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Je n'irai à Séville

 

 

Je n'irai à Séville, j'en reviendrais déçue.

La foule rocailleuse m'empierrerait les yeux

Et les sueurs des corps gâteraient mes papilles.

 

Je n'irai à Séville tant ses beautés se paient

En petites coupures sans cesse additionnées

Pour ne se laisser prendre qu'entre deux rangs de corde.

 

Je n'irai à Séville. Les brusques bousculades

Des processions baroques me colleraient au mur

Parmi des ex-voto que je ne pourrais lire.

 

Je la rêve si verte sous les pins parasols

Aux longs sabots vernis de vipérines bleues

Quand tournent ronds, fous de soleil, les tournesols.

 

Je la rêve qui plante ses vignes au compas

Et dans un tablier relevé par les coins

Qui recueille avec soin les fruits du cotonnier.

 

Je m'y rêve croquant la caroube et l'amande,

Prisant le poivre doux des pivoines, des roses,

Du fort buisson de myrte et de l'ail que l'on pile.

 

Je ne veux la Séville des guides touristiques,

Je l'aime cognant dur au coeur, sous sa mantille

Dans mon désir puissant et terrible d'agave.

 

Extrait des Voyages de Papier

 

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A mon neveu

Lettre à mon neveuj

Peut-on demander à ma mémoire de ne pas crier ses souvenirs ?
Voudrait-on, une fois encore, une fois de plus me bâillonner
Au nom du dialogue, de la dignité ? Les actes sourds, lourds et plus ravageurs que jamais hantent nos villes. Le peuple se tait, il sombre dans la morosité. Qui s'occupe de la peur, de notre peur à nous de notre propre fragilité à nous ? Les Pensionnés n'auraient-ils donc plus de choc émotionnel ? Seraient-ils au-delà de toute réaction épidermique ? Qui se soucie de notre état de crainte permanente ? Les Européens fragilisés eux aussi se souviennent, en silence, du Reich, des bombes et de leurs dégâts, ils sont passés par-là, Ils, Eux, Nous nous rappelons
De Gaulle, Pétain, Dantzig. La nomenclature n'est pas exhaustive
Nous pouvons vous raconter, nous aussi l' Histoire, notre histoire individuelle. Il est éclairant à bien des égards de voir combien nous sommes mis sur le côté nous les Européens On parle d'abondance des Palestiniens et des Juifs Et nous ? Nous voyons la peur s'installer jour après jour, dans nos immeubles, notre quartiers qui "craquent " La base » comme on nous désigne en politique La Base donc, a déjà les pieds dans la fange quand bien même elle ne le désire pas mais, c'est bien par "la base" qu'on attaque le Peuple n’importe quel Peuple

Mon cher neveu, mon cher enfant, laisse-moi te raconter
Il était une fois

En 1 9 3 6



Le bruit des bottes s’entend au loin. Mirage pour les uns, spectre pour les autres. Leçon de danse pour tous. C’est la
Polka du pas de l’Oie
Voilà pourquoi tu es parti, mon petit

Je me souviens…

Gide revient de l’URSS et clame sa déception. Malraux, la plume en bataille, lutte pour l’Espagne Frivole… Aragon termine « Les Beaux Quartiers » et Bernanos, ce joyeux… drille s’éclate avec « Le Journal d’un Curé de Campagne » Je n’oublie pas ton écrivain préféré, mon Blondinet,
Saint Exubérer. Cet idéaliste aux yeux étoilés parle d’une "Terre des Hommes ".
Les philosophes et Sartre en particulier tonnent clament, s’élèvent véhémentement. Ils expliquent, contestent, refont le monde qui fuit s’éparpille s’effrite devant eux Monde bulle, monde illusoire ; illusion de monde. Sartre veut le refaire ; tâche éléphantesque. Tu imagines, Blondinet ? Faire, refaire un monde ? Un autre monde dans lequel tu devrais vivre ; dans lequel, toi enfant de ce siècle, devrais pouvoir t’ébattre non te battre
Les philosophes : les gens bien : les bonnes gens désiraient ce monde-là, pour toi. Ils le voulaient à tout prix ; fut- ce au prix de leur vie mais
Le Monde, Blondinet, en effervescence tremble
Le monde littéraire découvre MEIN KAMPF bestseller du moment. Sacré Adolf ! Quel coup de pub ! Disent trop hâtivement les gens tandis que, certaines personnes prennent ce livre au sérieux, très au sérieux même Il y a un malaise derrière ce livre, un " je-ne-sais-quoi " de déroutant qui chamboule, effraie. Mais, le monde inquiet veut croire à la liber té chérie On fait semblant, on vit comme si. Pour se donner belle contenance on fredonne « Froufrou »
Les gens bien vont au café-concert
Les petites gens vont au café bistrot
Les gens bien découvrent Horst le fameux photographe
Les petites gens : Les affiches de propagande et lisent dans le désordre De Gaulle, Pétain,

La peur s’installe. La perplexité du début cède le pas à l’angoisse
L’auteur de « Mien Kampf ; argus de malheur s’agite, vocifère, menace de plus en plus et gueule :
LIBERTE HARMONIE ORDRE
Il rugit. (On en a pour un petit moment) donc, te disais-je, Hitler glapit
« Les Peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes et…c’est
L’ANSCHLUSS
On scande
PEUPLE SOL RACE
Tayaut ! Tayaut ! Tayaut. Tombe la Pologne
Tayaut ! Tayaut ! Tayaut. Tombe Dantzig
Tayaut ! Tayaut ! Tayaut. Tombent La Moravie, la Bohème

Mussolini légifère sur l’antisémitisme. Staline, pour avoir la Paix, signe un pacte de non-agression avec Hitler
Jules ROMAIN supplie « Grâce encore pour la Terre »

L’orage gronde dans les cœurs Des éclairs strient un ciel noir et y écrivent
VENGEANCE !

C’est loin tout ça ! Cela fait beaucoup, beaucoup d’années. Beaucoup, beaucoup de nuits ont passées sur tout ça
Je fais silence, élague ici et là ma mémoire ; essaie d’alléger mon récit mais, comment taire la Rhénanie ? La France et Léon Blum ? L’Espagne ensanglantée ? Pays du soleil, du rire, des chants, des flamencos ; l’Espagne torturée résiste
La Suisse, grelottante de peur, sortie de son rêve intérieur, la Suisse arrachée à son nombrilisme atavique ; frileusement, dis-je, se serre autour du Général Guisan, Guillaume Tell ressuscité.
Comment passer sous silence tout cela ? Si je désire t’expliquer, mon petit, pourquoi, cinquante ans après ces événements, tu es parti ; si loin, si loin de moi

Des clameurs dans les rues, des gémissements dans les foyers, la Suisse pleure ses Genevois tombés ; assassinés par la garde nationale alors qu’ils se dressaient contre le fascisme contre l’extrême droite bien implantée à Zurich
MORTS POUR LA LIBERTE
Nonobstant ces héros
Avancent les chemises noires
Avancent les chemises brunes
Avance l’ordre Nouveau
Avancent 124.OOO chômeurs
Avance, oui encore, avance la misère issue de 30% de dévaluation


Quatre ans plus tard. (Demain Qui sait ?)
1 9 4 0


Un matin, à l’aube quel bruit, quel appel m’a réveillée ? Je ne sais. Je me revois debout tenant la clenche de la porte de ma chambre que je venais d’ouvrir attirée par des murmures, des éclats de voix. Mots incompréhensibles, langage inconnu. Mes parents s’embrassent sur le palier. Ces soldats allemands les entourent, les séparent Mon père, dévale les escaliers à coups de botte, à coups de crosse. Il crie ses ultimes recommandations à ma mère tout en déboulant les escaliers. Figée sur le seuil de ma chambre, cachée derrière un dos qui ne s’est même pas retourné (Une sentinelle allemande) dont la crosse du fusil m’arrive à hauteur des yeux ; derrière ce dos je vois la scène très calmement, sans larmes ni criailleries intempestives Muselée par l’incompréhension de mes quatre ans, je n’ai pas peur. Nous sommes en 1940. Le 18 mai. Mon père, ton oncle Georges est prisonnier de guerre. Il reviendra cinq ans plus tard.
C’est la Guerre, la Grande Guerre
Je fais une halte pour que tu comprennes bien, mon enfant, mon neveu, pourquoi tu es parti si loin, si loin de moi cinquante ans après ces événements.

Je m’imagine chasseur. Un coup de feu. Pan ! Un coup sec dans une nuit blanche et
"L’EIDER » à mes pieds !

