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De Bruxelles à Auxerre, à un jet de cœur

 

Nommé poète lauréat, un titre officiel qui fait de lui le serviteur de la monarchie anglaise, John Dryden, auteur phare du patriotisme du 17e siècle anglais, célèbre la gloire de l’Angleterre à travers des œuvres où se  mêlent l’histoire et la mythologie anglaise  avec la mythologie antique. C’est lui qui « raffina le langage, améliora les sentiments et fit briller la poésie anglaise ». En collaboration avec Henry Purcell un semi-opéra en 5 actes voit le jour en 1691 : King Arthur, sous-titré The British Worthy.

On est au Moyen-Age. Le roi Arthur a gagné toutes ses batailles contre les Saxons, sauf contre un irréductible Oswald qui lui a ravi sa fiancée, Emmeline, aveugle de naissance et fille du duc de Cornouailles. Les forces de la légitimité et du noble sentiment d’amour vont évidemment confondre les forces barbares et mettre en lumière la victoire britannique en se terminant par une ode au valeureux Saint Georges protecteur de l’ordre de la jarretière, distinction des chevaliers fondé en 1348. L’interprétation qu’en fait Jean Tubéry se concentre sur l’atmosphère des forêts enchantées remplies d’esprits farceurs et d’elfes polissons, l’allégresse des bergers, les sirènes et naïades tentatrices, un monde régi par la sensualité et le plaisir. Foin des exploits épiques, tout se résume à la victoire incontestée de Cupidon et de Vénus et à la célébration de la  volupté victorieuse. Entendez-vous les trompettes ? Une belle revanche contre le puritanisme outrancier de l’époque de Cromwell enfin révolue.   

Le chœur très  homogène des 11  solistes à part entière  fait preuve d'une vitalité débordante et d'une remarquable mobilité. Ils sont dirigés par  Lionel Meunier, absent ce soir, et ont étudié pour la plupart au Koninklijk Conservatorium de Den Haag. Il s’agit de l’Ensemble Vox Luminis avec  Sophie Junker,  Caroline Weynants, Kristen Witmer (sopranos), Helen Cassano, Daniel Elgersma, Jan Kullmann (altos), Olivier Berten, Robert Buckland, Philippe Froeliger (tenors), Tomáš Král, Sebastian Myrus (basses). Des voix souples et expressives, qui opposent les forces du mal apparentées au gel et au froid avec la célébration de la vie et des plaisirs de l’amour dans une dramaturgie lyrique  finement réglée. Les couleurs sont subtiles et le lyrisme émouvant. On se serait néanmoins passé de la récitante qui  fait des raccords parlés très elliptiques comparés au texte original du livret, mais surtout trop chargés d’emphase. La grande  musicalité des parties vocales de l’œuvre se suffit à elle-même, les ornements musicaux de chaque voix  franchissent des limites de très haute voltige, et remplissent le spectateur d’admiration et de bonheur devant une telle richesse mélodique.

Jean Tubéry conduit son ensemble de 9 musiciens de La Fenice qui jouent sur instruments d’époque avec feu et malice, et peut-être en fait-il  lui-même un peu trop. La langue anglaise et la musique de Purcell se conjuguent à merveille dans une sublime harmonie, que désirer de plus?  Mais cette soirée exceptionnelle  placée sous le signe de la fête païenne et de  l’humour  à la limite de la truculence,  plonge un public conquis dans le ravissement musical, à un jet de cœur de la Saint-Valentin ! Un généreux bis, bucolique à souhait, enflammera encore l'assistance et les musiciens: "For love ev'ry creature, Is formed by his nature   No joys are above The pleasure of love!" (Fourth Act). Next stop: aujourd’hui même, à Auxerre.  

La Fenice

King Arthur

Jean Tubéry direction - La Fenice , Vox Luminis
Henry Purcell, King Arthur, or The British Worthy
Mardi 10.02.2015 - 20:00
Note: Jean Tubéry est un musicien complet, régulièrement invité par BOZAR MUSIC depuis la fondation de son ensemble La Fenice en 1990. Ce cornettiste génial, curieux de tout, polyglotte, comédien ou danseur à ses heures est un passionné de musique, littérature et d’art pictural. Inlassablement, il explore, défriche, s’émerveille et nous convie avec lui à regarder la musique ancienne sous l’angle de l’éternelle jeunesse.

  

 http://www.impresario.ch/libretto/libpurkin_e.htm

 

 

 

 

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Tendresse,

 

Caresse solaire,

ciel bleu,

matinale clarté,

paysage givré,

immobilité des arbres,

coq silencieux,

rues désertes,

fraîcheur de l'air,

parfums de menthe

 et  de neige tout mélangés.

Etendue sur mon lit,

blanc et profond,

je m'étire, j'exulte,

entourée de douceur, de chaleur ;

je suis bien.

Contre moi,

le ronronnement rassurant

de mon chat,

 séduit  et charme mes blondes oreilles,

j'ouvre les yeux,

j'ébauche un  tendre sourire,

je frissonne de bien-être,

de contentement.

Mon chat me contemple,

semble me dire d'inombrables choses,

s'interroge,

dans mon âme se balade.

A mon tour, je le regarde toute étonnée,

je lui murmure "Oh que veulent me dire tes nobles yeux

aérés, tout sacrés ; tes p'tits mots flamboyants

 et tout chauds ?".

Non sans délicatesse,

pour ne point déranger, défaire son instant,

 je lui caresse le sommet de son petit crâne pensif ;

 c'est alors qu'il se rendort tout doucement,

 se pelotonne contre moi,

me fait partager ses couleurs, ses rêves.

Ses p'tits mots alors m'avouent

"son grand secret".

NINA

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La porte

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Et la porte  était close

Et closes mes amours

Et la porte était nue

Si ténus ses discours

 

Restait le vent du nord

Au nord de mes espoirs

Restait le vent du soir

Quand le soir bat la mort

 

Puis restait un encore

Quand en corps vit la plaie

Un désir un remords

Que la porte appelait

 

Mais la porte était close

Et closes mes amours

Mais la porte était nue

Nu l’appel au secours

 

O vêtez-vous les anges !

