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Les rois du monde



Autour du château les serfs se pressent,

Gueux, vilains, loqueteux sur la paille,
Ignorants de tout bords, lies des messes,
Chevaliers des ânes, des bons à la mitraille,
S’agglutinent comme les rats aux déchets
Et dansent la biguine aux vitrines éclairées ;
Au château, le seigneur de ce tableau lacéré
Danse aussi toutes portes jusqu’à ce jour fermées.
Voilà le troupeau, voilà la gueusaille,
Voilà l’affamé, le banni, l’idiot de l’année,
L’éclopé, l’oublié, le pauvre, la honte inavouée
Qui entre par la porte d’un jour de ripaille.
La porte est ouverte un jour pour qu’il voit,
Pour qu’il sente les parfums, goûte des plats,
Hume l’air pur qu’il ne connaît pas
Et crie partout qu’il était à la table du roi !

Rois ou reines du monde :
Tous les précités, de peu de foi désespérés,
Morts aux combats ou à toutes les frondes
N’ont rien d’immonde que du hasard d’être né.
Voyez les yeux d’enfants éplorés qu’ils ont gardé,
Quêtant un regard d’où l’amour s’est envolé.


31/12/2017

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Meilleurs voeux pour l'année nouvelle

Meilleurs voeux à toutes et tous pour l'année nouvelle

Que le soleil reste dans vos coeurs longtemps !

Que les étoiles vous accompagnent de leur beauté !

Excellente année à toutes et tous

Comment rédiger votre carte de voeux

Twitter-Elimination.png

.

© Jean-Louis RIGUET 31 décembre 2017

Sociétaire de la Société des Gens de Lettres

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Louis_Riguet

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Mon innocence précieuse

Dans une lumière intense,
Chaque année, l'hiver me ravit.
Apparaît un décor immense
Dont je capte la poésie.

Le merveilleux se renouvelle
Il provoque des coups de coeur.
De très fins cristaux étincellent
Rendent brillante la blancheur.

J'assiste à des apothéoses,
À de sublimes féeries.
Mon jardin se métamorphose,
Il resplendit en pleine nuit.

Cet hiver me semble pareil
Or il ne l'est qu'en apparence.
Dans ma maison, suis en éveil,
Restée cloîtrée en permanence.

La température est nuisible,
Maintenant un froid dangereux.
Cet ennemi n'est pas visible,
Il peut devenir monstrueux.

Certes, me sens un peu tendue
Lors, je médite soucieuse.
Ne voudrais pas avoir perdu
Mon innocence précieuse.

30 décembre 2017

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administrateur théâtres

Résultat de recherche d'images pour "c'était au temps Brel comédie musicale"

Y en a qui ont le cœur si large 
Qu'on y entre sans frapper 
Y en a qui ont le cœur si large

Qu'on en voit que la moitié 

Rue des deux gares 1070 Bruxelles, le 26 décembre 2017, les applaudissements gonflés de bonheur  soutiennent  les ovations plus qu'enthousiastes lors de  la dernière représentation de « C’était au temps… » Un spectacle « nostalgie » et « copains d’abord ! »  qui a affiché complet tous les soirs, pendant quinze jours d’affilée!  Un hommage émouvant à la voix du grand Jacques Brel signé Jean-Marie Delattre. Ils sont huit, embarqués dans l’aventure, échoués aux tables d’une  antique guinguette  en plein cœur de Bruxelles qui a traversé le temps,  prêts à faire la fête et à refaire le monde avec le tram 33.

Y en a qui ont le cœur si frêle
Qu'on le briserait du doigt
Y en qui ont le cœur trop frêle
Pour vivre comme toi et moi 

Jef, Madeleine, Mathilde, Eugène et Sancho (Stéphane Oertli, quels airs de  mousquetaire!)  ont rendez-vous chaque année chez Eugène (le truculent Alain Eloy) pour célébrer joies et tristesses. Le texte de Jean-Marie Delattre est léger, bien ficelé et plausible pour qui veut s’adonner au merveilleux, savourer  le retour aux jeunes années,  tendre son cœur à  la féerie  d’une voix mythique retrouvée, entonner des hymnes de  bienveillance qui écrasent  les velléités de  disputes. On se goberge alors de la découverte d’arrangements musicaux  fort adroits et truffés d’humour. Ami, lève ton verre, termine cette année, accueille la nouvelle, la main plus large que le cœur,  ouverte comme « Une île ! » …Au large de l’espoir, Voici venu le temps de vivre...Voici venu le temps d'aimer ! 

Z'ont pleins de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris

Question de dépaysement, chacun  a pris nouveau départ sous la houlette de Nathalie Stas, metteur en scène géniale et chorégraphe d’exception, puisqu’elle règle les moindres frémissements ou les moindres battements d’œil de son équipe en goguette!  Les comédiens dans l’âme vont se mettre à chanter à  gorge déployée tandis que les brillantes musiciennes jouent la comédie à bras le corps, aussi  lestes  que les demoiselles des parapluies de Cherbourg. O jeunes années!  Leurs mimiques durent des secondes à peine, la palette des sentiments scintille comme la mer sous le vent d’ouest. On a du mal à choisir qui regarder lorsque, de  part et d’autre de la scène, elles se partagent les couplets du grand Jacques. Lune  ou Soleil ?  Madeleine, l'innocence même dans sa robe à jupons 1958 peuplée de citrons,  fait rêver, incarne l’optimisme et la joie de vivre. Mathilde, c’est le spleen, le mystère, la profondeur,vêtue d'une courte chasuble mai 68,  en daim couleur fauve. Qui donc, de Mathilde ou de Madeleine, Marc De Roy jouant Jef, choisira-t-il en fin de compte?  Les chansons de Brel éclosent à fleur de peau, dans la fleur de l’âge, et pourtant, au creux du florilège et des lilas,   …les bonbons, c’est tellement bon! Et les deux musiciennes-comédiennes, Nathalie Delattre et Véronique Sonneville, sont  pétillantes et éblouissantes.

