Us …
Beauté
En Finesse
Intégrité
& Délicatesse …
Affinité
En souplesse
Fluidité
Sans cesse …
Humble Dignité
& Profonde Ivresse …
Nous !
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« Le porche », quatrième cahier de la XIIIe série des "Cahiers de la Quinzaine" de Charles Péguy (1873-1914), est paru en octobre 1911. Dans le projet de l'auteur, "Le porche" devait être le second d'une suite de mystères conçus comme un vaste développement de la première "Jeannne d'Arc" de 1897. Le lien du "Porche" avec le "Mystère de la charité de Jeanne d'Arc, publié l'année précédente, est en fait des plus ténus: l'oeuvre n'est plus centrée autour de la sainte et seul le personnage (commun aux deux poèmes) de Madame Gervaise rappelle le plan primitif. La forme même du drame est abandonnée: dès le début, par le truchement de Madame Gervaise, commence un monologue de Dieu, qui durera plus de deux cents pages!
La deuxième vertu, c'est l' espérance: "La foi que j'aime le mieux, dit Dieu, c'est l' espérance!" Et Péguy de nous décrire la petite Espérance, s'avançant entre ses deux grandes soeurs (la Foi et la Charité) qui la tiennent par la main; mais "les aveugles ne voient pas au contraire -Que c'est elle qui entraîne ses grandes soeurs!" L' Espérance en effet, c'est l' enfance: le bûcheron qui travaille dans la forêt, pense sans cesse à ses enfants, qui le remplaceront un jour, et l'homme rude s'émeut: la vision sensible des enfants se transforme alors en une évocation intérieure, le rêve, si souvent repris par Péguy, de sa propre enfance perdue et de l' enfance du monde (thème qui atteindra plus tard sa plénitude dans "Eve". Les plus belles paroles de Dieu, ce sont, plantées en notre coeur "comme un clou de tendresse", les trois Paraboles de l' Espérance: celle de la brebis perdue, celle de la drachme retrouvée, celle de l' enfant égaré. Et Péguy n'en finit point de s'exalter de la merveilleuse grandeur de la créature, à qui il est donné de couronner ou de décevoir l'attente divine. Dieu fait donc à l'homme une place d'honneur: et, parmi les hommes, il réserve la meilleure place aux hommes de France.
Le dogme de l' Espérance vient ainsi, assez curieusement, nourrir la constante préoccupation de Péguy depuis 1905: un naïf et admirable nationalisme mystique. Dieu, dit Péguy, préfère la "douce France", sa "plus noble création". Peuple de "bons jardiniers... de fins jardiniers, depuis quatorze siècles qu'ils suivent les leçons de mon Fils"; mais aussi et surtout, peuple de l' Espérance: car il faut bien, dit Dieu, "qu'il se soit fait quelque accointance entre ce peuple et cette petite Espérance". Il existe en effet une manière propre d' espérer, qui est la manière française, et que Péguy avait déjà définie dans le cahier intitulé "Louis de Gonzague": avoir l' espérance, répète-t-il ici, ce n'est point s'agiter, c'est connaître le danger tout en gardant la paix intérieure, se préparer à la mort et continuer les travaux et les jeux quotidiens, c'est, la nuit, savoir prendre son repos. C'est alors que Dieu entonne un magnifique hymne à la Nuit, devenu célèbre: "O Nuit, ô ma fille la Nuit, la plus religieuse de mes filles..., résidence de l' Espérance".
Sous la transposition poétique, on reconnaît aisément dans ce poème les thèmes essentiels de la mystique catholique. Péguy leur donne une note personnelle: son naïf orgueil s'exalte à la pensée que l'homme est capable de faire attendre Dieu, et d'autre part, on peut dire que cette oeuvre marque le point culminant du nationalisme mystique français, qui remonte aux origines de la monarchie. On admirera avec quelle aisance Péguy donne, sans les altérer, aux dogmes les plus complexes du christianisme la plus familière tournure: il fait, selon l'expression de Daniel Halévy, parler Dieu comme "un vieux patriarche assis devant sa ferme": ce Dieu en effet (c'est par là d'ailleurs que la religion de Péguy peut soulever des réserves dans les milieux de stricte orthodoxie) est par-dessus tout soucieux de la terre: il semble que la France, les paroisses françaises deviennent ici l'instrument par excellence du Saint-Esprit -bien plus que l'Eglise elle-même. Par son thème, "Le porche" est un "chef-d'oeuvre unique dans la littérature de tous les temps" (Romain Rolland).
On fête aujourd’hui les 50 ans d’existence de l’agréable théâtre de la Comédie Claude Volter, avenue des Frères Legrain qui ouvre la nouvelle saison théâtrale avec la pièce, un véritable bijou de langue française, ayant pour titre « Le Blasphème », un mot qui pue le soufre… en 1766, tout comme de nos jours.
Certes, l’ère du Corona et les problèmes urgents liés à la détérioration de notre climat nous font porter le regard vers d’autres problématiques très actuelles, mais on n’en a toujours pas fini avec les abominations perpétrées par des esprits de quelque horizon qu’il soit, bornés par des certitudes dogmatiques intolérantes. Le 7 janvier 2015 n’est pas si loin de nous…ni les événements du Bataclan en novembre de la même année, sans oublier mars 2016 à Bruxelles. Et dire que le mot blasphème avait disparu du code pénal en 1881.
Voici retrouvé, sur un magnifique plateau décoré par Renata Gorka (ah ! le claquement des grilles ! ), le temps savoureux de la langue de Voltaire, alors princesse du monde. Voici retrouvées, les grandes idées philosophiques qui ont jeté enfin sur un siècle toujours confit dans ses obscurantismes fanatiques, quelques lumières bienfaisantes.
