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Ce voyage écrit et relaté par Mauras entre 1896 et 1898 et qui fut accompli à l'occasion d'un reportage des "Jeux olympiques", n'a certes pas révélé à Maurras les principes de l'ordre classique, dont il était déjà familier. Mais sans lui il eut fixé moins aisément les traits définitifs de sa doctrine de l'ordre.

En disciple d'Anatole France, dont il était alors le secrétaire, Maurras ne va pas à la Grèce des philosophes et des tragiques, mais à la Grèce plastique, celle de Phidias. Le voyage d'Athènes était d'ailleurs à la mode chez les écrivains de ce temps qui partaient sur les traces de Chateaubriand et de Renan. Mais Maurras débarquait au Pirée dans un état d'esprit tout différent de celui de ses devanciers et de ses contemporains. Sa Grèce n'est plus la Grèce pittoresque qu'avait invoquée Renan pour se désennuyer, ni celle que Leconte de Lisle s'employait à faire ressurgir dans ses traductions des tragiques. Maurras se préoccupe aussi peu des obscures origines de l' art attique que des temps de décadence qui lui semblent commencer dès la Vénus de Milo: seul l'intéresse le moment du "miracle" quand la particularité grecque se confondit avec l'homme universel: alors "la Grèce fut le genre humain". Non qu'il oublie les humbles commencements de la raison athénienne. Avec Nietzsche, Maurras conviendrait "du caratère acquis des Grecs". L'ordre est une conquête, et difficile: "Avant de trouver l'essentiel...les Grecs ont ceuilli tout le reste, l'artificieux, le bizarre et aussi bien le laid". Mais cette passion de curosité infinie qui les anima, pouvait seule faire naître un ordre vrai et vivant.

Aussi est-ce l'humilité que Maurras admire le plus chez ces maîtres. Loin de les mépriser, de vouloir les écraser par une "religion" qui tire l'être humain vers quelque Infini trop lointain, les Grecs se sont employés à composer les passions, assignant à chacune sa place, réconciliant Dionysos et Apollon, faisant resplendir les visages incomparables de la vie dans une forme, un ordre, qui ne refuse rien de l'homme et où tout l'homme, par-delà le temps, peut se reconnaître.

Maurras, s'il s'enchante des belles figures découvertes sur chaque colline du Parthénon ou dans les salles grecques du British Museum, ne manque donc jamais de faire voir que l'Idée brille ici de tous les prestiges d'un coeur qu'elle maîtrise et exprime à la fois: triomphe de la raison, l' art attique lui paraît, par cela même, un triomphe exemplaire de la vie, "ne tirant son auguste apparence immobile que de la perfection, de l'abondance et de la vigueur du mouvement". Que le miracle de l'ordre, encore une fois, soit possible, c'est son orgueuilleuse certitude, qui fait de quelques pages de ce "Voyage", de véritables hymnes de joie.

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Bibliothèque nationale de France

été 2010 | no49

Brève présentation de l'actualité culturelle de la Bibliothèque nationale de France Cet été, parallèlement aux week-ends de gratuité dans les salles de lecture du Haut-de-jardin (du 26 juin au 14 août), la BnF lance les Estivales : expositions, rencontres et visites-découvertes seront proposées gratuitement sur le site François-Mitterrand.
Le Festival Paris Cinéma investit la capitale une nouvelle fois et met le Japon à l’honneur. La BnF participe à l’événement du 4 au 11 juillet et propose dans ses espaces, masterclasses, débats et projections ouverts à tous les passionnés du 7e art.
À voir : jusqu’au 11 juillet, les expositions, Rose, c'est Paris. Bettina Rheims et Serge Bramly (Bibliothèque Richelieu) et Qumrân. Le secret des manuscrits de la mer Morte (Bibliothèque François-Mitterrand) ; jusqu'au 18 juillet l’exposition Gilles Aillaud Encyclopédie de tous les animaux y compris les minéraux (Bibliothèque François-Mitterrand). La Bibliothèque-Musée de l'Opéra présente jusqu'au 15 août une exposition en hommage à Régine Crespin.

EXPOSITIONS

Les Estivales - Des Trésors pour l’été : enrichissements remarquables de la Bibliothèque nationale de France

Comme un concentré des collections de la Bibliothèque nationale de France, en hommage à ses donateurs et mécènes, et pour présenter les enrichissements les plus récents, Des Trésors pour l’été vous propose une libre promenade pour découvrir, de vitrine en cimaise, des œuvres singulières, évoquant divers aspects de la connaissance, de l’histoire et de la culture.

en savoir +

du 19 juin au 29 août 2010
du mardi au samedi de 10h à 19h - dimanche de 13h à 19h - fermé lundi et jours fériés

François-Mitterrand | Galerie François 1er | Entrée libre

DÉBATS, CONFÉRENCES

Festival Paris Cinéma

Hommage à Koji Wakamatsu

Événement. Du 3 au 13 juillet 2010, le Festival Paris Cinéma donne rendez-vous aux spectateurs pour un début d'été cinématographique, populaire et festif. La BnF participe à l'événement du 4 au 11 juillet 2010.

Plongée en apnée dans l’œuvre âpre, sensuelle et violente de Koji Wakamatsu, ancien yakuza, maître du pinku eiga et cinéaste dérangeant. Le public pourra découvrir quelques-uns de ses nombreux films, ainsi que L’Empire des sens dont il a été le producteur.
Masterclass modérée par Philippe Azoury.

dimanche 4 juillet, 17h-20h
BnF François-Mitterrand | Petit auditorium | entrée libre


à noter

EXPOSITIONS

BnF François-Mitterrand

mardi - samedi de 10h à 19h
dimanche de 13h à 19h
sauf lundi et jours fériés

Qumrân. Le secret des manuscrits de la mer Morte

jusqu'au 11 juillet 2010
entrée 7€ / tarif réduit 5€

Les Estivales - Des Trésors pour l’été : enrichissements remarquables de la Bibliothèque nationale de France

du 19 juin au 29 août 2010
accès libre

mardi - samedi de 9h à 20h
dimanche de 13h à 19h
lundi de 14h à 20h
sauf jours fériés