Y en a qui ont le coeur si tendre
Qu'y reposent les mésanges
Y en qui ont le  trop tendre
Moitié hommes et moitié anges

Y en a qui ont le coeur si vaste
Qu'ils sont toujours en voyage
Y en a qui ont le cœur trop vaste
Pour se priver de mirages 

Jovialité, convivialité, rudesses et lucidité et fous-rires animent les  conversations. Le bal des costumes  enchante  l’œil, ranime le temps…. Les  copains d’infortune qui se rencontrent au bistrot des ivrognes finissants parlent du désir amoureux, des ruptures, des racines, des voyages,  des femmes, des bourgeois, des vieux, des cons, des cocus. Ils boivent, dansent tangos, rumbas et  valses,  et chantent tous divinement! Le décor  prend vie intense. La scénographie de Francesco Deleo est de la partie, comme au Théâtre des Galeries ! Comme un  puissant rivage musical  le trio orchestral plonge dans les époques et borde remarquablement cette île du passé, où règne Eugène en tablier ! Le réverbère rappelle les amoureux de Penney, même époque, l’aubette fait refuge pour amoureux, et la bière coule à flots.

Z'ont pleins de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris

Une comédie musicale est sortie de l’œuf, fraîche, lumineuse, gonflée de vent d’ouest, bourrée de vitamines. La voix du grand Jacques revient par moments avec une langueur océane,  portée par le large,  comme une vague, reprise avec amour par la troupe de saltimbanques comblés par le bonheur de jouer. Ils ont su polir le  bijou poétique de mille facettes nouvelles et faire œuvre magnifique de transmission. On se prend alors à rêver aussi aux madones du grand Georges,  son grand ami : Jeanne, Hélène et ses sabots, et le petit cheval toujours devant ! Cela devrait pouvoir s’écrire aussi… non ?  On en a déjà des larmes et des fleurs aux yeux.

Y en a qui ont le cœur dehors
Et ne peuvent que l'offrir
Le cœur tellement dehors
Qu'ils sont tous à s'en servir

Celui-là a le cœur dehors
Et si frêle et si tendre
Que maudits soient les arbres morts
Qui ne pourraient point l'entendre

A pleins de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris

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La troupe au complet du Spectacle "C'était au temps", la comédie Musicale qui a fait Brusseler du Grand Brel ! — with Stijn Bettens, Marc De Roy,Pierre Plume, Jean-marie Delattre, Anne Creuen,Nathalie Delattre, Véronique Sonneville, Stéphane Oertli, Alain Eloy and Pauline Oreins at Le Fou Rire Théâtre.

http://brel-cetaitautemps.be/wp-content/uploads/2017/11/Brel.dossier.2017-11-23.pdf

 

http://brel-cetaitautemps.be/equipe/artistes/

https://cetaitautemps.be/

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Les larmes sont un doux remède

Songerie

J'ai l'envie d'être chagrinée
D'avoir des larmes sur les joues.
J'en avais savouré le goût,

Pendant mes très jeunes années.

Fort abondamment, je pleurais
Petite fille malheureuse,
Punie pour être paresseuse.
Je me sentais désespérée.

Or souvent, j'entendis me dire:
Garde tes larmes pour plus tard!
Je ne craignais pas le hasard
Et je croyais vivre le pire.

Leur source s'avéra tarie,
Quand me fit souffrir une peine.
Les larmes ne sont jamais vaines.
Et je l'avais toujours compris.

Elles agissent en remède
Apparaissant spontanément.
En suis privée pour le moment
Mais ne demeure pas sans aide.

29 décembre 2017

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L'horloge s'est enraillée

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Sur un fond de déchirures vacille l'existence d'une histoire touchant aux limites de l'âme
Dans la profondeur du regard, la réalité qui pense se voile
L'apparence illusoire teintée d'une personnalité à l'essence cachée se volute
Oscillation d'impuissance, le mal de vivre s'empare de l'obscurité

Avez-vous déjà mesurez ce monde fragile ?
Accéder au-delà de la surface des mots ?
Embrassé le néantiser ancré en son cœur vibratile
Là où le cri du silence prend racine dans l'encre noire et meurt à son contact...

Discernerez-vous alors le rôle de l'écriture qui s'écoule sous les doigts
Augurerez-vous du relief existentiel la camarde valsant en langage unique, implicite
Nieller les fêlures manifestées sur le papier

Ouïrez-vous enfin jusque dans les replis de l'atma
Les silences qui s'échappent de la toile
Constituant la moelle du non-être dans laquelle ce qui vous apparaît évolue

Nom d'auteur Sonia Gallet

Recueil © 2017

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Nombreuses choses lient mon âme


J'admire deux danseurs cubains
Semblant vivants, qui se font face
Chacun vers l'autre tend les mains.
Reste figé l'instant qui passe.

Je conserve tous les objets.
Qui m'avaient emplie d'allégresse.
J'eus pour certains de la tendresse.
M'en séparerais à regret.

Ils restent à la même place,
En vue ou rangés avec soin,
Protégés selon leur besoin,
Occupant plus ou moins de place.

Je crois que le temps est venu
De désencombrer ma maison.
Me le répète ma raison
Mieux vaut la laisser toute nue.



