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Abraham Hadad à la galerie du Cardo à Reims

Exposition du 21 janvier au 5 février 2011
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Abraham Hadad
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 Abraham HADAD   né à Bagdad en 1937 rejoint Israël en 1948

 Il y développe tout d'abord une belle abstraction lyrique.

 Sa venue à Paris  l'engage peu à peu  dans la peinture figurative où

 l'homme le couple et la famille sont omniprésents.

 Une  simplification graphique est récurrente dans ce travail

  où  l'on évolue dans un univers de volupté nostalgique et intemporelle

 où des rêveurs inconscients posent nus sans rien

 de sexuellement explicite.

 Une codification généralisée des visages accentue le sentiment de clan.

 Les nez sont des excroissances de la peinture, la bouche  deux traits

  parallèles, les yeux hésitent entre l'expression du bonheur béat et  l'étonnement.

 

Une douce affection se transmet en caresses et liens tendres des mains

Par cette simplicité du dessin  l'œuvre graphique du peintre emprunte au grand art oriental

L'ethnie Hadad suscite souvent l'étonnement et les jeux en trompe l'œil du peintre sont autant

de clés des songes.

L'art d'Abraham Hadad tient dans cette étrangeté belle et captivante, dans la représentation d'un monde

 silencieux et doux.

Une certaine douleur sans doute sous cette beauté.

 

A partir de 1977  il entre comme professeur dans la section lithographie de l'école des Beaux Arts de

Paris et dans la section peinture à partir de 1995.

 

Il entre dans les collections publiques du musée d'Art Moderne de  la ville de Paris

Et à  Jérusalem, Haifa, Taiwan, Prague, Tokyo.

En permanence Galerie du Cardo.

 
Abraham Hadad
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« Genèse d’une pensée » est un ensemble de lettres du père Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), publiées en 1964. C'est le recueil des lettres (du 13 décembre 1914 au 17 septembre 1919) écrites par Pierre Teilhard à sa cousine Marguerite Teilhard-Cambon (1880-1959), en littérature Claude Aragonnès, pendant la première guerre mondiale et l'année qui suivit l'armistice. Ce recueil est précédé d'une étude sur Marguerite Teilhard-Chambon, et de la préface rédigée pour celle-ci deux mois avant sa mort accidentelle. Une carte permet de suivre les secteurs du front successivement occupés par le 4e mixte Zouaves-Tirailleurs, régiment de Pierre Teilhard. La publication des lettres conservées est quasi intégrale (celle du 30 septembre 1917 manque), le texte n'a pas subi d'altérations, les quelques coupures sont indiquées, les annotations restent sobres. L'intérêt de cette correspondance majeure est multiple.

 

1) C'est un document historique sur la première guerre mondiale, d'autant plus intéressant que le régiment a circulé tout le long du front. C'est exact et pittoresque, sans forfanterie, ni recherche de l'horrible.

 

2) C'est un document biographique et psychologique irremplaçable qui permet de reconstituer, à part les permissions et deux lacunes (du 15 avril au 10 juin 1917, du 16 octobre 1917 au 9 juillet 1918) l'emploi du temps exact du brancardier Teilhard, et où son âme, malgré une profonde pudeur naturelle, se révèle sans pose ni fard, car cet échange de lettres est d'une parfaite transparence.

 

3) C'est un document philosophique et religieux particulièrement prenant: La guerre a provoqué l'éveil du génie teilhardien: il perçoit la réalité et l'organicité des grandeurs collectives, il accède à la notion de planétarité humaine, il ressent l'existence et les contours de la noosphère, c'est-à-dire d'une terre pensante et unanimisée. On assiste aussi à la première émersion de la mystique pan-christique. En face de la réalité quotidienne de la mort, c'est l'image du Corps mystique qui s'impose à Teilhard. Etonnante vocation de prêtre-soldat, engagé ardemment dans la guerre, mais dont l'unique passion est de s'unir à l'agir de Dieu. Le lecteur a donc le privilège de suivre l'élaboration de nombreux opuscules de guerre, depuis leur première conception jusqu'à l'achèvement, ce qui justifie le titre (factice) du recueil: "Genèse d'une pensée".

 

4) Le plus important peut-être, c'est qu'on découvre un directeur de conscience singulièrement averti, qui a reçu la grâce du discernement des esprits. Il ne se contente pas d'échanges intellectuels avec sa cousine, il vise surtout à un dialogue spirituel où, avec tact, il dirige la vie intérieure de Marguerite, Directirice de l'Institut Notre-Dame-des-Champs, à Paris, le soutient au milieu de ses scrupules et de ses découragements, et l'aide dans son ascension vers le Christ, vers un complet abandon à la volonté de Dieu: bref le jeune religieux essaie la force et la fécondité de son évangile -assumer le monde, mais en passant par la voie du détachement.

 

5) L'intérêt littéraire est loin d'être négligeable avec un style d'une jaillissante spontanéité, familier sans vulgarité, qui témoigne d'une distinction naturelle, d'un sens aigu de la vie intérieure et d'un goût de l'observation qui, loin de l'anecdotique, multiplie les paysages et les tableautins.

 

Pour Rolande Quivron, dont je me souviens, malgré un très grand nombre d'années, que  la cheminée de son appartement,  s'ornait simplement d'une modeste petite photo noir et blanc de Teilhard de Chardin.

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"Les musées aiment-ils le public?
Carnets de route d'un visiteur"

Préface de Bernard Hasquenoph

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Paru le 20 janvier 2011, "Les musées aiment-ils le public?" comporte 178 pages et est édité par Couleur Livres.

Nous vous conseillons d'acheter ce livre en librairie et, éventuellement, de l'y commander. Car soutenir les libraires est important.

Si vous préférez l'acheter via internet, il vous coûtera le même prix qu'en librairie: 18 euros.
Frais d'envoi: gratuit pour la Belgique uniquement.
Pour les autres pays: frais d'envoi à suppléer.

Comment procéder? Voir: www.couleurlivres.be/html/commande.php
Pour tout complément d'information: commandes@couleurlivres.be

Résumé du livre

Pour son quatrième livre, l'auteur s'intéresse à nouveau aux droits des usagers, là où ils sont quasi inexistants: dans le monde muséal.

Il s'appuie sur ses visites menées depuis 25 ans dans les musées belges et étrangers.
Il a également "testé" bien des expositions: Van Gogh à Amsterdam, Toulouse Lautrec à Paris, Magritte à Bruxelles, Giacometti à Seneffe, Bosch à Rotterdam, L'Art Déco à Londres, Chagall à Martigny ou Khalo à Bruxelles.

Le livre analyse comment divers musées sacrifient les droits de leurs visiteurs à la rentabilité: hausse important des entrées, présentation incomplète de la tarification, gratuités supprimées, interdiction de photographier, oeuvres annoncées mais retirées, préventes obligatoires et de plus en plus hâtives.

Nombre de musées se commercialisent. Une démarche culturelle établie sur le long terme risque d'être perdante face à des évolutions qui visent surtout la quantité et l'événementiel.

Bernard Hennebert propose des alternatives réalistes. En priorité, rassembler les usagers intéressés pour cimenter un contre-pouvoir capable de neutraliser tant d'évolutions mercantiles qui appauvrissent le supplément d'âme censé caractériser la culture. Des avancées concrètes en ce sens existent, mais ne sont guère médiatisées. La dernière partie de ce livre s'y emploie.

Bernard Hasquenoph signe la préface. En animant son site www.louvrepourtous.fr, ce visiteur parisien mène ses actions revendicatives vis-à-vis du Louvre, du Château de Versailles ou du Musée d'Orsay.

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Les deux Bernard H.
L'auteur bruxellois Bernard Hennebert et
le préfacier parisien Bernard Hasquenoph.

Quelques extraits du livre

Voici, extraites du livre, quelques déclarations de personnalités qui précisent les droits des visiteurs et les obligations des producteurs et des diffuseurs culturels:

"Un principe de droit exige qu'avant la conclusion de tout contrat, la partie "dominante" doive fournir à son futur cocontractant toutes les informations utiles à une prise de décision en connaissance de cause.
Agir autrement enfreindrait la bonne foi. Les Cours et Tribunaux ont, depuis longtemps, en effet, reconnu l'existence d'une obligation générale de renseignements à charge des fabricants, vendeurs et prestataires de services professionnels".
Charles Picqué (voir page 37)

Réflexion émise lors de la séance du "conseil communal" au cours de laquelle a été décidé que le Musée d'Ixelles pratiquerait la "gratuité du premier dimanche" avec mise en exergue d'une œuvre différente chaque mois:
"L'avantage de cette demande est qu'elle est délimitée. Son coût sera compensé largement par le déploiement d'une information du public et par l'accroissement inévitable d'un intérêt pour les musées. Dans un temps rapproché, il faut amener tous les musées à pratiquer une politique identique".
Roger Lallemand (voir page 107)

"Le rapport à l'usager est un véritable enjeu. Jusqu'à présent, l'aurorité publique n'a pas pris en compte cette problématique de manière systématique et organisée.
Il y a là distorsion par rapport à une amplification des pratiques de loisirs par la collectivité".

Henry Ingberg (voir page 137)

Le manque d'associations d'usagers culturels "est un problème très important à travers toute l'Europe. Le monde culturel donne l'impression de se défendre lui-même. On serait plus fort si l'on avait des associations qui nous soutenaient. Cela se ressent surtout pendant les moments de crise. C'est exact que le monde culturel n'a pas su s'organiser sur ce point de vue et c'est l'un de ses points faibles".
Bernard Foccroulle (voir page 160)

Pour plus d’infos: bernard.hennebert@consoloisirs.be

Le site "Consoloirs" de Bernard Hennebert:

http://www.consoloisirs.be/

 


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Un beau lieu culturel à Bruxelles: L'Hôtel Hannon

L’année 2003 fut l'année du centenaire de l’Hôtel Hannon, très bel hôtel de maître Art Nouveau, situé avenue de la Jonction à Bruxelles. Il fut effectivement construit en 1903-1904 par l’architecte Jules Brunfaut à la demande de son ami Edouard Hannon ingénieur auprès de la société Solvay et photographe.

Au sein de cette magnifique demeure, le peintre rouennais Paul-Albert Baudouin réalisa les importantes fresques de la cage d’escalier et du fumoir; les vitraux sont dus à Raphaël Evaldre, le mobilier et la décoration, aujourd’hui dispersés, portent la griffe du célèbre verrier et ébéniste Emile Gallé et de Louis Majorelle.

L’Hôtel Hannon, classé en 1976 par les Monuments et Sites, fut acquis par la Commune de Saint-Gilles et bénéficia d’une importante rénovation de 1984 à 1988.
Les lieux furent alors mis à la disposition de l’Espace Photographique Contretype, association qui s’occupe de sa gestion culturelle et qui y a déjà présenté une centaine d’expositions dans le domaine de la photographie contemporaine

 

C O N T R E T Y P E

Association fondée en 1978 par Jean-Louis Godefroid, Contretype se présente comme un espace d’exposition,
de production et de diffusion centré sur la photographie créative, sans considération de pratiques ou de genres particuliers.

Depuis vingt-cinq ans, Contretype œuvre à l’accueil à Bruxelles de productions européennes et extra européennes
et, en instaurant des relations de travail avec ses partenaires, diffuse la production d’artistes belges à l’étranger.

Les principales activités de Contretype sont les suivantes:

- expositions à l’Hôtel Hannon ou hors les murs,
- création de missions photographiques,
- résidences d’artistes,
- publication d’une revue bimestrielle,
- édition de livres photographiques et de porte-folios,
- organisation de conférences à propos de la photographie.

 

Au pratique:

Siège social et lieu d'exposition de l'Espace Photographique Contretype:

Adresse:
1, avenue de la Jonction - 1060 Bruxelles
Tél.: 00 32 (0)2 538 42 20
Fax.: 00 32 (0)2 538 99 19
E-mail: contretype@skynet.be

Trams : n° 81 (Janson), 97 (Janson),
92 (Ma Campagne)

Bus :
n° 54 (Ma Campagne)

L’Espace Photographique Contretype est accessible au public:

- Du mercredi au vendredi, de 11 à 18 heures
- Samedi et dimanche, de 13 à 18 heures
- Fermé lundi, mardi et jours fériées

 




 

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Façade de l'Hôtel Hannon
Architecte Jules Brunfaut
Photographie de Paul Louis


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Intérieur de l'Hôtel Hannon
Fresque de P.A. Baudouin
Photographie de Paul Louis

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Edouard HANNON
Autoportrait
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petit homme vert

Comment ça marche, je ne sais toujours pas quand les choses de l'art décident à ma place.

 Mais je sais que je n'attends que cela.

petit homme vert 40x30 acry et tellement de couches accumullées

ptit h vert

 Attendre sans trop attendre pour laisser  faire la peinture, comme une grande..! 

