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Tout sauf autre chose


TOUT SAUF AUTRE CHOSE




A digérer tou’chat,

Les poussins dans la neige

Plus jaunes que les rires et les possible pièges

Embouteillage du monde

Et bouteille à la mer

Millésimes à la ronde

La la la la la l’ère

On aime trop le silence

Et le vent et l’errance

Vivre sa préhistoire, c’est construire demain


Toto dit que les gens n’ont plus de parole

Toto le répète en n’accusant personne

On en convient, on s’en console

Mais on pose des croix dans les colonnes

Un soleil enrhumé est toujours un soleil

La nuit portera toujours ses conseils


C’est tout sauf autre chose

C’est fou, cette overdose

Entre manque et superflu(x)

Déjà eu, encore dû


On a l’âge de ses voies

De ses riens, de son cœur

Et on nage tout coi

Dans la rosée des fleurs

Entre faire et défaire,

On occulte, on éclaire

A digérer tou’chat

Les poussins dans la neige



Fabienne Coppens

Sabam
Mars 1998


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Ce travail est de partager avec l'artiste collègues Kristeen Van Ryswyck

L’oeuvre de Mariojosé naît d’une chaleur lyrique vibrante qui anime le peintre. On découvre
dans le parapluie un symbole parfaitement compréhensible grâce à la



capacité littéraire de l’artiste. Il donne une ampleur poétique et pleine d’imagination
à quelque chose qui, pour le commun des mortels, n’est rien d’autre qu’un



objet fonctionnel strictement limité et sans transcendance. Mariojosé fait preuve d’émotion et de
sensualité dans son langage pictural, et en tant que véritable



artiste, il montre qu’il est possible de découvrir et de partager une profonde réalité qui
va au-delà du commun. Il démontre que la couleur vitale, traitée et



contenant quelquefois une tonalité évanescente et mélancolique, fait partie de la vie d’aujourd’hui et d’hier, de
ce qui est strictement personnel et social. Le



tout dans une union d’amour et d’espérance, dans un esprit de solidarité sociale.



Dr. Ignacio Carvallo-Castillo


Rédacteur du Diario El Universo


Equateur



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Emile Verhaeren, Les heures d'après-midi.

Asseyons-nous tous deux près du chemin

Asseyons-nous tous deux près du chemin,
Sur le vieux banc rongé de moisissures,
Et que je laisse, entre tes deuxmains sûres,
Longtemps s'abandonner ma main.

Avec ma main quilongtemps s'abandonne
A la douceur de se sentir sur tes genoux,
Moncoeur aussi, mon coeur fervent et doux
Semble se reposer, entre tesdeux mains bonnes.

Et c'est la joie intense et c'est l'amourprofond
Que nous goûtons à nous sentir si bien ensemble,
Sansqu'un seul mot trop fort sur nos lèvres ne tremble,
Ni même qu'unbaiser n'aille brûler ton front.

Et nous prolongerions l'ardeurde ce silence
Et l'immobilité de nos muets désirs,
N'était quetout à coup à les sentir frémir
Je n'étreigne, sans le vouloir, tesmains qui pensent ;

Tes mains, où mon bonheur entier reste scellé
Etqui jamais, pour rien au monde,
N'attenteraient à ces chosesprofondes
Dont nous vivons, sans en devoir parler.

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Emile Verhaeren passait chaque été dans sa maison de Roisin, au Caillou-qui-bique,

de 1899 à 1914, en compagnie de son épouse Marthe, peintre liégeoise.

Il y invitait ses amis, écrivait le matin, se promenait dans cette campagne

verdoyante qu'il affectionnait. Il y a notamment composé le recueil

"Les heures d'après-midi", poèmes d'amour et évoquant la nature.

C'était un homme au talent immense, poète, critique d'art, compositeur de théâtre,

admiré par de nombreux fervents de son oeuvre,tant artistes peintres qu'écrivains,

qui tous, voulaient le rencontrer ou correspondre avec lui: Signac, Rodin, Seurat,

Degas, Rilke.

André Gide et Mallarmé en faisaient leur guide, ainsi que Stefan Zweig.

Par son audace, son talent, son ardeur et sa grande culture, cet homme d'avant

garde a ouvert la voie d'une poésie nouvelle, tant symboliste que sociale,

aux accents lyriques et mystiques.


https://artsrtlettres.ning.com/events/nouvel-espace-emile-verhaeren

Verhaeren, peint par  Théo Van Rysselberghe.


Extrait du poème "La multiple splendeur" Emile Verhaeren.

"La terre est un éclat de diamant tombé,
on ne sait quand, jadis, des couronnes du ciel.
Le froid torpide et lent, l' air humide et plombé
ont apaisé son feu brusque et torrentiel;
les eaux des océans ont blêmi sa surface;
les monts ont soulevé leur échine de glaces;
les bois ont tressailli, du sol jusques au faîte,
d' un rut ou d' un combat rouge et noueux de bêtes;
les désastres croulant des levants aux ponants
ont tour à tour fait ou défait les continents;
là-bas où le cyclone en ses colères bout,
les caps se sont dressés sur le flot âpre et fou;
l' effort universel des heurts, des chocs, des
chutes,
en sa folie énorme a peu à peu décru
et lentement, après mille ans d' ombre et de lutte,
l' homme, dans le miroir de l' univers, s' est
apparu.
Il fut le maître
qui, tout à coup,
avec son torse droit, avec son front debout,
s' affirmait tel-et s' isolait de ses ancêtres.
Et la terre, avec ses jours, avec ses nuits,
immensément, à l' infini,
de l' est à l' ouest s' étendit devant lui;
et les premiers envols des premières pensées
du fond d' une cervelle humaine
et souveraine
eut lieu sous le soleil.
Les pensées!"
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Née de l'imagination fertile de la baronne Ephrussi de Rothschild à la Belle Epoque, la Villa Ephrussi est le joyau oublié de la Côte d'Azur. Le jardin à la française, qui domine tous les autres, déploie sa symétrie parfaite autour du grand bassin. La création de Nouveaux Jeux d’Eau Musicaux apporte une féerie supplémentaire en offrant aux visiteurs d’un jour et aux hôtes d’un soir le spectacle d’un grand ballet aquatique, d’une immense fresque mouvante.

Les effets aquatiques sont adaptés à chaque œuvre musicale. Les jets disposés dans le grand bassin central et dans les quatre bassins latéraux dansent au rythme de la musique, pour réaliser un véritable ballet nautique. S’associant gracieusement aux œuvres majestueuses de Mozart, Vivaldi, Tchaïkovski, Verdi, Wagner ou encore Bach et en alliance avec la lumière, les Jeux d’Eau deviennent un élément féerique, un véritable « théâtre d’eau » unique et original.

Bâti sur la partie la plus étroite de la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat, ce véritable Palais, dominant d’un côté la rade de Villefranche et de l’autre la baie de Beaulieu, est l’un des plus beaux monuments historiques de la Côte-d’Azur.

du 16/04/2008 au 31/12/2010

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Les grands cimetières sous la lune

Comment qualifier ce livre de Bernanos publié en 1938? Ces apostrophes passionnées; ces attaques souvent interminables où une violence verbale inouïe fait parfois place à une ironie, un humour plus corrosifs encore; ces procès intentés de tous les côtés, au général Franco, à Charles Maurras, à H. Massis, comme à Paul Claudel, à la cour de Rome, aux démocrates-chrétiens et aux nationaux chrétiens, aux prêtres républicains français aussi bien qu'aux prêtres phalangistes espagnols; ce livre écrit avec autant de bonne foi, d'enthousiasme, que de partis-pris, brûlant d'amour de la justice, alourdi de beaucoup d'injustices dans ces jugements; ne voilà-t-il point toutes les caractéristiques du pamphlet? L'auteur pourtant refuse aussitôt le mot: "Loin de m'exiter, dit-il, je passe mon temps à essayer de comprendre... Je crois que je m'efforce d'aimer..." Et c'est comme le "témoignage d'un homme libre" que nous sont proposés "Les grands cimetières sous la lune". Les "grands cimetières", ce sont aussi bien ceux de la guerre de 1914, oubliés par la nouvelle génération assoupie dans les habitudes, que ceux de la guerre d' Espagne. Celle-ci éclata en 1936: Bernanos, qui se trouvait à Majorque, lui fut d'abord favorable. Son fils même combattit quelques temps dans les rangs des nationalistes: les "Grands cimetières" est le premier des ouvrages de déception de Bernanos, il prélude à "Nous autres Français", à "Scandale de la vérité", où l'écrivain instaurera le procès "spirituel" de ses anciens amis politiques de l'école maurrassienne. Si les "tumultes" français ne cessent, au long de ces pages, de préoccuper Bernanos, c'est cependant la tragédie espagnole qui est le thème du livre. L'attitude que les uns et les autres prennent à l'égard de ce problème semble à Bernanos un point de repère infaillible. Pour lui, la position à choisir n'a point tardé à se montrer clairement: la guerre d' Espagne est un scandale, mais elle est le signe d'un scandale beaucoup plus vaste, plus ancien et sans doute hélas! plus durable que la seule équipée du général Franco et de ses compagnons. Scandale de l' Eglise? Pas exactement: "S'il m'arrive de mettre en cause l' Eglise, écrit-il, ce n'est pas dans le ridicule dessein de contribuer à la réformer. Je ne crois pas l' Eglise capable de se réformer humainement, du moins dans le sens où l'entendaient Luther ou Lamennais. Je ne la souhaite pas plus parfaite, elle est vivante".