Cela est impossible à faire.
Nombreuses choses lient mon âme.
M'en priver ne serait un drame
Mais n'est certes pas nécessaire.


Je vais continuer à vivre
Dans une ambiance que j'aime,
Inspiratrice de poèmes
Que je préserve dans des livres.


28 décembre 2017

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administrateur théâtres

                                                     Tout fout le camp ! Même les contes pour enfants! 

Si vous pensez que Blanche-Neige et les 7 nains parle du harcèlement sexuel par des nains à genoux sur mineure réduite à l’esclavage domestique sur fond de misère sociale urbaine, que Pinocchio évoque la  pédophilie sur garçon appareillé par personne dépositaire de l’autorité parentale, associée à des actes de zoophilie sur le pauvre criquet qui tente de donner son avis, que  Fantasia est le symbole d’une grossophobie revendiquée  qui force des hippopotames à faire des demi-pointes en tutu rose bonbon, c’est que votre Waltophobie moderniste est mûre et  impatiente d'être partagée! Et vous adorerez ce spectacle!

Vous clamez qu'un syndrome de Walt avéré fait immanquablement confondre rêve et réalité, ce qui témoignage d’un âge mental voisinant les quatre ans.  C'est oublier au passage,  que vous-même bénéficiez de ces  mythes fondateurs  qui dans votre enfance ont pu vous conduire vers la bénéfique séparation du bien et du mal, celle du vrai et de l’imaginaire, et vers l’accession à la liberté de l’âge adulte. Et si ce n'est chose faite,  voilà qu'on incrimine,  pour les quarantenaires et les plus jeunes, l’emprise de l'image cinématographique, qui, bien moins que la tradition orale ou la lecture, permet à l’imagination de prendre son envol. Triste réalité!  Adieu donc: rêves, poésie, distanciation et humour! Et bonjour la loufoquerie et le délire stérile! 

Ah! Le monde passionnant!  

Régulièrement envoyé sur la piste des élucubrations psycho-sociales du spectacle, le psy de service qui  gère les différents cas clinique, n’est pas sûr de soigner sa patientèle victime  de Walt car lui-même - Shocking, isn't it? - est un prédateur sexuel!  Lui  non plus,  ne peut résister devant une femme endormie...  C’est l’occasion de rappeler la réalité. Celle de la récente révolte d’une mère de famille anglaise, avocate de surcroît*, qui brexite à mort  pour que les contes, qui  ont fait jusqu' aujourd’hui  les fondements de notre subconscient - lisez à ce propos l’ouvrage bien connu de Bruno Bettelheim «La psychologie des contes de fées » - , soient enfin détachés de leur contenu ouvertement machiste! En clair pour cette éminente dame, le baiser du prince donné à  la Belle au Bois dormant, c’est  carrément l’apologie de l'agression sexuelle! On le constate, celle qui fait la une des journaux, est bien atteinte, à contre sens, par ce fameux Syndrome de Walt, et s'avère sans doute incurable!

Mais revenons sur les planches! Si les trois comédiens dévoués ont  dépensé une  énergie fantastique  pour faire de leur spectacle un grand moment de divertissement  délirant, les tranches d’humour noir truffé de rose  bébé,  apparaissent de moins en moins  délectables. Mais c'est la deuxième saison,  ils cartonnent et on se réjouit.  La salle bien bondée rit, s’esclaffe,  et une critique quidam au fond de la salle, qui rêvait de féerie et de chansons waldisniaques sans mélange des genres, parodiées avec humour certes, mais avec l’élégance poétique requise, fut sur le coup, finalement passablement déçue.

L’idée de départ était pourtant excellente. Ils  eussent pu jouer haut et sans filets! Tant qu’à faire, un souffle iconoclaste moins dispersé, moins de demi-teintes et de vagabondages sociologiques et plus de férocité eussent sans doute mieux emporté le morceau. S’il faut renverser les idoles - d’où qu’elles viennent - et savourer la griserie de la moquerie, que celle-ci soit alors vraiment  pure et dure, et crue à souhait! Que l’on ricane alors franchement! 

Rester dans l’entre-deux hybride mi-figue mi-raisin,  déforce l’entreprise et  a engendré  le désintérêt  progressif de la spectatrice peu convaincue.  Comment, dès lors, ne pas se contenter de se  gausser du maniérisme sociologique politically correct  ambiant et  de  compatir muettement avec le regard de gosses de 8/12 ans partant baillant derrière leurs parents en traînant les pieds?

https://lesrichesclaires.be/evenement/le-syndrome-de-walt-2/

https://lesrichesclaires.be/fiche-descriptive-syndrome-de-walt/

Distribution

Texte DE

Cécile Delberghe et Eric De Staercke

MISE EN SCÈNE

Eric De Staercke, assisté de Joséphine de Renesse

AVEC

Cécile Delberghe , Simon Hommé et Benjamin Torrini

MUSIQUE

Eloi Baudimont

COSTUMES

Raphaëlle Debattice

DÉCORS

Benoît Cogels

CRÉATION LUMIÈRES

Frédéric Delhaye et Benoît Guilbert

Du 14 au 31 décembre 2017

Les Riches-Claires
Rue des Riches Claires, 24 1000 

http://www.lesrichesclaires.be 
accueil@lesrichesclaires.be 
02-548.25.80

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Le chien couleur de feu

Le chien couleur de feu.