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Rideau cherche théâtre - suite


Ce mercredi 31 mars 2011, Michael Delaunoy, Directeur artistique, et Jean-Marie De Backer, Président, ont fait le point sur la situation du Rideau de Bruxelles.


Pour rappel, le 18 octobre 2010, le Rideau annonce publiquement qu’il est contraint d’envisager son avenir hors du Palais des Beaux-Arts dès la saison 2011-2012. Son intention est d’une part de pouvoir investir un lieu prêt à accueillir provisoirement ses créations dès septembre 2011, et/ou de dégager avec la Communauté française une solution pérenne d’implantation.

En six mois, le Rideau, épaulé par plusieurs partenaires, a exploré plus de 80 pistes, sillonnant la région bruxelloise et multipliant les contacts. Recherches effectuées alors que le théâtre est en pleine activité.

Le Rideau remercie toutes les personnes, organismes publics et privés qui l’ont aidé dans cette recherche, ainsi que tous les théâtres, du plus petit au plus grand, qui ont proposé leur soutien*. Malgré les contacts fréquents avec la Communauté française, aucune solution satisfaisante n’est concrétisée à ce jour. Le Rideau a dès lors programmé sa saison 2011-2012 dans différents lieux à Bruxelles, en nomadisme.

Il est nécessaire pour le Rideau, afin de poursuivre sa mission, de disposer à court terme de deux salles, d’un espace de répétitions, d’espaces d’accueil et de moyens techniques suffisants. Une solution pérenne doit être dégagée pour le mois de mai 2011 pour permettre au Rideau d’envisager son avenir de manière claire et sereine.


Le fait de nous retrouver, dès la saison prochaine, démunis de lieu permanent suscite notre inquiétude.

En 2011-2012, le Rideau sera donc accueilli au Kriekelaar, centre culturel flamand schaerbeekois, ainsi que dans différents lieux que les spectateurs du Rideau connaissent bien : le Théâtre Marni, la petite salle du Varia, Wolubilis et l’Atelier 210. Une fête de présentation de saison aura lieu le samedi 14 mai prochain



Pourquoi sauvez le Rideau ?
Trois réponses :

- Ce qui est aujourd’hui en jeu, c’est la survie de la plus ancienne compagnie de création en Belgique francophone, fondée par Claude Etienne en 1943. Dès l’origine, le Rideau choisit de mettre en avant les nouvelles écritures, belges et internationales. La naissance du Rideau c’est aussi la naissance du théâtre belge francophone. Ce poids symbolique mérite d’être pris en compte.

- Alors que le Rideau traverse aujourd’hui la crise la plus grave de son histoire, il réussit parallèlement à mener une mutation décisive sur le plan artistique et à renouveler ses publics, toutes choses qui ne pourront s’accomplir pleinement que dans un lieu permanent. Cette mutation est également perceptible dans les activités du Rideau qui se sont diversifiées grâce à la politique dynamique de coproductions et partenariats nationaux et internationaux initiée par son directeur artistique, à la tête du Rideau depuis 2007.

- Quel rôle jouera à l’avenir le Rideau de Bruxelles ? La Communauté française a l’opportunité de disposer d’une institution dédiée à la découverte de nouvelles écritures. Si on lui en donne les moyens infrastructurels et budgétaires, le Rideau pourrait demain devenir le centre dramatique des écritures contemporaines en Communauté française. Il serait dommage que Bruxelles, qui jouit d’une position de carrefour européen, soit privée d’un tel projet, existant dans d’autres capitales.

 


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Le dernier numéro de "Alernatives théâtrales vient de paraître !

"Philippe Sireuil, les coulisses d'un doute"
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Ce numéro est consacré au parcours artistique de Philippe Sireuil au théâtre et à l’opéra.

Sous la forme d’un abécédaire, son travail est analysé et interrogé grâce aux témoignages de ses partenaires privilégiés, auteurs, acteurs et collaborateurs artistiques.

En accord avec lui, et ouvrant sur l’avenir, cette présentation est complétée par un dossier « transmission » où se retrouvent trois metteurs en scène qui ont à un moment ou un autre croisé son chemin : Jean-François Sivadier, Armel Roussel et Aurore Fattier.

Ce numéro comprend aussi un dossier sur la XIVe édition du Prix Europe pour le théâtre dont le grand prix a été décerné cette année à Peter Stein, le prix Nouvelles Réalités Théâtrales partagé entre Viliam Docolomansky, Katie Mitchell, Andrey Moguchiy, Kristian Smeds, le Teatro Meridional et le Vesturport Theatre et le prix spécial attribué à Jurij Petrovic Ljubimov.
 
Une présentation du numéro en présence de Philippe Sireuil et Bernard Debroux aura lieu le mercredi 27 avril à 18h30 au Théâtre de la Place des Martyrs (Bruxelles).
Réservation indispensable :gabelaservante@skynet.be.
Pour vous procurer ce numéro, contactez:

Alternatives théâtrales
39 rue Forestière B-1050 Bruxelles Belgique
Tél: +32 2 511 78 58 - Fax: +32 2 502 70 25
info@alternativestheatrales.be

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CYCLE  LITTERAIRE  2011  HAM-SUR-HEURE-NALINNES

 

Le Collège communal, à l’initiative de l’Echevin de la Culture, du Comité culture et du Réseau communal de Lecture publique de ham-sur-Heure-Nalinnes, est heureux de vous inviter aux rencontres du neuvième cycle littéraire de l’entité.  Comme précédemment, six rencontres littéraires vous seront proposées durant l’année 2011.

 

La troisième rencontre aura lieu le jeudi 5 Mai et nous recevrons  Bruno COLMANT
Professeur d’université, financier belge, membre de l'Académie royale de Belgique.  Chroniqueur apprécié dans la presse belge, il est l'auteur ou le co-auteur de plus de 35 ouvrages. Ses dernières publications : «  L'année fracturée »  et « Les éclipses de l’économie », recueil d’articles publiés dans Trends Tendances et l’Echo.  

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Nous vous attendons nombreux à 19 h.30 au château Monnom, Place du Centre, 14  6120 Nalinnes. 

Le verre de l’amitié vous permettra d’échanger vos impressions, de bavarder avec l’auteur et d’acquérir ses œuvres dédicacées. Entrée gratuite.

Pour recevoir un rappel par courriel, avant chaque manifestation, envoyez votre adresse à anne.sonet@publilink.be

 

Coorganisé avec le Service de la Promotion des Lettres de la Communauté française et l’aide de la Direction générale des Affaires culturelles du Hainaut.

 

 

 

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             ... " Donc, dans la soirée, je sortais de chez Eva. A peine dans la rue, malgré le vent glacé qui commençait à balayer la ville, une bouffée de sueur me trempait tout entier. Je partais à grands pas, dans une direction ou une autre, peu importait maintenant, avec cependant l'injonction de ne pas m'approcher du Kursaal, ni de la rue à la vitrine. En ces deux lieux, si proches que l'on aurait pu les confondre en un seul, se focalisait l'origine de ma douleur, se renouvelait indéfiniment l'étrange opération qui m'avait détruit.

Contournant la zone interdite, mes pas me conduisaient souvent sur le front de mer, assez loin du centre, à un endroit où la jetée était bordée d'un long passage à colonnades. J'étais venu ici auparavant, attiré par l'aspect mystérieux et romantique du lieu. La mer du Nord, parfois étincelante sous les éclats de soleil, parfois lourde et opaque comme de la glaise se reflétait dans de hautes glaces qui couvraient le mur du passage. Des mouettes altières criaient, les passants apparaissaient ou disparaissaient entre les colonnes.

          Mais maintenant, dès la première fois que j'y revins, je constatai que l'endroit avait perdu toute sa magie. Les mouettes étaient devenues de lourds oiseaux, arrogants et hurleurs, qui souillaient les bancs, le plâtre des colonnes s'écaillait et était strié de graffitis obscènes. Des excréments de chiens et des gravats se mélangeaient au sable. Quant aux passants, dont j'avais, auparavant, attribué la lenteur au désir de jouir de la poésie du site, je découvris qu'ils étaient presque tous pensionnaires d'un long bâtiment, et que celui-ci n'était autre qu'une maison de retraite. Leurs infirmités leur imposaient ce rythme alangui, et personne, voyant leurs regards morts et leurs pas hésitants, n'aurait pu les prendre pour des amoureux du lieu.

