Je mets la dernière main à une série d'histoires courtes ou billets d'humeurs, réunis sous le titre "A fleur de peau". La vie vue de l'extérieur, des instants perçus comme une évidence qu'on a envie de décrire comme des tableaux qui interpellent...
Ma question : Cela a-t-il un intérêt?
Voici donc ci-après une de ces histoires, volontairement très courte! Si la curiosité vous en dit... Merci de donner votre avis.
HUGUETTE OU LA RUPTURE SILENCIEUSE.
Dans ce couloir d'hôpital où les reproductions de Renoir étaient sensées rendre l'endroit plus chaleureux, les chaises inconfortables lui faisaient mal au dos et elle en avait changé en vain!
Huguette était bien lasse après cette nuit passée à essayer de calmer André une fois de plus! Elle avait craint un moment que sa violence se retourne contre elle, mais les poings n'avaient finalement frappés que la porte de la salle de bain où elle était partie chercher un calmant.
Son calme justement et sa placidité avaient fini par triompher et le médicament pris, André s'était affalé sur le divan et elle l'avait cru endormi.
Elle était occupée à se faire un sandwich lorsqu'il surgit dans la cuisine et incapable de proférer un mot s'écroula à ses pieds!
Maintenant, elle s'était assise là, près de la porte où le charriot avait disparu et elle attendait qu'on vienne lui donner des nouvelles...
C'est alors, que la chaise inconfortable l'insupporta d'un coup!
Huguette se leva et calmement se dirigea vers la sortie.
La nuit était noire et douce, elle respira profondément et quitta l'enceinte de l'hôpital serrant son sac sous le bras et partit vers la station de taxis.
Le confort et la douceur du cuir des sièges de la Mercédès lui firent fermer les yeux et se détendre avec une sorte de volupté! Le trajet lui parut très court.
Puis, la clé introduite dans la serrure, les chaussures jetées au travers du couloir, elle se précipita vers son lit et s'y écroula sans même prendre la peine de l'ouvrir!
Recroquevillée dans un soupir, elle s'endormit d'un coup, d'un sommeil aussi profond et paisible que cette nuit de printemps...
C'est la sonnerie du téléphone qui la réveilla brutalement, il faisait grand jour. Huguette décrocha, c'était l'hôpital; André avait repris connaissance et la réclamait ainsi que ses affaires...
Alors, après avoir raccroché, Huguette fit sa toilette, revêtit son joli et si confortable training en éponge grise, remplit une grande valise, appela un taxi et s'arrêta à la banque.
-Juste un instant, dit-elle au chauffeur, merci de m'attendre?
De retour, après avoir jeté son portable dans la rigole d'un geste sec, elle s'assit, referma la portière et dit : Maintenant nous allons à Roissy...
Huguette pour la première fois depuis ces dix dernières années était radieuse. Elle souriait le regard perdu sur l'autoroute qui lui semblait par cette belle journée aussi infinie et paisible que son futur...
J.G.