Photo © 1989 La libre Belgique
Un article dans la Libre Belgique (1989):
Une adresse pour découvrir les belles éditions de chez nous
Le Musée du Livre belge : une collection privée qui illustre notre patrimoine littéraire national
Depuis sa plus tendre enfance, c’est l’amour des livres, et spécialement des livres belges de langue française qui fait courir Robert Paul. « A l’école, nous dit-il, je n’entendais parler que des grands écrivains de France. C’est en visitant les bouquinistes que j’ai découvert les auteurs qui traitent de notre imaginaire national : les Verhaeren, les Maeterlinck, les Ghelderode… ». La découverte n’a pas tardé à se transformer en engouement, l’engouement en hobby, le hobby en passion.
Une singulière rencontre
Aujourd’hui, ce grand collectionneur, qui a huit bibliothèques chez lui, veut faire partager son enthousiasme et donner à ceux qui le souhaitent l’occasion d’admirer, d’ouvrir, ou de feuilleter les éditions originales, les éditions de luxe numérotés sur grands papiers ou les publications ornées par les meilleurs illustrateurs, certaines rares et précieuses, qu’il a rassemblées avec le temps et qui remontent jusqu’au milieu du siècle dernier.
« Devais-je faire comme l’avare de Molière et amasser pour mon seul usage personnel, ou au contraire faire en sorte que d’aures en profitent aussi ? », se demande-t-il. Le Musée du Livre belge, que chacun peut visiter sur demande au Manhattan Center de la Place Rogier à Bruxelles, est le fruit de cette singulière rencontre, en un seul homme, du bibliophile au militant.
Beaucoup de temps libre et surtout une motivation à toute épreuve ont permis à Robert Paul de mener à son terme cette entreprise où il s’est engagé à ses propres frais, sans en attendre la moindre conrepartie, délaissant même la trop complexe et trop incertaine course aux subventions oficielles. « Vous pouvez appeler cela du mécénat, si vous voulez… »
Classiques d’hier et de demain
Les visiteurs –pas plus de trois ou quatre, sauf pour les classes d’école- peuvent prendre rendez-vous en semaine ou le week-end et lire sur place, s’ils le souhaitent, l’un ou l’autre volume. « En général, ils sortent adeptes de la littérature belge »… et convaincus, comme Robert Paul, qu’un vrai beau livre n’est pas selement l’œuvre d’un auteur, mais aussi celle d’un éditeur.
Notre interlocuteur est intarissable sur les André Baillon, les Charles de Coster et les Geoeges Eeckhoud, les Marie Gevers et les Camille Lemonnier, les folklores régionaux et les grandes écoles littéraires, les publications confidentielles de Ghelderode aux « Editions de la Vache Rose » ou celles hautement prisées, de Max Elskamp, ce grand découvreur du génie populaire qui s’éait fait lui-même xylographe, renouant ainsi avec une grande tradition anversoise pour illustrer ses propres œuvres.
A découvrir aussi, cet exemplaire de la lettre pastorale publiée par le cardinal Mercier pour la fête de Noël 1914, et dont le titre, « Patriotisme et endurance », en dit assez sur la résonance qu’elle pouvait avoir en pleine occupation allemande. L’illustration, due aux moniales de Maredret, a été faite sur le modèle des enluminures médiévales afin de camouler en vénérable écrit des temps anciens le très contemporain propos du primat de Belgique.
Au besoin –notamment pour les écoles- Robert Paul se déplace lui-même avec ses vitrines, en compagnie de l’un ou de l’autre de nos écrivains actuels. C’est qu’il tient à faire connaître les jeunes talents autant que les grandes signatures du passé. Les classiques de demain sont déjà dans sa collection.
Paul Vaute (in « La Libre Belgique, 1989)
Le Musée du Livre belge n'est plus visible depuis de très nombreuses années. Néanmoins je puis en montrer quelques pièces maîtresses, uniquement sur rendez-vous et après demande écrite et très sérieusement motivée.