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Les allées de la tentation

Songerie

Dieu omniprésent, qui voit tout,
N'intervient pas, il laisse faire.
Lors chacun vaque à ses affaires,
Voulant les mener jusqu'au bout.

Les allées de la tentation
Sont emplies de biens désirables.
Or s'en emparer rend coupable;
Le savoir et faire attention!

Les jardiniers, qui s'y activent,
Se gardent d'être soupçonnés
De glaner ou de détourner
Des graines de ce qu'ils cultivent.

On peut recevoir un cadeau
D'une origine frauduleuse
Et qui ne semble pas douteuse,
Quand la prudence fait défaut.

Saurait en parler La Fontaine.
Il consacra son grand talent
À rendre avisé, méfiant.
Mais garda une joie certaine.



31 janvier 2017

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administrateur théâtres

***** DANS MA TETE *****

Textes et interprétation : Rubina 

Elle est … Belle! Elle dansait dans sa tête… Elle avait 5 ans et débarquait ans un monde qui n’était pas le sien. Elle racontera tout cela, à cause d’une fêlure dans son horizon. Pendant la conférence sur la différence de nos codes d’accès à la réalité, sur nos stratégies de défenses, sur le fonctionnement de notre cerveau, elle est saisie par message étrange qui s’affiche sur son Iphone : « Je suis ton père et je suis dans la salle ! » Le choc ! Cette phrase fortuite dérange toute l’architecture de son discours, embrase son cœur et fait jaillir des larmes au coin de ses yeux. Des yeux magnifiques, de véritables brasiers à peine maquillés qu’elle promène de visage en visage dans la salle comble qu’elle caresse et dont elle se nourrit. Une chevelure vivante qui appelle un océan de rêves et de voyages.

Nous sommes devant une expérience troublante. La dame improvise son texte, de concert avec  sa  frangine au clavier. T’es toi quand tu danses… C’est là qu’elle va, c’est son but ! De trace en trace, elle fait surgir les souvenirs et les apprivoise, comme une magicienne. Plus rien ne pourra lui faire mal. Elle a fait ce travail d’écoute de soi, de rencontre avec l’être profond, dionysiaque peut-être… mais elle a rencontré l’éternel enfant en nous, source de toute création.  Le magnifique jeu corporel, la belle diction, le port de princesse de sang royal, tout contribue à faire de ce spectacle chercheur de vérités, un cadeau inestimable pour chacun des spectateurs qui l’écoute avec le cœur. Elle donne des noms de sages qui ont l'art de  reconstruire... 

Elle questionne : « Quel est votre rôle sur le grand échiquier où nous avons besoin d’exister? »  Elle se bat contre des tendances acquises : « Quand tu auras un diplôme, de l’argent, un couple,  des enfants, une maison, des voyages, tu seras heureux ! » Elle barre la route aux chemins tracés d’avance. Elle redonne des aimants aux désirs… à la capacité de manger la vie. Une bonne fée, quoi!

Elle explique encore que les manques de l’enfance se retrouvent dans les désirs  que forment inévitablement les parents à propos de leurs enfants. Compensation, quand tu nous tiens ! Pire encore, elle disserte sur l’absence du père. Elle revient sur son éducation, sur ses diverses métamorphoses, sur ses retours aux sources de  la souffrance. Et de fil en aiguille, elle répare, elle restaure par la voix et le geste, elle écoute ses talents, et toute en haut de sa nouvelle pyramide, elle installe le pardon. Car pardonner aux autres, c’est être. C’est être heureux.

Summertime, and the livin' is easy

Fish are jumpin' and the cotton is high
Oh, your daddy's rich and your ma is good-lookin'
So hush little baby, Don't you cry

One of these mornings you're gonna rise up singing
And you'll spread your wings and you'll take to the sky
But 'til that morning, there ain't nothin' can harm you
With Daddy and Mammy standin' by

Summertime, and the livin' is easy
Fish are jumpin' and the cotton is high
Oh, your daddy's rich and your ma is good-lookin'
So hush little baby, Don't you cry

One of these mornings you're gonna rise up singing
And you'll spread your wings and you'll take to the sky
But 'til that morning, there ain't nothin can harm you
With Daddy and Mammy standin' by

Elle a chanté  « Summertime » en solo appuyée sur le mur des incompréhensions et maintenant, elle danse. Elle a repoussé les murs.  Et nous, on applaudit à tout rompre dans une salle bondée…Et puis comme des gosses de quatorze ans, on ira lui demander des autographes… pour la remercier du fond de l’âme.  Elle est ... Elle. 

https://www.laclarenciere.be/SAISON_2016_2017/trismestre2.htm

Dates:Du 26 au 28 janvier 2017

Où:La Clarencière
rue du Belvédère, 20 1050 Ixelles

Contact http://www.laclarenciere.be 
fabienne.govaerts@skynet.be 
02/640.46.76

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12273207297?profile=originalIl s'agit d'une importante oeuvre scientifique et scolastique de Bède le Vénérable (672 environ- 735 environ), l'infatigable moine anglo-saxon que le moyen âge célébra comme un de ses plus grands maîtres et honora du titre de Vénérable. A la demande de ses disciples, qui considéraient comme trop concises ses oeuvres précédentes: le "Livre sur le temps", bref écrit chronologique, et "De la nature des chose" dont le sujet traité était la cosmographie, ce traité fut rédigé vers 725-726 et dédié à l'abbé de son monastère, Hutbert. Les 65 premiers chapitres parlent de la division du temps, des heures, du jour, de la nuit, de la semaine et de ce qu'on appelait la "Grande Semaine" c'est-à-dire de l' âge du monde, et aussi des mois chez les Romains, les Hébreux, les Grecs, les Egyptiens et, par amour patriotique, les Angles: il traite également dans cet ouvrage des constellations, des phénomènes de la lune et des éclipses de cette planète, de son influence sur la mer, des équinoxes et des solstices, de l'inégale durée du jour, des quatre saisons, des années régulières selon les différents peuples, des années bisextiles, du cycle de dix-neuf ans et de sa division, de l' ère chrétienne, des indictions, des épactes, du cycle lunaire, de la détermination de la fête de Pâques.