Les Globes de Louis XIV

espace permanent
accès libre

Gilles Aillaud L’encyclopédie de tous les animaux y compris les minéraux

jusqu'au 18 juillet 2010
accès libre

BnF Richelieu

mardi - samedi de 10h à 19h
dimanche de 12h à 19h
sauf lundi et jours fériés

Rose, c'est Paris. Bettina Rheims et Serge Bramly

jusqu'au 11 juillet 2010
entrée 7€ / tarif réduit 5€

Bibliothèque-musée de l'Opéra

tous les jours
10h - 17h

Régine Crespin

du 19 juin au 15 août 2010
entrée 8€ / tarif réduit 4€

DÉBATS, CONFÉRENCES

BnF François-Mitterrand

entrée libre

dimanche 4 juillet, 17h-20h

Festival Paris Cinéma

Hommage à Koji Wakamatsu

lundi 5 juillet, 17h-19h

Festival Paris Cinéma

Paris Project accueille Ace

mardi 6 juillet, 14h30-21h

Festival Paris Cinéma

Paris Project accueille Europa Distribution

mardi 6 juillet, 17h30-18h30

Les Estivales

Autour… Des trésors pour l'été

mercredi 7 juillet, 17h-20h

Festival Paris Cinéma

Voyage au pays de la vidéo japonaise

dimanche 11 juillet, 17h-20h

Festival Paris Cinéma

Leçon de cinéma d'Eugène Green

mardi 13 juillet, 17h30-18h30

Les Estivales

Autour… Des trésors pour l'été

mardi 20 juillet, 17h30-18h30

Les Estivales

Autour… Des trésors pour l'été

mardi 27 juillet, 17h30-18h30

Les Estivales

Autour… Des trésors pour l'été

mardi 3 août, 17h30-18h30

Les Estivales

Autour… Des trésors pour l'été

mardi 10 août, 17h30-18h30

Les Estivales

Autour… Des trésors pour l'été

mardi 17 août, 17h30-18h30

Les Estivales

Autour… Des trésors pour l'été

mardi 24 août, 17h30-18h30

Les Estivales

Autour… Des trésors pour l'été

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Le marché aux puces

Au vieux marché

Soleil radieux illumine l’azure

Platanes éblouis par la lumière

Le sourire éclaire les visages des passants

Bousculade dans le brouhaha

Place du Jeu de Balle

Hauts talons sur les pavés de la vieille époque

J’ai trébuché

Le vieux Henri m’attendait

Dans son sac en plastique

Des pièces de convoitises

Satzuma 19ème

La porcelaine japonaise

« J’adore », lui ai- je dit

J’ai choisi et emporté

« Oh mais quel beau collier de cristal ! »

« Je te l’offre », m’a-t-il dit

Je sursautai de joie : « Merci ! »

« Au revoir, Henri »

« À bientôt, j’espère… »

Nada

07/07/10

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Une danse solitaire et plurielle

Les blogs appartiennent à la sphère du virtuel donc de l’illusion. Ceci ne signifie pas qu’ils soient inutiles... ou peut être que si justement ils sont inutiles et c’est en ceci qu’ils sont essentiels. En faisant de l’art, j’ai passé ma vie à construire de « l’inutile ». L’inutile, c’est la gratuité du don, reçu ou partager; c’est ce pas de côté, ce chemin de traverse ou le sens apparaît au moment où on ne le cherche plus, ce supplément d’âme selon la formule consacrée, comme si pour être admise l’âme avait besoin d’être quantifiée. L’âme déplie ses ailes dans l’inutile. En lui elle tisse sa lumière et trace sa direction.

Les blogs sont des fragments de vie, des cris heurtés, des interactions venimeuses, des silences subits, suivis de phases volubiles, des idées perçues à tort comme honteuses , des propos corrects aux effets pervers, des pensées partagées, des émotions dévoilées , des voiles utilisés pour tenter de dissimuler le cœur du réacteur social. J ‘aurais tout donné pour n’avoir pas besoin de m’abîmer dans des considérations sordides et ne pas avoir à parler chiffres et encore moins de vente. Le réel ne me va pas. D’ailleurs, il ne veut pas de moi.

J'écris pour restituer de l’instantané, de l’imprévisible, tenter d’explorer ces poussées de fièvre pendant lesquels les mots enfantent des pensées. J’utilise les blogs comme un pianiste fait ses gammes, peut être parce qu’ils permettent d’entretenir la fluidité de l’écriture, son ouverture au jaillissement de l’aléatoire. Des notes éphémères jouent une partition offerte aux quatre vents. Comme ils ne sont qu’illusion, les blogs mènent une danse à la fois plurielle et solitaire.

http://www.mckeditions.com/

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Les voix du silence

C’est en 1951 que Malraux nous livre cet essai de psychologie de l' art. Un écrivain, qui est aussi un historien de l' art, veut arracher leur secret aux chefs-d'oeuvre du monde entier, confronter leur langage avec celui de l' art moderne et approfondir par eux sa connaissance de l'homme. Sa recherche nous conduit à travers le "Musée imaginaire" des reproductions et des photographies, qui permettent de mettre en parallèle des oeuvres telles qu'un bas-relief et une médaille, et de découvrir le style qui les unit, comme s'il avait une "existence propre". Ce Musée, c'est, "pour la première fois, l'héritage de toute l'histoire. Encore est-il souvent altéré par le temps: comment se représenter des statues grecques multicolores? Et que reste-t-il d'une oeuvre quand le musée l'a dépouillée de sa fonction? Mais de toutes ces métamorphoses, le plus profonde commença lorsque l' art n'eut plus d'autre fin que lui-même". Pour l'homme du moyen âge, un crucifix était un crucifix avant d'être une sculpture. Comment savoir, même si l'on est historien ou sociologue, à quel appel profond de notre être répond une oeuvre? En fait, c'est à la lumière de notre temps que nous prêtons un langage à cet héritage du passé. Nous trouvons "moderne" tel tableau du Greco.

