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NUL N'A DEMANDE A NAÎTRE...

Nul n’a demandé à naître  du mauvais côté de la planète… Qui souhaiterait vivre de l’autre côté de la bonne fortune ?

Le monde s’éveille ce matin avec un village philippin rayé de la carte et le nombre de morts égal aux habitants de mon bourg. Quelques-uns verseront peut-être une larme et ensuite vaqueront à leurs occupations dominicales.

La planète crève de l’avidité, de l’individualisme et de l’inculture des uns et des autres. On s’inquiète du réchauffement, de la paupérisation, de la mainmise de la finance, des parachutes dorés, de la montée du racisme, de la xénophobie, de l’insécurité grandissante, de la mauvaise gestion des dirigeants, du manque de liberté, d’otages de pirates modernes… De-ci de-là des voix s’élèvent, des groupes réagissent, certains agissent… petites gouttes d’eau dans un océan d’égocentrisme.

Ce matin, une famille prendra son petit déjeuner sans songer aux dégâts causés sur la faune et la flore à cause de l’huile de palme qu’elle ingurgite sans modération, ni au sdf qui, pendant une nuit glaciale de l’hiver, crèvera  devant la porte fermée de la gare. Ensuite, les parents se partageront les tâches : conduite du grand au foot et de la ballerine à son spectacle de danse… Avant d’aller faire les courses en râlant que le magasin ferme ses portes bien trop tôt, sans songer que la caissière rêve d’enfin profiter de sa petite famille à qui elle ne pourra rien offrir d’autre que les pré-périmés qu’elle aura acheté à trente pourcents de leur prix.

Pendant ce temps, derrière le magasin, quelqu’un fait l’inventaire de la poubelle espérant trouver de quoi faire un repas ‘convenable’… Hélas, le directeur général a donné ses ordres : plus question de permettre à qui que ce soit de consommer sans payer. Alors, il s’en ira, tête basse, échafaudant des plans pour braquer le magasin. Beaucoup en rêvent, peu le font.

Les vrais braqueurs ne sont pas souvent ceux qu’on croit. Ils le font ouvertement en imposant des lois absurdes, abjectes parfois, qui profiteront toujours à ceux qui sont nés du bon côté de la fortune.

 

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Le jouet

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En avançant, les yeux à terre,

j'ai aperçu le corps boueux

d'un minuscule militaire,

gisant ici, ne sais comment.

Je l'ai ramassé avec soin.

Fusil en main, les yeux ouverts,

il est tombé en combattant

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L'Homme au sable

L’Homme au Sable.

Une petite station balnéaire, perdue dans les brumes du Nord...Il y a là un homme. Regardons-le, seul au milieu de cette plage abandonnée. Une simple silhouette grise sous le vent humide d'Ouest.. Il ne fait rien, marche lentement,  s'arrête, regarde, à gauche, à droite, puis, hésitant, reprend sa route. Et tous les jours, du matin au soir, vous pouvez le voir.Parfois il s'abaisse, semble prendre quelque chose pour la mettre aussitôt en poche...Vous vous demandez ce qu'il fait là, toujours seul, face à l'océan obscur,...Vous aimeriez bien savoir, mais bientôt les bourrasques salées de novembre vous fouettent le visage, alors vous abandonnez. Vous n'êtes pas très courageux.

Je le connais depuis longtemps, cet homme sans nom...Vous savez, il est là parce qu’il  aime sentir crisser le sable sous ses pieds. C’est un vrai obsédé du gravier aussi,  mais ce qu’il préfère, vraiment, c’est le sable. Il rêve de dunes vierges, d’ergs désolés et de déserts de sable rouge, aspire aux dépeuplements topazes,  aux silences dorés des chrysolithes sauvages. Il s’absorbe.

Chez lui, à la ville, il a rempli son appartement de sable : il a disposé une mince couche de ce sable sur les moquettes, les meubles et jusqu’au lit.Vous savez, c'est un homme qui a choisi. C'est rare, un homme qui choisit, et ça, vous ne l'ignorez pas... il a choisi de marcher sur le sable et ce ne sera pas une marche arrière. Il l’aime tant l’entendre,  ce petit crissement du sable sous ses pieds, il aime tant  en recueillir le soir dans ses chaussettes, avec le petit côté un peu douloureux du frottement sur sa peau sèche. Car le sable l’empêche de croire encore au mythe de la terre ferme.

Parce que s’il aime ce qu’il aime, il sait aussi détester ce qu’il déteste. Il est entier, notre homme, et la terre, surtout ferme, ça, il n’aime pas. Il ne transige pas. Avec les grains de sable, c’est autre chose : il peut s’imaginer enfin vivre, glisser, tomber, peut-être même se tuer (même s’il n’a aucune envie d’aller jusque là, son amour pour la Substance Jaune l’amène à montrer plus de courage qu’il n’en a en réalité).

En un mot, il se sent  stabilisé dans l’instable, soutenu dans le trouble, fixer dans le mouvant.

Bref, son amour incalculable se porte naturellement sur les plages de sable fins…Et personne n’est sur une plage comme lui, adorateur des sédiments sablonneux. Personne n’est capable d’y sentir comme il sent- même pas vous, même pas moi, - alors forcément, il est seul, et ne voudrait d’ailleurs ne pas l’être.