         Cependant, quand je me rendais là-bas, et je m'y retrouvais souvent, la détérioration des êtres et des lieux ne me gênait pas. Je m'allongeais sur un banc, la tête à l'opposé du Casino, et je fixais le ciel, où toutes les teintes de gris et de blanc se succédaient rapidement. Les mouettes criaient lamentablement. Quelquefois des toux ou des raclements de pieds m'annonçaient la venue d'un pensionnaire. Je faisais alors semblant de dormir, afin qu'il ne cherche pas à me parler. Qu'il me prenne pour un alcoolique cuvant sa bière, où un des drogués fréquentant le petit parc proche. Que je suscite le dégoût ou la peur, l'essentiel était que l'on ne m'approche pas.

           J'allais aussi dans ce parc, et c'est là que je vécus l'expérience ultime, qui devait fermer la boucle de mon malheur, et enfin arrêter la ronde où il m'entraînait depuis des mois.

 

Extrait de la nouvelle "Comme à Ostende"lille 2008 067 - Copie

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L'arc-en-ciel

Ne sachant plus au justeCe qu’il en était,J’ai rangé les crayonsAux multiples couleurs.Ne sachant plus au justeCe qu’il fallait penser,J’ai rangé les pinceauxEt les pots de gouache.Ne sachant plus au justeOù cela me menait,J’ai rangé les papiers,Les pastels, les marqueurs.Ne sachant plus au justeQue faire ni que dire,J’ai rangé l’arc-en-cielDessiné avec soin.Sur chacune des couleursBrillait une valeur,Sept tons en harmoniePour se sentir en vie.J’allais enfouir au piedUn fabuleux trésorQuand le vent a tournéEt s’est mis à souffler.Il chassait les nuagesDétruisant au passage.Le ciel s’assombrissait,Des poussières voltigeaient.Le soleil apeuréPar cette forte bourrasqueN’a su contenir ses larmesEt s’est mis à pleurerM’obligeant à rentrer, déçue,À bien fermer la porte,Et à me protégerEn attendant que ça passe.Des giboulées énormesCognaient sur les carreaux.Des éclairs déchiraientCe ciel d’un noir charbon.La voûte de ma bulleEst maintenant coloréePar ce bel arc-en-cielQue je voulais partager.Dans un petit tiroirAu fin fond de mon cœur,J’ai rangé le trésorPlus précieux que de l’or.Là, j’attends patiemmentUne belle éclaircie,Une esquisse coloréeDe bonheur et de paix.Deneyer Viviane 13/04/2011
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journal de bord, mercredi 13 avril 2011

S'énerver, gueuler à tous les vents, dire des trucs qu'on ne pense pas n'est jamais, dans l'absolu, une solution.

 

Lorsque j'en arrive moi-même à de telles extrémités, je m'en veux toujours (après coup), j'en suis mal.

 

Ceci dit, quand on prend du recul ...

 

On peut établir certains constats.

 

S'énerver, gueuler à tous les vents, dire (par la même occasion) des trucs qu'on ne pense pas, ça permet aussi de débloquer, dans le concret, certaines situations, de repartir ensuite sur d'autres bases.

 

Je le vis parfois dans mon boulot.

 

Dans le milieu artistique, les occasions ne manquent pas.

 

J'ai surtout, à ce sujet, été à bonne école ... dans ma propre famille.

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possibilité d'une noyade

 Je prie pour ne pas me noyer dans les délices d'une série de marines trop clean..

 Je prie pour garder la tête hors de l'eau.. 

Mais pourquoi ces scrupules après tout.. Faire un peu dans le facile, pour une expo en Suède, faire du fastoche, du vendable..

 par exemple  ajouter le phare , silhouette sombre sur les rochers déjà dans le noir.

35x24 acry marouflée sur toile

 gegout © adagp.2011

SDC10486  

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L'Autre

A vous,

Je viens de lire le texte de Robert Pirschel intitulé : "c'est quoi l'amour" et je me suis dit que ce texte "L'Autre" pouvait être une réponse possible.

 

L’amour de l’un veille  sur l’Autre.

 

L’Autre

 

C’est l’indispensable du soi, sa conjonction.

C’est l’enrichissement de son être

C’est celui vers qui tout peut arriver, c’est celui avec qui tout peut arriver

C’est l’empêcheur de tourner en rond, autour de soi, uniquement pour soi

C’est le réceptacle du bonheur

C’est l’autre moi, c’est l’ami.

 

Ainsi soit l’Autre

Alors avec toi

Au surplus, ma joie est de faire ta connaissance

Bref, je m’achemine vers toi

Car je suis inachevé sans toi

Cependant, tu t’abreuves de moi

D’ailleurs, je me nourris de toi

D’autre part, nous sommes l’un et l’autre

Delà mon ciel, je découvre ton horizon

D’où que tu viennes, je saurai aller vers toi

Donc, tu voudras me comprendre     

En conséquence, nos échanges nous fortifieront

Enfin, nous nous aimerons

En outre, nous n’épuiserons pas vainement nos corps et nos esprits

En revanche, nous devrons nous écouter avec intelligence

Ensuite, nous pourrons nous révéler

En tous les cas, nous serons ensemble

Et nous marcherons vers plus de grandeur

Mais, nous devrons toujours nous respecter

Néanmoins, les erreurs sont envisageables

Ni les échecs ne doivent départir notre volonté

Or, elle sera soumise à toute épreuve

Ou à tous les doutes

Ou bien aux rêves

Par conséquent, nous devons veiller l’un à l’autre

Par suite, nous pourrons nous appuyer sur notre croyance

Pourtant, nous apprendrons à mesurer notre ego

Puis nous n’oublierons pas les autres,

Soit l’ouverture de nos âmes

Tantôt dans la peine ou la douleur

Toutefois dans l’apaisement de l’amour.

 

 

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Honorer Charles De Coster

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Adrien Grimmeau, historien de l’art et spécialiste de la sculpture (il travaille sur la sculpture belge et sur l’art urbain) nous autorise à reproduire son important et intéressant document intitulé " Honorer Charles De Coster" qu’il fit paraître sur le site « Mémoires » en son temps.

Le 7 mai 1879, Charles De Coster mourait à Ixelles dans l’anonymat. Douze ans plus tôt, il avait publié la première version de son chef d’œuvre, La légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandres et ailleurs. Paisible professeur de français à l’école de guerre, il avait consacré sa vie à ce qui serait l’épopée du peuple belge. Hélas, il n’obtint pas le succès escompté, et ne fut reconnu que des écrivains. A sa mort, Camille Lemonnier prononça un discours élogieux devant un maigre public. Le même jour, il monta un comité chargé de défendre l’œuvre de De Coster, mission qu’il ne pourra mener à bien[1]. Charles Samuel[2] a alors 17 ans. Il vient d’entrer à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Sculpteur prometteur, il a déjà gagné plusieurs prix quand, en 1888, Amédée Lynen[3], son colocataire, lui présente avec enthousiasme La Légende d’Ulenspiegel, qu’ils lisent entre deux heures de travail[4]. Ne sachant qu’envoyer au Salon de Bruxelles pour 1890, Samuel se fait conseiller par Lynen l’idée d’un hommage à De Coster. L’envoi impressionne le jury du Salon et les autorités, qui semblent convenir qu’il faudrait concrétiser l’oeuvre. Le 26 octobre 1891, Samuel soumet son projet à l’administration communale d’Ixelles[5]. Pourtant, l’idée ne sera pas suivie immédiatement.

En 1892, la tombe de De Coster est menacée de réemploi. La presse relaie les cris d’alarme des littérateurs belges[6], et voilà l’opinion sensibilisée à son patrimoine méconnu. Des amis déplacent le corps, on s’apprête à republier La Légende : le groupe de défenseurs de l’écrivain reprend courage. Parallèlement, le projet de monument de Samuel continue de faire parler de lui. Il circule d’exposition en exposition où il amasse de prestigieuses récompenses[7]. On en parle de plus en plus comme du projet d’un monument qui sera érigé à Ixelles[8].

C’est en janvier 1893 que tout s’active. Le gouvernement publie le 3 janvier une dépêche spécifiant que le projet est accepté, et qu’il interviendra pour moitié (soit 9000 francs) dans les frais de construction[9]. Le 13 janvier, Samuel, venant d’apprendre la nouvelle, envoie une lettre à la sœur de l’écrivain. "Voilà donc nos efforts couronnés de succès ; j’en suis profondément heureux et vais bientôt me mettre au travail ; la passion et l’admiration que j’ai pour Charles De Coster contribueront, j’en suis convaincu, à me faire produire une œuvre digne de sa mémoire. Je compte bien que vous viendrez de temps en temps en suivre les progrès".[10] Le contrat indique les dimensions : 5m de haut, 4m de large[11]. En profondeur, le socle mesurera 1,7m.