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administrateur théâtres

Hamelin ( théâtre du Rideau) à Wolubilis

« Hamelin » de Juan Mayorga  12/15   18/20 janvier  2011  à Wolubilis par le théâtre du RIDEAU

Derrière la ville brillante avec ses halls de sports lumineux, ses splendides bureaux,  son architecture osée et dispendieuse, il y a la violence de la misère et ses non-dits criants. Il y a les odeurs d’urine d’enfants d’une famille nombreuse vivant chichement dans un 40 mètres carrés. Lisa, la mère de six enfants est digne; René, le père, est sans boulot. En robe verte, signe de mauvais présage sur scène, elle note scrupuleusement certains versements dans un cahier à carreaux. Elle est à nouveau enceinte.  Un notable, Pablo Rivas, s’intéresse au sort des malheureux. Montero, un juge, en mal de carrière importante, va investiguer. Un réseau de pédophilie démantelé ? Les journalistes vont se ruer. Les travailleurs sociaux vont intervenir … ou sévir avec leur docte jargon qui tue! Le juge va interdire.  Les familles vont souffrir. Les enfants vont ne rien dire. Le monde délire. Les points de vues ambigus se croisent. Le coupable présumé … sera menotté.12272710865?profile=original Le public est pris d’emblée pour un parterre de journalistes et devra jouer le jeu ou s’en aller. « Mais ceci n’est pas une conférence de presse » clame le juge à plusieurs reprises ! La langue enferme. Situation surréaliste. Nouvelle forme d’expression dramatique, cette pièce, « pure auberge espagnole » de l’auteur JUAN MAYORGA, déroute, interroge, fouille nos consciences et ne conclut rien. Les spectateurs sont sommés d’apporter eux-mêmes les costumes, les décors, les lumières.  …Au bénéfice du MOT qui semble être le véritable  personnage de la pièce, les sept acteurs ne formant qu’un chœur qui se dissout,  se sépare  et se rassemble sous la baguette de l’annonceur. 12272711264?profile=originalLe mot, le verbe n’arrivent pas à cerner la vérité.  Le juge veut faire parler mais les paroles arrachées ne sont pas des preuves. Il se heurte à la surdité et au refus de dire. Comment d’ailleurs dire l’innommable ? Le juge d’ailleurs  n’arrive pas plus à parler, ni à sa femme, ni à son fils Charles, 10 ans… qui fuit toute communication. « Parler à un enfant est la chose la plus difficile au monde ».  12272711255?profile=originalCorps et graphies : le mot écrit devient le mot parlé. Les didascalies se dessinent sur les murs et sont chuchotées par l’annonceur. Serait-ce lui, ce sire d’ Hamelin qui entraîne les spectateurs dans son imaginaire, dans une aventure qui met en scène le doute et l’incertitude.  Coryphée, conteur public, rat-conteur… Il est le maitre du jeu, des tableaux, des silences. Distributeur de lieux et de parole, il s’infiltre dans toutes les relations… Il est le metteur en scène d’une parabole poignante sur  la force du langage et  son échec. Mimétisme voulu ? Même les dictions des acteurs dérapent  constamment et on a de la peine à les entendre… dans leurs pérégrinations entre la scène et le public. Un défaut quand même.Les âmes pures dessinent des chevaux fabuleux. Un chant en italien a fusé, Charles (ou Benjamin),  sont seuls à comprendre ce qu’ils disent. …Une mère et des larmes ? 12272711293?profile=original

Une production du RIDEAU 02 761 60 30  www.wolubilis.be

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Témoignages d’écrivains sur la langue française

EUROPE

Stéphane Hessel (Berlin, 1917)
Né allemand, acquiert la nationalité française en 1937. S’engage dans les Forces françaises libres. Devient diplomate et haut représentant de la France.
« De cette France revendiquée j’adopte les institutions et les multiples aspects de l’héritage culturel et historique : non seulement la Révolution de 1789 et la Déclaration des droits de l’homme, mais encore la valorisation sans cesse renouvelée de l’intelligence et de la tolérance, de la lucidité et du respect de l’autre : Montaigne, Pascal, Voltaire, Georges Sand ; la conquête des libertés modernes : Hugo, Baudelaire, Rimbaud, Apollinaire ; la profonde clarté d’une langue analytique, articulée, précise. »
(« Danse avec le siècle », par Stéphane Hessel, Seuil, 1997, p. 39)

Rainer Maria Rilke (Prague, 1875-1926)
Poète autrichien de langue allemande. secrétaire de Rodin.
« Oui, j’aime écrire en français, quoique je ne sois jamais arrivé à écrire cette langue (qui plus que toute autre oblige à la perfection, puisqu’elle la permet) sans incorrections et même sans d’insidieuses fautes… Je me rappelle qu’une des premières raisons de me passer une poésie française fut l’absence de tout équivalent à ce délicieux mot : Verger. »
(Florilège de la langue française », par Xavier Deniau, Evreux, Editions Richelieu-Senghor, 1988, p. 102)
« Quelle joie que de pouvoir confier à une langue aussi consciente et sûre d’elle-même, une sensation vécue, et de faire en sorte qu’elle introduise en quelque manière dans le domaine d’une humanité générale… Elle académise, si j’ose m’exprimer de la sorte, la contribution frappée à sa marque et déversée en elle, et lui donne ainsi l’aspect d’une noble chose comprise. »
(Extrait de « Vergers », Gallimard, 1926)

John Brown (Angleterre)
Poète anglais et critique éminent. Auteur en français d’une remarquable histoire des lettres américaines.
« Je sais qu’au début, émerveillé, je maniais le français avec l’insouciance et l’audace d’un alpiniste débutant, qui se balance sur les abîmes sans penser aux dangers. Tout était permis : Je me trouvais dans un nouveau pays où je ne connaissais personne, où personne ne me connaissait. Les contraintes de ma langue natale disparaissaient. Je pouvais sauter, danser, marcher sur la tête, je ne craignais ni le ridicule ni l’extravagant. J’étais l’enfant qui tambourine sur un antique clavecin, le barbare qui pille joyeusement les temples millénaires. »
(Revue internationale de culture française)

Julia Kristeva (Bulgarie)
Professeur à Paris VII. Epouse de Philippe Sollers. Auteur de « Etrangers à nous-mêmes » (Folio, 1988).
« Ecrire en français, ce fut me libérer. Geste matricide. Quitter l’enfer : cette langue est devenue mon seul territoire. Désormais, je ne rêve plus qu’en français. »
(André Brincourt)

Michel del Castillo (Madrid, 1933)
A fui l’Espagne franquiste, en 1953, pour Paris. Romancier célèbre et chrétien engagé.
« C’est vrai que j’ai eu beaucoup de mal avec l’Espagne, mais maintenant cela va beaucoup mieux. Je suis en fait assez content de ma position, être un écrivain français d’origine espagnole me permet d’avoir une certaine distance vis-à-vis des deux pays. »
(Entrevue, dans Vers l’Avenir, Namur, 18 août 1997)

Jorge Semprun (Madrid, 1913)
Emigré à Paris, en 1936. Déporté à Buchenwald. Ministre en Espagne après Franco.
« Nous avions la passion que peuvent avoir des étrangers pour la langue française quand celle-ci devient une conquête spirituelle. Pour sa possible concision chatoyante, pour sa sécheresse illuminée… L’ espagnol est une langue très belle, mais qui peut devenir folle et grandiloquente, si on lui lâche la bride. Cioran parlait du français comme d’une langue de discipline. Je le crois, le français m’aide à maîtriser mon espagnol. »

Jan Baetens
Critique et poète flamand
« En choisissant librement le français, je cherche aussi à maintenir vivante la tradition de liberté du français, langue et culture des lumières dont il est nécessaire de rappeler l’héritage. J’écris en français pour me libérer de mes particularités trop partisanes, de tout ce qui me limite, des préjugés, des idées trop vite faites, des certitudes trop commodes à porter. »
(Carte blanche, extraits. Le Carnet et les Instants, novembre 1998- - janvier 1999)

Marie Gevers (Edegem, 1883-1975)
Romancière flamande intimiste de grand renom.
« J’ai reçu le français comme instrument familier et bien aimé. Je n’ai pas choisi cette langue. Je me trouve au point de jonction des deux cultures. Et ces deux routes se joignent dans mon cœur. »
(Marie Gevers et la nature, par Cynthia Skenazi, Palais des Académies, 1983, p. 81).

Emile Verhaeren (Saint Amand, 1856-1916)
Etudes au Collège jésuite de Gand (en français) avec Georges Rodenbach. Figure dominante de la littérature belge de langue française. Chantre de la Flandre.
« La plus solide gloire de la langue française, c’est d’être le meilleur outil de la pensée humaine ; c’est d’avoir été donnée au monde pour le perfectionnement de son sentiment et de son intelligence ; c’est en un mot, d’être faite pour tous avant d’appartenir à quelqu’un. Ah ! Si un jour il se pouvait faire que toute la force et tout le cœur et toute l’idée et toute la vie des Européens unis s’exprimassent en elle avec leur infinie variété d’origine et de race… »
(Revue internationale de culture française)

Vassilis Alexakis Grèce) 1944
Partage sa vie entre Athènes et Paris. Prix Médicis 1995 pour « La langue maternelle ».
« Nous sommes les enfants d’une langue. C’est une identité que je revendique. J’écris pour convaincre les mots de m’adopter. »
(« La langue maternelle », Fayard, 1995)

Jean Moreas (né Papadiamantapoulos, Athènes, 1856-1910
Amoureux de la France. Prince de l’école symboliste.
« Mon père voulut m’envoyer étudier en Allemagne. Je me révoltai. Je voulais voir la France. Deux fois je me sauvai de mon foyer et pus enfin gagner Paris. Le destin m’a montré la route –mon étoile me guidait- pour que je devienne le plus grand des poètes français. »
(Revue internationale de culture française)

Samuel Beckett (Dublin, 1906-1990)
Ecrivain de langue anglaise qui s’est imposé par son théâtre en langue française. Prix Nobel de Littérature.
« Son bilinguisme anglais-français lui permet d’assurer à sa pensée une équivalence d’expression dans chacune des langues qui lui sont également familières… Le langage ne compte pas d’abord en tant que porteur d’idées, ce sont les mots, quoique imparfaits, chacun d’eux pris séparément et en même temps dans ses rapports avec les autres, qui isolent l’idée pour la mettre en valeur, soit prononcée, soit suggérée, soit très sous-jacente. »
(Louis Perche dans « Beckett », Le Centurion, 1969, p. 118-119)

Carlo Coccioli (Livourne, 1920)
Emule de Bernanos, auteur du roman « Le Ciel et la Terre ».
« Disons que je sens en italien et que je parle en français. »
(dans « La Voix au cœur multiple »)

Emmanuel Lévinas (Kaunas, Lituanie, 1905-1995)
Philosophe d’origine juive. A élaboré en français sa phénoménologie.
« J’ai souvent pensé que l’on fait la guerre pour défendre le français, c’est dans cette langue que je sens les sucs du sol. »
(Le Monde, 19 janvier 1996)

Oscar Vladislas de Lubicz-Miloz (Czereïa, Biélorussie, 1877- Fontainebleau, 1939)
Prince balte, grand poète français. Auteur d’un chef-d’œuvre : Miguel Manara.
« Honneur à la France, pays de cristal, patrie de la pure raison. »
(dams « Milosz, par Armand Godoy, Fribourg, 1944, p. 207)

Marel Halter (Varsovie)
D’origine juive. Rescapé des camps d’extermination.
« C’est en France, plus tard, dans cette France réelle que j’ai découverte à l’âge de quatorze ans, que j’ai appris la liberté en même temps que le français. C’est pourquoi, bien que parlant plusieurs langues, je ne peux écrire, pleurer, rire ou rêver qu’en français. Seule langue dans laquelle je n’ai connu aucune oppression. »
(« Contacts », Paris, janvier 1996-décembre 1997)

Emil Michel Cioran (Raschinari-Sibiu, Roumanie, 1911-1995).
En France depuis 1937. Devenu chef de file de la pensée française.
« La langue française m’a apaisé comme une camisole de force clame un fou. Elle a agi à la façon d’une discipline imposée du dehors, ayant finalement sur moi un effet positif. En me contraignant, et en m’interdisant d’exagérer à tout bout de champ, elle m’a sauvé. Le fait de me soumettre à une telle discipline linguistique a tempéré mon délire. Il est vrai que cette langue ne s’accordait pas à ma nature, mais, sur le plan psychologique, elle m’a aidé. Le français est devenu par la suite une langue thérapeutique. Je fus en fait moi-même très surpris de pouvoir écrire correctement en français, je ne me croyais vraiment pas capable de m’imposer une telle rigueur. Quelqu’un a dit du français que c’est une langue honnête : pas moyen de tricher en français. L’escroquerie intellectuelle y est quasi impraticable. »
(« Itinéraires d’une vie », par Gabriel Lûceanu.)

Eugène Ionesco (Slatina, Roumanie, 1912-1994)
Membre de l’Académie française. Consécration mondiale au théâtre avec « La Leçon » et « La Cantatrice chauve ».
« Si je suis citoyen français, c’est que j’ai fait un choix, qu’une patrie avait la priorité. J’ai choisi le pays de la liberté. »

Romain Gary (Moscou, 1914-1980)
D’un père émigré en Pologne. Volontaire de la France libre. Amoureux de De Gaulle. Diplomate français. Deux fois Prix Goncourt avec « Les Racines du ciel » et « La Vie devant soi ». S’est suicidé.
« Je plonge mes racines littéraires dans mon métissage… La France libre est la seule communauté humaine à laquelle j’ai appartenu à part entière. »
(André Brincourt)

Andreï Makine (Novgorod, 1957)
Venu de Russie aux lettres françaises. Pris Goncourt 1995 pour « Le Testament français ».
« Le français de Charlotte avait gardé une extraordinaire vigueur, dense et pure, cette transparence d’ambre qu’acquiert le vin en vieillissant. Cette langue avait survécu à des tempêtes de neige sibériennes, à la brûlure des sables dans le désert de l’Asie, et elle résonne toujours au bord de cette rivière. »
(« Le Testament français », Mercure de France)

Henry Troyat (né Lev Tarassov, Moscou, 1911)
Venu à Paris en 1920. Couvert de prix. Membre de l’Académie française (1959). Beaucoup de romans et de biographies, inspirées par la Russie.
« Je vivais la moitié du jour à Paris et la moitié du jour à Moscou. J’étais partagé entre le passé et le présent, sollicité, tour à tour, par des fantômes surannés et par des visages vrais et actuels, par une première patrie, lointaine, inaccessible, fuyante, et par une seconde patrie, qui bourdonnait autour de moi, me tirait à elle, m’emportait dans un tourbillon. Pendant longtemps, j’avançai, tant bien que mal, un pied sur les nuages russes et l’autre sur la terre ferme française. Puis, l’équilibre se fit, insensiblement, entre ces deux séductions rivales. Je devins Français, tout en conservant une tendresse particulière pour la contrée de rêve dont m’entretenaient mes parents. »
(« Revue internationale de culture française »)

