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Mes aquarelles numériques

Bonsoir,

Ce soir je vais vous présenter mon autre spécialité artistique que je pratique depuis quelques années, c'est l'aquarelle numérique.

Plusieurs personnes au début croyait que mon travail numérique n'est qu'un simple banal clic sur un bouton d'un logiciel qui s'occupe automatiquement de "reproduire" numériquement une photo en une planche artistique! Certains essaient de minimiser mon effort artistique en essayant de retirer les traits distinctifs de mon travail final.

Je vais essayer de noter succinctement les différences entre chaque procédé... à chacun son avantage et son inconvénient!

L'avantage d'une vraie aquarelle est incontestablement son authenticité et sa valeur artistique et marchande... s'ajoute à cela le non besoin d'imprimante pour la reproduction ... la personnalisation de l’œuvre difficile à copier par un non artiste. seules des connaissances en art plastique suffisent pas besoin de connaissance en informatique.

Par contre pour les inconvénients..il faut un grand savoir-faire et un matériel artistique ( matériaux, gouache, pastilles d'aquarelle ou encre pinceaux, adhésifs, eau voir un séchoir) et surtout ne pas commettre de flagrantes erreurs car le retour en arrière est difficile voir parfois impossible...

Pour l'aquarelle numérique, l'avantage majeur est la correction d'erreurs et le retour en arrière en cas d'une fausse manipulation, un autre avantage de taille et l'aisance de la manipulation graphique en prenant par exemple des morceaux de différentes œuvres et les agencer pour en créer une nouvelle planche sans trop travailler...

Par contre pour réaliser une œuvre numérique digne d'un artiste, il faut avoir à la fois un savoir-faire artistique et un savoir-faire informatique et surtout avoir de bon logiciels qui aident à la création...

Voilà Grosso-modo ce que je voulais dire sur ce sujet de comparaison.

Voici par ailleurs quelques exemples... Je prie les spécialistes de l'aquarelle véridique de me donner leurs avis. avec un grand merci.

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Murmures de poésie

 

                                                                        À Emie Magne

 

C'est votre anniversaire, Émie.

Un messager me le rappelle.

Ma mémoire était infidèle,

Vous étiez sortie de ma vie.

 

Je me souviens d'autres printemps,

De l'amitié nous rendant proches.

Nous vidions nos coeurs comme poches.

 Nos espoirs s'envolaient au vent.

 

Vous me disiez tous vos efforts

Pour entretenir la tendresse.

Généreuse de vos caresses,

Demeurant travailleuse alors.

 

Que ce jour vous soit doux, amie.

Ceux qui le suivront, tout autant,

 Vous ramenant des joies d'antan,

Qu'illuminait la poésie.

 

10 avril 2016

 

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Voyages

Il fut un temps où l'on avait le temps,
Les bateaux mettaient un an,
Pour d'une terre à l'autre l'aborder,
Portant épices, trésors et courriers.

La lenteur de ces parcours traversant murs et continents,
Affrétaient des équipages multiples d'hommes vaillants,
Les dames, elles, reprisaient, cousaient, tricotaient,
Dans la paix de l'attente qui alors se faisait.

Les horloges étaient celles du soleil et de la lune,
Les heures étaient des ans sans urgence aucune,
Mais cette patience n'était pas faite pour durer,
Et c'était plus vite qu'il fallait naviguer.

Ainsi les hommes ont quitté leurs quartiers,
Vers la ville s'en sont allés s'émerveiller,
Les dames ont laissé canevas et cheminées,
Ont revêtu armures de chevaliers.

Tout alla très vite car rien ne suffisait,
Chacun voulut de sa vie une aventure réussie,
Faite de voyages, de rencontres inopinées,
Traverser la terre d'Amériques en Russies,
Connaître les coutumes de l'Australie
Toutes celles étant absolument infinies.

Et ce" grouilli-grouilla " fit de la terre une mare,
Ou chacun voulut trouver un canard,
Qui lui ressemblât, nageant comme lui,
Sans voir ses plumes aux éclats plutôt pâlis !

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Dans l'atelier du poète


Jaccottet se promène au lieu-dit l’Etang. D’ordinaire, il y fait très sec ; seuls un ou deux saules, quelques roseaux y survivent, opiniâtres, en mémoire de l’eau. Cette année-là, pourtant de longues pluies, en peu de jours, ont refait un étang. Le poète est tout surpris de découvrir là cette surface d’eau que le vend ride et sur l’autre rive, au pied d’une barrière de roseaux, une ligne blanche, l’écume en quoi se change, s’épanouit l’eau contre ...un obstacle.
Cette émotion, cet ébranlement sont le signe d’une « autre inscription fugitive sur la page de la terre » qu’il faut saisir. Jaccottet s’y essaye, nous entraîne à sa suite : il tâtonne, trébuche, accueillant les images, pour les écarter ensuite, cherchant à dépouiller le signe de tout ce qui ne serait pas rigoureusement intérieur ».
De ce beau texte qui nous ouvre l’atelier du poète, monte une question : qu’est-ce que la poésie ? A quelle opération sacrée se livre donc le poète ?
Comme l’explique Claudel, notre esprit produit par éclair et secousses, une masse disjointe d’idées, d’images, de souvenir : c’est là que gît la matière première du poème : « le vers essentiel et primordial, l’élément premier du langage, antérieur aux mots eux-mêmes : une idée séparée par du blanc. Avant le mot, une certaine intensité, qualité et proportion de tension spirituelle ». Chacun abrite en soi ce précieux gisement mais seul le poète a le secret de ce suspens du temps lorsqu’ au hasard de ses pas, surgit « la sollicitation d’une forme ».
Cette forme qui, peut-être, est de la vie spiritualisée : celle que traque un compositeur comme Webern dont Boulez rapporte qu’il vouait une véritable profession de foi envers l’ouvrage botanique de Goethe « La métamorphose des plantes ». Il estimait que rien mieux que les plantes et les arbres n’illustre cette loi : « vivre, c’est défendre une forme ». Chez Webern, cette forme se dégage en une musique dépouillée de toute image ou séduction mais riche de prolongements infinis. Une démarche qui rejoint chez Jaccottet, « ce rêve d’écrire un poème qui serait aussi cristallin et aussi vivant qu’une œuvre musicale, enchantement pur, mais non froid ». Une poésie musicale faite d’harmoniques et d’accords de timbre qui dessine toute en modulations, sa vision du monde.