En effet l’auteur contemporain Philippe Madral s’est emparé d’une histoire réelle qui a fait du jeune chevalier François-Jean de la Barre au cœur si ouvert et aux idées si larges, un véritable martyre de la libre pensée en 1766 à Abbeville, dans la Somme. Un triste souvenir de l’acharnement de l’Eglise lors de son supplice se trouve d’ailleurs sculpté sur une stèle datant de1907, à côté du pont sur le canal de la Somme. Le jeune chevalier fut torturé, condamné à mort sans la moindre preuve ni aveu, décapité et brûlé avec un ouvrage de Voltaire cloué sur la poitrine en 1766.
Le texte, maléfique et parfait d’élégance, rutilant de modes et temps oubliés, est emblématique à la fois de la défense de la langue française et celle des idées des philosophes du 18e siècle. Ces derniers sont en lutte ouverte avec un système judiciaire peu honnête et peu fiable de l’époque. Ils discutent la rigidité dogmatique d’une église qui nie les progrès de la science et critiquent son pouvoir temporel absolu qui permet au monarque souverain Louis XV, de se maintenir au pouvoir.
Michel de Warzee a su réunir sur son plateau une troupe bouleversante de vérité. Stéphanie Moriau sous la cornette de l’abbesse de Willancourt, mais noble dame avant tout, est douée d’une diction parfaite et d’un jeu de scène royal. Ah le port de tête et la mobilité gestuelle qui font tourner ou baisser les têtes ! Et ce chignon rebelle prêt à tomber, luisant de jeunesse et de goût de vivre ! Et la robe noire de la dame… sous son manteau de mère supérieure: des dentelles de favorite du roi ! A l’opposé, l’implacable Pascal Racan, flanqué de Simon Willame pour Sieur Marcotte, greffier de son état, est l’éminence théâtrale qui a endossé les habits noirs du justicier inhumain Nicolas Pierre Duval de Soicourt. Il manipule à merveille le discours, les intonations, l’hypocrisie, la haine, la jalousie… bref, la cruauté à l’état pur. Quant aux victimes, le duo d’amoureux exquis, Marguerite Becquin et François-Jean Lefebvre, chevalier de la Barre, ils sont simplement lumineux, mus par l’amour, le désir, l’art de vivre, libérés de toute culpabilité d’ordre théologique… Ils sont interprétés avec talent par deux jeunes artistes séduisants et fougueux au possible : Loriane Klupsch et Jonas Claessens qui symbolisent ensemble la merveilleuse naïveté et l’insouciance de la jeunesse heureuse.
Hélas, le diable est dans le bénitier et bien pire. C’est l’histoire d’une triste prédestination, c’est le destin qui s’acharne tout d’un coup sur une jeunesse qui ne rêve que des sentiers de la liberté et qui rêve d’échapper à des systèmes doctrinaires funestes et constricteurs. Ils sont de tout poil, de tout temps, ces dogmes toujours bien ancrés et prêts à lâcher leurs pulsions mortifères. Tandis que Dieu se tait.Jean-Claude Frison a conseillé Michel de Warzée (Seigneur de Belleval, en habit bleu Nattier) pour les choix musicaux, Aux lumières fabuleuses et à la régie : Bruno Smit.
Résumé
L’histoire tragique du chevalier de La Barre accusé de blasphèmes et d’impiétés est l’un des plus grands procès du XVIIIème siècle. “Une pièce sur l’intolérance religieuse, tout aussi valable dans n’importe quelle religion monothéiste et à tout époque…” Philippe Madral
Intolérance et extrémisme religieux, une longue histoire…
Avec Stéphanie MORIAU, Jonas CLAESSENS, Pascal RACAN, Michel de WARZEE, Simon WILLAME et Loriane KLUPSCH.
Mise en scène : Michel de WARZEE
Décors : Renata GORKA
Création lumière & Régie : Bruno SMIT
Représentations du 29 septembre au 17 octobre 2021 : du mardi au samedi à 20h15 et dimanche à 16h.
02 762 09 63
Envoyer un message secretariat@comedievolter.be
« Ce mardi 14 septembre 2021, la Comédie Claude Volter devient officiellement la “Comédie Royale Claude Volter”. Sa Majesté le Roi nous honore de ce titre pour les 50 ans d’existence de notre théâtre. Nous en sommes fiers et très reconnaissants. »
En haut de la pyramide
l’ex-premier de la classe
abonné aux bides
perd encore la face
Des poupées robotiques
embarquent pour un tour
les lapins quasi sourds
par excès narcissiques
Dans les artères des villes
huppées ou en guenille
l’amertume des gens
en file indienne défile
Tant cherchent l’harmonie
le bâillon d’un jour
apaisant les soupirs
du revers de l’amour
L’intellectuel songeur
usé de trop penser
se souvient du bonheur
issu d’une belle soirée
Dans le cadre académique
la mathématicienne
fut la plus sympathique
des péripatéticiennes
Les faux-culs angéliques
entortillent le ricanement
d’une morale pathétique
qu’atteste leur déguisement
Si entre le beau et la bête
la liaison s’entête
on dira que l’amant
est un prince charmant
Certains bien portants
en manque d’une petite
s’en remettent à l’Orient
pour briguer la pépite
En ligne ils beuglent
surfent de site en site
Si l’amour est aveugle
que le borgne en profite
Gérard pince Emilie
Emilie en pince pour lui
mais il est déjà bien tard
pour commencer une vie
Les lambris nipponiques
d’une chambre à coucher
encadrent la mine mystique
de tata Mylène Fermier
Collée au mur l’oreille sourit
d’ouïr un général dandy
bravant le souffle au cœur
qui lui fait part de l’heure
Un fantômas cherche une place
entre les cuisses de grenouilles
parmi les scorpions fripouilles
et les fractions de nécromasse
Selon le dernier de la classe
quand l’amour gagne à pile ou face
ni revers ni déchirures
n’offenseront son armure.
mh
petit texte inspiré du tableau "Revers de l'amour" de Maximilien Consael.