Derrière la vitre à moitié recouverte de buée, Jeannot leva sa petite main et tirant sur la manche de son vieux pull, essuya un rond de buée pour mieux voir à l'extérieur de la maison de pierres et de bois. Il faisait à peu près bon maintenant. Il avait ajouté quelques buches qu'il avait trouvé dans la petite remise à côté de la cuisine. Il n'en restait plus beaucoup et Jeannot se demandait comment il allait faire pour chauffer la maison et l'eau de la soupe maigre si maman ne se réveillait pas. Comment sortir dehors avec toute cette neige qui lui arrivait au nombril et puis, comment ramener du bois sec maintenant que la neige avait envahi l'abri à bois par la porte arrachée à cause de la tempête ?

La neige ne tombait plus, ou presque. Les quelques rares flocons ressemblaient plus à des plumes qu'à cette montagne de neige qui avait recouvert le jardin, le chemin, l'abri à bois et la petite cabane où le père rangeait ses outils. Le père de Jeannot était parti à la fin de l'automne pour aller travailler en ville, qu'il avait dit.... qu'il avait criait plutôt, et Jeannot avait eu un peu peur de ce père en colère qu'il n'avait jamais vu de cette façon. Comme maman pleurait en le regardant préparer son sac de randonnée taillé dans une vieille veste en cuir, Jeannot avait un doute sur ce travail loin de la maison. Il y avait maintenant deux pages entières du calendrier rempli de croix pour rayer chaque journée qui passait à attendre, à ramasser quelques maigres pommes mais aussi des grosses châtaignes bien à l'abri dans une niche qui piquait les doigts. Dans le gros saloir en terre cuite, il restait quelques morceaux de cochons et une demi douzaine de tranches de lard, mais c'était tout. Jeannot avait faim mais comment manger le lard ? Comment faire cuire les châtaignes sans l'eau du puit ?

Jeannot retourna dans la petite chambre où dormait sa maman et lui caressa la joue. Il faisait froid dans ce coin de la maison car la cheminée ne suffisait pas à chauffer cette pièce et la grande cuisine.

C'est sans doute pour ça que maman avait la joue froide, pensa-t-il.

  • Maman j'ai faim, dit-il doucement dans son oreille.

Mais elle ne répondit toujours pas. Cela faisait deux croix que Jeannot avait dessiné sur le calendrier, et maman dormait toujours. Il posa ses fesses sur le coussin rouge posé sur le plancher de bois, ramena ses genoux sous son menton et pleura doucement. Pourquoi maman dort-elle si longtemps, et pourquoi papa est-il parti travailler si loin ? Autant de questions sans réponse et autant de raison d'avoir froid sans comprendre ce qui arrivait entre les murs en pierre de cette maison perdue dans la montagne.

Jeannot s'endormi.

Une douce chaleur envahi son cou, Jeannot ouvrit les yeux et cria de surprise. A qui était ce gros chien de la même couleur que les écureuils qui sautaient de branche en branche pendant l'été ?

Le chien s'assit devant lui et grogna doucement. Il s'approcha et lécha la figure du gamin, puis se dirigea vers sa mère et ouvrant grand sa gueule lui attrapa le bras. Jeannot hurla mais le gros chien continua à tirer sur le bras et doucement sa mère glissa par terre. Avec force mais délicatesse, comme la chatte attrapant ses petits, le chien couleur de feu tira le corps devant la cheminée. Puis, il prit une buche de la remise dans sa gueule et la laissa tomber dans le feu, parcourant la maison plusieurs fois. Après ce pénible travail, le chien se coucha devant la table en regardant la porte.

Dehors le jour était levé et un soleil timide commençait à pointer ses rayons sur la cîme des douglas qui entouraient la maison. De la neige, encore de la neige, tout était blanc, blanc et triste.... Même si la neige est belle, quand on a faim et presque froid, rien ne semble beau. Jeannot tira son pull sur sa petite main et essuya un peu de buée qui avait commencé à givrer sur la vitre de la cuisine. Le chien grogna doucement puis se leva et posa ses fesses sur le plancher. Les oreilles dressées, il avait entendu ce que les humains n'entendent pas, ou plutôt, ne savent plus entendre.

    • Qu'as tu à rouspéter ? lui demanda Jeannot.

Le chien continua à grogner doucement sans prêter attention au gamin qui essayait de comprendre ce que l'animal voulait dire.

Tout ce blanc, pensa Jeannot en regardant à nouveau par la fenêtre, ça fait mal aux yeux.... Sauf ce point bleu à l'emplacement où devait-être le chemin. Un point bleu ? Un point bleu qui bouge comme si … Puis un autre point bleu, puis un marron et vert... enfin peut-être, ils sont si loin.... Plus le gamin regardait et plus les points devenaient gros, jusqu'à ce qu'il comprit que c'était des enfants mais plus grands que lui ! A moins que ce ne soit... des hommes ? On dirait bien, pensa t-il ! Le chien se leva et aboya mais sans essayer d'ouvrir la porte. Cela aurait pourtant était facile, il lui suffisait de poser son museau sur la poignée à bascule et le tour était joué ; il avait bien réussi à descendre sa mère devant la cheminée et à ramener des bûches.

Il aboya encore une fois - Oua ! Puis deux fois - Oua, oua ! Jeannot, qui regardait les points bleus et marrons, vit la première silhouette lever un bras, puis la deuxième porta un objet à sa bouche et souffla. Le son d'une corne de chasse emplit la forêt..... Curieusement, tout redevenait plus joyeux, cette musique semblait redonner vie aux arbres, à l'abri, à la cabane ! Maintenant, les hommes étaient tout près et Jeannot reconnu le père Antoine, l'éleveur de brebis de la vallée, puis un autre homme qu'il ne connaissait pas et enfin un barbu dans sa veste marron et verte. Ce dernier leva un bras, puis l'autre et se mit à les croiser en criant :

  • Jeannot ! Jeannot !