"Le chef-d'oeuvre ne maintient pas un monologue souverain, mais un invincible dialogue." C'est avec l' art moderne que s'établit le dialogue, avec une peinture qui a rejeté l' art de la fiction inventée par la Renaissance et découvert depuis Velasquez et Rembrandt un nouveau sujet "qui va rejeter tous les autres, la présence dominatrice du peintre lui-même". Quelle lumière va surgir de cette confrontation? Nous avons "le pressentiment d'un ordre mondial" qui unit les oeuvres ressuscitées du passé. Cet ordre, l'auteur essaie de le définir dans les "Métamorphoses d' Apollon", histoire des formes jusqu'au XVIe siècle. "Les formes antiques rencontrent chez les barbares dans l' Europe des invasions, et le Christ à Byzance, aux Indes le Bouddha." Ces formes commencent par se dégrader dans les oeuvres de la Grande Régression; le profil ou le cheval des monnaies macédoniennes en vient à se réduire à un idéogramme sur les monnaies celtiques, Puis apparaissent, à Byzance et en Occident, ces systèmes de formes féconds, doués d'une signification propre dans le monde où vivent les artistes qui les ont créées. Après les tâtonnements de l' art de Palmyre, du Fayoum, des mosaïques romaines, Byzance trouve l'expression de son art du sacré dans l'abside de l' église des Saints-Cosme-et-Damien, où le Christ en gloire se détache, isolé, sur un ciel grandiose: "il fallut autant de génie pour oublier l'homme à Byzance qu'il en avait fallu pour le découvrir sur l' Acropole." Pour exprimer cette conception tragique du christianisme, l' artiste a inventé la ligne brisée, le regard immense et les couleurs spécifiques du sacré. La renaissance de l' Orient, c'est "l'invincible conversion de l'homme libre et du héros à l'homme de Dieu". Quant à l' art occidental chrétien, il oppose à la figure théâtrale de la statue antique, le sourire expressif et vivant de l' ange de Reims. L' art roman refuse la "transcendance hantée" de Byzance, et humanise le visage des hommes et du Christ. Comment a-t-il forgé son style? L'art roman est né contre Byzance, a emprunté des formes à l' art mérovingien, et a trouvé son "accent propre". L' art gothique, lui, n'est pas le simple prolongement de l' art romain; en lui s'opère la création d'un système de formes encore différent.

Pourquoi ce vaste tour d'horizon des formes? Pour montrer qu'il n'existe "pas une forme décisive élaborée hors d'un conflit avec une autre forme: pas de problème de vision qui ne soit subordonné". Ce qui nous permet de mieux comprendre que la peinture "tend bien moins à voir le monde qu'à en créer un autre". C'est alors que le problème psychologique de la "Création artistique" qu'il faut élucider. Ce sera l'objet de la troisième partie du livre. On parle à tort de vision de l' artiste, comme si ce dernier se distinguait des autres hommes par de mystérieux pouvoirs. L' artiste, c'est tout d'abord "un homme qui aime les tableaux". Encore faut-il bien s'entendre sur ce dernier terme, et exclure de l' art proprement dit les dessins non dominés des enfants et des malades mentaux, et les dessins des naïfs, trop fidèles à un mode de représentation traditionnel. Faut-il appeler "artiste" l'homme capable de reproduire un objet sur la toile avec la plus grande fidélité? Cette notion bourgeoise de la ressemblance est périmée: "J'appelle artiste celui qui crée des formes", lesquelles ne naissent pas d'elles-mêmes achevées dès l'abord, mais du "conflit du peintre avec une autre forme d' art". Il est nécessaire que le peintre commence par le pastiche, avant de créer à son tour un nouvel ensemble de formes, une "écriture". Mais gardons-nous de réduire le style à une simple écriture. "Le style roman n'est pas un modern-style médiéval, il est un sentiment du monde." Il reste à rendre compte du mécanisme même de la création: pour Malraux, tout artiste travaille à partir d'un schème initial: il cite Flaubert qui définit "Salambô" comme un roman pourpre, et "Madame Bovary" comme un roman puce. A partir de ce schème, l'artiste regarde le monde pour le filtrer et l'annexer. Ici se pose le problème de la liberté de l' artiste: les formes qu'il invente sont-elles déterminées par son temps ou par sa vie? "...en tant que créateur, l' artiste n'appartient pas à la collectivité qui subit une culture, mais à celle qui l'élabore, même s'il ne s'en soucie pas". Ce n'est pas une biographie qui pourra rendre compte de la création qui s'accomplit dans les trois versions du tableau du Greco intitulé "Le Christ chassant les marchands du temple". Enfin rien de plus obscur et de plus impérieux que la "présence d'un monde pictural autonome", qui nous fait reconnaître le chef-d'oeuvre parmi les oeuvres secondaires et les faux.

C'est maintenant la signification de l' art moderne, qui est le nôtre, qu'il faut essayer de comprendre. "La monnaie de l' absolu", tel est le titre de cette dernière partie de l'ouvrage. Notre civilisation a remplacé l' absolu par la conscience de l' histoire. Alors naît une peinture qui, n'exprimant plus des valeurs, ne vaut plus que pour elle-même. L'artiste, refusant le monde bourgeois sans transcendance, fabrique sa propre transcendance, qui est son art. Vermeer fut ainsi le premier à créer une "abstraction sensible". En même temps, notre époque tente passionnément de sonder l'homme dans ses profondeurs les plus secrètes, interroge les dessins des malades mentaux, des enfants, des naïfs, des primitifs. Mais jamais, dans ces derniers, les sentiments archaïques exprimés ne sont leur propre fin. "Le créateur de masques est peut-être possédé par les esprits, mais il écoute en eux la voix du monde, et en tant que sculpteur, les possède à son tour." Si l'on peut admirer en même temps Poussin et un masque nègre, c'est grâce à la prise de conscience d'un langage de la peinture enfin isolé. Mais la résurrection massive, de nos jours, des arts primitifs ne peut s'expliquer que par un accord profond de ces arts avec le nôtre. "Ce qui unit notre art aux arts sacrés, ce n'est nullement qu'il soit comme eux, sacré, mais que, comme eux, il ne tient pour valables que les formes hétérogènes à celles de l' apparence." Notre art n'est pas un dieu, mais tout comme un dieu, il est absolu. "Il n'est pas une religion, mais il est une foi." La valeur fondamentale de l' art moderne, c'est "la très vieille volonté de création d'un monde autonome, pour la première fois réduite à elle seule". Qui dit création dit liberté. L' histoire de l' art est l'histoire d'une conquête de la liberté. "L' art est un anti-destin."