Acrylique sur carton rigide - 70 cm x 100 cm
Le jardin des fleurs
David VIRASSAMY
Etre une femme
Les contributions, textes et images, se feront sur invitation ou proposition
via la messagerie interne du réseau.
Les textes seront soumis à l'approbation de Robert Paul.
Ce roman débute en amitié indestructible. Trois jeunes femmes s’élancent dans la vie à l’aube de leurs vingt ans. Ah nos vingt ans! Un âge vibrant devant les promesses d’un avenir joyeux, ces lendemains qui ressemblent à une floraison ne pouvant connaître le flétrissement de l’âge puisqu’il parait que, lorsque l’on porte ses vingt ans, l’éternité semble posée sur notre avenir. Trois jeunes tourterelles plongées au cœur de l’Histoire, celle qui se prépare à déchirer les âmes par ces haines cultivées en orgueils géopolitiques. Qu’il est beau ce pays, cette terre qui ressemble au paradis rêvé du temps où les peuples se fréquentaient en voisins respectueux des autres.
Ainsi se lève l’Algérie dans un passé joyeux, avant que ne résonne le bruit du sang, ce désagrément, lorsqu’il abreuve la poussière en désagrégeant les espoirs de l’innocence.
Six pieds foulant le sol en joyeuses confidences, celles que l’on confie à ses âmes de confiance croyant en la beauté de la vie, au soleil des lendemains heureux. Les premiers portent les traditions de l’Islam sans ployer exagérément sous le joug issu de ce que les hommes en feront. Les seconds vivent la judaïcité en raison de leur éducation, des traditions issues de leur géniteurs et combien même, pourquoi ne pas y adhérer ? Ensuite? Viennent les troisièmes appartenant à cette fille d’officier devinant le fardeau que son pays impose à son père. Devoir de soldat, celui qui quémande obéissance aveugle malgré les soubresauts de conscience, les combats au creux des rizières d’Indochine cauchemardant ses nuits de souvenirs accablants, ceux que l’on retient pour soi.
Éric Le Nabour nous offre par ses écrits un regard chirurgical sur les destins bouleversés en raison des haines finissant par germer là où, n’aurait dû résider que douceur de vie. L’Histoire n’est jamais vieillissante pour ceux qui l’ont vécue. Peut-on oublier le principal ? Les victimes collatérales, ceux et celles qui ne se relèveront jamais au nom de la raison d’État pour les uns, du besoin de liberté pour les autres, qu’importe, tous manipulés quel qu’en soit l’idéal, prêt à donner leur vie pour l’ambition de quelques assoiffés de pouvoir. Un livre portant à bout de bras les silences d’une nation luttant pour la conquête de son indépendance dans des conditions dramatiques, affrontant un pays ne reculant devant rien afin de sauvegarder sa colonie, allant jusqu’à embaucher des barbouzes, ceux-là qui cultivent le talent de torturer les corps, briser les liens les plus solides, délier les langues comme le faisaient les autres, ceux qui envahissaient la France vêtus de vestes noires dans un passé plus proche qu’il n’y parait à nos yeux d’enfants issus de l’après-guerre.
Les promesses de l’innocence est un roman qui ne s’épuise à aucun moment. Il porte des vérités sans accuser cependant, soutenant jusqu’au sublime ceux qui espèrent s’aimer au cœur d’une tourmente si violente, qu’en y prêtant attention, on en caresse encore l’haleine malgré les années écoulées pour raison que les générations suivantes n’ont rien oublié, rien pardonné peut-être ?
En rédigeant cette chronique, je ne puis oublier les pages qui viennent de se refermer. J’ai envie de relire et de relire ce qui n’est qu’un roman et cependant, par la qualité d’écriture, il dépasse nos attentes.
À lire sans réserve jusqu’à en émietter les pages.
Philippe De Riemaecker
« La forza del destino » de Giuseppe Verdi (1862)
La Forza à Liège. On craint toujours de prononcer le titre complet en Italie, par superstition tant les malheurs se sont accumulés autour du compositeur en attendant sa création à Saint-Pétersbourg en 1862. L’œuvre, jouée à Varsovie en 1939 marqua aussi, au jour près, le début de la deuxième guerre mondiale. C’est tout dire.
Tout commence avec une ouverture flamboyante: des cuivres vibrants, de somptueuses couleurs qui font craquer d’émotion une salle où flottent tant de souvenirs liés à son directeur honoris causa à vie. Renato Palumbo à la direction d’orchestre fait vibrer les cœurs et couler les larmes de maints spectateurs. Il sera incontestablement l’artisan précieux des échos orchestraux chatoyants soulignant avec précision et finesse extrême tous les soli.
En guise de bulles de bonheur, partageons ici une consécration de la soprano uruguayenne Maria José Siri qui interprétera à merveille le rôle central de l’héroïne Donna Lenora di Vargas dans ce Verdi spectaculaire et passionnant. Nous vous livrons une partie de son interview réalisé par Paul Fourier pour Toute la Culture. Elle parle de ses premières émotions sur la scène liégeoise. …
« C’est la première fois que je chante à Liège et tout se passe très bien. La première a été un énorme succès pour tous les participants. Je me sens chanceuse d’avoir ces merveilleux partenaires sur scène et d’être dirigée par l’excellent Maestro Renato Palumbo.
C’est une belle production traditionnelle de Gianni Santucci, d’après une idée de l’ancien directeur artistique du théâtre, Stefano Mazzonis di Pralafera, décédé de manière si inattendue et prématurée l’année dernière.
Avec cette production, je fais mes débuts dans ce magnifique théâtre et je dois dire que je me sens très bien ici ; l’ambiance y est très agréable et j’aime aussi beaucoup la ville. Il y a quelques années, j’étais déjà venue en Belgique chanter Amelia dans « Un ballo in maschera » à La Monnaie à Bruxelles et c’est formidable d’être de retour !