Fin 1893, le groupe central est envoyé à la fonte après quelques jours d’exposition dans les ateliers du sculpteur, où il fait excellente impression[12]. Après les dernières modifications, le monument est finalement inauguré le 22 juillet 1894 sous un soleil de circonstance, 15 ans après la mort de Charles De Coster. Beaucoup de monde est présent, des grands noms de la culture aux gens du peuple. Le comité organisateur, aux noms prestigieux (Lemonnier, Dillens, Maeterlinck, Mellery, Meunier, Verhaeren, Rops, …) décide qu’il ne sera prononcé qu’un seul discours de littérateur : celui de Camille Lemonnier, qui s’était investi dès le début dans la mission de reconnaissance de l’écrivain. Son allocution[13], élogieuse au possible, sur celui qu’il considère comme le père de la littérature nationale, est précédée d’une autre, plus brève, du bourgmestre, et suivie de chansons d’enfants adaptées de l’œuvre de De Coster. La journée, poursuivie par une garden-party chez la mère du sculpteur, se termine par une réception du bourgmestre[14].

Le lendemain, Caroline De Coster écrit son bonheur à une amie : "Jamais je n’ai été si doucement heureuse, (…) il y avait tant de monde que je croyais rêver… Et de fait je rêvais, jamais je n’aurais osé désirer une telle fête. (…) Elle était toute d’élan et d’enthousiasme, on avait l’âme heureuse comme si l’on avait retrouvé un ami mort".[15] Pus loin, elle indique que "Samuel doit venir se reposer chez nous quelques jours, il est surmené, le pauvre garçon a dû connaître bien des [difficultés], il a fait une belle œuvre…" La sœur de De Coster a beaucoup d’estime pour le sculpteur. Elle est la seule : dans son discours, Lemonnier ne le cite pas une fois. Les journaux relatant la cérémonie le citent eux aussi très peu. On préfère réparer l’oubli du nom de De Coster. De fait, l’inauguration fait beaucoup parler du défunt : L’art moderne consacre trois couvertures d’affilée au sujet, fait exceptionnel pour ce genre d’occasions[16]. C’est que la journée est fortement symbolique. Une nouvelle génération d’écrivains revendique l’existence d’une littérature belge indépendante, dont De Coster est un étendard rêvé. L’Etat suit le mouvement car aucune statue encore n’aurait été dressée en Belgique en l’honneur d’un écrivain francophone[17], et La Légende est un exemple des valeurs nationales. Quant à la commune d’Ixelles, elle est fière de montrer que cet écrivain dont on parle tant vient de ses quartiers.

Le monument

Charles Samuel a choisi pour son monument une forme de l’architecture mortuaire, celle de l’édicule funéraire, qu’il a considérablement agrandi. Son trait de génie est d’avoir relégué la référence à l’écrivain au second plan, pour représenter le couple fictif, Thyl et Nele. Cette idée de statue à l’œuvre d’un romancier plutôt qu’à l’homme lui-même, Charles Van der Stappen l’avait déjà concrétisée dans La Mort d’Ompdrailles en 1892. Notons que le sculpteur travaillait au projet depuis 1883[18], c’est-à-dire exactement dans la période où Samuel l’eut comme professeur à l’Académie de Bruxelles (1883-1888). On peut dès lors supposer que l’influence du maître s’est ressentie dans l’idée de l’élève.

Thyl et Nele sont assis sur le rebord de la niche. Eux et leurs accessoires constituent la partie en bronze de l’ensemble, coulée chez J. Petermann fondeur, Bruxelles. Derrière eux, un médaillon en marbre de l’écrivain, entouré de son nom et de ses dates de vie et mort (1827-1879), est accolé à la paroi, encadré de palmes et de rubans. Tout le reste est en pierre bleue. La niche est délimitée par deux colonnes engagées et un arc en plein-cintre, surmontés d’un entablement portant une citation du dernier paragraphe du livre : "… Est-ce qu’on enterre Ulenspiegel l’esprit, Nele, le cœur de la mère Flandre…". L’entablement est lui-même encadré de deux mascarons présentant Lamme (à gauche) et Katheline (à droite), personnages secondaires de l’épopée. L’ensemble est couronné d’un fronton à corniche courbe présentant des bébés joufflus dont deux, au centre, tiennent un miroir dans lequel se mire un hibou, les deux symboles d’Ulenspiegel, "qui n’est ainsi nommé que parce que son nom veut dire hibou et miroir, sagesse et comédie, Uyl en Spiegel"[19]. De part et d’autre de la niche, deux arrière-corps avec ailerons présentent, à gauche, un chat se réchauffant contre une marmite, et à droite, un chien dormant sous un rouet. Ces deux pendants représentent la chaleur et la douceur du foyer flamand. Sur le soubassement, derrière les pieds de Nele et Thyl, un léger bas-relief effacé par le temps présente la ville de "Damme en Flandre" et son beffroi. En bas à droite, les noms de Samuel et de Vestel, avec la date de 1894. Entre le projet de 1890 et le monument définitif de 1894, on observe de nombreux changements. Il est difficile de déterminer à quel stade l’architecte, Franz de Vestel, est intervenu dans l’élaboration, mais c’est probablement grâce à la nouvelle vision née de la parfaite collaboration des deux hommes que le projet s’est épuré. Franz de Vestel ne réalisa que peu d’œuvres dans sa carrière[20]. Il conçut principalement des maisons bourgeoises, où se lit son admiration des formes de la renaissance flamande. Cette influence est ici aussi déterminante, et convient parfaitement au sujet. Il a néanmoins réussi à épurer le côté expansif flamand dans une réalisation juste, où architecture et sculpture se confondent en une harmonie rare.

Au départ, le monument se présentait comme un résumé des œuvres de De Coster. La Légende d’Ulenspiegel était bien sûr la clé de l’édifice, mais le soubassement présentait, en plus de Damme, les autres écrits de De Coster, organisés chaque fois autour d’une banderole portant leur titre. Les symboles de La Légende, hormis le couple central, se trouvaient relégués à des détails : le hibou et le miroir laissaient place à une inscription "Charles De Coster" tenue par les amours, et se retrouvaient, pour le hibou, dédoublé aux bords de l’entablement, et pour le miroir, dédoublé de part et d’autre du plein-cintre. Lamme et Katheline étaient ramenés aux bas-côtés, et l’inscription de l’entablement se trouvait, réduite, en dessous de la figuration de Damme, pour céder sa place à un entrelacs de roses et de ruban. L’architecture elle-même était moins heureuse : des piliers préfiguraient les colonnes, tandis que la niche centrale prenait la forme d’un cul de four, écrasant Thyl et Nele, déjà plus petits que dans la version finale. Les arrière-corps n’étaient pas encore développés, mis à part les deux groupes du chien et du chat, qui, dans ce contexte, symbolisent Les légendes flamandes, alors que dans le contexte du monument définitif, ils plantent simplement le décor des aventures d’Ulenspiegel.

L’ensemble actuel est donc un hommage à De Coster au travers de son œuvre principale, celle que Samuel et Lynen aimaient tant lire dans leur atelier. Et Samuel témoigne d’une compréhension très fine du roman. Plusieurs détails discrets enrichissent le monument pour ceux qui ont lu l’œuvre. Ainsi, une observation attentive permet de remarquer que les deux chapiteaux composites coiffant les colonnes sont différents. En fait, ils symbolisent chacun le personnage représenté au dessus d’eux. A gauche, la lecture est facile : Lamme, le meilleur ami de Thyl, et grand amateur de ripailles, est représenté par une chope de bière se déversant généreusement. Le lien avec la colonne est rendu pas quelques fruits. Pour Katheline, la lecture est moins évidente. Il s’agit probablement de flammes. La mère de Nele passe en effet pour une sorcière, amoureuse du diable et devenue folle après l’épreuve du feu – la folie se lit très bien dans son visage. Le lien avec la colonne présente une menotte et des chaînes, signes de l’emprisonnement de son esprit. Katheline n’est pas le personnage secondaire le plus important de l’épopée : on aurait pu lui préférer le père de Thyl. Si Samuel l’a choisie, c’est pour former un double chiasme avec le groupe central : Thyl, personnage masculin, à droite, en parallèle avec son ami à gauche, et Nele, personnage féminin, à gauche, en parallèle avec sa mère à droite. Le chiasme porte donc sur les relations entre les personnages, et sur leur sexe. Autre détail qui a son importance : les putti, de six dans l’ébauche, deviennent sept dans le monument. Sept est le chiffre symbolique récurrent de La Légende : Thyl doit combattre les sept péchés capitaux pour donner à la Flandre les sept vertus[21]. Ils symbolisent donc, au delà de la prospérité de la Flandre comme on l’a souvent dit, les vertus à venir.