On n'aura pas rendu compte de ce livre tant qu'on n'aura pas dit le lyrisme d'un homme passionné par sa recherche, mais surtout d'un écrivain passionné par les mots. Le projet était grandiose et aurait demandé, pour satisfaire les esprits soucieux de rigueur, le concours d'un historien, d'un sociologue, d'un philosophe; or ce livre est, et il veut sans doute n'être que cela, le récit d'une aventure personnelle, que l'écrivain transforme parfois en véritable épopée. A cet ouvrage, déjà très riche en reproductions, s'ajoutent trois volumes de planches groupant des oeuvres choisies par l'auteur. Leur classement par ordre chronologique des civilisations tend à montrer ce qui unit entre elles des oeuvres qui sont "l'expression d'une aventure humaine, l'immense éventail des formes inventées". Des reproductions d'oeuvres modernes y sont jointes, qui témoignent du "dialogue avec le passé". Dans les préfaces sont précisées des idées déjà énoncées dans "Les voix du silence". Ces trois volumes, qui ont pour titre général "Le musée imaginaire de la sculpture mondiale", se partagent le sujet dans l'ordre suivant: "I. La statuaire (1953)"; "II. Des bas-reliefs aux grottes sacrées (1954)"; "III. Le monde chrétien (1955". En 1957, André Malraux a commencé une nouvelle série avec "La métamorphose des dieux". Entre-temps et sous le titre général de "L"univers des formes", André Malraux et Georges Salles ont entrepris la publication d'une immense encyclopédie de l' art universel.

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Liberté



Liberté,

ce mot qui fait sourire

et qui ne tombe jamais de très haut.

À peine un rond dans l’eau

et la surface vite étale.

Un marécage aussi

où se bousculent des grenouilles

et que seul traverse

innocenté,

l’enfant boueux.


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En 1947, Artaud nous livre son « Van Gogh ou Le suicidé de la Société », livre poème sur la folie, Van Gogh et alentour de lui-même.
Comme Corrège aurait dit: "Et moi aussi je suis peintre", Artaud semble déclarer "Van Gogh c'est moi", et il écrit un oratorio.

La peinture de Van Gogh n'est pas celle d'un fou et Van Gogh ne peint pas la folie. L'écriture d'Artaud n'est pas celle d'un fou, mais souvent il peint, il représente l' aliénation mentale, et dans son "Van Gogh" il défend la folie en la situant. Ce sont les autres qui font de vous un fou. Plus précisément, le génie est une contestation radicale de la société, laquelle est injuste et criminelle. Extra-lucide, ennemi des institutions, le génie est taxé de folie, persécuté; aussi "la conscience malade a un intérêt capital à cette heure à ne pas sortir de sa maladie" et "l'aliéné authentique est un homme qui a préféré devenir fou, dans le sens où socialement on l'entend, que de forfaire à une certaine idée supérieure de l' honneur humain". Les psychiâtres érotomanes notoires, représentent la société et poussent les internés au crime; ils les "suicident".

Ces thèses, qui constituent l'ouverture du livre d’Artaud, ne se constituent pas en un réquisitoire organisé : en un déferlement de vagues cosmiques, Artaud fait toute la lumière sur les ténèbres dans lesquelles nous vivons. Et c'est bien la force toute-puissante avec laquelle Van Gogh a frappé (comme d'inanité) le monde inerte pour en tirer des feux d'artifice qu'Artaud va peindre avec un grand bonheur d'expression (qui consiste non pas en le mot juste, mais en le mot ailleurs, expressif, le mot à côté de la chose comme le couteau à côté de l'assiette): "...corbeaux noirs avec au-dessous une espèce de plaine livide peut-être, vide en tout cas, où la couleur lie-de-vin s'affronte éperdument avec le jaune sable des blés".

Cependant Artaud refuse ce bonheur, comme du début à la fin du poème il répète que Van Gogh est le plus grand de tous les peintres parce qu'il n'est pas peintre. Van Gogh, "c'est la réalité elle-même, le mythe de la réalité même...", que sa peinture fait "sonner" avec son "timbre supra-humain". C'est "un pauvre ignare appliqué à ne pas se tromper". C'est un boucher qui creuse le monde pour tracer sa route, un illuminé qui "entasse des corps", et à cet entassement correspond une formidable accumulation de traits cadencés par lesquels Artaud avance dans son discours.

Pour Artaud, la violence de Van Gogh est la réponse à l'obscénité haineuse du monde et des psychiatres: sa folie, une réponse de l' âme à l' imbécillité universelle (notamment celle de son frère Théo) qui lui souffle "Vous délirez". Et Van Gogh s'est tué parce qu'il ne pouvait tuer le psychiatre, le docteur Gachet; il s'est tué parce qu'il ne pouvait plus supporter ce "délire" qu'on attachait à ses pas.


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Entretiens et loups


J'ai le plaisir de vous faire part de cet entretien spontané avec Frédérico Alagna, artiste polyvalent qui sévit ici et là..

Je mettrai au gré des recherches les peintures qui illustrent cet entretien

Merci à Fdrco


Alain GEGOUT peintre



Présentation exhaustive

Qui osera encore remettre en question le magnifique outil de communication qu'est d'internet, même pour les arts plastiques!? J'ai découvert l'œuvre d'Alain grâce à Facebook, une œuvre picturale forte et délicate que je qualifierai d'un "maniérisme acidulé", représenté par des figures contorsionnées qui font la part belles aux chevelures, chapeaux, dentelles et autres vêtements qui gardent ainsi toute leur "féminité". Alain, lui, parle "d'art défiguratif" selon son propre terme, qui révèle un sérieux sens de la formule, teinté d'une légère ironie. Dans ses Paysages, il laisse « déborder » ses espaces picturaux sur une feuille accolée aux tableaux, qui prolonge en les magnifiant les effets de coulures. Après avoir échangé quelques mots et nos liens respectifs, Alain a accepté de se joindre à mes invités!


« Flo » par Alain Gegout

Technique mixte sur toile


Frédérico Alagna « Fdrco » - Alain bonjour et merci à toi de te prêter au jeu ! Quel rapport entretiens-tu avec les Arts plastiques au quotidien?