Le scandale est donc moins celui de l' Eglise, que l'éternel scandale des "biens-pensants" de l' Eglise, déjà dénoncés dans "La grande peur des Bien-pensants". Dans son premier ouvrage politique, Bernanos paraissait "homme de droite", nationaliste, antisémite avec Drumont, et c'est aux hommes du Ralliement, qui rêvaient de réconcilier l' Eglise et le monde moderne qu'il s'en prenait surtout. Il semble donc, au premier abord, que les "Grands cimetières" marquent un renversement dans l'évolution de Bernanos. Il s'agit tout au contraire du prolongement d'un unique combat et d'un approfondissement: l'écrivain le souligne: les "Grands cimetières" ne sont que "de nouveaux chapitres de la "Grande peur". Franco est un Gallifet de cauhemar": Bernanos le rattache ainsi expressément à la répression de la Commune. Ce qu'il dénonce dans la collusion des catholiques et de l' aventure franquiste, c'est une nouvelle rupture entre l' Eglise de Dieu et les pauvres. Car la position politique se double ici d'une véritable imposture religieuse: ici et là, hier et aujourd'hui, les chrétiens témoignent du même oubli des moyens proprement spirituels et surnaturels, de la même confiance dans les seuls moyens temporels et politiques. Imposture de ceux qui se servent de la religion pour donner une bonne conscience à leur haine sociale, "Machiavels gâteux", "charmants petits mufles de la génération réaliste", qui ont mis "l' ouvrier syndiqué à la place du Boche". Imposture des hommes d' Eglise qui raisonnent en politique sans tenir aucun compte de la grâce et de l' amour surnaturel, fascinés qu'ils sont par les gloires et l'appareil de l'ordre temporel. Et quel ordre! "Une conception hideuse de l' ordre -l' ordre dans la rue", dit Bernanos. En effet, la conception du véritable ordre chrétien s'est perdue- et d'abord chez les chrétiens. Les séductions qu'exercent les tyrannies politiques ou les démagogues sur les gens d' Eglise les plus raisonnables témoignent d'une désincarnation de la foi, d'une habitude, désormais bien prise chez trop de chrétiens, de regarder le monde avec les yeux du monde- et non ceux de la grâce: "Si Dieu se retire du monde, c'est qu'il se retire de nous d'abord..."

"Les grands cimetières sous la lune" ont une atmosphère encore plus lourde que "La grande peur des biens pensants": Bernanos n'est pas loin du désespoir. La mort de la chrétienté, qu'il envisageait dans son premier pamphlet comme un futur, lui apparaît maintenant comme un présent. Celui qui attaque Franco et les hommes de droite qui en France le soutiennent, est loin d'être démocrate. Cet anarchiste est, au fond, un homme d' ordre déçu -qui se rend compte que tout l' "ordre" dont rêvent les modernes n'est qu'un mot, qu'il est radicalement étranger à l' âme de l'ordre: l' amour surnaturel... Des solutions? On doit reconnaître que Bernanos n'en propose guère, si ce n'est un appel, à un "esprit d' enfance" à vrai dire assez mal défini, et qui peut recouvrir aussi bien la plus sincère humilité et la simplicité chrétienne du coeur, qu'une tentation trop humaine de démission de l' intelligence et des nécessaires servitudes de la politique. L'ouvrage tout entier est d'ailleurs confus à l'extrême et Bernanos ne semble guère parfois se soucier de la fatigue de ses lecteurs. Mais ce prophète plein de colère a aussi des oasis intimes: il se plaît alors à évoquer des scènes familières, à se rêver "assis à la table de vieux moines ou de jeunes officiers amoureux de leur métier"; ou bien encore il se raconte, avec ses enthousiasmes et ses dégoûts. A certains, ce Bernanos pourra paraître plus vrai, plus humain que le polémiste: mais si ce dernier, surtout dans "Les grands cimetières" paraît se contredire, c'est que seul l'homme concret l'occupe, que c'est lui, le signe de contradiction, qui peut écraser les systèmes et les politiques. C'est d'abord cette fidélité, que Bernanos exalte ici jusqu'à l'exhaustion.

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Le Thésée de Gide, Testament humaniste

Dans son « Thésée » (1946) , Gide entreprend le récit de la vie du héros. Après avoir rapidement relaté diverses prouesses et aventures galantes - notamment ses amours avec Antiope qui lui donna un fils, Hippolyte -, il raconte son départ pour la Crète afin d'affronter le Minotaure. Ariane, fille du roi Minos, tombe amoureuse du héros. Grâce à elle, celui-ci obtient une entrevue avec Dédale, qui lui révèle les secrets du labyrinthe et lui conseille de rester relié à Ariane par un fil lorsqu'il y pénétrera. Thésée tue le Minotaure puis regagne la Grèce avec ses compagnons. Il abandonne Ariane dans une île car il lui préfère Phèdre, sa jeune soeur, qu'il a enlevée lors de son départ de Crète, puis épousée. Le roi Égée étant mort, son fils Thésée se consacre à l'organisation de la cité athénienne. Phèdre lutte en vain contre son amour pour Hippolyte; ce fatal sentiment conduit à la mort la femme et le fils de Thésée. Ce dernier est seul désormais. Son destin est accompli et il peut contempler son oeuvre: «Derrière moi, je laisse la cité d'Athènes. Plus encore que ma femme et mon fils, je l'ai chérie. J'ai fait ma ville. Après moi, saura l'habiter immortellement ma pensée.»

La Mythologie grecque constitue pour Gide un terrain privilégié d'inspiration et de méditation. Son oeuvre s'est amplement abreuvée à cette source, comme l'attestent les titres de plusieurs ouvrages tels que le Traité du Narcisse (1891), le Prométhée mal enchaîné (1899) ou Oedipe (1931). Avec Thésée, Gide rédige, dans sa période de vieillesse et à l'heure des bilans, une sorte d'autobiographie symbolique. Dès le début de son récit, le héros affirme: «Il s'agit d'abord de bien comprendre qui l'on est»; «raconter [sa] vie», tant pour Thésée que pour Gide, participe sans doute de cette quête d'une identité intelligible.

La figure mythique conserve ses caractéristiques et son histoire traditionnelles, mais elle est également une sorte de modèle de l'écrivain. Ainsi, l'évocation de la jeunesse de Thésée rappelle les accents des Nourritures terrestres. On retrouve la même ferveur dans la saisie du monde, la même sensualité exacerbée, la même inspiration dionysiaque: «Je ne m'arrêtais pas à moi-même, et tout contact avec un monde extérieur ne m'enseignait point tant mes limites qu'il n'éveillait en moi de volupté [...]. Vers tout ce que Pan, Zeus ou Thétis me présentaient de charmant, je bandais.»

Avatar de Nathanaël, le jeune Thésée reçoit d'Égée ce conseil: «Il y a de grandes choses à faire.

Obtiens-toi.» Au terme du parcours, toutefois, la vision du monde et la manière d'y prendre place se trouvent modifiées: l'édification et l'enracinement ont supplanté le refus de tout attachement. Le volage et aventurier Thésée s'est arrêté pour construire Athènes.

Oeuvre profondément humaniste, Thésée est le récit de l'acquisition d'une sagesse. C'est aussi une sorte de testament adressé par l'écrivain aux générations futures (Thésée destinait d'ailleurs son récit à son fils Hippolyte): «C'est consentant que j'approche la mort solitaire. J'ai goûté des biens de la terre. Il m'est doux de penser qu'après moi, grâce à moi, les hommes se reconnaîtront plus heureux, meilleurs et plus libres. Pour le bien de l'humanité future, j'ai fait mon oeuvre. J'ai vécu.»

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Tous les vents de nos vies ...


Vent brûlant de l'amour avec son souffle chaud,

Son souffle de passion souffle sa déraison,

Vent soufflant de désir, petit vent de plaisir,

Vent débordant de charme, simple vent de printemps...

Et puis le vent coquin, petit vent de folie,

Vent d'été tout léger, vent à déboussoler,

Vent à évaporer son âme à la volée,

Vent frileux, malicieux, vent pour vous rendre heureux...

Vent d'orage et d'éclairs, ouragan de colère,

Vent violent déchainé, vent pour déraciner,

Vent séchant, décapant, souffle-les ces vauriens,

Vent glaçant, vent givrant, vent qui gerce le cœur...

Vent violence, vent tourment et vent de la démence

Quand il vous prend aux tripes, vent de la tétanie,

Vent rageur dévastant, et vent de félonie...

Vent effaçant le mal en soufflant la bonté,

Vent de paix, vent calmant et couvrant la détresse,

Vent caresse, vent tendresse, petits souffles de liesse,

Pour amener la paix un grand vent d'indulgence

Un vent de tolérance, un vent de tempérance,

Vent de rassemblement, vent d'union, de fusion,

Et vent de communion, de communication ...

Et pour l'absolution le vent des punitions,

Vent de vos religions et vent de contrition,

Grand souffle de pardon...

Vent pour les ambitions et vent d'admiration,

De toute confusion et grand vent de patron,

Vente de haute fonction, vent "haute direction"...

Mais ... grand vent d'abandon, des airs de trahison,

Vent félon, vent juron, vent de trépanation,

Vent de contrefaçon, d'extraction, vent bougon,

Vent de désolation...

