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symboliste (2)

Emile Verhaeren, Les heures d'après-midi.

Asseyons-nous tous deux près du chemin

Asseyons-nous tous deux près du chemin,
Sur le vieux banc rongé de moisissures,
Et que je laisse, entre tes deuxmains sûres,
Longtemps s'abandonner ma main.

Avec ma main quilongtemps s'abandonne
A la douceur de se sentir sur tes genoux,
Moncoeur aussi, mon coeur fervent et doux
Semble se reposer, entre tesdeux mains bonnes.

Et c'est la joie intense et c'est l'amourprofond
Que nous goûtons à nous sentir si bien ensemble,
Sansqu'un seul mot trop fort sur nos lèvres ne tremble,
Ni même qu'unbaiser n'aille brûler ton front.

Et nous prolongerions l'ardeurde ce silence
Et l'immobilité de nos muets désirs,
N'était quetout à coup à les sentir frémir
Je n'étreigne, sans le vouloir, tesmains qui pensent ;

Tes mains, où mon bonheur entier reste scellé
Etqui jamais, pour rien au monde,
N'attenteraient à ces chosesprofondes
Dont nous vivons, sans en devoir parler.

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Emile Verhaeren passait chaque été dans sa maison de Roisin, au Caillou-qui-bique,

de 1899 à 1914, en compagnie de son épouse Marthe, peintre liégeoise.

Il y invitait ses amis, écrivait le matin, se promenait dans cette campagne

verdoyante qu'il affectionnait. Il y a notamment composé le recueil

"Les heures d'après-midi", poèmes d'amour et évoquant la nature.

C'était un homme au talent immense, poète, critique d'art, compositeur de théâtre,

admiré par de nombreux fervents de son oeuvre,tant artistes peintres qu'écrivains,

qui tous, voulaient le rencontrer ou correspondre avec lui: Signac, Rodin, Seurat,

Degas, Rilke.

André Gide et Mallarmé en faisaient leur guide, ainsi que Stefan Zweig.

Par son audace, son talent, son ardeur et sa grande culture, cet homme d'avant

garde a ouvert la voie d'une poésie nouvelle, tant symboliste que sociale,

aux accents lyriques et mystiques.


https://artsrtlettres.ning.com/events/nouvel-espace-emile-verhaeren

Verhaeren, peint par  Théo Van Rysselberghe.


Extrait du poème "La multiple splendeur" Emile Verhaeren.

"La terre est un éclat de diamant tombé,
on ne sait quand, jadis, des couronnes du ciel.
Le froid torpide et lent, l' air humide et plombé
ont apaisé son feu brusque et torrentiel;
les eaux des océans ont blêmi sa surface;
les monts ont soulevé leur échine de glaces;
les bois ont tressailli, du sol jusques au faîte,
d' un rut ou d' un combat rouge et noueux de bêtes;
les désastres croulant des levants aux ponants
ont tour à tour fait ou défait les continents;
là-bas où le cyclone en ses colères bout,
les caps se sont dressés sur le flot âpre et fou;
l' effort universel des heurts, des chocs, des
chutes,
en sa folie énorme a peu à peu décru
et lentement, après mille ans d' ombre et de lutte,
l' homme, dans le miroir de l' univers, s' est
apparu.
Il fut le maître
qui, tout à coup,
avec son torse droit, avec son front debout,
s' affirmait tel-et s' isolait de ses ancêtres.
Et la terre, avec ses jours, avec ses nuits,
immensément, à l' infini,
de l' est à l' ouest s' étendit devant lui;
et les premiers envols des premières pensées
du fond d' une cervelle humaine
et souveraine
eut lieu sous le soleil.
Les pensées!"
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