Si vous étiez resté, vous auriez pu, le voir, le soir, rentrer dans son petit hôtel solitaire faiblement éclairé entre de hauts immeubles. Il demande toujours une chambre avec vue sur  mer (on le connaît depuis longtemps déjà et il suffit qu’il demande pour être exaucé). Là, il dépose tout le sable qu’il a pu récolter et le regarde jusque très tard dans la nuit. Ainsi, les lueurs roses de l’aube le trouvent exténué, la tête dans ces petits tas, le sable s’écoulant doucement de ses mains entrouvertes. 

Alors il part à nouveau, comme toujours, depuis si longtemps, qu’on a même oublié le temps où on l’a vu arriver la première fois, il part sur le rivage de sa rêverie silencieuse (là où vous l'avez vu la première fois) ; il s'y rend avec précaution et délicatesse, doucement, tendrement mais aussi avec avidité. Discrètement, sur la digue en bitume, il jette un peu de ce sable aimé devant ses pieds, à chaque pas, un peu de sable pour entendre encore ce petit bruit qui le maintient en vie (Vous n'aviez jamais remarqué ? Vous n'aviez jamais entendu ?)

Alors, sur la plage, il regarde le sable, sans arrêt, posément pour mieux le pénétrer et le comprendre, ce sable insaisissable, ce sable qui s’enfuit au loin, ce sable immortel  que le vent frais du large soulève, sable sur sable.

Alors il le sent, son ami de toujours, il le sent lui frapper les chevilles, le griffer, voire le mordre. Mais il sait que c’est de l’amour, l’amour du sable. Cet homme aime la sécheresse, croyez-moi, c’est évident pour ceux qui le croisent. Mais il y a une chose qu’il ne supporte pas et qui le fait souffrir : son amour n’est pas pur car il endure une restriction souffrante :  il n’aime pas le sable humide.

 

 

C’est pour cela qu’il déteste la marée montante.

Mais ça, vous le saviez déjà.

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A l’entrée de l’hiver

 

                        A l’entrée de l’hiver

                        J’ai ton cœur prés de moi

                        Le temps n’y peut rien faire

                        Moi, je n’aurai pas froid

 

                        Aux tout premiers flocons

                        Sur la montagne blanche

                        Je publierai ton nom

                        Avec des avalanches

 

                        Que glacent les rivières

                        Au ruisseau de mon cœur

                        Il est une clairière

                        Aux éternelles fleurs

 

                        Et les fleurs en mon cœur

                        Aujourd’hui se font belles

                        Pour un peu de douceur

                        Aux cristallines ailes

 

                        Je t’apporte ce soir

                        Puisque dehors il gèle

                        Un peu de mes espoirs

                        Sous mes mots infidèles

 

                        Je t’apporte ce soir

                        Cette chaleur exquise

                        Ces braises, ce miroir

                        Bien que siffle la bise

 

                        Et j’inscris en fanal

                        Sur la voûte céleste

                        En grand soleil hiémal

                        Cette chanson de gestes.

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Petit Précis de Curiosités euclidiennes

Petit Précis de curiosités euclidiennes

 

La Ligne.

 

 Calcul zéro de la ligne (section sèche)

 

La ligne est infinie, sans largeur et sans épaisseur. C’est une succession de points sans masse. Ils sont invisibles ; seul, leur nombre les rend perceptible. La ligne est surface intangible et volume impalpable. Elle est un cube si on veut, ou un cône mais un cube ou un cône plat d’où l’origine est absente. Ce cube peut-être circulaire mais toujours comprimé. Il peut donner l’heure ou l’horaire des trains. Parfois, la ligne est coupée par des voies de traverses aussi minces et sans poids que le cube ligneux.

 

Il faut se méfier des lignes qui vont trop loin dans le flux infini. Il vaut mieux les arrêter dans leur élan. Les briser. En faire des éclairs, déterminer un pôle négatif et positif sur un champ aléatoire ou en faire des asymptotes. L’asymptote, justement, est  ligne en tant que formule du désir ou de l’action humaine. Car la ligne est aussi culturelle et en ce sens en voie de disparition. La ligne devient sous-ligne, lignoise, lignette, lignite, ligne insignifiante qui indique l’absence et le néant.

J’aime les lignes, car elles n’existent pas.

Elles sont impossibles.

 

On pourrait en parler à l’infini de la ligne infinie. On pourrait encore dire qu’elle ondule, qu’elle courbe en se courbant, qu’elle forme, informe et déforme, se moquant de ses ennemis, le temps et l’espace. Car contrairement à ce que l’on s’imagine habituellement, lorsque pris en en voiture dans les embouteillages, ou la nuit lorsqu’insomniaque, il vous arrive d’y penser, la ligne est au-delà du temps et dépasse l’espace. En cela, elle est avant tout est destin, carrée, losange ou rectangle, c’est selon. Objet de croyance, on ne vénère pourtant que des segments de droite, car, on le sait maintenant, elle est atypique, incertaine et problématique.

 

 

Indéterminée, source par conséquent d’angoisse pour certains qui voudraient en faire un être exclusivement mathématique, elle nous permet de vivre dans le conditionnel car la ligne, elle est partout sans jamais être nulle part, devant nous un moment, elle disparaît de notre vue, s’éloigne comme fuit l’horizon, à la vitesse de notre course. On n’aime pas les lignes pourtant on ne peut vivre sans : chacun trace au moins une ligne. Ou il en hérite. C’est toute un système juridique nouveau, des procédures originales qu’il serait nécessaire de voter afin de rendre efficace la puissance de la ligne. Car l’efficacité, c’est ce que nous voulons tous. La ligne, en ce sens, est indissociable d’un problème politique essentiel.