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♦ Au-delà des prières et des voeux

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Les gens que j’aime, ils ont toujours de quoi parler

De quoi être sérieux et tout le contraire,

Les gens que j’aime, ils ont aussi de quoi à taire

De quoi à s’en faire et de quoi à préserver

 

Les gens que j’aime, ils sont les mots et les silences

Le langage des pareils à vivre tellement

L’incertitude, l’inconstance, et le temps

L’obliger des sentiments de chance et malchance

 

Dans ma vie il y a de leurs histoires en morceaux

Je ne voudrais en rien m’en départir même à l’heure

Inévitable des dépressions, à demeure

Quelque part, tel hiver bien trop pour qu’il soit beau

 

Les gens que j’aime, ô comme ils se ressemblent

Par delà leurs apparences et leurs opinions

Par delà ce qui sépare le tort et la raison

Sur l’idée même d’être comme bon leur semble

 

Les gens que j’aime, ils sont témoins de leur temps

C’est un sens de l’accueil, un esprit de fenêtres

Ouvertes à tout ce que le monde peut permettre

Par l’attention tout amour et à bout touchant

 

Dans ma vie, il y a tant de leurs vérités humaines

C’est une source au recommencement de tout

L’augmenter des talents à prendre rendez vous

Avec tous ceux qui vers le meilleur nous entraînent

 

Les gens que j’aime, ils sont sans ces prétentions

De la renommée clinquante et par imposture,  

Ephémérides, choses tendres, choses dures

Ils sont au bout de cent points d’interrogation

 

Les gens que j’aime, ils sont ceux qui connaissent

Etre et ne plus être, le tout et puis le rien

Le lien au mystère de chaque destin

Les gens que j’aime, c’est le passeport tendresse

 

Dans ma vie, il y a tant de leurs beaux portraits 

C’est la chère écriture avant même la grâce

Le merci que je voudrais leur rendre, cette trace

En poésie que je signe pour que soit satisfait

 

Pour que soit satisfait l’élan du vivre ensemble

Entre les générations et puis en tout lieu

Des prières et des vœux qu’on soit jeune ou vieux

Tourné vers dieu ou pas, esprit sûr ou qui tremble

 

Les gens que j’aime, ils ont pour pays l’univers

L’indéfinissable mesure de leur pas

De leurs bras, chaque fois qu’ils sont cet envoi

A chérir et jusqu’à l’extra de l’ordinaire

 

 © Gil DEF - 03.01.2015

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Deuxième promenade - Au bruyanet

12273070694?profile=originalDeuxième promenade - Au bruyanet 

Nos promeneurs sont dans la nature
ils vont à travers les bois et les pâtures
simplement pour être seul au monde
ou les fleurs des champs abondent.

Il s’agit bien de la vie d’Etres vivants
Ce n’est pas un rêve mais le présent.
Ils avancent confiants sur un chemin
qui leur apportera beaucoup en commun.

Une brise légère les berce doucement
leur tête, d’agréables pensées, fait le plein.
Ils sont dans une sorte d’émerveillement
leurs esprits fusionnent et ne font plus qu’un.

Toute la végétation est en effervescence
les fleurs se préparent, elles vont bientôt éclore
les oiseaux volent dans tous les sens
ils commencent leur nid en un parfait accord.

Peut-être vont-ils, par instinct, se diriger
vers l’endroit ou les fleurs sont  épanouies
ou le regard ne voit rien changer
ou tout est paisible et l’âme réjouie.

Leurs pas les ont menés près du ruisseau
il lui prend la main comme un jouvenceau
Ils s’arrêtent, elle le regarde et sourit
un moment passe, ils retrouvent leur esprit

Ce n’est pas un rêve c’est leur vie
Leur regard se mêle, ils sont unis
Leurs yeux pétillent de complicité
Allez, oust, du balai la morosité

Au revoir monastères et autres châteaux
C’est le temps des ballades, il fait beau
Vive les chemins bordés de fleurs
Vive les sous bois et leurs odeurs

Voilà l’ivresse du printemps
c’est la résurrection des esprits
il n’y a plus de pénitents
avec la sève montent les envies

Voila l’attente de la découverte d’autre paysage
S’il fait beau ils iront dans les bois et les pâturages
S’il pleut ou fait froid ils se réfugieront sous un toit
Une grange ou un manoir peu importe, une et un font trois

Jani

 

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12273070465?profile=original"Mars ou la guerre jugée" est un ouvrage du philosophe Alain (Emile Auguste Chartier, 1868-1951), publié par l'auteur en 1921, au sortir d'une guerre qu'il avait faite en s'engageant volontairement, alors qu'il était libre de toute obligation militaire, simple soldat, comme son maître Lagneau avait été humble fantassin en 1870. En une suite de courts chapitres, ramassés et vigoureux, qui n'ont le plus souvent qu'une page et demie ou deux pages, ayant l'allure et la beauté d'autant de poèmes en prose. Alain a "dessiné... le visage ambigu de Mars, dieu de la guerre". Avec la rigueur de l'homme de science, avec la pénétration du philosophe, avec le bonheur d'expression du poète, Alain démonte pièce par pièce tout le mécanisme de cette "catastrophe périodique", la guerre, dans ses causes profondes, dans ses aspects multiples, dans ses conséquences, dans ses contradictions, dans ses illusions, dans ses mensonges. Il s'abstient de redire ce qui a déjà été dit, ce qui est évident: le risque, la souffrance, la mort, la destruction, ces aspects immédiats de la tragédie, ne sont qu'effleurés. Dans la guerre, soufferte humblement, mélangé à la masse anonyme, où le stratège et le politicien ne voient plus que le "matériel humain", il a continué, lui, de coudoyer, de voir, l'homme, "sentencieux toujours, observateur étonnant, sachant tout du ciel et de la terre et embarqué pour les dix ans du siège de Troie". Le mépris de la personne, l'abolition de la personnalité, la toute-puissance du galon, même si elle doit se confondre avec la toute-puissance de la bêtise, c'est là pour lui le plus hideux visage de ce "dieu vaniteux, triste et méchant" qu'est la guerre. Il en arrive parfois à prendre le ton de pamphlet: "Je ne finis par apercevoir ceci, que les hommes de troupe pensaient beaucoup à faire la guerre à l'ennemi, et que les officiers pensaient beaucoup à faire la guerre aux hommes de troupe; et quelle que fût la fortune des armes, nous étions vaincus, nous autres, dans cette guerre-là". Selon Alain, le ressort intime de la guerre se trouve dans les passions de l'homme, des passions qui le plus souvent sont nobles et que Mars utilise à ses fins, en les dénaturant et en les détruisant dans les convulsions de l'effort. "Nul ne se battrait pour un différend entre nations, alors que n'importe quel homme se battra pour prouver qu'il n'est pas un lâche". La genèse de la guerre, la psychologie de la guerre, sont ramassées en des formules incisives, rapides: "La guerre a cette puissance qui lui est propre, qu'on ne peut plus rien contre elle dès qu'on voit par expérience ce qu'elle est". Et ailleurs: "Si l'on croit au fatalisme, par cela seul il est vrai. Si tout un peuple croit que la guerre est inévitable, elle sera réellement inévitable". "Il y a deux erreurs capitales également dangereuses, au sujet de la guerre; l'une c'est de la croire inévitable, et l'autre, c'est de la croire impossible". "La guerre vient principalement de ce qu'on suppose trop vite une méchanceté chez les autres". Et c'est ainsi que l'esprit de guerre se continue dans l'établissment de la paix. Alain examine alors les rapports du Droit et de la Force. "Si vous voulez un ordre de droit, il faut plaider, non frapper. Discuter, concéder, persuader? Tel est le prix de la Paix et ce n'est pas trop cher. Mais jamais la guerre n'établit la Paix. Je n'ignore point qu'il est difficile de faire la paix: je dis seulement que les moyens de force n'approchent point de la paix, mais au contraire en éloignent. Je ne veux ici que rétablir le sens des mots -n'appelez point paix ce qui est guerre". "La fureur de ceux qui acceptent la guerre et qui prennent cette acceptation comme un accomplissement, comme une perfection de leur destinée d'hommes, voilà ce qui m'épouvante". Ces mots résument, en définitive, assez bien l'attitude du philosophe face à ce grave problème. "Mars" est donc le livre d'un "penseur sans hypocrisie et qui voit la guerre comme elle est" (ainsi qu'Alain dit de Joseph de Maistre, en citant une boutade des "Soirées de Saint-Pétersbourg". Il était naturel que ce livre soulevât le scandale, la réprobation des uns, l'enthousiasme des autres, au moment où il parut. On ne touche pas sans danger aux Idoles, surtout lorsqu'on a la main sûre, le ciseau acéré et la précision de frappe d'Alain. Il professait alors au Lycée Henri IV et les élèves de l'Ecole Normale "séchaient" leurs cours pour aller écouter ses leçons. On peut aujourd'hui lire son livre comme il le voulait: "Je demande qu'on pense à ces choses sans colère".

