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piano (69)

administrateur théâtres

12273110300?profile=original                                 Suivez le XV Concours International Tchaïkovski en direct sur medici.tv

         36 jeunes pianistes participent cette année au premier tour du XV Concours International Tchaïkovski.

Aujourd'hui, Nikita Abrosimov, Yury Favorin, Sergey Redkin, Andrey Gugnin, Alexander Ullman, Asiya Korepanova, Maria Mazo et Emanuel Rimoldi joueront lors d'épreuves en récital solo, en direct de la Grande Salle du Conservatoire de Moscou.

Le direct sur tch15.medici.tv 

43c9a06d-a286-44d7-8af1-4b664016abab.jpg?width=250Le jeune belge Ayrton Desimpelaere dirigera la demi-finale du Concours International Tchaikovsky!


Ayrton Desimpelaere, jeune chef d'orchestre belge de 25 ans, dirigera la demi-finale du très renommé Concours International Tchaikovsky (session piano) du 22 au 26 juin 2015 à Moscou! Ce sera l'occasion pour le tout jeune chef de diriger les Solistes de Moscou de Yuri Bashmet devant un jury prestigieux (Gergiev, Pressler, Engström, Berezovsky, Bachkirov,…) en compagnie de six candidats dans des Concerti de Mozart. Le Concours International Tchaikovsky est présidé par Valery Gergiev et sera retransmis en direct sur Medici.tv.

Le Concours International Tchaikovsky est l'un des concours de musique classique parmi les plus prestigieux au monde. Baptisé en mémoire du compositeur russe, il se déroule à Moscou tous les quatre ans depuis 1958, année de sa création. Le Concours International Tchaikovsky est organisé par un comité réunissant d'éminentes personnalités du monde musical russe.

Né en 1990, le pianiste et chef d’orchestre Ayrton Desimpelaere est diplômé des Conservatoires Nationaux Régionaux de Paris et Versailles et des Conservatoires Royaux de Bruxelles et Mons. Il est également titulaire d’une licence en musicologie (Sorbonne) et d’un master en histoire de l’art, orientation musicologie (ULB). Il a ainsi l’occasion de rencontrer et travailler avec Daniel Gazon, Billy Eidi, Valery Gergiev, Mikhäil Faerman, Jean-Claude Vanden Eynden, Christoph Eschenbach, Adrian Mcdonnell, François Chaplin, Aldo Ciccolini, Shadi Torbey, Sébastien Romignon Ercolini, Cécile Lastchenko, Pauline Claes, tout en participant à de nombreuses master-classes. Fondateur de l’Ensemble Carminis et de l'Ensemble Pizzicato, Ayrton Desimpelaere participe en tant que pianiste à la création mondiale de Peter Pan d'Olivier Penard avec l'Orchestre de la Cité Universitaire de Paris en mai 2011 tandis qu'il dirige en mars 2012 la création belge de Browsing Agon de Michel Gonneville avec l’Orchestre du Conservatoire Royal de Mons pour le Festival Ars Musica. Avec le même orchestre, il a dirigé la Symphonie n°4 de Mahler, le Pierrot lunaire de Schönberg, l’Histoire du soldat de Stravinsky, Hommage à Garcia Lorca de Revueltas et Le Rossignol de Loevendie.

Moscou du 15 juin au 03 juillet 2015.

http://tch15.medici.tv/fr/festivals/piano-concerto-no-2-2

On peut déjà regarder le concert d'ouverture donné le 15 juin en replay:

En direct sur medici.tv, le XV Concours international Tchaïkovski s'ouvre dans la prestigieuse Grande Salle du Conservatoire de Moscou, dans un concert dirigé par Vladimir Fedoseyev.

Pour cette occasion, l'Orchestre Symphonique Tchaïkovski, sous la direction de Vladimir Fedoseyev, est rejoint par certains des meilleurs interprètes russes actuels, dont des étoiles montantes parmi lesquelles l'un des génies russes de la jeune génération de pianistes, Daniil Trifonov (1er prix et Grand Prix du XIV Concours Tchaïkovski), véritable phénomène qui a déjà brillé sur les plus grandes scènes (Carnegie Hall, Wigmore Hall et bien d'autres) et dont medici.tv a déjà retransmis de nombreux concerts.

À ses côtés on retrouve un autre jeune prodige, le pianiste Alexander Malofeev, qui à tout juste 14 ans a remporté plusieurs prix de concours internationaux pour jeunes talents – dont le concours Young Talents of Russia en 2013 et le VIII Concours international pour jeunes musiciens Tchaïkovski dont il a reçu le 1er prix et la Médaille d'Or.

Ils sont rejoints par le violoniste Georgy Ibatulin, vainqueur du XV Concours International Télévisé Casse-Noisette pour les Jeunes Musiciens, ainsi qu'Olga Borodina (membre du jury, mezzo-soprano, soliste du Théâtre Mariinsky), spécialiste du répertoire russe, invitée régulière des scènes lyriques et orchestres les plus prestigieux.

L'Orchestre Symphonique Tchaïkovski, premier orchestre de la Radio Nationale et considéré comme l'un des meilleurs orchestres au monde, est dirigé par Vladimir Fedoseyev, son directeur artistique et chef d'orchestre principal, dont la critique a salué la distinction et l'unicité de ses programmes. Aux côtés de cet orchestre et de son chef ont notamment été remarqués les jeunes talents Evgeny Kissin, Maxim Vengerov ou encore Vadim Repin.

Ils interprètent un très beau programme entièrement consacré à Tchaïkovski, à qui le monde rend hommage en 2015 à l'occasion du 175e anniversaire de la naissance du compositeur.

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administrateur théâtres

12273106253?profile=originalLe Lille Piano(s) Festival organisé chaque année par l’Orchestre national de Lille nous gratifie régulièrement de bonheur musical nimbé de joie de vivre et d'esprit de renouveau. Une véritable cure de jouvence. Il était sous-titré  cette année «Pianochromie», allusion au désir de mettre en lumière les  correspondances musicales, sensorielles et poétiques qui relient les arts visuels, la littérature et la musique. Une vingtaine de concerts du 12 au 14 juin mobilisait un public nombreux,  aux quatre coins de la ville : au  Furet du Nord, à la Gare Saint-Sauveur, au Palais des Beaux-Arts, dans la maison natale de Charles de Gaulle, à la Villa départementale Marguerite Yourcenar et au Centre culturel de Lesquin. Mais le plus beau lieu - en dehors du Conservatoire bien sûr - c’est sans conteste le Nouveau Siècle, considéré comme l’une des belles acoustiques de France depuis sa rénovation. 

Le Nouveau Siècle, une véritable maison de la musique ouverte à tous les courants. « Les modèles peuvent changer, on poursuit notre mission de service public de la culture » insiste  François Bou, directeur-général de l’Orchestre National de Lille. « Un lieu de réappropriation de la musique par le public » selon les mots de son président, Laurent Bayle. La  nouvelle saison  2015-2016 de L’Orchestre National de Lille débutera par un concert, le 17 juillet prochain au stade Pierre-Mauroy qui peut abriter 12.000 spectateurs  avec un programme haut en couleurs et en émotions : Ravel (le Boléro), Orff (les Carmina Burana) avec deux cents chanteurs, sous la direction de son charismatique maestro Jean-Claude Casadesus.

C’est lui d’ailleurs qui ouvrait le festival, le vendredi 12 juin  à 20 heures, avec le soliste Kun Woo Paik* au piano. En début de programme, nous avons entendu  la Valse de l'opéra Faust de Gounod, pour piano seul. Entre Arcadie et forêt féroce, le désespoir romantique se mue en rage éclatante. Le tempo très rapide, échevelé peut-être, s’accompagne d’une puissance phonique au comble. L’image de la tourmente de notre monde? Jean-Claude Casadesus nous offrira alors  le Concerto pour piano n°3  de Beethoven. Une œuvre d’où émanent la joie, la pensée optimiste,  un appel aux sensibilités et aux élans du cœur. A l’intelligence de celui-ci. L’humilité et la  compassion parfois. L’allégresse en tout cas. Un enthousiasme à la madame de Staël, berceau de l’espoir. L’œuvre est dirigée avec précision et légèreté dans d’harmonieuses combinaisons de constructions. Le jeu du pianiste presque sauvage à certains moments, alterne avec des éclats d’innocente finesse. La finale sera grandiose, la colère liquide du pianiste a enflammé l’orchestre. Et le bis aura la  forme de berceuse cueillie dans son jardin secret : la romance sans paroles n°3 de Gabriel Fauré. Ovation, bien sûr !

Kun Woo Paik viendra en Belgique la saison prochaine.

 

 * "le plus français des pianistes coréens, le plus coréen des pianistes français" Kun Woo Paik est considéré comme l’un des plus importants pianistes de sa génération.

Né à Séoul, il a donné son premier concert à l’âge de 10 ans et étudié

à la Julliard School de New York avec Rosina Lhevine, puis à Londres avec Ilona

Kabos. Il a aussi suivi les cours de Guido Agosti et Wilhem Kempf en Italie.

Kun Woo Paik a remporté le Concours Naumburg et obtenu la médaille d’or

du Concours international de piano Busoni.

Sa carrière internationale débute, en fait, avec son premier concert à New York où il joue l’intégrale des œuvres pour piano de Maurice Ravel. En 1974, il fait ses débuts en Europe et, depuis, collabore avec les chefs prestigieux tels Lorin Maazel, Mariss Jansons, Sir Neuville Mariner, Wolfgang Sawallisch, John Nelson, Paavo Järvi etc… Il s’est produit en concert avec des orchestres comme le New York Philharmonic, le London Symphony, l’Orchestre de Paris, le B.B.C. Symphony, le Berlin Symphony, l’Orchestre national de Hongrie, le Philharmonique d’Oslo, de Rotterdam, le R. A. I. Italia, le Philharmonique de Varsovie, l’English Chamber Orchestra mais aussi l’Orchestre de Bretagne. Appelé régulièrement à jouer dans des festivals comme le Berlin Festwochen, Aix-en-Provence, la Roque d’Anthéron, Ravinia, Mostly Mozart, Colmar, Montreux, Dubrovnik, Aldeburh et le festival de Pâques à Moscou, il a été le premier artiste coréen à être invité officiellement en Chine par le gouvernement chinois (octobre 2000) ; il y est retourné en 2004 et 2006. En décembre 2004, à l’invitation de Penderecki et sous sa direction, il a joué à Madrid son nouveau Concerto pour piano. Son répertoire s’étend, en fait, de Bach à Busoni, Scriabine et Stockhausen. Le 8 août 2006, dans le cadre du Festival de la Roque d’Anthéron, il joue une œuvre rarement exécutée en raison des effectifs mobilisés et de sa longueur, le Concerto pour piano, orchestre et chœur d’hommes de Busoni, avec le chœur d’hommes et l’Orchestre symphonique de Bilbao, sous la direction de Juanjo Mena. Kun Woo Paik a réalisé de nombreux enregistrements incluant Scriabine, Liszt, l’intégrale des œuvres pour piano de Moussorgski et des concertos de Rachmaninov. Son interprétation de l’intégrale des concertos de Prokofiev a reçu un « Diapason d’Or de l’Année » en 1993 et le Grand Prix de la Nouvelle Académie du Disque Français. Artiste exclusif DECCA, il a enregistré, pour célébrer l’année Bach, des transcriptions par Busoni d’œuvres d’orgue de J.S. Bach, puis un album d’œuvres pour piano de Gabriel Fauré, récompensé par plusieurs prix en France. Il a enfin réalisé récemment une intégrale des œuvres pour piano et orchestre de Chopin avec le Philharmonique de Varsovie sous la direction d’Antoni Witt. En 2005, Kun Woo Paik a entrepris d’enregistrer l’intégrale des sonates pour piano de Beethoven (fin prévue en 2007). Kun-Woo Paik vit à Paris. Il est le directeur musical du Festival International de Musique de Dinard-Côte d’Emeraude. En juin 2007 Kun-Woo Paik a été choisi pour faire partie du jury du concours Tchaikovskyi à Moscou (département piano). C’est la reconnaissance internationale de son talent et de sa renommée. 12273106670?profile=originalhttp://www.lillepianosfestival.fr/juin_2015/vendredi/spectacle_01.php

 Evénement A VENIR:  Le vendredi 17 juillet 2015  au Stade Pierre Mauroy, Lille-Villeneuve d’Ascq (59), France

Orchestre National de Lille, Chœur régional Nord-Pas de Calais, Chœur Nicolas de Grigny ; Jean-Claude Casadesus, direction ; Yeree Suh, soprano ; Jakob Huppman, contre-ténor ; Ales Jenis, baryton

Paul Dukas : Fanfare pour précéder la Péri

Maurice Ravel : Le Boléro

Carl Orff : Carmina Burana

http://www.francemusique.fr/actu-musicale/l-orchestre-national-de-lille-jouera-dans-le-stade-pierre-mauroy-pour-le-lancement-de-sa-40e-saison-92187

http://www.stade-pierre-mauroy.com/meeting/29584/orchestre-national-de-lille/stade-pierre-mauroy/17-07-2015/21h00

http://www.francemusique.fr/actu-musicale/jean-claude-casadesus-prepare-son-depart-de-l-orchestre-national-de-lille-44879

 

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12273103480?profile=original« Et à ce moment-là, il se produisit quelque chose d’extraordinaire… » pour les amoureux de la poésie anglaise et de Richard Strauss. C’était au Festival piano(s) de Lille, le samedi 13 juin, 14 heures. Poésie et musique, main dans la main. Galina Ermakova* au piano et Arnaud Agnel*, jeune comédien sensible et averti, dans le rôle du récitant. Ils jouent et interprètent le poème d’Alfred Tennyson, Enoch Arden, poète lauréat sous le règne de la reine Victoria.
 

12273103467?profile=original“Here on this beach a hundred years ago,
  Three children of three houses, Annie Lee,
  The prettiest little damsel in the port,
  And Philip Ray the miller's only son,
  And Enoch Arden, a rough sailor's lad
  Made orphan by a winter shipwreck, play'd
  Among the waste and lumber of the shore,
  Hard coils of cordage, swarthy fishing-nets,
  Anchors of rusty fluke, and boats updrawn,
  And built their castles of dissolving sand
  To watch them overflow'd, or following up
  And flying the white breaker, daily left
  The little footprint daily wash'd away.”


Enoch Arden, l’opus 38 de Richard Strauss, est un mélodrame pour narrateur et piano composé en 1897 sur le poème écrit par Tennyson en 1864 que  Glenn Gould fut le premier à enregistrer.

Richard Strauss use largement de leitmotivs correspondant à chacun des trois personnages de cette Odyssée inversée. Enoch Arden a quitté son village natal après 7 ans de bonheur familial. Il dit vouloir se sacrifier et sauver  femme et enfants de la misère, ayant tout perdu après un accident de travail. Marin naufragé, il ne reviendra que dix ans après, méconnaissable mais le cœur toujours débordant d’amour. Il va retrouver son épouse Annie remariée à leur ami d’enfance Philip. Mais son amour dépasse l’infini…
La connivence entre la fougueuse musicienne et le comédien s’est installée dès les premières vagues au pied des falaises anglaises. Le paysage sonore créé par la pianiste est d’une texture très riche. Les humeurs de mer, protagoniste central de l’œuvre sont d’une lecture fantastique : des côtes natales, berceau de l’histoire, aux tempêtes destructrices, aux palmiers de l’île où le naufragé se retrouve prisonnier tel Robinson, au retour stupéfiant…bravant tous les dangers, ayant presque perdu la raison. Quelle fresque musicale ondulante, rendue vivante par un jeu assuré et bien nuancé ! Les gammes orageuses coulent, la palette sonore se déploie tantôt fracassante, tantôt infiniment tendre. L’épopée développe, sous le doux regard du Créateur, les thèmes de l’attachement amoureux et filial qui s’insinuent dans tous les interstices de la conscience. Annie, la Pénélope anglaise se défend : « comment aimer deux fois ? » mais finira par épouser Phil, leur ami d’enfance,  qui, secrètement amoureux depuis toujours, a pris en charge les enfants. Enoch mourra dans l’abnégation totale. « Dis-lui que je bénis sa femme et ses enfants dont je suis le père. Mais il ne faut pas qu’elle voie mon visage mort, elle serait trop triste… » 

“Then the third night after this,
  While Enoch slumber'd motionless and pale,
  And Miriam watch'd and dozed at intervals,
  There came so loud a calling of the sea,
  That all the houses in the haven rang.
  He woke, he rose, he spread his arms abroad
  Crying with a loud voice 'a SAIL! a SAIL!
  I am saved'; and so fell back and spoke no more.”