Vent de timidité, petit vent rose thé,

Vent d'amabilité et de cordialité,

Vent d'approche, vent d'accroche et grand vent d'amitié

Vent de propriété, vent d'exclusivité...

Et la sensualité, ce vent de volupté,

Ce souffla incomparable, recherche de succès,

Vent de braise, vent qui biaise et qui si bien nous baise,

Vend à nous rendre niaise...

Vent mêlant les amants, petite brise aimante,

Mais ... ce vent n'a qu'un temps!

Souffle les séparant, vent désenchantement,

Vent souvent bien poltron et vent de lâcheté,

Soufflant les désunions, vent cassant, vent coupant,

Et vent brisant bien sûr toutes les illusions...

Grand vent réunissant tous les vents de la terre,

Vents de tous continents, vents de tous sentiments,

Pour souffler dans le temps, pour souffler à jamais,

Tous les vents réunis ....

Tous les vents de nos vies .....


KVR

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TouChant

TOUT CHANT



Cantillation du Coran

Psalmodie bouddhique

Récitation du Rig Véda

Récitation épique

Chant de gloire, de guérison, d’espoir ou d’émotion

Voix du génie, voix des esprits, voix du masque

Chant d’amour et champs de conscience, champs de vision

Champs magnétique et champs d’action, de réconciliation


"Attention"… chant des oiseaux, chant des corps beaux

Cri du cœur, cri primal, cri d’horreur, cri d’enthousiasme…


Pourvu que l’on chante, de l’Equateur aux banquises

N’avoir pour seule rente que l’oxygène de la brise


Si les astres avaient de la mémoire

Ils ne nous laisseraient pas croire

À autre chose…


Si les astres avaient de la mémoire

Ils ne nous laisseraient pas...

...Aux chantages…


Chanter Malbrouck, chanter sur tous les toits

Irriguer l’impossible

Enflammer l’invisible, enchanteur, enchanté des chantiers


Berceuse du Mali, Miami, mi-ami

Doux moments des mamans auprès des lits,

Touchant l’ange enchanté…

Enchanteur, en chantier…


Chant, touchant, tout chant, TOUT chante


Pourvu que l’on chante, de l’Equateur aux banquises

N’avoir pour seule rente que l’oxygène de la brise

Chant, touchant


Chant, tout chant, touchant…


Fabienne Coppens

Sabam
30 03 98





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Mes mots ....

A la porte de mes silences, se cognent les mots

Qui vont rebondissant, implorant ma mémoire,

Ne pas les oublier dans cet imbroglio

Ces néfastes pensées bien peu compensatoires...


Les mots le savent bien, rien ne vaut les écrits

Pour exorciser l'âme, mettre à nu notre émoi,

Comprendre et réfléchir sur ces instants de vie,

Sur ces bouleversements et sur ces désarrois...


Les mots viennent en amis, caressent nos pensées,

Nous pommadent le cœur juste pour nous aider,

Un instant ou une heure afin de soulager

Le chagrin, la douleur de notre être blessé...


Quelle consolation de les laisser parler,

Tous ces mots tant aimés, ils les chantent si bien

Ces phrases cadencées, une vraie mélopée

La musique si douce de ces alexandrins...


Lorsque je prends ma plume pour les apprivoiser,

Je sais tout le bonheur qu'ils donnent à ma main,

Des moments de plaisir savamment savourés,

Une grande émotion, une extase sans fin ...


KVR


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ADMINISTRATEUR GENERAL

Parcours des Arts du 7 au 25 avril 2010

L’Espace Art Gallery a le plaisir de vous présenter du 07/04/2010 au 25/04/2010 l’exposition « Parcours des Arts ».

Le VERNISSAGE a lieu le 07/04 de 18 h 30 à 21 h 30 et l’exposition du mardi au samedi inclus de 11 h 30 à 18 h 30.

Pour ce qui est du « Parcours d’Artistes du Maelbeek » qui est inclus dans l’exposition ci-avant, le VERNISSAGE a lieu le 23/04 de 19 h à 22 h et l’exposition est le 24/04/2010 et le 25/04/2010 de 10 h à 18 h.

Marie-Hélène Rochet (Fr)

Mon travail s’est toujours construit autour de séries inspirées par les émotions, les événements et les questionnements de ma vie. Après avoir utilisé longtemps la peinture à l’huile, puis un peu d’acrylique et des pigments de cuivre en les projetant sur une toile à l’aide d’une soufflerie, pour ne pas laisser l’empreinte du pinceau, que j’utilisais seulement pour les glacis successifs et la ligne d’un dessin, j’intégrais des feuilles de cuivre et des morceaux de miroirs brisés à ma toile. Puis un film plastique est venu recouvrir la peinture pour laisser scintiller la lumière sur lequel j’installais des personnages qui se croisent en habits de plastique. Ma dernière série rend hommage aux peintres anciens que j’ai aimés et qui m’ont donné la passion de l’art. Ainsi j’ai fait reproduire sur une toile un de leurs chefs d’œuvres, et par dessus j’ai recrée un décor en peinture à l’huile pour y déposer des femmes assises comme sorties du décor de ce chef d’œuvre. Elles sont plastifiées aussi car c’est l’époque qui veut cela.

Philippe Litou (Fr)

Une matière de base cueillie sur les plages : du verre dépoli par la mer. C'est l'encrage de l'œuvre. Aucun autre verre, celui-ci uniquement, verre brut et salé, laissé tel quel. Il n'est ni retaillé, ni repoli, ni verni, ni recoloré. Philippe tient absolument à ne rien changer au façonnage de la mer, de cette rigueur nait toute l'originalité de son travail. Un squelette de fer. Inspiré par ces trésors de verre, l'artiste imagine, formes et personnages. Il crée alors une ossature qui servira de support aux mosaïques. Un tissage minutieux à base de fil de fer, de cuivre...sur du grillage. Un à un les morceaux de verre laissés totalement intacts sont assemblés pendant de nombreuses heures, tel un vaste puzzle. Des êtres ou des formes étranges jaillissent alors du néant. Un éclairage adapté est installé dans ou à côté de chaque sculpture, afin de recréer le translucide et de faire chatoyer les particules de verre. Philippe fait des recherches actuellement sur l'éclairage solaire. Un travail totalement original. La palette des couleurs utilisée est restreinte et très nuancée donc très spécifique, l'excès est prohibé par la matière elle-même. L'expression des visages, les formes, nées de cet assemblage harmonieux étonnent, interpellent. Chaque sculpture est unique, aucun morceau de verre ne pouvant être totalement identique à un autre.


Fodé Bayo (Burkina Faso)

Mais qui est donc Fodé Bayo ? « Je suis sculpteur de profession depuis 1998 après des études à Bobo Dioulasso au Burkina Faso. C'est dans ma famille et avec mon frère Djoumè que j'ai appris ce métier. En participant à des expositions, j'ai été sélectionné comme meilleur sculpteur pendant l'une d'entre elles (SIAO 2006), me permettant par la suite d'exposer à Paris en Juin 2007. Membre fondateur et président de l"AJSH (Association des Jeunes Sculpteurs du Houet), je suis aujourd'hui responsable d'un atelier de sculpture à Ouagadougou (Burkina Faso) qui a ouvert ses portes en Janvier 2003 où j'y forme 8 jeunes avec un suivi particulier et en toute sécurité. Pendant un an, de septembre 2008 à septembre 2009, j'ai travaillé dans l’atelier de Jean Vindras à St Pierre des Corps en France. Ainsi, j’ai pu aborder la sculpture abstraite contemporaine et la sculpture métallique. Au cours d’échanges très fructueux, Jean Vindras m’a permis d’avoir une vision appropriée des normes et des goûts artistiques français correspondants à la culture européenne actuelle ; tandis que j’ai pu mettre à profit mon savoir faire, mon expérience et mes techniques de sculpture sur des supports variés. »

Benoît Vanhoebroeck (Be) MEGUMI (nom d’artiste)

Né le 10 décembre 1967. Entre 1994 et 2001, il travaille comme technicien dessinateur en archéologie, ce qui l’influence de façon prépondérante en donnant un sens a sa création. C’est la découverte d’un nouveau matériau, la terre cuite, qui lui offre des perspectives. Entre 2001 et 2004, il suit une formation d’animateur en céramique-poterie à l’Académie Constantin Meunier d’Etterbeek à Bruxelles, et deux années en sculpture-modelage à l’Académie de Bruxelles. En réalisant des sculptures d’animaux anthropomorphes, humanisés, surréalistes et imaginaires, il crée sa première collection. En 2004, de nouvelles perspectives s’offrent à lui, grâce à deux courts séjours au Japon où la céramique fait partie de la vie quotidienne. Le contact avec les céramistes locaux lui apprend les applications des terres que l’on ne connaît pas ici. Le Japon devient sa nouvelle source d’inspirations qui lui fait évoluer dans sa créativité. C’est aussi au Japon qu’il se rend compte qu’il doit interagir avec la terre lors de la création d’une œuvre. Cet échange entre l’homme et la terre est aujourd’hui l’idée fondamentale dans ses recherches artistiques.

