Asseyons-nous tous deux près du chemin
Asseyons-nous tous deux près du chemin,
Sur le vieux banc rongé de moisissures,
Et que je laisse, entre tes deuxmains sûres,
Longtemps s'abandonner ma main.
Avec ma main quilongtemps s'abandonne
A la douceur de se sentir sur tes genoux,
Moncoeur aussi, mon coeur fervent et doux
Semble se reposer, entre tesdeux mains bonnes.
Et c'est la joie intense et c'est l'amourprofond
Que nous goûtons à nous sentir si bien ensemble,
Sansqu'un seul mot trop fort sur nos lèvres ne tremble,
Ni même qu'unbaiser n'aille brûler ton front.
Et nous prolongerions l'ardeurde ce silence
Et l'immobilité de nos muets désirs,
N'était quetout à coup à les sentir frémir
Je n'étreigne, sans le vouloir, tesmains qui pensent ;
Tes mains, où mon bonheur entier reste scellé
Etqui jamais, pour rien au monde,
N'attenteraient à ces chosesprofondes
Dont nous vivons, sans en devoir parler.