  • Papa !

C'était bien lui, enfin, mais pourquoi les deux autres hommes ? Et pourquoi le chien aux poils couleur de feu ? Les trois hommes entrèrent dans la petite maison de pierre.

Maintenant, de grandes flammes jaunes et rouges montaient dans la cheminée. Une douce odeur de soupe envahissait la pièce et Jeannot laissa couler une larme, cette bonne odeur lui rappelait des temps heureux. Un des deux hommes en habits bleus frottait sa mère avec un liquide jaune qui sentait bon les fleurs du jardin, peut-être même un peu plus fort.... C'était presque trop fort comme odeur, mais cette friction avait redonné du rose aux joues de sa mère ! Il s'approcha, posa sa main sur son front, il était moins froid. Le feu et l'eau des fleurs, pensa jeannot. Son père s'approcha doucement et, le prenant par la main, l'amena vers le chien.

    • Viens Jeannot, je vais te présenter Apache ! C'est lui qui est venu nous cherchez dans la vallée. Quand il est rentré dans la maison, tu dormais les coudes sur la table. Il a compris que quelque chose n'allait pas. Alors il est resorti par le soupirail de la cave et il est descendu au village. Antoine connait bien son chien ! Il a compris qu'il se passait quelque chose d'anormal dans la montagne. Moi, j'étais sur le chemin du retour quand il est arrivé chez son maître. Il m'a attrapé par la manche et m'a tiré vers le chemin de crête. C'est là que nous avons compris qu'il s'agissait de notre maison, de notre famille.... Alors nous sommes allés chercher le guérisseur, au cas où, et nous avons pris le chemin vers le sommet.

    • Et maman, qu'est-ce qu'elle a eu ? Pourquoi a-t-elle dormi pendant deux jours en me laissant tout seul ? Pourquoi tu es parti si longtemps ? Pourquoi tu es revenu ?

Que de questions ! Comment un adulte pouvait-il faire comprendre à un enfant de cinq ans que souvent, presque toujours, quand il n'y a plus assez d'argent dans une famille, personne ne t'aide en ce début du vingtième siècle. Les aides, le chômage, tout ça n'existait pas encore, alors il fallait bien que l'un des deux se dévoua pour partir travailler ailleurs et ramener des sous (comme disait les anciens) afin de continuer à acheter le cochon, le sel, la farine, les habits et les petits soldats en plâtre que son père avait rapporté dans son gros sac en cuir. Sa mère avait eu, lui a t'on dit, une maladie dûe au manque de nourriture et le froid de la chambre avait fait le reste. Seulement voilà, en bas dans le village alors que les cloches sonnaient les douze coups de minuit du 24 décembre, le chien Apache avait compris que là haut, un petit bonhomme et sa maman avaient besoin de lui.

Aujourd'hui, cette maison de pierres existe toujours, mais plus personne ne l'habite, elle sert de refuge aux promeneurs, pendant les grands vents, et aux écureuils couleur de feu, comme Apache, le brave chien de la vallée.

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LE FLEUVE COULE ENCORE...

Le fleuve a dansé

Au long des étés

Allant vers la mer

Traversant la terre...

S'est perdu souvent

En tourbillonnant

Il rêvait d'ancrage

Poursuivant sa nage!

Essoufflé et triste

Il cherchait sa piste

Et au gré des vents

Comptait ses tourments...

Mais il coule encore!

Quelques journées d'or

Un ciel enfin bleu

Des instants précieux...

Il coule, vif et fort

Son désir le mord

Dernières étincelles

Qui font la vie belle!

Coule avec le temps...

Savoure les moments

Bois jusqu'à la lie

La coupe des envies...

J.G.

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En ce jour glorieux

Éblouie, je baisse les yeux.
Mon âme accueille la liesse,
Mon corps de visibles caresses.
Ce jour me paraît glorieux.


Le décor est un tableau blanc,
Partout recouvert de brillance.
Persiste un apaisant silence,
Délicieux, stagne l'instant.


Je sens se ranimer en moi
L'énergie me rendant active.
Je voudrais être créative,
Exprimer le beau que je vois.


 Je suis heureuse par beau temps;
Or où je vis, la providence
Favorise ma préférence,
Rend le soleil éblouissant.

27 décembre 2017

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Eliminations pour un héritage, Jean-Louis Riguet

 

Éliminations pour un héritage

 

Un roman policier

De Jean-Louis RIGUET Carolus éditions

©Jean-Louis RIGUET, 2017

ISBN numérique : 979-10-262-1464-9

EAN papier : 9791026214656

Internet : www.librinova.com

 

 

Éliminations pour un héritage

 

Un original méconnu décède un premier janvier. C'était le président fondateur d'une association, le Carte Club Orléanais. Un testament est censé régler sa succession.

Il a institué pour légataires universels les membres du conseil d’administration de l'association. Or, des conditions particulières draconiennes sont à remplir par chacun des membres à une date limite. Si l'un ne remplit pas les conditions, il est éliminé. Si aucun n'y parvient, une autre association héritera.

L’avocat désigné comme exécuteur testamentaire mène l'enquête. Il va de soubresauts en rebondissements à travers les spécialités orléanaises. 

Un roman d’investigation pour une enquête quasi-policière étonnante où les péripéties abondent et où le suspense et l’humour ne sont pas en reste !