Et en invités du « Parcours d’Artistes du Maelbeek » :


Pablo Merino (Santiago du Chili)

Né à Santiago du Chili le 4 décembre 1963. Licencié en Art, section peinture par l’université catholique de Santiago du Chili en 1990. Vit et travaille à Bruxelles depuis 1990. « Onirique et infiniment féminin, l’univers qui se dévoile dans les toiles de Pablo Merino nous entraîne dans un monde insaisissable, impalpable, tout en vibration et en sensibilité. Au gré des paysages mystérieux, transparaissent des femmes au charme secret et envoûtant, tantôt présentes dans toute la plénitude de leurs courbes, tantôt évanescentes et n’apparaissant qu’en filigrane. Des femmes toujours belles, comme illuminées de l’intérieur, peut-être doit-on y lire un hommage, pudique et sensible, de l’artiste à sa mère, trop tôt disparue.

Cecil de Froimont

Œuvres en collection dans les pays suivants : Argentine, Autriche, Belgique, Canada, Chili, Grand-duché de Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Suisse, Espagne, Venezuela.


Halil Faïk (Be)

Halil FAÏK: Sculpture. Licencié en philosophie et lettres, il a été professeur de français, d’histoire et d’histoire de l’art à Bruxelles. Parallèlement à sa carrière d’enseignant, il peint et dessine en dilettante. Mais il a aussi appris la sculpture dans l’atelier de sa tante maternelle, Madeleine Duguet. Dans les années ‘90, il reprend la sculpture (terre cuite et bronze) avec plus d’insistance. Son sujet de prédilection: la femme. «J’aimerais, dans ma sculpture, rendre à la femme le culte qu’elle mérite, loin des exploitations commerciales dont le vingtième siècle nous a gavés. Evoquer la féminité à l’état pur, en maintenant toujours une certaine distance méditative entre mes sujets et moi.» Ses nus, loin d’être vulgaires, évoquent des sentiments, produisent des émotions chez celui qui y pose son regard… «Plutôt rêver son modèle que le reproduire tel qu’il serait. Car l’objectivité vous ramènerait inévitablement à la terre, avec ses rides et ses misères. Ne pas copier d’après nature, mais découvrir en modelant.» En effet, l’artiste ne cherche pas à embellir ses sujets. Au contraire, ses femmes apparaissent dépouillées de tout artifice de séduction. Il s’agit là de mettre en valeur la simple manifestation de la beauté. «Mêlant classicisme et candeur, élégance et discrétion, les bronzes d’H.F. rassasient ce besoin d’harmonie du regard et de l’esprit. On sent la vie y palpiter doucement, il en émane une douceur et un apaisement qui contrastent avec les affres de notre monde actuel.»
(Didier Paternoster, Artistes & Galeries, 2004) Bibl.: «Artistes & Galeries», Ed. Art in Belgium, Lasne, 2004 (5e éd.).

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La poésie vocale et la chanson québécoise

de Jean-Nicolas De Surmont

En librairie à compter du 23 février 2010

Écrire l’histoire de la poésie vocale au Québec : le pari est de taille, et Jean-Nicolas De Surmont le relève avec brio. En montrant comment l’évolution des pratiques vocales est indissociable des changements politiques, économiques et identitaires de leur lieu d’émergence, il retrace les grandes lignes de la chanson québécoise en la rattachant à une chronologie efficace. Grâce aux ressources rassemblées par les plus grands folkloristes – pensons ici à la collection de plus de dix milles chansons de Marius Barbeau –, l’auteur de La poésie vocale et la chanson québécoise suit patiemment la voix d’une nation en pleine ébullition. Des premières vedettes (Hector Pellerin, J. Hervey Germain, Alexandre Desmarteaux) aux jeunes talents néo-traditionnels (Mes Aïeux, la Chasse-Galerie, Mauvais Sort…), Jean-Nicolas De Surmont offre un survol de l’histoire du Québec à travers ses chansonniers et ses mouvements musicaux. Ce recul, nécessaire, et cette approche novatrice permettent une meilleure compréhension des enjeux qui ont marqué le processus identitaire québécois.

Jean-Nicolas De Surmont est membre de l’équipe Popular Cultures Research Network de l’Université de Leeds (Royaume-Uni). Il s’intéresse à la métalexicographie et aux réseaux hypertextuels, ainsi qu’à la poésie vocale québécoise.

Il est l’auteur de plus d’une centaine d’articles et comptesrendus publiés dans une vingtaine de pays. Titulaire d’un doctorat portant sur l’ingénierie lexicale, il est actif comme enseignant et conférencier dans plusieurs domaines notamment la terminologie, la lexicographie et la chanson.

Polyglotte, il a en outre suivi des cours de chant et joue plusieurs instruments de musique.

Le livre:

Jean-Nicolas De Surmont

La poésie vocale et la chanson québécoise

Québec, L’instant même, coll. « Connaître » no 6

2010, 168 pages, 15 $, ISBN 978-2-89502-005-1

Pour joindre l’auteur : jdesurmont@yahoo.fr

Table des matières

Remerciements

Introduction

Chanson signée et chanson de tradition orale

Cerner la nature de l’objet-chanson

Parcours historiographique et phénomène

chansonnier

Histoire de la chanson au Québec

Le XVIIe siècle : métissage des pratiques

Le XVIIIe siècle : pratiques rurales et autochtones

Le XIXe siècle : éclatement des formes de pratique

chansonnière

Le XXe siècle : les débuts de l’enregistrement sonore

1919 – 1939 : période charnière pour la chanson

traditionnelle

La génération de l’art lyrique

1939 – 1950 : l’essor de la « chanson canadienne »

Les années cinquante : la chanson devient la lanterne

de la culture québécoise

Échanges France – Québec : des cabarets et des

boîtes à chanson

Les années soixante : la chanson en révolution

Le mouvement chansonnier et la valorisation de

l’auteur-compositeur-interprète

Chansonnier versus yé-yé : entre la France et les

États-Unis

Les interférences entre la sphère du politique et la

pratique chansonnière

Le féminisme et les femmes : une nouvelle voie

s’ouvre

Récupération de la fonction symbolique de la

tradition orale

1970 – 1990 : le rock et l’exploitation commerciale

Les années quatre-vingt : crise économique et essor

des nouveaux supports de diffusion

De 1990 à aujourd’hui

Le star-system et Star Académie

La chanson traditionnelle au XXIe siècle

Le chansonnier

Le recueil de chansons

Le faiseur de chansons politiques

La chanson sans musique ou le poème chanté

Folklorisation et oralisation de la chanson signée

L’activité chansonnière : entre tradition et modernité.

Le mouvement chansonnier contemporain .

L’influence de la tradition orale sur le corpus

chansonnier

Conclusion

Glossaire

Discographie québécoise

Médiagraphie

Bibliographie

Editeur: L’instant même, 865, avenue Moncton, Québec (Québec) G1S 2Y4

Tél. : (418) 527-8690, télec. : (418) 681-6780, info@instantmeme.com, www.instantmeme.com

On peut se procurer ce livre dans la plupart des librairies du Québec, sur les sites de vente tels : livresquebecois.com et chez notre dépositaire à Paris : Librairie du Québec (30, rue Gay-Lussac), librairieduquebec.fr

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MONDE ARABE

Jean Amruche (Kabylie, 1906-1962)
Poète et essayiste. Se voulait être un pont entre les communautés algérienne et française.
« Ses rigueurs (du français) satisfont un besoin essentiel de mon esprit. Sa souple, sévère, tendre et quasi insensible mélodie, touche, éclaire, émeut mon âme jusqu’au fond. »
(Le Figaro littéraire, 13 avril 1963)

Mohamed Dib (Tlemcen, 1920)
Romancier et poète. regard lucide sur le monde et les siens.
« (Le français), c’est le véhicule idéal d’une pensée qui cherche, à travers les réalités locales, à rejoindre les préoccupations universelles de notre époque. »
(« Florilège de la langue française », par Xavier Deniau, Evreux, Ed. Richelieu-Senghor, 1988)

Tahar Djaout (Algérie, 1954-1993)
Prix Méditerranée 1991. Assassiné à Alger, le 2 juin 1993.
« L’écrivain n’use-t-il pas inévitablement d’une langue différente, d’une langue de l’étrangeté… empruntant les détours d’une langue non natale, aller plus loin dans l’exil et, partant, dans l’aventure. »
(« La Quinzaine littéraire », Paris, 15 mars 1985)

Assiaz Djebar (Cherchel, 1936)
Romancière et cinéaste.
« Il y a un pont à établir… du français conceptuel à l’arabe luxuriant, il y a quelque écho commun, mais si fragile, si secret… une fluidité, une coulée qui est à la fois française et arabe. »
(Dans « La Voix au cœur multiple », op. cit., p. 54) + Anth. Nathan (p. 376-7)

Malek Haddad (Constantine, 1927-1978)
Poète et romancier. déchiré de ne pouvoir écrire en arabe.
« Je suis en exil dans la langue française. Mais des exils peuvent ne pas être inutiles et je remercie sincèrement cette langue de m’avoir permis de servir ou d’essayer de servir mon pays bien aimé. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 126)