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Mystères de la Femme

Aborder l’univers de la Femme, c’est aborder l’océan

La surface apparente cache bien des mystères que l’imaginaire

Viendra peupler d’innombrables secrets.

Je vous invite à découvrir les « mystère de femmes »

Aujourd’hui, « le secret » ¼ huile sur toile 73/60

amicalement

Ben-Kâ

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L'amour du beau langage

Soliloque

S'il n'y avait en moi l'amour du beau langage,
Je vivrais mes émois sans les traduire en mots.
Je reçus cet amour en superbe héritage,
Ma mère récitait des poèmes très beaux.

Je demeure attendrie par l'indicible grâce
et fascinée souvent par l'étrange énergie
Que libère une voix répandant dans l'espace
Le merveilleux lové dans une poésie.

Tout art est accessible à ceux qui s'y appliquent.
Ils sont souvent doués d'un aimable talent.
Or parmi ceux qui créent, peu nous semblent uniques.
Le furent autrefois des poètes brillants.

D'où venait le génie des rêveurs en errance
Dont les murmures emportent en un sublime ailleurs?
Leur parler nous révèle une riche élégance,
Émerveille et souvent provoque du bonheur.

De nos jours le poète exerce un art mineur,
Ne peut s'évaluer à défaut de critères.
Avec un doux plaisir, il capte les honneurs.
Sa confiance en lui bien rarement s'altère.

8 avril 2016

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Les méduses qui médusent me disent
Le mystère de la photographie ou la photographie du mystère

Mes clichés paraissent pris tantôt dans le cosmos, dans un univers lointain, à des années lumière de chez nous, tantôt dans les abysses dans un océan à des kilomètres dans les abîmes... voir même des abysses cosmiques dans des océans intergalactiques, tantôt dans le néant, ou dans l'imaginaire du spectateur or toutes mes photos sont prises au même endroit, dans le même espace avec les mêmes outils utilisés et les mêmes sujets photographiés.... Mystère!
Mon sujet principal, le héros de mes clichés est la méduse! Cet être marin terrestre qui devient un être mutant universel extraterrestre! Une véritable mutation se manifeste instantanément dans l'espace et dans le temps!... Mystère!

Toutes mes photos sont prises au format RAW/NEF puis développées numériquement mais son retouche ni manipulations logicielles... ce ne sont pas également des travaux numériques crées avec des logiciels 2D ou 3D.

Je vous propose quelques clichés pris selon mon concept espérant votre réaction pour critiquer, questionner, suggérer etc...

Merci beaucoup

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SAISONS...

 Un rien mièvre...

Inconsistant!

Perclus de fièvre

Bouquet de printemps!

Beaucoup trop chaud

Le creux de l'été

Dans ciel au beau

Si vite fané!

Puis, les couleurs...

Qui pleurent et chantent...

Automne au cœur

Nul doute, il chante!

L'hiver s'enroule

Faut s'en repaitre...

Se mettre en boule

Demain renaître?

J.G.

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financement participatif

à tous,  amitié depuis la Bretagne pour ceux qui la connaissent et les autres aussi bien sûr.....et la demande de participation qui suit pour un spectacle en France comme les précédents, mais qui sait....?

"
Chers tous,
Un petit mot pour vous présenter Sol, quelque part sur la route entre Paris et la lune, le nouveau spectacle musical de la compagnie traintamarre de 7h10 que je mets en scène avec bonheur depuis plusieurs mois. Ce voyage en mots et en notes sera créé au Théâtre de la Bourse de Travail lors du festival off d'Avignon du 7 au 30 juillet prochain.

Afin de pouvoir en finaliser la production (notamment la réalisation des décors, costumes et supports de communication), nous avons mis en place un projet de financement participatif sur le site Kiss Kiss Bank Bank. Il est accessible par le lien suivant, qui vous permettra de découvrir ce nouveau spectacle : http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/sol-quelque-part-sur-la-route-entre-paris-et-la-lune

Si vous connaissez des personnes susceptibles d'être intéressées par ce projet, n'hésitez pas à leur faire suivre l'information. Je vous dis par avance un immense merci... et surtout à très bientôt! :-)

Bisous

Agnès......................

"

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Une sage résolution

Soliloque

Il a neigé durant la nuit,
Abondamment devant ma porte.
Certes cela bien peu m'importe
Mais aux oiseaux peut-être nuit.

L'indécision me tient passive.
Je croyais avoir décidé.
La raison m'a toujours aidée,
Me rendant calme et objective.

Quand suis tentée par un défi,
Je fais le tour de mes ressources.
Je reviens près d'anciennes sources.
Certaines me semblent taries.

Je m'épargne les gros efforts
Or bien des grâces se méritent.
L'une persistante m'invite.
De l'ignorer n'aurais pas tort.

Attendu qu'il est illusoire
Que mon travail soit fructueux
Et qu'il puisse combler mes voeux,

N'éditerai pas mon histoire.

Elle perdure à cappella,
Emplie de parfums de Provence,
De gaies fontaines de jouvence,
De chants venus de l'au-delà.

7 avril 2016

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Il neige encore sur le printemps

 

Il a neigé éperdument.

                                                              Des flocons tombent en caresses,

Une avalanche de tendresse.

Il neige encore allègrement.

 

Des flocons tombent en caresses,

En baisers blancs, suavement.

Il neige encore allègrement.

Le printemps blanchit sans tristesse.

 

En baisers blancs, suavement,

Des papillons volent sans cesse.

Le printemps blanchit sans tristesse.

La vie y bat frileusement.

 

Des papillons volent sans cesse,

Dans l'éphémère dépouillement.

La vie y bat frileusement

Se réchauffera dans l'ivresse.