Le couple central est particulièrement bien rendu. Moins chétif que dans le projet, Thyl est présenté en homme mûr perdu dans un moment de mélancolie, son épée posée à côté de lui sur l’écusson flamand. Sur son torse, les cendres de son père assassiné. Nele le réconforte affectueusement. Elle porte le vêtement traditionnel zélandais, que Neel Doff, future écrivaine qui posa pour la sculpture dans sa jeunesse[22], avait déjà remarqué : "J’aurais voulu être paysanne zélandaise pour pouvoir m’habiller ainsi ; même l’amoncellement de jupes, qui les faisait rondes comme des cloches, me plut".[23]. La scène, plus rêveuse qu’héroïque, est proche d’un passage de La Légende :

- Tu es triste? disait-elle.
- Oui, disait-il.
- Pourquoi? Demandait-elle.
- Je ne le sais, disait-il, mais ces pommiers et ces cerisiers tout en fleurs, cet air tiède et comme chargé du feu de la foudre, ces pâquerettes s’ouvrant rougissantes sur les prés, l’aubépine, là, près de nous, dans les haies, toute blanche… Qui me dira pourquoi je me sens troublé et toujours prêt à mourir ou dormir ? (…) Mais elle ne parlait point, et d’aise souriant regardait Ulenspiegel[24].

Cet amour de la nature correspond bien à la position du monument aux abords des étangs d’Ixelles, à l’emplacement du banc où s’asseyait régulièrement De Coster. Cependant, il n’est pas tourné vers l’eau, mais vers l’agitation populaire de la place Flagey. Pour accentuer cette cassure, Samuel tenait à l’implantation de végétation en hémicycle derrière le monument[25]. Ce dispositif n’est plus présent aujourd’hui, ce qui sert le monument : celui-ci marque une transition vers l’espace de quiétude que constituent les étangs, et semble appartenir déjà à ce calme.

Réception

Le monument est très bien accueilli. Mais comme celui de Charles De Coster, pas de Charles Samuel. On convient de sa beauté, mais pas toujours au bénéfice du sculpteur : Michel de Ghelderode, décrivant l’œuvre, écrit "Ce Tyl qui se repose près de son amie, c’est signé Samuel et c’est visiblement d’un autre. Je ne trouve que Julien Dillens pour avoir modelé cela… Aucune importance : l’œuvre est belle, De Coster est honoré…"[26]. Certains commettent même la faute et attribuent le projet de monument à Dillens[27]. C’est que, de la carrière de Samuel, c’est probablement la pièce la plus intéressante : une œuvre de jeunesse, sensible, passionnée et intelligente. Par la suite, le sculpteur ne sera plus si inspiré, et se perdra souvent dans sa volonté formaliste qui lui faisait dire : "Il ne sied pas de torturer sa forme pour y mettre des idées. Les idées doivent naître en admirant une forme exacte. C’est encore grâce à celle-ci qu’on peut exprimer les plus clairs symboles".[28] Ses œuvres perdront en émotion ce qu’elles gagnent en grandeur, en monumentalité. A Bruxelles, en témoignent parmi d’autres le Monument aux élèves du navire-école De Smet de Nayer (1912), les six statues de la Maison Balzer (1913), ou La Brabançonne (1930). Samuel réalisera de nombreux monuments ; on le traitera même de "tâcheron de la commande publique"[29]. Comme c’est le cas à l’époque pour les œuvres populaires, il existe plusieurs sculptures dérivées du monument De Coster. On peut en distinguer deux types. Tout d’abord, Charles Samuel a isolé le buste de Nele. Celui-ci existe en différentes matières : des exemplaires en plâtre (Musée communal d’Ixelles), bronze (Musée communal d’Ixelles), terre-cuite, ivoire et marbre sont attestés. La deuxième production dérivée est la réduction en bronze de la partie en bronze du monument. Thyl et Nele sont assis sur un piédestal de marbre vert délimité sur les côtés par deux volutes, et dans leur dos par une corniche courbe rappelant le fronton original. Sur ce socle est reprise la phrase de l’entablement réel. Le couple présente de légères différences par rapport à son modèle – notamment, l’embout de l’épée de Thyl n’est pas décoré dans la réduction, et le ceinturon de celle-ci suit un trajet plus simple. On connaît deux exemplaires de cette version, marqués Société nationale des bronzes, St Gilles Bruxelles, ce qui ramènerait leur date d’exécution à après 1902, année de changement de nom de l’entreprise Petermann[30]. L’un fut exposé en 1940 au Salon de Printemps à Bruxelles[31] avant d’être donné au musée de Bruxelles. Le second comporte l’inscription "A monsieur Louis Blyckaerts, échevin, 1903-1928, la commune d’Ixelles reconnaissante" ; son socle s’est vu greffer un emmarchement de pierre noire, et les deux volutes latérales sont de la même matière. Il semblerait que la Compagnie des bronzes ait elle aussi produit ce genre de pièce[32], mais aucune n’a été trouvée. Parallèlement à cette sculpture dérivée, on peut classer l’Ulenspiegel et Nele en ivoire pour l’exposition de Tervueren en 1897, dont le socle en marbre forme un muret inscrit toujours de la même phrase. Le couple y est plus proche de l’original. Dernière citation du monument : en 1914, La Légende est rééditée en version de grand luxe illustrée par Lynen. Le premier plat de couverture est orné d’un bas-relief en veau reprenant le couple de Samuel.

Toutes ces reproductions témoignent de l’importance du monument qui, s’il marqua les esprits en 1894 pour l’oubli qu’il réparait, ne fut un succès que grâce à la passion que Samuel y plaça. Cette œuvre est une réussite que le temps n’a pas oubliée, et il est agréable de constater aujourd’hui qu’elle est encore admirée non pour Charles De Coster ni pour Charles Samuel, mais bien pour la belle quiétude qui s’en dégage, ce qui est tout à l’honneur de Samuel et de Vestel.

Adrien Grimmeau, Historien de l’art et spécialiste de la sculpture

[1] HANSE, Joseph, Charles de Coster, Bruxelles, Palais des Académies, 1990, p.41.
[2] Concernant le sculpteur Charles Samuel (1862-1938), voir OGONOWSKY, J., « Samuel, Charles », in La sculpture belge au 19è siècle, Bruxelles, Générale de banque, 1990, v.2, pp.550-3.
[3] Amédée Lynen (1852-1938) fut illustrateur. Membre fondateur de l’Essor, il consacrera dix années aux illustrations de La légende.
[4] SAMUEL, Mme Charles, « Un grand sculpteur Charles Samuel », in Psyché, juin 1928, sp.
[5] Bulletin communal d’Ixelles, séance du 13 juin 1893, p.296.
[6] EEKHOUD, Georges, « Charles De Coster », in L’art moderne, 19 juin 1892, pp.193-5.
[7] Exposée à l’Essor (1891), à l’inauguration du musée d’Ixelles (1892), l’œuvre sera plus tard médaillée d’or à Anvers (1894), Dresde (1897), Paris (1900), Munich (1901), Saint-Louis (1904).
[8] « L’exposition d’Ixelles », in L’art moderne, 26 juin 1892, p.205.
[9] Bulletin communal d’Ixelles, op.cit.
[10] Lettre de Charles Samuel à Caroline De Coster, 13-1-1893, Bruxelles, Archives et Musée de la Littérature, ML 3719.
[11] Bulletin communal d’Ixelles, op.cit.
[12] « Le monument De Coster », in L’art moderne, 24 décembre 1893, p.413.
[13] LEMONNIER, Camille, in Inauguration du monument élevé par l’administration communale d’Ixelles à Charles De Coster le 22 juillet 1894, Bruxelles, Paul Lacomblez, 1894, pp.9-20.
[14] « A travers la ville », in Le petit Bleu du matin, 23 et 24 juillet 1894, p.1.
[15] Lettre de Caroline De Coster à une amie, [23 juillet 1894], Bruxelles, Archives et Musée de la Littérature, ML 3710.
[16] L’art moderne, 15 juillet 1894 pp.220-1 ; 22 juillet pp.227-30 ; 29 juillet pp.235-7.
[17] « Un monument mérité », in Le Soir, 4 novembre 1892, p.1.
[18] DEROM, Patrick (dir.), Les sculptures de Bruxelles, Anvers, Pandora, 2000, p.100.
[19] DE COSTER, La Légende…, « Préface du hibou ».
[20] Franz de Vestel (1857-1932) se consacra à la défense professionnelle et à l’enseignement. Il fut président de la Fédération des Sociétés d’Architectes de Belgique, directeur de la revue L’émulation, professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, et succéda à Victor Horta à la chaire d’architecture de l’ULB.
[21] HANSE, Joseph, op.cit., p.134-5.
[22] WILWERTH, Evelyne, Neel Doff, [Belgique], Bernard Gilson – Pré aux sources, 1992, p.61.
[23] DOFF, Neel, Jours de famine et de détresse, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1911, p.210.
[24] DE COSTER, op.cit., chapitre 31.
[25] « Le monument De Coster », in L’art moderne, 24 décembre 1893, p.413.
[26] DE GHELDERODE, Michel, Mes statues, [Bruxelles], Ed. du carrefour, 1943, p.55.
[27] L’illustration européenne, 1er avril 1891, p.437.
[28] PIERRON, Sander, Douze effigies d’artistes, Bruxelles, Xavier Havermans, 1910, p.36.
[29] STIENNON, Jacques, DUCHESNE, Jean-patrick, RANDAXHE, Yves e.a., L’architecture, la sculpture et l’art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, la Renaissance du livre, 1995, p.239.
[30] DUPONT, Pierre-Paul, HUBERTY, Colette, « Les fonderies de bronze », in VAN LENNEP, Jacques (dir.), La sculpture belge au 19è siècle, vol.1, Bruxelles, Générale de Banque, 1990, p.255.
[31] Salon de Printemps, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 1940, n°29.
[32] Lettre de Charles Samuel, 21 février 1935, Bruxelles, archives de la Compagnie des bronzes (AGR), inv.2657 (I 272).