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administrateur théâtres

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« Je ne suis ni folle ni possédée ! »Suzanne Simonin

Il y a 50 ans déjà ! « La Religieuse » de Denis Diderot (1760-1781)  était adaptée au cinéma par  Jacques Rivette  et soulevait une puissante  vague d'indignation et d’appels à la censure de la part de la société bien-pensante.  La présidente de l'Union des Supérieures Majeures écrit le 12 octobre 1965 au ministre de l’information, Alain Peyrefitte et accuse la production d’être « un film blasphématoire qui déshonore les religieuses ». Le ministre, qui partage ce point de vue, lui promet qu'il fera tout en son pouvoir pour empêcher le film de nuire à l'image des religieuses. En effet, DIDEROT ne mâche pas ses mots : « Faire vœu de pauvreté, c’est s’engager par serment à être paresseux et voleur. Faire vœu de chasteté, c’est promettre à Dieu l’infraction constante de la plus sage et de la plus importante de ses lois. Faire vœu d’obéissance, c’est renoncer à la prérogative inaliénable de l’homme, la liberté. Si l’on observe ces vœux, on est criminel ; si on ne les observe pas, on est parjure. La vie claustrale est d’un fanatique ou d’un hypocrite. » Son réquisitoire contre le fanatisme est sans appel. Tout comme d’ailleurs celui de Jean-Jacques ROUSSEAU avec cette phrase célèbre extraite  "Du contrat social" en 1762 : "La terre entière regorgerait de sang et le genre humain périrait bientôt si la Philosophie et les lois ne retenaient les fureurs du fanatisme, et si la voix des hommes n'était plus forte que celle des dieux."

Une longue bataille juridique s’enflamme, la distribution et l’exportation du film interdit aux moins de 18 ans est empêchée. Il faut attendre 1975 pour la levée de censure par le Conseil d’état. Sujet toujours sensible, un nouveau film sort en 2013, avec Pauline Etienne et Isabelle Huppert.

826862457.jpg?width=450Les temps ont  certes changé depuis les années 60, mais il faut croire que la contrainte de la prise de voile imposée à une jeune ville de 16 ans menant à son enfermement à vie est un sujet qui n’a pas fini de passionner et de nous révolter. Daniel Scahaise à son tour exploite ce texte sulfureux avec  grande  empathie et justesse de ton.

Rappelons l’histoire en bref. Suzanne Simonin, enfant rejetée, née en dehors des liens du mariage, est contrainte par sa famille à rentrer dans les ordres, alors qu’elle n’aspire qu’à vivre dans « le monde ». Au couvent, elle est confrontée à l’arbitraire de mères supérieures tour à tour bienveillantes, cruelles ou vraiment trop caressantes…dans leurs transports interdits.  Véritable héroïne de la dignité,  loin de tout péché d’orgueil ou d’outrecuidance, la jeune fille résiste courageusement à la barbarie de l’enfermement, aux sévices corporels, aux brimades, aux privations par la PAROLE. Elle a décidé de lutter par tous les moyens pour recouvrer son identité et sa liberté d’action. Sa  seule arme est la plume…pour rédiger un mémoire à charge contre la Famille, l’Eglise et l’Etat. 

3840311950.jpg?width=450Chaque geste, chaque mouvement, chaque tressaillement  de Suzanne la mal aimée est un tableau de maître. Dolorès Delahaut qui l’incarne avec passion et raison à la fois, a des airs de Jeanne d’Arc.   Le plateau  central est  un  carré de marbre noir, traversé par les sombres forces de l’Injustice qui cerne de tous côtés  la vie palpitante qui bouillonne dans la jeune religieuse. Biche aux abois, elle  se bat avec l’énergie et la détermination de la chèvre de Monsieur Seguin, préférant au besoin, s’immoler plutôt que de renoncer à sa liberté.  Les jeux d’ombres, de lumières et de citations musicales ou sonores sont fascinants. Et la plume et l’écritoire, les seuls alliés de la jeune fille, de mener presque  une vie propre!  On croit voir le texte s’écrire en encre sympathique sur les pages de la confession de la religieuse.

 3936137295.3.jpg?width=450Le premier contact du public avec la scène est synonyme dès le départ, d'aveuglement et  de violence monastique « qui jettent l’économie animale dans un désordre dont elle ne peut sortir  ». Les chaises des spectateurs-juges sont disposées sur les quatre côtés de cet abîme qui pourrait tout aussi bien être un puits sans fond  où flotte,  retournée face contre terre, le corps sans vie de la jeune  religieuse. Morte ou vivante? Murée et enterrée vivante? Autour des spectateurs,  des parois faites  rideaux noirs tels les plis de la robe religieuse.   Deux mères supérieures impassibles  sont  assises avec vous au premier rang de part et d’autre du plateau.  Julie Lenain,  impressionnante dans son rôle de castratrice, de juge et de tortionnaire,  Hélène Theunissen  incarnant au fil de l’histoire, la souffrance physique d'un réalisme soufflant d’une infâme lubricité.  Distribution remarquable et vibrante de colère, de révolte et de violence pour interpréter un texte qui n'a pas vieilli... hélas!  La voix, la stature de Stéphane Ledune rendent le plaidoyer de Diderot pour Dieu et contre les institutions liberticides  d’une intensité stupéfiante! La fin de l’histoire, est un dernier coup de poignard d'une muflerie inouïe.

La Religieuse

Denis Diderot - Théâtre en Liberté

Du 13.01 au 14.02.2015

Réservez en ligne

 

Crédit Photos : Isabelle De Beir
:
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Caresse,

 

 

Votre main tout satin,

vagabonde sur mon visage chagrin ;

navire aventureux,

naviguant, chaloupant près

de mes yeux immensément bleus ;

Tombent du ciel marin,

des pommes d'amour, des fraises tagada,

mille douceurs nuits et jours,

sur mon corps,

sans fin.