Mouloud Mammeri (Kabylie, 1917-1989)
De sa langue maternelle berbère au roman français. Auteur de « La Colline oubliée » (1952). Mort accidentelle.
« Le français n’est pas ma langue maternelle. J’ai eu bien du mal à apprendre l’imparfait du subjonctif antérieur. Or si je veux m’exprimer, je ne peux le faire que dans cette langue. On peut être nationaliste algérien et écrivain français. Je crois, d’ailleurs, qu’avec l’indépendance, la langue française prendra un nouvel essor. Elle ne sera plus l’instrument d’une coercition, la marque d’une domination. Elle sera le canal de la culture moderne. Pour moi, je n’envisage pas d’écrire jamais dans une autre langue. »
(Le Figaro littéraire », 31 décembre 1955 et « Témoignage chrétien », 24 janvier 1958)
« La langue française est pour moi un incomparable instrument de libération, de communion ensuite avec le reste du monde. Je considère qu’elle nous traduit infiniment plus qu’elle nous trahit. »
(« France Information », n° 122, Paris, 1984)

Khalida Messaoudi
Pour elle, comme pour beaucoup d’autres, la résistance au terrorisme islamique en terre d’Algérie se fait d’abord en langue française.
« Bien sûr, j’avais déjà étudié Nedjma (de Kateb Yacine) sans le comprendre vraiment. J’ai écouté cet homme (Guenzet) parler dans un français exceptionnel et nous lancer : « Le français, c’est un butin de guerre . » Pour la première fois, je me suis mise à réfléchir en français, mais plus comme à la langue donnant accès aux textes de littérature ou de philosophie. Je m’interrogeais sur son statut en Algérie. Je me suis rendu compte que Kateb –comme Mouloud Mammeri ou Mohamed Dib et d’autres- l’avait utilisé, lui, comme arme de combat contre le système colonial, comme arme de conceptualisation. Dès lors je ne trouvais plus seulement naturel de parler français, je me disais : « C’est génial, je suis en train de me l’approprier comme un instrument. Jamais je ne laisserai tomber ça. » Vois-tu, c’est cette Algérie-là pour laquelle je me bats, une Algérie où il est possible d’être en même temps berbérophone, francophone et arabophone, de défendre le meilleur des trois cultures. Le message de Guenzt se trouvait dans cette vérité, et ma mémoire l’a enregistré pour toujours. »
(« Une Algérienne debout », Flammarion, 1995, coll. J’ai lu, p. 81-82)

Kateb Yacien (Constantine, 1929-1989)
D’une renommée internationale avec « Nedjma » (1956) au théâtre en langue arabe.
« La plupart de mes souvenirs, sensations, rêveries, monologues intérieurs, se rapportent à mon pays. Il est naturel que je les ressente sous leur forme première dans ma langue maternelle. Mais je ne puis les élaborer, les exprimer qu’en français. Au fond, la chose est simple : mon pays, mon peuple sont l’immense réserve où je vais tout naturellement m’abreuver. Par ailleurs, l’étude et la pratique passionnées de la langue française ont déterminé mon destin d’écrivain. Il serait vain de reculer devant une telle contradiction car elle est précieuse. Elle consacre l’un de ces mariages entre peuples et civilisations qui n’en sont qu’à leurs premiers fruits, les plus amers. Les greffes douloureuses sont autant de promesses. Pourvu que le verger commun s’étende, s’approfondisse, et que les herbes folles franchissent, implacables, les clôtures de fer. »
(« Revue internationale de culture française », op. cit.)

Tahar Ben Jelloun (Fès, 1944)
Immense écrivain international. Poète, romancier et essayiste. Pris Goncourt (« La Nuit sacrée »). Chroniqueur au « Monde ».
« Qu’importe l’encre, la couleur des mots, le regard des mots ; et si ces mots sont de France, ils viennent de toutes les langues françaises que nous écrivons ici et ailleurs. »

Héli Béji (Tunisie, 1948)
« Une langue n’est jamais neutre, fut-elle de naissance ; elle n’est qu’une traduction étrange de l’intensité de la réalité. »
« La Quinzaine littéraire, Paris, 16 mars 1985)

Abdelwahab Meddeb (Tunisie, 1946)
« Faire pénétrer dans la langue française une respiration sémitique spécifique… décentrer la langue française, lui insuffler un expir arabe, de quoi lu donner des accents inouïs, inattendus, imprévus. »

Albert Memmi (Tunis, 1920)
Vit à Paris. Psycho-sociologue et romancier. (« La statue de sel », 1953).
« J’essayais de prononcer une langue qui n’était pas la mienne, qui, peut-être, ne la sera jamais complètement, et pourtant m’est indispensable à la conquête de toutes mes dimensions. »
(Dans « La Voix au cœur multiple », op. cit., p. 78)

Abdelaziz Kacem (Bennane, Tunisie, 1933)
Agrégé d’université, critique, écrivain bilingue.
« J’ai expliqué que l’arabe et le français étaient pour moi l’endroit et l’envers d’une même étoffe, que l’une des deux langues était ma mère et l’autre ma nourrice, ce qui fit de moi pour Villon un frère de lai. »

Hector Klat (Alexandrie, 1888-1977)
Un des précurseurs, avec Charles Corm, dans l’expression littéraire libanaise.
« Mots français mots du clair parler de doulce France ;
Mots que je n’appris tard que pour vous aimer mieux.
Tels des amis choisis au sortir de l’enfance ;
Mots qui m'êtes entrés jusqu’au cœur par les yeux. »
(« Le Cèdre et les lys », 1934, couronné par l’Académie française)

Georges Schéhadé (Beyrouth, 1910-1989)
Une des grandes voix des lettres françaises en poésie et au théâtre.
« Tout petit, j’avais le goût des mots, j’étais en dixième, je crois, quand j’ai entendu pour la première fois le mot « azur », j’ai trouvé ça « extraordinaire »… « azur »… je l’ai emporté avec moi dans mon cartable. »
(Entrevue dans « Le Monde », par Claude Sarraute, 26 novembre 1967)

Salah Stétié (Beyrouth, 1929)
Grand prix de la francophonie 1995.
« Miracle de ceux-là qui viennent au français avec leur arabité ou leur négritude, leur asiatisme ou leur insularité, leur expérience autre de l’Histoire et du monde, leurs autres mythologies, avec leurs dieux ou leur Dieu, salés par les océans qui ne sont pas les mers frileuses d’ici, mers d’Europe bordant le plus grand pourtour de l’Hexagone. Ils savent ceux-là que le français, langue des Français, n’est pas, n’est plus le trésor des seuls Français. »
(Dans André Brincourt, op. cit., p. 103)

Vénus Koury-Ghata (Beyrouth, 1937)
Inspiration poétique et expérience de femme.
« Le français est pour moi un compagnon fidèle, clef des fantasmes, gardien contre les dérapages et la solitude dans un pays qui n’est pas le mien. L’Arabe, c’est l’autre, drapé de mystère. Il emprunte ma plume… Il revient quand bon lui semble, entre les lignes, au détour des pages. Ses passages sont fugaces. »
(Dans André Brincourt, op. cit., p. 104)

Amin Maalouf (Beyrouth, 1949)
Une des voix qui montent en France et recueillent tous les suffrages. Auteur des « Identités meurtries » (Paris, Grasset, 1998)
« Le fait d’être chrétien et d’avoir pour langue maternelle l’arabe, qui est la langue sacrée de l’Islam, est l’un des paradoxes fondamentaux qui ont forgé mon identité… Je bois son eau et son vin, mes mains caressent chaque jour ses vieilles pierres, jamais plus la France (où il vit depuis l’âge de 27 ans) ne sera pour moi une terre étrangère. »

Andrée Chédid. (Le Caire, 1920)
Vit en France par choix. Y brille par sa poésie. Formée en partie à l’Université américaine. Premier poème en anglais.
« Par choix, par amour de cette cité (Paris). Sa pulsation, sa liberté, sa beauté m’ont marquée très jeune d’une manière indélébile. »
(Dans « Questions de français vivant », n° 4, Bruxelles, 1984)

Albert Cossery (Le Caire, 1913)
Vit à Paris depuis 1945. N’a jamais demandé la nationalité française. Décrit une Egypte marginale.
« Je n’ai pas besoin de vivre en Egypte ni d’écrire en arabe. L’Egypte est en moi, c’est ma mémoire. »
(Dans André Brincourt, op. cit., p. 16)

Georges Dumani (Egypte, 1882)
Fondateur de l’hebdomadaire « Goha ».
« C’est qu’ici et là on aime la fine clarté, l’intelligence compréhensive, l’ordonnance rythmée de la pensée et du style, l’enchâssement harmonieux des mots dans le tissu des phrases : c’est qu’ici et là –quelle que soit la diversité du génie et de la race- on a le goût de la vérité, le sens de l’ironie et le culte de la tendresse. »
(Dans « L’Egypte, passion française », par Robert Solé, Seuil, 1997, p. 234)

Edmond Jabès (Le Caire, 1912-1991)
Grande notoriété dans la littérature française contemporaine. Quitte l’Egypte à l’arrivée de Nasser, en 1957.
« Mon attachement à la France date de mon enfance et je ne pouvais m’imaginer habitant ailleurs. »
(Dans « Questions de français vivant », op. cit.)

Elian J. Fibert (Jaffa, 1899-1977)
A chanté les animaux et son pays, Israël. Grand Prix Princeton pour l’ensemble de son œuvre.
« Voici des Musulmans, des Arméniens, des Juifs, des Syriens et bien d’autres. Familles d’esprit aux contrastes et aux oppositions innombrables, mais qui se sont pliés à une même règle et ont accepté une discipline semblable, celle de la langue et de la culture françaises. Peut-être, cette langue et cette culture, touchent-elles en moi ce que nous avons en commun, nous autres riverains de la Méditerranée, je veux dire le goût pour les idées pures, pour la raison. »
(« Revue internationale de culture française », op. cit.)