Le long chapitre 66 constitue, à lui seul, presque un petit traité et porte un titre propre "Chroniques" ou "Les six âges du monde". La théorie de saint Augustin y est exposée; elle fut reprise par saint Isidore et, selon lui, l'histoire est divisée en six époques. La source fondamentale de ce texte est la "Chronique" d'Eusèbe avec les adjonctions de saint Jérôme; d'autres sources présumées sont les Chroniques de Prosper d'Aquitaine et de Marcellin, la plus importante chronique de saint Isidore et celle de Marius d'Avenches; on y trouve aussi quelques souvenirs du "Liber Pontificalis" d' Eutrope et d' Orose. Pour ce qui est de sa terre natale, Bède puisa beaucoup dans "L'histoire des anglais" de Gildas. Les chapitres 67-71, enfin, traitent de la venue du Christ, de l' Antéchrist, du jugement dernier et des deux derniers âges du monde (une fois toute vie disparue sur la terre); le septième, celui du "Sabbat éternel" et le huitième, "celui de la Résurrection", dans le triomphe de la possession de Dieu.
L'auteur éprouve la joie profonde de pouvoir offrir à son "humble fatigue", "au cours de l'inexorable et fluctuante marche du temps", cette fin opportune au sein de l'éternelle stabilité et dans l'immuable éternité du ciel. Le traité, qui eut comme
principale sources: saint Isidore, Macrobe et Pline l'Ancien, exerça une influence très grande sur tout le moyen âge et particulièrement dans le monde scolastique: pour les modernes, il représente la preuve évidente de l'extraordinaire érudition de
Bède, même dans le domaine des études strictement scientifiques.

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Ecriture

12273207080?profile=original

" Sur un horizon

Courent les mots des raisons

Qui s'évertuent à perdre

Dans un profond

Celui du sommeil ancien

Les vies partagées

Sans parfois ni sujet ni verbe

Les heures Clochemerle

De ces êtres animés

A vouloir l'herbe

Des prairies dénoncées

Et ainsi omettre

Sur l'infinie ligne

La courbure terrestre

Sur un fond céleste

L'épanouissement inouï

Voire sans nom

Pas de Dieu ni de religion

Ni passion, ni portion

L'espace libre de tous

Vivre ..."

***

E.D.

Carnets

Écriture prompte

08/2016

***

12273207662?profile=original

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administrateur littératures

Isis entre rêves et réalité du quotidien...

Isis entre le 13 novembre 2015 et le 22 mars 2016...

Isis et ses états d'âme, ses amours, son humour, ses angoisses,...

Mais qui est Isis de Saint-Cognac, notre belle rousse au tempérament de feu et quelles sont ces trois épreuves qui l'attendent?

Une curieuse messagère, un chat étonnant, un mystérieux amant, un perroquet volage, il était une fois un recueil, un second, ponctué de nouvelles, de réflexions et de courts poèmes baignant dans un contexte tendu de menaces terroristes. Notre héroïne et narratrice amoureuse de l'écrivain Joseph se retrouvera-t-elle au mauvais endroit au mauvais moment le 22 mars 2016?

Auteur de six romans et d'un recueil de nouvelles et de poèmes, chroniqueur et membre de l'Association des Ecrivains Belges de langue française, Thierry-Marie Delaunois vit à Bruxelles, cultivant depuis plus de trente ans sa fibre littéraire, offrant toujours une structure dramaturgique alliant narration et dialogues enlevés à ses récits souvent basés sur des faits de société, où toute la gamme des sentiments comme les feuilles d'automne déferle pour nous entraîner dans des aventures humaines souvent intenses aux couleurs très diversifiées. Les couleurs de la vie, toute une palette que ne renierait point un Rubens, plaisirs et sensations garantis.

Titre: Les trois épreuves d'Isis

Auteur: Thierry-Marie Delaunois

Genre: recueil de courts textes

Editeur: Edilivre-Aparis

Pages: 170

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Pluie froide JGobert.

Je marche, je chemine, je déambule sous cette pluie froide, sur les chemins familiers de cette ville endormie. Trottoirs empruntés si souvent ensembles, collés l’un à l’autre, main dans la main vers un avenir choisi. Fière d’être à tes côtés et heureuse de cette vie simple mais essentielle que nous construisions chaque jour un peu plus.

Ces promenades quotidiennes me sont maintenant douloureuses, pénibles mais elles m’obligent à émerger, sortir de ce vieux fauteuil, craquelé, fendillé et toujours collé à cette fenêtre détestable.

La ville me semble triste, blessée, meurtrie et j’en fais partie. Elle panse ses plaies noirâtres à grand coup de plâtre et de lumière artificielle. Je reste là à parler à mon silence. Muette sans exigence, parfois sans besoin.

Indifférente, ma mémoire revient et me joue des tours. Je revis ainsi parfois des instants, des bavardages, des papotages qui me faisaient rire et que tu aimais me dire. Précieux cadeaux d’une douleur accomplie.

Cette triste fenêtre qui s’embue encore si souvent m’accable. Des peurs insensées me transpercent le cœur. Le sentiment de rester là avec une vie cassée, obsolète que tu as emporté avec toi, mon plus grand déchirement.

L’avenir de cette histoire se vide, je n’arrive pas toujours à l’admettre. Il me glace et me tient à l’écart de moi-même. Vivre seule cette vie à deux me fait mourir de renoncement.

Ce mal infini répandu sur la terre a atteint mon être, mon âme. Le temps est pénible. Passent les saisons emportant peu à peu mes souvenirs. Combien de printemps, d’été, d’automne pour oublier cet hiver meurtrier.

 Malgré ce tourment, je veux croire à un futur meilleur, un monde sans haine, un monde d’amour, de joie.  

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Mystère de la providence!