 

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administrateur partenariats

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Aquarelle de Jean-Daniel Perrin

Plénitude

Quand à cet instant de grâce au petit matin,

Que chaque senteur me pénètre jusqu'au cœur,

Que l'angélus se noie dans le chants des oiseaux,

A la fontaine, d'où jaillit si pure l'eau,

Je me suis assise et en moi chante le chœur

Du monde, de la joie sous ce soleil câlin.

Sur le campus, d'où s'envolent les palombes,

Sereine, je m'ouvre à cette plénitude

Que ni rien ni personne ne saurait troubler.

La vie palpite et semble en moi se dédoubler,

Hier, demain? C'est ici... la certitude!

La paix sous le roucoulement des colombes.

Jdl

04/03/2016

Un partenariat

Arts 12272797098?profile=originalLettres

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administrateur littératures

12273165693?profile=originalhttp://www.edilivre.com/raconte-moi-mozart-1e74d412a7.html

  Alpes-de-Haute-Provence, printemps 2012, à l'approche de Pâques. Au terme de sa vie, Oscar, personnage grincheux, critique, détesté de tous, n'a certainement pas besoin de faire le point: le monde, c'est lui! Il n'a que faire des autres. Mais un petit événement, bien singulier, le chamboule soudain: elle est blonde, se prénomme Juliette, n'a que sept ans, tout l'avenir devant elle. Pourrait-il à 75 ans subitement s'ouvrir? Changer du tout au tout? Une chance sur un million...

  Cinquième roman de Thierry-Marie Delaunois, "Raconte-moi Mozart..." nous entraîne sur les rives de la Durance, où s'éveillent soudain les consciences face à un grave danger menaçant la région entière: un fragment d'astéroïde fou fonce droit sur la terre... Oscar et Juliette échapperont-ils à l'apocalypse?

  Né en 1959, Thierry-Marie Delaunois est à présent l'auteur de cinq romans et d'un recueil de textes (nouvelles et poésies) intitulé "Au fil d'Isis". Egalement chroniqueur, il publie ses ressentis sur ses lectures sur son site web, là où on peut aussi découvrir de courts textes toujours inédits.

  Un extrait de "Raconte-moi Mozart..."? Accrochez-vous:

  "Le monde dans lequel il évoluait? D'une absurdité sans pareille selon lui, quasi un cas de jurisprudence et encore! D'une complexité de lois et de sentiments dépassant l'entendement, un véritable enfer! Surtout frayer le moins possible avec le peuple, un peuple impossible à décoder, à comprendre. En ce qui le concernait heureusement tout était clair, la paroi de sa bulle solide. Du plexiglas.

  Se protéger, coûte que coûte, n'avoir que des relations utiles, ne jamais s'impliquer, éviter le plus possible les gens, petits et grands, employés comme ouvriers, tel était le credo d'Oscar soixante-quinze balais né un 11 septembre. Fameuse date mais fallait-il le mentionner?

  Les femmes? Toutes des éléments décoratifs - ou presque-, d'une ineptie illimitée, au verbiage incessant. Il en avait connu une, une seule, cela lui avait suffi. Pour la vie! Bien sûr, elles étaient nécessaires à la reproduction de l'espèce humaine. Sans elles, pas de génération future, il devait donc réfréner ses élans, ne pas exprimer son quasi dégoût de l'autre sexe. Toutes les mêmes à travers les siècles! Il avait fait le tour d'une seule, rapidement compris son intérêt à toutes. Lui se faire harponner? Jamais! Autant se cloîtrer, fermer à clé la porte de sa bulle. Elle était belle, l'humanité, bien souvent un bûcher de vanités..."

  NB: Mais rassurez-vous, chers lecteurs, Oscar changera au contact de Juliette...

Raconte-moi Mozart..., Thierry-Marie Delaunois, Edilivre Aparis, novembre 2013, livre papier et format numérique.

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Hommage JGobert

Errante, le regard vide, les mains dans les poches depuis ce jour maudit, je parcours seule les rues bruyantes de la ville à la recherche de ce qu’était ma vie. Celle-là même qui était nôtre depuis tout ce temps. Les trottoirs pavés de bonnes ou de mauvaises intentions n’ont plus de mystère pour moi. Dans cette course insensée, l’automate que je suis, marche des heures sous cette pluie froide qui lave les larmes de mon visage et les images de mon passé.
J’essaie de comprendre.
Le silence a envahi mon existence et rendu sourd les bruits de mon cœur. Telle une nature envahissante, elle s’infiltre partout me laissant dépourvue de toi et de ton amour. Ce besoin de t’entendre, de te savoir là me manque.
Je dois accepter ton absence.
La vie se poursuit dehors. D’autres bruits douloureux transforment les tiens. Ils me font sursauter quand mon cœur ou mon âme s’emballent et me laissent supposer que tu es revenu, que tu vas apparaître derrière cette porte le sourire aux lèvres.  Je cherche des mots faciles pour me souvenir de toi, de ce qui fut nous. Cette histoire qu’ensemble, nous avons écrite pour les jours de printemps, d'été, d’automne et qui s’en est allée un jour d’hiver.
La vie reprend, difficile et troublée d’images irréelles. Le soleil timide montre parfois le bout de son nez et me jette encore dans les larmes comme dans une pluie de grisaille. Le silence est avec moi, bouleversant le sens de ma vie.
Un silence lourd que je porte seule, tristement depuis ton départ et que je n’arrive toujours pas à partager.
Mes rêves sont emplis de toi, riant et chantant dans une douce chaleur. Nos derniers moments innocents et ignorants du mal qui se préparait, ont été notre ultime bonheur. Des images de toi à jamais gravées dans mon âme. J’ai poussé aussi les murs de mon cœur pour y mettre nos secrets.
Dehors, non loin d’ici, dans cette ville accueillante, dans ce vaste endroit éclairé, le destin a choisi et frappé. Aveugle, cruel, dans un bruit de verre et d’enfer, le silence est tombé et a tué ce qu’était ma vie.
Reste cet amour intact qui un jour deviendra espérance.
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ENTRE SURREALISME ET METAPHYSIQUE : L’ŒUVRE DE GHISLAINE LECHAT

Du 31 – 03 au 24 – 04 - 16, l’ESPACE ART GALLERY a le plaisir de vous proposer une exposition intitulée ETERNITY-SERENITY, consacrée à l’œuvre de l’artiste française, Madame GHISLAINE LECHAT.

