé Oldenbourg, Nathalie Sarraute, Boris Schriber, Elsa Triolet, Vladimir Volkoff, Vladimir Weidké.

Grèce : Alfred Cohen, André Kedros, Gisèle Prassinos, C.P. Rodocanouchi, Georges Spyridaki, Nikos Zazantzaki.

Italie : Louis Calaferte, Gabriele d’Annunzio, Lanza Del Vasto, Geneviève Genari.

Espagne : Arrabal, Salvador de Madiaraga, Luis de Villalonga, Picasso.

Egypte : Amouar Abdel Marek, Albert Adès, Faouzia Assad, Georges Cattauï, Georges Henein, Albert
Josipovicci, Joyce Mansour, Filippo Marinetti, Out El-Kouloub, Robert Solé, Gaston Zananiri.
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La poésie ,dans tous ses états

Etat de la poésie en Francophonie

 

 

 

 

Aujourd’hui en France plus de 100 000 personnes écrivent des poèmes , en rajoutant les pays  Francophones et les autres pays lisant le Français , nous sommes  500 000 individus à griffonner de la poésie  , 50 000 ayant publié au moins un recueil . Dans ce lot de poèmes, combien sont-ils poètes ? Il ne suffit pas d’aligner des mots les uns après les autres, il faut leur donner un sens, une âme  vibratoire, un schéma technique pour poser sur le grand miroir de la vie, des mots d’espoir ou de souffrance.

 

Qui n’a pas écrit au moins un poème dans sa vie ?

 

L’adolescent qui couche sur le papier ses angoisses, ses premiers pas vers l’amour. La personne plus âgée qui écrit pour ses enfants, petits enfants …

 

Mal aimée du public

 

 

La lecture de la poésie demande une attention, une réflexion, une recherche qui sont absentes dans un roman à l’eau de rose, qui se boit d’une seule traite.

 

 

La poésie structurelle ou de laboratoire

 

Les trois quart des poètes qui publient en recueil sont incapables de donner une définition de leurs textes  ou alors ils balbutient une réponse comme : émerveillement, la lumière, narrateur …

 

Conseils à un débutant

 

Proposer  des textes aux revues de poésie, en choisissant, ne pas expédier à l’aveuglette, consulter celles qui prennent les nouveaux auteurs. La publication régulière permet de lire les poètes d’aujourd’hui, les courants d’affinités. En lisant les revues vous obtiendrez des adresses utiles, des conseils. Au bout de quelques années, vous pourrez peut être publier un recueil (en évitant de tomber dans le compte d’auteur abusif)

 

L’édition en poésie

 

 

Il existe deux types d’éditeurs :

-          éditeur à compte d’éditeur, un vrai éditeur qui prend des risques, l’auteur n’a rien à payer et il touche des droits d’auteur

-          éditeur à compte d’auteur, l’auteur,  doit débourser (parfois une somme d’argent incroyable) il y a de nombreux éditeurs dans ce domaine, certains honnêtes, et de véritables voyous. Bien faire attention, demander conseils …

 

L’édition à compte d’auteur

 

L’édition à compte d’auteur est florissante, chaque semaine, un nouvel éditeur arrive sur le marché ? Quand vous voyez une annonce «  nous sommes à la recherche de nouveaux auteurs «  méfiez-vous ? Il ne faut pas tomber dans le piège, qui en général est bien préparé. Pour plus de renseignements sur le sujet contactez : l’oie plate BP 17 94404 Vitry cedex, qui vous donnera de nombreux renseignements : sur les revues de poésie, les éditeurs de poésie, une sélection de revues et d’éditeurs.

 

 

L’éditeur de poésie

 

 

L’éditeur  bien installé comme : Gallimard, Grasset, Seuil, édite des auteurs confirmés, qui sont parfois aussi des romanciers de la maison. Quasiment pas de place chez eux pour un poète débutant.

Le petit éditeur ou la micro-édition publient des débutants, font un travail sérieux, vous donne des conseils en cas de refus.