Cette Forza del destino marque le début de ma saison 2021/22 et j’espère qu’enfin les choses vont pouvoir se dérouler comme prévu ! Si tout se passe bien, cet opéra devrait être le premier d’une série de titres Verdi »
Pur bonheur vocal, son soprano large et somptueux a su électriser le public de Liège qui a réservé à la tragédienne des vivats enthousiastes lors de la séance du dimanche après-midi. On a pu admirer sans réserve Maria José Siri, cette habituée des plus grandes scènes de la planète, qui a assumé aussi pleinement et sans effort apparent, tous les forte de ses interventions, produisant des aigus d’une superbe stabilité. Ses qualités d’artiste totalement engagée ont su donner de très beaux reliefs à son personnage de plus en plus persécuté par le destin. Car on peut dire que plus son malheur s’affirme, plus elle est convaincante. « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots...» Son « Pace, pace…mio Dio » émeut profondément…
La jeune bohémienne Preziosilla interprétée par la mezzo-soprano géorgienne Nino Surguladze, nous offre un timbre rafraîchissant, des vocalises précises et une vocalité pleine qui contraste heureusement avec les lugubres aspects de l’œuvre dramatique. Sa belle présence scénique enjouée, même pour célébrer la guerre et ses tambours, nous donne des moments de respiration bienfaisante. « Viva la buona compagnia ! » Une foule de choristes, danseurs villageois ou militaires participent à des scènes graphiques qui respirent la vie et une certaine insouciance. Quelle ironie, « Viva la guerra ! » La victoire, en chantant, non? Une victoire musicale certainement, menée par le chef de chœurs Renato Palumbo.
Autre cocktail de fantaisie plaisante bienvenu avec Enrico Marabelli en Fra Melitone, un moine de service quelque peu borné mais qui contribue avec la finesse bouffonne des fous shakespeariens à de joyeuses échappées. On a besoin d’air… Car finalement dans quelle mesure est-on encore passionné à notre époque par l’enchaînement infernal de l’honneur bafoué suivi d’une vengeance digne des tragédies grecques ? A moins que, vu sous cet angle plus universel, chacun en son for intérieur ne se sente fort concerné par l’inéluctabilité du Destin qui nous rend proies de la fatalité. Le jeu de Tarot tissé en filigrane sur le rideau est là pour nous rappeler cette force mystérieuse. Quant aux costumes choisis, ils évoquent « La Der des Ders », celle de 14-18 et ses 65.00.000 de victimes, militaires et civils et nous plongent dans les couleurs fatidiques feldgrau des tranchées. Heureusement que les magnifiques décors italiens des scènes de village ou d’église sont eux, intemporels. On gardera le souvenir de ce profil sur le ciel bleu de cette jolie église couleur brique …du centre historique de Bologne ? Viva l’Italia !
Le Don Alvaro du ténor argentin Marcelo Alvarez, qui a tué le marquis de Calatrava, le père de sa bien-aimée Leonora, est sincère et effervescent. Il témoigne d’une totale générosité expressive. Un modèle de résilience malgré son impuissance à contrer la fatalité. Il fait preuve d’une attachante prestance scénique. Sa voix repose sur de belles résonnances fougueuses et profondes et accède avec éclat aux les harmoniques les plus élevées. Très beaux échanges avec le baryton italien Simone Piazzola dans le rôle de Don Carlo di Vargas.
Angélique Nodus, Alexei Gorbatchev et Maxime Mělník, trois joyeux artistes que l’on adore écouter à Liège, complètent la riche équipe musicale de la production. Mais aurait-on oublié ce grand prêtre magistral, un modèle de bienveillance, de sagesse, de droiture et de lucidité « Del mondo i disinganni » ? Un second rôle … éblouissant ! C’est Michele Pertusi, une splendide basse, qui respire la compassion et l’humanité enfin lumineuse. Une voix ample et généreuse de pasteur qui rassure malgré tout sur notre sort.
« La forza del destino » de Giuseppe Verdi (1862)
Opéra en 4 actes
Livret de Francesco Maria Piave
d’après un drame du duc de Rivas,
Don Alvaro o la Fuerza de Sino
Les talents lyriques :
Marcelo Alvarez (Don Alvaro), María José Siri (Leonora), Simone Piazzola (Don Carlos), Michele Pertusi (Il padre Guardiano), Enrico Marabelli (Fra Melitone), Nino Surguladze (Preziosilla), Maxime Melnik (Trabuco), Alexei Gorbatchev (Il marchese di Calatrava), Angélique Noldus (Curra), Benoit Delvaux (Un chirurgo), Bernard Aty Monga Ngoy (Un alcade)
Avec l’Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Renato Palumbo (direction)
Et les Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Denis Segond (chef des chœurs)
Le cadre artistique :
Gianni Santucci (mise en scène), Gary Mc Cann (décors), Fernand Ruiz (costumes), Alex Brok (lumières)
A l’Opéra royal de Wallonie à Liège
16/09/2021 – 19, 22, 25, 28 septembre, 1er octobre 2021 durée : 3h15
Grande ouverture festive du Rideau de Bruxelles ces 24, 25 et 26 septembre.
« Nous sommes le paysage » marque la nouvelle identité du Rideau ancrée dans son quartier, dans le partage et les réalités du présent avec une mission de service public assumée. Développer les imaginaires et les nouvelles formes d’écritures scéniques, autant de défis que Cathy Min Jung entend bien relever avec des projets plein la tête et ses tiroirs.
Portrait d’une artiste engagée et déterminée.
Cathy Min Jung, vous avez conçu pour la réouverture du Rideau un spectacle intégrateur ‘Now we are ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Cathy Min Jung : Il y a plus de 20 ans que je milite pour un théâtre plus participatif. Par rapport au Rideau et au projet que je souhaite pour ce théâtre, il y a le souhait d’une célébration pour commencer la saison: retrouver la joie d’une vibration collective je vais dire. On a été coupé de cela et j’en avais très envie. Ma démarche désire inclure le réel oui, mais tout théâtre inclut déjà une part de réel qui reste le ferment de l’imaginaire. Le théâtre est vraiment le lieu où, ensemble, on peut montrer ce réel. Mon objectif vise une représentation plus large, plus fidèle et plus respectueuse des identités de chacun et de chacune, que chacun puisse être représenté sur un plateau de théâtre, que tous les imaginaires puissent être racontés, partagés sous forme d’histoires mais il ne s’agit pas de théâtre documentaire car l’endroit du théâtre est l’endroit de l’imaginaire. On va transcender ce réel et en faire un récit, une fiction.