Entre équilibre et déséquilibre discursif, GHISLAINE LECHAT associe symbolique chrétienne, surréalisme et métaphysique à l’intérieur d’une même interprétation plastique.

Qu’entendons-nous par « équilibre-déséquilibre » ? Il y a dans le langage de l’artiste un point de non retour entre rationalité et irrationalité, exprimé de façon savante, en associant plusieurs écritures à l’intérieur d’un même style.

L’artiste connaît sa matière ou plus exactement, l’histoire de cette matière que l’on appelle l’Art.

Dans LA CHUTE DE GABRIEL (150 x 150 cm - acrylique),

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l’image de la rationalité est exprimée dans le thème de l’échiquier que nous retrouvons, comme un leitmotiv, dans l’ensemble de l’œuvre exposée. A cette image s’ajoute celle du cercle (compris dans un autre cercle). Le cercle englobant est de couleur rouge vif, tandis que le cercle englobé est de couleur noir intense. A y regarder de près, il s’agit en réalité, de deux demi-sphères, créant la figure du cercle complet dans l’imaginaire du visiteur. Nous nous trouvons face à une vision chaotique où tout périclite : l’échiquier sur lequel est posé l’ange effectue un mouvement incliné comme pour amorcer une descente aux enfers. L’ange, de conception néo-classique, est appuyé sur un globe terrestre en miniature. Il semble être précipité vers l’abîme par une figure surgissant du cercle noir, dont seulement le bras, issu de l’obscurité, mélange sa blancheur à celle du corps de Gabriel. Pour exprimer cette dialectique basée sur « l’équilibre-déséquilibre », l’artiste a installé un jeu de droites et de diagonales à l’intérieur de l’espace. La droite est assurée par la figure, statique, issue du cercle noir (de laquelle on ne voit que le tronc : le reste du corps est laissé à l’imaginaire du visiteur). Tandis que la diagonale prend forme à la fois dans la posture de l’ange ainsi que dans le mouvement de l’échiquier basculant dans le vide. Quelque part, cette allégorie, issue de l’imaginaire de l’artiste, pourrait s’inscrire aisément dans le prolongement de l’iconographie dantesque, car dans l’esprit, nous ne sommes dimensionnellement pas loin de la vision fantastique d’un William Blake illustrant l’Enfer de la Divine Comédie.

Le geste du  bras tendu de l’ange, l’expression torturée de son visage ainsi que le traitement de sa chevelure viennent tout droit de l’iconographie romantique tributaire du néo-classicisme : on pense à Canova.  S’il y a une expression sur le visage de l’ange, il n’y en a aucune sur celui du personnage issu de l’arrière-plan. S’il est « esprit », la seule « matérialité » révélée au visiteur se concrétise dans la présence lumineuse de son bras, dont la main se pose sur la tête de l’ange.

Concernant le décodage symbolique, le cercle noir englobé dans le rouge, participe d’un langage complexe. Il représente à la fois le temps, le trou noir et la Terre. Dans le cas de la chute de l’ange Gabriel, le globe terrestre miniaturisé repose sur l’échiquier, autrement dit, sur le terrain du rationnel. Mais celui-ci périclite dans l’abîme. Il s’agit du traitement personnel d’un thème biblique. Thème extrêmement surprenant, puisque s’il s’agit d’envisager une possible chute, celle de Lucifer sublimant sa beauté face à celle de Dieu, semblerait, à priori, plus adéquat. Mais c’est ici qu’intervient le ressenti de l’artiste. Si dans le récit vétérotestamentaire, Lucifer plonge des cieux jusqu’à l’abîme, Gabriel, lui, est chassé par l’artiste de cet amalgame symbolique, à la fois temps, trou noir et Terre, pour disparaître dans le même abîme. Cet ange est déjà plus « homme » que créature céleste par l’expression de sa peur. Observez la façon dont il prend appui de sa main gauche sur le globe terrestre en réduction. Le geste de la main droite signifie non seulement la peur de la chute mais peut-être aussi le refus de sa propre image. Car il y a un rapport symbolique entre la posture de la main droite du refus et celle de la gauche agrippée au globe terrestre, en équilibre entre la déchéance de l’ange humanisé et celle du Monde courant à sa perte. Remarquez également le traitement du bras de la créature qui le pousse. Du noir le plus intense, il passe au blanc le plus diaphane, comme pour signifier tant à l’ange qu’au visiteur que la déchéance devient l’essence même de leur identité commune. Notons la grande beauté virile dans le rendu du corps de l’ange Gabriel : une ligne droite associe le torse (de trois-quarts) à la créature maléfique. Tandis qu’à partir du bassin, les jambes prennent une position oblique. Les pieds posés sur l’échiquier, en déséquilibre, signent la diagonale annonçant la tragédie.

LE QUATRIEME JOUR (150 x 150 cm - acrylique)

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participe d’un autre thème d’inspiration biblique traité à partir d’un ressenti personnel.

Il s’agit de l’image du Christ méditatif, penché sur le Monde et s’interrogeant sur le futur de celui-ci. Cette œuvre est un mélange de symbolisme et de surréalisme, c'est-à-dire de rationnel et d’irrationnel. Le côté rationnel est représenté par l’image du sol en damier (rappelant l’échiquier) ainsi que par le rôle tenu par l’architecture : six colonnes (trois à droite, trois à gauche) partant des bords de la toile assurent deux lignes droites jusqu’à la limite de l’arrière-plan. Les quatre dernières colonnes portent une coupole en haut de laquelle une petite ouverture inonde de lumière le personnage du Christ. La coupole est en réalité une stylisation héritée de l’architecture gothique avec une ordonnance ramassée soulignée par de petits arcs traversant la croisée des voûtes.