Milan Kundera (Brno, 1929)
Ecrivain français de langue tchèque. Exilé en France. A fini par écrire directement en français (par exemple « Les testaments des trahis »).
« C’était l’occupation russe, la période la plus dure de ma vie. Jamais je n’oublierai que seuls les Français me soutenaient alors. Claude Gallimard venait voir régulièrement son écrivain pragois qui ne voulait plus écrire. Dans ma boîte, pendant des années, je ne trouvais que des lettres d’amis français. C’est grâce à leur pression affectueuse et opiniâtre que je me suis enfin décidé à émigrer. En France, j’ai éprouvé l’inoubliable sensation de renaître. Après une pause de six ans, je suis revenu, timidement, à la littérature. Ma femme, alors, me répétait : La France, c’est ton deuxième pays natal. »

Elie Wiesel (Signhet, Transylvanie, 1928)
Rescapé des camps d’extermination. Parle et écrit quatre langues : yiddish, hébreu, français, anglais. A choisi le français pour langue littéraire parce que c’est la langue qui l’a réconcilié avec le monde et c’est en français qu’il a lu ses deux maîtres : Kafka et Dostoïevski.
« C’est le français qui m’a choisi. »
(Dans « Auteurs contemporains », n° 6, Bruxelles, Didier-Hatier, p., 50


AFRIQUE NOIRE ANTILLES OCEAN INDIEN

Paulin Joachim (Cotonou, Bénin, 1931)
Etudes de journalisme. Directeur de « Bingo ».
« Je me suis enraciné loin dans la langue française pour pouvoir en explorer les profondeurs… et je peux affirmer aujourd’hui que je lui dois tout ce que je suis. »
(« Florilège de la langue française », par Xavier Deniau, Evreux, Ed. Richelieu Senghor, 1998)

Sony Labou Tansi (Kimwanza, 1947-1995)
Né de père zaïrois, un des écrivains les plus créateurs de l’Afrique noire, notamment au théâtre. Mort du sida.
« On me reproche d’écrire en français, langue de l’acculturation. Une chose me fait sourire : les reproches me sont faits en français et je les comprends mieux comme cela. Cela ne veut, certes, pas dire que je balance la langue kongo par dessus bord pour épouser la belle prisonnière de Malherbe. Le monde actuel est essentiellement fait de métissage. Comment pourrait-il en être autrement ? Je suis Kongo, je parle kongo, j’écris en français. Ma kongolité ne peut pas s’exprimer en dehors de cette cruelle réalité. »

Léopold Sédar Senghor (Joal, 1906)
Père de la négritude, premier président du Sénégal indépendant. Membre de l’Académie française. Un des plus grands poètes français.
« Le français, ce sont les grandes orgues qui se prêtent à tous les timbres, à tous les effets, des douceurs les plus suaves aux fulgurances de l’orage. Il est, tour à tour et en même temps, flûte, hautbois, trompette, tam-tam et même canon. Et puis le français nous a fait don de ses mots abstraits –si rares dans nos langues maternelles- où les larmes se font pierres précieuses. Chez nous, les mots du français rayonnent de mille feux comme des diamants. Des fusées qui éclairent notre nuit. »

René Depestre (Jacmel, Haïti, 1926).
Exilé. Séjour à Cuba. Haut fonctionnaire à l’Unesco.
« De temps en temps il est bon et juste
de conduire à la rivière
la langue française
et de lui frotter le corps
avec des herbes parfumées qui poussent en amont
de mes vertiges d’ancien nègre marron.
Laissez-moi apporter les petites lampes
créoles des mots qui brûlent en aval
des fêtes et des jeux vaudou de mon enfance :
les mots qui savent coudre les blessures
au ventre de la langue française,
les mots qui ont la logique du rossignol
et qui font des bonds de dauphins
au plus haut de mon raz de marée,
les mots qui savent grimper
à la folle et douce saison de la femme,
mes mots de joie et d’enseignement :
tous les mots en moi qui se battent
pour un avenir heureux,
Oui, je chante la langue française
qui défait joyeusement sa jupe,
ses cheveux et son aventure
sous mes mains amoureuses de potier. »
« Bref éloge de la langue française », Haïti, 1980)

Léon Laleau (Port-au-Prince, 1892-1979)
Sa « Musique nègre » date de 1931.
« Ce cœur obsédant, qui ne correspond
Pas à mon langage ou à mes costumes,
Et sur lequel mordent comme un crampon,
Des sentiments d’emprunt et des coutumes
D’Europe, sentez-vous cette souffrance
Et ce désespoir à nul autre égal
D’apprivoiser, avec des mots de France,
Ce cœur qui m’est venu du Sénégal. »
(Dans « Francité », par Joseph Boly, Bruxelles Fondation Plisnier, 1984, p. 36)

Jean Métellus (Jacmel, 1937)
Eloigné de son pays. Neurologue à Paris.
« Je tiens à la francophonie non pas pour une quelconque raison esthétique mais parce que tout le passé d’Haïti a été exprimé dans cette langue. »
(Dans « Florilège »)

Raphaël Confiant (Lorrain, Martinique, 1951)
Appartient à la nouvelle génération des Antillais décolonisateurs de la langue française, avec Patrick Chamoiseau (Prix Goncourt pour « Texaco »). Co-auteur de « Eloge de la créolité ».
« Je suis français. Césaire est français. Mais nous ne sommes pas que français. Je ne peux pas écrire comme un Hexagonal. Je ne crois pas que les canadiens Gaston Miron ou Antoine Maillet soient seulement français, et ce qui est intéressant dans leurs livres, ce n’est pas la Francité mais la Canadianité. »
(André Brincourt)

Edouard Glissant (Bezaudin, Martinique, 1928)
Ecrivain mondialement consacré depuis longtemps. Prix Renaudot pour « La Lézarde » (Seuil, 1958)
« Je crois que la francophonie peut être un lieu de lutte pour l’explosion de toutes les langues, et c’est seulement à ce prix, selon moi, qu’elle aura mérité d’être. »
(Dans « Florilège »)

Jean-Joseph Rabearivelo (Tananarive, 1901-1937)
Poète maudit et déchiré. Auteur des « Calepins bleus ». S’est suicidé en pensant à Baudelaire.
« J’embrasse l’album familial. J’envoie un baiser aux livres de Baudelaire que j’ai dans l’autre chambre –Je vais boire- C’est bu- Mary (sa femme). Enfants. A vous tous mes pensées les dernières –J’avale un peu de sucre –Je suffoque. Je vais m’étendre…
(Dans « La Voix au cœur multiple »)

Jacques Rabemananjara (Maroantsera, 1913)
A grandi à Tananarive. Ecrivain majeur des lettres françaises.
« La langue française est un objet d’amour pour nous… Nous avons été tellement séduits par la langue française que c’est à travers cette langue française que nous avons réclamé notre indépendance… Débarrassée de toute connotation impérialiste et dominatrice, la langue française a été choisie par nous-mêmes pour être un instrument idéal, le véhicule qui nous permet de communiquer aisément avec des millions d’êtres humains et de lancer, de par le monde, notre propre message. »
( « Florilège »)

Raymond Chasle (Brisée-Verdière, Ile Maurice, 1930-1996)
Etudes à Londres. Diplomate de haut niveau. Métis et poète à la manière de Mallarmé et d’Apollinaire.
« La langue française m’a permis de résoudre mes tensions intérieures, de transcender mes écartèlements. Langue de toutes les succulences et de toutes les résonances, elle est, pour moi, le support privilégié de la mémoire, de la connaissance et du combat. »
( « Florilège »)


MONDE ARABE

Jean Amruche (Kabylie, 1906-1962)
Poète et essayiste. Se voulait être un pont entre les communautés algérienne et française.
« Ses rigueurs (du français) satisfont un besoin essentiel de mon esprit. Sa souple, sévère, tendre et quasi insensible mélodie, touche, éclaire, émeut mon âme jusqu’au fond. »
(Le Figaro littéraire, 13 avril 1963)

Mohamed Dib (Tlemcen, 1920)
Romancier et poète. regard lucide sur le monde et les siens.
« (Le français), c’est le véhicule idéal d’une pensée qui cherche, à travers les réalités locales, à rejoindre les préoccupations universelles de notre époque. »
(« Florilège de la langue française », par Xavier Deniau, Evreux, Ed. Richelieu-Senghor, 1988)

Tahar Djaout (Algérie, 1954-1993)
Prix Méditerranée 1991. Assassiné à Alger, le 2 juin 1993.
« L’écrivain n’use-t-il pas inévitablement d’une langue différente, d’une langue de l’étrangeté… empruntant les détours d’une langue non natale, aller plus loin dans l’exil et, partant, dans l’aventure. »
(« La Quinzaine littéraire », Paris, 15 mars 1985)

Assiaz Djebar (Cherchel, 1936)
Romancière et cinéaste.
« Il y a un pont à établir… du français conceptuel à l’arabe luxuriant, il y a quelque écho commun, mais si fragile, si secret… une fluidité, une coulée qui est à la fois française et arabe. »
(Dans « La Voix au cœur multiple ») + Anth. Nathan (p. 376-7)

Malek Haddad (Constantine, 1927-1978)
Poète et romancier. déchiré de ne pouvoir écrire en arabe.
« Je suis en exil dans la langue française. Mais des exils peuvent ne pas être inutiles et je remercie sincèrement cette langue de m’avoir permis de servir ou d’essayer de servir mon pays bien aimé. »
( « Florilège »)

Mouloud Mammeri (Kabylie, 1917-1989)
De sa langue maternelle berbère au roman français. Auteur de « La Colline oubliée » (1952). Mort accidentelle.
« Le français n’est pas ma langue maternelle. J’ai eu bien du mal à apprendre l’imparfait du subjonctif antérieur. Or si je veux m’exprimer, je ne peux le faire que dans cette langue. On peut être nationaliste algérien et écrivain français. Je crois, d’ailleurs, qu’avec l’indépendance, la langue française prendra un nouvel essor. Elle ne sera plus l’instrument d’une coercition, la marque d’une domination. Elle sera le canal de la culture moderne. Pour moi, je n’envisage pas d’écrire jamais dans une autre langue. »
(Le Figaro littéraire », 31 décembre 1955 et « Témoignage chrétien », 24 janvier 1958)
« La langue française est pour moi un incomparable instrument de libération, de communion ensuite avec le reste du monde. Je considère qu’elle nous traduit infiniment plus qu’elle nous trahit. »
(« France Information », n° 122, Paris, 1984)

Khalida Messaoudi
Pour elle, comme pour beaucoup d’autres, la résistance au terrorisme islamique en terre d’Algérie se fait d’abord en langue française.
« Bien sûr, j’avais déjà étudié Nedjma (de Kateb Yacine) sans le comprendre vraiment. J’ai écouté cet homme (Guenzet) parler dans un français exceptionnel et nous lancer : « Le français, c’est un butin de guerre . » Pour la première fois, je me suis mise à réfléchir en français, mais plus comme à la langue donnant accès aux textes de littérature ou de philosophie. Je m’interrogeais sur son statut en Algérie. Je me suis rendu compte que Kateb –comme Mouloud Mammeri ou Mohamed Dib et d’autres- l’avait utilisé, lui, comme arme de combat contre le système colonial, comme arme de conceptualisation. Dès lors je ne trouvais plus seulement naturel de parler français, je me disais : « C’est génial, je suis en train de me l’approprier comme un instrument. Jamais je ne laisserai tomber ça. » Vois-tu, c’est cette Algérie-là pour laquelle je me bats, une Algérie où il est possible d’être en même temps berbérophone, francophone et arabophone, de défendre le meilleur des trois cultures. Le message de Guenzt se trouvait dans cette vérité, et ma mémoire l’a enregistré pour toujours. »
(« Une Algérienne debout », Flammarion, 1995, coll. J’ai lu, p. 81-82)

Kateb Yacien (Constantine, 1929-1989)
D’une renommée internationale avec « Nedjma » (1956) au théâtre en langue arabe.
« La plupart de mes souvenirs, sensations, rêveries, monologues intérieurs, se rapportent à mon pays. Il est naturel que je les ressente sous leur forme première dans ma langue maternelle. Mais je ne puis les élaborer, les exprimer qu’en français. Au fond, la chose est simple : mon pays, mon peuple sont l’immense réserve où je vais tout naturellement m’abreuver. Par ailleurs, l’étude et la pratique passionnées de la langue française ont déterminé mon destin d’écrivain. Il serait vain de reculer devant une telle contradiction car elle est précieuse. Elle consacre l’un de ces mariages entre peuples et civilisations qui n’en sont qu’à leurs premiers fruits, les plus amers. Les greffes douloureuses sont autant de promesses. Pourvu que le verger commun s’étende, s’approfondisse, et que les herbes folles franchissent, implacables, les clôtures de fer. »
(« Revue internationale de culture française »)

Tahar Ben Jelloun (Fès, 1944)
Immense écrivain international. Poète, romancier et essayiste. Pris Goncourt (« La Nuit sacrée »). Chroniqueur au « Monde ».
« Qu’importe l’encre, la couleur des mots, le regard des mots ; et si ces mots sont de France, ils viennent de toutes les langues françaises que nous écrivons ici et ailleurs. »

Héli Béji (Tunisie, 1948)
« Une langue n’est jamais neutre, fut-elle de naissance ; elle n’est qu’une traduction étrange de l’intensité de la réalité. »
« La Quinzaine littéraire, Paris, 16 mars 1985)

Abdelwahab Meddeb (Tunisie, 1946)
« Faire pénétrer dans la langue française une respiration sémitique spécifique… décentrer la langue française, lui insuffler un expir arabe, de quoi lu donner des accents inouïs, inattendus, imprévus. »

Albert Memmi (Tunis, 1920)
Vit à Paris. Psycho-sociologue et romancier. (« La statue de sel », 1953).
« J’essayais de prononcer une langue qui n’était pas la mienne, qui, peut-être, ne la sera jamais complètement, et pourtant m’est indispensable à la conquête de toutes mes dimensions. »
( « La Voix au cœur multiple »)

Abdelaziz Kacem (Bennane, Tunisie, 1933)
Agrégé d’université, critique, écrivain bilingue.
« J’ai expliqué que l’arabe et le français étaient pour moi l’endroit et l’envers d’une même étoffe, que l’une des deux langues était ma mère et l’autre ma nourrice, ce qui fit de moi pour Villon un frère de lai. »