Alain Gegout - Un rapport, disons professionnel même si je n'aime pas ce mot, je préfère le mot "dilettante".

Fdrco - As-tu des préférences, arts plastiques, musiques, poésie ou autres ?


Alain Gegout - J'aime avant tout la peinture pour son aspect direct, en fait je travaille et vis dans l'urgence comme si la vie devait s'arrêter à chaque seconde.


Fdrco - C’est souvent ce que je ressentais, ça s’est calmé depuis que je suis papa ! Alain, évoque ton premier ou le plus grand choc face à une œuvre (et tente si possible d’analyser aujourd’hui pourquoi ou par quoi cette œuvre t'a frappée.)


Alain Gegout - Une peinture de Magritte" Le Jockey égaré". A l’époque, j'aimais les images plus que les peintures. Cette image évoquait l'absurdité de nos vies. Cela n'a pas changé depuis, la seule différence est dans l'acte, le plaisir de peindre qui passe avant une représentation.

René Magritte

« Le Jockey perdu » (2 versions)



Fdrco - On va entrer dans une partie plus technique : Quels sont tes matériaux et outils de prédilection ? Y a-t-il un art, une manière, un support préféré ? Tu as opté pour l'acrylique? Peut-être un mot sur le marouflage que tu sembles affectionner.


Alain Gegout - J'ai fait de la peinture faussement hyperréaliste pendant 10 ans. J'aime la peinture à l'huile, j'ai aimé et je préfère maintenant l'acryl pour ce sentiment d'urgence qui m'anime… Je peins avec des pinceaux, des brosses et tout ce qui permet d'exploiter le geste hasardeux. Le marouflage est devenu est rituel incontournable. Cette technique qui consiste pour moi à dessiner d'une façon aléatoire sur du papier et de pratiquer ensuite une sorte de monotype. Les papiers sont ensuite déchirés et marouflés sur la toile… et je peins à partir de ces hasards à forme humaine.


Fdrco – Je crois que le hasard est un moteur de surprise essentiel à la « régénération » de l’invention dans la création. Mais je crois que c’est surtout la « force » de l’artiste qui fait la force des hasards (quand il parvient à en extraire une œuvre, par son travail intellectuel et manuel.) Car il n’y a que l’œuvre, une fois « terminée » qui puisse cautionner l’emploi de tels ou tels procédés créatifs, fussent-t-ils les plus hasardeux. Cela nous entraine vers les questions suivantes : Figuration ou abstraction? Dessins ou couleur? Démarche traditionnelle ou contemporaine? Est-ce que ce sont des questions si se posent à toi?


Alain Gegout:

« Ambiance tamisée, caresse du genou vers la cuisse,

la mort rode et nous fait chaque jour des avances».


triple tri


Alain Gegout - Non, seule une certaine évidence me guide loin des modes et courants. J'aime dire que je suis « défiguratif »… pour, peut-être, prouver que seule la beauté que je défends est belle. Belle comme celle de Breton. "La beauté sera convulsive ou ne sera pas".

Fdrco - L’art est-t-il le reflet de ta pensée ou son contraire ? Eprouves-tu un attachement pour tes œuvres?


Alain Gegout - J'apprécie avant tout l'acte, le résultat n'est qu'un état éphémère qui me satisfait rarement... L'acte de peindre nécessite une forme de lâcher prise. Juste faire confiance à l'expérience et la force du doute.

Fdrco - J’aime à te l’entendre dire ! Un ou plusieurs artistes qui résonnent en toi en l’état actuel des choses?


Alain Gegout - Peu de noms viennent parmi les contemporains, je me sens bien sûr proches des expressionnistes. J'aime la peinture héroïque, celle de Eugène Leroy est un bel exemple, Je ne peux nier Bacon et Freud, Turner, Le Titien et Rembrandt.


Eugène Leroy Lucian Freud



William Turner Le Titien



Rembrandt Van Rijn « La fiancée Juive »




Fdrco - J’aime aussi ces peintres que tu cites. Toutefois, l’œuvre de Lucian Freud que j’adorais en bouquin ne m’a pas fait l’effet que j’en attendais en présence lors de son expo à Beaubourg, à l’inverse de Bacon qui m’intéressait peu en bouquin, mais qui gagne à être vu en vrai. Turner à la Tate Gallery de Londres m’avais énormément saisit. Rembrandt reste une évidence, la puissance des sujets traités par Titien que j’adorais me semble « affadie » aujourd’hui, mais côté réalisation il reste extraordinaire. Que penses-tu du marché de l’art actuellement ? C’est important le succès, la célébrité, pour un peintre, un plasticien ? Penses-tu que ce soit représentatif ou qu’il y ait un phénomène de mode ?


Alain Gegout - L'art contemporain est une arnaque le plus souvent. Peu de choses resteront dans l'histoire. Andy W. et quelques autres plus ou moins pop. L'art devenu un produit est condamné à vivre un rythme de produit vite « Has been ». Je n'aime pas l'art gadget, produit à jeter. L'art doit garder une dimension sacrée.


Fdrco - Oui je crois aussi qu’il y a méprise quand l’objet d’art s’apparente aux objets de consommation. Le caractère unique ou rare me semble définitivement un rempart contre la dérive commerciale. Je n’ai cependant rien contre les produits dérivés, tee-shirt, bouquin, carte postales etc. qui peuvent justement être un complément de rendement à même de préserver l’intégrité de l’artiste pour se consacrer à la création d’œuvre originale, sans avoir recours à la création d’œuvres « alimentaires ». LA question « à cent balles »: Si tu ne devais choisir qu'une seule œuvre à emporter avec toi dans la tombe ? (rires.)

Alain Gegout


« Lumière débordante »


Acrylique sur toile

plus feuille blanche



Alain Gegout - J'emporterais un rire de jeune fille "innocente".


Fdrco - Effectivement, qui pourrait réussir à transcrire ça ?? (Rires) Est ce qu'une œuvre doit avoir un sens, donner du sens ou suggérer le sens?


Alain Gegout - Le sujet c'est la peinture. Le sens de la peinture passe par ce postulat. Je n'aime plus les images, vu trop d’images.