Le côté irrationnel est représenté par l’élément surréaliste symbolisé par la mer dont l’eau déferle jusque vers la moitié de l’espace scénique. L’eau est un symbole de pureté (l’eau baptismale) lequel renoue avec une spiritualité ante chrétienne de conception classique et proche-orientale. N’échappant pas à l’iconographie néo platonicienne, le Christ (vêtu de blanc – autre symbole de pureté) devient ici un philosophe. Mais il s’agit d’un philosophe qui n’enseigne plus comme dans l’iconographie paléo chrétienne. De même que sa personne n’est plus associée à celle du « Pantocrator » de l’Orient chrétien présidant le Jugement Dernier et qui de son air sévère demande des comptes à l’humanité. Il s’agit d’un Christ méditatif qui par son questionnement sur la portée de son sacrifice exercerait son esprit critique. Un jeu savant de perspective introduit deux trouées lumineuses (une à droite, l’autre à gauche), au fond desquelles se dessine une issue, donnant au visiteur le sentiment d’avoir deux tableaux par démultiplication de l’image. Quelle voie choisir ? se demandera le visiteur. Celle de gauche, présentant un escalier ascendant, offre une grande trouée lumineuse. Celle de droite se réduit à une fente de laquelle s’échappe de la lumière. Laquelle choisir pour accéder à la béatitude ? Celle de gauche avec sa grande trouée lumineuse est bien tentante. Quoique, sans vouloir être gidien  à outrance, celle de droite est….étroite !  De chaque côté de la composition pendent deux encensoirs, statiques, pour stabiliser l’espace.

VENUS TEMPTATOR (150 x 150 cm - acrylique)

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est une vue de dos de la Vénus de Milo à qui l’artiste a donné un buste dénudé recouvert au niveau du coccyx par une tunique descendant jusqu’aux pieds.

Cette Vénus, dont le titre indique qu’il s’agit d’une tentatrice, campée au centre du tableau, est associée à celle de Botticelli (emprisonnée à l’intérieur d’un cadre faisant office de fenêtre, derrière qui se profile un personnage inconnu, stylistiquement fort proche de la figure située derrière l’ange Gabriel). Il s’agit de la confrontation de deux nudités procédant de la même mythologie. Dans cette œuvre très métaphysique, la symbolique des couleurs est primordiale : le blanc est associé à la peau laiteuse des deux Vénus dont la destination psychologique est tout aussi symbolique : celle campée au centre de la toile est statufiée, l’autre, à l’intérieur du tableau est portraiturée. La tentation procède de la sensualité dégagée par les œuvres. La Vénus inspirée de Botticelli, présentée au bord du tableau-fenêtre est portraiturée sans son coquillage sur un parterre en forme d’échiquier. Il s’agit d’une vision calme et heureuse de la féminité. La sensualité de la Vénus statufiée est concentrée sur les plis nerveux de sa tunique. Une fois encore, rationalité et irrationalité s’affrontent, si l’on compare les plis fébriles presque chaotiques de son vêtement avec ceux extrêmement bien ordonnés de la tunique du Christ du QUATRIEME JOUR (mentionné plus haut), conçus en forme de « M » (c'est-à-dire dans une géométrie s’appuyant sur l’image philosophique de la raison). L’élément surréaliste s’exprime dans la présence de la mer, sur la gauche de la composition ainsi que dans la conception de la lumière, conçue dans un chromatisme associant le bleu, le vert et le jaune clairs. La dimension métaphysique résulte de la conception de l’architecture, unissant colonnes antiques sur la gauche de la toile avec à l’opposé, un mur avec en hauteur sur quatorze dalles tout un panel de hiéroglyphes égyptiens accentuant l’élément mystique. La Vénus statufiée, au pinacle de sa sensualité fébrile, évolue sur l’échiquier de la rationalité. Non loin d’elle, au premier plan, le globe  miniaturisé, comme pour rappeler son essence terrestre associé à son humaine vulnérabilité. Elle semble se diriger vers une arcade surmontée par un arc en plein cintre donnant sur un fond noir. Est-ce la porte donnant sur le vide ? Est-ce la peur de l’inconnu qui se niche en nous ? Le visiteur donnera sa propre réponse.

GHISLAINE LECHAT est une autodidacte. Oui…oui, vous avez bien lu : autodidacte ! Elle peint depuis des années en répondant à l’idée de ce qu’elle perçoit. Dans son œuvre, le temps en suspension, est sublimé dans un univers où le symbole se marie aux écritures surréaliste et métaphysique. Elle affectionne particulièrement l’acrylique et l’huile. Les personnages qu’elle peint appartiennent à une mythologie bien souvent explorée par l’histoire de l’Art.

A titre d’exemple, le personnage ailé, que ce soit l’ange sous la forme de Lucifer ou d’Icare, se brûle au feu de ses propres limites. L’artiste confère au Sacré de nouveaux territoires balisés sur le terrain fertile de sa propre humanité.

François L. Speranza.

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Une publication
Arts
 
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Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

A voir:

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza


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Ghislaine Lechat et François Speranza:  interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles

(30 mars 2016 - Photo Robert Paul)

                                      

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Exposition Ghislaine Lechat à l'Espace Art Gallery en mars-avril 2016 - Photo Espace Art Gallery

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"...écrasés sous pneu de jaguar"

Vient de paraître :

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… écrasés sous pneu de jaguar

poésie
par Barbara Y. FLAMAND

ISBN 978-2-930738-30-7 * 130 pages * 12,00€
format 12,5 x 20,5 cm

LE RECUEIL :

Une ligne de force traverse le recueil : le refus d’une réalité dominée par un individualisme étroit et égoïste, par un Pouvoir asservi à l’argent générant d’intolérables injustices. Dans « Le retour » poème dramatique qui clôt le recueil, le personnage incarne ce projet ; reprenant le flambeau des générations antérieures,  il prend place dans l’Histoire et donne sens à sa vie.
En 1968, date de (première) publication du recueil, B.Y.F s’indignait déjà contre une société qui glissait  dans l’oubli du passé, se complaisait dans le « vivre immédiat » et le « chacun pour soi », ferments d’une déshumanisation qui allait écarter de la conscience la question existentielle.