Tu as dit que le monde est dans un « momentum » particulier de transformation. Selon toi, quel est le sens de ce mouvement ?
Cathy: Il y a eu la crise sanitaire mais bien avant elle, quelque chose était en évolution. Une théorie affirme que lorsque l’être humain est trop pris par les changements technologiques d’une société et l’adaptation intellectuelle et manuelle à ces technologies, il n’y a plus de place pour faire évoluer la pensée. Or, le monde va très vite et je pense que, déjà avant cette crise sanitaire, on a constaté des disfonctionnements. La crise nous a simplement obligés à nous arrêter, ce qui a provoqué une ébullition de la pensée. Toutes les graines de volonté de changement de notre modèle sociétal, économique, qui étaient présentes au sein d’associations, de collectifs, d’initiatives citoyennes, toutes ces graines, nous avons eu le temps d’en prendre soin, de les arroser. C’est la raison pour laquelle je pense qu’on est dans un moment singulier où la pensée bouillonne et où forcément des changements vont être nécessaires. Les barrières et les cadenas existants vont ils l’emporter ? Je ne le sais pas mais quelque chose est en ébullition
Tu dis aussi « je ne veux pas faire de théâtre social » Qu’est-ce pour toi le théâtre social et comment te positionnes-tu ?
Cathy : Le théâtre, comme je l’ai dit, est un lieu de fiction, d’imaginaire. Il se fait qu’en racontant des histoires, en transcendant le réel, on peut être soigné mais ce n’est pas l’objectif. Notre mission première est d’être un lieu de rencontres, d’échanges, de faire du théâtre et non pas de nous substituer aux personnes qui font ce travail merveilleusement bien.
On peut parler de ton spectacle « Now we are » présenté dans le cadre du weekend de réouverture du 24 au 26 septembre avec une volonté d’un meilleur ancrage dans le quartier...
Cathy : Le quartier du Rideau est étrange. C’est une multitude de bulles socio-culturelles qui ne communiquent pas entre elles. La rue Goffart, ce n’est pas uniquement Matonge, ce n’est même plus Matonge. Ce que je souhaitais, c’était trouver le moyen de faire cohésion par le théâtre et avant même d’être désignée au Rideau j’avais imaginé de commencer ma saison par un spectacle participatif mais qui s’inscrirait dans le cadre d’une fête de quartier. Il s’agissait d’aller à la rencontre des habitants, des commerçants, des passants, des travailleurs qui passent sur sept places différentes de ce quartier : Flagey, Fernand Cocq, Londres, Tulipe, Porte de Namur... et de leur poser quatre questions simples. Et puis il y a eu la crise sanitaire et je me suis dit : « Je ne peux pas faire comme si de rien n’était et juste aller à la rencontre des gens alors que cette tornade nous a frappé » et ces questions ont été un tout petit peu modifiées. Elles sont devenues : « Qui es-tu ? Qu’est-ce qui t’a manqué le plus ? Qu’as-tu perdu ? et As-tu été consolé ? ». C’est dans la question « As-tu été consolé ? » que j’ai puisé la base dramaturgique du spectacle partant du constat que pendant toute cette crise, nos responsables, ceux qui organisent nos sociétés n’ont pas pensé une seconde à imaginer des endroits où on pouvait déposer son chagrin, où on pouvait nommer le trop plein de douleur, de la tristesse, nommer la peine. J’ai donc envoyé une bande de « collecteuses de mots » (personnellement, je ne voulais pas aller directement à la rencontre de ces personnes mais plutôt les connaitre après). Pour la récolte, je n’ai pas voulu d’un simple micro trottoir. Il s’agissait d’entrer directement dans le processus de création, la collecte en elle-même devenant une performance
Les collecteuses étaient costumées, elles représentaient un personnage qui allait à la rencontre des habitants du quartier. Elles expliquaient le processus de travail et en quoi cette parole-là allait nourrir le spectacle. Ensuite il y a eu un échange symbolique, on leur a demandé de laisser une trace et on a imaginé de leur donner un cadeau, un petit caillou doré avec leur nom et une photo s’ils le souhaitait. Ce moment en soi était déjà un moment de théâtre, d’échange et de partage. Avec ce matériau, on a mis en exergue les ressemblances et trouvé un fil conducteur. Puis on a lancé un appel toutes boîtes aux habitants du quartier que l’on a relié sur les réseaux sociaux pour informer que nous avions besoin d’interprètes pour animer notre weekend d’ouverture de saison. Il était important pour moi que les interprètes ne soient pas les mêmes que les témoignants car chez des non-professionnels, la barrière de la pudeur peut empêcher d’explorer plus loin dans l’imaginaire ce que ces mots peuvent éveiller chez quelqu’un d’autre. Au final, vingt-deux interprètes amateurs, un danseur chorégraphe, Ilyas Mettioui, Chems Eddin el Badri collaborent avec moi dans la conception de ce spectacle qui rend compte de l’aventure humaine que cela a été.
Comment s’est déroulé ce travail d’appropriation des témoignages ? Le besoin de communiquer des gens était-il évident ?
Cathy : Au niveau des témoignages, c’étaient de vrais cadeaux, des pépites. Je les ai d’ailleurs appelées « mes chercheuses de pépites » et pour les participants, à partir du moment où ils ont mis le pied sur le plateau et se sont engagés, ils sont devenus comédiens, point, amateurs ou pas. Ils sont là, entiers, généreux avec une véritable soif de retrouver un acte de création collective et le même engagement que des comédiens professionnels.