Un silence chargé de respect et de drame tomba sur la salle, prisonnière de ses émotions, évadée overseas! La mer, soudain, se tait et l’oiseau referme ses ailes.

http://www.lillepianosfestival.fr/juin_2015/samedi/spectacle_04.php


*Galina Ermakova, est arrivée en France en 2012. Et s’est installée dans la métropole lilloise. Elle a obtenu le Master de piano du Conservatoire de Moscou. Elle a ensuite rejoint le Pôle Supérieur d’Enseignements Artistiques Nord – Pas de Calais en discipline d’accompagnement dans la classe de Ch. Simonet. Elle a développé une forte activité de concerts qui lui a notamment permis d’être primée lors du Concours International de Musique de Chambre à Kiev (en 2006). Pianiste éclectique, elle a également participé à de nombreux festivals internationaux de tango avec l’ensemble Victoria. Galina est actuellement accompagnatrice au CRD de Cambrai.

Originaire de Nîmes, Arnaud Agnel est un acteur de 27 ans issu de la nouvelle vague de comédiens français. Après un passage par le Conservatoire d’Art Dramatique à Lyon, il a suivi l’Ecole Professionnelle Supérieure d’Art Dramatique (EPSAD) à Lille, de 2009 à 2012. Aujourd’hui, il multiplie les rôles dans les courts-métrages pour son plaisir et le nôtre.

Glenn Gould http://pointculture.be/album/richard-strauss-enoch-arden_357094/

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12273097279?profile=originalSur la route de Paris-Bruxelles: Oyez bonnes gens, artistes et public de Quiévrain et d'Outre-Quievrain, frontaliers ou métropolitains, chaque année, 3 jours sont consacrés exclusivement

au piano sous toutes ses formes : concerts symphoniques, récitals, sessions jazz, piano et cinéma, masterclasses, improvisations, créations et happening musicaux, rencontres avec les artistes, conférences...

Venez donc à pied, à cheval ou en voiture, le TGV , pourquoi-pas? 

Nous festivalons avec Arts et Lettres!

Voici le concert d'ouverture:

KUN WOO PAIK
J.-C. CASADESUS

PIANO SOLO & CONCERTO

N°1

4379432_7_af47_la-salle-renovee-de-l-auditorium-grand_71b0e153d2ad108c66677d3090d65ff0.jpg?width=92NOUVEAU SIÈCLE • AUDITORIUM

VEN 12 JUIN 20:00 > 21:00

OUVERTURE DU FESTIVAL
ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE

LISZT VALSE DE L'OPÉRA FAUST DE GOUNOD,
POUR PIANO SEUL

BEETHOVEN CONCERTO POUR PIANO N°3

KUN WOO PAIK PIANO
JEAN-CLAUDE CASADESUS DIRECTION

Le grand pianiste Kun Woo Paik nous fera tout d'abord découvrir un genre très en vogue au XIXème siècle, celui de la paraphrase d'opéra, dont Liszt fut l'un des plus fameux représentants. Alors qu'il n'y a à l'époque ni radios ni disques, les transcriptions pour piano permettent aux mélomanes d'entendre chez eux leurs œuvres favorites ! Puis le pianiste coréen nous régalera avec Beethoven, dont le Troisième concerto adopte un langage novateur, le piano dialoguant d'égal à égal avec l'orchestre.

Concert diffusé en direct par France Musique et en différé sur Grand Lille TV

http://www.lillepianosfestival.fr/juin_2015/vendredi/

http://www.lillepianosfestival.fr/juin_2015/samedi/

http://www.lillepianosfestival.fr/juin_2015/dimanche/

Et de très beaux lieux à découvrir!

Nouveau Siècle

Place Mendès France - Lille

Métro ligne 1 > station Rihour
Parking Nouveau Siècle ou Grand Place
Station V'Lille Nouveau Siècle ou Rihour
onlille.com

 

Conservatoire

Place du concert - Lille

Parking Vieux Lille Peuple Belge
Station V'Lille Place du concert
http://conservatoire.lille.fr

 

Gare Saint Sauveur

Boulevard Jean-Baptiste Lebas - Lille

Métro ligne 2 > station Mairie de Lille
Station V'Lille Jean-Baptiste Lebas
lille3000.eu


Maison natale Charles de Gaulle

9 rue Princesse - Lille

Parking Avenue du Peuple Belge
Stations V'Lille Halle aux sucres et
St-Sébastien
lenord.fr

 

Palais des Beaux-Arts

Place de la République - Lille

Métro ligne 1 > station République - Beaux Arts
Parking République
Station V'Lille République - Beaux Arts
pba-lille.fr

Centre culturel de Lesquin

ville-lesquin.fr


Villa départementale Marguerite Yourcenar

Centre Départemental de résidence
d'écrivains européens
2266, route du Parc - Saint-Jans Cappel

lenord.fr

 Serez-vous du voyage?

..pour vous donner envie: C'était il y a un an! https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/retour-sur-le-lille-pianos-s-festival-dans-13-lieux-ces-13-14-et

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12273090276?profile=original

Boris Giltburg piano

Au Programme:

Ferruccio Busoni, Chaconne en ré mineur (d'après Partita pour violon n° 2, BWV 1004 de J.S. Bach), Carnaval, op. 9
Bela Bartok, 6 Danses sur des rythmes bulgares (Mikrokosmos VI)
Franz Liszt, Sonate pour piano, S. 178

http://www.bozar.be/activity.php?id=15617&selectiondate=2015-03-02

 AUCUN retour en Belgique de BORIS GILTBURG ne laisse indifférent ! Né en 1984, Boris Giltburg, Israélien d’origine russe, premier prix au Concours Reine Elisabeth 2013, est un artiste …hors compétitions, tant son travail touche à la perfection. C’est une personnalité d’une humilité exemplaire qui vise la communication et le partage, une sensibilité à fleur de peau. Le programme qu’il a composé ce soir est une palette de couleurs versatiles où il explore avec délicatesse toutes les émotions de la personnalité humaine. Son concert est structuré comme une sorte de poème musical.  Derrière son sourire légendaire  se cache une profonde richesse  humaine qu’il métamorphose en musique. Il possède l’art d’emmener le public là où il n’a jamais été. Il suffit de se laisser guider et on entre dans le royaume de la musique.

 

Après avoir franchi  solennellement la porte  de la  Chaconne en ré mineur  de Ferruccio Busoni on est emporté dans la nostalgie d’un sablier qui s’écoule. Un regard doux est au bout de chacun de ses  doigts.  Le voilà au cœur de tableaux impressionnistes ponctués de feux follets. Le jeu de mains est spectaculaire, il enfile avec souplesse des accords de notes graves et donne de la résonnance tragique. Ici, il cisèle le thème purifié, mis à nu, mais nimbé d’un voile de tendresse,  enveloppé de grâce juvénile.  Là, Boris Giltburg fait sonner son instrument comme carillon de beffroi puis pétrit la matière musicale comme un boulanger céleste et met à jour tout le mystère de J.S. Bach.   

Dans sa lecture  éblouissante et farceuse du Carnaval de Robert Schumann,  Boris Giltburg danse ses notes et module les nuances. Les mains bondissantes sont ensorcelantes et tout à coup, au cœur du mystère,  les voilà qui produisent une matière à la limite de l’audible, un sommet de finesse.  Le pianiste glisse d’une pièce à l’autre enchaînant avec brillance et élégance des motifs incontestablement maîtrisés.

 Ses danses de  Bela Bartok  sont  pleines de virtuosité, d’audace et de séduction et enfin sa Sonate pour piano 178  de  Franz Liszt qu’il ouvre,  avant le déferlement passionnel, par  un  long silence de concentration abyssale,  est magnifique de sonorité, de progression, de cohérence. Le public est émerveillé et recueilli devant ces mains devenues des éclairs de lumière. Les pulsions vitales alternent avec la méditation de l’ange. La netteté de la frappe dans les fulgurances est rattrapée par l’infini de la douceur. Le musicien est entièrement habité par la musique. Ses rallentandos  poignants et ses moments de confession intime laissent entrevoir la vulnérabilité de l’abandon profond.    

 

 Et à peine la première palette finie, le généreux pianiste nous ravit d’une seconde palette musicale car voici le choix du poète!

Tout d’abord, ──── 'La Leggierezza',  extrait de Trois Etudes de Concert, Liszt S.144. On retient son souffle du début à la fin.   La technique semble facile et vous convie dans le  rêve,   le pianiste flotte sur le clavier comme un génie insaisissable, son toucher est prodigieusement aérien. Des arpèges pilotés avec une  légèreté incroyable  dans la main droite comme de la gauche, des  gammes chromatiques avec des notes doubles, des sauts d’octaves, notes graves rutilantes,  accords plaqués à distance, une technique éblouissante qui charme autant les yeux que les oreilles! 

Et encore , ──── le  Moment musical no. 4  de Rachmaninov,  épique et émouvant, débordant comme un fleuve russe au printemps et extrêmement puissant, joué avec élan passionné sans crainte de burnout, une performance qui vous coupe le souffle !

Et encore , ────l’intermezzo Op. 118 no. 2 de Brahms un bain de douceur aux longues phrases de douceur, une prière intime pour la paix du monde ? Boris cueille est perles de pluie et en fait un élixir capiteux…

Et encore , ──── la  Suggestion Diabolique composée par Sergueï Prokofiev en 1908 d’une précision et d’une clarté parfaites. Le voici devenu Méphisto en personne.

Et encore , ──── un extrait Davidsbündlertänze de Schumann no. 14 , le point d’orgue du rêve!

Boris, Etincelant et Généreux comme toujours!

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12273060870?profile=original12273060700?profile=originalMusic, a second home ! Hier soir, à la salle M du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, c’était la fête de l’amitié, de la joie et de l’espoir. Trois valeurs magnifiquement véhiculées par  un jeune  ensemble musical  exceptionnel, en provenance de Jérusalem, accueilli avec chaleur par le directeur général de Bozar,  Paul Dujardin, lui-même. Marc Weisser, président  d’honneur de la Maison de la Culture Juive à Bruxelles et l’instigateur de ce concert, avait rencontré ce petit groupe à Londres il y a un peu plus d’un an. Il fut frappé par leur humanité, leur qualité musicale et leur sens aigu de la  poursuite de l’excellence.  Ils ont de …13 à 19 ans, et ont été sélectionnés par leur école - unique au monde - Le Conservatoire Hassadna de Jérusalem.

 

 

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Cette institution scolaire de 650  enfants et jeunes adultes dirigée par l’extraordinaire musicienne Lena Nemirovsky entourée d’une équipe de 100 professeurs éminents, dont certains sont de renommée internationale, possède un merveilleux projet pédagogique et artistique.  Le Conservatoire Hassadna de Jérusalem fut fondé il y a 40 ans par le musicien et pianiste Amalia Reuel, qui professait l’idée généreuse que tout enfant, indépendamment de la capacité physique ou mentale, le niveau socio-économique, l'origine ethnique ou l'appartenance religieuse, devrait pouvoir avoir l'occasion de faire l'expérience d’une éducation musicale haute gamme. Il leur est courant d’intégrer des enfants présentant des handicaps moteurs ou mentaux et d’offrir des bourses pour aider les plus démunis. Ainsi,  ce qui caractérise le plus cette école unique au monde, ce sont les principes d’égalité et d'intégration qui sont les valeurs fondamentales de cette institution. Elle est ouverte aux enfants motivés qui veulent se consacrer à l’art musical et prêts à y consacrer tout leur énergie. Ils bénéficient alors d’un enseignement hautement individualisé et sont plongés dans un milieu largement ouvert et pluraliste qui veut transcender les différences et refléter toute  la mosaïque humaine. Les programmes d'éducation sont  stimulants et équilibrés, mettant en œuvre des méthodes pédagogiques de pointe, dans un esprit  innovant et créatif, maximisant le  meilleur développement artistique et personnel de chaque enfant. Prenons la peine de citer Jacques Revah, ambassadeur d’Israël en Belgique et au Luxembourg : «  une chose est certaine : Hassadna contribue depuis des décennies non seulement au rapprochement le plus inattendu entre les membres de la société en général, mais aussi dans une mesure non négligeable à l’esprit de paix tant attendue dans la Ville de la Paix.»

 

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Au programme éclectique et joyeux de cette soirée entièrement tournée vers l’humanisme et l’universalisme de la musique,  il y avait Bach, Philippe Gaubert, Ysaye, Edward Elgar, Mendelssohn, Fritz Kreisler, Carl Maria Von Weber, Ernest Bloch, Alexandre Scriabin, Chopin et Brahms.  Des instruments phares : violon, piano, basson et flûte traversière et l’impression sur scène d’une  fabuleuse connivence et d’un festival de bonheur car la musique crée des liens extraordinaires et indéfectibles.   

 

Une mention spéciale va tout de suite au jeune violoniste éthiopien de 15 ans, Avraham Terifa qui a ravi tous les cœurs,  revenant jouer de nombreux morceaux et acclamé par un public enthousiaste. On se souvient de la finesse et la fragilité émouvante de ses notes aigues, la profonde maîtrise de l’instrument, la plénitude  des sonorités et des couleurs, et surtout son visage empli de grave sérénité quelle que soit la complexité de l’architecture musicale.  En particulier dans son Concerto pour violon en mi mineur de Mendelsohn, ses filaments de notes aigues captives de tempi échevelés  avaient  la brillance de l’or musical. Et il nous a comblés avec son interprétation de « Nigun » d’ Ernest Bloch.

 

images?q=tbn:ANd9GcRgq14utuA9KxcAyVUZBIBMfIXdLRZtZfYabGwQ-cA-TiEZesQlHQ La flûte traversière, un fleuve d’émotions diverses : brillantes, voluptueuses, bucoliques et sombres parfois, revenait à Schmouel Allouche, 17ans. Il a joué en soliste avec l’Orchestre de  Chambre d’Israël, et en concert  à Toronto en 2009 et à Londres en 2010. Le basson était dans les mains du talentueux Ziv Wainer, 16 ans,  premier basson solo dans l’Orchestre à Vents de Hassadna qui a remporté le Premier Prix au Festival des Orchestres à Vent au Carnegie Hall de New York en 2014. De l’humour, de la verve musicale et de l’ampleur.  

 

Venons-en à deux autres artistes en herbe, l’une très jeune (13 ans), Alex Pirsky qui fut choisie pour jouer en duo lors du 90ème anniversaire du Président Shimon Peres, en présence de Bill Clinton et de Tony Blair, et l’autre, Rinat Erlichman (18 ans), une des jeunes violonistes les plus prometteuses d’Israël, premier violon dans le Quatuor à cordes du Conservatoire ainsi que de l’Orchestre de Chambre et qui participa à un concert privé, en 2012, chez Murray Perahia. Leur performance lors de cette soirée au palais des Beaux-Arts de Bruxelles a été un sommet de concentration et de virtuosité. Deux jeunes prodigues, à l’avenir certainement fort prometteur.

 

 images?q=tbn:ANd9GcRrH5xjZK1NzCrncqQCgJPhLdsayoek8Xti5r5lSA9NRo9Oz5fgEt pour terminer, quelques mots élogieux  pour la jeune pianiste Karin Yusim,  qui a séduit le public par sa technique rigoureuse et son charisme. Son  jeu très sûr  dégage des émotions pleines et crée un climat où domine la  confiance en la Vie. Particulièrement dans son interprétation sans failles des 5 préludes op 11 de Scriabin. Sous la houlette de leur incomparable égérie, la musicienne Lena Némirovsky, qui  les accompagne au clavier comme dans la vie, tous ces jeunes prodiges extrêmement doués  ont donc  donné le meilleur d’eux-mêmes: une musique dansante pour l’âme.