Propos

Seules les vieilles personnes, quand elles sont restées lucides, identifient comme membres de leur famille les descendants de leurs proches vivant ailleurs et dont on parle. Or ceux-ci ne soucient que de leur cellule familiale. Les albums des temps anciens étaient augmentés et transmis. Ne nos jours, le temps présent importe seul.

Je sais fort bien, lisant son nom, qui est Me Antonin Lévy. Son bisaïeul, nommé Joseph, époux de la belle Rachelle et photographe à Mascara, était le neveu de Lalée Siksou, ma grand-mère.

Me Jérôme Karsenti est un membre de ma famille. Léa, qui fut sa bisaïeule était la nièce de Lalée et son fils Maurice fut le mari de ma cousine Gilberte Cohen Salmon, la tendre mamie de Jèrôme.

Devant se trouver face à face à propos de l'affaire Fillon, ces deux jeunes avocats sont tous deux mes petits cousins.

Mystère de la providence!

28 janvier 2017

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L'expression "bouc émissaire" est empruntée à un rite biblique, par lequel le peuple juif se débarrassait de toutes ses tensions internes en sacrifiant un bouc, chargé symboliquement des péchés de la communauté. Elle désigne aujourd'hui la victime innocente d'une persécution collective. Pour René Girard, toutes les cultures apparues au cours de l'Histoire ont eu pour fondement un même événement réel: la mise à mort d'un individu par une collectivité en crise; et c'est ce événement (travesti) que racontent les récits mythologiques. A cette thèse, un corollaire: parmi tous les récits sacrés, un seul texte -Les Evangiles- dénonce expressément le "mécanisme du bouc émissaire". D'où l'accusation d' ethnocentrisme" dont René Girard a été fréquemment l'objet, et dont il se défend ici.

Un mécanisme caché depuis la fondation du monde.

A l'origine de toute violence humaine, selon René Girard, se trouve le "désir mimétique", qui peut se définir ainsi: je ne peux désirer qu'à travers le désir d' autrui, lequel m'indique par son désir ce que je dois désirer. Tout désir est donc imitation plus ou moins consciente. Or, inévitablement, dès que deux ou plusieurs personnes polarisent leur désir sur un même objet, se constitue une "rivalité mimétique". Pour des rivaux que leur désir commun a rendus identiques, c'est la "crise d'indifférenciation".

Or, un ordre social se fonde sur des différences: de sexe, d'âge, de rang, etc. Si les rivalités mimétiques les abolissent (quand tous se mettent à désirer la même chose), le corps social est menacé de dissolution. Toutes ces tensions se cristallisent alors sur un "bouc émissaire", qui symbolise à la fois l'objet du désir commun et l'impossibilité de l'assouvir, et ce que l'on accuse d'avoir provoqué la crise. C'est "l' illusion persécutrice", à laquelle adhère parfois la victime elle-même, telle la sorcière qui réclame le bûcher. La foule, toutes catégories sociales confondues, déchaîne alors sa violence jusqu'au "meurtre collectif", par lequel tout le monde se trouve réconcilié: un ordre nouveau peut alors naître. Voilà comment joue, dans un premier temps, le mécanisme du bouc émissaire.

Et voici le second temps: la "sacralisation". Celui qu'on vient de massacrer devait, pour être responsable de tant de maux, posséder de bien grands pouvoirs. De plus c'est lui, qui, par sa mort, met un terme à la crise: "Tous les persécuteurs attribuent à leurs victimes une nocivité susceptible de se tranformer en positivité et vice versa." Les restes du lynché deviennent reliques; et la victime, ainsi investie d'une "fausse transcendance", devient héros, législateur mythique, ou même Dieu. De fait, il existe des "traditions parallèles" selon lesquelles Moïse, Romulus ou Zarathoustra auraient été lynchés par leur propre peuple. A ces victimes, le groupe reconnaissant sacrifiera d'autres victimes, parfois humaines, mais plus souvent animales ou purement symboliques, pour alimenter le sacré ainsi fondé, c'est-à-dire pour reproduire mimétiquement le meurtre originel. Telle est l'origine du rite sacrificiel. Le mythe officiel, lui, va se charger au contraire de faire disparaître toute trace de l'acte réel: "La culture humaine est vouée à la dissimulation perpétuelle de ses propres origines dans la violence collective." "Lire" la mythologie revient dès lors, pour René Girard, à mettre en lumière ce qui a été caché.

Comment lire les mythes.

Aucun document "historique", pas de problème: soit un poème de Guillaume de Machaut évoquant, au XIVe siècle, une épidémie et des Juifs empoisonneurs de rivières. N'importe quel individu sensé repère dans ce texte les traces d'une violence collective réelle (ici un massacre de Juifs), grâce à la présence de quatre "stéréotypes persécuteurs". D'abord l' "éclipse du culturel", c'est-à-dire la disparition momentanée des différences: on est tous égaux devant l' épidémie. Ensuite l'invocation d'une cause non naturelle à la crise: un crime (l'empoisonnement) qui remet en jeu les fondements du social: c'est le "stéréotype accusateur". Puis les critères pour choisir les futures victimes: leurs "signes victimaires"; ces signes sont les différences que le groupe social n'admet pas (contrairement à celles sur lesquelles il repose): ici, l'appartenance à une autre religion. Enfin "la violence elle-même" qui, déchaînée, aboutit au meurtre collectif.

Que se passe-t-il maintenant, si l'on applique cette grille de lecture à la mythologie? Et Girard de proposer une lecture à plat du mythe d' Oedipe: la crise indifférenciatrice, c'est la peste; l'accusation, celle d' inceste et de parricide; les victimaires sont la claudication et la provenance apparemment étrangère du personnage; reste la violence: Oedipe se crève les yeux avant de déguerpir. Dans de nombreux cas, le repérage des stéréotypes est plus délicat: le mythe peut transformer un lynchage en sacrifice volontaire de la victime, ou en meurtre involontaire commis par un seul personnage, voire en opération de sauvetage de la victime. La victime originelle peut se trouver scindée en deux personnages: le monstre (sphinge, dragon), qui prend sur lui l'indifférenciation, le crime et les signes victimaires; et le héros, meurtrier du monstre, qui délivre la communauté. Mais en dépit de ces variantes, le schéma reste applicable à tous les mythes de toutes les mythologies.