De vous, des mots grandis,

 portés par cet amour,

 s'émancipent, s'enhardissent,

 au contact des miens

qui ne font que rêver, s'écrire,

"adulescents" tout le temps.

Troublants !

Votre main tout satin,

sur la mienne tâchée d'encre,

se pose et l'enveloppe,

la sommant de s'ouvrir,

de se donner corps et âme.

Ecrire, oui mais,

 à la vôtre s'alliancer.

 

NINA

 

 

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Au-delà du sentier

 

 

 

L'éveil de l'intelligence me passionne.

Des gourous, à tous ceux avides de comprendre,

Pressés d’être conduits sur le sentier des sages,

Apprennent que les guides sont de fieffés farceurs.

Et l'interminable chemin sera risqué.

 

Cependant, démuni au bout de son épreuve,

Le pèlerin ressent de la sérénité;

Son esprit et son âme accueillent le repos.

 

J'ai souvent entendu des hommes éclairés,

   En suivant, solitaire un parcours incertain.

Arrivée à la fin d'un surprenant voyage,

N'ayant plus de souhaits, attentive à l'instant,

Optimiste entêtée, j'ignore les prières.

 

J'ose me comparer aux résignés de l'Inde,

Rendant grâce au destin dans l'eau sacrée du fleuve.

Mais n'oublie  pas que moi, je vis dans le confort.

23/01/1992

 

 

 

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La femme loin de ta vie

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Photo Edouard Boubat

Ne me dis rien

Ne me prête rien

C'est loin de ta vie

Que je serai la femme de ta vie

 

Mi-femme, mi-ombre

Princesse à distance

Ni épouse ni amante

Lointaine compagne

 

Rêvée, diaphane

Absolue, éthérée

Plus désirable encore

Que l'idée du désir.

 

J'ai laissé dans le lin

Juste un doux parfum

Qui suffit à remplir

Tes nuits, jour après jour

 

Trois gouttes de rose

Où reposait ma tête

Discrètes et de bon ton

Ne te demandent rien

 

Sans rumeur ni tapage

Peu à peu elles s'estompent,

Joli rêve qui s'éloigne

Sur la pointe des pieds.

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Indubitablement

 

 

Soliloque

De nos jours, il existe encore des sensibles,

Aussi des raffinés souffreteux et des drôles,

Des égarés rêveurs, des apprentis sorciers.

Il y a, dans la nuit, des énervés qui veillent,

Et dans les rues, le jour, des êtres allant pressés,

Pris dans l' impératif de l'ordre quotidien.

Beaucoup s'épuiseront attachés à leur tâche

Pourtant, il restera toujours des solitaires,

Pouvant prendre le temps de s'écouter penser.

Afin que leurs écrits soient certes inimitables,

Des poètes ont créé un étrange langage.

Ils confèrent aux mots un sens inusité.

Indubitablement, ils se sentent puissants,

Visiteurs d'un ailleurs, à eux seuls accessible.

Lors, divaguer en vers ressortit d'un grand art.

                                                                       25/5/1998

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Jean Lhassa : THANATHOS

Les éditions du Centre d’Art d’Ixelles

présentent

 

THANATOS

Jean Lhassa

 

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Parler de la mort sans tomber dans les poncifs, voilà le challenge que Jean Lhassa s’est lancé au moment d’entreprendre l’écriture de son recueil de nouvelles. On peut l’envisager à tout âge, sous n’importe quel aspect … même si on sait qu’elle surgira à un moment forcément inopportun, sous les traits d’un être cher, dans un rêve ou au coin de la rue. On peut également mourir de tout, d’un rien. L’auteur connaît admirablement ses classiques et possède une âme de feuilletoniste. Il y a donc un peu de Jean Ray et de Thomas Owen dans ses lignes, même s’il fait œuvre personnelle. Une quarantaine de textes courts et n’excédant jamais plus de six pages aident le lecteur à appréhender le dernier instant avec philosophie, horreur ou ...incrédulité.

 

 

Romancier et essayiste, Jean Lhassa est aussi un spécialiste du western italien, genre auquel il a contribué en écrivant trois ouvrages analytiques, et du cinéma en général. Auteur d’une biographie d’Ennio Morricone, le maestro italien, il a également collaboré à de multiples reprises avec le scénariste Mythic pour accoucher d’une centaine de nouvelles et de deux romans (Maasterstein, Hushan). Les éditions du Centre d’Art d’Ixelles publient régulièrement ses textes et ce depuis une vingtaine d’années.

 

Dépôt légal : D/2013/4467/3 – 3e trimestre 2013

136 pages

Chez le même éditeur :

-          Le goût du malheur : Henri Vernes

-          Gus Rongy : Oglala

-          Je ne suis pas une Lolita : Daniel Bastié

-          Duiveldag : Jean Lhassa et Mythic

-          Les jours renoués : Robert Vandamme

-          Le journal de Morgane : Daniel Bastié

-          Furya : Mythic

-          Douze ans, onze mois : Jean Lhassa

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Les éditions du Centre d’Art d’Ixelles

présentent

 

IL ÉTAIT UNE FOIS LE WESTERN

Anthologie d’auteurs francophones

 

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Impossible de parler du western sans imaginer de vastes étendues sauvages accompagnées par un souffle d’harmonica. Depuis que Sergio Leone a revisité l’Ouest sauvage, rien n’est plus pareil et l’univers des cow-boys a pris un grand coup d’étrier dans le derrière. Jean Lhassa a eu l’idée de rassembler le meilleur des auteurs francophones que compte la Belgique et de leur proposer de se promener dans les univers de Bruno Corbucci, de Sergio Sollima et Damiano Damiani afin de partir à la rencontre de Terence Hill, de Georges Hilton et de Giuliano Gemma. On connaît cependant les écrivains d’aujourd’hui. Ils partent d’une thématique et s’évadent dans des mondes personnels qui doivent un peu … beaucoup … à ce qu’ils ont lu, vécu ou entendu. Chacun avec son style, sa force et ses limites, a soumis une nouvelle plus ou moins longue. Si Henri Vernes a accepté d’offrir un texte placé en début d’ouvrage, les noms de Gus Rongy, Laurent Aknin, Nicolas Bay, Daniel Bastié, Georges Bouillon, Charles Fox, Dan Pascal, Léopold Pauwels et de nombreux autres viennent dresser un portrait subjectif de l’Ouest assimilé par des hommes et des femmes de la fin du XXe siècle.