« …écrasés  sous pneu de jaguar »  rend hommage à des personnages dont la vie privée et politique n’a de valeur que dans la quête du sens, dans la volonté d’atteindre sa réalisation qui élève la collectivité et consacre l’accomplissement individuel. Ce premier titre suggérant l’insolente richesse et la violence qu’elle engendre était annonciateur, Les œuvres postérieures allaient révéler la lucidité  de la poétesse et sa force de frappe dans les accusations.
Toutefois, ce recueil, comme les suivants, prend en compte  la dimension intime de notre être, son importance charnelle et sa portée érotique, parfois, audacieusement pour l’époque.
Extrait de l'Avant-propos de Jana Cerna, éditrice du recueil traduit en tchèque
L'auteur : Barbara Y. Flamand

Auteure de 13 recueils de poèmes, de deux recueils de nouvelles, de deux essais, et de pièces de théâtre, Barbara Y. Flamand est une auteure prolifique.
La majorité de ses œuvres présentent un dénominateur commun : une critique souvent virulente de notre monde dans ses dimensions sociale, économique et politique. Notre condition humaine, en étroite relation avec l’Histoire, en dépendance même, soutient une œuvre dont la portée politique s’associe à l’éthique. Mais dans ce parcours de l’Histoire, prend place notre vie personnelle, de la naissance à la mort : les êtres, les bêtes, la nature, la vie… L’écriture s’adapte au sujet traité : lyrique, réaliste, satirique, caustique, ou encore, livrant la tendresse de l’auteure. Barbara n’a-t-elle pas révélé dans un de ses poèmes : « J’ai écrit parce que j’aime. » ?

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Dans son emploi usuel, et qu'il soit nom générique ou adjectif, le mot «scolastique» fait naître l'idée de répétition ou commentaire du déjà-dit, de subtilité pédantesque, par opposition à l'originalité, à l'esprit de découverte par enquête sur les choses mêmes. Cette acception résume une part des critiques dirigées, depuis la Renaissance, contre le régime de pensée et d'enseignement qui caractérise le Moyen Âge à partir du XIIIe siècle, principalement en théologie, et que désigne le mot «scolastique» en son sens spécifique, le seul qu'on retiendra ici. On a ainsi affaire à un fait culturel bien déterminé, dont il ne faut qu'analyser la nature et les conditions historiques. L'apparition de la scolastique correspond à une situation et à des sollicitations précises: aussi cette forme mentale parvient, dès la seconde moitié du XIIIe siècle, à un équilibre, une sorte de classicisme, qui évoluera vite. La scolastique poursuivra son histoire avec un contenu modifié et selon une autre allure, mais en conservant les mêmes formes. Ainsi l'on peut dire que, dans le courant toujours tourmenté de la pensée médiévale, le XIIIe siècle marque une inflexion sensible, même s'il est assez facile de relever, dans les siècles qui l'ont précédé, des éléments et des résultats qu'il a repris à son compte. C'est pourquoi la description qui suit a deux pôles: la structure originelle de la scolastique et la critique qu'en ont faite Érasme et Luther; on tiendra ainsi les deux maillons extrêmes d'une chaîne historique.

 

Formes, textes et méthodes

 

L'analyse de la scolastique et de son esprit peut partir très simplement de l'examen des formes (littéraires et intellectuelles) qui lui sont propres. Ces formes sont signalées par des titres qui reviennent continuellement dans les catalogues des oeuvres scolastiques: commentaires, questions disputées, questions quodlibétales, sommes. Toutes ont un soubassement et une intention didactiques (scola veut dire «école»). Les commentaires sont destinés à faire comprendre des oeuvres (de nature religieuse, philosophique, scientifique) considérées comme fondamentales; les questions résolvent, selon un schéma rigoureusement réglé, des problèmes de théologie ou de philosophie; une somme est le résumé systématique d'un ensemble doctrinal, résumé qui peut être fort long. La composition des ouvrages de ces diverses catégories consiste en l'application de certaines méthodes à un certain ensemble de textes; méthodes et textes qui, avec les formes qu'on a énumérées, constituent le système ou le régime mental caractéristique de la scolastique.

Les élaborations théoriques, au Moyen Âge, ont toujours été construites sur des textes. Ceux sur lesquels les scolastiques fondent principalement leur travail sont d'ordre religieux et d'ordre profane. Les textes d'ordre religieux sont les Écritures (Ancien et Nouveau Testaments), en leur traduction latine; les expressions de l'enseignement officiel de l'Église, notamment les décisions conciliaires; les écrits des «saints», tels Augustin, Hilaire, Grégoire le Grand, et aussi les traités attribués à un certain Denys l'Aréopagite, qui aurait été converti par saint Paul et en serait devenu le confident (en fait, ce bref corpus a été composé vers 510 par un néo-platonicien chrétien encore non identifié), enfin et surtout les quatre Livres des sentences (Libri sententiarum), où Pierre Lombard (le «Maître des sentences», ancien élève d'Abélard) avait rangé, vers 1150, l'ensemble des données et des problèmes de la foi chrétienne tels qu'ils avaient été déterminés, discutés, compris, par les principaux penseurs de l'Église. Le choix des Sentences comme livre de base de l'enseignement théologique est un des traits de la scolastique. Les textes d'ordre profane sont essentiellement, pour la philosophie, les oeuvres d' Aristote, qui pour la plupart n'étaient traduites en latin que depuis peu (seconde moitié du XIIe s.); il faut y joindre quelques disciples et commentateurs du philosophe grec, principalement les philosophes musulmans Avicenne (Ibn Sina) et Averroès (Ibn Rusd). Dans ces deux ensembles d'écrits viennent au premier plan ceux qui sont objets de commentaire: l'Écriture (sacra pagina), Denys, les Sentences, Aristote; les autres, qui servent à comprendre et développer l'enseignement contenu dans les premiers, sont moins décisifs, mais ont pourtant une grande importance: ils sont eux aussi, à des degrés divers, des autorités (auctoritates); ils ajoutent leur poids à celui d'un raisonnement, et d'abord mettent sur la voie de sa vérité.