 

 

Tout cela pour  ne pas dire en fait ce peu de chose que notre sensibilité ne connaisse déjà : la ligne n’est pas dessin, vit sans matière, seulement le contour mouvant et sensuel, naissance et achèvement dune source instable, refus de la parenté, du centre et justement de la lignée. Elle est le contraire du narcissisme puisqu’elle n’existe qu’en toujours s’évadant d’elle-même. Voilà, on en arrive là, la ligne n’a rien de l’être, elle est toute existence.

 

La ligne, sans couleur et sans relief, s’épuise à vouloir être ce qu’elle est : un moment, la ligne est un moment hors du Tout (Eternité comprise).

 

Une ligne à haut coefficient métaphysique

La ligne, on aime ou on n’aime pas. Il n’y a pas d’entre deux, d’atermoiements vagues,  sûrement parce que la ligne est un prétexte facile, un pré-texte léger qui se laisse aller, fluide et continu, sans fatigue et surtout sans justification. La ligne s’affirme dans sa simplicité même. Elle ne signifie rien d’autres que ce qu’elle est. C’est pour cette raison qu’il y a des affinités avec la poire. La poire ne dit rien d’autre que ce qu’elle dit, ce qu’elle nous dit, ce qu’elle nous a dit, ce qu’elle nous dira.

La poire, la ligne, deux naïvetés composées.

Toutefois comme la parenté entre la géométrie et la nature est évidente pour tout un chacun, il est inutile de persévérer dans une voie qui n’apprendra rien à personne. Il nous faut revenir impérativement à la ligne. Car on n’y échappe pas, à ce moment sans durée et sans lieu.

Car il y a de la nécessité dans la ligne (nous aurons à revenir plus précisément sur ce point lorsqu’il nous faudra bien envisager le rapport intime qui unit ligne, nuage et nécessité) : Elle possède la nécessité du non lieu. Oui, encore une chose que l’on a jamais dite de la ligne, qu’elle est non-lieu, quitte de toutes responsabilités, libre de toutes les charges qu’on voudrait faire porter sur elle ; processus sans procès, on peut s’amuser d’elle et elle de nous.

C’est pourquoi elle se rapporte ontologiquement  au langage. En effet, la ligne est une parole sans fin. Par exemple : est-il nécessaire d’encore répéter que la ligne, c’est le jeu dansant des motifs et des occasions, des courbures du vivant et des intersections sèches, qui se coupent et se recoupent, des plans qui définissent ou qui occupent, des arcs fermes, stables, tendus et des tangentes, fines, distinctes et sans cercle. Non, bien sûr.

Et pourtant…

Il ne faut évidemment pas s’y tromper : il y a danger à faire le jeu de la ligne qui est d’abord, et surtout avant tout, hybridation, démultiplication, à la fois générée et générative, horde mobile et impérialiste, meute sautillante et régulière, mais aussi discontinue, spasmodique, erratique et nomade.  La conséquence est claire pour tous, depuis longtemps : la ligne a besoin d’un champ et ce champ est aléatoire. On dira : mais quel est ce champ ? Et pourquoi doit-il être aléatoire ? La question du champ dépasse en l’englobant celle de la ligne. La question du champ porte sur le support. La question du champ ne se pose pas pour l’instant, pas dans l’immédiat de l’instant en tout cas. On pourra, plus tard, si on veut, et uniquement si on le veut, dégager le problème du champ de l’embarras où il nous met. Quoiqu’il en soit, nous devons à cette fin d’abord en finir absolument avec la ligne (quoique champ et ligne soient de l’ordre de la réciprocité vague)

 A nouveau, la ligne nous contrarie et nous force à penser son au-delà comme sa condition.

En tout cas, si j’avais quelque chose à dire de la ligne, ce dont je ne suis pas vraiment convaincu, je dirai qu’on ne peut l’envisager comme frontière, comme une limite qui courrait entre ce qui s’achève et ce qui commence, ou entre ce qui s’achève et ce qui s’achève ou encore, même si on pousse un peu trop les choses, entre ce qui commence et ce qui commence.

Ne pas oublier : la ligne, c’est le dynamisme du vide.

En ce sens, elle entretient une relation honteuse avec les nuages, la nécessité ou la contingence, sujet de notre prochaine étude.

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Les poètes de la Grande guerre

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On peut les retrouver, se parlant à voix basse,

Ces soldats entassés, exténués, traqués,

Ensevelis vivants et qui soliloquaient.,

Sentant en s’exprimant une apaisante grâce.


Affaiblis et souffrants, comédiens et poètes,

Conservaient l'énergie de demeurer fervents.

Aux instants de répit, ils lançaient dans le vent,

Un défi au destin, par des actes de fête.


Face à la barbarie, en des mots solennels,

Pensant à ceux frappés qui subirent la mort,

À tous ses compagnons armés, livrés au sort,

Péguy dit sa prière pour nous autres charnels.


« Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre »

« Mais pourvu qu’ils soient morts pour une juste guerre »

9 mars 2010

N.B: Une anthologie intitulée Les poètes de la Grande guerre

a été publiée par le cherche midi éditeur en 1992

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Disparu à Verdun

 

À la mémoire de mon oncle, Léon Siksou
...