Le Programme:
Johann Sebastian Bach – Concerto pour deux violons en ré mineur BWV 1043 (premier mouvement)
Philippe Gaubert – Nocturne et Allegro Scherzando
Ernest Bloch – ‘Nigun‘ extrait de “Baal Shem”
Sergei Prokofiev – Sonate n° 3 en la mineur, op. 28
Ysaye/Saint-Saëns – Etude en forme de valse op. 52 n° 6

Entracte:
Carl Maria von Weber – Trio en sol mineur, op. 63, allegro moderato
Felix Mendelssohn – On Wings of Song
Edward Elgar – Romance op. 62
Felix Mendelssohn – Concerto pour violon en mi mineur
Johannes Brahms – Scherzo en do mineur

 

 

liens utiles:

http://fetedesmusiquesjuives.wordpress.com/

http://maisondelaculturejuive.be

http://www.cclj.be/

http://www.bozar.be/activity.php?id=15530&selectiondate=2014-11-19

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administrateur théâtres

Mahler Chamber Orchestra Beethoven Journey 3

Leif Ove Andsnes piano - Mahler Chamber Orchestra , Koor van de Vlaamse Opera
Igor Stravinsky, Concerto pour orchestre à cordes en ré majeur
Ludwig van Beethoven Fantaisie pour piano, choeur et orchestre, op. 80, Concerto pour piano et orchestre n° 5, op. 73, "L'Empereur"

Jeudi 04.12.2014 20:00 Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

prev_pfile256203_activity14407.jpgQuel bonheur d’aller écouter le Mahler Chamber Orchestra à "Bozar", comme on dit, même si on en préfère la dénomination longue. Il nous a offert un programme capiteux, avec Leif Ove Andsnes comme échanson au piano. Une soirée sous le signe du champagne musical car ce concert restera à jamais gravé dans la mémoire! 

Une œuvre de Stravinsky pour débuter : son Concerto pour orchestre à cordes en ré majeur, composé en 1946. Les cordes sont au grand complet, les  violonistes jouent debout, déployant joyeusement une vaillance amusée. L’écriture en spiccato et pizzicato souligne les parties lyriques qui oscillent entre des accents plaintifs et le  charme jazzy. On se laisse prendre à de lointains  rythmes de valse repris plusieurs  fois. Il y a de la couleur, de l’énergie vitale et de drôles d’éclats de voix syncopés. A noter, le superbe commentaire bougon de la contrebasse  en fin de partie. Et pas de chef d’orchestre ! 

Les musiciens reviennent, en costume-cravate, les dames en élégance. Mais voici venir le chef d’orchestre norvégien, Leif Ove Andsnes qui s’installe au clavier. Il dirige la Fantaisie pour piano, chœur et orchestre de Ludwig van Beethoven en do mineur, opus 80, avec les chœurs de l’Opéra des Flandres. Dès les premières notes de la cadence initiale, le public sait que ce concert sera admirable, son niveau d’attention est au comble.  Les premiers arpèges puissants alternent avec un jeu intimiste et des sautillements de jeu de marelle. Les crescendos d’accords sont rutilants, l’orchestre silencieux est aux aguets, les trilles et les double notes farceuses jouent au coucou  d’une forêt musicale généreuse. Puis chaque pupitre s’ébranle, la musique se sculpte sous nos yeux et pour le plus grand plaisir de l’oreille. Chaque rencontre d’instrument est une rencontre artistique nouvelle. La flûte et le hautbois  s’invitent, accompagnés par le piano, puis les tutti exultent dans la joie complice de  l’orchestration. Leif Ove Andsnes traite son piano comme une harpe. Le thème joyeux qui préfigure l’ode à la joie de la  9e symphonie, est répété en échos bondissants. Le soliste gazouille des trémolos et sa longue mélodie rêveuse  est scandée avec tendresse par les cuivres. L’orchestre tout entier est bientôt dans un rythme de chasse à courre qui finit pianissimo. C’est alors que le chœur se lève et livre une interprétation sublime du poème de Christopher Kuffner « Fried und Freude gleiten freundlich der Wellen Wechselspiel… » Voici un miroir où se réverbère la foi et la confiance en l’humanité, la  célébration de l’amitié  à travers les arts, tout y est dans ce merveilleux dialogue entre le soliste, l’orchestre et le chœur. Le refrain explosif construit en interminable crescendo  donne une impression de vertige et ce sont des tonnerres d’applaudissements qui terminent la première partie de ce concert. 

thmb_13193_img1.jpgEn deuxième partie c’est sans doute la meilleure interprétation du Concerto de l’empereur N°5 qu’il nous ait été donné d’entendre. La direction est d’une extrême délicatesse, les parties solistes au piano sont de vraies éclosions florales. Elégance, moelleux, jeu solaire. Le pianiste qui dirige rayonne d’un intense charisme, il symbolise à lui seul à la fois l’humilité extrême et la grandeur de l’homme. Fluidité, contrôle, équilibre parfait. Son toucher de clavier tient  à la fois de l’ange et de l’humain, dans sa fermeté et sa noblesse. La virtuosité se répand dans sa cadence comme des vagues de lumière aussitôt transmises par les mains devenues muettes aux violons dans le deuxième mouvement. L’orchestre est à l’écoute presque religieuse du soliste et le soutient par un tapis de notes caressantes. Les pizzicati des contrebasses donnent de l’ampleur et de la profondeur tandis que la mélodie appartient désormais aux vents. Les sonorités de velours du piano, les cascades de trilles versent dans le sublime. Souffle-t-il les notes sur le clavier au lieu de les toucher? C'est une âme qui s'est engouffrée dans le merveilleux et y entraîne tout l'orchestre. La jubilation solaire du dernier rondo est une véritable apothéose et le public se lance dans des ovations enthousiastes. Leif Ove Andsnes revient pour un bis, une Bagatelle, bien sûr!

Photos: Mahler Chamber Orchestra & Leif Ove Andsnes © Holger Talinski/Leif Ove Andsnes © Özgür Albayrak

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administrateur théâtres

12273029281?profile=original12273030058?profile=original                             Surprise : grande réunion de famille à Lille le week-end dernier et plus de 15.000 visiteurs...

 

Quelle fête pour ses cent ans !  La  nouvelle édition du Lille pianos(s) festival fêtait ce  14 juin 2014 l’anniversaire d’une grande dame, Gisèle Casadesus, comédienne décorée  de prestigieuses  distinctions honorifiques qui, le matin  même du festival, recevait  la médaille d’or de la ville de Lille, capitale européenne en 2004. Elle est aussi la mère de quatre enfants. Son fils aîné est le chef d’Orchestre Jean-Claude Casadesus, nommé en 1976 directeur de l'Orchestre National de Lille (ONL) auquel il a consacré jusqu’à maintenant  l'essentiel de sa vie. 12273031692?profile=originalCette élégante dame a été suivie avec admiration à chaque étape du festival et  applaudie avec ferveur par une salle comble avec le bis offert par son fils - un vibrant Happy Birthday - lors du concert de 18 h le samedi 14 après la splendide et tragique interprétation par Abdel Rahman El Bacha de Gaspard de la nuit et  du  Concerto pour la main gauche de Ravel! Elle vient de publier ses souvenirs dans un livre intitulé « Cent ans c'est passé si vite ». « Revisitant les événements d’un siècle, des deux guerres mondiales aux nombreux bouleversements de société, cet abécédaire personnel raconte la comédie humaine et les coulisses de la scène, comme le destin d’une grande famille d’artistes. Sans jamais se départir d’un humour subtil, Gisèle Casadesus y dévoile son amour de la vie et de la famille, sa foi profonde et sa curiosité insatiable du monde. » Cheers!

 

Il faut rassurer les routards de la musique, la salle de concerts de l’Orchestre National de Lille, Le Nouveau Siècle, a ré-ouvert ses portes début janvier 2013, ayant été  intégralement rénovée afin d’offrir à son public une acoustique d’excellence internationale et une réverbération de qualité exceptionnelle.

 L’Orchestre national de Lille proposait cette année en commémoration de la Première Guerre Mondiale, un festival développant le thème de la "musique et guerre(s)". C’était l’occasion pour les visiteurs  d’aller écouter des œuvres  de compositeurs marqués par la guerre. Ainsi plusieurs concertos  écrits pour la main gauche pour le mécène Paul Wittgenstein, pianiste autrichien qui perdit son bras droit lors de la Première Guerre, ont été joués de manière particulièrement bouleversante. En plus du concerto pour la main gauche de Ravel, nous avons entendu deux œuvres fortes et expressives, les lumineuses  « Diversions » de Benjamin Britten  lors du concert d’ouverture et  celui de  l’américain Korngold lors du concert de clôture sous les doigts de Nicolas Stavy, chaque fois  sous la direction éclairée du très fédérateur chef américain Paul Polivnick. Le Concerto pour piano de Viktor Ullmann (mort gazé le 18 octobre 1944 à Auschwitz-Birkenau) joué  par une sulfureuse Nathalia Romanenko « con fuoco » 12273030858?profile=originalet l'opéra pour enfants Brundibar de Hans Krasa  ont rejoint comme bien d'autre pièces évoquant le même thème tragique. 

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Et tout au long du festival des œuvres phares du répertoire pianistique de Debussy, Prokofiev, Rachmaninov, Chopin, Beethoven, Bach... soulignent bien  la diversité du répertoire pianistique  programmé lors de ce festival.  Plus de 60 artistes dont 45 pianistes dans 13 lieux ces 13, 14 et 15 juin 2014 ont donc enthousiasmé un public  conquis qui eut bien du mal à choisir entre les pianos, concertos et artistes de renom comme Abdel Rahman El Bacha, on ne présente plus.   Entre autres : Marie Vermeulin jouait Aaron Copland et Olivier Messiaen, Jean-Philippe Collard Chopin, Florent Boffard combinait les grammaires musicales de Bach et Schönberg et l’ardent François-Frédéric Guy revisitait Le Livre 2 des  Préludes de Debussy et la Sonate opus 111 de  Beethoven.

On gardera du  magnifique récital de ce Frédéric Guy le souvenir phosphorescent de ses fées, d’Ondine fragile et exaltée et de  son feu d’artifice  ainsi que celui de son regard transfiguré par l’émotion et concentré à l’extrême dans la sonate de Beethoven avec des jeux de clairs obscurs extraordinaires d’humilité. Voilà un homme qui construit des digues pour cultiver la musique. Chaque note semble être recueillie comme une eau précieuse, avec une reconnaissance infinie, comme si derrière il y avait une présence infinie. Le temps et ralenti et savouré, la salle est complètement absorbée et entraînée dans l’amplification progressive du dernier mouvement.  

 

Dans un tout autre registre, très ludique et populaire, voici un festival d’improvisation  et un  pari réussi pour l’aventure de la Battle musique sans battle-dress en 12 rounds  des pianistes Auxane Cartigny et Simon Fache où des milliers d’internautes commentaient en direct le concert à coup de tweets.  Amusez-vous : on peut revoir la performance en streaming sur www.onlille-playagain.org. 

 

Un parcours trop rapide  de découverte du Vieux Lille nous  a menés le  samedi matin à notre premier rendez-vous dès 10 h avec le très intéressant récital commenté de Florent Boffard  au Conservatoire de Lille, 12273029856?profile=original 12273029483?profile=originalenchaîné aussitôt après avec « les sonates de guerre » du pianiste ukrainien,  Igor

Tchetuev au  Théâtre du Nord.  Ce dernier nous a interprété la Sonate n°12 « Marche

funèbre » de  Beethoven, la Barcarolle en fa dièse majeur de  Chopin et la Sonate n°9 de 

Prokofiev que l’on dirait du cru du pianiste tant elle est convainquante et richement élaborée.  Là

aussi l’émotion  est forte et la qualité musicale hors pair au rendez-vous. 12273030083?profile=original

Sandwich en main, les mélophiles se seront précipités à partir de midi pour entendre les cartes blanches de jeunes pianistes à la gare Saint-Sauveur à moins qu’ils n’aient préféré les Archives Départementales inaugurées la veille.  Au Nouveau Siècle,  c’est le  spectacle jeune public (Brundibar) qui a battu son plein dans l’auditorium après la  très émouvante conférence sur  «  La musique contre la barbarie » de  Marek Halter à la salle Québec consacrée à Terezin le  camp "modèle" organisé par les nazis afin de tromper les observateurs de la croix Rouge et dont les occupants furent envoyés à Auschwitz  à l’arrivée des gardes rouges. 12273030458?profile=original On se souvient tout à coup avec effroi de la pièce de l’auteur espagnol Juan Mayorga  Himmelweg ou le chemin du ciel, du nom que l'on donnait aux rampes menant des trains aux fours crématoires. Marek Halter  est l’auteur de « La mémoire d’Abraham » (Laffont) un livre qui retrace l’histoire de sa famille et celle d’un peuple débutant en l’an 70 jusqu’à nos jours… Il n’a pas manqué d’évoquer lors de sa conférence le récent massacre du Musée Juif à Bruxelles.

12273030483?profile=original

Le dimanche matin a rassemblé une foule heureuse de parents et d’enfants amoureux de Pierre et le loup, un Prokofiev  revisité par The Amazing Keystone Big Band avec  Denis

Podalydès et Leslie Menu, les récitants enjoués. 12273029701?profile=original

...Imaginez l’oiseau en flûte traversière et trompette avec sourdine, le canard en saxo-soprano, le chat en saxo ténor, le grand-père en saxo baryton, le loup en trombones et tuba. Pierre est à la fois claviers, basse et guitare et les chasseurs,  l’orchestre Big Band. Ah on oubliait les fusils, la batterie bien sûr ! Orchestre et public scandent régulièrement avec les mains. Atmosphère de liesse.  C’est brillant, chaleureux, pulpeux et triomphant. Le canard encore vivant dans le ventre du loup glousse dans une lumière jaune citron. Et la foule quitte le grand auditorium à regret.  12273030690?profile=original

 

 Après la performance de François-Frédéric Guy  en tout début d’après-midi, à l’heure de la sieste dominicale, c’est la vibrante passion incantatoire du pianiste français originaire de La Martinique Wilhem Latchoumia qui a réveillé les esprits dans la salle Québec.12273030285?profile=original Son programme  caressant et drôle consacré à Debussy, Monpou, Satie et De Falla a subjugué les auditeurs. Souplesse et générosité. Des doigts impressionnants d’élasticité et de puissance. Un géant qui tour à tour titille les touches d’ivoire suggérant des traces ondoyantes de lumière ou leur livre une implacable bataille de frappe décidée. Le De Falla est une pièce pleine de blessures vives que le pianiste s’empresse de panser. Il joue à l’urgentiste et réveillerait des morts puis propose comme bis « La poupée de biscuit » rythmée et changeante de Villa Lobos.   On le retrouvera bientôt à Bruxelles lors du festival Musiq 3 où il a concocté un programme empreint de spiritualité avec Liszt, Bartók et Ligeti (Flagey, Studio 1 vendredi 27-06, 22h).

Soulignons ici la remarquable organisation sans fausses notes  de ce festival qui ne devient jamais un marathon épuisant mais une partie de plaisir aérée, où l’on a le temps d’applaudir et d’ovationner les artistes qui prennent le temps d’offrir de beaux bis très appréciés. On ne vit pas sous la crainte de se voir refuser l’entrée au concert suivant… Un livret-programme très détaillé et facile à consulter et le déroulement logistique impeccable du festival  –  as smooth as silk – contribuent au bonheur des visiteurs.  