Le meurtre caché puis révélé.

Toutefois, c'est dans le sens d'une distorsion, d'un adoucissement croissants de la réalité originelle que va "l'histoire des mythes". Là où Homère narrait les "crimes des dieux", les mythes ultérieurs parleront à la limite d'une colère divine, voire d'un caprice divin. Platon ira jusqu'à prétendre imposer l'image d'un Dieu forcément bon. Quant à la critique moderne, structuraliste notamment, elle poursuit l'oeuvre de Platon en refusant, dans sa lecture des cultures "différentes", de voir la même insupportable violence originelle. Attitude que Girard qualifie d' "aveuglement schizophrénique".

A contre-courant de toutes ces falsifications se situent, selon Girard, les Evangiles. D'après lui, le texte biblique contient explicitement la "science des mythes". Le mécanisme du bouc émissaire (caché dans les autres textes fondateurs) s'y trouve révélé, par exemple lorsque Caïphe déclare devant l'assemblée des rabbins, afin de les décider à laisser sacrifier le Christ: "Qu'un seul homme meure pour que le peuple et la nation ne périssent pas tout entiers." Autre spécificité biblique: dans la conduite de Jésus, aucun mimétisme vis-à-vis de ses bourreaux. Ni rivalité (c'est-à-dire désir de vengeance), ni collaboration. Par contre, des mises en garde réitérées à Pierre. Car l'enthousiasme trop fervent de l' apôtre, comme son "Reniement", n'ont qu'une seule et même cause: un désir mimétique exacerbé, tantôt à l'égard du Christ, tantôt à celui des Juifs qui menacent de rejeter l'ancien disciple désormais sans maître.

Ce mimétisme, si l'on en croit Girard, détermine l'attitude de tous les autres personnages du récit évangélique, de Salomé à Pilate, en passant par les habitants de Gérasa. C'est pourquoi Girard assimile la violence mimétique à la figure de Satan, et rappelle que le mot "diable" signifie "accusateur" en grec, tandis que la traduction grecque du mot "avocat" est "paraclet", autre nom du Messie...

L'heure de pardonner.

Certes, précise Girard, l'histoire du christianisme n'est pas exempte de persécutions commises au nom du Christ. Mais les Evangiles ont conscience d'être une révélation à effet retardé. D'ailleurs, "l'action concrète des Evangiles" a déjà commencé: désormais, dans nos sociétés en tout cas, quand on persécute des martyrs, "La perspective des persécuteurs ne prévaut pas". Leur logique est de plus en plus démystifiée. Or, "les hommes n'ont appris à identifier leurs victimes innocentes qu'en les mettant à la place du Christ". Le texte évangélique se charge ainsi d'une grande actualité. Si l'humanité traverse aujourd'hui une de ses crises aiguës, "l'heure est venue de nous pardonner les uns aux autres". 

                  

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Une pensée bizarre

Propos


Solitaire, dans le silence,
Je sens que mon esprit divague.
En cédant à la somnolence,
J'accueille des paroles vagues.

Même souvent recommencés,
Tous les péchés sont rémissibles,
Il suffit qu'ils soient confessés.
Avouer peut rendre paisible.

Or s'il constitue un délit,
Un acte reste punissable.
Celui qui l'a commis le nie.
Il se prétend irréprochable.

Claire apparaîtrait l'évidence
Si dans chaque confessionnal
Étaient captées les confidences.
Cela pourrait sembler normal.

Mon innocence me fait rire
Bien sûr cela doit exister.
Et ce n'est certes pas le pire.
D'ailleurs qui dit la vérité?

28 janvier 2017

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Poèmes de Grégoire de Naziance. - (IVe siècle).

12273210060?profile=originalL'oeuvre poétique de Grégoire de Naziance, dit "le Théologien" (IVe siècle après JC.), auteur d' "Homélies et Lettres" très connues, comprend plus de six mille vers. C'est surtout dans les dernières années de sa vie, après qu'il eût renoncé à sa charge d'évêque de Constantinople, qu'il composa cette oeuvre. Les poèmes de saint Grégoire peuvent se partager en deux groupes: l'un, théologique, et l'autre, historique. Le premier comprend les compositions du contenu dogmatique et moral; du point de vue poétique, leur intérêt est moindre: la fraîcheur parvient rarement à faire passer la monotonie du sujet. Selon l'auteur, leur but est essentiellement didactique. Bien plus grand est l'intérêt des poésies dites "historiques": même à travers les subtilités extérieures de la technique oratoire, auxquelles saint Grégoire ne renonce pas, même dans ses poésies, on sent une inspiration vive et sincère, tout  fait exceptionnelle pour l'époque. Sont dignes surtout de considération les poésies autobiographiques, qui ont de l'importance même au point de vue de l'histoire: "Sur ma vie" (1949 trimètres ïamiques), "Sur mes vicissitudes" (600 hexamètres) et "Lamentations sur les malheurs de mon âme" (175 distiques). Le sens mélancolique de la vanité des choses humaines, que saint Grégoire possède en commun avec beauoup de poètes élégiaques païens, s'enrichit chez notre auteur d'une profonde méditation religieuse et philosophique. Quelques belles descriptions de la nature complètent parfois l'expression lyrique des sentiments. Un certain nombre de poèmes abordent les sujets les plus divers: une supplique adressée à l'empereur Julien pour lui demander de diminuer les impôts; une exhortation à un païen pour qu'il se convertisse au Christianisme; des épigrammes à sujet moral, comme les "sentences tétrastiques", très connues dans l' antiquité et ainsi dénommées parce que les trimètres ïambiques qui les composent, sont réunis par groupes de quatre vers contenant chacun une sentence et une règle de vie. Les mètres employés sont très nombreux et les plus variés qui soient. Les "Poèmes" de saint Grégoire étainet très connus au moyen âge; Cosme de Jérusalem au VIIIe siècle, Nicétas David au XIe, en firent des commentaires. 