Les méthodes dont les écrits scolastiques recueillent les résultats et reflètent l'exercice effectif sont avant tout la lectio d'une part, la quaestio et la disputatio de l'autre. La lectio consiste à expliquer les textes fondamentaux de l'enseignement (par exemple, outre ceux cités plus haut, les Institutions de Priscien pour la grammaire, l' Arithmétique de Boèce); le texte est divisé en ses diverses parties, puis commenté dans le détail; enfin les problèmes qu'il pose sont examinés. La quaestio et la disputatio tiennent à ce que les difficultés des textes «lus», la diversité des solutions qui en ont été proposées font naître des questions, problèmes qui se détachent et demandent un traitement spécial. La quaestio apparaît dès le début du XIIe siècle; au XIIIe, la technique en est parfaitement mise au point. Sous sa forme la plus précise et la plus claire, une question comprend: l'énoncé d'un problème (Utrum...?: est-ce que...?); la production d' auctoritates qui inclinent à conclure en un sens, puis de celles qui inclinent à conclure dans un autre; la solution du problème; la réponse aux arguments qui allaient dans le sens qu'on a refusé -c'est-à-dire, plus volontiers que la réfutation des «autorités», leur mise en place, moyennant les précisions et les distinctions convenables, dans le cadre de la solution fournie (pour illustrer ce schéma, voir les questions qui constituent la Somme de théologie de Thomas d'Aquin, par exemple). Ce procédé s'impose au commentaire lui-même, tant en théologie (commentaires des Sentences) qu'en d'autres matières (on a par exemple des Questions sur Priscien); cette façon de repenser le sujet peut conduire à modifier l'économie du texte de base. Incluse dans l'enseignement, la quaestio est le fait du maître seul; quand y sont mêlés d'autres acteurs, elle prend la forme active de la disputatio, soumise à des règlements universitaires précis (les questions disputées se développent dans l'école du maître, avec la participation de ses étudiants et bacheliers; pour les questions quodlibétales, la participation est élargie et le choix des thèmes discutés laissé aux assistants).

 

Conditions historiques

 

Lectio, quaestio et disputatio impliquent un développement des «arts» du langage (notamment la grammaire et la dialectique, pour l'analyse des textes et l'examen réglé des difficultés), qui commença dès le début du XIIe siècle (avec Abélard en particulier). C'est au même siècle, on l'a vu, que Pierre Lombard a proposé une mise en ordre des problèmes théologiques qui a prévalu, et qu'Aristote a été traduit en latin: telles sont les principales conditions intellectuelles de la scolastique. Mais elle suppose aussi des conditions institutionnelles et historiques. On a fait allusion à la hiérarchie du personnel des universités: étudiants, bacheliers, maîtres. L'institution universitaire est un fait du XIIIe siècle; fait urbain, de même que le développement, aux XIe et XIIe siècles, des écoles cathédrales, était une conséquence du développement des villes. L'Université confère le droit d'enseigner (licentia docendi). Elle regroupe des facultés spécialisées: faculté de théologie; faculté des arts, où l'on enseigne les sciences profanes autres que celles réservées aux deux dernières: facultés de droit et de médecine; il faut être licencié ès arts pour pouvoir préparer la licence en théologie. L'Université est donc le lieu où travaille et se reconstitue par apports successifs une couche sociale déterminée: un corps professoral spécialisé (dont la formation s'amorce, elle aussi, au XIIe s.); ainsi la scolastique est un produit universitaire, au sens institutionnel et social à la fois. Or, il faut noter la présence, dans ce corps professoral, d'une catégorie dont l'importance croît rapidement, à partir de 1230 environ, celle des religieux mendiants: frères mineurs (Franciscains) et frères prêcheurs (Dominicains). Ces deux ordres, dont la fondation date du début du XIIIe siècle, ne relèvent pas des autorités ecclésiastiques locales, mais directement de la papauté, et leurs membres passent d'une université à une autre sans considération de frontières. D'autre part, le droit de regard de l'évêque sur l'université de sa ville va décroissant; elle a également des franchises qui la mettent partiellement hors du contrôle des autorités civiles. Ainsi les universités ont une place à part dans les institutions: du fait de leur statut et de leur personnel, elles sont au-dessus des particularités locales. Le savoir qu'elles ont pour mission d'élaborer et de transmettre, et qui est précisément le savoir scolastique, exprime en son ordre cette tendance à l'unification doctrinale et juridique, sous l'autorité supérieure du pape, dont le point de départ historique se place vers la fin du XIe siècle (avec Grégoire VII).

Tels sont les principaux points où la scolastique du XIIIe siècle s'enracine dans l'histoire. On vérifie qu'elle est bien une expression de son temps en notant les homologies et les concordances chronologiques, relevées par E. Panofsky, entre elle et l'architecture gothique: l'une et l'autre se forment, parviennent à un équilibre, enfin s'en écartent, à peu près aux mêmes moments; l'une et l'autre manifestent une même «habitude mentale» que caractérisent les principes de «clarification» et de «conciliation des contraires», à l'oeuvre aussi bien dans les cathédrales que dans les sommes.

 

Contenu et périodes

 

Si l'on a pu faire partir des premiers temps du christianisme l'histoire de la méthode scolastique (M. Grabmann), c'est que le programme qu'elle se propose est effectivement très ancien: user de principes et d'instruments rationnels pour mettre en lumière, dans la foi chrétienne, toute l'intelligibilité qu'elle porte en elle, de façon à la faire valoir et à la défendre. Cette tâche suppose une conception précise des rapports entre la foi et la raison: soutien réciproque -selon l'adage augustinien: «Comprends pour croire, crois pour comprendre» -avec priorité de la foi - «Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas» (verset d' Isaïe, 7, 9, tel que le cite saint Augustin); rapport qui s'exprime encore dans le célèbre titre de saint Anselme: La foi en quête d'intelligence (Fides quaerens intellectum). Même la formule bien connue selon laquelle la philosophie est servante de la théologie (philosophia ancilla theologiae) remonte à la patristique grecque et, au-delà, au penseur juif Philon d'Alexandrie. Ces thèmes peuvent bien correspondre à un aspect capital de la scolastique, ils ne suffisent pas à la caractériser, puisqu'ils lui sont antérieurs. Il faut y joindre ce qu'impliquent pour le contenu les formes qu'on a présentées plus haut; la quaestio et la somme, autant que la substitution des Sentences à l'Écriture comme texte théologique fondamental (vers 1230), consomment, cristallisent et codifient ce que le XIIe siècle avait préparé: le passage au premier plan d'une lecture systématique du donné de la foi, par différence avec la lecture historique qu'impose le texte biblique. Dans le même sens, le large usage de la philosophie introduit dans la théologie une tension entre la nature et l'histoire, que les scolastiques éprouvent et tentent de résoudre diversement.