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Pelléas et Mélisande

12272728698?profile=original« Pelléas et Mélisande » est un drame en cinq actes et en prose de Maurice Maeterlinck (Belgique, 1862-1949), publié à Bruxelles chez Paul Lacomblez en 1892, et créé à Paris au théâtre des Bouffes-Parisiens le 16 mai 1893.

 

"Je ne connais aucune oeuvre dans laquelle soient enfermés autant de silence, autant de solitude, d'adhésion et de paix, autant de royal éloignement de toute rumeur et de tout cri" (Rainer Maria Rilke, 1902). La pièce la plus célèbre de Maurice Maeterlinck doit une part de sa notoriété à l'adaptation musicale de Claude Debussy créée à l'Opéra-Comique le 30 avril 1902, sous la direction de Messager, en dépit des démêlés survenus entre l'auteur et le compositeur. Une nouvelle édition modifiée conformément aux représentations de l'Opéra-Comique paraîtra chez Paul Lacomblez en 1902. Très mal accueillie par la critique mais soutenue par une jeunesse enthousiaste, l'adaptation de Debussy restitue parfaitement l'atmosphère ésotérique de l'oeuvre. Par son dépouillement volontaire qui manifeste un retour à la simplicité classique, Pelléas et Mélisande marque une date importante dans l'évolution du drame symboliste.

 

Le prince Golaud, un homme d'âge mûr, rencontre une jeune fille en larmes au bord d'une fontaine. Il ignore qui elle est, d'où elle vient et pourquoi elle pleure, mais une couronne au fond de l'eau ainsi que ses vêtements indiquent une origine princière. Golaud épouse Mélisande et la ramène au château "très vieux et très sombre [...] très froid et très profond" où l'attendent son père Arkël, son demi-frère Pelléas et son fils né d'un premier mariage, Yniold (Acte I).

 

Pelléas conduit Mélisande près d'une fontaine dite "des aveugles" où la jeune fille laisse tomber l'anneau d'or offert par Golaud. La frêle Mélisande avoue son malheur, dont elle ignore la cause: "Je vais mourir si on me laisse ici" (Acte II).

Pelléas doit quitter le château pour se rendre au chevet de son ami Marcellus. Avant de partir, il veut embrasser Mélisande et la surprend, à la fenêtre d'une tour, coiffant sa longue chevelure qui inonde le jeune homme: "Je t'embrasse tout entière en baisant tes cheveux." Arrive Golaud qui met fin à ce qu'il appelle des "jeux d'enfants", mais demande à Pelléas d'éviter Mélisande, prétextant sa délicatesse et son émotivité; il se sert du petit Yniold pour savoir ce que se disent les jeunes gens en son absence (Acte III).

 

Pelléas fixe un dernier rendez-vous à Mélisande: "Il faut que tout finisse [...]. J'ai joué comme un enfant autour d'une chose que je ne soupçonnais pas [...]. J'ai joué en rêve autour des pièges de la destinée." Pelléas et Mélisande s'avouent enfin leur amour et s'embrassent, lorsque, dans la nuit, surgit Golaud qui tue Pelléas. Mélisande s'enfuit épouvantée (Acte IV).

Au matin, les servantes découvrent les corps de Mélisande et de Golaud devant la porte du château. Mélisande n'est que légèrement touchée: "Ce n'est pas de cette blessure qu'elle meurt, un oiseau n'en serait pas mort [...] ce n'est donc pas vous qui l'avez tuée [...] elle ne pouvait pas vivre", dit le médecin à Golaud, fou de remords, implorant son pardon et réclamant toute la vérité sur l'amour de Pelléas et Mélisande. Un amour que la jeune femme avoue très naturellement. Cet aveu trop facile torture Golaud: "La vérité, la vérité", hurle-t-il. Mais Mélisande est déjà trop loin et Arkël demande qu'on la laisse en paix: "Il faut parler à voix basse [...] l'âme humaine aime à s'en aller seule." Le petit être silencieux et mystérieux s'éteint sans un mot (Acte V).

 

Le drame "banalement passionnel", pour reprendre l'expression de Maeterlinck, d'un amour fatal qui conduit à la mort est mené ici selon une lente et irrésistible progression des sentiments. L'évolution de Pelléas et Mélisande n'est marquée que par une succession d'états d'âme, sans aucun éclat dramatique ou effet lié aux événements. L'action ne provient que du resserrement progressif de l'emprise du destin sur les personnages: le schéma dramatique est donc essentiellement émotionnel. Pelléas et Mélisande ne prennent que tardivement conscience de l'amour qu'ils se portent. Si dès l'acte I leurs paroles sont révélatrices de leurs élans inconscients, de leur muette attirance, c'est l'épisode de la fontaine, où Mélisande, jouant avec l'alliance offerte par Golaud, la laisse tomber dans l'eau, "peut-être aussi profonde que la mer", qui éclaire les jeunes gens, confirmés dans leurs sentiments après la scène de la tour, où la longue chevelure de Mélisande inonde Pelléas comme autant de liens inconscients. Mais ce n'est que lors de son agonie que Mélisande accédera à une révélation totale. Elle est parvenue, grâce à l'amour, à un niveau de perception qui l'éloigne définitivement du monde des humains; d'où son incompréhension face aux cris de Golaud réclamant vérité et pardon.

 

Si Golaud incarne le jaloux mis à nu avec sa soif de domination totale sur l'être aimé, avec son obsession de la vérité, son désespoir d'homme à qui tout échappe, Mélisande, elle, reste mystérieuse jusqu'au bout. Ambiguë et troublante, elle est la figure même du destin; malgré sa beauté funeste elle n'est pas un être de chair, mais avant tout une âme - et en même temps une poupée mue par une force obscure, Dieu, ou la fatalité.

Aucune véritable péripétie dans cette pièce de "théâtre immobile", qui conduit inexorablement ses héros vers la mort. Dans ce texte où pourtant existent l'amour, la jalousie, la colère, les personnages parlent comme dans un songe, se touchent à peine, sont incapables de nommer les choses et se contentent de proférer des paroles transparentes, chargées pourtant de symboles, et qui semblent arrachées à une incommunicable rêverie intérieure. La pièce se nourrit d'actes banals, dénués en apparence de toute signification. C'est le quotidien dans ce qu'il a de plus dérisoire et d'écrasant qui comble le silence de ce théâtre dont l'auteur n'a "d'autre intérêt que celui qu'inspire la situation de l'homme dans l'univers".

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La vie des abeilles

12272729077?profile=original« La vie des abeilles » est un essai de Maurice Maeterlinck (Belgique, 1862-1949), publié à Paris chez Fasquelle en 1901.