 

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La neige a recouvert la ville...

12273210670?profile=originalLa neige a recouvert la ville

 

Au décours de la nuit

D'une ville encore endormie

De son paletot blanc

L'horizon s'est paré...

 

Dans le calme ouateux

S'offrant au ravissement des yeux

La blanche neige immaculée

Se fond dans ce reflet...

Les arbres la soutenant difficilement

Sous son poids, leurs branches ploient

Quelques flocons s'y perlant

Que plus rien ne retient déjà...

 

Ce bol de fraîcheur d'un matin

Au soleil se levant

Envahit le Coeur de chacun

Instant que l'on aimerait garder plus longtemps...

 

Ô beau spectacle de lumière

Pour le plaisir des petits et des plus grands

Bien qu'éphèmère

Alors profitons-en...

 

Marianne Leitao

Ecrit le 28 janvier 2017

 

 

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L'Insouciance de la Jeunesse

une aquarelle

d'Adyne Gohy

12273209293?profile=original

a été inspirée par le poème

Dérive Spatiale

de Raymond Martin

Hypothèse hasardeuse qu'un visage se devine

Sur le miroir du temps car l'oubli le patine

Miroir de la mare aux fées ou le faune cynique se contemple

Guettant dans ses yeux reflétés le mystère de son temple

Sphère lumineuse colorée de regrets, la larme

Craintive, flotte au vent dont les forces désarment

La beauté vaporeuse de la sylphide wagnérienne

Chahutant les cirius en désir d'une sérénité soudaine.

Sérénité soudaine égrainée par l'orage,

Calme éphémère au service de l'éclair,

Pour zébrer à nouveau dans l'espace sans âge.

Chanteclair en perdit son plumage solaire.

L'une et l'autre à l'unisson des saisons

Bercent les cieux par leur course subtile

Tout en jouant intrépides à cache colline.

Fantômes blêmes aux regard polissons.

Le sanglier craintif puise sa force en Baranton

Dont l'eau rafraîchissante, matrice universelle,

Purifie le temporel en demande de pardon

Ô rêveuse câline aux épaules dénudées,

Tu appelles, dans le flou de ton regard serein

Ton cupidon volage, à la flèche aiguisée,

Qui bravera, à la nuit, le contour de tes seins.

La muse intrépide le nez en trompette

Batifole sur un tapis de pâquerettes

dans l'insouciance des divins mots en esthète

Impression agronomique d'une citrouille atomique

En dérive spatiale par la macro faune du potager étoilé

Par le phare lunaire d'un Pierrot satanique.

Tape ici dit la taupe rieuse au mulot médusé,

Demain pour sûr, nous festoierons au lombric.

Raymond Martin

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Instants sans brillance

Haïkus

 

Neige en abondance

lassante immobilité

instants sans brillance

 

Esprit en éveil

essai de crever l'ennui

carapace épaisse.

 

Silence insipide

tendresse de la clarté

abandon de l'âme.

 

Aucune surprise

s'installe l'indifférence.

l'harmonie persiste.

26 janvier 2017

 

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administrateur théâtres

C’est une légende dramatique en quatre tableaux à propos d’un personnage qui a réellement existé. Mais nul ne peut dire avec certitude ce que son âme est devenue! Encore moins si Berlioz, le compositeur torturé par les échecs de la vie, le poète maudit, l’artiste romantique a souffert des mêmes affres que le célèbre médecin astrologue du XVe siècle. Nul ne peut dire si,  malgré l’aspect positif de l’appétit de Faust insatiable de connaissances et de jouissance, Berlioz ne le condamne pas au feu éternel, par pur dépit.

Premier tableau. Le ténor Paul Groves embrasse avec ardeur et immense talent le rôle de Faust dans une superbe diction. L’hiver a fait place au printemps…Faust est perdu dans la contemplation d’un paysage de campagne, jouissant pleinement de sa solitude, il assiste au lever du soleil sur les champs. Il se laisse envahir par les chants d’oiseaux que prolongent des chansons joyeuses de paysans. « De leurs plaisirs, ma misère et jalouse ! »  Une armée passe, au son d’une marche hongroise devenue très célèbre  grâce à  l’art cinématographique français. Se déploie une fresque d’images du feu et des atrocités de  la guerre. « Son cœur reste froid, insensible à la gloire ! »   

Deuxième tableau « Sans regrets, j’ai quitté les riantes campagnes où m’a suivi l’ennui ! »  Faust est  seul dans son cabinet de travail et donne  libre cours à sa souffrance  profonde. « La nuit sans étoiles ajoute encore à ses sombres douleurs. » Dans sa sensibilité exacerbée, il est envahi de désirs inassouvis et sombres et le  spleen du poète maudit l’incite à vouloir boire une coupe de poison. Il perçoit, venant d’une église voisine, un  chant de Pâques entonné par le chœur des fidèles. Il se sent touché par une foi ancienne. C’est le moment que choisit Méphisto, « l’esprit qui console »,  pour l’inviter à le suivre vers d’autres plaisirs. Le baryton-basse italien Ildebrabdo D’arcangelo  incarnera tous ses maléfices. Première station dans un cabaret de Leipzig où un groupe de buveurs entonne l’éloge du vin. L’un d’entre eux, Brander, complètement bituré, raconte l’histoire  délirante d’un rat brûlé par l’amour. C’est notre délicieux Laurent Kubla.

Requiescat in pace, Méphisto raille l’Amen parodique chanté par les buveurs et se pique d’une histoire de puce. Faust est peu enthousiaste devant les scènes de beuverie et se retrouve emmené sur les rives de l’Elbe et ses flots d’argent. Il sombre dans un sommeil envahi par les gnomes et les sylphes. Ceux-ci lui font apparaître en songe Marguerite, image parfaite de l’amour. A son réveil, Faust n’a plus qu’une pensée : la retrouver. Il entre dans la ville en même temps que des étudiants et une bruyante soldatesque. Il est au pied d’une demeure entourée d’hortensias.