 Le récital de Cyprien Katsaris dans le grand auditorium  a été un autre point fort du festival par son originalité et sa densité. Au cours de son voyage insolite dans le temps, il allie le brio pianistique à l’élégance et au souci de la transmission.  Lui aussi bientôt à Bruxelles…. Son coup d’envoi est une série de thèmes classiques dans la tradition de l’improvisation chère à Liszt ou à Chopin dans les concerts de salon.  Pour suivre : le Klavierstück n°2 de Schubert, l’une de ses pièces favorites. On balance entre nostalgie et vie vécue en accéléré… pour se retrouver à Thalès, dans l’antiquité grecque devant l’épitaphe de Dame Euterpe où se trouve gravée la plus ancienne mélodie occidentale … qu’il relie au premier prélude de JS Bach. L’être est musique rappelle-t-il, et la musique est une multiplicité d’inspirations de la Muse. Il la relie à la théorie des pythagoriciens qui considèrent que chaque corps céleste émet un son et l’ensemble constitue l’harmonie des sphères. Nous voilà projetés dans l’univers. La sublime berceuse de Chopin jouée peu avant sa mort est relayée par une pièce de Max Reger « Träume am Kamin » constituée elle aussi d’une basse obstinée et d’arabesques à la main droite d’une rare sérénité pour le contexte guerrier de l’époque… « Lament » de Frank Bridge complète l’image de l’impuissance civile en temps de guerre… Il s’agit d’une pièce dédiée à une petite fille, Catherine, qui voyageait sur le Lusitania torpillé  le 7 mai 1915… Poignant dans sa simplicité!  Puis voici St-Saëns avec « La Française » et  le prélude n°12 de Vierne : « Seul ». La finale de ce magnifique récital où chacun se trouve engagé dans un climat d’écoute attentive est son arrangement remarquable pour piano seul du dernier mouvement de l’Empereur de Beethoven. C’est un message d’optimisme qui transparaît, celui-ci peut sauver le monde. Il faut cueillir les petits bonheurs et les moments de grâce où l’harmonie existe et vibre, appelant l’homme à retrouver le divin en lui.

12273032293?profile=originalLa soirée de clôture voit Le Nouveau Siècle bondé,  pour se laisser guider une fois encore par  Paul Polvnick  pour découvrir  le robuste Concerto pour piano de Korngold  avec un

Nicolas Stavy passionnel et héroïque, ahurissant de bravoure 12273033866?profile=original...et vivre la magie du  Concerto pour piano n°2 de Rachmaninov sous les doigts très inspirés

d’Andrei Korobeinikov au piano  avec  à nouveau   le mythique démiurge Jean-Claude

Casadesus à la direction. Cohésion, élégance, raffinement, précision. Et de toutes parts :  une  générosité parfaite pour célébrer le  langage commun à tous les peuples. 

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12272995485?profile=originalLa fée Musique avait  sûrement touché le calendrier jeudi soir lors des “Flagey Piano Days” qui accueillaient  jeudi soir dans son magnifique Studio 4 un programme rutilant, triste et beau à mourir, interprété par  la crème de la crème des artistes.  

Paul Dukas, L' Apprenti sorcier
Edward Elgar, Concerto pour violoncelle en mi mineur, op. 85
Maurice Ravel, Concerto pour piano en sol majeur 
Maurice Ravel, Daphnis et Chloé

Par le Brussels Philharmonic, Michel Tabachnik, Steven Isserlis, Boris Giltburg

http://www.flagey.be/fr/program/14113/brussels-philharmonic-symfomania-workshop-kids-10-/michel-tabachnik-steven-isserlis-boris-giltburg

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 Quelques propos de Boris, le superbe et l’infiniment humble artiste devant la fée Musique :

 Avant le concert : «  Me voilà de retour dans la grande salle de Flagey (où les éliminatoires et les  demi-finales du Concours Reine Elisabeth ont eu lieu en mai dernier). Que de souvenirs!  Tout de suite deux choses  - la salle paraît toute petite à côté du souvenir que j’en garde et  il me  semble mille fois plus agréable  d’y jouer aujourd’hui! Conclusion : ne  jamais  baser ses impressions d'une salle sur les souvenirs d'une activité qui a nécessité une très, très haute tension psychologique!


Je vais y jouer dans le cadre des Journées Piano Flagey le Concerto en sol de Ravel avec le Philarmonic de Bruxelles et Michel Tabachnik. Nous avons eu notre première répétition aujourd'hui et je suis très impatient en attendant la répétition générale avant le concert de demain soir.   Le programme est superbe : L'Apprenti Sorcier de Dukas, et le concerto pour violoncelle  d'Elgar ( joué par Steven Isserlis, que j'ai eu le plaisir de rencontrer aujourd'hui et que je vais enfin entendre en direct demain), et Daphnis et Chloé pour terminer en beauté.»

                                                                                    +++        

Après le concert : « Quelle bonne surprise hier soir à Flagey ! L’accompagnement  et le jeu superbe du Brussels Philharmonic, une salle qui joue à guichets fermés, la musique de Ravel, un piano de rêve - tout s'est bien passé et ce fut une sacrée expérience. Je ne me suis plus senti aussi vivant depuis  longtemps ! Le Ravel était pour moi l'équivalent musical d'une boisson énergétique (ou  de dix, si vous voulez !) C'était bouillonnant et pétillant, effervescent même, tellement vivifiant ! Et puis, bien sûr, le deuxième mouvement, avec son interminablement triste, douce et  belle mélodie ! ...  Comme mon Ravel était dans la seconde moitié du concert,  je n’ai malheureusement pas pu  suivre la performance de Steven Isserlis du concerto d'Elgar, mais je l'ai écouté à la répétition générale - un récit très personnel, profondément touchant. Steven a une sorte de simplicité affectée dans son phrasé qui m'a touché très fortement, sans parler de ses sonorités ! Qu’est-ce que cela devait être le soir du concert! Inouï!  Nous avons fait une interview conjointe sur FM Brussel ( http://bit.ly/1f2dgaY ). Et aussi   une très belle interview sur TV Brussel ( http://bit.ly/1f2e0gt ). C’est  juste dommage qu’ils m’ont interviewé avant ma première répétition à Flagey, j’aurais montré beaucoup plus d’enthousiasme pour cette magnifique salle!  C’est ma deuxième merveilleuse rencontre avec Bruxelles. Demain, je pars au Japon, allant d'abord à Nagoya, pour interpréter le 2e concerto de Brahms que j’adore. Sous la direction de Martyn Brabbins avec le Nagoya Philarmonic.»

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Tout commence  donc avec la  musique inoubliable  de l’Apprenti-sorcier de Paul Dukas construite en crescendo fantastique avec le côté répétitif et obsessionnel du Boléro de Ravel. Un morceau d’orfèvrerie musicale sous la baguette inspirée de  qui brille de tous ses feux. C’est la fête des flûtes enchanteresses qui soulèvent les voiles du mystère, celle des cuivres et des percussions qui déchaînent le paroxysme organisé. Tabachnik confère une puissance inégalée au morceau d’à peine 11 minutes, fait fuser des sonorités de haute définition dans tous les registres, belles à couper le souffle malgré l’atmosphère apocalyptique. Les accents épiques de l’orchestre sont impressionnants et la finale suscite des applaudissements de fin de soirée alors que l’on n’en est seulement qu’aux débuts.  

12272996259?profile=originalLe Concerto pour violoncelle en mi mineur, op. 85  d’Edward Elgar clôture la première partie du concert. En T shirt noir - il  dit avoir oublié sa veste - Steven Isserlis s’excuse. Mais c’est une star d’envergure mondiale. Si la célèbre Jacqueline Du Pré  fut l’interprète privilégiée et la plus sensible de cette œuvre nostalgique et poignante, Steven Isserlis n’a rien à lui envier. Sa musicalité est intense, empreinte de ferveur et de dévotion  brûlante. On le suit avec émotion dans toutes ses fluctuations de tempo et de couleur de ton. Il transforme son violoncelle en harpe, lui inflige de violents pizzicati, produit des accélérations fulgurantes, débordantes de chagrin et tantôt des sonorités délicates de chants d’oiseaux.  Dans l’Adagio, il exprime toute la langueur du compositeur Edward Elgar et  son désir d’infini et de paix. L’orchestre joue à la façon d’un chœur antique, répétant les phrases du discours héroïque et le ponctuant de notes syncopées  et de son acquiescement symbolique, signe d’une profonde et mutuelle compréhension. On acclame Tabachnik et son imposant orchestre débordant presque sur les escaliers latéraux, et surtout, l’illustre artiste qu’est Steven Isserlis dont on adore la profondeur et la simplicité.

Puis voici notre autre orfèvre et alchimiste musical dont la passion ferait presque exploser le clavier. Boris Giltburg dans le Concerto pour piano en sol majeur de Maurice Ravel.  Il  manie les trilles affolants, les frémissements de harpe, passe de la présence ludique à la concentration méditative. Particulièrement dans sa cadence qui met les larmes aux yeux lorsqu’il diffuse l’élixir mystérieux de sa profonde communion avec la musique. Il sculpte le noyau profond de son être sur son Steinway et fait jaillir de généreuses  galaxies de notes à clarté  stellaire. Le public s’abandonne devant une telle magie et fixe avec passion un clavier effervescent  qu’il sculpte comme un corps vivant. Il incarne aussi le feu de Prométhée, la griffe du diable et de l’esprit malicieux. Il écoute et transfigure sur son clavier le génie accompagnateur d’un orchestre que l’on ne regarde plus, tant le pianiste fascine... C’est lui, le grand cœur  palpitant de l’être vivant que constitue cette musique fabuleuse de Ravel. De prodigieuses acclamations le saluent et il nous offre en bis, l’une des 2 valses pour Piano en Do majeur de Gershwin. Nous avons reçu ce soir de ce jeune artiste,  une rivière de diamants.  

Non moins étincelante, la dernière œuvre jouée sur le mode fantastique : Daphnis et Chloé de Maurice Ravel. Du ravissement sonore chuchoté des flûtes au tapis de scintillements à la surface de la mer - Egée sans doute - Tabachnik soulève les respirations marines. Et parfois une vague qui semble atteindre le ciel. Les flûtes et cors ont trouvé leur point d’union charnelle. L’orchestre célèbre la fête romantique avec un  premier violon très lyrique et deux harpes vibrant à l’identique. Mais l’orchestre entre dans un rythme infernal, joue  l’évanouissement des illusions, du bonheur ? C’est la mise à mort implacable et brutale par des percussions qui ont pris le pouvoir. Voici les grondements de tonnerre et une nouvelle fin du monde.  Des citations de Shéhérazade de Rimsky Korsakov semblent flotter dans les archets, c’est l’apparition d’êtres fantastiques ahurissants, tapis dans l’ombre ou fracassants ? Une œuvre peu bucolique et forte d’émotion qui renoue presque avec l’effroi  suscité par l’œuvre de Dukas du début du programme !  Qui, d’un bout à l’autre, a été un vrai feu d’artifice.

Samedi, toujours au Studio 4 rendez-vous avec:

Flagey Piano Days

Anna Vinnitskaya étonne par sa poésie et joue la carte d'une sensualité virtuose et puissante. Le feu qui l'anime s'associe à merveille avec le romantisme à fleur de peau des ballades de Chopin, contrebalancées par l'équilibre construit, plus sophistiqué des rapsodies brahmsiennes.

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Flagey Piano Days
En voilà deux qui aiment se retrouver ensemble sur scène, et une association qui marche, pour le plus grand plaisir du public. Entre Frank Braley et Gautier Capuçon, deux musiciens incontournables, c’est la rencontre de l’intériorité presque débordante du premier et de la fougue du second, dans un dialogue toujours souverain.
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Pianodays @ Flagey 19 > 23.02 2014

Flagey Piano Days 

FLAGEY PIANO DAYS 19 > 23.02

 

 Les Piano Days du mois des amoureux est le nouveau festival concocté par le  pôle musical  Flagey.  Les amateurs de musique classique seront comblés par  une concentration exceptionnelle de talentueux pianistes avec des musiciens de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth ( dont on fête cette année le 75ème anniversaire),  Boris Giltburg,  premier lauréat du Concours Reine Elisabeth 2013, Jean-Philippe Collard et pour le marathon du samedi, Jean-Frédéric Neuburger, Anna Vinnitskaya et Frank Braley. Le dimanche, ce sera au tour de Rémi Geniet, le jeune pianiste français, deuxième lauréat du Concours Reine Elisabeth 2013, de renouer avec le podium du Studio 4.

 

Les festivités se sont ouvertes hier soir dans une atmosphère chaleureuse offrant un programme exceptionnellement vivant, brillant et pétillant.

Frank Braley ouvrait ces  cinq jours de liesse musicale en dirigeant et en interprétant au piano une œuvre (inachevée) de Mozart qu’il a en même temps dirigée : Le Concerto pour piano et violon en ré majeur, KV. Anh. 56 (Mannheim,1778).Un festival de légèreté orphique. On perd un peu de la sonorité du piano qui est sans couvercle, tandis que Frank Braley dirige et joue, dos au public. Par contre, les envols gracieux de la  soliste violoniste en dialogue avec le clavier sont empreints d’énergie solaire. A la fin du premier mouvement, il y a cette note belle comme le premier perce-neige, qui annonce la lumineuse brillance du final. Le deuxième mouvement est serti par le toucher de plume du pianiste qui souligne les splendides legatos des violons. De cristallines, les notes du clavier deviennent farceuses. Cela scintille. Le troisième mouvement  vit la joie dansante des cuivres complices, soulignant la virtuosité aérienne des solistes. Un très beau ralenti,  bien amené avant le final. Elina Bushka,  l'exquise violoniste lituanienne de 23 ans, est vigoureusement applaudie et par le public, et par son chef d’orchestre. Depuis septembre 2011, elle étudie à la Chapelle Musicale Reine Élisabeth sous la direction d'Augustin Dumay.  Elle a su créer une atmosphère d’ivresse musicale avec un orchestre de Chambre de Wallonie très en forme. L’ORCW est le complice régulier du Concours Musical International Reine Elisabeth. 

Mais la révélation de la soirée nous est venue avec ce jeune pianiste, Julien Brocal.  Il a débuté l’apprentissage du piano dès l’âge de 5 ans et montait deux ans plus tard seulement, sur la scène de la salle Cortot à Paris. Formé l’Ecole Normale de Musique de Paris Alfred Cortot, il  a décroché le prestigieux diplôme de concertiste, à l’unanimité. A la Chapelle Musicale Reine Elisabeth il devient l’élève de Maria-Joao Pires, une grande dame qui lui ouvre les portes de l’imaginaire musical. Les sonorités qu’il tire de son instrument  dans le Concerto pour piano en do majeur n° 21, KV. 467 sont parfaites, fruitées et lumineuses, d’une intime sensibilité.  Le jeune musicien vit sa musique intensément, il est raffiné dans les nuances, son ravissement musical est très communicatif et l’orchestre à l’écoute est prêt à bondir à ses moindres suggestions. La matière qu’il offre est palpitante, depuis les tendres épanchements jusqu’aux bouillonnements de plaisir. Le corps orchestral l’écoute, subjugué, dans ses splendides cadences. Un moment passionnel le décolle du tabouret pour finir le premier mouvement, sage et mesuré. Frank Braley imprime douceur et majesté au deuxième mouvement: voici les souffles profonds des cuivres langoureux. Le monde est dans la main gauche de Frank, le pianiste se baigne dans la lumière orchestrale.  Le thème revient à l’unisson avec les cors avec l’intensité d’une prière ou d’une  insistante supplique. Le doux tangage des pizzicati berce l’ensemble. La croisière musicale s’achève dans un final royal. Le concerto a été pétillant d’un bout à l’autre et on  a pu en a savourer les moindres bulles.  

 

C’est toujours sans podium et  avec merveilleuse simplicité que Frank Braley dirigera la deuxième partie du concert : La Symphonie n° 5 en si bémol majeur, D. 485 de Franz Schubert. Vivacité et élégance sont au rendez-vous. Il traque l’énergie de toutes parts. Le premier mouvement s’achève sur deux beaux crescendos, pleins de panache. Le deuxième mouvement ressemble furieusement à du Mozart. Le chef d’orchestre porte l’orchestre avec souplesse. Des flûtes  fuse l'émotion rare, et on pénètre dans les méandres de l’intériorité avant la reprise  joyeuse du thème principal.  L’orchestre est tellement enthousiaste que le chef doit calmer les  pupitres. Une belle phrase emphatique  et puissante, très contrastée,  rappelle une certaine gravité dans tout ce bonheur  rêvé et  revient identique mais jamais la même, après chaque reprise du thème. Une musique qui scintille, qui respire et resplendit.  