Il serait assez vain de tenter ici une énumération même des principaux scolastiques, car il est impossible de les caractériser suffisamment en quelques mots; sous des dehors uniformes, la scolastique offre une assez grande variété (et, par exemple, l'aristotélisme y prend autant de visages qu'il y a de maîtres à l'utiliser). On peut y distinguer toutefois des époques et des crises, et d'abord une période de formation, à partir de 1230 environ, dont les principaux représentants (Guillaume d'Auvergne, Alexandre de Hales, Jean de La Rochelle) s'efforcent de lier les nouveautés aristotéliciennes et la tradition, augustinienne notamment, sans toujours voir clairement les problèmes que cela suscite. C'est aussi à ce moment qu' Albert le Grand, le véritable introducteur d' Aristote (et qui est loin d'être tout uniment aristotélicien), commence une carrière qui s'étendra sur quarante ans.

Vient ensuite une période où apparaissent les oeuvres «classiques» de Bonaventure et de Thomas d'Aquin, franciscain le premier, le second dominicain, qui meurent l'un et l'autre en 1274. C'est à ce moment, dans les années 1260, qu'éclate la crise «averroïste», qui met en cause la façon de traiter Aristote et peut s'interpréter comme une revendication de la philosophie en vue d'être entièrement autonome dans son ordre, aussi bien que comme un «conflit des facultés» des arts et de théologie. En 1270 et surtout en 1277, des condamnations ecclésiastiques frappent un certain nombre de thèses, aristotéliciennes notamment; un renfort officiel est ainsi apporté aux nombreux théologiens qui admettaient mal la tentative de lier la philosophie grecque (et arabe) à la tradition chrétienne: le principe de la scolastique est donc attaqué à la fois sur la gauche et sur la droite.

Vers la fin du XIIIe siècle, la scolastique change d'allure. Quant au fond, le souci, plus net et plus urgent, de refuser radicalement l'univers nécessaire des Grecs et des Arabes conduit à insister sur la contingence qu'implique la toute-puissance divine; en découle la distinction entre la «puissance divine ordonnée» (potentia Dei ordinata), à laquelle se rattachent les lois de fait de l'univers, et la «puissance absolue» (potentia Dei absoluta), bornée par la seule non-contradiction. Ce concept, mis en avant par Jean Duns Scot (┼ 1308), sera repris par Guillaume d'Ockham (┼ vers 1350), qui s'en servira pour une critique rigoureuse de toute la théologie scolastique antérieure. Un changement s'opère aussi quant à la forme: le goût des développements équilibrés n'est plus ressenti, les commentateurs des Sentences choisissent volontiers quelques questions qu'ils développent au détriment des autres, selon les besoins de leurs problématiques propres. Notons que le schéma politico-religieux selon lequel le monde devrait être soumis à un pape et un empereur est de plus en plus contredit par la réalité (affirmation des États, crise conciliaire); d'autre part, l'esprit de la Renaissance commence à poindre (Pétrarque, ┼ 1374). Les deux derniers siècles du Moyen Âge ne manquent pas de penseurs vigoureux (Maître Eckhart, ┼ 1327; Jean de Ripa, seconde moitié du XIVe s.; Nicolas de Cues, ┼ 1464...); mais la scolastique, en tant que mouvement, n'a plus sa vigueur première.

Au début du XVIe siècle, elle subit les coups de l' humanisme et de la Réforme. Érasme critique son «langage barbare», son ignorance des lettres et des langues, et surtout sa «contamination» par la philosophie païenne: «Quelles relations peut-il y avoir entre le Christ et Aristote?» (lettre à Martin Dorp, 1515). Luther, qui connaissait bien les théologiens nominalistes de la dernière partie du Moyen Âge (notamment Gabriel Biel ┼ 1495), énonce en 1517 une série de thèses contra scholasticam theologiam: «C'est une erreur de dire que sans Aristote on ne devient pas théologien. Bien au contraire, c'est seulement sans Aristote qu'on devient théologien. En bref, tout Aristote est à la théologie ce que les ténèbres sont à la lumière.»

La scolastique survit en quelque manière à ces attaques, notamment avec Cajétan (┼1534), un des principaux adversaires de Luther, et le jésuite Suarez (┼1617), dont l'oeuvre compte. En 1879, l' encyclique Aeternis Patris de Léon XIII sur la philosophie chrétienne et le thomisme suscite l'apparition d'une «néo-scolastique». On ne voit dans tout cela rien qui soit comparable à la seule scolastique à qui l'histoire ait donné son moment légitime: celle du Moyen Âge.


Les littératures

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J'évite, j'en peux rien !

Les sonneries,
Les courriers recommandés,
La sonnette d'entrée,
Les gens qui rient,
Pour rien.

Les bouquets de fleurs,
Les merci,
Les mauvaises humeurs,
Les yeux qui fuient,
Sans fin.

Les malades, les mourants,
Les vieux, les vaincus,
Aussi les gagnants,
Les perdus,
Sans lendemain.

Les tordus,
Les bêtes,
Sans vertus,
Sans têtes,
Si malsains.

Les beaux, les laids,
Les courageux, fainéants,
Qui braient,
Tout le temps,
En vain.

J'aime mon lit,
Qu'on m'sert le pain,
Et pour qu'enfin,
Au ciel si gris,
J'rêve à d'main.

J'évite, j'en peux rien !

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