Naïm Kattant (Bagdad, 1928)
Né dans la communauté juive de Bagdad. Emigré au Québec, en 1954. Chef de service des lettres et de l’édition des Arts du Canada.
« Si, à vingt-cinq ans, j’ai choisi Montréal comme nouvelle patrie, c’est qu’on y parle français. Aussi, à travers les civilisations, j’adopte une langue et un pays autres que les miens et je garde mon nom. Je ne subis pas mon destin et ma mémoire, je les accepte et je signe mon nom. »
« Le Repos et l’Oubli », essai, Québec, Méridiens Klincksieck, 1987, p. 121 et 196)

André Chouraqui (Aïn Temouchent, Algérie, 1917)
Résistant en France. Maire adjoint à Jérusalem. Traducteur de la Bible et du Coran en français, « une lecture décloisonnée, non confessionnelle » qui, grâce aux « libertés que permet l’éclatement actuel de la langue française, abolit les frontières et lance un pont entre des religions et des confessions fondées sur les réalités essentielles ».
« Ma langue maternelle, avant l’hébreu, était l’arabe. Nous ne parlions que cette langue, qui fut celle de nos plus grands théologiens, dans notre maison, comme dans les rues animées par nos jeux. »
Dans « Le Journal d’un mutant » par Joseph Boly, CEC, Bruxelles, 1987, p. 89)


AMERIQUE – ASIE

Julien Green (Paris, 1900)
Ecrivain américain de langue française. Un monument de notre littérature.
« Ma vraie personnalité ne peut guère s’exprimer qu’en français ; l’autre est une personnalité d’emprunt et comme imposée par la langue anglaise (et pourtant sincère, c’est le bizarre de la chose). Cette personnalité d’emprunt, je ne puis la faire passer en français que fort ma-laisément : elle ne semble pas tout à fait vraie. »
(« Journal » (1943-1945), Plon, 1949, p. 160, 16 sept. 1944)

Hector Biancotti (1930)
Argentin d’origine italienne. Venu en France, à Paris (1963) pour être écrivain français. Membre de l’Académie française. Chroniqueur au « Monde ». Premier roman en français « Sans la miséricorde du Christ » (Gallimard, 1985).
« J’entends les nuances du français, c’est une langue plate, très uniforme au point de vue de l’accent, mais il a la richesse des diphtongues et des différents « e » aigu, accent grave, et cette mystérieuse richesse qui est le « e » muet. Il faut que la phrase soit bien balancée. Pas toutes. On apprend, en écrivant beaucoup de pages, qu’il ne faut pas tomber dans la mélopée. Il faut casser le rythme. Vous avez cédé pendant vingt lignes à la phrase longue et à la mélopée, alors il faut tout à coup faire des phrases courtes. Certains appellent ça la technique. C’est comparable à la musique. »
« Le Magazine littéraire », septembre 1995)

Adolfo Costa du Rels (Corse, 1891)
Romancier et auteur dramaturge bolivien. Ecrivain bilingue.
« Je t’ai donné une culture française afin de perpétuer dans notre famille une tradition qui est une sorte de patrie mentale. Je vous passe le message de mon père. » (à son fils).
(« Revue internationale de culture française », op. cit.)

Armand Godoy (La Havane, 1880-1964)
A changé de langue à quarante ans pour devenir poète français dans la langue de Baudelaire.
« Depuis que je t’ai découvert
Ton livre jamais ne me quitte
Il vit en moi, toujours ouvert,
Comme un missel de cénobite. »
(« Stèle pour Charles Baudelaire »)

Ventura Garcia Calderon (Paris, 1887-1959)
Né péruvien, à Paris. Fut ministre du Pérou. Ecrivit dans les deux langues en cultivant un grand amour pour la France.
« Me suis-je trompé avec tant de spectateurs universels en venant ici à vingt ans, orphelin ingénu, comme le pauvre Gaspard de Verlaine, prendre place dans ce que l’ancêtre Calderon appelait « le grand théâtre du monde » ? Tout le problème de la culture française et des origines de son génie se posait naturellement à moi. pendant que des soldats nocturnes dévalisaient la France, je faisais, sans pouvoir dormir, l’inventaire de son génie. »
(« Cette France que nous aimons », Paris, Editions H. Lefèbvre, 1942)

Nguyeng tien Lang (Nord, 1909-1976)
Prisonnier du Viêt-Minh (1945-1951). « Les Chemins de la révolte » (1953).
« C’est dans nos fibres les plus profondes que cette empreinte de la France nous a marqués pour toujours, et pourtant nous restons encore et toujours nous-mêmes ; ou, pour ainsi parler, ni tout à fait nous-mêmes, ni tout à fait français ! C’est cela qu’on appelle la synthèse ! Si c’est cela, c’est bien doux à certaines minutes, mais c’est très souvent déchirant. »
(Dans « La Voix au cœur multiple », op. cit., p. 149)

Vo Long-Tê (Sud, 1927)
Ecrit en vietnamien et en français. Baptisé catholique en 1952. Interné en 1975-1977. Au Canada depuis 1991. Traducteur de Paul Claudel. Admirateur de Rimbaud et du poète lépreux Han-Mac-Tu. A servi la poésie française qui lui a permis de rester lui-même dans l’épreuve.
« Reverrai-je bientôt ma lointaine patrie ?
Elle est toujours en moi durant toute ma vie,
Attachée à jamais à la vietnamité. »
(« L’Univers sans barreau », 1991)

A ces auteurs qui se sont exprimés, il conviendrait d’ajouter tous les autres, innombrables, et de plus en plus nombreux, ces dernières années.
Laissons de côté les écrivains d’Afrique noire, des Antilles et de l’Océan Indien ainsi que ceux du Monde arabe et de l’ancienne Indochine, ils sont légion. Nous ne pouvons que renvoyer aux anthologies et histoires littéraires.
Certains pays non francophones et non colonisés par la France entretiennent une littérature presque continue en langue française. C’est le cas de :

Flandre : Charles de Coster, Michel de Ghelderode, Georges Eechoud, Max Elskamp, Franz Hellens, Werner Lambersy, Maurice Maeterlinck, Françoise Mallet-Joris, Félicien Marceau, Camille Melloy, Jean Ray, Charles Van Lerberghe, Liliane Wouters, Pau Willems .

Roumanie : Constantin Amarui, Princesse Bibesco, Adolphe Cantacuzène, Comtesse Anna de Noailles, Petru Dimitriu, Mircea Eliade, Benjamin Fondane, Virgil Gheorghiu, Luca Gherasim, Isidore Isou, Panaït Istrati, Tristan Tzara, Hélène Vacaresco, Horia Vintila, Ilarie Voronca.

Russie : Arthur Adamov, Victor Alexandrov, Nelle Bielski, Alain Bosquet, Hélène Carrère d’Encausse, Christian Dédeyan, Georges Govy, Joseph Kessel, Zoé Oldenbourg, Nathalie Sarraute, Boris Schriber, Elsa Triolet, Vladimir Volkoff, Vladimir Weidké.

Grèce : Alfred Cohen, André Kedros, Gisèle Prassinos, C.P. Rodocanouchi, Georges Spyridaki, Nikos Zazantzaki.

Italie : Louis Calaferte, Gabriele d’Annunzio, Lanza Del Vasto, Geneviève Genari.

Espagne : Arrabal, Salvador de Madiaraga, Luis de Villalonga, Picasso.

Egypte : Amouar Abdel Marek, Albert Adès, Faouzia Assad, Georges Cattauï, Georges Henein, Albert
Josipovicci, Joyce Mansour, Filippo Marinetti, Out El-Kouloub, Robert Solé, Gaston Zananiri.

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Stéphane Hessel (Berlin, 1917)
Né allemand, acquiert la nationalité française en 1937. S’engage dans les Forces françaises libres. Devient diplomate et haut représentant de la France.
« De cette France revendiquée j’adopte les institutions et les multiples aspects de l’héritage culturel et historique : non seulement la Révolution de 1789 et la Déclaration des droits de l’homme, mais encore la valorisation sans cesse renouvelée de l’intelligence et de la tolérance, de la lucidité et du respect de l’autre : Montaigne, Pascal, Voltaire, Georges Sand ; la conquête des libertés modernes : Hugo, Baudelaire, Rimbaud, Apollinaire ; la profonde clarté d’une langue analytique, articulée, précise. »
(« Danse avec le siècle », par Stéphane Hessel, Seuil, 1997, p. 39)

Rainer Maria Rilke (Prague, 1875-1926)
Poète autrichien de langue allemande. secrétaire de Rodin.
« Oui, j’aime écrire en français, quoique je ne sois jamais arrivé à écrire cette langue (qui plus que toute autre oblige à la perfection, puisqu’elle la permet) sans incorrections et même sans d’insidieuses fautes… Je me rappelle qu’une des premières raisons de me passer une poésie française fut l’absence de tout équivalent à ce délicieux mot : Verger. »
(Florilège de la langue française », par Xavier Deniau, Evreux, Editions Richelieu-Senghor, 1988, p. 102)
« Quelle joie que de pouvoir confier à une langue aussi consciente et sûre d’elle-même, une sensation vécue, et de faire en sorte qu’elle introduise en quelque manière dans le domaine d’une humanité générale… Elle académise, si j’ose m’exprimer de la sorte, la contribution frappée à sa marque et déversée en elle, et lui donne ainsi l’aspect d’une noble chose comprise. »
(Extrait de « Vergers », Gallimard, 1926)

John Brown (Angleterre)
Poète anglais et critique éminent. Auteur en français d’une remarquable histoire des lettres américaines.
« Je sais qu’au début, émerveillé, je maniais le français avec l’insouciance et l’audace d’un alpiniste débutant, qui se balance sur les abîmes sans penser aux dangers. Tout était permis : Je me trouvais dans un nouveau pays où je ne connaissais personne, où personne ne me connaissait. Les contraintes de ma langue natale disparaissaient. Je pouvais sauter, danser, marcher sur la tête, je ne craignais ni le ridicule ni l’extravagant. J’étais l’enfant qui tambourine sur un antique clavecin, le barbare qui pille joyeusement les temples millénaires. »
(Revue internationale de culture française, op. cit.)