Fdrco - Tu parles justement de la saturation d’image, c’est une évidence aujourd’hui, c’est un sujet que j’évoque dans un entretien avec un ami peintre et architecte (cf. Conversation avec Markus Gisin). Pour finir, Un seul mot : qu'est-ce que l’Art?


Alain Gegout - Un cri et une jouissance qui inclut la souffrance.


Fdrco - Là tu as dis trois mots, il faudra choisir !!! Merci Alain, j'attends pour une rencontre "de visu"!


www.sans-pitre.com

www.alain-gegout.odexpo.com ----------------------------




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Faut laisser dégouliner .. c'est la vie..!

L'été sert à tout, l'été sera fou. Il sera l'éclosion d'un type de relation.

2010 et ses recettes, laitue roquette, ciboulettes oignon coeur de lion à profusion répandus sur dos salé, laisser mijoter sous l'aisselle.. pas trop longtemps.. Ca fini par dégouliner et déguster en léchant.. Ah..! j'oubliais un demi avocat par personne et un autre de chair afin de soutenir la cause des laitues qui finissent flétries.

Flo et son chapeau comestible 80 x60 acry et marouflage sur toile

flo sans ses coulures 80x60

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La vie des formes


C’est en 1934 que l'historien d' art Henri Focillon publie cet ouvrage capital. Focillon fait une synthèse entre l'héritage historique et les découvertes bergsoniennes sur l' évolution et l' élan vital, appliquées à l' esthétique. L'auteur se dégage heureusement de toute conception a priori, et sa méthode part de l'oeuvre d' art, conçue comme donnée unique d' expérience, dégage ses éléments essentiels et en esquisse une explication psychologique. Rejetant l'opposition scolaire entre la "forme" et le "fond", il montre que la "forme" s'identifie à la pensée même de l' artiste, l' art consistant en effet, avant tout, dans l'effort d'expression concrète. L'étude des formes est inséparable de l'étude des styles, d'où l'on peut dégager quelques phases essentielles: expérimentale, classique, raffinement baroque. Cette seule constatation suffirait à prouver qu'il existe un monde des formes, autonome, avec son évolution propre, qui peut être objet de description.

Dans un second chapitre, Focillon étudie les formes dans l' espace: la forme décorative, élémentaire; la forme architecturale, "moule creux", qui crée à la fois un objet dans l' espace et un nouvel espace, intérieur; la forme sculpturale; enfin la forme picturale, qui enveloppe un espace complet, mais illusoire. La forme, d'autre part, n'est point séparable de la matière, et c'est l'objet d'un troisième chapitre: si la forme modifie la matière, elle est aussi affectée par elle. Chaque matière possède en effet une "vocation formelle", c'est-à-dire une disposition intrinsèque à recevoir telle ou telle forme: de là l'importance décisive de la technique.

Le quatrième chapitre étudie les formes de l' esprit: la thèse de Focillon veut que les conceptions de l' artiste se confondent complètement avec les formes de l'oeuvre d' art: la forme n'est pas "l' allégorie ou le symbole du sentiment, mais son activité propre". Enfin, dans le dernier chapitre, qui étudie les formes dans le temps, Focillon reprend, mais d'une manière très souple, la notion bergsonienne d' évolution: déjà l'étude des formes dans leurs différents rapports a pu montrer la diversité des facteurs qui influencent sur leur vie. Il est impossible, comme on le fit au XIXe siècle, de réduire cette évolution soit à la race, soit au milieu. Le milieu, la race, mais aussi bien l' histoire, la vie politique, les affinités personnelles, enfin la vie propre des formes déterminent leur développement, qui ne sera jamais systématique: "L' histoire, écrit Focillon, est généralement un conflit de précocités, d'actualités, de retards". Ce livre, dont on doit admirer le style d'une grande clarté, résume tout l'enseignement de l'auteur et marque une date importante dans l'histoire de l' art contemporain.


A voir aussi : Hommage à Henri Focillon


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Les Lettres à Sophie Volland, c'est l'abondante correspondance adressée par Diderot à sa grande amie et confidente.

Diderot fit la connaissance de Sophie Volland en 1755: il avait alors 42 ou 43 ans et elle de 39 à 40 ans. Bien que nous ne sachions rien d'elle, il est certain que Sophie Volland avait une très forte personnalité, un esprit fort cultivé et fort juste. Grimm dit d'elle, répétant le mot du célèbre médecin Tronchin, que c'était "une âme d'aigle dans un corps de gaze". Cette rencontre fit naître une grande passion réciproque, dans laquelle intervint malencontreusement la mère de Sophie, envers qui Diderot semble avoir eu à la fois de l'affection et une irritation qu'il ne peut dissimuler. Les deux amis prirent l'habitude de se voir deux fois par semaine, exception faite pour les fréquents séjours de Diderot à la campagne chez les d' Holbach, ses voyages et les longs mois que Sophie passait avec sa mère dans leurs terres. Ce sont justement ces absences qui nous ont valu les "Lettres", enflammées au début, puis tendres, affectueuses, confiantes, qui nous permettent de suivre l'évolution de cet attachement qui ne se termina que par la mort des deux amants, disparus à quelques mois l'un de l'autre (1784).

Les premières lettres sont de 1759 et, immédiatement, elles nous donnent des renseignements précieux sur l' "Encyclopédie". La crise qui manqua d'en arrêter définitivement la parution vient de se terminer: d' Alembert s'est retiré de l'entreprise et c'est à Diderot, poursuivi par les libraires et seul responsable, qu'incombe toute la tâche, d'autant plus difficile à mener qu'elle est maintenant clandestine. Le voilà qui s'occupe, le plus souvent nuitamment, de l'impression des fameuses planches dans l'atelier de Le Breton, qui rassemble et compile les documents, qui écrit lui-même des articles de philosophie, d'histoire et surtout de sciences appliquées. Une lettre datée du château du Grand Val, résidence des d' Holbach (3 octobre 1759), est particulièrement intéressante, car elle nous montre dans quelle ambiance Diderot composait ses articles. Il en expose au salon les grandes lignes (il s'agit ici de l'article sur les sarrasins) et nous fait grâce d'aucun des commentaires humoristiques, cyniques, voire burlesques, des différentes personnes présentes et surtout des dames. Ainsi revit devant nous ce cadre dans lequel fut conçu le grand ouvrage, cette société qui poussait l' irrespect jusqu'au blasphème et la liberté d'expression jusqu'à la trivialité. Dans sa correspondance, Diderot tient également Mlle Volland au courant des travaux littéraires qu'il menait de front avec l' "Encyclopédie", et particulièrement de sa collaboration à la "Correspondance" de Grimm. C'est ici que nous prenons la vraie mesure de Diderot, de son dévouement et même de son héroïsme, à l'égard de l' "Encyclopédie", pour laquelle il sacrifia, sans en escompter de bénéfices, la meilleure partie de sa vie et de lui-même. A côté de cet immense travail, les oeuvres personnelles comptent peu: Diderot écrit à la hâte des articles pour Grimm, il commence ou reprend ses propres oeuvres seulement quand l' "Encyclopédie" lui en laisse le loisir. A partir de 1769, Diderot, toujours accablé de travail, donne plus de temps à ses oeuvres, c'est alors qu'il écrit le fameux "Entretien entre D'Alembert et Diderot" et qu'il fait jouer "Le Père de famille", qui connaît immédiatement un succès triomphal.