 

frankbraley_-c-_king_records.jpg?width=240Mercredi 19.02 | 20:15

Orchestre Royal de Chambre de Wallonie

Frank Braley, direction, piano

Julien Brocal, piano

Elina Bushka, violon

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Concerto pour piano en do majeur n° 21, KV. 467

Concerto pour piano et violon en ré majeur, KV. Anh. 56

Franz Schubert (1797-1828) Symphonie n° 5 en si bémol majeur, D. 485

 

Le programme complet de ces rendez-vous prestigieux se trouve ici :  

http://www.flagey.be/fr/programme/genre/musique/piano-days

Le site de Julien Brocal: http://www.julienbrocal.com

 A ce soir?  avec Boris Giltburg!

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12272802088?profile=original            L'ORCHESTRE NATIONAL DE BELGIQUE 

DIMANCHE 20.10.2013 15: 00

Andrey Boreyko direction - Mateusz Borowiak piano - Orchestre National de Belgique
Alexandre Tansman, Stèle in memoriam Igor Stravinsky
Franz Liszt, Concerto pour piano et orchestre n° 2, S. 125 
 Igor Stravinsky, L'oiseau de feu, suite (1945)

L’Orchestre National de Belgique sous la baguette lyrique d’Andrey Boreyko va nous faire découvrir ce soir le monde mystérieux de la musique d’ALEXANDRE TANSMAN  avec Stèle IN MEMORIAM IGOR STRAVINSKY, une musique composée à l’annonce de  la disparition de son fidèle ami. On se sent particulièrement plongés dans la tristesse et le recueillement  lors des deux mouvements lents qui encadrent la séquence rapide Studio ritmico. On croirait même entendre flotter dans la mémoire des  lignes mélodiques qui ressemblent au Sacre du Printemps dans l’Elégie et  le Lamento final. Après des gémissements plaintifs  et le hoquet très perceptible à travers des larmes difficilement contenues du premier mouvement, la stèle centrale  très rythmée par une armée de percussions semble traduire la révolte devant la mort. C’est un déchaînement de colère, l’émergence d’un piccolo guerrier, l’angoisse d’une chute sans fin au fond d’un gouffre désastreux et le Silence. Le Lamento met en lumière des cuivres pacifiés, une flûte traversière sur fond de pizzicati, les perles sonores du celesta et les longs bercements sur une mesure invariable de tutti. Apaisement ou résignation? Un très bel A Dieu.

 


Et voici le très attendu Mateusz Borowiak, le troisième lauréat du Concours Reine Elisabeth  qui nous a tant séduits par sa maîtrise, son élégance, sa finesse d’interprétation et sa créativité. Il va jouer  le CONCERTO POUR PIANO ET ORCHESTRE N°2 DE LISZT.  Les sons fruités des bois sont repris immédiatement avec grand respect  par le pianiste, l’âme au bout des doigts. Rupture de rythme, et le voilà qui plonge dans le plaisir pianistique. C’est ce qu’on aime : ce transfert impalpable d’enthousiasme. Andrei Boreyko le suit dans sa manière d’embrocher le drame lourdement scandé par les contrebasses. L’orchestre reflète une angoisse paroxystique ? Le pianiste en rajoute puis se confond en extrême délicatesse. Des bruits d’eau, l’orchestre répond en vagues. S’en suit un dialogue émouvant avec le violoncelle qui flirte avec l’angélisme. La cadence rassemble tout ce qui peut traduire les douleurs de la condition humaine. Mais une victoire sur les angoisses semble poindre à grand renfort de trompettes lumineuses. Le piano : un orchestre dans l’orchestre ? A nouveau il est la proie de frayeurs imaginaires très communicatives. Il revient sur le thème chargé de l’imperfection humaine, livre une ritournelle de détresse qui se noie dans le chant des cordes. Mais la fin, neverending story, est la victoire sur l’obscur. L’éclatement des maillets, des archets, des cuivres et du clavier frénétique en témoignent.  Acclamé, il offre un bis  empreint d’élégance. (On le savait !) Ludique et changeant comme un ciel d’avril. C’est une valse de Chopin, his homeland.

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« Au plus fort de l'orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer C'est l'oiseau inconnu. Il chante avant de s'envoler » (René Char) Cet « oiseau libre aux ailes légères et bienveillantes » est celui de la poésie. On le retrouve en  dernière partie du concert avec LA SUITE DE 1945 DE L’OISEAU DE FEU d’ IGOR  STRAVINSKY. Andrei Boreyko nous gratifie ici d’une lecture très lumineuse de l’œuvre et d’une  direction fluide et précise. Sa mobilité et la précision de sa gestique sont fascinantes, il est totalement maître de l’instantané et du fantastique qui semble ruisseler de toutes parts. Chaque pupitre se détache avec précision : le  cor (le prince Ivan Tsarévitch),  la flûte traversière,  la harpe, le violon sont  une féerie ininterrompue de dynamiques très contrastées. Le mouvement évoque la danse et ses voiles de princesses. Le pas de deux, un bijou étincelant  d’harmonie magique.  L’influence de Rimsky Korsakov et  de son folklore russe  sur le compositeur est bien savoureuse à goûter. Le maléfique et le lumineux s’opposent dans les chromatismes. Le chef d’orchestre dégage une netteté de haute définition et une force redoutable dans la danse infernale du roi Kachteï. C’est incisif, irrégulier et fracassant. Puis le chant du basson émeut profondément ainsi que les longs frémissements de la harpe, du hautbois et de l'alto: on baigne dans une atmosphère lyrique qui a pour but d’endormir les monstres qui voulaient détruire Ivan Tsarévitch. Mission accomplie, l’hymne final chante les fiançailles des amoureux réunis, de l’amour et de l’allégresse d’une Russie joyeuse.

" Et dans mes rêves je me vois chevauchant un loup
Le long d'un sentier dans une forêt,
Parti combattre un tsar sorcier
Dans ce pays où une princesse captive
Se lamente derrière des murs épais.
Au milieu d'un jardin merveilleux s'élève un palais de verre,
Et un oiseau de feu y chante toute la nuit
Becquetant sur un arbre des fruits dorés". Iakov Polonski (1819-1898)

12272971286?profile=originalhttp://www.bozar.be/activity.php?id=13149&selectiondate=2013-10-20

http://www.artrusse.ca/contes/l'oiseau-de-feu.htm

 

 

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administrateur théâtres

Igor Stravinsky - Concerto "Dumbarton Oaks" et Septuor - et Beethoven - Concertos pour piano n ° 2 et n ° 4 - avec Leif Ove Andsnes  au piano et à la direction d’orchestre

images?q=tbn:ANd9GcQUN8BkzUxBWHgDlcQ7aQIWQUButaGnKe9NWEqDQTuVtAKz-RThNw&width=264« Pour le New York Times, Leif Ove Andsnes est « un pianiste d’une élégance, d’une puissance et d’une intelligence exceptionnelles ». Avec sa technique magistrale et ses interprétations pénétrantes, le célèbre pianiste norvégien triomphe dans le monde entier, considéré comme « l’un des musiciens les plus doués de sa génération » par le Wall Street Journal. Il donne des récitals et joue des concertos dans les plus grandes salles de concert au monde, avec les plus prestigieux orchestres. »  Hier soir,  la collaboration du norvégien Leif Ove Andsnes avec le Mahler Chamber Orchestra lors du concert  donné au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles  était  du véritable or musical. Jeune et enthousiaste,  Leif Ove Andsnes est en train d’éditer l’intégrale des Concertos pour piano de Beethoven dans  un cycle intitulé « Le Voyage Beethoven ». L’œuvre  de sa vie?  Joués au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en novembre dernier les Concertos n° 1 et 3 sont déjà  édités chez Sony, loués par la critique et récompensés par le prix Caecilia de l’Union de la presse musicale belge 2012. « La musique de Beethoven est pour moi la musique la plus humaine et la plus spirituelle qui soit. Beethoven pensait que changer le monde est possible et que la musique est vérité. Cela me touche profondément. »

 Le silence qui précède les premières notes du concerto pour piano N°2 est éloquent. Le Mahler Chamber Orchestra est tout de suite  envoûtant par sa présence musicale   et   Andsnes fascine par la façon souple et onctueuse qu’il a de diriger depuis son clavier dont il a orienté la face avant vers  le public. Le couvercle s’est évidemment envolé.  Il s’agit d’une vraie cérémonie musicale élégante et fluide qui fait jaillir l’harmonie du cœur de l’homme et de son instrument et vient envahir les auditeurs de  bonheur. L’alternance  du jeu pianistique et de la   gestuelle de direction d’une délicate précision est une source ininterrompue de découvertes. On est pris dans une sorte de spirale musicale fascinante. Gestes  ou clavier? On s’empresse de ne jamais quitter l’artiste des yeux bien qu’il tourne le dos. On est suspendus dans les aller-retours passionnés entre les deux instruments : l’orchestre et le clavier. Il manie les deux, les  mariant sans relâche à la manière d’un magicien.  De plus,  l’accord entre le pianiste et les différents pupitres a quelque chose de  sacré: on ressent un réel flux musical.  Leur  fascination mutuelle est  surprenante  et engendre l’élan musical inédit qui fait vivre la musique de Beethoven.

 Comment l’orchestre fait-il pour rebondir avec tant de moelleux, en ce qui semble  une seule note, lorsqu’il qui semble cueillir au vol les phrases émouvantes du pianiste dans le concerto pour piano N° 4 ? Dans  le premier mouvement, le pianiste  a plongé  tout de suite dans la romance la plus  tendre puis le  thème a été repris joyeusement par  l’orchestre. On respire la pureté de vents, le souffle et la puissance de l’orchestre, la largeur des champs musicaux et on se fait effleurer par des chutes de pétales de fleurs légères dont on ne sait d’où elles viennent. Émotions en cascades : les cadences de l’interprète  sont  autant de  concerts en soi. L’orchestre  cloué par l’émotion ne semble pas décidé à reprendre l’archet, tant c’est intense et beau. Puis c’est la reprise de parfums voluptueux. Le pianiste joue sur les sommets de la virtuosité sans perdre la moindre plume… de cygne, tant c’est à la fois léger et palpable en même temps. On découvre des scintillements aquatiques, des miroitements et la propagation de l’onde en larges cercles autour du piano. On vit ce concert de manière presque physique. Les mains du pianiste n’arrêtent pas de jouer même lorsque le piano se tait. Leif Ove Andsnes entretient toutes les fulgurances, les violoncelles passionnés, les vents plein de caractère dans les duos de hautbois et de bassons,  l’ambre des altos et les percussions triomphales.  Dans le finale, c’est le triomphe de la beauté de l’émotion humaine.

Ainsi, Beethoven semble avoir pris le dessus dans le cœur des spectateurs lors de ce concert inoubliable. Mais les œuvres de Stravinsky,  le Concerto "Dumbarton Oaks" pour orchestre de chambre en mi bémol majeur et le   Septuor ont produit un paysage musical très évocateur. La taille de l’orchestre réduite, comme elle devait l’être dans la splendide propriété de Dumbarton Oaks (Washington DC)  aux Etats-Unis  en 1938 a permis de singulariser la beauté de chaque instrument, comme si tout à coup un dieu se penchait sur les musiciens qui jouent debout et les observait à la loupe! On pense … à Jean-Sébastien Bach pour la partie fuguée. Ce concerto fut commandé par un couple de mécènes, Mildred and Robert Wood Bliss pour leur trentième anniversaire de mariage. De l’aveu même du compositeur : « c’est un petit concerto dans le style Brandebourgeois! » qui, ruisselant de sonorités farceuses, se termine par une sorte de marche nuptiale pleine de sève musicale célébrant les bonheurs infiniment petits.  Le  plaisir musical et la curiosité étaient aussi bien au rendez-vous dans le Septuor aux sonorités de flammes dansantes (créé en 1954, chez les mêmes mécènes). Mais c'est Beethoven qui  a ravi les auditeurs, eux  qui croyaient connaitre  tous ses concertos par cœur!

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administrateur théâtres

Orchestra Mozart: fabulous concert @Bozar (29/09/2013)

 

Bernard Haitink conductor - Maria João Pires piano -  Orchestra Mozart
Ludwig van Beethoven Leonore II, Ouvertüre, Concerto for piano and orchestra no. 2, op. 19, Symphony no. 4, op. 60

Est-ce la déception de ne pas avoir pu écouter le chef italien mythique Claudio Abbado qui nous a retenus pour ne pas commenter  dès le lendemain ce très beau concert donné le  29 septembre dernier au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles?  Certes non, c’est la beauté du concert qui a comme suspendu le temps. 

 12272955859?profile=originalQuittant la vision d’un ciel enluminé de rose flirtant encore avec l’été, on se précipitait ce jour-là dans une salle Henry le Bœuf très remplie. Claudio Abbado, le prestigieux chef italien qui vient de fêter ses 80 ans,  fit ses débuts en 1960 à la Scala de Milan, avant de devenir son directeur musical de 1968 à 1986. De 1986 à 1991, il fut le directeur musical du Staatsoper de Vienne, devenant en 1987 Generalmusikdirektor de la ville de Vienne. La liste des orchestres qu’il a créés est longue : l’European Community Youth Orchestra, le Chamber Orchestra of Europe, l’Orchestra Filarmonica della Scala, le Gustav Mahler Jugendorchester, le Mahler Chamber Orchestra, son orchestre d’élite pour le Lucerne Festival, et  comme petit dernier, l’Orchestra Mozart de Bologne (2004).  Ce soir c’est sous la direction de Bernard Haitkin, le vénérable maître de musique néerlandais de 84 ans que nous nous laisserons enchanter par l’Orchestre Mozart qui va jouer Beethoven.

 

Il y a plusieurs versions de l’Ouverture de l’unique  opéra « Fidelio » de Beethoven. Celle que nous sommes sur le point d’écouter est l’ouverture nº 2 de Leonore (ou ouverture Leonore II). Il s’agit d’une vaste page symphonique présentant tout le mouvement de l’opéra.  Les thèmes chers au compositeur sont la dénonciation de l’arbitraire, incarné par le gouverneur de la prison, l’appel à la liberté, et l’amour conjugal qui pousse Leonore, déguisée en homme, à risquer sa vie pour libérer son époux Florestan.12272955886?profile=original

Un immense épanchement de tendresse se meut rapidement en atmosphère lourde et sombre. Nous sommes dans une prison espagnole : le caractère dramatique de l’action s’affirme. Cors et vents se déchaînent, les violoncelles produisent des pizzicati mystérieux et sombres, les altos musent el les violons se gonflent de sonorités colorées. L’espoir ? Les rafales puissantes et accentuées se répandent, soutenues par quatre contrebasses. Le solo du cor est émouvant et l’univers musical semble lui répondre sur la pointe des pieds. A la fin ce sont les violons qui mèneront une danse joyeuse. Une entrée en matière très colorée pour accueillir la pianiste portugaise Maria Joan Pires, une femme habitée par une dynamique musicale on ne peut plus créative et qui a accepté de remplacer au pied levé Martha Argerich, prévue elle aussi,  initialement dans la programmation.12272957053?profile=original 

Son Concerto N°2 en si bémol de Beethoven débute dans l’élégance de la première page  et la  grâce enjouée de la suite. Les bois pulpent le premier motif. Le premier violon se révèle intense et incisif. La pianiste dépose des fleurs de rêve sur le clavier. Mais elle sait aussi être ferme et entêtée. Ses notes piquées concentrent le bonheur sous ses doigts. Voici une cadence modulée, ondoyante. Ensuite son  dialogue avec chaque instrument a quelque chose de lancinant. Du grondement de l’orchestre s’échappe le thème. Des arpèges descendants et  effleurés répondent, laissant bientôt la place à un jeu de  ricochets sur la surface d’une eau tranquille. Cette virtuose a la passion du naturel. Sous ses doigts la musique s’écoule en vagues lissées, ondulée de contrastes dynamiques très évocateurs.  Grâce et douceur alternent avec une frappe puissante et la virtuosité avec l’apaisement. A la fin du premier mouvement, le chef d’orchestre s’arrête de conduire pour écouter la pianiste qui dispense alors un jeu presque syncopé, une gamme faite de vertiges et trois grands accords pour conclure dans la passion.