Hector Klat (Alexandrie, 1888-1977)
Un des précurseurs, avec Charles Corm, dans l’expression littéraire libanaise.
« Mots français mots du clair parler de doulce France ;
Mots que je n’appris tard que pour vous aimer mieux.
Tels des amis choisis au sortir de l’enfance ;
Mots qui m'êtes entrés jusqu’au cœur par les yeux. »
(« Le Cèdre et les lys », 1934, couronné par l’Académie française)

Georges Schéhadé (Beyrouth, 1910-1989)
Une des grandes voix des lettres françaises en poésie et au théâtre.
« Tout petit, j’avais le goût des mots, j’étais en dixième, je crois, quand j’ai entendu pour la première fois le mot « azur », j’ai trouvé ça « extraordinaire »… « azur »… je l’ai emporté avec moi dans mon cartable. »
(Entrevue dans « Le Monde », par Claude Sarraute, 26 novembre 1967)

Salah Stétié (Beyrouth, 1929)
Grand prix de la francophonie 1995.
« Miracle de ceux-là qui viennent au français avec leur arabité ou leur négritude, leur asiatisme ou leur insularité, leur expérience autre de l’Histoire et du monde, leurs autres mythologies, avec leurs dieux ou leur Dieu, salés par les océans qui ne sont pas les mers frileuses d’ici, mers d’Europe bordant le plus grand pourtour de l’Hexagone. Ils savent ceux-là que le français, langue des Français, n’est pas, n’est plus le trésor des seuls Français. »
(André Brincourt)

Vénus Koury-Ghata (Beyrouth, 1937)
Inspiration poétique et expérience de femme.
« Le français est pour moi un compagnon fidèle, clef des fantasmes, gardien contre les dérapages et la solitude dans un pays qui n’est pas le mien. L’Arabe, c’est l’autre, drapé de mystère. Il emprunte ma plume… Il revient quand bon lui semble, entre les lignes, au détour des pages. Ses passages sont fugaces. »
(André Brincourt)

Amin Maalouf (Beyrouth, 1949)
Une des voix qui montent en France et recueillent tous les suffrages. Auteur des « Identités meurtries » (Paris, Grasset, 1998)
« Le fait d’être chrétien et d’avoir pour langue maternelle l’arabe, qui est la langue sacrée de l’Islam, est l’un des paradoxes fondamentaux qui ont forgé mon identité… Je bois son eau et son vin, mes mains caressent chaque jour ses vieilles pierres, jamais plus la France (où il vit depuis l’âge de 27 ans) ne sera pour moi une terre étrangère. »

Andrée Chédid. (Le Caire, 1920)
Vit en France par choix. Y brille par sa poésie. Formée en partie à l’Université américaine. Premier poème en anglais.
« Par choix, par amour de cette cité (Paris). Sa pulsation, sa liberté, sa beauté m’ont marquée très jeune d’une manière indélébile. »
(Dans « Questions de français vivant », n° 4, Bruxelles, 1984)

Albert Cossery (Le Caire, 1913)
Vit à Paris depuis 1945. N’a jamais demandé la nationalité française. Décrit une Egypte marginale.
« Je n’ai pas besoin de vivre en Egypte ni d’écrire en arabe. L’Egypte est en moi, c’est ma mémoire. »
(André Brincourt)

Georges Dumani (Egypte, 1882)
Fondateur de l’hebdomadaire « Goha ».
« C’est qu’ici et là on aime la fine clarté, l’intelligence compréhensive, l’ordonnance rythmée de la pensée et du style, l’enchâssement harmonieux des mots dans le tissu des phrases : c’est qu’ici et là –quelle que soit la diversité du génie et de la race- on a le goût de la vérité, le sens de l’ironie et le culte de la tendresse. »
(Dans « L’Egypte, passion française », par Robert Solé, Seuil, 1997, p. 234)

Edmond Jabès (Le Caire, 1912-1991)
Grande notoriété dans la littérature française contemporaine. Quitte l’Egypte à l’arrivée de Nasser, en 1957.
« Mon attachement à la France date de mon enfance et je ne pouvais m’imaginer habitant ailleurs. »
(Dans « Questions de français vivant »)

Elian J. Fibert (Jaffa, 1899-1977)
A chanté les animaux et son pays, Israël. Grand Prix Princeton pour l’ensemble de son œuvre.
« Voici des Musulmans, des Arméniens, des Juifs, des Syriens et bien d’autres. Familles d’esprit aux contrastes et aux oppositions innombrables, mais qui se sont pliés à une même règle et ont accepté une discipline semblable, celle de la langue et de la culture françaises. Peut-être, cette langue et cette culture, touchent-elles en moi ce que nous avons en commun, nous autres riverains de la Méditerranée, je veux dire le goût pour les idées pures, pour la raison. »
(« Revue internationale de culture française »)

Naïm Kattant (Bagdad, 1928)
Né dans la communauté juive de Bagdad. Emigré au Québec, en 1954. Chef de service des lettres et de l’édition des Arts du Canada.
« Si, à vingt-cinq ans, j’ai choisi Montréal comme nouvelle patrie, c’est qu’on y parle français. Aussi, à travers les civilisations, j’adopte une langue et un pays autres que les miens et je garde mon nom. Je ne subis pas mon destin et ma mémoire, je les accepte et je signe mon nom. »
« Le Repos et l’Oubli », essai, Québec, Méridiens Klincksieck, 1987, p. 121 et 196)

André Chouraqui (Aïn Temouchent, Algérie, 1917)
Résistant en France. Maire adjoint à Jérusalem. Traducteur de la Bible et du Coran en français, « une lecture décloisonnée, non confessionnelle » qui, grâce aux « libertés que permet l’éclatement actuel de la langue française, abolit les frontières et lance un pont entre des religions et des confessions fondées sur les réalités essentielles ».
« Ma langue maternelle, avant l’hébreu, était l’arabe. Nous ne parlions que cette langue, qui fut celle de nos plus grands théologiens, dans notre maison, comme dans les rues animées par nos jeux. »
Dans « Le Journal d’un mutant » par Joseph Boly, CEC, Bruxelles, 1987, p. 89)


AMERIQUE – ASIE

Julien Green (Paris, 1900)
Ecrivain américain de langue française. Un monument de notre littérature.
« Ma vraie personnalité ne peut guère s’exprimer qu’en français ; l’autre est une personnalité d’emprunt et comme imposée par la langue anglaise (et pourtant sincère, c’est le bizarre de la chose). Cette personnalité d’emprunt, je ne puis la faire passer en français que fort ma-laisément : elle ne semble pas tout à fait vraie. »
(« Journal » (1943-1945), Plon, 1949, p. 160, 16 sept. 1944)

Hector Biancotti (1930)
Argentin d’origine italienne. Venu en France, à Paris (1963) pour être écrivain français. Membre de l’Académie française. Chroniqueur au « Monde ». Premier roman en français « Sans la miséricorde du Christ » (Gallimard, 1985).
« J’entends les nuances du français, c’est une langue plate, très uniforme au point de vue de l’accent, mais il a la richesse des diphtongues et des différents « e » aigu, accent grave, et cette mystérieuse richesse qui est le « e » muet. Il faut que la phrase soit bien balancée. Pas toutes. On apprend, en écrivant beaucoup de pages, qu’il ne faut pas tomber dans la mélopée. Il faut casser le rythme. Vous avez cédé pendant vingt lignes à la phrase longue et à la mélopée, alors il faut tout à coup faire des phrases courtes. Certains appellent ça la technique. C’est comparable à la musique. »
« Le Magazine littéraire », septembre 1995)

Adolfo Costa du Rels (Corse, 1891)
Romancier et auteur dramaturge bolivien. Ecrivain bilingue.
« Je t’ai donné une culture française afin de perpétuer dans notre famille une tradition qui est une sorte de patrie mentale. Je vous passe le message de mon père. » (à son fils).
(« Revue internationale de culture française »)

Armand Godoy (La Havane, 1880-1964)
A changé de langue à quarante ans pour devenir poète français dans la langue de Baudelaire.
« Depuis que je t’ai découvert
Ton livre jamais ne me quitte
Il vit en moi, toujours ouvert,
Comme un missel de cénobite. »
(« Stèle pour Charles Baudelaire »)

Ventura Garcia Calderon (Paris, 1887-1959)
Né péruvien, à Paris. Fut ministre du Pérou. Ecrivit dans les deux langues en cultivant un grand amour pour la France.
« Me suis-je trompé avec tant de spectateurs universels en venant ici à vingt ans, orphelin ingénu, comme le pauvre Gaspard de Verlaine, prendre place dans ce que l’ancêtre Calderon appelait « le grand théâtre du monde » ? Tout le problème de la culture française et des origines de son génie se posait naturellement à moi. pendant que des soldats nocturnes dévalisaient la France, je faisais, sans pouvoir dormir, l’inventaire de son génie. »
(« Cette France que nous aimons », Paris, Editions H. Lefèbvre, 1942)

Nguyeng tien Lang (Nord, 1909-1976)
Prisonnier du Viêt-Minh (1945-1951). « Les Chemins de la révolte » (1953).
« C’est dans nos fibres les plus profondes que cette empreinte de la France nous a marqués pour toujours, et pourtant nous restons encore et toujours nous-mêmes ; ou, pour ainsi parler, ni tout à fait nous-mêmes, ni tout à fait français ! C’est cela qu’on appelle la synthèse ! Si c’est cela, c’est bien doux à certaines minutes, mais c’est très souvent déchirant. »
(Dans « La Voix au cœur multiple »)

Vo Long-Tê (Sud, 1927)
Ecrit en vietnamien et en français. Baptisé catholique en 1952. Interné en 1975-1977. Au Canada depuis 1991. Traducteur de Paul Claudel. Admirateur de Rimbaud et du poète lépreux Han-Mac-Tu. A servi la poésie française qui lui a permis de rester lui-même dans l’épreuve.
« Reverrai-je bientôt ma lointaine patrie ?
Elle est toujours en moi durant toute ma vie,
Attachée à jamais à la vietnamité. »
(« L’Univers sans barreau », 1991)

A ces auteurs qui se sont exprimés, il conviendrait d’ajouter tous les autres, innombrables, et de plus en plus nombreux, ces dernières années.
Laissons de côté les écrivains d’Afrique noire, des Antilles et de l’Océan Indien ainsi que ceux du Monde arabe et de l’ancienne Indochine, ils sont légion. Nous ne pouvons que renvoyer aux anthologies et histoires littéraires.
Certains pays non francophones et non colonisés par la France entretiennent une littérature presque continue en langue française. C’est le cas de :

Flandre : Charles de Coster, Michel de Ghelderode, Georges Eechoud, Max Elskamp, Franz Hellens, Werner Lambersy, Maurice Maeterlinck, Françoise Mallet-Joris, Félicien Marceau, Camille Melloy, Jean Ray, Charles Van Lerberghe, Liliane Wouters, Pau Willems .

Roumanie : Constantin Amarui, Princesse Bibesco, Adolphe Cantacuzène, Comtesse Anna de Noailles, Petru Dimitriu, Mircea Eliade, Benjamin Fondane, Virgil Gheorghiu, Luca Gherasim, Isidore Isou, Panaït Istrati, Tristan Tzara, Hélène Vacaresco, Horia Vintila, Ilarie Voronca.

Russie : Arthur Adamov, Victor Alexandrov, Nelle Bielski, Alain Bosquet, Hélène Carrère d’Encausse, Christian Dédeyan, Georges Govy, Joseph Kessel, Zoé Oldenbourg, Nathalie Sarraute, Boris Schriber, Elsa Triolet, Vladimir Volkoff, Vladimir Weidké.

Grèce : Alfred Cohen, André Kedros, Gisèle Prassinos, C.P. Rodocanouchi, Georges Spyridaki, Nikos Zazantzaki.

Italie : Louis Calaferte, Gabriele d’Annunzio, Lanza Del Vasto, Geneviève Genari.

Espagne : Arrabal, Salvador de Madiaraga, Luis de Villalonga, Picasso.

Egypte : Amouar Abdel Marek, Albert Adès, Faouzia Assad, Georges Cattauï, Georges Henein, Albert
Josipovicci, Joyce Mansour, Filippo Marinetti, Out El-Kouloub, Robert Solé, Gaston Zananiri.

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journal de bord, jeudi 13 janvier 2011

 Chaussée d'Ixelles, 298.

 

 Des soupières (j'en compte ... au moins huit). Des rideaux rouges. Des pyramides. L'ombre du Tadj Mahall. Un sphinx. Un parfum indien (ou hindou). Des chemises de toutes les couleurs.

 

Et pendant ce temps ...

 

Le facteur se démerde avec la pluie.

 

"Ah qu'il vienne au moins le temps des cerises ... avant de claquer sur mon tambourin ...", chanterait Jean Ferrat.

 

Albert II, roi des Belges, est sacré héros de l'année.

 

En Tunisie, ça barde.

 

Et pendant ce temps ...

 

Le facteur (de la chaussée d'Ixelles et autres) se démerde avec la pluie, la drache, la douche nationale et se désespère devant son GSM inerte.

 

Rue de Vergnies, 40. Bistro "La Loire". Midi vingt-cinq.

 

Un chien court. Collier rouge autour du cou.

 

Et pendant ce temps ...

 

Le facteur (de la chaussée d'Ixelles, de la rue de Vergnies et autres) se démerde (et se décarcasse) avec ... la pluie, la flotte, la drache, la douche nationale et du courrier à n'en plus finir (dont deux réclames ... qui collent).

 

"Lidl ! C'est la Bible !", lui a dit une cliente (faut bien dire quelque chose !).

 

Rue de Vergnies, 40. Bistro "La Loire". Midi vingt-sept.

 

Le chien revient sur ses pas. Il s'immobilise trois secondes devant la porte d'entrée. Il retourne ensuite au point de départ. Pas plus tard qu'hier, sa maîtresse sortait son fer à repasser, sa planche et l'odeur qui en découle ... dans tout l'bistro.

 

Et pendant ce temps ...