Il s’appelait Léon, et je ne sais pourquoi,

J’ai entendu son nom murmuré près de moi,

Alors que je lisais, peut-être un peu distraite,

Sur mon petit écran, des pensées de poètes.

Est-ce le mot pioupiou, rencontré par hasard,

Qui a fait resurgir d’un bien épais brouillard,

Ce nom, que j’entendais souvent, dans ma jeunesse,

Quand mon père et mon oncle accueillaient la tristesse?

À voix basse, parfois, ils évoquaient l’enfer

Le feu inévitable et la mort par le fer.

Ils y étaient au coeur, eux et Léon, leur frère,

Enfoui sous leurs yeux sans aucune prière.

C’était l’aîné des trois. Revenus de la guerre,

Ils surent conserver leur histoire et se taire,

Léon avait été déclaré disparu.

Mes grands- parents, je crois, longtemps y avaient cru.

Ils le retrouveraient, fêteraient son retour.

À sa place, était mis son couvert, les grands jours.

Léon le bien aimé, dont sans cesse parlait

Cette femme enjouée, ma grand-mère Lalée.

4/10/2004

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Mort pour la patrie

Il est tombé devant Verdun, un soir d'avril,
Et dans la plaine fauve, où le Boche se terre,
Son corps est étendu, qui frémissait naguère :
Mais je gage qu'il tient encore son fusil !

~°~

Il est mort ! mais son geste est toujours menaçant,
Sur son visage pâle on ne lit pas la crainte ;
On sent qu'il est tombé sans un cri, sans une plainte,
Et qu'il a, sans regret, donné son jeune sang !

~°~

Il aimait sa patrie et son petit village...
Ses aïeux, ses parents, ses amis, son langage...
Il les a défendus au moment opportun...

~°~

C'est pour eux qu'il est mort, pour eux que, dans la plaine,
De son corps menaçant encore plein de haine,
Il barre aux Allemands la route de Verdun !

~°~

Poème du sergent du 173e RI
Joseph Marius Antoine DELORT (1894-1916)
de Soubès (34)

Ecrit à la Mémoire de son ami Jean Sirven du 141e R.I.

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administrateur théâtres

Monsieur chasse? …Madame aussi ! 

Un bouquet de fraîcheur, un festival de railleries et d’esprit français,  c’est la  langue succulente de Feydeau qui agit. Jeux de mots, double-sens, sous-entendus, métaphores et musicalité aérienne. Un spectacle volatile débarrassé de ses lourdeurs de décors bourgeois 19e, remonté à neuf par Jean- Paul Tribout,  exquis metteur en scène francais et  fin comédien. 12272974256?profile=originalC’est lui Monsieur Duchotel, le mari-chasseur qui risque fort d’être chassé …de son logis. Et son spectacle  fonctionne  comme une précieuse horlogerie fine… hors du temps : quelle gageure! Cinq  portes éclatantes de blancheur, comme autant de pages neuves, sans autre décor, font face au public et s’ouvrent sur des personnages d’abord légèrement figés dans leur encadrement agrémenté d’un décor intérieur en trompe l’œil. Ils s'en échappent dans un mouvement diabolique et virevoltant de sortie de boîte. Ils sont  plus vivants que jamais, portés par l’énergie pure du texte et la vérité des sentiments. La diction : savoureusement belle.

 12272973891?profile=originalIls sont ma foi fort modernes, quoi qu’en disent les somptueux costumes d’époque et la  splendide robe émeraude de Léontine Duchotel, une émouvante et merveilleuse Marie-Christine Letort dont le visage et le corps épousent les moindres changements d’humeur. Pour peu on se croirait à l’Opéra.  Au travers de cette comédienne phare, c’est l’institution du mariage qui est en jeu. Au début de la pièce Léontine parle  avec naïveté et candeur de son amie fraîchement divorcée et  pourtant bonne catholique mais à la fin n’est-elle pas prête à réclamer haut et fort un  droit au divorce  bien du 20e siècle? Ah mais il y a un personnage pas mal non plus: ce lit capitonné qui sort lui aussi d’une boîte à surprises très inventives, entourée de nymphes pulpeuses et suggestives…

Léontine Duchotel annonce qu’elle ne sera pas la première à donner le premier coup de canif dans le contrat. Mais, que le mari se méfie, s’il se risque à l’infidélité, elle s’arrogera le droit de faire de même, allant passer deux jours « chez sa marraine »! Un procédé qui enclenche une mécanique d’œil pour œil, dent pour dent extrêmement mouvementée et drôle, et certes, aucunement vieillie ! Léontine porte le spectacle avec vérité humaine profonde - sa palette de sentiments est fascinante -  et ce, sans la moindre préciosité.

 L’intemporalité de ce vaudeville, est  incontestable. L’homme, quel que soit son âge résiste à tout sauf à la tentation, toujours à l’affût d’aventures et de chimères  il ne peut se contenter du confort tranquille du mariage et recherche les dangers de la chasse.  Léontine règne sur le plateau, lieu de joutes en tout genre, craquante de franchise et d’ingénuité dans ses hésitations extra-maritales avec le docteur Moricet. 12272974883?profile=originalLe rythme se fait vertigineux entre Jacques Fontanel  qui interprète ce rôle de vieux séducteur de médecin avec totale sincérité … immensément factice et Emmanuel Dechartre qui ne rêve que de se venger de l’infidélité de son épouse, Madame Cassagne. Xavier Simonin fait un valet et un inspecteur de police très caustiques, tous deux   joliment doués de  sublime hypocrisie. Coiffé en pétard, Thomas Sagols  se prête très justement au  jeu du jeune  neveu, Gontran,  voluptueux bachelier glandeur et  roublard. Claire Mirande, ex-comtesse de la Tour est devenue une  concierge-cocotte intrusive et bavarde qui rajoute, si besoin était,  de  nouvelles coupes de bulles au breuvage capiteux qu’est … le texte !  

http://www.atjv.be/Monsieur-chasse

"Monsieur Chasse" de  Georges Feydeau

Mise en scène de  Jean-Paul Tribout,

Avec  Emmanuel Dechartre,  Jacques Fontanel, Marie-Christine Letort, Claire Mirande, Thomas Sagols, Xavier Simonin, Jean-Paul Tribout

 

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Normal para-normal.

