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journal de bord, mardi 11 janvier 2011

 

 

Des sapins, aux abords flambant neuf, gisent, couchés, sous le vent frais, comme des chiens, sur les trottoirs de la rue Général Tombeur et de l'avenue de la Chasse. Les habitants de ma commune font-ils déjà passer Noël au tiroir-caisse ?

 

Mardi : jour plus conséquent que le lundi. Question boulot, bien sûr. Deux publicités, deux "toutes boîtes" à intercaler, à distribuer. Poisse. Les magasins "Di" s'allient avec la crème "Nivéa" et le dentifrice "Colgate", sur quatre pages pliables. Mais oui, mais oui. L'autre pub, c'est une enveloppe banale, anonyme, avec une fenêtre où il est écrit "Healthy City" en caractère gras, et la mention "Important", soulignée, en dessous. Mais oui. Mais oui. Intercaler tout ça, en tenant compte du nombre de boîtes aux lettres à desservir, du temps qui nous est imparti, on se doute que les envoyeurs n'ont aucune idée de ce que ça représente.

 

Mes bottines, toujours crottées (sale garçon !), m'attendent, chaque jour, depuis une semaine, en siestant dans ma salle de bains. Quand je rentre, quand je les remarque, le souv'nir, encore frais, de mes deux derniers jours sur les sentiers de Compostelle, où la boue (en alliance avec la neige) ne manquait pas, me câline.

 

"MON AMOUR A DISTANCE" (ou "MON AMI A DISTANCE"), chante ... Lara Fabian (ou Céline Dion).

 

Toujours la même histoire. Faut être loin, mystérieux pour inspirer l'amour.

 

"MON AMOUR A DISTANCE" (ou "MON AMI ...")

 

Dédiée, j'imagine, aux femmes (et aux hommes) qui sont déjà casé(e)s quelque part et vivent (en rêve, en acte) une relation sur le côté.

 

"Quand tu es en couple, forcément, tu n'es pas libre ... donc, tu mets une distance", m'a (encore) dit une connaissance.

"Et ça attire ..."

 

Oui, oui. C'est pas nouveau. Une copine (qui, à une certaine époque, flashait sur moi, alors que ... j'étais en couple) avait eu l'honnêteté de me dire : "dans ces cas-là, c'est parce qu'on voit que tu es bien" (comme si on n'avait pas b'soin d'amour, comme si on ne le méritait pas ... quand on ne va pas bien).

 

Parallèlement ...

 

Des tas d'hommes seuls, des tas de femmes seules, qui se retrouvent dans des groupes de célibataires, recherchent (théoriquement) le même but (aimer, être aimé, rencontrer l'autre, faire un chemin) ... ont souvent un mal de chien, même en se rencontrant, de s'approcher, de faire le premier pas l'un vis-à-vis de l'autre.

 

Car, probablement, plus d'un, dans sa tanière, se dit :

 

"S'il fait, comme moi, partie d'un groupe de célibataires, c'est qu'il est en recherche... donc, c'est qu'il a un problème ... donc, ça ne me convient pas ... rien que pour ça, je ne m'en approcherais pas ..."

Manque de distance ?

 

Ce matin, une copine a répondu à un de mes mails par un "merci, beaucoup" (sans plus). Y a quinze jours, elle était plus enthousiaste, en m'écrivant. Elle me promettait de me GSMer. Tout glisse-t-il déjà ? Le fait ... que j'aie pris la peine de répondre, de manifester (en toute sincérité) l'envie de rentrer en contact avec elle, de l'avoir fait quelques fois (en même pas quinze jours) serait-il suffisant pour qu'à ses yeux, je me brûle déjà les ailes, le coeur et qu'elle me ferme la porte à double tour ?

 

Et pendant ce temps ...

 

Le roi a chargé un ministre (ou un ex) de travailler sur un budget, Patrick Fiori (le chanteur corse) poursuit sa "Tournée intime" en Belgique, le tram (vu de loin) ressemble à une maquette de ciné, les baignades glacées ne manquent pas, on devrait (théoriquement) ne plus fumer en 2051, un tsunami se serait réveillé en Australie, les mères chinoises (très dures) seraient les meilleures au monde ...

 

Et ... moi qui n'aime pas les blagues, j'en ai quand même entendu une, ce matin, qui m'a plu :

"On m'a dit que l'alcool était mauvais pour la santé. Alors, j'ai pris de bonnes résolutions. Tu sais quoi ?"

"Non"

"J'arrête de lire"

 

Tiens ! Y a quelques jours, j'ai vu un grand verre de bière ... en forme de botte.

 

Et, au boulot ...

 

Hier, après avoir fini ma tournée, je vois, quand je regagne le bureau, quand je regagne la place où je trie tous les matins, une feuille A4, sur lequel il est écrit :

"Bonjour ... Nous avons été informés que le changement d'adresse suivant n'est pas correctement effectué.

Pourriez-vous effectuer une vérification du 118bis et demander au facteur concerné un meilleur suivi du courrier ?

Description du problème :

LA CLIENTE SE PLAINT QUE DU COURRIER EST DISTRIBUE A SON ANCIENNE ADRESSE.