 

Le facteur perd ses repères (un brin de mémoire, p'têt) à force d'avancer, de réfléchir à tout ce qu'il doit faire. Il tomb'rait par terre, parfois. Il a failli se faire rentrer dedans par une voiture qui sortait d'un garage. Il s'est senti agressé, électrocuté, à un moment donné, chaussée d'Ixelles, en allant déposer une lettre sur l'escalier d'un sana ... au moment où ses cheveux effleuraient les (fausses) feuilles d'un (faux) palmier, situé dans l'corridor.

 

"Ton cerveau te casse la tête", lui dirait une âme charitable.

 

"Vous voulez un verre de vin chaud ?", lui dit réell'ment une âme bienveillante, rue du Couloir.

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50 millions d'euros pour 219 opérateurs culturels

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Les ministres Fadila Laanan et André Antoine viennent d’avancer plus de 50 millions d’euros à 219 opérateurs culturels, issus de divers secteurs culturels.

Les 51.828.619,28€ correspondent à 85% du total des subventions prévues dans le cadre des conventions ou contrat-programmes.

La somme est répartie comme suit : 34% aux théâtres, 21% au secteur de la musique classique, 16% aux Centres culturels, 8% au secteur pluridisciplinaire, 7% au secteur des Centres d’art et arts plastiques, 6% à des compagnies de danse et 4% au secteur des Lettres.

Cette avance est le résultat de la création, en 2006, du Fonds d’avances des subsides. Celui-ci permet aux institutions de ne plus devoir emprunter auprès des banques le montant des subsides qu’ils reçoivent au cours de l’année.

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Franz Liszt
Marie de Sayn-Wittgenstein

Lettres 1847-1886

 

 

L’année 2011 célèbre le bicentenaire de la naissance de Franz Liszt (1811-1886), pianiste virtuose de l’époque romantique, compositeur et chef d’orchestre, né d’un père hongrois et d’une mère autrichienne. Pour honorer la mémoire de celui qui fut applaudi dans toutes les salles de concerts, dont la musique exigeante et novatrice influença celle de Wagner, de nombreuses manifestations musicales sont organisées en Europe, et des livres, essais biographiques ou correspondances, paraissent en librairie. Les Lettres de Franz Liszt à la princesse Marie de Hohenlohe-Schillingsfürst, née de Sayn-Wittgenstein sont publiées ce mois-ci aux éditions Vrin avec le soutien de la Fondation La Poste. Le projet éditorial de ces Lettres, maintes fois remis en cause depuis l’acquisition des manuscrits en 1931 par la collectionneuse et mécène américaine Mildred Woods Bliss, a été entrepris par Pauline Pocknell. Disparue en 2006, elle n’a pu terminer l’ouvrage que la musicologue belge Malou Haine s’est fait un devoir de poursuivre. Cette dernière offre dans ce volume une introduction très documentée, étudiant non seulement les relations de Liszt avec Carolyne de Sayn-Wittgenstein et sa fille Marie, mais aussi la carrière du célèbre pianiste, et son rayonnement. L’ouvrage enrichi d’illustrations « sélectionnées en fonction de leur rapport au contenu des lettres », notamment fac-similés de partitions, dessins ou portraits de Liszt et des princesses Carolyne et Marie, comporte une annotation extrêmement précise qui repose sur les recherches les plus récentes de l’historiographie lisztienne.
Quand en 1847, Marie de Sayn-Wittgenstein reçoit le premier billet du compositeur, elle a dix ans. Leur échange épistolaire, en français (les lettres de la Princesse Marie ont disparu), durera jusqu’à la mort de Liszt. Grâce à cette correspondance, on peut suivre le musicien dans ses déplacements, approcher les personnalités qu’il rencontre, connaître les œuvres littéraires, musicales ou picturales qu’il apprécie, les événements qui traversent sa vie, avoir des indications sur son travail de compositeur et sur l’exécution publique de sa musique...

Nathalie Jungerman

 

 

 

 

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Lettres de Franz Liszt à la princesse Marie de Hohenlohe-Schillingsfürst née de Sayn-Wittgenstein
Présentées et annotées par Pauline Pocknell, Malou Haine et Nicolas Dufetel. Éditions Vrin, Collection «MusicologieS» 440 pages, 34 €. janvier 2011

 

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Franz Liszt en 1858
par Franz Hanfstaengl
(peintre et photographe allemand 1804-1877) 

 

 
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Ce grand roman fantastique, burlesque et satirique de François Rabelais (1494?-1553) est célèbre, à cause de la fortune attachée à quelques-uns de ses personnages et parce qu'elle fait partie de la genèse d'un grand chef-d'oeuvre.

Rabelais publia d'abord, en 1532, "Les horribles et espoventables faictz et prouesses du très renommé Pantagruel,  Roy des Dispodes, fils du grand geant Gargantua, composez nouvellement par maître Alcofribas Nasier" (ce pseudonyme était l' anagramme de François Rabelais); cet ouvrage était suivi, en 1535, de "La vie inestimable du grant Gargantua père de Pantagruel, jadis composée par l' abstracteur de quinte essence. Livre plein de pantagruélisme". Gargantua était le Livre I de l'oeuvre qui déjà se dessinait, tandis que Pantagruel précédemment publié devait en être le Livre II. Ce n'est d'ailleurs qu'en 1542 que parut l'édition définitive et remaniée des deux livres, sous le titre: "Pantagruel Roy des Dipsodes restitué à son naturel avec ses faictz et prouesses espoventables: composez par feu M. Alcofribas abstracteur de quinte essence". Puis se succédèrent, édités par l'auteur cette fois sous son vrai nom: "Le Tiers livre des faictz et dictz héroïques du noble Pantagruel, composez par M. François Rabelais, docteur en médicine et calloïer des Isles Hieres. L'auteur susdict supplie les lecteurs benevoles, soy reserver à rire au soixante et dixhuytième livre" (1546), puis en 1552, le "Quart livre". Enfin, après la mort de Rabelais parurent successivement: "L'Isle sonnante" (1562), qui comprenait les seize premiers chapitres du Ve et dernier livre, puis l'ensemble de cette cinquième partie, en 1564, sous le titre: le "Cinquiesme et dernier livre de Pantagruel". L'ensemble manque à proprement parler de plan véritable, et, en particulier, le premier livre n'est relié au second que par la parenté qui existe entre les deux héros, Gargantua et Pantagruel. C'est plutôt une collection d'épisodes variés, d'aventures et satires. Il présente également de notables différences de ton d'un Livre à l'autre. C'est que la conception de Rabelais a peu à peu évolué. Outre le vieux roman anonyme précédemment cité, Rabelais eut certainement à l'esprit, en composant son oeuvre, un grand nombre de ces romans populaires qui contenaient les très anciennes traditions du folklore français et dont l'origine remonte aux Romans de la Table Ronde. Il semble qu'au début, son but n'ait été que de faire rire, en exploitant les dimensions énormes du fils de Gargantua et de donner libre cours aux pittoresques dispositions de sa bizarre imagination. Mais, sur ce thème populaire, se greffent déjà de très vivants éléments satiriques et une vision caractéristique et violemment réaliste du monde. Ces éléments l'emportèrent de plus en plus sur le ton de la fable adopté primitivement. De plus, on sait maintenant que Gargantua et Pantagruel sont, à leur manière, une sorte d'autobiographie. Sous une forme fantastique, on peut retrouver les souvenirs d'enfance et de jeunesse de Rabelais, la description de la vie qu'il avait traversés, l'évocation de ses études à l'Université; enfin la guerre Picrocholine de "Gargantua" tire son origine d'un procès qui s'était déroulé, pendant la jeunesse de Rabelais, entre un certain Gaucher de Sainte-Marthe, riverain de Loire qui gênait la circulation des bateaux, et les bateliers, procès dans lequel le père de Rabelais joua un rôle actif. Il est probable que dans cet épisode, c'est son père qu'il a mis en scène, sous le nom de Grandgousier, tandis que Picrochole personnifiait Gaucher.

 

Lorsque Rabelais commence à écrire "Pantagruel", il a déjà 35 ans. Après avoir été franciscain, puis bénédictin, prêtre séculier enfin, étudiant à 36 ans à la Faculté de Médecine de Montpellier, il est médecin de l'Hôtel Notre-Dame de Pitié du Pont-du-Rhône, à Lyon. Il n'a encore publié que des oeuvres d'érudition: les "Lettres latines" d'un médecin de Ferrare, Giovanni Manardi, une édition des "Aphorismes" d' Hippocrate, enfin le "Testament de Cuspidius", pastiche latin du XVe siècle. Tout cela lui rapporte fort peu. Aussi publie-t-il, en 1532, un "Almanach" pour l'an 1533, qu'il signe de son nom suivi de ses titres: "Docteur en médecine et professeur en astrologie", et en lisant un de ces petits livres que répandaient les colporteurs, il fait réflexion qu'il s'en est "vendu plus d'exemplaires en deux mois qu'il ne sera acheté de Bibles en neuf ans". C'est alors qu'il invente son personnage de Pantagruel et qu'il en fait le fils de Gargantua, déjà si célèbre. Le nom de Pantagruel existait déjà: dans les "mystères", c'était un diablotin qui jetait du sel dans la bouche des ivrognes et qui personnifiait la soif. Il semble qu'on puisse rapprocher l'origine de ce personnage d'un régime que le médecin Rabelais imposait à ses malades: bains de vapeur et régime de boissons qui les fassent transpirer. Ce seraient eux les "buveurs très illustres et vérolez très précieus" à qui il s'adresse dans ses Prologues. De toutes manières, la soif et la nécessité de l'étancher joue un grand rôle dans toute l'oeuvre. Mais s'il fait de son héros un géant fils de géants, c'est tout simplement parce que c'est un prétexte à de bonnes plaisanteries, à une suite de "gags" comme nous dirions aujourd'hui, et aussi pour plaire à ce public populaire qui aimait tant les vieilles histoires de géants. Le livre dût être rapidement très connu, puisque l'auteur donna la même année, une "Pantagruéline pronostication" pour l'an 1533, qui est un almanach de fantaisie. A la fin de l'année, il part avec son nouveau protecteur, Jean Du Bellay, évêque de Paris, pour Rome. En mai 1536, il reprend son service à l'hôpital et publie "Gargantua". Entre temps, avait eu lieu l'affaire des placards et l'on avait décidé de sévir contre l'"hérésie". Rabelais, dont le "Pantagruel" avait déjà été condamné en Sorbonne, jugea plus prudent de disparaître. Il suivit de nouveau Jean Du Bellay, nommé cardinal, à Rome, où il arrangea ses affaires avec la Curie romaine, avec laquelle il n'était pas trop en règle. A son retour, il devient chanoine et passe enfin, bien que déjà médecin célèbre, son doctorat en médecine. En 1542, il donne l'édition définitive de "Gargantua" et "Pantagruel", dans laquelle il avait coupé les noms dangereux et les attaques directes contre la Sorbonne, ce qui n'empêcha pas celle-ci de condamner les deux livres. Cependant Rabelais a de puissants protecteurs et il obtient le privilège pour le "Tiers Livre". Bien que dédié à la reine de Navarre, ce livre fut également condamné. Rabelais s'enfuit à Metz et y devient médecin de la ville, puis part de nouveau en Italie avec le carinal Du Bellay. Il dédie le "Quart Livre" (1549) à un autre cardinal, Odet de Chatillon. Il a alors deux cures où, d'ailleurs, il ne réside pas, dont celle de Meudon. Mais le "Quart Livre" est censuré par la Sorbonne et poursuivi par le Parlement. Cependant, on obtint que l'arrêt ne soit pas exécuté. On perd ensuite la trace de Rabelais; on sait seulement qu'il résigna ses deux cures et qu'il mourut au commencement d'avril 1553 à Paris. En 1562, parut sous son nom, l' "Isle sonante" qui était la suite de la "navigation" de Pantagruel en seize chapitres. En 1564, était publié le "Cinquièsme Livre", complet. Les seize premiers chapitres étaient une version un peu modifiée de l' Isle sonnante. On s'est demandé si ce "Cinquième Livre" était bien l'oeuvre de Rabelais ou une simple entreprise de librairie qui exploitait sa renommée. D'après le dernier éditeur de Rabelais, M. Jacques Boulenger, les seize premiers chapitres seraient ce que Rabelais a laissé d'achevé après sa mort; le reste du livre comprendrait des passages de lui, mais reliés entre eux par des morceaux (le plus souvent des fragments de traduction) dont l'invention serait bien de lui, mais qui auraient été rédigés par une main étrangère. Ceci explique l'hétérogénéité du Livre V, quant à sa valeur littéraire.