 

 

Le problème de la poésie

 

La diffusion en librairie

 

 

La poésie n’est pas morte

 

Vu le nombre de personnes qui écrivent , plus la société avance dans la richesse ( pour un petit nombre ) l’injustice , atteinte à la démocratie , la misère dans le monde , nombreux sont les poèmes écrits .

 

En conclusion

 

Il suffirait  que chaque poète achète (en plus du public) un recueil  par an et tout pourrait changer le comportement des éditeurs, ils publieraient de nombreux recueils  et les diffuseurs  feraient leur travail.

 

Ne pas oublier de publier sur internet ,qui offre de nombreux sites  de poésies.

 

 

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Le Collège de Belgique invite le Collège de France

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LogoCollegeFrancemailing9328.jpgLogoinscriptionsCB8311.jpgLogoinscriptionsAcademiefondblanc8310.jpg 

À l'occasion d'une session exceptionnelle, le Collège Belgique reçoit un invité de marque, le prestigieux Collège de

France, son parrain. Pendant huit heures, réparties en trois thèmes durant l'année, des professeurs viendront

partager leurs connaissances au Palais des Académies. Et, à Bruxelles comme à Paris, ces cours sont ouverts

à tous, sans inscription préalable. Voici le programme du mois de février...

Organisé par l'Académie royale de Belgique et l'Université libre de Bruxelles, en partenariat avec les universités de la Communauté française de Belgique.

 

 
Les formes du visible
Philippe Descola, Chaire "Anthropologie de la nature"
Première leçon          09 février
Deuxième leçon        10 février
Évolution du climat et de l'océan
Édouard Bard, Chaire "Évolution du climat et de l'océan"
Leçon inaugurale (décembre 2010)
 
Première leçon            16 février
Deuxième leçon          17 février
 

Toutes les leçons sont en accès gratuit et commencent à 17 heures.


       ADRESSE

Palais des Académies
Rue Ducale 1, 1000 Bruxelles

 

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administrateur théâtres

Le Masque du dragon ( au théâtre des Martyrs)

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 Deux couleurs de peau. L’une : caramel doré, l’autre : un

 mystérieux brun violacé ; coiffures en turbans assortis, mais

 ô combien différentes! 

 

 Deux âges différents, l’une jeune, l’autre : une  bonne

 dizaine d’années au-dessus, et elle vient de débarquer.

 

 Deux ethnies opposées qui se sont livrées à des massacres

 sans merci. 

 

 Et les voilà, catapultées  ensemble quelque part en Occident,

 avec le projet utopique de faire la guerre à la guerre, par

 la magie du verbe. C’est la seule chose qu’elles savent

 faire. 

 Réfugiées dans un pays où il pleut du gris, elles vont

 exploiter leur métier  de conteuses chatoyantes,  chacune

 avec son bagage, lourd pour la nouvelle arrivante, léger pour

 l’autre. 

 

 Chacune étale ses trésors, à gauche et à droite de la scène. 

 Chacune fascine totalement, si bien qu'on en oublie l'autre!

   

 

 Elles vont surtout devoir s’entendre, travailler  ensemble

 alors que tout les sépare. Dans leur jeu, elles seront femme

 ou homme, ou femme déguisée en homme... 

 

 La dernière arrivée, sursautant devant l'existence

 d'un  micro, comme si on lui volait son âme,  découvre que

 chez nous ... 

 il y a l’internet, la télévision, des cinémas, des acteurs

 qui, sans conter,  incarnent des rôles où ils ne sont plus

 « eux » sur nos scènes. Comment peuvent-ils bien faire?

 Elle pense qu'un  public si gâté par le virtuel doit

 être inaccessible et ne sera pas intéressé.

 C'est elle qui veut arrêter maintenant. Sa

 rivale lui saute à la gorge et lui répète sauvagement ses

 propres paroles du début: "Dis-moi,

 qu'est-ce que tu auras fait pour arrêter la guerre? "

 

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 Elles se disputeront sans vergogne, jusqu’à ce que les deux

 versions diamétralement opposées  de la même histoire

 ancestrale finissent par correspondre.