 

Dépôt légal : D/1996/4467/18 – 4e trimestre 1996

336 pages

Chez le même éditeur :

-          Thanatos : Jean Lhassa

-          Le goût du malheur : Henri Vernes

-          Les jours renoués : Robert Vandamme

-          Fantasmagorie crétoise : Mikis Theodorakis

-          Furya : Mythic

-          Je ne suis pas une Lolita : Daniel Bastié

-          Cosmopolyton : Jean Lhassa

-          Zones d’ombres : Patrick Verlinden

-          Douze ans, onze mois : Jean Lhassa

-          Le journal de Morgane : Daniel Bastié

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Jean Lhassa : COSMOPOLYTON

Les éditions du Centre d’Art d’Ixelles

présentent

 

COSMOPOLYTON

Jean Lhassa

 

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Difficile de parler d’Eros sans parler de l’amour et de l’énorme sensualité qui y prépare. Difficile de parler de l’amour sans parler de la haine et de la vengeance qui en découlent inévitablement. Qui sont donc celles et ceux qui prennent le corps et les arguments imparables d’Eros ? Une harpiste que vous ne connaissez ni d’Eve ni d’Adam mais qui vous subjuguera, une jeune étudiante qui s’invite dans vos rêves, nuit après nuit, une maman perdue trop tôt, une conquête que vous auriez mieux fait d’éviter, une fille d’un autre temps impossible à satisfaire, une délicieuse amante qui vous cachait sa maladie, une épouse trompée qui vous fera payer au centuple votre trahison, une passionnée du voyeurisme, un trop joli garçon dont l’atout dangereux reste sa virilité en or … Toutes et tous ont en commun dans les nouvelles rassemblées ici la mort, le prix à consentir aux dards d’Eros. Ils succomberont sans lutter aux divins coups de foudre. Trente-six textes à lire sans modération. La plume de Jean Lhassa reste plus que jamais une aubaine pour tout amoureux de belles lettres avec, en prime, l’imagination au pouvoir. 

 

Romancier et essayiste, Jean Lhassa est aussi un spécialiste du western italien, genre auquel il a contribué en écrivant trois ouvrages analytiques, et du cinéma en général. Auteur d’une biographie d’Ennio Morricone, le maestro italien, il a également collaboré à de multiples reprises avec le scénariste Mythic pour accoucher d’une centaine de nouvelles et de deux romans (Maasterstein, Hushan). Les éditions du Centre d’Art d’Ixelles publient régulièrement ses textes et ce depuis une vingtaine d’années.

Chez le même éditeur :

-          Oglala : Gus Rongy

-          Je ne suis pas une Lolita : Daniel Bastié

-          Les jours renoués : Robert Vandamme

-          Fantasmagorie crétoise : Mikis Theodorakis

-          Zones d’ombres : Patrick Verlinden

-          Cosmopolyton : Jean Lhassa

-          Furya : Mythic

-          Le journal de Morgane : Daniel Bastié

 

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12273078255?profile=original"Les caractères" sont un recueil de maximes et portraits moraux de Jean de La Bruyère (1645-1696), publié à Paris chez Estienne Michallet en 1688; neuf éditions revues, augmentées et corrigées chez le même éditeur jusqu'en 1696.

On pourra sans grand risque soutenir que, en dépit des Dialogues sur le quiétisme, La Bruyère est l'homme d'un seul livre. C'est vers 1674 - peut-être même dès 1670 - qu'il a dû commencer à consigner par écrit ses réflexions sur la société qui l'entoure, et jusqu'à l'année de sa mort il ne cessera de corriger et de retravailler un texte qui fixe pour nous la vérité de son auteur. OEuvre en un sens autobiographique, puisque issue pas à pas de l'expérience personnelle (celle en particulier du préceptorat de Louis de Bourbon, petit-fils du Grand Condé) avec son lot d'admirations et surtout de rancoeurs. Le bourgeois propulsé dans la maison de Condé rencontre en effet, dans ce poste d'observation privilégié sur la noblesse et la cour, mille occasions quotidiennes d'humiliations, surtout s'il se double d'un intellectuel timide. Les Caractères sont une façon de revanche. Une revanche au demeurant précautionneuse: lorsque, en 1688, le livre paraît, son auteur reste anonyme et son titre s'abrite derrière un autre, les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les Moeurs de ce siècle. Apparemment, il ne s'agit que d'une imitation, d'un prolongement modeste apporté à l'oeuvre du philosophe antique, cette dernière bénéficiant d'ailleurs d'une typographie plus aérée. Le public pourtant ne s'y trompe pas, qui absorbe trois éditions en un an. Six autres paraîtront du vivant de l'auteur. Plus encore que le succès, avec son parfum de scandale - une première clé manuscrite prétend dévoiler, en 1693, les personnes visées dans les portraits-charges du moraliste - et son cortège de polémiques - des Anciens contre les Modernes, des «esprits forts» contre les croyants -, les Caractères apportent à La Bruyère la gloire: le 16 mai 1693, il est sur cet unique ouvrage élu à l'Académie française.

Entre 1688 et 1696, le livre va considérablement évoluer. Point dans le nombre (16) ni dans l'ordre de ses chapitres, mais dans le nombre des remarques qui les composent. On passe de 420 remarques pour la première édition à 1 120 pour la dernière. La Bruyère ajoute toujours, puisant notamment dans un manuscrit élaboré sur une quinzaine d'années et dont une partie seulement a formé l'édition de 1688, sans presque rien retrancher (rarissime exception: la remarque 19 du chapitre «Du souverain ou de la république»). Ces ajouts n'ont pas pour but d'équilibrer la longueur des différents chapitres, mais d'introduire plus de diversité à l'intérieur de chacun d'eux par une alternance de textes différenciés. On distingue en effet trois types de remarques: les maximes - l'ouvrage de La Rochefoucauld avait été édité à Paris en 1665 -, par définition brèves et exprimant une vérité morale universelle; les réflexions, qui interviennent en commentaire d'un énoncé général et comptent en moyenne une dizaine de lignes; les portraits enfin, de longueur variable, et dont les modèles sont désignés la plupart du temps par un nom fictif. D'une édition à l'autre, le pourcentage des réflexions (environ 30%) varie peu, alors que celui des maximes recule sans cesse devant les portraits: cette évolution reflète, bien que La Bruyère proteste de sa bonne foi, le goût stimulé des mondains pour l'énigme médisante, à laquelle nul n'est en peine de trouver une solution. Au début de sa carrière littéraire, La Bruyère est gouverné par la prudence: il ne se donne guère pour ambition d'améliorer ses semblables, la place de la satire est limitée (une dizaine seulement de portraits, aux allusions opaques, et dont les victimes sont souvent décédées). Mais petit à petit les attaques personnelles vont se faire plus nombreuses et directes, l'auteur va afficher son désir d'instruire et de réformer le lecteur; il donne un cours plus libre à son pessimisme et aboutit à une véritable critique sociale. A la fin, il tranche du philosophe et se pose - nouveau Pascal - en apologiste de la religion chrétienne. Mais c'est aux Essais, et non aux Pensées, que l'évolution des Caractères fait bien plutôt songer: un auteur couvert d'abord par un ou plusieurs écrivains antiques et satisfait apparemment d'écrire entre leurs lignes refait toute sa vie un livre de plus en plus volumineux, complexe et personnel auquel la postérité va l'identifier.