 

 

Pour commander le livre :

https://www.librinova.com/librairie/jean-louis-riguet/eliminations-pour-un-heritage-1

Merci d’avance

 

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Monsieur le Préfet

Après la lecture d'un roman, ma foi fort bien écrit et digne d'intérêt pour le lecteur à la mémoire sélective que je me complais d'être, je relevais au gré des pages le court chapitre que je vous recopie ci-dessous. Il m'entraîna vers une obligatoire comparaison de deux époques : celle de ce roman que je viens de lire, et qui se déroule au tout début du XXe siècle, et la nôtre que nous subissons un siècle plus tard, en cet an de mauvaise grâce 2017 ; an 2017, sous le règne de l'Europe des techno/burocrates, mais aussi de la planète terre dans sa globalité, au devenir non pas d'incertitude nous n'en sommes plus là, mais d'auto-destruction.

D'aucuns diront qu'il faut rester dans une attitude positive et faire confiance à l'humain. Mais à titre strictement personnel, je ne vois et n'entends dans les journaux, ou dans la boite à images et à mensonges appelée T.V, que des guerres, des violences, des arnaqueurs, des voyous et des tricheurs. Des punissables impunis, des condamnés en liberté et des victimes insatisfaites. Je me dis que pour remettre un peu d'ordre dans ce marigot glauque que devient la planète bleue, il nous faudrait la venue d'un nouveau prophète qui stériliserait l'humanité pour le siècle à venir.

Voici donc une partie du roman qui se déroule en l'an 1910 :

.../...

Monsieur le Préfet se leva et tendit la main à l'aubergiste. « Chère madame, je n'oublierai jamais ce déjeuner et je comprends à présent que l'on ait désigné la vigne comme l’arbre de vie par excellence. »

  • Oui monsieur le Préfet, dans nos petites communes nous avons une tradition de viticulteurs certes, mais aussi de bouilleurs de cru, et nous avons toujours eu à cœur de ne pas laisser perdre les énormes quantités de fruits récoltés en automne comme les pommes ou les poires, mais aussi les cerises et les prunes au printemps.

Le préfet reboutonna sa veste, et ajusta sa cravate en se dirigeant vers la porte. Déjà le chauffeur qui avait mangé seul à une table au fond de la petite salle se précipitait pour ouvrir la portière.

En ce début d'après-midi, le village bruissait de tous les métiers qui le faisaient vivre depuis des temps immémoriaux. Le tonnelier tapait sur ses douves, on entendait le bruit sec du hachoir du boucher dans son arrière-boutique, des éclats de voix provenaient du fournil de la boulangerie dont la porte était restée ouverte et, plus loin, le forgeron, habillé de son tablier de cuir, confectionnait une volute de fer chauffée au rouge, qui serait assemblée sur une rampe d'escalier destinée à la maison du meunier. Dans la cour de l'école, à quelques centaines de mètres de la mairie, des enfants jouaient à la marelle, en riant et en dansant joyeusement. Et au-dessus de cette vie dense et joyeuse, quelques oiseaux, blottis dans un des très vieux tilleul de la place datant de quelques dizaines d'années après la Révolution, pépiaient comme pris de timidité.

Puis un siècle passa, et l'arrière petit fils de l'écrivain revint dans le même village et décrivit la même scène.

.../...

AN 2017.

Monsieur le Préfet se leva et regarda discrètement le patron du food-truck installé sur la place vide. N'ayant pas eu le temps ni le courage de chercher un restaurant dans cette campagne paumée, une pizza très certainement congelée avait fait l'affaire.

- Merci cher monsieur, ce fut frugal, mais correct. Par contre vous devriez proposer quelques bouteilles de vins, j'avoue qu'un verre de rosé bien frais m'aurait fait plaisir !

Le garde du corps se dirigea vers la voiture, jetant des regards suspicieux sur cette foutue place vidée de sa substance, mais soucieux et aux aguets, intrigué par tous ces volets fermés pouvant cacher l'intrus, l'indésirable. Le patron du food-truck interpella l'homme public et lui dit :

- Vos lois m'interdisent de vendre du vin, que voulez-vous, je ne fais qu'obéir à la législation. Et oui, Monsieur le Préfet, dans nos petites communes, nous avions une tradition de viticulteurs certes, mais aussi de bouilleurs de cru et nous avions toujours eu à cœur de ne pas laisser perdre les énormes quantités de fruits récoltés en automne comme les pommes ou les poires, mais aussi les cerises et les prunes au printemps. De nos jours, tout le monde s'en fout ; les campagnes sont désertées de toutes vies et tous les fruits restent pourrir par terre à cause des hommes politiques et autres biens-pensants comme vous. Vous êtes assis derrière vos bureaux, vous créez des lois et instaurez des interdits sans connaître la vie du peuple qui fait vivre et respirer notre nation jadis belle et prospère. Nos traditions se meurent, nos savoirs-faire disparaissent car non transmis, et notre civilisation s'effondrera d'elle-même comme fond le beurre au soleil !

Le garde du corps claqua la portière et contourna le véhicule en jetant un regard noir sur le patron du food-truck, ravi de sa sortie.