 

Une enfance bizarre, au sens où je roulais parfois dans une diligence « eh oui ! » ou dans une calèche ou sur le dos d’un cheval offert par mon grand-père paternel pour ma communion.  Enfant des campagnes, parents pas fermiers, je me disais « fille de la Nature » et ouvrait volontiers mes bras au vent dans l’espoir de me laisser porter par lui.

De l’intuition, oui, j’en avais, mais rien de véritablement « anormal ».

Adolescence au couvent, mariage, enfants et début des manifestations étranges : télépathie avec mon fils et une de mes sœurs notamment, dont je savais prévoir l’arrivée et rentrer chez moi pour l’accueillir (j’habitais en Allemagne) etc….   Rien d’extraordinaire pour moi, je m’y habituais et eux aussi.

 

La face B commence réellement au début des années 90.

Nous sommes rentrés au pays et je travaillais comme « cadre, personne valide » dans un atelier protégé.  Je pense que le fait de m’occuper de personnes affaiblies par la vie a déclenché cette face B et le fait d’être l’amie d’un Psycho-pédagogue qui avait fait ses études, avec le professeur Dirckens et participé à des expériences avec celui-ci, sur le para-normal et avec qui je pouvais parler librement du sujet.

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Un matin, ou plutôt la fin d’une nuit, je me suis retrouvée dans une chambre (celle que j’occupe). Un corps comme raidi dans la crampe de la mort, en position fœtale gisait dans le lit.

J’avais personnellement, la forme d’une petite bille, vraiment minuscule…….. et j’ai revêtu ce corps, comme un vêtement (j’ignore pourquoi : est-ce lui qui m’a attiré, moi par curiosité ou autre raison ?).

C’était dur à enfiler, vraiment très dur !  J’imagine qu’il est plus facile d’enfiler une armure.

 

Tout à coup, (rapide) la petite bille s’est retrouvée dans une orbite oculaire.  « Je marchais sur quelque chose de mou, dans cette caverne des yeux et puis, soudain, la « bille » a pris possession des deux cavernes et je me suis mise à voir, à regarder par ces trous ce qui m’entourait, ce que je voyais précédemment par l’esprit.

Je savais que j’allais devoir me lever, devoir aller travailler.  Je connaissais la face A du disque de l’existence de ce corps, tout ce qui avait précédé…. Et tout ce que je devais faire suivre.

 Je me sentais dans un état étrange, coincée dans ce corps dont j’ai pu, une fois, volontairement, « en promenade » m’échapper, maintenue au corps par un immense ruban gazeux « en trois dimensions ».

 

Cet état, que j’ai partagé avec mon ami, évidemment, a duré toute la journée.  Imaginez que vous regardez par deux trous de serrure réunis en un seul et que vous remplacez, au pied levé, un acteur dont le rôle devait se poursuivre.  Ma journée fut celle-là.  Les jours suivants, tout alla mieux, « j’entrais, de mieux en mieux, dans la peau du personnage ».

 

Je pouvais, par moment prédire que le téléphone allait sonner et qui serait à l’appareil, si nous pouvions ou non prêter le camion, parce que nous allions en avoir besoin.  Enfin, des tas de banalités du genre.  Ces phénomènes avaient lieu ailleurs, mais surtout lorsque j’étais là-bas, comme si « l’amour » de mon travail et des personnes était le déclencheur.

 

Je suis maintenant retraitée et rare sont les phénomènes.  Or, quelques jours avant la rédaction de mon brouillon de poème « en trois dimensions », je me suis éveillée un matin, tout à fait normalement, sauf qu’au-dessus de moi, un grand sapin de Noël blanc et lumineux « en trois dimensions » flottait.  Deux ou trois boules de Noël rouge ont pris place sur son sommet, puis un ruban rouge en cocarde.  Cela a duré environ une minute : c’est long, devant l’inexplicable, une minute.  Je suis restée sidérée sans bouger, espérant autre chose, comme la fin d’un rêve, mais rien, mon sapin avait disparu.

 

Le lendemain matin, éveil habituel, mais un bruit de vol d’oiseau attira mes oreilles et mon regard.

Il venait de la direction de la fenêtre fermée « quoi de plus normal » et se posa sur les chrysanthèmes en soie qui se trouvent dans un vase sur le guéridon posé auprès de mon lit.  Je ne vois pas bien sans mes lunettes, or je le voyais distinctement «  en trois dimensions » passant du bleu au rouge, et puis, tout à coup, un bustier très coloré (soutien de femme avec basque) s’est trouvé auprès de moi à portée de main.

J’ai voulu le saisir et ma main l’a traversé.  Il a disparu suivi de l’oiseau.