Julia Kristeva (Bulgarie)
Professeur à Paris VII. Epouse de Philippe Sollers. Auteur de « Etrangers à nous-mêmes » (Folio, 1988).
« Ecrire en français, ce fut me libérer. Geste matricide. Quitter l’enfer : cette langue est devenue mon seul territoire. Désormais, je ne rêve plus qu’en français. »
(André Brincourt, op. cit., p. 231)

Michel del Castillo (Madrid, 1933)
A fui l’Espagne franquiste, en 1953, pour Paris. Romancier célèbre et chrétien engagé.
« C’est vrai que j’ai eu beaucoup de mal avec l’Espagne, mais maintenant cela va beaucoup mieux. Je suis en fait assez content de ma position, être un écrivain français d’origine espagnole me permet d’avoir une certaine distance vis-à-vis des deux pays. »
(Entrevue, dans Vers l’Avenir, Namur, 18 août 1997)

Jorge Semprun (Madrid, 1913)
Emigré à Paris, en 1936. Déporté à Buchenwald. Ministre en Espagne après Franco.
« Nous avions la passion que peuvent avoir des étrangers pour la langue française quand celle-ci devient une conquête spirituelle. Pour sa possible concision chatoyante, pour sa sécheresse illuminée… L’ espagnol est une langue très belle, mais qui peut devenir folle et grandiloquente, si on lui lâche la bride. Cioran parlait du français comme d’une langue de discipline. Je le crois, le français m’aide à maîtriser mon espagnol. »

Jan Baetens
Critique et poète flamand
« En choisissant librement le français, je cherche aussi à maintenir vivante la tradition de liberté du français, langue et culture des lumières dont il est nécessaire de rappeler l’héritage. J’écris en français pour me libérer de mes particularités trop partisanes, de tout ce qui me limite, des préjugés, des idées trop vite faites, des certitudes trop commodes à porter. »
(Carte blanche, extraits. Le Carnet et les Instants, novembre 1998- - janvier 1999)

Marie Gevers (Edegem, 1883-1975)
Romancière flamande intimiste de grand renom.
« J’ai reçu le français comme instrument familier et bien aimé. Je n’ai pas choisi cette langue. Je me trouve au point de jonction des deux cultures. Et ces deux routes se joignent dans mon cœur. »
(Marie Gevers et la nature, par Cynthia Skenazi, Palais des Académies, 1983, p. 81).

Emile Verhaeren (Saint Amand, 1856-1916)
Etudes au Collège jésuite de Gand (en français) avec Georges Rodenbach. Figure dominante de la littérature belge de langue française. Chantre de la Flandre.
« La plus solide gloire de la langue française, c’est d’être le meilleur outil de la pensée humaine ; c’est d’avoir été donnée au monde pour le perfectionnement de son sentiment et de son intelligence ; c’est en un mot, d’être faite pour tous avant d’appartenir à quelqu’un. Ah ! Si un jour il se pouvait faire que toute la force et tout le cœur et toute l’idée et toute la vie des Européens unis s’exprimassent en elle avec leur infinie variété d’origine et de race… »
(Revue internationale de culture française, op. cit.)

Vassilis Alexakis Grèce) 1944
Partage sa vie entre Athènes et Paris. Prix Médicis 1995 pour « La langue maternelle ».
« Nous sommes les enfants d’une langue. C’est une identité que je revendique. J’écris pour convaincre les mots de m’adopter. »
(« La langue maternelle », Fayard, 1995)

Jean Moreas (né Papadiamantapoulos, Athènes, 1856-1910
Amoureux de la France. Prince de l’école symboliste.
« Mon père voulut m’envoyer étudier en Allemagne. Je me révoltai. Je voulais voir la France. Deux fois je me sauvai de mon foyer et pus enfin gagner Paris. Le destin m’a montré la route –mon étoile me guidait- pour que je devienne le plus grand des poètes français. »
(Revue internationale de culture française, op. cit.)

Samuel Beckett (Dublin, 1906-1990)
Ecrivain de langue anglaise qui s’est imposé par son théâtre en langue française. Prix Nobel de Littérature.
« Son bilinguisme anglais-français lui permet d’assurer à sa pensée une équivalence d’expression dans chacune des langues qui lui sont également familières… Le langage ne compte pas d’abord en tant que porteur d’idées, ce sont les mots, quoique imparfaits, chacun d’eux pris séparément et en même temps dans ses rapports avec les autres, qui isolent l’idée pour la mettre en valeur, soit prononcée, soit suggérée, soit très sous-jacente. »
(Louis Perche dans « Beckett », Le Centurion, 1969, p. 118-119)

Carlo Coccioli (Livourne, 1920)
Emule de Bernanos, auteur du roman « Le Ciel et la Terre ».
« Disons que je sens en italien et que je parle en français. »
(dans « La Voix au cœur multiple », op. cit., p. 25)

Emmanuel Lévinas (Kaunas, Lituanie, 1905-1995)
Philosophe d’origine juive. A élaboré en français sa phénoménologie.
« J’ai souvent pensé que l’on fait la guerre pour défendre le français, c’est dans cette langue que je sens les sucs du sol. »
Le Monde, 19 janvier 1996)

Oscar Vladislas de Lubicz-Miloz (Czereïa, Biélorussie, 1877- Fontainebleau, 1939)
Prince balte, grand poète français. Auteur d’un chef-d’œuvre : Miguel Manara.
« Honneur à la France, pays de cristal, patrie de la pure raison. »
(dams « Milosz, par Armand Godoy, Fribourg, 1944, p. 207)

Marel Halter (Varsovie)
D’origine juive. Rescapé des camps d’extermination.
« C’est en France, plus tard, dans cette France réelle que j’ai découverte à l’âge de quatorze ans, que j’ai appris la liberté en même temps que le français. C’est pourquoi, bien que parlant plusieurs langues, je ne peux écrire, pleurer, rire ou rêver qu’en français. Seule langue dans laquelle je n’ai connu aucune oppression. »
(« Contacts », Paris, janvier 1996-décembre 1997)

Emil Michel Cioran (Raschinari-Sibiu, Roumanie, 1911-1995).
En France depuis 1937. Devenu chef de file de la pensée française.
« La langue française m’a apaisé comme une camisole de force clame un fou. Elle a agi à la façon d’une discipline imposée du dehors, ayant finalement sur moi un effet positif. En me contraignant, et en m’interdisant d’exagérer à tout bout de champ, elle m’a sauvé. Le fait de me soumettre à une telle discipline linguistique a tempéré mon délire. Il est vrai que cette langue ne s’accordait pas à ma nature, mais, sur le plan psychologique, elle m’a aidé. Le français est devenu par la suite une langue thérapeutique. Je fus en fait moi-même très surpris de pouvoir écrire correctement en français, je ne me croyais vraiment pas capable de m’imposer une telle rigueur. Quelqu’un a dit du français que c’est une langue honnête : pas moyen de tricher en français. L’escroquerie intellectuelle y est quasi impraticable. »
(« Itinéraires d’une vie », par Gabriel Lûceanu.)

Eugène Ionesco (Slatina, Roumanie, 1912-1994)
Membre de l’Académie française. Consécration mondiale au théâtre avec « La Leçon » et « La Cantatrice chauve ».
« Si je suis citoyen français, c’est que j’ai fait un choix, qu’une patrie avait la priorité. J’ai choisi le pays de la liberté. »

Romain Gary (Moscou, 1914-1980)
D’un père émigré en Pologne. Volontaire de la France libre. Amoureux de De Gaulle. Diplomate français. Deux fois Prix Goncourt avec « Les Racines du ciel » et « La Vie devant soi ». S’est suicidé.
« Je plonge mes racines littéraires dans mon métissage… La France libre est la seule communauté humaine à laquelle j’ai appartenu à part entière. »
(Dans André Brincourt, op. cit. p. 190-191)

Andreï Makine (Novgorod, 1957)
Venu de Russie aux lettres françaises. Pris Goncourt 1995 pour « Le Testament français ».
« Le français de Charlotte avait gardé une extraordinaire vigueur, dense et pure, cette transparence d’ambre qu’acquiert le vin en vieillissant. Cette langue avait survécu à des tempêtes de neige sibériennes, à la brûlure des sables dans le désert de l’Asie, et elle résonne toujours au bord de cette rivière. »
(« Le Testament français », Mercure de France)

Henry Troyat (né Lev Tarassov, Moscou, 1911)
Venu à Paris en 1920. Couvert de prix. Membre de l’Académie française (1959). Beaucoup de romans et de biographies, inspirées par la Russie.
« Je vivais la moitié du jour à Paris et la moitié du jour à Moscou. J’étais partagé entre le passé et le présent, sollicité, tour à tour, par des fantômes surannés et par des visages vrais et actuels, par une première patrie, lointaine, inaccessible, fuyante, et par une seconde patrie, qui bourdonnait autour de moi, me tirait à elle, m’emportait dans un tourbillon. Pendant longtemps, j’avançai, tant bien que mal, un pied sur les nuages russes et l’autre sur la terre ferme française. Puis, l’équilibre se fit, insensiblement, entre ces deux séductions rivales. Je devins Français, tout en conservant une tendresse particulière pour la contrée de rêve dont m’entretenaient mes parents. »
(« Revue internationale de culture française », op. cit.)