En ce début d'après-midi le village était d'un silence inquiétant, plus de tonneliers, puisque plus de bouilleurs de cru, plus de boucher puisque la mode était aux Végans et aux cinq fruits et légumes par jour ! Des fruits bien calibrés, bien traités aux insecticides et peints à la cire pour bien briller. Les deux petites rivières traversant la commune, autrefois riches en truites, en vairons et autres goujons, ne charriaient plus rien sauf quelques écrevisses américaines qui avaient fini de détruire ce que le glyphosate des laboratoires chimiques n'avait pas empoisonné. Le fournil du boulanger était éteint depuis de longues années déjà, et la camionnette de la boulange du village d'à côté ne passait plus qu'une fois par semaine. Encore fallait-il se déplacer pour aller chercher son pain pour la semaine, car elle stationnait pendant 15 minutes sous le plus vieux tilleul et reprenait son chemin. Le forgeron ! n'en parlons même pas...... Tous les balcons se vendaient désormais dans la grande surface en zone sud de la grande ville située à 35 bornes. Et ce n'était plus le forgeron qui adaptait les mesures à la construction, car tout était normalisé, tout était identique et adaptable partout.

Reste l'école : depuis belle lurette elle avait été transformée en gîtes et s'ouvrait deux ou trois mois par an, pour quelques touristes de passage désireux de respirer l'odeur de la campagne, enfin ce qu'il en restait puisque la moitié des terrains étaient en jachère et broutés par quelques brebis égarées. Les autres étant réservés à la culture du maïs pour le fermier de la Rue Haute qui nourrissait quelques dizaines de vaches sans corne avec l’ensilage de ses cultures chimiquement traitées. Un drone passa à quelques centaines de mètres ; sans doute pour relever les points GPS nécessaires au repérage des voies, à moins que ce ne soit un appareil des services fiscaux repérant les agrandissements non déclarés comme par exemple une terrasse couverte, ou un abri de jardin de plus de 9 m2

Une feuille tomba en spirales du tilleul derrière la chariotte en tôle du sous-préfet qui s'éloignait doucement. Une feuille morte qui remplace un corbillard, pensa le patron du camion-bouffe. Une voiture arriva de la route des Combrailles ; certainement des usagers de l'autoroute qui avaient pris ce chemin pour pisser tranquillement sur les rares fleurs sauvages existant encore. Le véhicule se rapprocha doucement du food-truck et pour narguer le type qui vendait sa mal-bouffe, un passager jeta par la fenêtre un sac en papier contenant quelques frites, des gobelets et des boites en polystyrène achetés au drive de la station de l'autoroute.

  • Pauvres cons ! cria le « chef ».

Il avait raison ! Les « marchent debout » méritant de porter ce qualificatif sont légions. Les occupants de la voiture certes, mais aussi lui même ce brave chauffeur de saucisses et de steack congelé..... Mais ne nous oublions pas dans cette catégorie : nous, qui avons laissé faire, qui avons laissé perdre, laissé détruire nos richesses, nos savoirs-faire, notre patrimoine dilapidé aux plus offrants ; qu'ils soient : Russe, Asiatiques ou des pays ensablés et riches de leur or noir. Nous, qui avons fait confiance aux hommes politiques de tous bords à de rares exceptions près, aux industriels et aux soi-disant progrès qui en définitive nous ont conduit tout droit vers notre propre perte.

Mais chut.... Il ne faut rien dire..... Taisons nos états d'âmes.... Le CAC 40 serait en danger potentiel, ce genre de propos est inaceptable dans une société vouée à la stérilisation des idées et à l'obsolescence programmée des objets et des humains qui la composent.

Pour des fêtes de fin d'année, on peut faire plus gai ! Mais ce serait se mettre la tête dans le sable, emberlificotés dans des images subbliminales très généreusement distribuées par les médias et les dirigeants planétaires.

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Merry Christmas !!

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Ce dernier soir, était la fin de la descente dans la nuit
C'est à présent le début de la remontée vers la lumière
Face au mystère de la renaissance, au renouveau de la vie
On se tient tous devant l'arbre cosmique reliant le ciel et la terre

Des guirlandes de boules ascensionnelles
Embrassent les branches s'élevant vers le ciel
Où comme de gracieuses planètes libérant leur feu intérieur
Symbolisent par excellence la survit dans le cœur des aïeuls et des mineurs

Que ces étoiles lumineuses écoutent vos messages muets remplis de vœux
Et que demeure pour un instant la mosaïque du temps et des cycles
Pour lier au paradis céleste les rires d'enfants heureux
Nom d'auteur Sonia Gallet © 2017
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12273263870?profile=originalLes poissonniers
Vincenzo Campi
Musée de La Roche-sur-Yon

      On me dira que ce ne sont point-là de « grands peintres ». Point de mystères, de langage sophistiqué ou secret, de symboles qui nous sont parfois si difficiles à déchiffrer et qui, de là, nous transportent. Leur langue est verte, truculente voire triviale, leurs gestes un peu frustes. Mais c’est peut-être en cela qu’ils nous sont finalement si proches.
Grâce leur soit donc rendue, « Dieu aide toujours aux fous, aux amoureux et aux ivrognes. » (Marguerite de Navarre*, 1492-1549).
Cela ne manque ni de verve ni de sèvre et, de plus, c’est roboratif !


« Il n’est point tant de barques à Venise,

Ni de pardons à Rome un jour de fête,
Ni d’usuriers en toute la Lombardie,

Que vous avez de lunes en toute la tête. »
                                                                           Mellin de Saint-Gelais (1491-1558)


Et puis, parfois, « Le bon choix, de loin, c’est de préférer un peu de saveur à beaucoup d’insipidité. », Boccace (1313-1375). La cuisine italienne doit d’ailleurs beaucoup de son renom à deux maître-queux, Bartolomeo Scapi (ca 1500-1577) et Cristoforo di Messisbugo (ca 1490-1548), véritable MC, maître de cérémonies, banchetti i divertimenti.
Les peintres de la Renaissance développeront une autre rhétorique, inventio et dispositio, varietas et copia (abondance, ce qui ne saurait nuire).