 

La métaphysique du premier théâtre de Maeterlinck (voir la Princesse Maleine, 1889; les Aveugles, 1890; Pelléas et Mélisande, 1892) supposait un monde hostile à l'homme. Le destin, essentiel protagoniste de ce théâtre, était le seul Dieu de l'"incroyant" Maeterlinck. Or, celui-ci, dans ses essais, s'appliquera au contraire à réduire l'empire de la fatalité, à dépister tout ce qui décourage la volonté de résistance et de lutte des hommes. Le mal qu'il situait autrefois dans l'au-delà, il le voit maintenant dans la société observée à travers un univers, certes différent de celui de l'homme, mais qui s'en approche par certains aspects. Son premier acte d'hostilité contre la religion du destin, Maeterlinck le manifeste dans Sagesse et Destinée en 1898: "Nous ne voulons plus de l'étroite et basse morale des châtiments et des récompenses que nous offrent les religions positives." Il ne cessera de les multiplier par la suite.

 

Pendant cette période, Maeterlinck fut essentiellement moraliste et prédicateur. Il se reprochait de s'être trop abandonné au goût du mystère qui avait jusque-là nourri son oeuvre, et qui l'empêchait de se tourner entièrement et résolument vers les hommes et la société. Avec l'observation de la nature, il trouve un terrain de recherche adéquat qui lui permet d'assurer une transition. La Vie des abeilles et l'Intelligence des fleurs (1907) sont à cet égard les plus personnelles des oeuvres de la seconde période. C'est là, plus que dans Monna Vanna (1902), qu'il redevient l'interprète du mystère comme il l'avait été dans son théâtre de 1889-1892. Mais cette fois-ci, Maeterlinck veut interroger l'inconnu "objectivement", à travers des destinées autres qu'humaines.

 

"Je n'ai pas l'intention d'écrire un traité d'apiculture ou de l'élevage des abeilles", annonce d'emblée Maeterlinck. De ses vingt années de fréquentation des abeilles, il entend faire un usage modeste, et "parler simplement des blondes avettes de Ronsard". En rappelant que leur histoire ne commence qu'au XVIIe siècle avec les découvertes du grand savant hollandais Swammerdam, que Réaumur démêla quelques énigmes, et que François Huber reste le maître et le classique de la science apicole, Maeterlinck ne fait que tracer les grandes lignes du savoir avant d'évoquer ses premières émotions face à une ruche.Etre grégaire, l'abeille ne peut survivre qu'en respirant la multitude: "C'est à ce besoin qu'il faut remonter pour fixer l'esprit des lois de la ruche", société parfaite mais impitoyable où l'individu est entièrement absorbé par la collectivité (livre 1). Maeterlinck expose la dépendance de la reine à cet "esprit de la ruche" qui règle jour après jour le nombre des naissances, annonce à la reine sa déchéance, la force à mettre au monde ses rivales et protège celles-ci contre la haine de leur mère avant de fixer l'heure de l'essaimage, moment où une génération entière, au faîte de sa prospérité, abandonne courageusement à la génération suivante toutes ses richesses, la "cité opulente et magnifique" où elle est née (2). Non seulement ces émigrantes laissent aux milliers de filles qu'elles ne reverront pas, un énorme trésor de cire, de propolis et de pollen et des centaines de livres de miel, mais elles s'exilent vers un nouvel abri où tout est à reconstruire, et se remettent à la besogne. Pourtant, au milieu des prodiges de leur industrie et de leurs renoncements, une chose étonne: l'indifférence à la mort de leurs compagnes (3). Dans la cité mère, après le départ de l'essaim, la vie reprend et bientôt naissent les jeunes ouvrières. Les nymphes princières dorment encore dans leurs capsules; lorsque s'éveille la première jeune reine, elle part immédiatement à la recherche de ses rivales pour détruire les princesses endormies. Si la ruche décide un essaimage, les reines successives partiront accompagnées d'une bande d'ouvrières former les essaims secondaires et tertiaires. La reine vierge est capable de pondre avant même d'avoir été fécondée par le mâle, mais elle n'engendrera que des mâles impropres au travail (4). Parmi les mille prétendants possibles, la reine en choisit un seul pour "un baiser unique d'une seule minute qui le mariera à la mort en même temps qu'au bonheur". Deux jours plus tard, elle dépose ses premiers oeufs et aussitôt le peuple l'entoure de soins minutieux (5). Après la fécondation, les ouvrières tolèrent quelque temps la présence oisive des mâles mais bientôt elles se transforment en justicières et bourreaux: c'est le massacre des mâles suivi de l'hivernage (6). Pour remarquables que soient ces étonnants rayons "auxquels on ne peut rien ajouter ni retrancher, où s'unit dans une perfection égale la science du chimiste à celle du géomètre, de l'architecte et de l'ingénieur", on peut objecter qu'aucun progrès n'a marqué l'histoire des ruches. Objection rejetée par Maeterlinck: "Les abeilles vivent depuis des milliers d'années et nous les observons depuis dix ou douze lustres" (7).

 

En optant pour les insectes et les plantes, Maeterlinck se flatte d'échapper au danger de l'anthropomorphisme. Il s'agit pour lui de surprendre le secret de la nature dans un monde différent, mais qui "participe peut-être plus directement à l'énigme profonde de nos fins et de nos origines que le secret de nos passions les plus passionnées et les plus complaisamment étudiées". Pourtant, en allant chercher dans les ruches le sens des destinées humaines, il se jette dans le péril qu'il voulait précisément éviter... Ce n'est pas en scientifique que Maeterlinck étudie la vie des abeilles et, en dépit des quelques expériences conduites dans son jardin, son regard n'est pas celui de l'observateur objectif. Seul l'intéresse le mystère de cet "esprit" qui régit une société animale extrêmement élaborée, et qui lui renvoie en miroir le mystère de l'humanité, de ses origines et de son devenir. C'est dire à quel point l'anthropocentrisme est omniprésent dans la Vie des abeilles.

 

S'interroger sur l'intelligence des abeilles, lui fournit une occasion de mettre en cause celle de l'homme: "Outre qu'il est fort admissible qu'il y ait en d'autres êtres une intelligence d'une autre nature que la nôtre, et qui produise des effets très différents sans être inférieurs, sommes-nous, tout en ne sortant pas de notre petite paroisse humaine, si bons juges des choses de l'esprit?" L'édifice plein de certitudes et de sagesse de la ruche dont l'organisation générale, si minutieuse et si précise, échappe à notre entendement (qui en édicte les lois?), Maeterlinck le conçoit comme dédié à ce qu'il nomme le "dieu avenir", c'est-à-dire la volonté de se perpétuer aussi longtemps que la Terre elle-même, dans un continuel effort pour "être"; ce faisant, il projette sur la société des abeilles une force suprême qui en serait le guide et le mystérieux régisseur et que, ni chez les abeilles, ni chez les hommes, Maeterlinck l'incroyant ne nomme.

 

L'auteur évoque, fasciné, le gaspillage prodigieux auquel se livre la Nature: tant de mâles, à l'heure du vol nuptial, s'élevant vers la reine pour ne pas l'atteindre et mourir bientôt; tant de milliards d'oeufs qui se perdent, dont la vie ne sortira jamais; tant d'abnégation au travail alors que deux ou trois fleurs suffiraient à nourrir les abeilles et qu'elles en visitent deux ou trois cents par heure. Pourquoi cette surabondance, cette économie du monde qui se nourrit d'elle-même? Si Maeterlinck croit que rien dans l'univers n'est inutile, il reconnaît aussi l'éternelle propension de l'homme à l'insatisfaction et son incapacité à admettre qu'une chose puisse avoir un but en soi et se justifie par le simple fait d'exister.

 

Derrière le propos scientifique et l'observation prétendument "objective" de la nature, Maeterlinck dissimule ses doutes, ceux du philosophe qui se heurte sans cesse à la nature comme source éternelle de mystère. A une soif réelle d'observer et d'apprendre, s'ajoute la certitude que ses interrogations resteront à jamais sans réponse. Si l'observation de la nature ne lui inspire pas de réels travaux d'entomologiste, du moins lui fournit-elle l'occasion d'un véritable chef-d'oeuvre de descriptions et d'interrogations fondamentales où il est autant question de l'observant que de l'observé. A la différence des traités d'apiculture, la Vie des abeilles n'a rien à craindre des progrès de la recherche scientifique: sa vérité est celle de la poésie.

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Le vide

« J’ai peur du vide ! »,

M’avait-elle dit.

« Malgré mes rides,

Je le maudis ! »

 

J’ai frémi malgré moi

Imaginant le vide

Quand on monte sur un toit

Qui est pourtant solide.