I. «Des ouvrages de l'esprit». «Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent» (Remarque 1). Quand bien même il resterait place pour un talent nouveau, les critiques se ligueraient contre lui, par incompréhension ou jalousie. Le seul salut possible est dans un retour au simple et au naturel qu'ont illustrés les Anciens et que les «honnêtes gens» sont encore capables de goûter.
II. «Du mérite personnel». Le mérite devance l'âge chez ceux qui sont de royale lignée, mais les grands génies ne leur sont pas inférieurs. Quant au sage, il renoncera à se faire valoir plutôt que d'avoir à dépendre des autres.

III. «Des femmes». Les femmes ont-elles du mérite? Si l'on met à part celles qui bénéficient d'une haute naissance, leur mérite se ramène à leur beauté - beauté trompeuse, car éphémère et fardée. Lorsque le temps de plaire est passé, elles se jettent dans une dévotion affectée et envieuse, décidément incapables de se conduire jamais par raison.
IV. «Du coeur». Le coeur sert à aimer: non point de la passion violente de l'amour, mais de la préférence d'estime que veut l'amitié. Il est aussi le siège de la générosité, vertu opposée à la prodigalité comme à l'avidité et qui donne sa douceur au commerce des hommes.

V. «De la société et de la conversation». Les entretiens ordinaires sont vains et incommodes: comment éviter Acis - le «diseur de phoebus» -, Arrias - l'esprit prétendument universel - ou le grossier Théodecte? Chacun ne pense qu'à éblouir les autres, les railler, les écraser, quand la politesse consisterait à les rendre contents d'eux-mêmes en leur donnant de l'esprit.
VI. «Des biens de fortune». L'acquisition des richesses se fait au détriment non seulement du repos et de la santé, mais de l'honneur et de la conscience. Une consolation cependant devant l'ascension insolente des parvenus: la rapidité de leur chute.

VII. «De la ville». Paris est «le singe de la cour» (R. 15): les hauts magistrats s'acoquinent avec ce qu'il y a de plus dévergondé dans l'aristocratie; les parasites pullulent, pures nullités (ainsi Narcisse) qui jouent les utilités; les bourgeois ne proportionnent plus leur dépense à leur revenu, mais à leur vanité.
VIII. «De la cour». C'est le pays de l'esclavage. On y passe son temps, dans le brouhaha des antichambres et des escaliers, à contraindre ses sentiments pour plaire aux amis du nouveau favori tout en se ménageant à force de flatteries des appuis qui doivent nous permettre de le remplacer. «Vous êtes homme de bien?» Pronostic immédiat: «Vous êtes perdu» (R. 40).

IX. «Des grands». La grandeur est loin d'aller avec le discernement: parmi ceux qui sont au service des puissants, les gens d'esprit sont le plus souvent méprisés, alors que les intrigants entrent dans la confidence de leurs maîtres. C'est le règne des intendants et des bourgeois, qui profitent de l'ignorance où sont les grands de leurs propres affaires comme de celles de l'État.
X. «Du souverain ou De la république». Tous les régimes se valent, hormis la tyrannie. Pour l'État, le plus sûr est de n'introduire aucune réforme, car c'est donner l'exemple du changement. En politique extérieure, la guerre est une solution désastreuse qui, outre les maux qu'elle cause directement, empêche de procurer le bien au peuple.

XI. «De l'homme». Dans ses relations avec autrui, l'homme fait l'expérience de l'inconstance, de l'incivilité et de l'injustice. Tous ces maux ont une racine naturelle en son coeur: l'amour-propre. Ils s'ajoutent à ceux qui lui viennent de sa constitution physique, promise à la caducité et à la mort.
XII. «Des jugements». Nous jugeons mal. A preuve, les contradictions qui paraissent entre nos jugements. C'est qu'ils sont gouvernés par le préjugé, fondés sur l'apparence et en définitive portés sur un objet lui-même contradictoire. Deux instances peuvent échapper à l'erreur: la postérité et les philosophes.

XIII. «De la mode». Généralement parlant, «il y a autant de faiblesse à fuir la mode qu'à l'affecter» (R. 11). Il importe cependant d'y résister lorsqu'elle intéresse «le goût» (R. 1) - qu'elle fixe de façon pathologique sur des objets insignifiants -, et surtout la conscience - la mode de la dévotion multiplie les émules de Tartuffe.
XIV. «De quelques usages». Les habitudes du temps montrent des bourgeois enrichis qui n'hésitent pas à se faire passer pour nobles de souche, un clergé trop souvent gagné par les moeurs chicanières et cupides du monde, une justice forte surtout devant le faible et vivant de la contestation des testaments les plus authentiques.

XV. «De la chaire». «Le discours chrétien est devenu un spectacle» (R. 1): les sermons se parent d'ornements étrangers à la gravité de la parole sacrée - figures réitérées, traits brillants, descriptions précieuses - et visent beaucoup moins à convertir qu'à se faire admirer. Un prédicateur véritablement apostolique s'épargne ces vaines recherches pour se livrer à l'inspiration divine.
XVI. «Des esprits forts». L'expression est ironique car les libertins, loin de montrer une quelconque force de raisonnement, ne font que suivre les passions qui les attachent à la terre, ou la mode de l'impiété affichée par les Grands. Quelle déraison chez les prétendus rationalistes! Ce qui pense en moi ne peut être qu'esprit et ne saurait tirer sa première cause de la matière. L'ordre de l'univers immense exclut d'autre part qu'il soit régi par le hasard.

Les Caractères suivent-ils un plan? Il n'est pas évident de découvrir une logique dans la suite de leurs chapitres ou de leurs remarques. La Bruyère semble le premier donner dans l'illusion rétrospective lorsqu'il écrit en 1694, dans la Préface de son Discours à l'Académie, que les quinze premiers chapitres «ne sont que des préparations au seizième»: leur objet serait de ruiner systématiquement «tous les obstacles qui affaiblissent d'abord, et qui éteignent ensuite dans tous les hommes la connaissance de Dieu». A vrai dire, le «Discours sur Théophraste» (1688) qui précède la traduction de cet auteur en tête des Caractères parle seulement de rendre l'homme «raisonnable», et ce «en l'examinant indifféremment, sans beaucoup de méthode». La Bruyère fuit l'ordre didactique du pédant - comme en témoigne la facilité avec laquelle les remarques glissent d'un chapitre à un autre au fil des éditions - pour mimer la liberté, qui n'est point sans règles, de la conversation mondaine. Des repères s'offrent: le livre s'ouvre sur le livre, trouve son centre de gravité à traiter de l'État et culmine avec la religion. L'écrivain, le roi, Dieu. Une ambition d'universalité soutient le projet: «Les Caractères, dit R. Barthes, sont en un certain sens un livre de savoir total.» Avant l'éclatement en disciplines autonomes, il s'agit pour le moraliste de couvrir à la façon d'un cartographe toutes les régions du monde humain sans laisser subsister de terres inconnues. Au lieu d'un ordre analytique, on se trouvera donc confronté à une répartition par zones: deux chapitres sur la nature humaine en général («De l'homme», «Des jugements»), les autres se regroupant en champs thématiques différenciés - l'art («Des ouvrages de l'esprit»), l'amour («Des femmes», «Du coeur»), la société («De la ville», «De la cour», «Des grands», «De la mode», etc.) et la religion («De la chaire», «Des esprits forts»). Le moraliste classique peut encore se poser en encyclopédiste du microcosme.