 

Le lendemain matin, intriguée par ce qui allait ou non se passer, j’ai attendu un bon moment avant d’ouvrir les yeux.  Un vaisseau intersidéral doré, de la taille d’un jouet, étant donné son éloignement (avec cependant une impression de proximité) flottait à mes côtés.

On aurait dit deux cigares fuselés et reliés par une passerelle.  Je n’avais qu’à tendre la main pour le toucher peut-être, mais quelque chose m’a retenue, empêchée de le faire, comme si il allait me happer.

Il faut dire, que depuis le début des années 90, j’ai plus d’une fois rêvé cette fois, que l’on était à ma recherche (de façon négative).

 

Le lendemain matin, même scénario.  J’attends avant d’ouvrir les yeux, le temps d’être sûre d’être bien éveillée.  Lorsque je les ouvre, un ballon de la taille d’un ballon de jeux, blanc je crois, tout perforé flottait au-dessus de moi, très près.  Il s’est mis à grossir jusqu’à avoir la taille d’un gros ballon de plage éclairé de l’intérieur par une intense lumière qui fusait de toute part par les trous très nombreux.  Je ne sais pas être précise sur la couleur, quoique très proche, tant la lumière était intense.

 Chaque phénomène a duré environ une minute…. Je crois.

 

Le soir de ce jour, j’écrivais «en trois dimensions » et le publiais aussitôt.

Qui a lu sur A & L, ou vu la vidéo sur youtube de mon poème « l’Arcane sans nom » sait que son capitaine féminin est tombé d’un vaisseau et qu’on le cherche.  Je vous laisse imaginer le reste.

Quant à ma santé mentale, je vous rassure, tout va bien.  Existe-t-il des mondes parallèles, des autres parts vivants ?

Quoiqu’il en soit, depuis que je vous ai livré mon texte, en brouillon, plus rien ne s’est passé….. si ce n’est l’heure anniversaire hier à 18 heures, du décès de mon époux l’an dernier.

 

Voilà ma petite nouvelle du jour.  Je ne vous demande pas d’y croire : j’y crois et c’est peut-être suffisant.  Fiction ou vérité..... à vous de décider.

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES……. Ou d’ailleurs !

 

 

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administrateur théâtres

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« Vous avez bien d'autres affaires  A démêler que les débats Du Lapin et de la Belette … »

Nul doute que l’homme et la femme pressée de notre époque ont d’autres chats à fouetter que de s’en aller écouter un spectacle de fables de La Fontaine. Et pourtant, tous deux se sont retrouvés, très nombreux et comblés de bonheur à la première,  sur le gazon improvisé de la petite salle des Martyrs,  à l’écoute émerveillée  de la langue qui a bercé notre enfance.

Les comédiens du théâtre en Liberté  nous ont préparé un tricotage ingénu et frais de ces fables connues et moins connues ou totalement ignorées de ce grand sage du 17e siècle, bien que le choix fut  sûrement malaisé.  C’est eux qui accueillent le public curieux dans la salle, histoire de se déguiser en trait d’union avec le sage homme de lettres. Hélène  Theunissen  reçoit  en tailleur de soie à reflets d’argent, gants assortis et chaussures élégantes. Le malicieux Jaoued Deggouj est assis  négligemment aux pieds d’une grande gravure du  maître, Bernard Gahide arbore une tenue de  soirée très digne, il est prêt à dire « puis-je vous offrir mes vers ? » Mais où donc est passé Bernard Marbaix? Le mystère est dans la Perruque. Et Dolorès Delahaut en tutu blanc  immaculé de danseuse étoile, la rose rouge assortie aux chaussures,  caracole sur  l’herbe tendre.

 C’est l’occasion de se laisser baigner par l’amour de la langue et sa musicalité, la beauté de la  poésie mise à vos pieds! La vie de la Nature va palpiter et redonner du cœur à la nature sèche des hommes.

 12272972668?profile=originalLes fables s’enchaînent souplement comme par magie, les voix  virevoltent et se répondent, les timbres imitent la nature entière, l’humour brille, les gestes et le corps soutiennent le propos de manière presque enfantine, libre et osée et tout se transforme, comme une libre pensée et une pittoresque imagination. Mais rien de puéril. Le jeu du corps est une dimension indispensable à l’art de la narration. Malgré leurs habits de cérémonie, la liberté de jeu est totale.  La  diction est parfaite. Tous ont le sens aigu de la chose contée et passionnent par une foule de détails que l’on ne vous contera point, ce serait les desservir ! Sachez  cependant que vous n’aurez jamais eu devant les yeux une présentation de Jean de la Fontaine  aussi perlée et aussi joyeusement dynamique et passionnante. L’énergie des textes porte l’énergie des gestes et vice-versa. Tout semble se faire dans une justesse totalement maitrisée tout en restant vivant et  spontané. La magie de la parole  et la grande humanité de la pensée font le reste. 12272973271?profile=original Rien ne lasse. On se berce,  on se rêve, on se  récrée, on se recrée. On médite sur le genre humain : « Tout bien considéré, je te soutiens en somme, Que scélérat pour scélérat, Il vaut mieux être un Loup qu'un Homme : Je ne veux point changer d'état. »

 Au lieu de la quarantaine de  fables  choisies on en voudrait 1001,  et cela pourrait continuer jusqu’à l’aube si on était en Orient.