 Car même les histoires s’affrontent: d’une part, il y a une

 histoire du fâmeux masque du dragon, basée sur le rêve, le

 mythe, la métaphore, de  l’autre, une  histoire fichée dans

 la réalité de la  misère journalière  pleinement vécue.

 

 

 Conter, dire, verbaliser, c'est la seule chance contre la

 guerre. Sur ce point elles sont d'accord.

 Elles ont toutes deux secrètement juré que le masque du

 dragon serait donné à la femme, quoique l’homme en dise. Ce

 talisman va les rendre invincibles, arrêter enfin la guerre,

 et le massacre absurde et cruel des enfants. 

 

 C’est une sagesse profonde et une force monumentale qui les

 feront dépasser leur  inconfort de réfugiées,leur

 méconnaissance des moeurs occidentales, leurs affrontements

 mutuels, basés  sur  la haine ancestrale des Tribus des

 collines contre celle  des Tribus des lacs, auxquelles

 chacune  d'elles appartiennent.  Le ciel contre la

 fange. 

 

 Toutes deux sont attachantes et criantes de vérité.

 Découvrir et porter le   masque du dragon, c’est être capable

 de se calibrer sur   l'autre et se  métamorphoser magiquement

 en tout être ou créature terrestre différente, cependant

 que  l'on reste  entièrement « soi » !

 

 Toutes deux ont raison dans leurs approches de l’histoire,

 toutes deux finiront par s’entendre, se répondre, se fondre

 sans se confondre…

 ...en une impressionnante figure mythique,ni femme,ni

 homme, centrée au  milieu  du plateau, apaisée, réconciliée.

 

 Circulant dans cette pièce étrange, il y a des choses, des

 vibrations  mystérieuses et émouvantes, du mouvement,  des

 gestes de magie,

 du  symbolique,  du chant, de l'argile que  l'on pétrit à la

 rencontre de l'âme,  de la  voix et du corps qui font battre

 nos cœurs un peu plus vite,  un  peu plus juste.

 

Du 12 au 23.01.11

Le Masque du dragon                                       au théâtre des Martyrs

De Philippe Blasband, mise en scène Hélène Theunissen, avec Babetida Sadjo et Awa Sene Sarr.

Cie Mekeskidi asbl à l’Atelier du Théâtre des Martyrs en coproduction avec le Théâtre en Liberté.

 

pl. des Martyrs 22 - 1000 Bruxelles
Tél : 02-223.32.08
Email : theatre.martyrs@busmail.net
Site web : http://www.theatredesmartyrs.be

 

Et du 15 au 24 février 2011

Théâtre Blocry
Ferme de Blocry
Place de l'Hocaille
1348  Louvain-la-Neuve     http://www.atjv.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=443

 

 

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Expo : LA CONSCIENCE DU PAYSAGE. Phase 1 : LE NUCLEAIRE
Cécile Massart
04.02 > 27.03.2011

Vernissage 3 février 2011 à 18h30

CIVA hors les murs - Espace Architecture La Cambre Horta, ULB
19bis Place Flagey - 1050 Bruxelles
info@civa.be


Organisée par le CIVA en collaboration avec la Faculté d'Architecture La Cambre Horta, ULB.

Le questionnement de Cécile Massart, artiste plasticienne, sonde notre conscience. «Comment transmettre quelque chose qui nous dépasse et qui pourtant dépend de nos choix ?» Ce quelque chose est le résultat d’un siècle de production nucléaire. Cet aspect, guère édifiant, de notre patrimoine nucléaire, doit être assumé et transmis aux générations suivantes. Quelle politique  adopter pour l’avenir ? Cette question, essentielle, passionne Cécile Massart depuis plus de dix ans.

Notre siècle s’apprête à stocker les résidus du nucléaire. A l’avenir, ces résidus permettront d’identifier notre culture, nos modes de vie. Ils donneront aux générations futures des clés de lecture. Ils constituent en quelque sorte les «archives du futur».