 

"Gargantua" est précédé d'un dizain "Aux lecteurs"; c'est là qu'on trouve le vers universellement connu "Pour ce que rire est le propre de l'homme", et d'un Prologue de l'auteur. C'est à ses malades que Rabelais dédie ou feint de dédier son livre: "Buveurs très illustres et vous vérolez très précieux (car à vous non à aultres, sont dédiez mes escrptz)". A coups de citations exactes et fantaisistes facétieuses et d'exclamations facétieuses, il convainc ses lecteurs de chercher à lire entre les lignes et de découvrir, sous toutes ces "mocqueries, folatreries et menteries joyeuses", un enseignement, la "substantifique mouelle". Après une dissertation pseudo-érudite sur la "Généalogie et antiquité de Gargantua", dont il fait remonter l'origine jusqu'à Noé, il nous donne un petit traité en vers qu'il prétend fort ancien et qu'il intitule: les "Franfreluches antidotés trouvées en un monument antique". C'est une énigme dont personne n'a pu trouver la cléf. Puis vient le récit de la naissance du héros, le géant Gargantua, fils de Grandgousier et de Gargamelle; prise par les douleurs de l'enfantement pour avoir mangé trop de tripes, sa mère, au milieu des discours de ses invités ivres, accouche... par l'oreille gauche. C'est ensuite la description mirobolante des vêtements qu'on fît faire à l'enfant. Gargantua révèle son "esprit merveilleux" par "l'invention d'un torchecul". Puis commence sa première éducation à l'ancienne  manière (scolastique) par le sophiste Tubal Holoferne, à la suite de laquelle il devient "fou, niays, tout reveux et rassoté". Aussi son père l'envoie-t-il à Paris pour y trouver d'autres maîtres sous la direction de son nouveau percepteur, Ponocratès. Gargantua fait le voyage sur le dos d'une énorme jument qui, en chassant les mouches avec sa queue, abat tous les bois alentour: c'est ainsi que la Beauce, autrefois couverte de forêts, fut "réduite en campagne". Arrivé à Paris, le jeune homme dérobe les cloches de Notre-Dame pour les suspendre au cou de sa jument. On lui députe un docteur en théologie, Janotus de Bragmardo, pour le convaincre de les rendre. C'est l'occasion pour Rabelais de trousser une harangue en style macaronique coupé de latin de cuisine. Suit le satire de l' éducation qu'on recevait alors à l' Université; sur ce, l'auteur commence l'incroyable énumération des jeux auxquels s'adonnait Gargantua. Mais Ponocratès met au point un programme d'études conçu de telle sorte que "pas une heure par jour n'était perdue": le jeune homme se lève à quatre heures; puis, passant d'une discipline à l'autre, il s'adonne à toutes sortes de travaux intellectuels, étudie la musique, se livre enfin aux sports les plus variés. Ainsi, en peu de temps, Gargantua devient un gentilhomme accompli et un parfait humaniste. Mais un incident vient interrompre son séjour. A la suite d'une querelle entre fouaciers (marchands de galettes), la guerre éclate entre Grandgousier et son belliqueux voisin, Picrochole. Dans ces combats, se distingue un moine singulier, ignorant, buveur, mais loyal et héroïque, Frère Jean des Entommeures. Gargantua est rappelé au pays par son père. Il fait merveille dans les batailles. C'est une succession de scènes drôlatiques et épiques à la fois. Jean des Entommeures devient un des plus fidèles compagnons du jeune géant. Celui-ci, après le combat, avale, avec sa salade, six pèlerins qui s'y étaient cachés et s'en trouve fort marri. Frère Jean décrit, et on devine de quelle manière, la vie des moines de son couvent. Enfin Picrochole disparu, ses troupes se rendent; Gargantua leur dicte ses conditions avec grande justice et force discours émaillés d'exemples tirés de l'Antiquité. Afin de récompenser dignement Frère Jean, on fonde un couvent d'un genre nouveau, l' abbaye de Thélème. On prend en effet le contre-pied des règles monastiques: la communauté sera mixte, on n'y admettra que les garçons et les filles, "beaux, bien formez et bien naturez". Suit la descrption minutieuse du bâtiment, qui sera plus beau que les grands châteaux de la Loire alors en construction. Une immense inscription sur la porte de l' abbaye en écarte les indignes. Le vêtement des moines et nonnes est soigneusement peint: c'est le costume des élégants de l'époque. Quant à la règle, elle tient tout entière dans ce précepte: "Fay ce que vouldras". Rabelais intercale ensuite, dans son livre, une "énigme prophétique", qu'il emprunte à Mellin de Saint-Gelais.

"Pantagruel" comme "Gargantua" est précédé d'un dizain adressé par Maistre Hugues Salel, poète renommé, à l'auteur; puis vient le Prologue, où Rabelais expose les merveilles que fit son oeuvre dans la guérison des maladies. Le livre s'ouvre sur l'origine et antiquité du grand Pantagruel. Cette fois, Rabelais remonte à la création du monde, à la naissance des géants, puis imitant les généalogies des Evangiles, il nous donne la succession de leurs générations. La mère de Pantagruel, Badebec, meurt en le mettant au monde. Aussi, Gargantua, son père, est-il bien "esbahi et perplexe", car il ne sait ce qu'il doit faire: s'il doit "plorer pour le deuil de sa femme, ou rire pour la joye de son fils". Aussi, il pleure "comme une vache mais tout soubdain rit comme un veau". Rabelais nous compte ensuite comment fut nourri Pantagruel, à la manière des géants, puis les "faictz" du jeune Pantagruel, qui se distingue de très bonne heure, à la fois par sa voracité et par l'alacrité de son esprit. Il commence ensuite ses voyages, en rencontrant sur sa route un "escholier limosin" qui, à la mode des pédants de l'époque, s'exprime dans un langage incompréhensible. Pantagruel se rend à Paris où sa première visite est pour la bibliothèque de la fameuse abbaye de Saint-Victor (l'auteur nous donne un aperçu plaisant du catalogue de cette bibliothèque, déformant, de manière moqueuse et souvent obscène, les titres des plus célèbres oeuvres de la littérature théologique).

Ici se place la fameuse "Lettre sur l' éducation" envoyée au héros par son père. C'est à la fois un hymne à la renaissance des lettres: "Maintenant toutes disciplines sont restituées, les langues instaurées... les impressions tant élégantes et correctes en usance... Tout le monde est plein de geans savants, de précepteurs très doctes, de libraires très simples", et un programme d'éducation quelque peu chimérique par son ampleur. Pantagruel devra apprendre les langues anciennes: gres, latin, "hébraïcque, chaldaïque et arabicque"; l'histoire, la cosmographie (géographie), la géométrie, l'arithmétique, la musique, l'astronomie, le droit civil, la médecine. Il devra connaître les noms des animaux, des plantes et naturellement avoir lu, dans le texte original, l'Ancien et le Nouveau Testament. Il ne devra pas pour autant négliger les arts de chevalerie, dont la connaissance et l'exercice sont indispensables aux personnes de son rang. On trouve, dans ce programme, un enthousiasme pour la connaissance, une universalité dans la curiosité, qui est bien significative de l'époque, mais aussi de la personnalité de Rabelais, qui explora un peu toutes les branches du savoir et fut un humaniste fort érudit. Un épisode non moins célèbre suit ce chapitre: c'est la rencontre de Pantagruel et de Panurge. Lorsque le héros aborde ce personnage, à demi étudiant, à demi vagabond qui l'intrigue, l'autre lui répond en allemand, puis en italien, en écossais, en basque, en espagnol, en danois, en hébreu, enfin dans des langues qui sont l'invention de Rabelais. Pantagruel décide de faire de Panurge son compagnon; depuis ce moment, ils ne se quitteront plus et Panurge jouera, dans la suite des aventures, un rôle presque égal à celui de Pantagruel. Le jeune géant est devenu maintenant un maître accompli, aussi rend-il, au cours d'un jugement grotesque, des sentences qui soulèvent l'admiration générale par leur équité et leur obscurité. Suivent le portrait de Panurge, "malfaisant, pipeur, beuveur, bateur de pavés, ribleur s'il en estoit à Paris; au demourant, le meilleur fils du monde", et le récit de ses aventures. Il vit de toutes sortes d'expédients dont les plus bizarres ne sont pas la vente des indulgences et le mariage des vieilles femmes. Les Dipsodes ayant envahi les terres des Amaurotes, Pantagruel et sa petite troupe partent en campagne. Ses exploits sont en rapport avac sa taille: il déconfit six cent soixante chevaliers d'un coup, puis trois cents géants armés de pierres de taille. Un de ses compagnons ayant eu la tête coupée, on la lui recolle; il raconte alors ce qu'il a vu aux Enfers dont il vient: tous les héros de l'Antiquité, les papes, les grands personnages du temps y exercent les métiers les plus divers et les plus bas. A la suite de l'auteur on visite la bouche du géant, où l'on fait les plus étranges rencontres du monde. Enfin, tout rentre dans l'ordre et Rabelais prend congé de son lecteur, en s'excusant de ces balivernes; mais si lui, ajoute-t-il, n'a guère été sage de les écrire, le lecteur ne l'a pas été davantage puisqu'il les a lues.

Le "Tiers Livre" s'ouvre, lui aussi, avec un Prologue, où l'auteur tourne en ridicule tous ceux qui n'aimainet pas ses livres. Pantagruel occupe le pays qu'il vient de conquérir la Dipsodie et y transporte une colonie de sujets du roi son père, les Utopiens, puis il administre son nouveau royaume. Panurge l'aide, en faisant tout de travers et en philosophant. Mais il est fort dérangé par une idée qui lui traverse l'esprit: Doit-il ou nom se marier? Commence alors l'interminable quête de conseils et d'oracles, qui forme toute l'intrigue du "Tiers Livre" et nous fait parcourir les milieux les plus divers. Pantagruel et Panurge essaient d'abord des maximes des Anciens, elles sont évidemment contradictoires; ils écartent le sort des dés, comme illicite; les songes ne donnent rien, car l'interprétation en reste ambiguë; il se tourne alors vers la célèbre sibylle de Panzoust. Avec toutes sortes de difficultés, ils parviennent à tirer d'elle un oracle, mais il est si obscur qu'il faut un long chapitre d' interprétation pour convenir qu'il veut dire ceci ou son contraire. Ils recourent ensuite aux conseils du muet Nazdecabre, puis visitent un vieux poète français, Raminagrobis; bien qu'ils le trouvent mourant, celui-ci n'en donne pas moins son conseil, qui est: "Prenz la, ne la prenez pas". Her Trippa (sous ce nom, c'est de Cornélius Agrippa, occultiste fameux, que Rabelais se moque) expose avec force détails toute sa science abracadabrante, mais ne trouve pas la solution. Panurge se tourne vers Frère Jean des Entommeurs, qu'il salue d'une liste d'épithètes qui occupe plusieurs pages, Frère Jean lui donne le conseil de se marier pour des raisons de commodités. Mais ceci ne résout pas les incertitudes de Panurge; il veut bien se marieur, mais il craint d'être trompé. Alors Pantagruel assemble un théologien, un médecin, un légiste et un philosophe; leurs discours sont des modèles du genre: arguments spécieux, balancements des thèses contraires, style pédant, tout y est. En définitive, ils ont baucoup parlé et n'ont rien dit. Puisque les sages n'ont pu se prononcer, on décide de recourir aux fous. Suit, en entracte, une amusante caricature de la magistrature, en la personne du juge Bridoye qui rend ses sentences à coups de dés. Le conseil que leur donne le fou des rois de France, Triboulet, est tout aussi peu satisfaisant que les autres. A bout de ressources, ils décident de visiter le seul oracle sérieux, celui de la "Dive Bouteille". La fin du livre est toute occupée par les apprêts du voyage, et Rabelais fait, on ne sait pourquoi, une très longue description et louange d'une herbe fort utile, le pantagruellon (c'est le chanvre), nous montrant à cette occasion toute la bizarre érudition dont il était capable.

Le "Quart Livre" est dédié à Odet de Coligny, cardinal de Chatillon, évêque de Beauvais, qui devait devenir calviniste, être excommunié et mourir empoisonné en Angleterre. Après l'épître dédicatoire, vient le Prologue où Rabelais se réfère à la mythologie pour justifier ses audaces. Puis commence la navigation de Pantagruel, dans laquelle, pour nous présenter une satire parfois féroce, Rabelais se sert des récits des découvertes géographiques de son temps et particulièrement de celui du voyage tout récent de Jacques Cartier, de telle sorte qu'on peut suivre sur les cartes de l'époque ce voyage imaginaire. Pendant le voyage, Panurge se dispute avec un marchand de moutons, et en jette un à la mer: tout le troupeau suit, entraînant le marchand dans les eaux. La compagnie aborde ensuite de nombreuses îles, toutes bizarres, remplies d'animaux étranges (Rabelais emprunte ces détails aux récits de voyageurs et ne se fait pas faute de les amplifier à sa mesure). C'est ainsi qu'ils parviennent dans l'île des Chicanous (satire des gens de justice); après avoir laissé au large les îles de Tohu et Bohu, ils essuient une terrible tempête, où le courage de Panurge est mis à rude épreuve; ils visitent ensuite les îles des Macraeons (gens qui vivent longtemps), l'île de Tapinois où règne l' absurde. Quaresmeprenant (l'auteur s'y moque des prescriptions de carême et montre ses connaissances en anatomie). Après avoir fait la rencontre d'une baleine, on descend dans l'île Farouche où sévit une guerre entre Andouilles et Cuisiniers; enfin la petite troupe parvient à l'île des Papefigues où sont fort malmenés les Protestants. Les Catholiques ont leur tour dans leur île des Papimanes. Rabelais les accuse de prendre les textes sacrés à la lettre et d'en négliger l'esprit; il se gausse fort de toutes les superstitions et, en particulier, de l'adoration qu'on rend aux papes. Il raille les vices du clergé et s'indigne contre les exorbitantes prétentions de la Curie romaine. Les voyageurs font une visite au manoir de "Messer Gaster (le ventre), premier maître ès arts du monde. Comme à son habitude, Rabelais nous donne ici d'immenses listes de mots, exacts ou inventés, et passe en revue toutes les nourritures. Le Livre IV se termine sur la "Briefve déclaration d'aucuns dictons plus obscurs contenues on quatrième livre". C'est une sorte de glossaire qui semble avoir été composé par Rabelais lui-même; il y explique toutes sortes de mots et expressions peu courantes qu'il a employés dans son livre. On devine l'intérêt de ce répertoire.

Le Prologue sur lequel s'ouvre le "Cinquième livre" n'est certainement pas de Rabelais. Par contre, les seize premiers chapitres semblent de sa main. "L'Isle sonante" où leur voyage a conduit Pantagruel et les siens, c'est Rome. Le récit est tout entier comme le "Quart Livre" consacré aux escales de la bande, à l'Isle Soanante, -où Rabelais ne prend même plus la peine de dissimuler le nom de ceux dont il parle: il les appelle des moinegaux, clergaux, prestregaux et papegaut, "qui est unique en son espèce", -chez les Chats fourrés (nouvelle satire de la justice) et au royaume d' Entéléchie (la Sorbonne). Enfin, ils abordent au très lointain pays de Lanternois (la terre des filoux), où la prêtresse Bacbuc leur communique la réponse de la Dive Bouteille, qui conseille l'unique remède, c'est "Trinck!", autrement dit: "Bois!".