« Le monde est vieux, dit-on : je le crois, cependant, Il le faut amuser encor comme un enfant. »

 

RIEN NE SERT DE   COURIR... - J. de La Fontaine

Théâtre en Liberté http://www.theatredesmartyrs.be/compagnies.html

Du 6 novembre au 7 décembre 2013 au théâtre des Martyrs

Samedi 30 novembre à 19h

Dimanches 17 novembre et 1er décembre à 16h

 Interprétation : Jaoued Deggouj, Dolorès Delahaut, Bernard Gahide, Bernard Marbaix et Hélène Theunissen Mise en scène : Bernard Gahide & Hélène Theunissen

Assistanat à la Mise en scène : Maxime Anselin

Scénographie : Daniel Scahaise Costumes : Anne Compère

Univers sonore : Gwenaël Grisi Régie : Antoine Halsberghe

Crédit photos : Philippe Fontaine

http://www.theatredesmartyrs.be/saison.html

 

 

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Ponction lombaire.

12272971482?profile=originalDans la clinique d’une très grande ville. 
Au sixième étage, chambre numéro mille.
 
Une ponction lombaire à réaliser !
Une action de traître, peur et anxiété.
 
Un liquide céphalo-rachidien pour un test.
Pas pour rire, un mal de chien, je déteste.
 
Pratique sans anesthésique local.
Liquide précieux et mis en bocal.
 
Le plus difficile n’a pas été la piqûre.
Courbé en avant, mains sur la figure.
 
Faut rester couché encore vingt quatre heures !
Ici on ne sert pas le thé, même un petit beurre !
 
Le plus difficile n’a pas été ces heures passives.
Temps libre pour écrire ces quelques missives.
 
Le plus stressant, était plutôt  à coté, ce boucan !
Chambre du voisin, ses vingt-quatre heures du Mans.
 
Le plus magnifique n’a pas été de savoir ce résultat négatif.
Le plus glorieux n’a pas été de réciter dix-huit “Notre Père”.
La plus beau n’a pas été de savoir que je pouvais enfin rentrer.
 
Le plus merveilleux était le sourire de l’infirmière.
Était-elle Rwandaise, Burundaise ou Togolaise ?
  
Que sais-je ? Mais dès le départ, elle m’avait mis à l’aise.
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Maintenant

Viens me serrer contre toi
Viens me chiffonner dans tes mains
Viens chanter un monde de paix
Comme une figue gorgée de soleil
Viens maintenant , mon cœur trempé de pluie

Nada

28/11/2013

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Artistes dans la vie….

Artistes dans la vie….

 


Artistes, nous le sommes tous, à différents degrés. Mais quel est au juste notre rôle dans ce vaste monde ?
Tous ces humains qui vont et viennent, avec leurs humeurs, leurs états d’âme, leurs sentiments, aussi avec leurs faits et gestes. Chacun seul avec soi...


Avons-nous une mission à accomplir ici-bas ? Et si oui, laquelle ?
Nous créons, nous détruisons, nous découvrons, nous entrons en relation avec d’autres humains qui jouent sur ces mêmes planches, celles de l‘existence.


La vie est une pièce de théâtre où rien n’est pensé, où rien n’est prévu.
N’apparaît que cette voix amie dans notre subconscient, une petite voix venue de loin. Nous l’appellerons… notre ange gardien.


Elle nous accompagne sans relâche. Elle nous guide, oriente notre manière de faire, de penser, d’agir.
Cette voix intérieure qui est, dans la plupart des cas, une bonne conseillère pour qui sait l’entendre.
Avec elle, le spectacle réunit tous les acteurs pour enfanter un scénario propre à enrichir nos vies, à enrichir ce monde

.
Oui, je peux vous le dire !
Nous sommes bien tous des artistes dans la vie, des artistes de vie !
Oui je peux vous le dire !
Tous, nous sommes importants sur la planète Terre…

 

©Dominique Prime Septembre 2013

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Automne

Dans le bleu gris de tes prunelles
Souffle le vent mille et une feuilles
Il n’en reste plus rien
Plus qu’un paysage déployé
Comme une pluie jaune
Moi aussi je viens mourir dans tes yeux

Nada

29/10/13

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Le pessimisme d'un juriste

 

 

 

En humble hommage à Franz Kafka

 

Franz Kafka, qui s'est mérité une gloire internationale posthume, était un juriste épris de justice. Son profond pessimisme fut le résultat de son étonnement face à la bêtise des hommes, pouvant les conduire à des actes aussi imprévisibles que cruels.

Il avait acquis l'art de présenter l'inconcevable. Il rapportait avec simplicité des faits tellement précis et détaillés que l'on se voit contraint d'y croire.

Je viens de lire «La colonie pénitentiaire» histoire cauchemardesque, suivie de récits aberrants.

Humaniste éclairé et sensible, il souffrit, sans doute, de son impuissance à agir sur la réalité et s'accoutuma à la présenter à sa manière.

Ce célèbre conteur est décédé en 1924. Il fut épargné de voir ce  qui advint dans sa patrie

et dans le monde, alors que la réalité dépassa le pire qu'un esprit pessimiste aurait pu concevoir.

En eut-il la prémonition?

8 novembre 2013

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Lueurs Timides

Nuages gris cotonneux naviguant dans la voûte du ciel

Alors que le vent fait danser les feuilles de peupliers

La pluie soyeuse de novembre me voile le visage

Lueurs timides de flamme ancienne

Rêve de brumes apaise mon âme

Toi qui allais boire à la source de ma poitrine

Tendre sourire au coin de mes lèvres

Joie mêlée à la mélancolie douce

Et soudain le cri des corneilles me réveille

 

08/1/2013

Nada

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Un calice pour le Primatice à Chaalis.