Comptes tu réitérer cette forme de spectacle ?
Cathy : J’aimerais bien, pas forcement toutes les saisons parce qu’au Rideau on aime aussi les textes, mais c’est une forme que j’aimerais reproduire une saison sur deux.
En tant que directrice, as-tu envie de t’entourer d’une équipe fidèle ?
Cathy : Bizarrement, je n’ai pas d’artistes associés. Plus qu’une fidélité à des metteuses et metteurs en scène, j’ai envie que le Rideau puisse accompagner sur la durée des artistes porteurs de projets pour les amener vers l’autonomie, qu’il y ait un échange de savoirs, une transmission de part et d’autre de connaissances car nous aussi au Rideau on apprend et ces porteurs de projets avec leurs pratiques personnelles, nous pouvons leur mettre à disposition une équipe hyper compétente pour les amener à développer leurs propres structures, à gérer leurs propres productions, pour qu’ils aient la liberté totale de leur calendrier de production, qu’il y ait cette souplesse-là. La fidélité se retrouve plutôt dans ce que j’ai appelé « le collectif associé » constitué de l’équipe permanente et d’une série de personnalités associées, artistes ou non, mais d’une manière ou d’une autre liées au monde de la culture. Nous organisons trois AG d’une journée articulée en deux temps. La première partie de la journée est consacrée à l’échange, aux critiques sur les grandes orientations de la maison, et la deuxième partie de la journée est un atelier pratique où il s’agit de produire de la pensée, du texte, artistique ou non, qui parle de théâtre, qui soit du théâtre et trouver comment mettre en œuvre l’échange d’idées de la matinée. Un exemple très concret : comment mettre en œuvre la diversité, un terme qui l’on met à toutes les sauces aujourd’hui. La première partie de la matinée a été consacrée à l’utilisation de ce mot, Au sein de l’AG, on va déconstruire toutes les formules toutes faites « diversité sur scène » « offrir la diversité » ... On n’offre pas la diversité, on la garantit tout au plus. Durant l’après-midi, on va se demander comment mettre en œuvre tout cela. C’est tout bête mais avec la crise sanitaire nous n’avons pu faire que deux AG et pas complètement en présentiel. Lors d’une AG, on a conçu l’acte le plus concret qui soit : un comité des fêtes. Pour ouvrir le théâtre au quartier, le rendre accessible, moins impressionnant, le meilleur moyen, c’est la fête.
Tu es aussi fidèle à l’héritage du Rideau de promouvoir de nouvelles formes d’écriture ..
Cathy : Je suis fidèle à l’héritage de Claude Etienne de la découverte des auteurs émergents, des écritures nouvelles. Nous avons un beau projet pour lequel on est en partenariat avec le Jean Vilar. J’ai créé un festival qui s’appelle « Dis-moi tout », dont la première édition est prévue cette saison et dont on vient de lancer l’appel à textes : des textes en cours de finition, qui n’ont fait l’objet d’aucune lecture publique, d’aucune édition, ni mise en scène, d’aucun accompagnement professionnel. Nous en sélectionnerons quatre qui seront pris en charge par des metteuses ou metteurs en voie un peu plus aguerris dans des formes ludiques, engagées, nouvelles. Ces textes seront interprétés par une troupe de dix comédiens fraichement issus des écoles. Avec l’idée de faire connaitre ces écritures dans des formes différentes puis d’octroyer une bourse d’écriture à l’un des quatre, la « bourse Claude Etienne » puisque c’est le Rideau qui l’octroie et plus tard, mais on n’en est pas encore là, de porter à la production et à la scène car le but d’un théâtre n’est pas juste de promouvoir l’écriture mais d’aller au bout du processus de représentation. Le festival dure une semaine, les textes sont lus en alternance à Bruxelles et à Louvain la Neuve et en parallèle, il y aura une série d’activités liées à l’écriture quelle qu’elle soit pourvu qu’elle soit destinée à être entendue, lue, dite, via les Midis de la poésie, les Lundis en coulisses, la scène slam, les concerts... et une grosse fête !
Propos recueillis par Palmina Di Meo
Jerry Delfosse
Robert Paul
Enfin Bruxelles s’éveille de la torpeur artistique forcée et nous propose un spectacle hors du commun au Parc, jusqu’au 23 octobre ! Goûtons voir …si le spectacle est bon !
La production inaugurale de la saison 21-22 du Parc met le feu aux planches par son côté épique, haut en mouvements et couleurs. Thierry Debroux , à l’écriture et la mise en scène, réveille un monument de notre héritage culturel : celui des romans bretons médiévaux représentant la tradition celtique des chevaliers de la Table Ronde et du roi Arthur. Le tout premier auteur à transcrire par écrit cet imaginaire collectif est le normand Wace de l’île de Jersey qui, dans son « Roman de Brut » (1155) évoquait une table construite sur ordre d’Arthur afin d’y réunir ses meilleurs chevaliers. Elle est un symbole de paix et d’égalité, car il ne peut pas y avoir de préséance autour d’une table ronde. Les bienfaits de la démocratie ! On a adoré en passant le clin d’œil à l’ouvrage de Mathilde, la Reine normande, épouse de Guillaume… qui nous ramène en 1066, à la conquête de L’Angleterre.
Avec ses 20 comédiens sur scène, Thierry Debroux dénoue et renoue les fils mystérieux des histoires qui s’entrelacent tout en y jetant le regard neuf du Candide de Voltaire tellement révolté par la violence. Il en profite pour faire passer le point de vue édifiant de l’invention de cette Table Ronde, et les bienfaits de la quête du Graal par des chevaliers à l’âme mystique irréprochable. Bref, nous aurons de l’action pure et dure, des héros à la trempe d’acier dont nos ados raffoleront ! Mysticisme païen revisité et merveilleux au rendez-vous, le crescendo de magie (Jack Cooper) est simplement ahurissant, tandis que la patiente mosaïque de l’histoire se complète. Aux lumières : Noé Francq , au son : Loïc Magotteaux et à la vidéo : Allan Beurms.