Le savoir chez lui est indissociable de la critique. Rien ou presque dans son époque ne le satisfait. Pour mieux accabler ses contemporains, La Bruyère peint le passé aux couleurs d'un mythique âge d'or: en littérature, et globalement dans l'art, la perfection se situe au commencement; pour la vie sociale, il faut regretter le mode d'existence patriarcal et l'économie «champêtre» des premiers hommes, quand «il n'y avait encore ni offices, ni commissions, ni présidents, ni procureurs» («De la ville», R. 21); le souverain idéal apparaît sous les traits d'un biblique pasteur, cependant que l'Église contemple dans les vénérables Basile et Chrysostome les modèles de son éloquence enfuie et livrée désormais aux déclamateurs _ «le temps des homélies n'est plus» («De la chaire», R. 5). D'un mot peut se résumer ce que nous avons perdu: la nature, au sens même le plus immédiat du terme. Alors que le bourgeois d'autrefois allait encore sur sa mule et franchissait les rues comme un chasseur traverse les guérets, celui d'aujourd'hui met son étude à se garantir de toute atteinte de la pluie, du vent ou du soleil. La société nouvelle est citadine en cette acception extrême que l'homme n'y est plus en rapport qu'avec d'autres hommes. Au lieu de la nature et de la réalité règnent l'artifice et l'apparence. Si encore l'apparence reflétait la réalité! Mais le signe a pris son autonomie, il prolifère sans mesure et sans référent, comme les armoiries des Sannions qu'on retrouve jusque sur leurs serrures et qui ne correspondent à aucune noblesse de race. Ou plutôt, l'unique référent du signe est devenu l'argent, qui est lui-même un signe. La société, ainsi, n'a plus de fondement naturel, ses distinctions ne renvoient ni au mérite ni au travail - ceux qui la font vivre, les paysans, sont exclus même de l'humanité («L'on voit certains animaux farouches...», «De l'homme», R. 128) - et s'offrent par là au regard du philosophe comme une collection hétéroclite et dévaluée de signes.

A ce monde désarticulé ne peut convenir qu'une écriture discontinue. La Bruyère, comme presque tous les moralistes, adopte la forme du fragment parce qu'elle impose d'emblée la diversité, les contradictions, l'inconsistance même de son sujet - l'homme. A la limite, l'auteur des Caractères récuse la notion de caractère en ce qu'elle prétend abusivement circonscrire une essence: «Les hommes n'ont point de caractères, ou s'ils en ont, c'est celui de n'en avoir aucun qui soit suivi» («De l'homme», R. 147). De manière plus originale, il prolonge la discontinuité jusqu'à l'intérieur du fragment. A une époque où l'art des transitions était la pierre de touche du métier d'écrivain, il ose supprimer systématiquement les liaisons logiques. Ses portraits sont des catalogues d'actes introduits par la répétition indéfinie du pronom «il» et accumulés sans engendrer de récit. Tous les verbes pratiquement qui dépeignent Giton (le riche) se retrouvent dans la description de Phédon (le pauvre), mais dans un ordre différent - rendu par là indifférent. Cette exclusion de la temporalité et de son irréversibilité interdit au personnage de passer pour une personne et le réduit à la série de ses gestes: ce qui fait défaut en lui, c'est l'esprit qui les veut et les coordonne, l'intériorité vivante qu'on a précisément coutume d'appeler «caractère». Fécondité inattendue de La Bruyère: tout en attirant, par la substitution du mécanique à l'humain, la dérision sur une société veuve de son âme, il désigne dans le langage «qui se sait et se proclame artifice» (Doubrovsky) le lieu moderne de l'écriture.

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SAFADORE

SAFADORE

Salon de l'Art Fantastique Européen
Du 7 février au 6 mars 2015
Thermes du Mont-Dore
Du lundi au vendredi de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00 et le samedi de 10h00 à 12h00.

En dix ans, le salon de l'Art Fantastique Européen du Mont-Dore a réuni dans le cadre magique des Thermes historiques une bonne centaine de peintres originaires de toute l'Europe. Toutes les grosses pointures de la mouvance fantastique sont passées dans l'accueillante ambiance hivernale auvergnate pour exposer leur travail créatif dans le cadre de l'événement valorisant, proposé par la Ville du Mont-Dore avec le concours des «Héritiers de Dali». En dix ans, le mouvement rénovateur fondé en 2004 par Roger Erasmy a présenté 25 expositions internationales dans la station du Sancy (devenue port d'attache du collectif) et dans les grandes capitales européennes : Bruxelles, Munich, Ratisbonne, Vienne, Barcelone et Paris. L'affluence du grand public (dont 7.000 visiteurs par an en Auvergne) a permis de constater le fabuleux enthousiasme suscité par l'Art de l'imaginaire

 

 

                             http://fr.slideshare.net/otsancy/safadore2015-visuels-tableaux

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12273074268?profile=originalBertha Wegmann (1847-1926) :

Portrait de l'artiste Johanna Bauck, 1881.

Une peintre suédoise, peinte par une autre peintre, danoise. Toutes deux amies, elles louèrent un studio, à Munich puis à Paris, pour y travailler.

Gloire à la féminité !

Je vous propose dans ce billet un nouvel éclairage sur la peinture scandinave, et surtout de montrer combien important y fut le rôle des femmes.

Si aujourd'hui cela semble évident, ce ne fut pas toujours le cas dans notre sociétée si bien corsetée.

Bien sûr il y eut Sofonisba Anguissola (c. 1532-1625) ou Artemisia Gentileschi (1593-1652), Elisabeth Vigée-lebrun (1755-1842), Rosa Bonheur (1822-1899), Berthe Morisot (1841-1895) ou Mary Cassatt (1844-1926), mais longtemps elles demeurèrent exceptions.

Boccace avait prévenu : "L'art est très étranger à l'esprit des femmes, et ces choses ne peuvent être accomplies sans beaucoup de talent, qualité rare d'ordinaire chez elles.", 1370.

12273074692?profile=originalAmalia Lindegren (1814-1891), Suédoise :

Le petit-déjeuner, 1866.

Le "Breakfast", un autre "must" suédois.

Bon, me direz-vous, Boccace c'est le XIVe siècle, faut bien sortir du Moyen-Âge...

D'accord, alors ancrons-nous dans la "modernité" de l'ère industrielle.

D'ailleurs "Quelques femmes - exceptions très rares - ont pu donner, soit dans l'art, soit dans la littérature, l'illusion d'une force créatrice. Mais ce sont ou des êtres anormaux, en état de révolte contre la nature, ou de simples reflets du mâle.", Octave Mirbeau, 1900.