Milan Kundera (Brno, 1929)
Ecrivain français de langue tchèque. Exilé en France. A fini par écrire directement en français (par exemple « Les testaments des trahis »).
« C’était l’occupation russe, la période la plus dure de ma vie. Jamais je n’oublierai que seuls les Français me soutenaient alors. Claude Gallimard venait voir régulièrement son écrivain pragois qui ne voulait plus écrire. Dans ma boîte, pendant des années, je ne trouvais que des lettres d’amis français. C’est grâce à leur pression affectueuse et opiniâtre que je me suis enfin décidé à émigrer. En France, j’ai éprouvé l’inoubliable sensation de renaître. Après une pause de six ans, je suis revenu, timidement, à la littérature. Ma femme, alors, me répétait : La France, c’est ton deuxième pays natal. »

Elie Wiesel (Signhet, Transylvanie, 1928)
Rescapé des camps d’extermination. Parle et écrit quatre langues : yiddish, hébreu, français, anglais. A choisi le français pour langue littéraire parce que c’est la langue qui l’a réconcilié avec le monde et c’est en français qu’il a lu ses deux maîtres : Kafka et Dostoïevski.
« C’est le français qui m’a choisi. »
(Dans « Auteurs contemporains », n° 6, Bruxelles, Didier-Hatier, p., 50


AFRIQUE NOIRE ANTILLES OCEAN INDIEN

Paulin Joachim (Cotonou, Bénin, 1931)
Etudes de journalisme. Directeur de « Bingo ».
« Je me suis enraciné loin dans la langue française pour pouvoir en explorer les profondeurs… et je peux affirmer aujourd’hui que je lui dois tout ce que je suis. »
(« Florilège de la langue française », par Xavier Deniau, Evreux, Ed. Richelieu Senghor, 1998)

Sony Labou Tansi (Kimwanza, 1947-1995)
Né de père zaïrois, un des écrivains les plus créateurs de l’Afrique noire, notamment au théâtre. Mort du sida.
« On me reproche d’écrire en français, langue de l’acculturation. Une chose me fait sourire : les reproches me sont faits en français et je les comprends mieux comme cela. Cela ne veut, certes, pas dire que je balance la langue kongo par dessus bord pour épouser la belle prisonnière de Malherbe. Le monde actuel est essentiellement fait de métissage. Comment pourrait-il en être autrement ? Je suis Kongo, je parle kongo, j’écris en français. Ma kongolité ne peut pas s’exprimer en dehors de cette cruelle réalité. »

Léopold Sédar Senghor (Joal, 1906)
Père de la négritude, premier président du Sénégal indépendant. Membre de l’Académie française. Un des plus grands poètes français.
« Le français, ce sont les grandes orgues qui se prêtent à tous les timbres, à tous les effets, des douceurs les plus suaves aux fulgurances de l’orage. Il est, tour à tour et en même temps, flûte, hautbois, trompette, tam-tam et même canon. Et puis le français nous a fait don de ses mots abstraits –si rares dans nos langues maternelles- où les larmes se font pierres précieuses. Chez nous, les mots du français rayonnent de mille feux comme des diamants. Des fusées qui éclairent notre nuit. »

René Depestre (Jacmel, Haïti, 1926).
Exilé. Séjour à Cuba. Haut fonctionnaire à l’Unesco.
« De temps en temps il est bon et juste
de conduire à la rivière
la langue française
et de lui frotter le corps
avec des herbes parfumées qui poussent en amont
de mes vertiges d’ancien nègre marron.
Laissez-moi apporter les petites lampes
créoles des mots qui brûlent en aval
des fêtes et des jeux vaudou de mon enfance :
les mots qui savent coudre les blessures
au ventre de la langue française,
les mots qui ont la logique du rossignol
et qui font des bonds de dauphins
au plus haut de mon raz de marée,
les mots qui savent grimper
à la folle et douce saison de la femme,
mes mots de joie et d’enseignement :
tous les mots en moi qui se battent
pour un avenir heureux,
Oui, je chante la langue française
qui défait joyeusement sa jupe,
ses cheveux et son aventure
sous mes mains amoureuses de potier. »
« Bref éloge de la langue française », Haïti, 1980)

Léon Laleau (Port-au-Prince, 1892-1979)
Sa « Musique nègre » date de 1931.
« Ce cœur obsédant, qui ne correspond
Pas à mon langage ou à mes costumes,
Et sur lequel mordent comme un crampon,
Des sentiments d’emprunt et des coutumes
D’Europe, sentez-vous cette souffrance
Et ce désespoir à nul autre égal
D’apprivoiser, avec des mots de France,
Ce cœur qui m’est venu du Sénégal. »
(Dans « Francité », par Joseph Boly, Bruxelles Fondation Plisnier, 1984, p. 36)

Jean Métellus (Jacmel, 1937)
Eloigné de son pays. Neurologue à Paris.
« Je tiens à la francophonie non pas pour une quelconque raison esthétique mais parce que tout le passé d’Haïti a été exprimé dans cette langue. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 127)

Raphaël Confiant (Lorrain, Martinique, 1951)
Appartient à la nouvelle génération des Antillais décolonisateurs de la langue française, avec Patrick Chamoiseau (Prix Goncourt pour « Texaco »). Co-auteur de « Eloge de la créolité ».
« Je suis français. Césaire est français. Mais nous ne sommes pas que français. Je ne peux pas écrire comme un Hexagonal. Je ne crois pas que les canadiens Gaston Miron ou Antoine Maillet soient seulement français, et ce qui est intéressant dans leurs livres, ce n’est pas la Francité mais la Canadianité. »
(Dans André Brincourt, op. cit., p. 60)

Edouard Glissant (Bezaudin, Martinique, 1928)
Ecrivain mondialement consacré depuis longtemps. Prix Renaudot pour « La Lézarde » (Seuil, 1958)
« Je crois que la francophonie peut être un lieu de lutte pour l’explosion de toutes les langues, et c’est seulement à ce prix, selon moi, qu’elle aura mérité d’être. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 128)

Jean-Joseph Rabearivelo (Tananarive, 1901-1937)
Poète maudit et déchiré. Auteur des « Calepins bleus ». S’est suicidé en pensant à Baudelaire.
« J’embrasse l’album familial. J’envoie un baiser aux livres de Baudelaire que j’ai dans l’autre chambre –Je vais boire- C’est bu- Mary (sa femme). Enfants. A vous tous mes pensées les dernières –J’avale un peu de sucre –Je suffoque. Je vais m’étendre…
(Dans « La Voix au cœur multiple », op. cit. p. 106)

Jacques Rabemananjara (Maroantsera, 1913)
A grandi à Tananarive. Ecrivain majeur des lettres françaises.
« La langue française est un objet d’amour pour nous… Nous avons été tellement séduits par la langue française que c’est à travers cette langue française que nous avons réclamé notre indépendance… Débarrassée de toute connotation impérialiste et dominatrice, la langue française a été choisie par nous-mêmes pour être un instrument idéal, le véhicule qui nous permet de communiquer aisément avec des millions d’êtres humains et de lancer, de par le monde, notre propre message. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 104 et 127)

Raymond Chasle (Brisée-Verdière, Ile Maurice, 1930-1996)
Etudes à Londres. Diplomate de haut niveau. Métis et poète à la manière de Mallarmé et d’Apollinaire.
« La langue française m’a permis de résoudre mes tensions intérieures, de transcender mes écartèlements. Langue de toutes les succulences et de toutes les résonances, elle est, pour moi, le support privilégié de la mémoire, de la connaissance et du combat. »
(Dans « Florilège », op. cit., p. 104)

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Peindre d'amour ...


Tu es née d'une pulsion dans ma vie, dans ma chair,

Tu es née d'un bonheur faisant chanter mes jours,

Faisant danser mes rires, me rendant incendiaire.

Tu es née d'une passion plus forte qu'un "toujours"...


Je t'ai voulue ainsi, voluptueuse à souhait

Pour qu'en te regardant tu allumes ses yeux,

Tu ne laisses aucun doute, je sais que tu lui plais,

Tu captives son regard, tu es son "merveilleux"...


Tu es comme l'aurore qui déchire son voile,

Tu es née sur la toile d'une main amoureuse.

Pour lui seul je t'ai peinte, tu seras son étoile,

Et je m'effacerai apaisée et heureuse...


KVR

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