12272957266?profile=originalSi l’entrée dans l’Adagio est un peu pompeuse, la pianiste tient bientôt sous ses doigts un bouquet d’émotions lyriques. On ferme vite les yeux pour être mieux pénétré de la magie beethovienne dans le duo de solistes sur fond de pizzicati. Il y a ce jeu de respirations profondes entre le piano et les violons. Cela tangue dans le cœur et cela bruisse dans l’âme. Après des trilles qui exultent voici la main droite qui, de deux  notes en deux notes, décrit tout un univers de mystère : l’amour humain transcendé dans l’amour divin ? Le Rondo final voyage dans tous les registres lumineux de la joie avec des pointes d’humour tant le plaisir de jouer est présent.  Le maître de musique néerlandais fait chanter autour de la pianiste toute la masse orchestrale, en bougeant à peine, c’est de la magie ! Une direction purement mentale ? Un pur esprit ?  Une énorme connivence  dans la maîtrise stylistique et une cohésion totale entre la pianiste et son chef.12272957852?profile=original

Vient après la pause la quatrième symphonie N° 4 en si bémol majeur jouée avec une acuité musicale incroyable et un  Adagio aux reliefs impressionnants. Les copeaux du ciselage du chef d’orchestre (sans  la partition devant les yeux !) ont l’air de voler partout! Il en sort une sculpture musicale vivante, palpitante et jeune comme un éphèbe. Les flûtes émettent des rubans de phrases, les pianissimos rendent les  violons presque muets d’émotion. Les  sublimes soupirs de violoncelles font ensuite place à la pugnacité juvénile  des cordes. Une texture musicale inouïe: semailles légères  de fragments mélodiques, arpèges pizzicato aux violons  et accords fantastiques ou à peine murmurés.  Après une très courte pause pour que le chef d’orchestre tue dans l’œuf les habituels accès de toux, voici  le deuxième mouvement. L’ Adagio immensément tendre et désolé semble  chercher la lumière. Le regard scrute les brumes mystérieuses de la vallée. Un violon fuse, d’une fraîcheur presque enfantine et pure. Tous se calibrent sur lui. Vient une descente abyssale, mais on fond il y a la sérénité, portée par la mélodie des violons. Les cuivres reprennent la phrase anodine. Ecoutez la dentelle sonore aérée chantée par les bois! L’altiste Wolfram Christ égrène à nouveau ses arpèges délicats. Entre des arabesques joyeuses de tutti,  les violons taquinent toujours  la mélodie.  Les vagues accentuées de la dynamique font roucouler les vents et les violons, de jouer maintenant au loup. On disait: juvénilité !  Bernard Haitkin a déjà levé le bras pour lancer les violons de l’Allegro vivace mais doit recommencer à cause de la salle. La conduite des voix est manifestement très individualisée. Cet homme possède un ascendant extraordinaire sur l’orchestre.  Le tempo est très rapide, les  percussions éclatent, foudroyantes, sans empêcher le bavardage intense des violons. Et voilà que  le seigneur de la musique imprime toute sa vigueur, sa fermeté et son affectivité pour la musique  sur  l’ensemble des pupitres. Puissance de suggestion: on aboutit dans l’univers sonore du Finale où se cachent, lumineuse, une jeune insouciance enthousiaste et inattendue et d’ultimes éblouissements.

12272956491?profile=originalUn dernier cadeau - il est de taille -  et offert à l’assistance  par Bernard Haitkin:  revoici Beethoven encore, avec  la splendeur de l’ouverture d’Egmont et son vertigineux mouvement ascensionnel. Dramatique à souhait,  cuivres et timbales solaires. Jubilatoire. Le palais des Beaux-Arts explose sous les ovations.

http://www.bozar.be/activity.php?id=13115

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Boris Giltburg : retour gagnant

Le 10 octobre 2013 par François Mardirossian

© Chris Gloag

© Chris Gloag

Rachmaninov : Préludes opus 23 – Prokofiev : Sonate en si bémol majeur opus 84 – Ravel : La Valse

Le retour de Boris Giltburg était très attendu. Le dernier vainqueur du Concours Reine Elisabeth a choisi de revenir avec un programme très exigeant. On le sait depuis la finale du concours, Boris Giltburg a une conception très personnelle de la musique de Serge Rachmaninov. Loin des visions de certains pianistes russes. Comme à son habitude, il arrive sur scène avec un grand sourire à demi gêné, vêtu de cette chemise qu’il portait lors du concours. Hommage ou fétichisme ? Peu importe. L’envie de jouer est là et se ressent bien avant qu’il n’ait commencé. Dès les premières notes du premier Prélude on se souvient pourquoi ce pianiste israélien a gagné le Concours Reine Elisabeth en mai dernier. Boris Giltburg est un immense musicien, ultra-sensible avec une façon de jouer qui lui est propre et qui sort de l’ordinaire. Ce pianiste n’est pas un simple broyeur d’ivoire infaillible et sûr de lui, c’est un poète avec ses forces et ses faiblesses et c’est avant tout un grand communicateur. On a tous en tête les fameuses versions de Vladimir Ashkenazy, Nikolaï Lugansky, Grigory Sokolov ou même d’Alexis Weissenberg dans les Préludes opus 23 de Rachmaninov. Hier soir, rien à voir. Giltburg nous a donné la définition du mot interprète. L’interprète est là pour nous transmettre un texte qu’il  aime, s’approprie et comprend. C’est ce qu’a fait le pianiste. Sur les 10 Préludes, pas un seul ne fut raté, esquivé ou non approprié. Le jeu de ce jeune pianiste est très particulier ; on pourrait parfois attendre un son plus puissant au vu de l’énergie qu’il dépense et les geste si amples qu’il déploie, mais force est de constater qu’il n’a pas la carrure d’un Sokolov ou d’un Volodos. Non pas qu’il n’ait pas de présence sonore mais l’habitude d’entendre la musique de Rachmaninov jouée de manière plus « musclée » et puissante fait que la remarque s’impose. Par contre, Boris Giltburg a certaines qualités qui font de lui un des meilleurs pianistes de sa génération. Enfin un pianiste qui ose prendre son temps, respirer et projeter le son dans une salle. Ces Préludes possèdent leur propre univers et Giltburg l’a bien saisi : entre chaque Prélude il n’a pas besoin de prendre son temps pour installer une nouvelle ambiance, il enchaîne et ceci fait qu’une fois le cycle terminé, on n’a pas eu l’impression d’entendre une succession de petites pièces virtuoses mais un ensemble cohérent de poèmes musicaux. Il est à noter également que ce pianiste a une technique à toute épreuve ; à aucun moment on ne l’a senti débordé ou à la limite de ses capacités. Boris Giltburg sait où il va, il y va et nous entraîne sans difficulté. La deuxième partie du récital a débuté avec la trop peu jouée et complexe Huitième Sonate de Prokofiev et a enchaîné avec la transcription de la Valse de Ravel. Autant on pouvait peut-être reprocher (si on cherche à être tatillon) un léger manque de puissance dans certains Préludes et une certaine prudence durant la première partie du concert autant la deuxième fut une preuve que ce pianiste a plus de réserve que l’on croit. Son interprétation de la Huitième Sonate fut sidérante, d’une puissance inouïe et d’une rare sensibilité. On sait qu’il a déjà enregistré les trois Sonates de guerre du compositeur mais pouvoir ressortir en concert une exécution pareille relève de l’exploit et d’une grande maîtrise. Oui car c’est bien un « maître » qu’on a entendu dans cette oeuvre. Tout les plans sonores sont là, tous les thèmes sont chantés, tout le caractère est là et à aucun moment son énergie ne s’épuise. Bien au contraire, c’est dans les moments techniquement les plus exigeants qu’il nous montre qu’il a encore plein de ressources. Le son n’est jamais dur ou artificiel et c’est dans l’oeuvre de Ravel qu’il fît montre de toute sa science des couleurs. Il traite son piano en véritable orchestre ; toute la difficulté de cette pièce est là : ne pas en faire une pièce de démonstration mais une véritable transcription d’une pièce orchestrale au piano. Énergie, couleurs, fulgurance et un bon zeste de folie firent de cette Valse de Ravel une véritable merveille. Généreux jusque dans ses bis. Une belle transcription de la Valse Triste de Sibelius, quelques restes d’une Étude-Tableau de Rachmaninov jouée lors des éliminatoires du Concours Reine Elisabeth, le fameux Prélude en do dièse mineur du même compositeur et pour finir un extrait des Davidsbundlertanze de Schumann. Infatigable et toujours affable. Pour son retour à Bruxelles, Boris Giltburg n’a fait que confirmer le choix des jurés en mai dernier : il a ce je-ne-sais-quoi en plus qui fait qu’il ne pouvait que gagner.

François Mardirossian Bruxelles, Grande Salle du Conservatoire, le 9 octobre 2013

 

 

Qu'ajouter de plus?  Fervente lectrice du Crescendo magazine, je tenais à partager avec vous cete belle critique musicale de François Mardirossian. Notre pianiste préféré s'est fait interviewer par Xavier Flament à l'issue du concert. 12272953665?profile=original

 

12272955061?profile=originalhttp://www.bozar.be/activity.php?id=13199&selectiondate=2013-10-09

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deFilharmonie

Philippe Herreweghe direction - Martin Helmchen piano - deFilharmonie

Felix Mendelssohn-Bartholdy Capriccio brillant, op. 22, Concerto pour piano et orchestre n° 1, op. 25
Franz Schubert, Symphonie n° 6, D 589

Que savons-nous des symphonies de Franz Schubert ? Que l’une est Inachevée et qu’une autre est Grande car elle rivalise avec Beethoven. Et pour le reste ? Avec deFilharmonie, Philippe Herreweghe remonte le temps et nous offre la kaléidoscopique Sixième Symphonie de Schubert

 

 deFilharmonie, l’orchestre royal philarmonique de  Flandre, ouvrait sa saison musicale sous la houlette de Philippe Herreweghe ce 18 septembre dernier au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.  Le public des Beaux-Arts n’était hélas pas très nombreux, mais il remplaça le nombre par la chaleur de ses applaudissements.

 Un programme résolument germanique, à la confluence de deux univers esthétiques : Felix Mendelssohn (1809-1847) et Franz Schubert (1797- 1828). Nous avons eu à cette occasion le plaisir de découvrir un très brillant pianiste : Martin Helmchen dont la virtuosité virevoltante et le style naturel très expressif vous font  vite chavirer.

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Son Capriccio brillant en si mineur miroitait de couleurs intenses. Sa première page musicale anime les pizzicati de la marée de cordes présentes sur la scène. De la rêverie il passe à la fougue juvénile et l’orchestre emballé enchaîne à la fois dans la délicatesse et la magnificence sous la conduite d’un chef d’orchestre invisible, car il dirige caché au public par la levée du couvercle du piano.  Vigueur et vitalité concluent le premier mouvement. Un thème romantique fleurant jardins et cascades revient et l’instrument reçoit les assauts de la passion, puis les caresses du cœur du pianiste dansant de joie. C’est l’orchestre seul qui fait briller les derniers feux du bouquet final.

 

 12272944086?profile=originalLe concerto pour piano N°1 en sol mineur démarre presque aussitôt par une ouverture spectaculaire. De la dynamite …avant de sonder la profondeur du sentiment. Le pianiste semble envoûté par sa partition et gazouille avec les cuivres. L’armée de cordes violoncelles et basses à gauche du public,  trace des routes aériennes  en forme d’arcs vibrants et sonores. Le pianiste n’est plus envoûté, il est possédé par sa musique. Ses accords vigoureux ont la chaleur de matière en fusion. Mas à l’appel des cuivres, le pianiste se transforme en figure angélique. L’ange aux boucles châtain ferme les yeux et inonde son visage et ses mains de grâce musicale. Un très beau moment. Les sonorités de l’instrument oscillent entre des discrétions de velours à peine murmurées et  de larges pans de passion très palpables.  On retient sa respiration. C’est la paix du monde qui respire. Dans le dernier mouvement, Molto allegro e vivace, le virtuose semble faire perler les notes sous ses doigts comme s’il s’ébrouait dans l’eau. Le voilà qui s’arrête, il a touché le cœur du mystère, s’illumine et signe sa victoire de manière scintillante. Son bis ? Un prélude de Bach. Les visages des instrumentistes sont nimbés de lumière et d’admiration pensive avant que ne recommencent les applaudissements.12272942701?profile=original

 

Photo deFilharmonie & Philippe Herreweghe © Bert Hulselmans

La symphonie n°6 de Schubert dont Philippe Herreweghe tient magistralement les rênes ne décevra pas même si elle se passe de pianiste ! Tapi comme un jaguar, Philippe Herreweghe continue son minutieux travail de ciselage, si efficace dans la première partie du concert. Allégresse, précision des traits, fluidité et netteté des dialogues soulignent l’élégance de la musique et célèbrent la fête de l’ascensionnel et du spirituel. Une fête sylvestre pour l’œil ou l’oreille avertie ? Des rythmes de jeux qui fusent  de toute parts avant le  dévoilement nostalgique dans l’Andante. Dans le dernier mouvement, la part est belle aux percussions et aux cors qui se saisissent de notes lancinantes doublées par les  bois et autres flûtes claironnant à qui mieux mieux. Le chef d’orchestre invite des guirlandes musicales, allume des feux, éteint des incandescences, organise son petit peuple musical avec le charme et la légèreté d’un farfadet bondissant.  On est loin de la mélancolie dans ce final Allegro moderato enjoué.12272944489?profile=original Après des rappels nombreux, les spectateurs quittent la salle en déplorant qu’elle ne fût pas mieux remplie! Quelques heures de très grand bonheur… que l’ensemble ira porter deux jours plus tard à la cathédrale de Laon pour l’ouverture de  leur 25e festival de musique. Encore des spectateurs heureux en perspective…

 

 

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administrateur théâtres

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Concerts au 15ème festival de musique de chambre de Musica Mundi 2013

Hagit et Leonid Kerbel, fondateurs de Musica Mundi, respirent le bonheur ! Ce 15 juillet dernier, ils ouvraient le traditionnel festival Musica Mundi  pour la quinzième fois, dans la salle Argentine du Château du lac, à Genval. Musica Mundi a reçu le haut patronage de la princesse Mathilde, maintenant Reine des Belges.  Parmi le public bourdonnant d’excitation, il y a, à droite de la scène, les partenaires et  les généreux mécènes du stage, l’ensemble des  nombreux sponsors, tous, «amis de la famille de Musica Mundi », à gauche toute la classe 2013 de plus de 60 élèves qui s’installent par ordre de taille, et aussi les parents de jeunes élèves de toutes nationalités, et de nombreux amis fidèles de la musique et des jeunes talents. Un public branché, chaleureux et enthousiaste, qui croit fermement au fier concept européen « United in diversity »… In varietate concordia, souligne Hagit, l’impeccable organisatrice de ce festival. Mais bien sûr, c’est  le stage de musique de chambre - réservé aux musiciens en herbe,  entre 10 et 18 ans –  qui est le cœur de cet événement estival belge et international. Il est associé à une série de concerts tantôt prestigieux, tantôt teintés d’humour, de musiques passionnées aux accents tziganes  et à la virtuosité enflammée, mais toujours de grande sensibilité.  Des artistes de réputation internationale comme l’ardent Vladimir Perlin, l’Orchestre symphonique de Biélorussie, le Trio Maisky, le Quatuor Danel, ou l’exceptionnel pianiste tranquille Rudolf Buchbinder, ont été cette année les grandes rencontres qui nous ont embrasé le cœur et charmé l’oreille lors de fougueux récitals. A la fin de chaque concert, beaucoup participent à la réception où l’on se parle, se photographie et se fabrique des souvenirs inoubliables. Un lieu où se tisse le lien inaltérable du bonheur musical. Où l’on côtoie le comte Jean-Pierre de Launoit, le violoniste israélien Ivry Gitlis…. et  Stéphanie, la fille de Martha Argerich et son petit-fils. On chuchote que Maxime Vengerov sera l’ambassadeur d’un projet  de qualité : la  création d’une école primaire et secondaire pour jeunes musiciens... le rêve !