De l'art et du cochon.

Charmant, non ?

12273074501?profile=originalAmanda Sidvall (1844-1892), Suédoise :

Autoportrait, 1870.

Pourtant, fin dix-neuvième, la femme s'émancipe et "On ne compte plus les femmes typographes, dessinateurs, compables, caissières, courtières, agents d'affaires..."

Ce que l'on semble déjà déplorer.

Et "Dans l'art, c'est pire ; la femme l'encombre. La femme peintre, sculpteur, compositeur, romancier, sont autant de manières d'être où se manisfeste cette prétention à l'assimilation.", Dr Julien Chevalier, 1893.

T'as de la méthode ! T'assimiles, Mimile !

Chevaleresque, vous dis-je !

12273075870?profile=originalFanny Brate (1861-1940), Suédoise :

La fête, 1902.

Avec une lumière aérienne qui illumine la scène, nul doute que "La fête" soit réussie. C'est en tout cas la toile la plus célèbre de cette proche de Carl Larsson.

Heureusement, contre l'avis commun, la femme se rebiffe.

"Oser écrire, oser parler, oser agir sans l'abri du masque ou de l'éventail, n'était-ce pas sortir de cette réserve que les moeurs, les lois, les religions ont de temps immémoriaux, recommandée ou imposée aux femmes comme étant leur plus belle parure ? Aux hommes le forum, aux femmes le foyer...

Ainsi pensait la majorité.", Marguerite Durand, 1902.

12273076476?profile=originalBertha Wegmann (1847-1926), Danoise :

La femme en noir.

Même si influencé par Whistler, ce portrait laisse un parfum inoubliable.

Aussi pousuivons dans son sillage.

En Scandinavie, les femmes semblent moins en butte à l'hostilité, et leur production, toujours ignorée ici, vaut certes d'être exposée et louée.

12273076674?profile=originalHarriet Backer (1845-1932), Norvégienne :

Un cordonnier rural, 1887.

Elève des peintres français Gérôme et Bonnat, elle combine réalisme et impressionnisme, réalisant une synthèse parfaite.

Et si aujourd'hui les femmes sont beaucoups moins rares, elles restent à jamais d'exception.

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Eva Bonnier (1857-1909), Suédoise :

La gouvernante, Brita Maria (Mussa) Bauck, 1890.

Une peinture réaliste qui rend hommage au "petit personnel", qui lit et s'informe, quand il n'est pas cantonné aux fourneaux, voilà un sujet rarement traité.

Vous avez dit féministe  ?

C'est manifeste. Maria Deraisme (1828-1894), ardente féministe, libre-penseuse et peintre à ses heures, savait ce que femme veut.

"Ce que les femmes veulent, c'est de ne point être élevées, enseignées, façonnées suivant un type de convention ; type conçu dans la cervelle des poètes, des romanciers, des artistes, et par conséquent dépourvu de réalité.

Ce que les femmes veulent enfin, c'est qu'on renonce à cette distribution arbitraire, fictive, des facultés humaines, affirmant que l'homme représente la raison, la femme le sentiment."

"Leur juste part de droit et de liberté" en somme.

Michel Lansardière (texte et photos).

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Pour les yeux d'Emilienne

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                        Pour les yeux d’Emilienne

 

 

                                                        Le  roman

 

                     «  Pour les yeux d’Emilienne conte avant tout une formidable histoire d’amour, celle de Maximilien et d’Emilienne. A dix-sept ans, ils se sont connus au collège et se sont aimés puis la vie les a séparés. A tout jamais, croyaient-ils. Chacun d’eux a suivi son propre chemin. Pendant plus de trente ans, Emilienne n’entendra plus aucune nouvelle de son amour de jeunesse tandis que Maximilien cultivera le fantasme du souvenir de la jeune fille mais sans aucun espoir de pouvoir la retrouver. D’ailleurs, est-elle encore vivante ? Et puis, l’incroyable va se produire. Des circonstances étranges vont permettre à Maximilien de retrouver Emilienne. Et le miracle se produira, le fantasme deviendra réalité, leurs destins se croiseront. Un grand amour naîtra et une nouvelle vie s’ouvrira alors pour les deux héros.

 

                                                                      

                                                         L’auteur

 

                     Guy Rombeau est belge et vit dans le Hainaut. Passionné depuis l’enfance par l’art pictural, la littérature et plus particulièrement la poésie, il s’est décidé à se lancer dans l’écriture après une longue carrière professionnelle exercée dans le domaine de l’informatique et de la finance. « Pour les yeux d’Emilienne » est son deuxième roman, paru en 2015, dont une grande partie de l’action se situe dans le pays athois. En 2013, il avait déjà publié un premier roman intitulé « Victor ». Un recueil de poésies intitulé « Souvenirs du Pays Vert » et illustré par l’auteur est en cours de préparation.                 

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Fulda, mon amie d'enfance

J’aimerais une cour où jouer encore,
Là où le soleil pourrait toujours briller.
M’y promener et flâner le soir, y humer
Les parfums qui courent d’un jour qui m’adore.


J’aimerais tant ma montagne aux blancs sommets,
Franchir ma fenêtre et saisir leurs clartés,
M’agenouiller tel un enfant émerveillé,
Tenir aussi dans ma main un flocon mouillé.


Et puis danser, danser comme par le passé,
Virevolter sous le Ciel devenu clément.
Et moi, mère, qui enlacerait ses enfants,
Crierait au monde mes rêves enfermés.

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Ma fille adorée,

 

Sais-tu mon secret pour avancer toujours, bien debout,

souriante et libre d'une certaine façon ?

Tricotes-toi pour toi d'abord, tout le temps de la douceur ;

 rêves éveillés, écriture etc. ..... créativité.

N'y renonce jamais.

Ensuite tu ressentiras la nécessité de partager.

Pour moi ma chérie, la poésie fut au départ

 le substitut, de façon inconsciente bien sûr,

 des bras enlaçant d'une mère,

 ensuite ce fut un cheminement au sein du quotidien,

 une aération, une ouverture bleue, verte, toute lumineuse.

Pour toi bien sûr ma chérie,

 ce sera forcément différent,

sachant que mes bras sur toi, je les referme souvent.

Là où il y a un manque, une absence,

 peut naître puis grandir un ensoleillement,

où sûrement même une fleur !

L'essentiel est en soi.

Oui, sois douce avec toi ma beauté.

Choisis la vie avec un V majuscule !

Celle-ci recèle maintes plaisirs, 

des trésors minuscules ;

 Le minuscule étant l'éclat,

le clin d'œil de l'immense.

voilà mon grand secret,

même plongée dans le noir,

j'aperçois un rayonnement,

dans l'effort je ressent de l'allégresse :

 Je deviens moi de jour en jour.

Ne faut-il pas être un peu sa propre mère ?

NINA

 

 

 

 

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