A lire l'analyse des différents livres, on n'aura pas manqué de remarquer que le dessein de l'oeuvre a quelque peu évolué d'un livre à l'autre et que le ton même a changé. Rabelais est parti d'un récit fantastique (inspiré des oeuvres populaires traditionnelles) qui est, sans doute, le chef-d'oeuvre de l' imagination la plus extravagante et la plus subtile qui ait jamais existé et qui tire une grande partie de sa beauté de son langage. Le langage présente la particularité, fort étonnante pour l'époque, d'être celui du style parlé: Rabelais y fait entrer toutes les locutions bizarres et populaires qu'il a entendues et il l'enrichit encore de ses propres trouvailles: aussi n'est-ce qu'un courant de calembours, facéties, plaisanteries obscènes, précisions parfaitement oiseuses, qui n'alourdissent pas le texte mais lui donnent une vie truculente, énorme, qui submerge le lecteur. Si Rabelais se laisse aller au cours de son imagination capricieuse et intarissable pendant deux volumes, il n'en est plus de même avec le "Tiers Livre". Celui-ci a un caractère beaucoup moins populaire que les deux précédants: Rabelais oublie, à plusieurs reprises, que son héros est un géant; il ne se contente plus des bouffonneries souvent grossières, quelquefois faciles des premiers livres; son comique est plus subtil, plus savant aussi et l'auteur y laisse paraître son goût pour  l' érudition. C'est qu'en treize ans, Rabelais a conquis la gloire, il peut se permettre d'être plus personnel, de s'affranchir complètement de ses modèles; c'est aussi que son public s'est bien élargi: il écrivait pour un auditoire avant tout populaire, maintenant les lettrés attendent autre chose de lui et il est significatif que les Livres III et IV soient dédiés à de très hauts personnages. La satire aussi y devient plus dure, plus sévère, moins exclusivement burlesque. Si déjà, dans les premiers livres, il créait un monde bien à lui, qui était souvent la caricature de l'autre monde, du réel, maintenant il attaque en face son temps, et plus encore les survivances du passé dans son temps. C'est ainsi qu'il prend parti dans les discussions contemporaines, qu'il aborde des questions qui étaient d'actualité: dans le "Tiers Livre", où quarante chapitres sur cinquante-deux sont consacrés à la question de savoir si Panurge doit se marier, c'est-à-dire à celle de savoir ce que vaut le mariage, ce que vaut la femme, il prend parti dans la querelle platonicienne, qui l'avait déjà passionné lorsqu'il était franciscain à Fontenay-le-Comte et que ce problème se disputait entre les membres du petit cénacle dont il faisait partie, querelle qui venait de se réveiller avec la publication en 1542 de la "Parfaite amie" d' Héroët. Rabalais est loins d'être féministe, c'est le moins qu'on puisse dire; d'ailleurs il n'y a pas de personnage féminin dans son livre, tout juste quelques figurantes. Autre question d'actualité, et celle-là plus brûlante et plus dangereuse: celle de la Réforme et de l'Eglise, des querelles théologiques, des guerres de religion. Le livre IV lui sera en partie consacrée. Là, Rabelais ne prend pas parti entre les deux adversaires, ou plutôt il prend parti contre les deux: il stigmatise les intolérances et les crimes des deux religions; s'il se moque de l'Eglise, s'il porte contre elle de graves accusations sur lesquelles il revient d'ailleurs au Livre V, il n'a guère plus d'indulgence contre les Protestants, qui lui apparaissent comme des forcenés. S'il garde ses sympathies pour la première Réforme, la Réforme libérale, il n'en a aucune pour celle de Calvin et on sait que Calvin le lui rendait bien, qui le considérait comme un dangereux libre penseur.

S'il était exagéré de dire que Rabelais ait été vraiment un athée (à l'entendre, il serait plutôt un déiste, comme on dira plus tard; mais peut-être cette attitude n'est-elle que feinte, il y avait de trop grands risques à se reconnaître ouvertement comme incroyant) il est, en tous cas, violemment anticlérical (et pour cause) et nettement a-religieux. A cet égard, pour lui, toutes les religions se ressemblent et il mélange allègrement les saints catholiques et les dieux de la mythologie. Quelle est donc sa morale? C'est une espèce de stoïcisme joyeux qui consiste à mépriser tous les cas "fortuits", c'est-à-dire de tout ce qui ne dépend pas de nous. Il faut agir très peu, se garantir le plus possible de l'action des hommes et des événements, les supporter avec patience et fermeté quand ils vous atteignent, vivre en repos avec sa conscience et surtout étudier beaucoup, connaître le plus possible, et pas seulement les livres mais les choses de la nature, les moeurs des hommes. De là, découlent son vaste programme d'éducation humaniste et encyclopédique, le primat qu'il donne aux sciences naturelles sur les sciences abstraites, et spécialement sur la scolastique, la métaphysique et même la philosophie, qui lui semblent de vains héritages d'un passé qu'il déteste. Il n'a garde d'oublier cependant, et c'est une des maximes clés du livre, que "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" (Lettre de Gargantua à Pantagruel).

Mais les Cinq Livres sont loin de n'être qu'une discussion d'idées ou un roman d'aventures fantastiques, ou même une vision toute personnelle, mais singulièrement convaincante d'un monde; c'est aussi l'histoire de personnages vivants, bien en chair et hauts en couleur, parfaitement réels. C'est d'abord l'histoire de trois générations: le grand-père Grandgousier, l'homme du passé, naïf et fruste, respectueux d'ailleurs du savoir; Gargantua incarne la génération suivante, celle de la renaissance commençante, sage, prudente, mettant au-dessus de tout la droiture d'esprit et la vertu du coeur, encore peu instruite, mais désireuse de l'être et reportant sur ses enfants ce goût insatisfait pour les études; enfin Pantagruel incarne l'homme de la Renaissance, tel que l'a rêvé Rabelais, vertueux, intelligent, mais surtout ivre de connaître, peu regardant au surplus sur ses fréquentations, demandant avant tout à ses amis d'être spirituels et avisés. Il trouve son digne complément en Panurge, un peu malhonnête, passablement lâche, faisant feu de tout bois, mais à l'intelligence prodigieusement vive, à la répartie prompte, à la drôlerie toujours en éveil. On sait que ce personnage truculent d' étudiant bohème et paresseux, demeurera à travers les temps comme un des types les plus vivants et les plus populaires de toute notre littérature. C'est encore Picrochole, le roi stupide et entêté; Frère Jean, le moine-soldat et paillard, homme de peu d'instruction mais de bon conseil, et les précepteurs ridicules ou perspicaces, enfin toute la troupe des compagnons de Pantagruel, admirable répertoire de caractères. On s'est efforcé de trouver des clés à ces personnages, et spécialement de découvrir derrière les masques des trois géants les traits des derniers rois de France. L'entrprise semble oiseuse: Rabelais a pris un peu partout ses matériaux et si on peut déceler, par exemple, quelques ressemblances entre le caractère de Panurge et le sien propre, l'enfance et la jeunesse de ses deux géants proviennent de ses propres souvenirs; enfin le portrait de l'homme de la Renaissance, qu'est Pantagruel, avide de certitudes rationnelles et expérimentales, armé de l'esprit critique irrespectueux des temps nouveaux n'est pas loin de l'humaniste François Rabelais.

Ce qui ne manquera jamais de surprendre le lecteur de Rabelais, c'est son style et sa langue. Son style est proprement torrentiel; jamais personne n'avait jamais écrit comme cela avant lui, et jamais personne n'écrira plus ainsi; sa richesse est d'une luxuriance étouffante, mais soutenue par une vigueur, une sûreté absolue. Quant à la langue, Rabelais emploie systématiquement toutes les ressources qu'il avait à sa disposition: aussi bien le vocabulaire de la philosophie scolastique, que le jargon pédant des humanistes, le langage le plus châtié que les expressions les plus populaires, les plus triviales; il recourt aux termes du métier, aux dialectes; il fabrique constamment des mots nouveaux, des néologismes plaisants ou savants tirés du latin, du grec, de l'italien, de l'espagnol, des langues germaniques et même de l'hébreu; mais surtout il se sert d'expressions vieillies, de tournures qui n'avaient déjà plus cours, il recueille tous les archaïsmes pourvu qu'ils soient pittoresques, qu'ils fassent image. Enfin Rabelais, et c'est par là qu'il est si nouveau, emploie constamment le langage parlé: non pas celui de la haute société, mais le langage de la rue, des campagnes. C'est d'ailleurs cela et l'usage des archaïsmes, qui rendent son abord quelque peu difficile au lecteur contemporain. C'est cela également qui lui donne ce pittoresque qui n'appartient qu'à lui, et qui ne tient pas d'ailleurs, comme on le croit souvent, au seul fait du vieillissement de l'oeuvre, car il est certain que cette langue semblait presque aussi pittoresque à ses contemporains. Il suffit pour s'en convaincre de comparer sa langue à celle des écrivains de son époque. Si les Cinq Livres nous apparaissent encore comme l'évocation des luttes de l'esprit de la Renaissance contre le passé, il ne faut pas oublier que, dans l'histoire littéraire et dans l'histoire des idées, c'est une des premières grandes oeuvres qui soit résolument et délibérément moderne et qu'elle est la plus puissante image de toute une époque et d'une crise: celle de la Renaissance. Mais avant tout, l'oeuvre de Rabelais est l'expression accomplie d'un tempérament d'une richesse et d'une originalité à peu près unique dans l'histoire de l'humanité.

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journal de bord, mercredi 12 janvier 2011

Dans un snack de hasard ... ou une gal'rie revue et corrigée ...

 

Mex yeux fixent un tableau sur un mur d'en face.

 

J'y vois du bordeaux ou du mauve (déjà plus du violet). Dans son ensemble. C'est violent. Un peu comme un tableau de Goya. 

 

Au centre, deux points clairs de lumière.

 

Pas de doute : ce sont ... deux doigts de pied. Et les lignes, parsemant la couleur générale (mauve ? violet ?) représentent, j'en suis certain, une couette ou un drap d'lit épais.

 

Les jours s'écoulent. Je repasse dans le même endroit. Et ... mes yeux fixent le tableau.

 

Une fois n'est pas coutume, je me lève et je m'en approche.

 

Je revisionne l'ensemble.

Je revisionne ... les deux doigts d'pied, au centre.

 

Et je m'aperçois qu'il s'agit de deux dos de deux personnes qui s'aiment.

 

Illusion d'optique ? Trompe l'oeil ?

 

Je m'attarde une nouvelle fois (dans les jours qui passent) devant ce tableau ... plus que surprenant.

 

Entre les deux "dos", on perçoit dans le noir ...

 

Une des tresses de l'amoureuse se mariant avec la chev'lure de son Roméo.

 

Illusion d'optique ? Trompe l'oeil ? Cadeau du ciel ? 

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MORT et VIE

 

 

                                                                          MORT ET VIE

 

Il pleut sur l'herbe sèche

et mon coeur se souvient

des soleils bleus

de la jeunesse.

 

A présent tu dors,

les yeux dans la poussière,

enclavé dans le silence

symphonique du Cosmos.

 

Ton Esprit errant

se souvient-il encore

des soleils bleus

de la Jeunesse ?

 

Tu recevras, bientôt,

la visite promise :

Les portes de l'oubli

s'ouvriront sous tes pas.

 

Prépare le Réveil

 

La rencontre aura lieu

aux Septentrions de la VIE .....

 

....SUR L'EQUATION DU TEMPS.

 

E.L. Quivron-Delmeira  O6.O8.1983

 

(Paru dans la Revue du Grenier Jane Tony)

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Petit matin

Tes lèvres rampent délicatement auprès de ma bouche

Laisse-moi les bercer entre mes lèvres

Enlace-moi jusqu’au premier chant de moineaux

Lorsque la gelée blanchit la pelouse

Quand le voisin promène son chien

Alors que le premier train quitte le quai

Aime-moi encore un instant

Avant que le nuage gris n’éternue

Avant de boire une gorgée de café

12/01/11

Nada

 

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journal de bord, mardi 11 janvier 2011

 

 

Des sapins, aux abords flambant neuf, gisent, couchés, sous le vent frais, comme des chiens, sur les trottoirs de la rue Général Tombeur et de l'avenue de la Chasse. Les habitants de ma commune font-ils déjà passer Noël au tiroir-caisse ?

 

Mardi : jour plus conséquent que le lundi. Question boulot, bien sûr. Deux publicités, deux "toutes boîtes" à intercaler, à distribuer. Poisse. Les magasins "Di" s'allient avec la crème "Nivéa" et le dentifrice "Colgate", sur quatre pages pliables. Mais oui, mais oui. L'autre pub, c'est une enveloppe banale, anonyme, avec une fenêtre où il est écrit "Healthy City" en caractère gras, et la mention "Important", soulignée, en dessous. Mais oui. Mais oui. Intercaler tout ça, en tenant compte du nombre de boîtes aux lettres à desservir, du temps qui nous est imparti, on se doute que les envoyeurs n'ont aucune idée de ce que ça représente.

 

Mes bottines, toujours crottées (sale garçon !), m'attendent, chaque jour, depuis une semaine, en siestant dans ma salle de bains. Quand je rentre, quand je les remarque, le souv'nir, encore frais, de mes deux derniers jours sur les sentiers de Compostelle, où la boue (en alliance avec la neige) ne manquait pas, me câline.

 

"MON AMOUR A DISTANCE" (ou "MON AMI A DISTANCE"), chante ... Lara Fabian (ou Céline Dion).

 

Toujours la même histoire. Faut être loin, mystérieux pour inspirer l'amour.

 

"MON AMOUR A DISTANCE" (ou "MON AMI ...")

 

Dédiée, j'imagine, aux femmes (et aux hommes) qui sont déjà casé(e)s quelque part et vivent (en rêve, en acte) une relation sur le côté.

 

"Quand tu es en couple, forcément, tu n'es pas libre ... donc, tu mets une distance", m'a (encore) dit une connaissance.

"Et ça attire ..."

 

Oui, oui. C'est pas nouveau. Une copine (qui, à une certaine époque, flashait sur moi, alors que ... j'étais en couple) avait eu l'honnêteté de me dire : "dans ces cas-là, c'est parce qu'on voit que tu es bien" (comme si on n'avait pas b'soin d'amour, comme si on ne le méritait pas ... quand on ne va pas bien).

 

Parallèlement ...

 

Des tas d'hommes seuls, des tas de femmes seules, qui se retrouvent dans des groupes de célibataires, recherchent (théoriquement) le même but (aimer, être aimé, rencontrer l'autre, faire un chemin) ... ont souvent un mal de chien, même en se rencontrant, de s'approcher, de faire le premier pas l'un vis-à-vis de l'autre.