Enfin en 1772, l' "Encyclopédie" est entièrement parue; après plus de vingt ans d'un labeur acharné, Diderot peut enfin profiter de sa liberté, mais il n'est plus jeune. Néanmoins, il entreprend ce voyage en Russie, auquel Catherine II le conviait depuis si longtemps, ceci malgré les conseils de la famille Volland à laquelle il reste toujours très attaché; il entretient maintenant d'excellentes relations avec Madame Volland; quand à ses rapports avec Sophie, ils ont toujours le même caractère passionné, la même tendresse impétueuse.

Enfin nous pouvons, grâce aux "Lettres", suivre les étapes du voyage. Diderot séjourne d'abord à La Haye, de mai à août 1773 chez l'ambassadeur de Russie, le prince Galitzin, et ce n'est qu'en octobre qu'il arrive à Moscou. L'amie des philosophes, l'impératrice lui fait un accueil chaleureux, elle traite Diderot comme un ami et celui-ci refuse ses présents pour conserver son franc-parler. "J'ai vu la Souveraine, je l'ai vue tous les jours, je l'ai vue seul à seul, je l'ai vue depuis trois heures, toujours jusqu'à cinq, souvent jusqu'à six." Le philosophe ne tarit pas d'éloges sur celle que Voltaire appelait la "Sémiramis du Nord"; pour lui, "c'est l'âme de Brutus sous la figure de Cléopâtre; la fermeté de l'un et les séductions de l'autre", "Si elle règne jusqu'à quatre vingt ans, comme elle me l'a promis, soyez sûre qu'elle changera la face de son empire". C'est du retour à La Haye où Diderot séjourne de nouveau quelques mois avant de regagner Paris, qu'est datée la dernière lettre de cette correspondance (3 septembre 1774). Nous ne savons rien des rapports des deux amants au cours des dix dernières années de leurs vies, sinon par ce témoignage de la fille de Diderot, Mme de Vandeul, à propos de Mme Volland: "Il prit pour sa fille une passion qui a duré jusqu'à la mort de l'un et de l'autre."

Non seulement les "Lettres à Sophie Volland" nous aident à mieux comprendre quels furent le rôle et l'influence de Diderot en son temps et comment il mena à bien cette tâche énorme qu'était l' "Encyclopédie", mais elle nous font pénétrer dans son intimité, dans sa vie de tous les jours: ses rapports avec les Encyclopédistes, sa vie de famille traversée de scènes continuelles avec sa femme, Diderot ne cache rien de ses fautes, de ses folies, il déplore son caractère brouillon; mais sa franchise qui va jusqu'à l'inconséquence, sa spontanéité, la passion qu'il met en toutes choses nous le rendent fort sympathique. Cependant ses "Lettres" sont alourdies par d'interminables tirades où Diderot expose inlassablement son amour. Quelques jugements esthétiques fort singuliers nous surprennent et nous montrent selon quels critères, exclusivement littéraires et sentimentaux, Diderot jugeait des oeuvres d'art; ils confirment ainsi l'impression qu'on retire de la lecture des "Salons". Diderot écrit au courant de la plume et son style est le plus souvent débraillé, voire incorrect, les répétitions et les négligences sont fréquentes dans les "Lettres" généralement fort longues, dont le caractère direct s'en trouve d'ailleurs renforcé. Cette correspondance n'était pas destinée à la publication. Les "Lettres" sont non seulement un document irremplaçable sur l'époque, ce sont de véritables Mémoires de Diderot ou plutôt son Journal intime. Ecrites seulement pour lui-même et pour celle qu'il aimait, elles nous peignent, sans retouche, le véritable et vivant portrait du grand homme.

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administrateur théâtres

Au jardin de ma soeur

Damien Valère et 14-18. Petites Séquelles d'une Grande Guerre.

Arthème, le fils de François Champdeblés, l’auteur de 27 pièces décoiffantes, nous attend ce soir au Jardin de ma sœur. Esprit de famille ? L’estaminet est charmant et témoigne par son exiguïté, ses tables usées et ses éclairages dorés, de l’ancienne vie de village du quartier du Vismet ! Pompon L’ancien chat noir y répandit ses grâces et ses maléfices pendant 17 ans de connivence avec les artistes, jusqu’en mars dernier. Et son âme nous hante encore toujours lorsque l’on caresse les jeunes minets Mariette et Gaspard… de la nuit , les nouveaux maîtres des lieux !

Le spectacle commence : Jean Champdeblés, un grand-père placide assis à une table qui recèle un tiroir secret se redit une lettre d’amour. Est-ce la magie des chats qui réveille le personnage ou une pompeuse ouverture musicale qui fait apparaître sur la cheminée les tranchées, les soldats, toute la misère de la grande guerre. Et l’homme se transforme en jeune enfant de village qui pose ses questions innocentes sur la guerre, la patrie, son père disparu. Tout s’enchaine, ponctué de fragments musicaux de Prokofiev. Pour l’époque, pour l’enchantement qu’est l’enfance, pour la peur du loup… et la victoire sur la déraison des dictatures ? Pourtant Damien, nom d’emprunt, le père aux cheveux d’or, ne revient pas. Le drame s’installe. L’enfant devient otage. Il se console avec un chat roux débordant d’amour qui vient de quelque part. La suite du spectacle est magnifique… allez écouter avec ravissement un conteur vrai, un auteur, une histoire vraie. Celle de son grand-père. Ce n’est pas Bruges mais Ypres avec son cortège d’atrocités… au cœur de laquelle, un amour splendide est né, plus beau que tous les châteaux et les bijoux de la vicomtesse, marraine de guerre.