Troisième tableau. « Merci, doux crépuscule, c’est l’amour que j’espère ! » Faust, seul, découvre la chambre de Marguerite et  sent naître son bonheur. « Seigneur, après ce long martyre, que de bonheur ! » Méphisto le poste en observation,  derrière un rideau. Amoureuse de l’amour, Marguerite est songeuse et envahie par les images d’un rêve où  lui apparaît son futur amant. Pendant qu’elle tresse ses cheveux, elle chante, mélancolique, une chanson gothique, celle  d’un roi, Theulé, qui,  sentant sa mort prochaine,  distribua toutes ses richesses,  sauf une coupe lui rappelant sa défunte femme. Cette coupe se brise. C’est la voix magnifique  de la divine soprano géorgienne Nino Surguladze qui symbolise toutes les langueurs, les attentes et les élans de l’amour.

« Mes follets et moi allons lui chanter un bel épithalame ! »  Méphisto va  souffler son plan d’action à l’oreille de la belle alanguie. Pour mieux l’étourdir, la sérénade ensorcelante est accompagnée du chœur et des danses des follets. Mais voilà que Marguerite aperçoit Faust, l’amant de son rêve. Faust lui avoue sa passion, les deux amants s’étreignent sur l’amoncellement de coussins apportés par les follets et le regard voyeur du maître du jeu. Soudain, Méphisto interrompt leurs ébats et ébruite que les voisins sont en train de prévenir la mère de Marguerite qu’un homme est chez  sa fille. Les deux amants se séparent, espérant se retrouver le lendemain. Méphisto tient maintenant en son pouvoir l’âme de sa victime.

Quatrième  tableau. Marguerite se lamente, possédée par l’amour de celui qui n’est jamais revenu. Elle entend des bribes de  chants de soldats et d’étudiants qui lui rappellent cette première nuit si courte et si fragile. Seul aussi, face à une nature avec laquelle il souhaiterait  se fondre, Faust ne pense plus qu’à Marguerite. Il erre, prisonnier de sa tour d’enfer. Méphisto surgit et  lui apprend que Marguerite est condamnée à mort pour  matricide, car chaque nuit où elle attendait son amant, elle l’endormait avec un  poison qui a finalement eu raison  de sa santé. Ainsi l’heure fatidique du pacte est arrivée : Méphisto est prêt à sauver Marguerite si Faust s’engage à le servir « à l’avenir ». Le parchemin est signé par-dessus le vide. Sancta Maria ora pro nobis ! Sancta Marguerita… Sur deux chevaux noirs, Faust et Méphisto s’engagent dans une cavalcade infernale vers ce  que Faust  croit être la  maison de Marguerite. Rythmée par le chœur des paysans et les angoisses de Faust, la course à l’abîme, s’achève en enfer. Le Prince des ténèbres se vante de sa victoire. Faust, sans jamais perdre sa prestance,  est  enfin précipité dans les flammes sous  les hurlements infernaux du chœur des damné(e)s, des démons et des macabres squelettes. Puis, le calme revenu sur terre, c’est une véritable apothéose: le chœur des esprits célestes appelle la vertueuse Marguerite - sauvée par l’amour inconditionnel de son amant - à monter au ciel.

Quel écho peut donc avoir une telle œuvre  avec notre perception moderne?  L’histoire nous touche-t-elle vraiment? Sombrera-t-on avec ce Faust désespéré  dans l’inanité de l’existence de l’esprit positif ? Ou simplement, nous laisserons nous emporter par le vertige de la découverte de l’œuvre de Berlioz ?  Allons-nous nous laisser devenir  captifs de l’esprit insatiable qu’il symbolise ?  Serons-nous séduits par le génie d’un compositeur qui osa faire tabula rasa  de toutes les tendances de son époque et des précédentes? Certes, la magie musicale opère grâce à la qualité et la perfection d’interprétation musicale du chef d’orchestre,  Patrick Davin. Véritable maître du jeu, il s’emploie avec passion à  ressusciter une œuvre totalement innovante. Il déclenche notre admiration pour une partition  constituée d’immenses pages orchestrales d’une richesse inouïe,   dont on se demande parfois si on ne préférerait pas les écouter les yeux fermés pour en retirer toute  leur saveur. On sait  que dans sa nouvelle création, en 1846, Berlioz ne prend  même pas la peine de composer une ouverture, qu’il juge inutile, car il démontre que la musique peut tout exprimer et sait jouer le parfait mimétisme, fond/ forme! Ainsi, à quoi d’ailleurs pourraient bien servir des décors? Même les plus précieux, comme ceux élaborés par Eugène Frey (1860-1930), ces fameux tableaux transparents avec rétroprojection dont s’est inspiré le metteur en scène de cette production,  Ruggero Raimondi. Derrière les voiles reproduisant les tableaux successifs, a-t-il conçu  la carcasse  de fer comme une  sorte de tour de Babel  qui rappellerait celle de Breughel ? Ou pensait-il à la tour d’ivoire du poète? Une vision de  gazomètre en déshérence ?  Cette structure évoque une prison de fer et d’enfer pour la condition humaine dont l’homme ne peut s’échapper que par le ciel ou la géhenne.

L’enfermement est donc omniprésent : même lorsque les voiles sont supposés cacher cette tour,  ou du moins en partie, elle reste perceptible à tout moment. Le regard, lui-même est prisonnier. Au travers de lumières soit  trop tamisées soit trop distrayantes,  on perce  parfois difficilement les visages. La texture et les formes des costumes du peuple  infernal sont  très originales pourtant, et les évolutions ou les chants des nombreux figurants gagneraient à être mieux mis en lumière. L’enfermement circulaire, fait d’échafaudages est certainement très pratique pour une mise en scène verticale des protagonistes, mais tout le monde ne sera pas sensible à cette vision esthétique plutôt accablante pour ceux qui ne rêvent que de liberté !