 

12272748692?profile=originalChaque année,  les concerts se donnent aussi au Concert Noble à Bruxelles. C’est là que nous avons entendu le Quatuor Danel qui faisait partie de l’équipe en résidence cette année. A l’entracte, il y a toujours des récitals de jeunes prodiges musicaux qui arrêtent vos pas vers les rafraîchissements du bar. Des minutes  de pure émotion, ces grappes de notes savoureuses, ces bouillonnements  de sève musicale juvénile quand on voit la candeur et la talentueuse interprétation des jeunes instrumentistes en route vers un avenir prometteur. Revenons quelques instants au quatuor Danel.  Basés à Bruxelles, français d’origine sauf, Vlad Bogdanas,  l’altiste né à Bucarest,  conquérants certainement,  ces quatre jeunes instrumentistes surréalistes parcourent l’Europe et le monde dans tous les sens et sont particulièrement friands des nuits blanches de la Finlande. Et ils enseignent.  Ce ne sont pas des musiciens de salon, ils ont du caractère et une forme d’enfer. Passionnés ou espiègles, Ils font preuve d’une force expressive stupéfiante, d’un humour au vitriol, d’une fonte habile et soudée des instruments,  raffolent des touches fauves, des sonorités rutilantes,  des silences à mystères,  des coups de couteau et des plages de flegme apparent. Ils créent une musique pleine de substance  mais le  travail semble se faire dans l’apesanteur !

Dans « the Joke » de Haydn, Marc Danel se détache presque de son tabouret, levant presque en même temps les pieds au ciel. L’expressivité est intense et torturée tandis que le deuxième violoniste, Gilles Millet joue dans la zenitude. Contraste farceur s’il en est ! Quant au violoncelliste, Guy Danel, il est  totalement pince sans rire, …not a Joke ! C’est fini ? Non on reprend par blague,  la première phrase de l’œuvre qui risque de ne pas s’éteindre, comme une bougie magique. Leur quatuor N° 30 de Tchaïkovski et son funèbre Andante sera démonstratif. Le buste entier de Marc Danel se retrouve face au public dans un accès de vaste douleur. Les mouvements paroxystiques démesurés s’opposent aux jeux de sourdine absolue. Fermez les yeux, vous entendez quelque chose ? Et la réponse est affirmative, un filet de vie, un filet d’âme répond dans un dernier souffle au miroir ! La fin se caractérise par  un jeu pétaradant de bacchanale violonistique, les quatre monstres sacrés se sont égayés entre les colonnades de l’auguste tapisserie à l’arrière-plan, parmi les divinités gréco-romaines. Les augustes feuillages en tremblent. Pomone et Flore ont couru se cacher!

Le bis est un des favoris du Quatuor Danel qui a publié l’intégrale des 17 quatuors de  Mieczyslaw Weinberg, compositeur russe d'origine juive polonaise, contemporain de Chostakovitch, mis à l’index sous Staline, et dont le  nom a presque disparu des concerts et des enregistrements.  C’est le troisième mouvement du 5e quatuor du compositeur  qui a donné une ambiance du feu de Dieu au Concert Noble car la classe entière des jeunes prodigues de Hagit et Léonid s’est soulevée  pour relancer une ovation générale.    

 

Ce soir, la soirée de Gala clôturait le festival! Une immense bouffée de bonheur comme celle qui vous vient lors des feux d’artifices.   Grandiose et émouvante, tant la fraîcheur et la sensibilité des jeunes artistes mêlées aux grands virtuoses d’envergure internationale sont touchantes. Le point culminant de cette odyssée musicale, s’il faut en choisir un dans cette longue soirée commencée à 19 heures, est certes l’interprétation palpitante d’une  œuvre de R. Vaughan Williamstous les musiciens du stage, du plus petit - ils sont 12 cette année, à avoir moins de douze ans - au plus grand (devinez qui…) ont uni leur musicalité sous la direction de Leonid Kerbel, le véritable animus de la soirée.

 

Ambiance : un océan de cordes, le souffle d’un Poséidon possédé par la musique et l’amour de ses élèves conduit les flots, vole la vedette à Eole et calme les vents. Tout tremble et vibre comme un gigantesque orgue marin. Mugissements salés, l’esprit du large envahit les musiciens et une audience muette d’attention. Beaucoup de musiciens jouent et écoutent les yeux fermés. Naissance marine : la premier violon inondée de grâce est souple comme des voiles de soie. Réponse empathique et lyrique de la deuxième violon et duo plein de profondeur  recueilli par un violoncelle attentif. Les harmoniques merveilleuses sont lâchées,  la baguette de Leonid Kerbel écoute et esquisse des gestes tendres d’une douceur infinie. On prie pour que la grâce musicale ne quitte jamais ces êtres dévoués au langage universel. Le flot musical enfle, remplit la salle Argentine de confiance et d’amour. Quel modèle de respect et d’écoute mutuelle créatrice d’harmonie absolue. On rêve… « Quand le pouvoir de l’amour sera plus fort que l’amour du pouvoir, le monde… » . Suivent  deux,  trois, quatre accords vibrants qui lancent de longs frissons, viennent de sombres et profonds pizzicati et voici les violons qui chevauchent une mélodie remplie d’espoir. On flotte en apesanteur. Le cœur bat plus vite et voici enfin le retour de la vague de fond qui porte sur sa crête les violons vainqueurs ! Rien n’est plus fort que l’amour.

Au Château du Lac (Genval), à l’Hôtel Le Lido et au Château de La Hulpe. Du 15 au 28 juillet. Infos : 02.652.01.01 ou 0495.200.595 ou www.musicamundi.org

 

 Ayez la patience de regarder le diaporama jusqu'au bout! il y a une surprise!

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administrateur théâtres

Concert 2013-06-17 deFilharmonie - de Waart Concert  de clôture du Concours Reine Elisabeth-Piano 2013.12272907455?profile=original

Le lundi 17 juin les trois premiers lauréats, Boris Giltburg, Rémi Geniet et Mateusz Borowiak se sont produits au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, avec de Filharmonie sous la direction d’Edo de Waart. Le concert de clôture a été diffusé en direct sur Musiq’3, Klara et dans 9 salles de Kinepolis ! En différé, on pouvait retrouver  les lauréats sur La Trois le soir même à 21:05 et sur Canvas, le dimanche 23/06 à 12:00. Les élus de l’année 2013 du prestigieux  concours Reine Elisabeth ont joué dans une salle comble jusqu’au troisième balcon en présence du  Roi et de  la Reine, le Prince Philippe et la Princesse Mathilde, la Princesse Astrid et le Prince Lorenz. Une soirée attendue avec beaucoup d’émotion musicale.

  12272907658?profile=originalMateusz Borowiak , très belle sensibilité musicale et 3e lauréat, nous a interprété le concerto n° 2 de Mozart. Assise musicale parfaite, jeu musical net, clair et grande connivence avec l’orchestre. Le thème mélancolique  est  aussitôt repris  par le pianiste avec profonde déférence. Le jeu des couleurs est bien nuancé, les accords sont moelleux, les moments d’empathie profonde alternent avec le monologue méditatif. Le dialogue s’engage avec les cordes couleur d’automne et de feuilles mortes. L’émotion musicale est là, palpable. Dans la cadence, l’âme s’abîme dans des accents de souffrance intime puis rebondit courageusement. Ode à l’énergie qui sommeille au  cœur de chacun. La musique est révélatrice de la dignité humaine et de l’espoir. Cette joie  célébrée dans les  lettres de Paul aux Philippins ? C’est maitrisé, l’architecture musicale complexe a la transparence de l’évidence. Quelle classe! Les violons se sont laissés gagner par la Confiance, le pianiste joue la sérénité, puis en  trilles bouillantes, l’essence de la vie. « Homme tu n’es pas seul, l’orchestre du monde te rassure et reconnaît ta stature d’un être en marche… » Applaudissement généreux, c’est le moins qu’on puisse attendre ! Mateusz salue avec humilité. Rien n’est feint, tout est vrai. Le bonheur.  

 

 Rémi Géniet, le jeune favori de 20 ans à peine, deuxième Lauréat,  va s’attaquer avec brio au Rach N°3. Un jeu parfait. Des sonorités étudiées d’une esthétique frappante , un visage impassible fait de concentration extrême. Il joue souvent  les yeux fermés ou mi-clos, tout en batifolant sur la crête musicale. Il fond les couleurs comme s’il s’agissait d’aquarelles liquides et signe, de façon vibrante. Approfondit, creuse et  cisèle le thème principal. Il s’engloutit dans une méditation tourmentée, s’ouvre des coupes lumineuses dans le merveilleux chantier musical du compositeur. Passe, imperturbable,  dans le fracas d’une tempête et en ressort indemne, toujours et toujours, totalement dans le contrôle. Le jeu est naturel, léger, coulant de source. Dégage une équanimité fascinante. Ici, il  balance son calme olympien de la main gauche à la main droite et glisse sur la surface des eaux musicales. Impondérable. Il appliquera des accords océaniques grandioses, délimitera des nouveaux plans lumineux. Mais quel architecte après le Grand Architecte ! Un Bill Gates du Piano ? On en frémit ! Mais non, on n’est pas dans le Meilleur des Mondes, on est avec un des meilleurs pianistes !  Porté par le  souffle puissant de Rachmaninov.

Boris, Boris ! Tout le monde l’adore, à commencer par son sourire, qui allie l’humilité, la générosité et le Plaisir de la musique. Son Prokoviev sera notre favori. Bondissant, virevoltant, animé de mille nuances, bouleversant de créativité. Voici un orfèvre devant ses creusets bouillonnant de métaux précieux.  On glisse avec aisance dans le fantastiquement grand, il est salué par les timbales, trompettes, contrebasses et cordes. Mais le voilà en train de distiller toute la douceur de nouveaux matins du monde… Il s’est arrêté un instant, arrêté sur la pointe des doigts, avant d’entamer le mouvement suivant. Cela bourdonne, cela swingue, les notes répétitives piquées sonnent en mille alarmes à la ronde. … Et l’humour s’en mêle. Pas pour longtemps, car voici la frappe diabolique, la marche pesante des timbales, bassons, des accords gloussés sur fond de pizzicati. On verse dans le parodique. Quelques balayages de notes rallument la flamme  spirituelle. Le pianiste pratique de la véritable archéologie, découvrant des paysages enfouis, des cités interdites?  C'est l'auditeur qui est interdit! Boris semble extraire des sonorités rares:  nouvelles  ou anciennes ?   Il a la délicatesse du pinceau qui découvre une poterie millénaire et fragile et qui tremble à la fois, tant le cœur bat la chamade. Ce pianiste subjugue et emporte intégralement dans l’imaginaire.

 Des  tonnerres d’applaudissements rappelleront plusieurs fois les trois candidats en fin de concert  qui livreront à six mains jointes un petite pièce fine comme de la porcelaine…écoutée religieusement par une salle sous le choc de la Beauté.

  

Ré-écoutez: http://www.rtbf.be/radio/player/musiq3?id=1832759

Concert avec les 1er, 2e et 3e lauréats du concours de piano 2013
Avec deFilharmonie, dir. Edo de Waart

Tickets : réservation à partir du mardi 12 février 2013 au Palais des Beaux-Arts

Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto n. 9 en mi bémol majeur KV 271 (Allegro, Andantino, Rondeau. Presto) [Mateusz Borowiak - deFilharmonie - Edo de Waart]

Interprètes : Mateusz Borowiak (Soliste), deFilharmonie (Orchestre), Edo de Waart (Chef d'orchestre)
Œuvre : Concerto n. 9 en mi bémol majeur KV 271 (Wolfgang Amadeus Mozart)

Sergey Rachmaninov : Concerto n. 3 en ré mineur op. 30 (Allegro non tanto, Intermezzo, Alla breve) [Rémi Geniet - deFilharmonie - Edo de Waart]

Interprètes : Rémi Geniet (Soliste), deFilharmonie (Orchestre), Edo de Waart(Chef d'orchestre)
Œuvre : Concerto n. 3 en ré mineur op. 30 (Sergey Rachmaninov)

Pause


Sergey Prokofiev : Concerto n. 2 en sol mineur op. 16 (Andantino, Scherzo vivace, Intermezzo (allegro moderato), Final (allegro tempestoso)) [Boris Giltburg - deFilharmonie - Edo de Waart]

Interprètes : Boris Giltburg (Soliste), deFilharmonie (Orchestre), Edo de Waart(Chef d'orchestre)
Œuvre : Concerto n. 2 en sol mineur op. 16 (Sergey Prokofiev)

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administrateur théâtres

                                                                        4208525301.jpgConcours Reine Elisabeth 2013  Rencontre avec  le compositeur Michel Petrossian, Grand Prix International Reine Elisabeth de Composition 2012 
 
Bruxelles, 27 mai 2013. Michel Petrossian: on l’a reconnu à son sourire, son foulard et ses lunettes de cinéaste bien connu. Il quittait hier soir  la salle du palais des Beaux-Arts où s’était donnée la première mondiale publique de son œuvre. « In the wake of Ea » venait d’être interprétée tour à tour par les deux premières finalistes du Concours Musical reine Elisabeth 2013 : la Russe Tatiana Chernichka  et  la Chinoise Zhang Zuo. On sait de lui qu’il a  étudié la composition, le contrepoint et l'harmonie après des études de violoncelle et de guitare. En 1997 il a suivi des cours d’analyse, d’orchestration, de musique et d’ethnomusicologie de l'Inde. Soucieux de faire connaître la musique de son temps, il fonde en décembre 1998, avec le compositeur Jérôme Combier, l'Ensemble Cairn. Du nom de ces petits amas de pierres que l’on trouve en montagne et qui servent de repère aux autres promeneurs qui y ajoutent chaque fois une nouvelle contribution. Michel Petrossian, (dont la racine est le mot Pierre) est arménien d’origine et  s'est intéressé  passionnément aux textes bibliques et aux langues anciennes, sémitiques en particulier - hébreu, ougaritique, araméen et akkadien. Il   a obtenu également une licence de théologie. Il enseigne à l'Ecole des Langues et des Civilisations Anciennes et à Paris IV La Sorbonne. Il entreprend actuellement une synthèse à partir de sa double compétence philologique et musicale afin d'articuler une écriture vocale qui renoue, « dans une démarche consciente de l'histoire, avec des traditions anciennes où le son et le sens sont articulés ensemble dans une relation inextricable avec le transcendant. »
 La phrase écrite en exergue du programme du concours par la reine Fabiola prend ici tout son sens : « La musique nous conduit vers une ‘commune union’ de passionnés de toutes conditions, races, et cultures – ceux d’aujourd’hui et, espérons-le aussi de demain. La musique touche le cœur par les sens.» L’Essence ? «  Elle traverse le temps sans jamais cesser de pointer vers ce qui la transcende et ce qui est au-delà de l’espace et du temps. » Si ces objectifs ont été inscrits dans le  concerto qui vient d’être primé par le Grand Prix International Reine Elisabeth de Composition 2012, les candidats qui ont dû s’y atteler pour le découvrir, l’étudier et l’interpréter en huit petits jours, isolés à la Chapelle Musicale sans aide ni contact avec l’extérieur,  auront eu fort à faire pour venir à bout de cette œuvre périlleuse! Non seulement les candidats doivent jouer une œuvre dont le jury suit la partition des yeux pendant la performance, - et il ne s’agit point d’un anglicisme -  mais leur appréhension profonde de la musique est elle-même en jeu et sondée par le jury prestigieux. Il s’agit de comprendre une langue, celle de la musique, par ailleurs,  universelle qui  ouvre la porte sur l’essentiel. La porte est grande ouverte sur la créativité, certes, mais cette porte est à la fois très étroite, car il faut passer par la difficulté extrême  de la partition et ne pas sauter la moindre mesure. Seront « grâciés » ceux qui en dehors d’une technique parfaite auront su accéder à l’interprétation profonde du texte. En parlant de « grâce » Michel Petrossian admet que c’en est une extraordinaire, que de se trouver joué 12 fois d’affilée par la jeunesse la plus talentueuse du monde, aux côtés de compositeurs comme Haydn, Beethoven et Tchaïkovski pour ne parler que des compositeurs de ce soir.
La  recherche et la complexité sonore de l’orchestre est évidente.  Nous  avons demandé à Michel Petrossian comment le rôle de soliste pouvait être appréhendé dans ces conditions, puisque le piano doit vraiment se glisser dans de minces interstices laissés par l’orchestre. Il  y a bien deux petits solos, vers la fin de l’œuvre, mais  ce n’est pas cela l’important, réplique-t-il. L’important et le compliqué à la fois est d’être le lien et d’irradier vers les autres pour mettre les autres instruments en valeur, faire vivre ou revivre leur humanité. Construire l’éternité d’un dialogue incessant. Au cœur d’une bruissante  tour de Babel ? Babel, la porte des dieux ? Vieux rêve! Souvenirs aquatiques d’un croissant fertile à la verte nature. Le piano qui déjà est le roi des instruments par sa nature orchestrale doit avoir la grâce  de se glisser humblement dans l’ensemble, avec les autres et pas par-dessus les autres. Belle leçon de  vie et de solidarité. Le pianiste a pour fonction de faire naître l’esprit musical entre les différents instruments grâce à un éventail de techniques pianistiques en renaissance constante.
On retrouve dans cette pièce une diversité étonnante d’instruments parmi les  percussions et les cuivres. La harpe et les cordes assurent des pulsations vitales, ou bien est-ce le piano lui-même qui par-delà l’espace-temps,  est devenu  cette quatrième corde des temps babyloniens en prise directe avec la divinité ? Car c’est cette lyre babylonienne qui est à la source de l’œuvre : « Une lyre qui se défait sous la pression du temps, et une corde au milieu qui veut maintenir la permanence, de par son lien à Ea, divinité des eaux souterraines et créateur des arts. Elle est  l’emblème de la musique babylonienne elle-même, immatérielle et ineffable, mais véhiculée par des instruments périssables et des voix qui se sont tues depuis longtemps. » Cette tension entre permanence et impermanence  est inspiratrice de l’œuvre.  Une œuvre qui réjouit l’imaginaire. Ce qui se joue en grand et en prophétique ici, c’est le même esprit poétique d’ouverture qui animait le morceau imposé de la demi-finale :  Dream  de Frederic Rzewski. « Le piano, image de la quatrième corde, vit des histoires de renaissances multiples, au rythme d’un mouvement aquatique. Tel un prophète élégant qui se meut au travers de courants fluviaux, il lutte par deux moyens (une note répétée et une phrase musicale tantôt verticalisée tantôt étalée) et en deux directions contraires à l’égard de l’orchestre : en s’opposant, et en cherchant à rallier. L’orchestre, lyre amplifiée, s’abîme dans la dispersion, mais en est empêché par le piano, corde ‘faite par Ea’, qui lui communique des élans renouvelés et maintient la volonté de permanence. La forme générale de l’œuvre procède par défragmentation, à l’image d’une civilisation qui subjugua l’Orient et dont il ne reste que quelques éclats de splendeurs découverts au gré des fouilles, sur une terre toujours agitée. »  
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administrateur théâtres