12273264093?profile=original Mangeurs de fèves (détail)
Vincenzo Campi
Musée Calvet, Avignon
A table ! Faisons bombance !

      Je poursuis donc cette nouvelle série de billets sur les plaisirs de la table, la satire et le rire, citant des auteurs essentiellement François, je suis gaulois quoi qu’il en soit. Qu’il me soit donc permis ici de mettre mes pas dans ceux de maître François en illustrant Des pois au lard cum commento. De l’art et des mots.


12273265089?profile=original Grangousier à table
(gravure sur bois, 1542)
« L’appétit vient en mangeant… la soif s’en va en buvant. »,
                                                                                                                      Rabelais


Et ce en toute occasion.


« Ho ! mon petit fils, mon couillon, mon peton, que tu es joli !
Et tant je suis tenu à Dieu de ce qu’il m’a donné un si beau fils, tant joyeux, tant riant, tant joli. Ho, ho, ho, ho ! Que je suis aise ! Buvons.
Ho ! Laissons toute mélancolie ; apporte du meilleur, rince les verres, boute la nappe, chasse ces chiens, souffle ce feu, allume la chandelle, ferme cette porte, taille ces soupes, envoie ces pauvres, baille-leur ce qu’ils demandent, tiens ma robe que je me mette en pourpoint pour mieux festoyer les commères. »
                                                                              François Rabelais (1494 ?-1553)


12273265668?profile=originalLes poissonniers (Pescivendoli, détail)
Vincenzo Campi
Musée de La Roche-sur-Yon

      Voilà goûteux propos dans cette langue propre à vous guérir les goutteux. Pour peu que les mets soient accompagnés d’un frais clairet.

12273266277?profile=original Mangeurs de fèves
Vincenzo Campi
Musée Calvet, Avignon
« Verse en mon verre du vin
Pour étrangler la mémoire
De mes soucis après boire. »
                                                                                 Pierre de Ronsard (1524-1585)

12273267056?profile=originalLe mangeur de fèves
Annibal Carrache (1560-1609)
Ce grand peintre classique fut formé notamment par Bartolomeo Passerotti,
sujet de mon prochain article (photo captée sur le net).

      Comédie de masques, reflet d’une société démasquée, avec ses vieux libidineux, vecchi, son soudard furibard, le Capitan, ses amants galants, innamorati, la servante pétulante, servetta, les zanni, ces fripons factotons. Ces négatifs qui se développeront avec les personnages d’Arlequin, de Colombine, de Pantalon… multipliant les lazzis.

12273267279?profile=original Les poissonniers (détail)
Vincenzo Campi
Musée de La Roche-sur-Yon

Tentons ici quelques apparentements terribles avec :


12273267865?profile=originalLa pourvoyeuse de légumes (détail)
Joachim Beuckelaer (1533-1573)
(Musée des Beaux-Arts, Valenciennes)

12273267687?profile=original Le grand marché (détail)
Pieter Aertsen (Galerie nationale de Capodimonte, Naples)
Pieter Aertsen, que les Italiens appellent Pietro Longo (de son surnom Lange Pier dans sa langue maternelle), était l’oncle de Joachim Beuckelaer.

      Tout cela est propre et figuré, en mode mineur, à la fin du Cinquecento et au début du Seicento italiens (avec ce senso dell’umorismo, très baroque’n’roll-mops), et à la peinture de genre anversoise du XVIe siècle. Pourtant, au siècle suivant, même le raffiné Jordaens (1593-1678) n’hésitera pas à introduire une touche de vulgarité assumée dans certains de ses tableaux.


12273268469?profile=originalLe roi boit (détail)
… en attendant la galette. Bah ! le peuple trinque.
Jacob Jordaens (Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg)

De même pour le Français Carle Van Loo (1705-1765) dans…


12273268294?profile=originalL’ivresse de Silène (détail)
Silène, compagnon de Dionysos, et grand buveur devant l’éternel.
Carle Van Loo (musée des Beaux-Arts, Nancy)

Et le tendre Vermeer de Delft (1632-1675) parait lui aussi s’être souvenu de cette période.


12273268886?profile=original L’entremetteuse (détail)
Johannes Vermeer (Galerie de peinture, Dresde)

Fin de la 1ère partie.


Avant de reprendre quelques coquillages et crustacés, servis sur un plateau, les antipastis sont ici :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/frangipane-et-autres-menus-plaisirs-antipastis?xg_source=activity

Michel Lansardière (texte et photos, sauf mention contraire)

* Marguerite de Navarre (ou d’Angoulême, ou d’Alençon), reine de Navarre, sœur et conseillère de François 1er, grand-mère d’Henri IV, femme de lettres, protectrice de Rabelais et de Lefèvre D’Etaples, des humanistes en général, diplomate, elle sauva ainsi la mise aussi bien à Clément Marot qu’à son frère François fait prisonnier à Pavie. On lui doit notamment l’Heptaméron, le pendant, en français, du Décaméron de Boccace.

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Le choix de me sentir moi-même

En cette nuit de réveillon,
J'ai opté pour la solitude.
M'humilie ma décrépitude.
La ressens hors de ma maison.


À vingt ans, me combla de joie
Une phrase que ma mémoire,
Qui garde intacte mon histoire,
Peut prononcer à haute voix.


En mes instants de nostalgie,
Si mon âme se sent chagrine,
Elle intervient, se fait câline,
M'immerge dans la poésie.


Ce soir j'ai dîné détendue.
Dans le silence et la tendresse,
Me vint un souffle de jeunesse
Puis la voix longtemps restée tue.


24 décembre 2017

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