Certes, Thierry Debroux semble se jouer ironiquement d’une atmosphère de fin de monde, du désespoir de la guerre et des squelettes dans les placards et il se plaît à confronter les croyances et nous faire aimer un Roi Pêcheur aussi impressionnant qu’un personnage d’opéra. Qui de mieux que l’incomparable Thierry Janssen qui endosse d’ailleurs plusieurs rôles succulents… Doué d’un humour moderne, parfois caricatural, Thierry Debroux décape parfois la légende de son ivresse romantique de conte de fées. On constate que le langage des armes est omniprésent alors que des octosyllabes sur l’amour chevaleresque viendraient tellement à point ! Et pourtant, des fées de la voix, du costume et du geste il y en a. La distribution féminine éblouissante en témoigne avec Sarah Dupré, la reine Guenièvre et Laurence d’Amelio, la Fée Morgane accompagné d’une elfe virevoltante : Emilie Guillaume, extraordinaire maître d’armes en collaboration avec Jacques Capelle.
Merci à l’artiste Jean-François Rossion ! Spectaculaire. Voilà soudain que le Diable en personne paraît, en tenue de super héros rutilant, séducteur, archange de la mort et des ténèbres. Il est vrai que le mal est en tout, car rien n’échappe aux griffes de la jalousie, de l’orgueil et de la violence. En dépit des valeurs de la Table Ronde et du culte de l’Amour. Les séances de duels et autres joutes sanglantes reviennent à un rythme de métronome. Elles sont si belles que l’on tombe inévitablement dans le piège flamboyant de la précision admirable de leur chorégraphie sur des musiques ensorcelantes. Le mal est fait, on est pris par un spectacle d’une étoffe fabuleuse. Les décors grandioses, dignes de la gravure du Camelot par Gustave Doré ! Et les costumes ? De véritables œuvres d’art ! Signés Ronald Beurms et Orélie Weber.
La chanson de geste convoque bien sûr les personnages mythiques tels que Perceval au cœur si pur… sous les traits lumineux de Julien Besure, un roi Arthur campé successivement par Jérôme Vilain et par Denis Carpentier avant et après l’épisode d’Excalibur, un étrange Lancelot du lac presque maléfique joué par Cédric Cerbara. Et cetincroyable duo avec une autre fée des planches, l’étonnante Fée Viviane : Karen de Padua qui forme avec Merlin L’enchanteur, joué divinement par Othmane Moumen, un couple totalement explosif qui n’est pas sans rappeler à nos yeux de spectateurs fidèles au Parc, celui d’Hermès et Athéna dans l’Odyssée. Inside joke !
Ainsi donc, la geste de 2021 ? Un savant mélange et un millésime exceptionnel où l’imaginaire a tout à dire !
Avec Julien Besure, Laurent Bonnet, Denis Carpentier, Cédric Cerbara, Laurence d’Amelio, Simon Delvaux, Karen De Paduwa, Sarah Dupré, Mattéo Goblet, Émilie Guillaume, Jonas Jans, Thierry Janssen, Sandrine Laroche, Nicolas Mispelaere, Othmane Moumen, Jean-François Rossion, Jérôme Vilain, et les stagiaires : Nahida Khouwayer, Simon Lombard, Mathilda Reim.
Mise en scène Thierry Debroux
Assistanat Catherine Couchard
Scénographie Ronald Beurms
Costumes Ronald Beurms et Orélie Weber
Décor sonore Loïc Magotteaux
Lumières Noé Francq
Vidéos Allan Beurms
Maquillages et coiffures Florence Jasselette
Chorégraphie des combats Jacques Cappelle et Émilie Guillaume
Crédits photos: Photo@ZvonocK
En coproduction avec la Coop asbl et Shelterprod . Avec le soutien de taxshelter .be, ING et du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge . Avec l’aide du Fonds d’acteurs du SPFB
A vos téléphones : 02 505 30 30
Ce chant lointain
ce n’est peut-être rien
l’infinie solitude
du matin
derrière la fenêtre
That lone song
Might be
Nothingness
The huge
Solitude
Just across
This morning
Window pane
Les partenariats
Lettres
Le matin
a des oiseaux dans la voix
la grâce fragile
des espérances
quelque chose se défroisse
au-dedans
*
Martine Rouhart
On aimerait vivre en un monde
où les seules larmes à sécher
seraient celles du petit jour
sur nos pieds nus
*
Martine Rouhart
J'ai la joie de vous annoncer la sortie de
« Cheminer l’âme floue »
un recueil qui s’est construit pas-à-pas dans la tranquillité du confinement de l’année 2020, né à la fois du désir de plonger loin au fond de soi et du besoin pressant de rencontre et de partage.
Le flou poétique des photos en noir et blanc de Michèle Peyrat, secrètes et si mystérieuses que l’on ne sait plus si l’on chemine dans le réel ou à l’intérieur de l’âme, et la poésie intimiste de Martine Rouhart, ne font plus qu’un. Parfois c’est la photo qui a dicté le poème, parfois c’est le poème qui a déclenché la photo. Un album pour cheminer l’âme floue, d’un matin où l’on divague en nous-mêmes déportés par la loterie des songes, à cet autre matin qui entre par la fenêtre et dont la musique nous éclaire de l’intérieur.
Les secrets de famille enfouis comme braises sous la cendre, soudain exhumés, révélés, des secrets bien pesants, parfois paralysants, à l'origine de drames ou de destinées brisées, résultats de liaisons "coupables" ou de l'une ou l'autre folie, les secrets de famille, telle était la thématique principale des Rencontres Littéraires du 26 novembre, autour de laquelle gravitèrent, sous la houlette de l'inaltérable Gérard Adam, Evelyne Wilwerth, Dominique Costermans et Alain Dantinne, au centre la mère de famille aussi bien déclinée au passé qu'au présent.