Du mercredi, 25/01/2017 au dimanche, 05/02/2017

DIRECTION MUSICALE : Patrick Davin MISE EN SCÈNE : Ruggero Raimondi CHEF DES CHŒURS : Pierre Iodice ARTISTES : Paul GrovesNino SurguladzeIldebrando D’ArcangeloLaurent Kubla 

https://www.operaliege.be/en/shows/season/2016-2017/

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ÊTRE EN VIE...

Au fond de la mémoire

Quelques gouttes de sel

Reflet dans un miroir

D'un amour éternel!

Au creux de la poitrine

Un bruit désordonné

Quelques minutes divines

Que la vie sut donner...

Au bout des jours grisailles

Un soleil insolite

Et la vie qui tenaille

C'est la joie qui s'invite!

Au rendez-vous du temps

Oublier les dénis

Se fondre dans l'instant

Accepter le défi...

Être en vie...

J.G.

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Une berceuse pour Isabelle

 

Sensible et douce amie fidèle,

Je pense à vous en ces moments.

Le vent ne semble pas clément,

Le zéphyr arrive, Isabelle.

 

Je pense à vous en ces moments,

Mon énergie aura des ailes.

Le zéphyr arrive, Isabelle,

 Il vous bercera tendrement.

 

Mon énergie aura des ailes.

L’espoir naîtra discrètement,

Il vous bercera tendrement ,

Lors vous sourirez, Isabelle.

 

L’espoir naîtra discrètement,

Joyeux messager, plein de zèle.

Lors vous sourirez, Isabelle.

Il triomphe infailliblement.

 

27 mai 2005

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12273206084?profile=originalGrégoire, né à Arianze, près de Nazianze, en Cappadoce, est, avec Basile de Césarée et Grégoire de Nysse, l'un des trois Cappadociens qui ont donné à la théologie orthodoxe, aussi bien orientale qu'occidentale, sa première systématisation et sa première formulation classique. Par rapport aux deux autres, et par rapport à tout son siècle, il se distingue par une sensibilité délicate, une finesse, un sens de l'intériorité qui l'apparente à certains modernes, comme Fénelon et Newman. Ses hésitations, ses repentirs, son goût de la solitude, ses épanchements lyriques, son besoin d'autojustification font de lui un romantique avant la lettre. Avec Grégoire de Nazianze, un certain type de vie chrétienne acquiert droit de cité dans la tradition religieuse : l'entretien secret de l'âme avec elle-même et avec Dieu.

La rhétorique ou l'idéal du « bien dire »

Le siècle de Grégoire de Nazianze est marqué par une nouvelle floraison de la grande tradition rhétorique grecque. Presque toutes les grandes oeuvres littéraires portent la trace de renouveau et, dans la vie sociale et politique, le rhéteur joue un rôle de premier plan, qui lui permet d'accéder aux plus hautes fonctions. Grégoire de Nazianze est un représentant remarquable de ce mouvement historique. Il reçoit, à Nazianze, les premiers éléments de l'éducation et entreprend ensuite un long périple studieux qui le fait passer par Césarée de Cappadoce, puis Césarée de Palestine (où demeure vivant le souvenir d'Origène, de Pamphile et d'Eusèbe) et Alexandrie, pour le conduire en dernier lieu à Athènes, la « ville d'or », la « mère des belles choses », comme il dira lui-même. Il y reste plusieurs années, y écoute les leçons des rhéteurs Himérius et Prohérésius, y fait la rencontre de Basile de Césarée, avec qui il restera en relations amicales toute sa vie, malgré quelques nuages passagers. Poussé par la nostalgie de sa petite patrie, il revient finalement à Nazianze et commence à y enseigner la rhétorique. Mais bientôt les circonstances et ses exigences intérieures l'engagent dans la carrière ecclésiastique. Toute son oeuvre n'en restera pas moins marquée profondément par les techniques acquises pendant ces années d'études. Il restera toujours fidèle à l'idéal du « bien dire ». En vérité, la rhétorique de Grégoire de Nazianze est loin d'être une technique purement scolaire. Son esprit fin, délicat, original, avec une pointe d'ironie et de tendresse, se joue des procédés, les domine, avec un réel génie artistique. Il se manifeste souverainement dans ses deux cent quarante-cinq lettres, adressées pour la plupart à des amis, notamment à Basile de Césarée, et écrites dans un style extrêmement soigné selon les règles du genre, que la Lettre 51 , à Nicobule, énonce d'une manière fort intéressante. Grégoire s'y révèle notamment un maître de l'ironie, mais sa caractéristique la plus profonde réside dans la délicatesse de sentiments d'une âme qui mêle harmonieusement l'idéal chrétien de l'amour mutuel et l'idéal antique de l'amitié partagée. Il est également fidèle, avec originalité, aux règles des genres littéraires dans sa production oratoire qui comprend des discours panégyriques, des discours funèbres (sur la mort de son père, de son frère, de sa soeur), des discours d'invective contre l'empereur Julien, d'apologie personnelle, des discours théologiques enfin, tenus à Constantinople pour défendre l'orthodoxie trinitaire. L'enchaînement des thèmes correspond souvent aux lieux communs que les lois de la rhétorique prescrivaient de développer selon le genre de discours à prononcer. Mais cette facture classique s'allie chez lui avec bonheur aux modes de pensée et d'expression puisés dans la Bible.

Le théologien du paradoxe trinitaire

La pensée théologique de Grégoire de Nazianze s'exprime, dans ses discours, sous une forme plus hymnique que dialectique ; ici encore, on peut reconnaître l'influence du genre littéraire du « discours sacré », en même temps que le reflet d'un tempérament foncièrement poétique. Si la part du raisonnement y est réduite, du moins les formules bien frappées et lourdes de sens y abondent et elles serviront de normes à toute la réflexion théologique postérieure.