 

Car, probablement, plus d'un, dans sa tanière, se dit :

 

"S'il fait, comme moi, partie d'un groupe de célibataires, c'est qu'il est en recherche... donc, c'est qu'il a un problème ... donc, ça ne me convient pas ... rien que pour ça, je ne m'en approcherais pas ..."

Manque de distance ?

 

Ce matin, une copine a répondu à un de mes mails par un "merci, beaucoup" (sans plus). Y a quinze jours, elle était plus enthousiaste, en m'écrivant. Elle me promettait de me GSMer. Tout glisse-t-il déjà ? Le fait ... que j'aie pris la peine de répondre, de manifester (en toute sincérité) l'envie de rentrer en contact avec elle, de l'avoir fait quelques fois (en même pas quinze jours) serait-il suffisant pour qu'à ses yeux, je me brûle déjà les ailes, le coeur et qu'elle me ferme la porte à double tour ?

 

Et pendant ce temps ...

 

Le roi a chargé un ministre (ou un ex) de travailler sur un budget, Patrick Fiori (le chanteur corse) poursuit sa "Tournée intime" en Belgique, le tram (vu de loin) ressemble à une maquette de ciné, les baignades glacées ne manquent pas, on devrait (théoriquement) ne plus fumer en 2051, un tsunami se serait réveillé en Australie, les mères chinoises (très dures) seraient les meilleures au monde ...

 

Et ... moi qui n'aime pas les blagues, j'en ai quand même entendu une, ce matin, qui m'a plu :

"On m'a dit que l'alcool était mauvais pour la santé. Alors, j'ai pris de bonnes résolutions. Tu sais quoi ?"

"Non"

"J'arrête de lire"

 

Tiens ! Y a quelques jours, j'ai vu un grand verre de bière ... en forme de botte.

 

Et, au boulot ...

 

Hier, après avoir fini ma tournée, je vois, quand je regagne le bureau, quand je regagne la place où je trie tous les matins, une feuille A4, sur lequel il est écrit :

"Bonjour ... Nous avons été informés que le changement d'adresse suivant n'est pas correctement effectué.

Pourriez-vous effectuer une vérification du 118bis et demander au facteur concerné un meilleur suivi du courrier ?

Description du problème :

LA CLIENTE SE PLAINT QUE DU COURRIER EST DISTRIBUE A SON ANCIENNE ADRESSE.

Nom du plaignant : je préfère garder l'anonymat.

Ancienne adresse : rue des Champs Elysées, 64, 1050 Ixelles.

Nouvelle adresse : Chaussée de La Hulpe, 181 bte 2, 1170 Watermael-Boitsfort"

 

Je sais parfaitement que cette société a changé d'adresse. Elle m'avait prév'nue. Et ... y a quinze jours, quand j'ai reçu le "Do My Move" (confirmation de leur chang'ment par la poste, avec les étiquettes prévues pour faire suivre à la nouvelle adresse, durant une période de trois mois), j'ai ... agi en conséquence. Entre temps, y a eu une semaine où je n'ai pas travaillé, où j'ai été remplacé ... par plus d'un collègue.

 

Mais le problème n'est pas là. Mes chefs me connaissent.

 

Avant, quand on recevait une plainte d'un client, le facteur devait justifier, par écrit, son erreur ... sur un papier qu'on app'lait un ... Modèle 9. Ca n'avait pas que des avantages ; un supérieur pouvait toujours tourner l'argumentation du facteur en sa défaveur (tout dépend toujours de la pédale sur laquelle on appuie).

 

Aujourd'hui ...

 

Le facteur ne doit plus se justifier. Juste : avoir connaissance du fait. C'est une autre méthode. Qui se tient. Mais qui peut aussi avoir un effet pervers : puisqu'on n'a pas l'avis du facteur, la direction peut aussi saisir le dossier et l'utiliser (en fonction des faits mentionnés) à sens unique, contre ... le facteur.

 

Aujourd'hui ...

 

Sur la tournée, chaussée d'Ixelles.

 

On f'sait des trous sur le trottoir. Les marteaux piqueurs ne manquait pas. L'état de saoûlographie, de perforation des oreilles était au beau fixe, dès le début. C'est pas tout. J'ai du contourner le trottoir, passer de l'autre côté de la bordure, trimballer mon caddy sur la chaussée (au risque de recevoir un bus par derrière et toute la circulation devant), et faire quelques mètres avant de retourner sur le trottoir (la voiture des ouvriers, juste à côté du trou où ils bossaient, avait une remorque).

 

Chaussée d'Ixelles, un peu plus loin.

 

Une dame traverse. En veine de confidence.

 

"J'ai passé le réveillon chez ma mère. Avec mes enfants. C'est plus comme avant ..."

 

Je l'écoute comme je peux. Malgré moi, je pense à des souv'nirs personnels (de Nouvel An, de Saint-Nicolas, de Noël), assez ... douloureux.

 

Je me secoue pour l'écouter, ne fut-ce qu'un peu, ma cliente.

 

"J'ai passé le réveillon chez ma mère. Avec mes enfants. C'est plus comme avant. Non. Avant, on avait le sens du sacré", précise-t-elle, le plus affectiv'ment, le plus affectueus'ment du monde.

 

Plus loin, rue des Champs Elysées, rue montante, rue cabossée.

 

Je m'arrête au 70. Décor d'une de mes chansons. Quatre boîtes aux lettres petites, étroites. J'ai justement un p'tit paquet (depuis hier) pour une locataire de là. Je sonne chez elle. Personne. Une dame se plante derrière moi, sur le trottoir. Je pousse sur une autre sonnette (y a p'têt quelqu'un qui est là, qui m'ouvrira et me permettra de laisser le colis à l'intérieur). Personne. La dame sur le trottoir ne bouge pas d'une semelle. J'essaie les deux autres sonnettes. Personne, non plus. La dame du trottoir me double, sort une clé et entre ... au 70. Sans me regarder. Sans se retourner.

 

Arrivé à l'immeuble voisin, faut que je m'asseye (sur un radiateur). Je suis trop soufflé.

 

J'essaie de relativiser. Je me fais même l'avocat du diable.

En effet, durant tout le temps que la dame du 70 était derrière moi, je ne me suis pas retourné.

En effet, j'étais dans un de ces moments où, occupé à mon boulot, il ne me fallait pas une présence.

En effet, j'étais dans un de ces moments, qu'on appelle "coup de barre", "coup de bambou", où je n'arrive plus à prononcer un son, à répondre à une interpellation (même avec un sourire).

En effet, cette personne dégageait, à mes yeux, une énergie négative dès l'départ et j'ai ... agi en conséquence.

Mais ... après tout ...

Une fois d'plus, je me suis peut-être trompé. La dur'té, l'indifférence de cette dame était peut-être une défense, une réaction légitimes à mon silence ... légitime.

 

Une éclaircie, en fin de journée : mon dentiste s'est montré favorable, lors de ma visite.

 

"Y a du progrès au niveau de ton hygiène dentaire !"

 

Ca m'a fait plaisir. Ca m'a étonné.

 

"Tu dois soigner tes dents comme des petits bijoux !", m'a dit une connaissance amie, y a bien deux ans.

Ca ne m'a jamais quitté.

 

Et même si je bâcle encore le dentifrice, même si je vais encore trop vite, l'effet d'une parole bienveillante s'est répercutée, jour après jour, j'en suis certain, sur mes actes.

 

Merci, amie ! Merci, Providence ! 

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 Etant chanteur moi-même (auteur-compositeur-interprète) ...

 

Je ne peux m'empêcher de plonger lorsqu'une biographie d'un autre chanteur (rédigé par l'artiste lui-même, ou un autre) sort.

 

Ainsi ...

 

Pierre Perret, Guy Béart, Charles Trenet, Maxime Leforestier (et d'autres) m'ont énormément appris d'eux-mêmes, lorsque j'ai lu des livres qui leur étaient consacrés.

 

Et vient le tour de ce cher Jean Ferrat, l'homme à la célèbre moustache, qui s'était retiré en Ardèche depuis quelques années ... dont on n'ignorait pas les idées politiques ... qui était même devenu maire du village où il habitait, à un moment donné ... qui a chanté "LA MONTAGNE", "POTEMKINE", NUIT ET BROUILLARD", "QUE SERAIS-JE SANS TOI ?" ... dont les affinités avec le poète Louis Aragon ne sont plus une légende ...

 

Jean Ferrat, qui nous a quittés le 13 mars ... de l'an dernier, déjà.

 

UN chouette livre : "Jean Ferrat ... je ne chante pas pour passer le temps". Aux éditions Fayard.

 

Ecrit par Daniel Pantchenko, spécialiste de la chanson française, longtemps titulaire de la rubrique dela rubrique chanson à "L'Humanité" et ... gars très sympa (je l'ai croisé lors d'un ou deux festivals). Il avait déjà écrit une autre biographie :

"Charles Aznavour ou Le Destin Apprivoisé"

 

Revenons à ... Jean Ferrat.

 

Au milieu du livre, des photos. Dont une ... où Léo Ferré dédicace un disque à Jean Ferrat. Dont une où ... Pierre Perret et Jean Ferrat (qui ont débuté à la même époque, dans les p'tits cabarets de la Rive Gauche, à Paris) trinquent. Dont une de Jean Ferrat, plus jeune, sans moustache, avec sa fille, devant la maison en Ardèche qu'il vient sans doute d'acheter. Dont une ... Dont une ...

 

L'enfance de Jean Ferrat, élevé par ses tantes (je crois). L'évocation de son père (juif), mort en déportation durant la guerre. Les premières planches. La rencontre avec la chanteuse Christine Sèvres (qui allait devenir sa femme). Ses chansons censurées à la télé ... dans les années 60-70. Son implication politique, personnelle, même après avoir quitté la scène ...

 

Que de matière !

 

Faut pas tout divulguer, non.

 

J'aimerais quand même diffuser un p'tit extrait.

 

Quand Ferrat évoque sa chanson "LA MONTAGNE" (page 147)

 

"C'est dans les Cévennes. Là, il y a un petit hameau, où il n'y a plus que deux feux, maintenant, tous les gens sont partis. Il y a une vieille qui a dans les quatre-vingt-dix ans, mais elle sait très bien s'exprimer. Quand je parle avec elle, je n'ai pas l'impression de perdre mon temps ; elle parle des saisons, des choses qui se passent, et le jour où j'y étais, il y avait une grande marmite dans la cheminée, où une soupe cuisait là depuis des heures. Et moi, j'ai l'impression que pour arriver à faire une soupe comme ça, il faut des générations, des millénaires, même ! Alors, les gens vont partir, ils vont s'en aller ailleurs, ils vont s'entasser souvent dans des conditions pas du tout comparables et ils n'auront jamais le temps de faire une soupe pareille. Je suis pour le progrès technique, bien sûr, pour que les gens s'en aillent dans la lune, ou ailleurs, mais ..."

 

Une autre biographie de l'artiste (de son vivant) était déjà sortie : "Jean Ferrat, biographie", écrite par Jean-Dominique Brienne (éditions l'Archipel).

 

A la vie ! A l'amour ! A la justice ! A la sincérité !

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j'ai lu "Tout près de moi", roman, de Frank Andriat

 Pourquoi pas partager ses lectures, non plus ...

 

J'avais déjà croisé Frank Andriat, lors de divers salons du livre, où je me trouvais.

 

Evidemment ...

 

Quand on m'a passé un de ses bouquins, j'ai eu envie de le lire. Surtout que les quelques rencontres, qui s'étaient effectuées (entre lui et moi), j'en gardais un très très bon souv'nir.

 

Le roman s'appelle "Tout près de moi". Edité chez Bernard Gilson (chouette gars, aussi).

 

Le thème, en gros : Un auteur (est-ce Frank Andriat dédoublé ou l'auteur a-t-il construit son héros ?) se penche, à un moment donné, sur son existence. Comme ça nous arrive ... à tous. Il redécouvre, découvre sa vie, son enfance, ses limites, ses peurs ... dans une vie quotidienne, loin d'être quotidienne.

Il remercie profondément la femme qui vit à ses côtés.

Et ... il est en butte avec un voisin de l'immeuble où il habite.

J'en dis pas plus.

 

Ceci dit, si vous tombez, par hasard, sur "LES VOISINS", chanson (hélas peu connue) de Francis Cabrel, vous serez un peu sur la voie.

 

Beaucoup de tendresse et de raffinement dans le style.

 

Puis-je vous en laisser un p'tit aperçu ?

 

"Elle a pris le bus, a bouleversé des coeurs, elle ne s'en émeut pas, tout lui paraît si naturel, la beauté est si fraîche dans ses mains. Elle s'est rendue quelques arrêts plus loin et a poursuivi sur le trottoir, de sa démarche agile, le chemin qui la conduit tous les jours vers son domaine, son lieu à elle, vers son oasis fleurie. Dans le désert du monde, dans ces milliers de pas qui s'entrecroisent, à gauche, à droite, qui tournent en rond, s'arrêtent, s'ignorent, paniquent, se reposent, dans ces milliers de pieds gonflés par le travail, et par l'ennui, elle avance tranquillement vers LE JARDIN, c'est le nom de la boutique où elle vit à côté de tant de parfums, de couleurs et de bonheur.

C'est toujours elle qui ..."

 

D'autres titres de livres de Frank Andriat : "LA REMPLACANTE", "MONSIEUR BONHEUR", "MON PIRE AMI" ...

 

Accrochant !

 

Frank Andriat avait, je m'en souviens, sorti un bouquin, y a quelques années (édité chez Bernard Gilson, aussi), autour des chansons de Jean-Jacques Goldman. Traité de manière personnelle. Des impressions, des images, des sensations d'élèves (l'auteur est enseignant, je suppose), qui se regroupent autour de midi, entre deux cours, à partir des chansons de Goldman, reprises dans un livre ... qui devient probablement une chanson à lui tout seul. POurquoi pas ? Goldman avait même eu part du projet et n'avait pas hésité à envoyer une des photos (devenue, ensuite, la couvertire du bouquin).

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