Ayant exploré dans sa vie tous les genres littéraires, du roman à l'écriture théâtrale en passant par la nouvelle et l'essai biographique, se faisant le plaisir d'éveiller la créativité chez les autres via de stimulants ateliers d'écriture, Evelyne Wilwerth nous présenta ce soir "Tignasse étoile", roman dans lequel nous suivons de près et par palier la vie, de ses huit ans à ses vingt-cinq ans, de Jacinthe "aux yeux brun fleur fanée". Un véritable tempérament de feu soumis aux défis, crises, délires et insensées prises de risque, non dénué d'un bel humour dans sa quête de sincérité et de vérité. Malgré un lourd secret, que lui cachent ses parents, lui pendant continuellement aux basques tel une épée de Damoclès, Jacinthe tente de se réaliser en tant qu'artiste. Pour le meilleur?
Ecrivain, romancière et nouvelliste maintes fois primée, auteur de publications didactiques et de quelques ouvrages sur l'environnement destiné aux plus jeunes et aux enseignants, Dominique Costermans nous parla quant à elle de "Outre-mère" qui fut finaliste du Prix Marcel Thiry en 2018. Un roman familial teinté de romance, moins le récit de l'authentique histoire d'un juif bruxellois enrôlé dans l'armée allemande devenu ensuite indicateur au service de la Gestapo, que celui de son dévoilement malgré le silence imposé régnant encore dans sa famille deux générations plus tard. Une psychologie fouillée, accrocheuse.
Poète, romancier et enseignant ayant étudié les Lettres et la Philosophie, Alain Dantinne, qui fut membre du comité de lecture des Editions L'Arbre à Paroles, nous plongea de son côté dans "Brise de mère", une oeuvre au titre évocateur. Une femme dans son siècle, née à la fin de la première guerre mondiale, évolue dans l'ombre de son mari et de ses quatre enfants en un temps où le patriarcat imposait renoncement et soumission aux mères. Le dernier de ses fils l'accompagnera jusqu'au crépuscule de sa vie. Emotion et réflexion au rendez-vous.
Les secrets, dans les familles notamment, peuvent parfois causer de considérables dommages, même d'irréversibles dégâts et l'innocent devient subitement coupable aux yeux des autres alors qu'il n'a en fait que hériter d'un passé chargé de fautes, d'erreurs ou d'actions douteuses, un exemple parmi d'autres, choc et/ou traumatisme en résultant, toute une vie pouvant basculer dans un perpétuel enfer...pour la vie!
Les écrivains de ce soir ont-ils exhumé de leurs vécus au travers de leurs récits? Ceci doit sans doute rester...secret mais levons-en un malgré tout concernant cette Soirée: exceptionnellement votre serviteur et chroniqueur était absent aux Rencontres pour raison personnelle! Comme quoi...
Thierry-Marie Delaunois, auteur et chroniqueur, 27 novembre 2019
Deux belles voix de nos Lettres, deux voies semées de mots reflets de leurs pensées et de celles de leurs personnages, émotion et sensibilité au rendez-vous.
Ecrivaine prolixe, elle se dit curieuse et contestataire, et elle aime comprendre, le questionnement au coeur et à l'esprit, ses principaux centres d'intérêts : le théâtre, la littérature, la peinture,... En ce dimanche après-midi, Jacqueline Gilbert nous évoquera deux de ses parutions.
Juriste de formation, elle nous avoue que lire et écrire ont toujours fait partie de sa vie, qu'il s'agisse d'articles de nature juridique, de poèmes, de nouvelles ou de récits de voyage. "Ecrire, c'est surtout se donner aux autres sans réserve mais par fragments..." Auteure entre autre de nombreux romans, Martine Rouhart nous parlera elle aussi de deux de ses publications.
Nul doute que cet après-midi du 21 novembre à l'Espace Art Gallery en compagnie de ces deux écrivaines sera à la fois captivante et fascinante, la rencontre débutant à 15h30, et suivra une chronique de l'événement...
Merci de votre attention!
Il faut des mots
qui chantent
pour saisir
un oiseau
ou la lumière
en plein vol
You need
Singing words
To catch
A bird
Or light
In mid flight
Les partenariats
Lettres
On s’accroche
à la chaîne fragile
des mots
comme oiseau
sur un fil imaginaire
One clings
To the fragile
Chain of words
Like a swallow
On its imaginary
Line
Les partenariats
Lettres
L'été penche
vers autre chose
le peu les ralentis
la mélancolie des replis
et moi
je m'obstine à aimer
Summer is
Tilting away
To something else
Scarcity
Slow motion
Withdrawal into
One's melancholy
As to
me
I keep feeling in
Love
Les partenariats
Lettres
QUINZE RENCONTRES ARTISTIQUES
Auteur ; Daniel Bastié
Quinze personnalités artistiques, toutes différentes et uniques, et un regard sur leur manière de procéder. Qu’ils soient écrivains, compositeurs ou peintres. Il s’agit de rencontres effectuées pour la revue « Bruxelles Culture » et qui présentent succinctement les activités de chacun au rythme de questions-réponses conviviales et participatives. Les quinze artistes sélectionnés apparaissent par ordre alphabétique. Bien entendu, à l’ère d’Internet, on ne peut que vous inviter à découvrir davantage de leur production par le biais d’un ordinateur. Bandes musicales, panorama de dessins et couvertures de livres foisonnent sur la toile en quelques clics de souris via des sites personnels, Youtube, Amazon, Babelio, etc. Focus sur Jean-Louis Aerts, Frank Andriat, Ariane Bosquet, Jeannine Burny, Héléna Darcq, José Duchant, Sabiha El Youssfi, Maurice Frydman, Fabrice Gardin, Hugues Henry, Corinne Hoex, Joël Jabbour, Clément Martinery, Maria Palatine et Henri Seroka.
Editions Ménadès - 103 pages