Nom du plaignant : je préfère garder l'anonymat.

Ancienne adresse : rue des Champs Elysées, 64, 1050 Ixelles.

Nouvelle adresse : Chaussée de La Hulpe, 181 bte 2, 1170 Watermael-Boitsfort"

 

Je sais parfaitement que cette société a changé d'adresse. Elle m'avait prév'nue. Et ... y a quinze jours, quand j'ai reçu le "Do My Move" (confirmation de leur chang'ment par la poste, avec les étiquettes prévues pour faire suivre à la nouvelle adresse, durant une période de trois mois), j'ai ... agi en conséquence. Entre temps, y a eu une semaine où je n'ai pas travaillé, où j'ai été remplacé ... par plus d'un collègue.

 

Mais le problème n'est pas là. Mes chefs me connaissent.

 

Avant, quand on recevait une plainte d'un client, le facteur devait justifier, par écrit, son erreur ... sur un papier qu'on app'lait un ... Modèle 9. Ca n'avait pas que des avantages ; un supérieur pouvait toujours tourner l'argumentation du facteur en sa défaveur (tout dépend toujours de la pédale sur laquelle on appuie).

 

Aujourd'hui ...

 

Le facteur ne doit plus se justifier. Juste : avoir connaissance du fait. C'est une autre méthode. Qui se tient. Mais qui peut aussi avoir un effet pervers : puisqu'on n'a pas l'avis du facteur, la direction peut aussi saisir le dossier et l'utiliser (en fonction des faits mentionnés) à sens unique, contre ... le facteur.

 

Aujourd'hui ...

 

Sur la tournée, chaussée d'Ixelles.

 

On f'sait des trous sur le trottoir. Les marteaux piqueurs ne manquait pas. L'état de saoûlographie, de perforation des oreilles était au beau fixe, dès le début. C'est pas tout. J'ai du contourner le trottoir, passer de l'autre côté de la bordure, trimballer mon caddy sur la chaussée (au risque de recevoir un bus par derrière et toute la circulation devant), et faire quelques mètres avant de retourner sur le trottoir (la voiture des ouvriers, juste à côté du trou où ils bossaient, avait une remorque).

 

Chaussée d'Ixelles, un peu plus loin.

 

Une dame traverse. En veine de confidence.

 

"J'ai passé le réveillon chez ma mère. Avec mes enfants. C'est plus comme avant ..."

 

Je l'écoute comme je peux. Malgré moi, je pense à des souv'nirs personnels (de Nouvel An, de Saint-Nicolas, de Noël), assez ... douloureux.

 

Je me secoue pour l'écouter, ne fut-ce qu'un peu, ma cliente.

 

"J'ai passé le réveillon chez ma mère. Avec mes enfants. C'est plus comme avant. Non. Avant, on avait le sens du sacré", précise-t-elle, le plus affectiv'ment, le plus affectueus'ment du monde.

 

Plus loin, rue des Champs Elysées, rue montante, rue cabossée.

 

Je m'arrête au 70. Décor d'une de mes chansons. Quatre boîtes aux lettres petites, étroites. J'ai justement un p'tit paquet (depuis hier) pour une locataire de là. Je sonne chez elle. Personne. Une dame se plante derrière moi, sur le trottoir. Je pousse sur une autre sonnette (y a p'têt quelqu'un qui est là, qui m'ouvrira et me permettra de laisser le colis à l'intérieur). Personne. La dame sur le trottoir ne bouge pas d'une semelle. J'essaie les deux autres sonnettes. Personne, non plus. La dame du trottoir me double, sort une clé et entre ... au 70. Sans me regarder. Sans se retourner.

 

Arrivé à l'immeuble voisin, faut que je m'asseye (sur un radiateur). Je suis trop soufflé.

 

J'essaie de relativiser. Je me fais même l'avocat du diable.

En effet, durant tout le temps que la dame du 70 était derrière moi, je ne me suis pas retourné.

En effet, j'étais dans un de ces moments où, occupé à mon boulot, il ne me fallait pas une présence.

En effet, j'étais dans un de ces moments, qu'on appelle "coup de barre", "coup de bambou", où je n'arrive plus à prononcer un son, à répondre à une interpellation (même avec un sourire).

En effet, cette personne dégageait, à mes yeux, une énergie négative dès l'départ et j'ai ... agi en conséquence.

Mais ... après tout ...

Une fois d'plus, je me suis peut-être trompé. La dur'té, l'indifférence de cette dame était peut-être une défense, une réaction légitimes à mon silence ... légitime.

 

Une éclaircie, en fin de journée : mon dentiste s'est montré favorable, lors de ma visite.

 

"Y a du progrès au niveau de ton hygiène dentaire !"

 

Ca m'a fait plaisir. Ca m'a étonné.

 

"Tu dois soigner tes dents comme des petits bijoux !", m'a dit une connaissance amie, y a bien deux ans.

Ca ne m'a jamais quitté.

 

Et même si je bâcle encore le dentifrice, même si je vais encore trop vite, l'effet d'une parole bienveillante s'est répercutée, jour après jour, j'en suis certain, sur mes actes.

 

Merci, amie ! Merci, Providence ! 

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