Sangyoung Kim (Corée, 29 ans)  &   David Fung (Australie/Chine 30 ans)

 


12272905088?profile=originalSangyoung Kim (Corée, 29 ans)  Pianiste depuis l’âge de 4 ans Sangyoung Kim commence sa formation à l’Université Nationale des Arts de Corée et la poursuit au New England Conservatory de Boston. Lauréate de très nombreux concours nationaux et internationaux, elle a entre autres remporté les 1ers Prix aux concours USASU Bösendorfer, en Arizona (2008) et Heida Hermanns, à Westport (2006).

Concerto n. 23 en la majeur KV 488 (Wolfgang Amadeus Mozart). Sang Young Kim vêtue d’une robe grise à capeline retombant sur les épaules s’imprègne du bonheur de l’introduction orchestrale et entre dans la danse. Les sonorités sont bien détachées, la main gauche bourdonne. Abeille musicale ou artisane d’échelles de soie musicale vertigineuses ? Tout glisse comme le temps dans un sablier de lumière pétillante. Sa cadence très musicienne se termine et elle redonne la main à l’orchestre avec panache ! Le changement de climat dans l’Adagio en fa dièse mineur est dramatique, les violons osent à peine se saisir de leur archet pour souligner le thème, une atmosphère de Stabat Mater déchirant se répand dans la salle muette d’émotion. Changement de programme saisissant, l’Allegro final renoue avec le mode  en la majeur, l’heure est à la jubilation. La pianiste bat la mesure avec ses épaules, les avant-bras font des pas de deux  gracieux par-dessus le clavier. Ah si Chagall la voyait, il l’emmènerait par-dessus les toits comme elle nous emmène dans l’émotion. Des flots de notes rondes roulent comme des billes de bonheur et elle salue.

Un  charisme bienveillant enveloppe son récital du vendredi soir. Elle aborde le Skriabiyn avec charme puis fonce avec courage dans l’univers halluciné du compositeur. Loin du genre épique, elle émerge comme une trépidante danseuse de l’intime, séduisant par son côté artiste et sa sensibilité à fleur de doigts. Elle sait aussi piquer des notes au marteau et plaquer des accords d’acier.  Elle module tout et son contraire pour terminer par une éruption volcanique. Dream est joué de façon presque taquine, à la façon d’un jeu de cache-cache avec humour dans les basses, pétulance dans les notes hautes, résonance dans les notes uniques, des pépites musicales qu’elle a su trouver! 

Ses Variations Eroïca en mi bémol majeur op. 35 (Ludwig van Beethoven) déconcertent le public averti qui attendait la férocité, la puissance, la brutalité du tragique. Il semble qu’elle ait pris le contre-pied et le  parti de jouer la parodie sous forme de mille et un mimes évocateurs. Elle muse même…  Elle travaille tous les styles, de façon surréaliste avec grande expressivité. Militaire, moqueuse, grand siècle, menaçante, enjôleuse, sifflotant… savez-vous danser la Polka ? C’est personnel, bouffon, on dirait une chansonnière de Beethoven. Soudain elle se transforme en cigale musicienne, reine des dissonances voulues et la mélancolie palpitante Beethovienne est bien là, un vase empli de larmes. Une douleur poignante que Baudelaire même ne pourrait faire taire. Le dernier mouvement danse sur la joie chantée à tue-tête par une fine mélodie agreste. Résilience triomphante du bouchon de liège qui surnage  dans un majestueux feu d’artifice.

http://www.cmireb.be/cgi?usr=6gs2jw2rxa&lg=en&pag=1996&tab=102&rec=1858&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6857&flux=1260982

 David Fung (Australie/Chine 30 ans) 

A 19 ans David Fung reçoit le prix de l' ABC Symphony Australia Young Performers Awards, après quatre tournées éblouissantes en Australie dont le point culminant est son interprétation de la Rhapsodie sur un thème de Paganini avec l'orchestre symphonique de Sidney. Il vise l'Amérique et  entame ses études au Conservatoire de Colburn (Los Angeles) dans la classe de John Perry. De 2009 à 2012, il se perfectionne à la Yale School of Music, auprès de Peter Frankl. Il travaille aussi avec Claude Frank. Il a reçu plusieurs bourses et prix, dont le 4e Prix au Concours International Rubinstein (Tel Aviv, 2008), et un prix spécial au Concours de l’International Concert Artists Guild (New York, 2011).Il vit à New York. 

12272905276?profile=originalIl suit tout de suite  Sangyung Kim dans son récital et attaque la pièce imposée, Dream (Frederic Rzewski) avec sourire, à défaut de sagesse. Totalement cabotin, il  ose livrer des pitreries musicales bondissantes. Il s’amuse visiblement en pratiquant des électro-chocs subversifs, fait sauter ses mains à la hauteur des épaules, passe par tous les états : liquide, rocailleux, brumeux, cinglant ! Le rêve s’est effiloché sur quatre notes feutrées, en suspension… On range la partition et la  Sonate en ré mineur K 32 (Domenico Scarlatti) démarre avec grande fraîcheur, couleur et expressivité. Les sonorités sont limpides. La nuque très mobile suit les mains comme un danseur de ballet classique. Il joue deux voix en écho, comme une Tarentelle et verse avec plaisir évident  dans la vivacité du bonheur tzigane avec des triples croches virtuoses. Il se saisit ensuite du  Prélude en si mineur op. 32/10 (Sergey Rachmaninov) pour  jouer les contrastes d’atmosphères : accords profonds,  amples crescendos qui parcourent le clavier d’un être inconsolable, sentiment d’abandon palpable, voire de trahison, aspiré par la dernière mesure. C’est à Beethoven que le pianiste médiatique se livre ensuite, corps et âme. La  Sonate n. 31 en la bémol majeur op. 110 (Ludwig van Beethoven) lui donne l’occasion de briller dans des sonorités bien timbrées qui dévalent comme des cascades d’eau pure. Le drame et le désespoir se font vibrants de vérité. Mais, construisant patiemment son propos il se pique de faire naître un  monde nouveau, harmonieux ? On se laisse  emmener dans la volupté des hautes sphères. Un pianiste radieux célèbre la liberté et la joie de l’émerveillement, pour terminer sur un sourire éblouissant qui est pour lui une façon de vivre.

Et son Mozart ? Des sonorités princières, des pianissimos envoûtants qui gardent bien le timbre, des accords qui claquent avec l’orchestre marquent son très élégant Concerto n. 21 en ut majeur KV 467 (Wolfgang Amadeus Mozart). Une virtuosité explosive, un solo qu’il savoure en rondeurs, un très beau toucher. Les notes défilent avec précision sur la crête orchestrale. Le capitaine du voilier tient à l’œil les cordes et les cuivres  qui jouent le jeu de très bonne grâce. Il est époustouflant de vivacité, une bonne façon d’occulter la pression qu’impose une telle épreuve. Il pourrait se passer de chef d’orchestre, Ascendance chinoise ou italienne ? Australienne! 

 

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administrateur théâtres

 

Yuntian Liu (Chine, 23 ans)  &  Andrew Tyson (USA, 26 ans)

 

Yuntian Liu (Chine, 23 ans)

Après avoir étudié au Conservatoire de Musique de Xinghai, Yuntian Liu poursuit sa formation aux États-Unis. Il s’est produit dans plusieurs villes américaines, chinoises et européennes, en récital ou en soliste. Premier lauréat du Concours International de Wiesbaden, en 2004, il est également lauréat du Concours National Golden Bell, en Chine (Médaille d’or, 2004) et du Concours International Horowitz pour jeunes pianistes, en Ukraine (2e Prix, 2007).

Le malicieux Yuntian Liu révèle une intériorité poétique marquée dès son entrée dans  les Sonetto 123 del Petrarca (Franz Liszt). A la surprise de l’audience, il n’hésite pas à muser la mélodie et convoque sous ses doigts une douceur de sonorités très colorées. Il plonge dans le romantisme  qu’il semble savourer avec bonheur. Moelleux, souplesse de la rêverie musicale.   On croit dès lors 12272904672?profile=originalque toute l’exécution de son récital sera caractérisée par le raffinement des sonorités et portée par une exaltation profonde.

 Il enchaîne tout de suite  son  Dream (Frederic Rzewski), connu par cœur,  une perle d’exécution pianistique. Il fabrique les trilles les plus impérieuses de tous les candidats. Elles  jettent l’auditeur dans les tensions intenses des différentes facettes du ying et du yang.  Des forces sombres et claires s’opposent avec énergie au sein de  l’immensité poétique.  Devinez quelles seront ses 4 dernières notes suspendues à mi-course du rêve  et qui se brisent soudain sans prévenir ?  Quatre délicates notes de yang, sans nul doute!

Crescendo dans l’audace et la construction de son programme, Liu laisse là la poésie pour tâter du chaos, de l’inquiétude et de la guerre.  Sa Sonate n. 6 en la majeur op. 82 (Sergey Prokofiev) explose de sensations fortes et fracassantes. De la matière musicale  veloutée surnage ici et là dans les éclaircies lyriques, mais très vite les accents parfois jazzy se mutent en notes piquées brutales, en accords abyssaux. La frappe de l’Orlando furioso chinois devient acharnée, les triolets rapides lancinants se culbutent  avant d’aller sonner le glas à la main gauche. Chevauchée ardente et  déferlements d’octaves envahissent le clavier, c’est incandescent, méphistophélique et sarcastique. Yuntian Liu a le sens de la narration…  Passent des pantins désarticulés. Le pianiste fait des moulinets avec sa main droite avant de lancer les derniers cataclysmes. On ne peut s’empêcher de penser à du Stockhausen!

 

 Son Concerto n. 17 en sol majeur KV 453 (Wolfgang Amadeus Mozart) d’une précision absolue, superbement charpenté et mélodique présenté  le premier jour  des demi-finales semble bien loin de ce récital trépidant. Tout le monde se souvient encore de sa très belle expressivité et de la beauté de ses timbres. Le jury sans doute aussi!

 

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12272904467?profile=originalAndrew Tyson (USA, 26 ans)

Ses parents adorent la musique mais ne sont pas musiciens. Le jeune pianiste débute sa carrière concertante à 15 ans à New York. Elève de Robert Mc Donald à la Juilliard School, il remporte le cinquième prix au Concours de Leeds en 2012. Il écume les plus prestigieuses salles de concert américaines mais donne aussi des concerts chez lui. Il voyage  en Europe (Suisse, Portugal, Pologne), au Mexique ou en Nouvelle-Zélande, tant en soliste avec différents orchestres américains qu’en musicien de chambre, avec des partenaires comme R. Díaz, R. Kirshbaum, J. Silverstein, Ray Chen.

Son Concerto n. 21 en ut majeur KV 467 (Wolfgang Amadeus Mozart), présenté dès le premier soir de la demi-finale a séduit d’emblée, quelle classe ! De l’émotion  juvénile véritable couplée à une virtuosité impeccable. Sa cadence très personnelle, intense et lumineuse, éclairée par le sourire intérieur le place tout de suite au rang des pianistes que l’on rêve de  suivre jusqu’au bout. Qu’à cela ne tienne, puisqu’il nous emmène avec tant d’intelligence et de goût.  Il est à l’écoute de l’orchestre, jetant souvent des regards furtifs vers les violons alto et semble éprouver du plaisir. Son récital sera étincelant.

 Après un Dream (Frederic Rzewski) hiératique en hommage à la musique contemporaine, il convoque avec autorité naturelle  tout l’esprit du compositeur dans La Partita n. 1 en si bémol majeur BWV 825 (Johann Sebastian Bach). ll égrène  de ses longs doigts des nuances généreuses. La main gauche se prend pour un violoncelle et la main droite est aérienne. Mais voici Le jeu des contraires (Henri Dutilleux) où il s’élance avec jouissance. Il crée des sonorités vibrantes, jouant par à-coups d’inspiration lumineuse. Il nous plonge avec audace dans l’envers des choses, s’aventure dans des sentiers inconnus, émiette des bulles de cristal, gronde des rages contre le monde, court-circuite les émotions et captive l’audience par ses fulgurances.La Sonate n. 3 en fa dièse mineur op. 23 (Aleksandr Skryabin) fait preuve de dramaturgie puissante. Il cerne les soubresauts et les tortures de l’âme avec conviction. Peu à peu émergent des débris de valse. On assiste à une débandade sonique, les doigts pirouettent dans les gerbes d’accords sombres. L’esquisse de bonheurs tranquilles affleure en fondus enchaînés. Devant la fonte des sentiments et la fuite du temps, seule la musique sans doute est divine et consolatrice. Le pianiste s’en prend à la réalité dure et rebelle, la saisit par les cheveux et lui fait courber la tête avant de se fondre dans les bras de la mélodie retrouvée. On reste pétrifié devant tant de talent naturel. 

http://www.cmireb.be/cgi?usr=2q26nk7khv&lg=fr&pag=1996&tab=102&rec=2687&frm=0&par=secorig1994&par2=atvorig3771&id=6803&flux=85275870   

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