La réflexion artistique de Cécile Massart interpelle. Quel patrimoine voulons-nous transmettre?
Quelle conscience peut-on avoir des dangers que notre production actuelle représente pour l’avenir ? Par son travail protéiforme, Cécile Massart touche, éveille et suscite la curiosité.  L’énergie pour emblème, notre siècle patauge quant au sort à réserver à cette volumineuse déchetterie. Ces sites, jusqu’ici couverts d’opprobre, pourraient à l’avenir être les lieux d’une réappropriation citoyenne grâce à l’expression artistique.

Grâce à l’image, l’artiste montre ces énormes ouvrages où gisent les déchets radioactifs. Ces sites ne doivent pas être camouflés ou recouverts sans être marqués pour les générations suivantes. L’œuvre réflexive de l’artiste se fait le porte-voix d’un « Non » universel au camouflage des sites.

Elle obtient les autorisations pour photographier ces sites à travers le monde.  Qu’ils soient nichés dans de vastes montagnes ou retirés dans des zones désertes, ils inspirent et stupéfient l’artiste. Prolifique, elle expose en divers endroits du monde et tente, par son regard, de sensibiliser chacun de nous. Elle invite les organismes de gestion des déchets à réfléchir aux moyens de signaler les sites. Ainsi, notre génération transmettra aux suivantes un héritage assumé. Par la photo, la gravure, la sérigraphie, les installations vidéo et l’étude de marqueur ou «archisculptures», elle offre des pistes de réflexion et pose un regard engagé sur les sites de déchets radioactifs. L’idée de réinvestir ces terres d’accueil est lancée. Un appel à la responsabilisation mais, surtout, naît ici un nouvel espace collectif pour la création contemporaine.

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Lancement du 19e appel à projets du Fonds francophone des inforoutes    
Date limite : 4 mars 2011

Les soumissions de projets pour le Fonds francophone des inforoutes dont la mission est de favoriser l’appropriation et l’usage des technologies dans les pays du Sud et d’Europe centrale et orientale peuvent être déposées jusqu’au 4 mars 2011.

Ayant pour objet la production multilatérale de contenus et/ou d’applications numériques francophones, les projets soumis au Fonds des inforoutes doivent impérativement s’inscrire dans l’un des domaines suivants : • promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique ; • promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme ; • appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche ; • développer la coopération au service du développement durable et de la solidarité.

Conformément à la Déclaration du Sommet de Québec et à sa résolution sur la promotion de la langue française, le Fonds francophone des inforoutes accordera une place importante aux projets qui favorisent l’accessibilité et la visibilité des ressources numériques valorisant la langue française et son rayonnement.

Les projets portés par ou au bénéfice des femmes et/ou des jeunes sont encouragés et recevront une attention particulière.

Le choix des projets qui recevront une subvention à l’issue de ce 19e appel interviendra au cours de la deuxième semaine du mois de juillet 2011.

Pour améliorer la présence du français dans l’univers numérique et répondre aux besoins des pays en développement, l’Organisation internationale de la Francophonie soutient la production de contenus et d’applications numériques au moyen du Fonds francophone des inforoutes. Ce Fonds a pour mission de promouvoir les TIC dans les pays du Sud et d’Europe centrale et orientale en finançant, à la suite d’appels à projets, des initiatives multilatérales de production de contenus et applications francophones s’inscrivant dans les grandes orientations de la Francophonie.

Le Fonds francophone des inforoutes a financé 214 projets sur les 1773 reçus depuis 1998 avec une moyenne de subvention des projets d’environ 80 000 euros.

Documents à télécharger

  • Guide du proposant 2010/2011 - 19e appel à projets (format pdf, 400 Ko) : ce document présente les informations relatives à la mission et aux objectifs du Fonds des inforoutes ainsi que les conditions d’éligibilité et de sélection du 19e appel à projets
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