Tout est dit, du début jusqu’à la fin avec une immense tendresse, des silences éloquents, et un regard dans lequel brille le bonheur. Les silences lourds et le mépris ont perdu la partie, le jeune Jean a tout compris même s’il n’a jamais défié ses parents avec la moindre question embarrassante. Du vrai, passé par le filtre de la création pour en extraire un élixir de vérité émouvante. Et la voix de Maria Callas pour l’amour fou.

Au Jardin de ma sœur jusqu’au 10 juillet, les vendredis et samedis soirs

A l'angle du Quai au Bois à Brûler et de la Rue du Grand Hospice, à 1000 Bruxelles
(Marché au Poisson,
Métro Sainte Catherine
)
Tel: +32.2.217. 65.82
E-mail:
info@leJardindemaSoeur.be

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red zone

Voici le début de l'installation de cette partie de foret que je me suis approprié.

Important pour moi de faire des photos des différents états d'une création, peinture ou autre pièce.



red zone

La suite très bientôt avec une intervention emblématique d'un objet qui a marqué le camping populaire.. Non ce n'est pas pourtant un remake de "camping 2"

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La tentation de l' Occident

En 1923, le jeune Malraux part pour l'Extrême-Orient en mission archéologique.

En 1926 il en ramène un petit essai intitulé La tentation de l’occident, sous la forme traditionnelle d'une correspondance.

Déjà, au seuil de son oeuvre, il en donne la clé. Ce n'est pas encore son style. Ses lecteurs habituels, ceux qui sont faits à ses halètements, ses saccades, ses amoncellements pyramidaux d'images, à son grandiose crispé, auront quelque surprise à trouver sous la plume d'un Malraux de vingt-six ans tant de retenue, de classicisme et de grâce.

A. D., l' occidental, voyage en Extême-orient, tandis que Ling, l'Extrême-Oriental, visite l'Europe. Les lettres qu'ils s'adressent sont datées de Shangaï ou de Canton, de Rome ou de Paris. Ni l'un ni l'autre ne sont des symboles, ils sont tous deux Malraux, l'écrivain-protée; ou plutôt toutes ses tentations: sa curiosité quasi envieuse et admirative de l'Autre, le besoin dont il fait la pierre de touche de son érotisme, de ressentir aussi ce que l'autre éprouve. Etre soi et la personne d'en face, se dédoubler, d'où nécessité du miroir. L'auteur-Janus souffre, comme Ling, de la sécheresse si cérébrale de l' Occidental, ce monde semblable à une île nue sur lequel règne, seul, l'homme individuel, avec l'obligation de se créer lui-même comme s'il était Dieu. Il est tenté, comme A. D., par le confort voluptueux de la pensée orientale, par cet univers qui n'a pas rompu complètement avec l'Age d'Or, où les humains sont encore liés organiquement aux autres vivants, aux grands éléments qui composent le décor cosmique, où l'on recherche la perfection et la sagesse comme un bonheur en soi, clos, et le seul but pour parvenir au but suprême: le détachement. La tentation est grande; mais l' Occidental, comme l' Oriental, est enfermé dans sa peau. Echappe-t-on à une patrie? Europe, tu nous tiens. Nous n'avons pas droit à la sérénité. Peuple aux poings serrés, il n'est d'autre chemin, pour nous accomplir, que l'aventure particulière qui nous conduit à la grandeur. C'est pourquoi A. D. sera et Vannec et Perken et Kyo et Garine et Kassner et Manuel et Vincent Berger et André Malraux.

Son premier livre était une préface exemplaire à son œuvre à suivre.

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administrateur théâtres

Notre Dame veille

Envoi dans l'illumination.

Patrick Virelles s'en est allé aujourdh'ui, à 70 ans. Je regrette qu'il ne soit plus là pour partager avec nous son amour des mots. Leur rondeur, leur 'fumet' comme il disait. Les mots doivent avoir du 'noyau', de la texture. La vérité est dans le vin capiteux des mots. Encore faut-il savoir vendanger et vinifier. il y a tant de mots qui n'ont pas d'odeur, des mots aseptisés, des mots - les plus terribles - ceux de la langue de bois qui nous donnent froid dans le dos et ne disent que leur contraire. Que de scories sur notre chemin et dans nos oreilles rabattues, les mots politically correct, si énervants d'hypocrisie. Les mots qui tuent et nous assourdissent. Les mots, cela doit être la fête, la vibration, la lumière, même s'ils font dans le sombre. Ils sont rares ces écrivains qui fabriquent des perles qui parlent et luisent dans leur robe de nacre au fil des phrases, des MOTS QUI FONT NAîTRE LE PLAISIR ET LES CONVERGENCES, des mots sculptés, des mots d'humour qui réveillent l'amour.

J'avais enfoui dans mon jardin ce petit bijou:' Les pigeons de Notre-Dame' comme un vrai trésor de gaité et d’humanité, je vais me précipiter pour lire ses autres écrits, à la recherche des pains perdus.

Comme épitaphe, je souhaite partager une très belle phrase, la dernière du livre 'Helena Vannek' d'un autre écrivain belge, Armel Job. "L'éclair de Guido t'aveugla, chère maman. J'espère que la lumière ardente de cet autre Fils de l'homme, tellement plus mystérieux, a rendu la clarté à tes yeux qu'une lueur trompeuse consuma." Envoi dans l'illumination.

Que la terre lui soit légère et le souvenir vif et tendre.

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Bonjour à tous

D'abord un peu en retard pour souhaiter un joyeux anniversaire au site, et aussi mes félicitations à Paul Frère

pour son excellente gestion de Arts et Lettres, j'suis très content d' en faire partie Bonne journée à toutes et tous, Michel Marechal

Bonne journée à toutes et tous, Michel Marechal

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