Avec Grégoire, le paradoxe trinitaire devient le fait primordial et le point de départ de toute pensée théologique, l'objet privilégié de sa contemplation. La notion de Trinité transcende l'opposition entre l'unité et la multiplicité, comme celle qui existe entre les deux erreurs du judaïsme et du paganisme : Dieu est un, par le fait même qu'il subsiste en trois hypostases, hypostases qui correspondent aux relations intérieures et aux caractéristiques personnelles qui diversifient sans la diviser l'essence divine. Grégoire est le premier à définir les hypostases par les expressions d'innascibilité, de génération et de procession, qui conviennent respectivement au Père, au Fils et à l'Esprit-Saint. Il affirme, avec beaucoup plus de fermeté et de clarté que Basile de Césarée, la divinité de l'Esprit-Saint et, d'une manière générale, il insiste avec vigueur sur l'égalité absolue des personnes divines. Ce qui fera le fond de la doctrine augustinienne de la Trinité est déjà présent chez Grégoire. Il s'ensuit d'ailleurs une transformation radicale de la cosmologie chrétienne : jusque-là, on avait lié, plus ou moins consciemment, la création du monde à la génération du Fils, le Verbe créateur, « émis » pour produire les choses ; cette fois, c'est toute la Trinité qui est indivisiblement créatrice, et son acte créateur est totalement gratuit. Grégoire de Nazianze est également intervenu dans le conflit christologique suscité par Apollinaire de Laodicée, dans deux lettres adressées à Clédonius (Lettres 101  et 102 ). Là encore, il a eu l'art de choisir les formules nettes qui serviront de canon à l'orthodoxie : « Deux natures : le Dieu et l'Homme, mais pas deux Fils » ; « Les réalités qui composent le Sauveur sont différentes, mais il ne s'ensuit pas qu'il y ait deux Sauveurs différents ; car les deux choses sont unes par le mélange qui les unit, Dieu s'humanifiant, l'Homme se divinisant. »

Un romantisme de la solitude

Au-delà du rhéteur et du théologien, qui, tous deux, sont bien de leur époque, le lecteur moderne trouvera en Grégoire de Nazianze une âme en quelque sorte romantique qui ne surmonta jamais tout à fait ses émotions. La vie même de Grégoire reflète cette complexité de sa personnalité. On y discerne d'un bout à l'autre une perpétuelle hésitation entre la vie solitaire et la vie active, un manque de fermeté dans les décisions, un manque d'adaptation aux relations sociales. Ordonné prêtre, puis évêque, contre sa volonté, il réagira à ces actes de « tyrannie », comme il dit lui-même, par des fuites dans la solitude. Pris de repentir, il reviendra ensuite se consacrer au ministère sacerdotal, puis épiscopal. Mais, lorsque la population de Nazianze voudra le choisir comme successeur de Grégoire l'Ancien, qui était son propre père, il se réfugiera quatre ans dans la solitude. Il n'en sortira que pour accepter la direction de la communauté orthodoxe de Constantinople. Ce seront les trois années les plus glorieuses et les plus tumultueuses de sa vie. Devant les intrigues ecclésiastiques, il démissionne rapidement, rendre à Nazianze en 381, trouve enfin un successeur pour ce siège épiscopal et se retire dans le domaine de son enfance, à Arianze, où il passe les cinq dernières années de sa vie.

L'écho  de  ses  hésitations,  de  ses souffrances, de ses colères se retrouve dans ses poèmes, notamment dans la longue autobiographie connue sous le nom de Carmen de vita sua  (1949 vers). Grégoire n'hésite pas à parler inlassablement de lui-même. C'est un des rares auteurs de l'Antiquité qui, peut-être même plus qu'Augustin, ait fait tant de place à son « moi » dans sa production littéraire. L'épitaphe qu'il s'est consacrée à lui-même résume bien un certain désenchantement de l'existence terrestre et une certaine compassion pour ses propres souffrances : « O Christ-Roi, pourquoi m'as-tu pris à ce filet de chair ? Pourquoi m'as-tu soumis à cette vie hostile ? J'ai été agité sur les flots, je fus en butte à des gens avides, je vis mon corps brisé, j'eus à lutter contre des pasteurs en qui hélas ! je ne trouvai pas d'amis, je rencontrai l'infidélité, en m'éloignant des maux, je perdis mes enfants. » A cette âme délicate, un peu faible, blessée par la vie, le recueillement apporte le salut. Grégoire se compare au nautile qui, à l'approche de la tempête, se resserre et se recueille sur lui-même : « Rien ne me paraît aussi enviable, dit-il, que l'entretien secret de l'âme avec elle-même et avec Dieu. » Tel est le sens de cette nostalgie de la solitude qui sera la grande passion de sa vie.

 

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administrateur partenariats

Un stylo d’or signe une loi.

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Une infâme flamme dorée

Etendard minable étalé

Tient discours aux foules rassemblées

Du Moyen-Age ressuscitées

 

Un stylo d’or signe une loi

Effrayante  et vile à la fois

Faisant fi des guerres d’autrefois,

Attaquant la femme et ses choix.

 

Ô toi qui signe sans respect

Tel un paon repu, satisfait

Tous tes populistes décrets

N'oublie pas...

Le temps passe …il met et démet !

 

Une femme comme les autres.

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L'ère du haïku

Propos

Un mot court peut en dire long.
Certes, il suffit de dire non,
Sans n'avoir rien à ajouter,
Quand on refuse d'accepter.

Lorsque l'on ressent un émoi

On le reconnaît bien des fois

On  pourrait  écrire un poème 
Dans une forme que l'on aime.

Pour le faire on manque de temps.
On semble courir en marchant,
Devant aller au plus pressé.
Or cela ne va pas cesser.

Fort agréablement surpris,
De nombreux poètes ont appris,
Après en avoir lu beaucoup,
À écrire des haïkus.

Trois lignes forment un poème,
De mots tombés d'un vent qui sème
D'une grande simplicité,
Il peut porter à méditer.

24 janvier 2017

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