12272967666?profile=originalChapelle royale de Chaalis.

Au coeur de la forêt d'Ermenonville (Oise) un trésor caché vous attend. Un bijou, la chapelle royale, ornée des fresques du Primatice, dans son écrin, le parc et l'abbaye royale de Chaalis.

12272967895?profile=originalL'Annonciation

(la vierge, l'ange Gabriel et une page ouverte sur la prophétie d'Isaïe annonçant la naissance de l'Emmanuel).

Francesco Primaticcio (1504-1570), dit le Primatice, est originaire de Bologne où il reçu sa première formation du peintre Bognacavallo, un ancien élève de Raphaël. Se sentant à l'étroit dans sa bonne ville il gagne Mantoue et l'atelier de Jules Romain, le plus brillant disciple de Raphaël, dont il devient le collaborateur. Rapidement reconnu maître du maniérisme, expert dans l'ornementation monumentale, il est demandé par François 1er pour décorer sa résidence favorite le château de Fontainebleau. Arrivé en 1532, il travaille avec Rosso Fiorentino, créant là ce qu'on appellera l'école de Fontainebleau, se faisant ainsi les initiateurs et maîtres de la Renaissance française. Rosso meurt en 1540 et dès lors le chantier royal lui échoit, une oeuvre dont le rayonnement fut immense.

Oui, mais que venait-il faire à Chaalis ?

12272967485?profile=originalLa Vierge.

Sans aucun doute appelé par une commande du cardinal d'Este, abbé de Chaalis en 1541, qui lui fit réaliser ces fresques entre 1543 et 1545, auxquelles il donnera l'ampleur de celles de Michel-Ange et la délicatesse d'un Raphaël avec un prodigieux sens de l'agencement, en scénographe inspiré de l'espace, sachant leur donner sens.

12272969057?profile=originalDieu le Père parmi les anges.

12272969462?profile=originalSaint Matthieu, un des quatre évangélistes aux voûtains de la chapelle.

12272969860?profile=originalSaint Marc.

La restauration de 2005 a rendu fraîcheur et authenticité, après de malencontreux repeints, à ces fresques.

Quant à la chapelle, elle date du XIIIe siècle, restaurée au XIXe par Edouard Corroyer, disciple de Viollet-le-Duc, avec une fantaisie toute romantique (plane encore sur ces lieux la présence de Jean-Jacques Rousseau, de Gérard de Nerval ou de Nélie Jacquemart-André qui y est enterrée).

12272970274?profile=originalL'ange Gabriel (détail de l'Annonciation).

Je vous proposerai une petite suite, la visite du domaine...

Michel Lansardière (texte et photos).

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LA PREMIÈRE GRÈVE DE L’HISTOIRE

Les grèves sont devenues un fait du quotidien dans beaucoup de pays du monde et les grévistes appartiennent à tous les secteurs de l’économie et à toutes les catégories professionnelles. Les grèves ont pour but la revendication de meilleurs salaires et de meilleures conditions de vie, et il est intéressant de savoir quels furent les plus anciens conflits entre patrons et travailleurs dont l'histoire ait gardé la trace. Ils eurent lieu en Égypte ancienne.

La toute première grève dont il y a mémoire historique eut lieu lors de la construction de la Grande Pyramide de Chéops (environ en l’an 1580 avant notre ère). D’après l’historien grec Hérodote (Hérodote, Historia, Livre II, 124-126), les artisans qui construisaient les pyramides recevaient une partie de leur salaire en ail et aussi une ration quotidienne de la plante, afin d’améliorer leur performance physique et de faire face aux maladies, car l’ail est depuis l’Antiquité réputé et cultivé pour ses vertus médicinales. À cause de diminution puis de suppression des rations quotidiennes d’ail, ils arrêtèrent de travailler.

 

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Une autre action gréviste considérée par certains comme étant la première de ce genre eut lieu pendant la 29e année de règne de Ramsès III (environ en l’an 1152 avant notre ère), le dernier grand pharaon du Nouvel Empire, et cet épisode est mentionné dans le Papyrus de la Grève qui se trouve au Musée Égyptien de Turin, en Italie. Selon ce document, les artisans chargés de la construction du tombeau du pharaon protestèrent contre le retard de ravitaillement de certains produits – notamment l’huile et la farine – en faisant un arrêt de travail, puis en s’adressant au vizir (l’équivalent du premier ministre de nos jours) pour lui demander de présenter leur revendication auprès du pharaon. Une fois la situation résolue, les ouvriers reprirent le travail. Il peut paraître étrange à nos yeux d’appeler à la grève à cause de produits tels que l’huile et la farine, mais l’huile protégeait leur peau du climat agressif du désert, et la farine était l’ingrédient principal des différentes sortes de pain qui constituaient la base de leur alimentation.

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Les raisons pour lesquelles les artisans ne recevaient pas leurs rations habituelles ne sont pas claires, il est toutefois connu que la rareté des produits alimentaires était à l’époque une conséquence de l’énorme corruption de la classe dirigeante. Les ouvriers étaient sensés recevoir mensuellement une certaine quantité de céréales, mais le texte du document laisse comprendre que cette ration subit fréquemment des retards pendant le règne de Ramsès III.

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