 

J’ai observé l’espace

Vu du haut d’un rocher.

Sur la falaise d’en face,

Mouettes allaient nicher.

 

J’ai ressenti son vide

Par un matin d’avril.

J’en avais mal au bide.

C’était le trente avril.

 

Mon père succombait

À d’atroces souffrances.

Le vide le remplaçait.

Il entrait dans la danse.

 

Il s’installait sournois,

Fétide, amer, tenace,

S’emparant de mon moi.

Mon sang devenait glace.

 

J’ai mesuré ce vide

Qui est peu mesurable,

Immense, sordide,

De désespoir capable.

 

Ce vide, je le déteste,

Je le hais, je le maudis.

Il ne laisse rien en reste.

Il a tout englouti.

 

Ce mot de quatre lettres

En a une de trop.

Ôtons-lui une lettre.

« Vie » est un meilleur mot.

 

Car mon père est en moi.

Ses signes de survie,

Ses gènes ancrés en moi,

Sont restés bien en vie.

 

J’en ai même transmis

À quatre beaux enfants.

Papa n’est pas fini,

Il vit assurément.

Deneyer Viviane 12/04/2011

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journal de bord, mardi 12 avril 2011

Et Internet, sur ma page de "yahoo", qui continue à "merder", depuis au moins quinze jours, trois s'maines ...

 

Je crois que je peux faire mon deuil.

 

Il me suffit de cliquer sur les notions "boîte de réception" (où, parfois, pas moins de 50 mails nouveaux me parviennent sur une journée) ou "écrire un message" pour que la mécanique s'enraie, pour que je sois obligé de fermer l'ordi (avant de le redémarrer).

 

Je crois que je peux faire un deuil, après dix ans de bons et loyaux services.

 

Ce problème stagne surtout depuis que j'ai une nouvelle page "yahoo".

 

Les derniers temps, sur l'ancienne page (de "yahoo"), ça commençait brusquement à merder, aussi. Durant les dix ans où je m'en suis servi, je n'ai jamais rien vu de pareil.

 

DIre que ...

 

La nouvelle page de "yahoo", j'ai accepté de la prendre, d'appuyer sur la touche adéquate, en me disant qu'il y avait p'têt un régulateur extérieur qui proposait (non : qui imposait) cette situation (où on ne pouvait plus "cliquer'") pour inviter (non : pour obliger) les internautes à changer de page. D'accord, mon idée était farfelue (je m'en aperçois). Ceci dit, mon idée était crédible : de telles machin'ries sont certain'ment en vogue sur Internet.

 

Dire que ...

 

Je dois avoir encore, dans cette page "yahoo", un carnet d'adresses, où pas moins de deux mille adresses, récoltées avec le temps, se trouvent.

 

Heureus'ment que "facebook", où j'ai entassé pas mal d'adresses, est là pour le change.

 

J'ai d'abord cru que c'était du à mon PC, ni plus ni moins. Ou que ma manière d'utiliser les touches de "yahoo" en était responsable. Faux faux faux. Quand je m'attarde dans un Cyber (et que je vais sur ma page "yahoo"), quand je risque le coup sur un autre PC (et que je vais sur ma page "yahoo"), ma page "yahoo" cale, à un moment donné.

 

J'ai du limiter mon information, la s'maine dernière, lorsque j'ai voulu avertir des gens ... de ma prestation à la Bwesse a Music, à Dampremy. Comme par hasard, pas mal d'adresses mail de gens de la région de Charleroi (qui ne sont pas sur "facebook") s'y trouvent. Eh ben, voilà.

 

Je me suis, final'ment, créé une nouvelle adresse email (sans rej'ter l'ancienne) : en plus de cpabhugues@yahoo, il existe, désormais : hugues.draye@hotmail.be. Je demand'rai, par ailleurs, à ceux qui lisent mon "journal de bord", d'en tenir compte, désormais, lorsqu'ils désireront m'envoyer un mail.

 

 Parfois, quand je me trouve à une heure "avancée" de la nuit et que je suis encore sur mon PC, il peut arriver que ma page "yahoo" semble un tout p'tit peu moins désencombrée : j'en profite, alors, pour récupérer, dans la rubrique "contacts", des gens bien précis (répertoriés dans mon "carnet d'adresses") que ma mémoire me rappelle. Je les note dans un carnet.

 

De plus ...

 

Je me fais une religion, maint'nant, de ne plus demander quoi que ce soit à quicoinque. J'ai vu ce que ça donnait quand je m'y risquais. Ou, d'une part, les gens n'y connaissent pas plus que moi et sont soumis aux mêmes emmerdes internautiques (ou d'autres emmerdes internautiques, tout aussi coroaces). Ou, d'autre part, ils comprennent le problème, sont prêts à m'aider, mais alors, dans ce cas ... ils me fournissent des informations tell'ment techniques, sûrm'ent justes, mais inefficaces pour moi : lorsque je me retrouve, avec ces nouvelles notions, devant mon PC, je deviens incapable d'établir un raccordement concret averc ce que je vois, ce que j'essaie d'appliquer. J'en ai déjà vu qui, par souci de m'aider, changeaient la configuration de ma page ... et je ne savais plus rien faire, par la suite.

 

Et quand la fatigue s'en mêle, en plus ...

 

Heureus'ment, aussi, que je ne jette rien. Une multitude de papiers, de cartes de visite de gens qui m'ont, un jour, laissé leurs coordonnées internautiques remplissent un ou deux de mes tiroirs. ON n'est jamais assez prévoyant.

 

En plus, je ne mets plus la main sur un classeur où j'ai noté plus d'une adresse postale (de gens de la région de Charleroi, des Ardennes, de la région de Liège, de France). Comme si tout devait arriver en même temps. Dieu s'amuse à jouer au yoyo avec les trésors de ses fidèles.

 

Bon, il y a aussi des chemins de traverse, qu'on reprend, jour après jour, quand on s'est habitué à la situation.

 

Un exemple.

 

La s'maine dernière, toujours, quand j'ai voulu prév'nir un minimum (ou un maximum) de gens de mon spectacle à "La Bwesse a Music" ...

 

Je me suis rabattu, sur Internet, sur le site www.1307.be, où on peut trouver pas mal de gens qui ont un numéro de téléphone ... fixe. Il se fait que ... ma mémoire travaillant, opérant "bien", j'ai récupéré, par ce biais, sept ou huit adresses postales (elles sont parfois mentionnées, en dehors du numéro de téléphone), j'ai pu envoyer, dans les temps requis, une huitaine d'env'loppes. Il me restait encore, dans un coin de ma chambre, une dizaine de timbres qui n'avaient pas servi. Et j'avais, dans ma besace, une cinquantaine d'infos (que j'avais "péniblement" imprimées dans un Cyber) du spectacle, condamnées, par la force des choses, en pure perte.

 

Et quand la fatigue s'en mêle, en plus ...

 

Survolons.

 

Les choses avancent à leur rythme. Donnons du pouvoir au verre à moitié (ou au quart, ou au dixième) ... plein.

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journal de bord, lundi 11 avril 2011

Une espèce de gros tube à la verticale, de grosse buse complèt'ment difforme, en tour de Babylone, jaune, mal fichue, fait désormais partie du paysage de la Place Flagey (et de son bassin d'orage).

 

Il en faut pour tous les goûts.

 

J'ai une préférence pour les petits bancs en bois, près de la pompe à essence, qu'on a peint ... en représentant Pessoa, le célèbre poète portugais. C'est plus discret et ça me convient mieux.

 

Et le soleil revient en grandes pompes. Les guêpes, de temps en temps, hélas, aussi.

 

Et je fais ma tournée. Pour la dernière semaine (avant celle où je ne travaille pas). Pas moins de quatre kilomètres. Pas moins de neuf cents boîtes aux lettres.

 

Chaud chaud chaud. Ca a sa part de motivation, on en convient. Mais ... il faut éviter de marcher trop vite.

 

Je comprends les bédouins dans le Sahara, enclins aux hallucinations.

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l'origine du monde

MODESTE PARTICIPATION AU SUJET QUI TROUBLE TANT FACEBOOK ET POURQUOI PAS OVERBLOG..?

 Faut voir , voir avec les yeux fermés, et accepter une fois pour toutes l'ypocrisie qui depuis si longtemps dirige la pensée dominante. Il ne sert à rien de se battre avec un système si bien rodé depuis la nuit des temps. Pourtant, cet irrépressible orgueil qui nous force à réagir contre ce rouleau compresseur demeure.. encore , pour notre dignité , aujourd'hui , demain... en désespoir de cause.. Résister ..!

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