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Bonne parution aux Editions Racine

Parcourir la Belgique au fil de l’été…

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LES PLUS BEAUX VILLAGES

EN BELGIQUE

Santina & Johan De Meester

 

Les « plus beaux villages en Belgique » rassemblés dans un livre illustré – voilà une belle invitation à l’évasion pour les week-ends. Le mystérieux Coin des Gueux à Korsele, le minuscule Mont- Sainte-Marie à Mozet, la petite église séculaire de Saint- Hilaire, le cimetière du village des artistes de Deurle où sont inhumés peintres et écrivains connus… Pour ces perles rares, de nombreux visiteurs à l’étranger n’hésiteraient pas à faire le détour !

 

Santina et Johan De Meester forment un couple et une équipe. Il est évident que le photographe Johan a un faible pour la photographie panoramique tandis que Santina se charge de la concordance parfaite entre l’image et le texte. Ensemble, ils ont mis la Belgique sens dessus dessous et ce magnifique livre illustré en est le résultat.

Laissez-vous envoûter et prenez la route…

 

Les villages :

Aldeneik, Aubechies, Baerle-Duc, Bazel, Celles, Chardeneux, Chassepierre, Clermont-sur-Berwinne, Crupet, Deigné, Deurle,

Fagnolle, Falaën, Fouron-Saint-Martin, Gaasbeek, Gors-Opleeuw, Hakendover, Heide-Kalmthout, Kanne, Kasterlee, Kuttekoven, Laforêt, Le Coq, Lissewege, Lombeek-Notre-Dame,

Lompret, Mélin, Mozet, Mullem, Nobressart, Ny, Oostkerke,  Oud-Rekem, Quaremont, Ragnies, Roborst, Saint-Amand,  Sohier, Soiron, Sosoye, Soulme, Stuivekenskerke, Thon-Samson, Torgny, Vierves-sur-Viroin, Warnant-Dreye,

Watervliet, Watou, Wéris et Zichem.

 

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Il y a ceux...

Ode à l'Amour Il y a ceux qui aiment. Tout court. Parce que c’est la première chose quel’on copie lorsqu’on est tout petit. Parce que c’est la seule chosedont on se souvienne quand on ne se souvient plus de rien. Parce quec’est la seule chose qui ne s’efface pas d’un coup de temps, alors queles fâcheries, les colères et les rancunes s’accumulent, la seule chose, évidente, rassurante, dérangeante parfois, qui demeure dans la raison de nos corps, quand on n’a plus de maison, c’est l’amour, même s’il na plus ni prénom ni visage.

Il y a ceux qui n’aiment plus que de mémoire, tendresse rangée dans les cartons, dans les albums, dans les tiroirs. Alors, de déménagement en déménagement, lorsque les tiroirs dégueulent leur foutoir inutile, on s’arrête sur un objet stupide, bout de plastique oublié laissé par un enfant depuis longtemps parti. Et que cette fois-ci encore, on ne jettera pas.

Il y a ceux qui n’aiment que péniblement, du bout de la peau, du bout des doigts, mais tout au fond du cœur. Ceux que l’on ne touche pas, parce que leur corps est blessure. Et qui voudraient bien que, quand même, même sans la peau, on les aime, quand m’aime. Alors ils essaient de toucher du fond des yeux, du fond des mots, du bout des sourires.

Il y a ceux qui n’aiment qu’en étouffant. Et ceux là, il faut les prendre, les serrer, profiter de leur air et guetter chacun de leur geste. Répondre à chaque mot, courir à chaque cri. Consoler, rassurer, nourrir, élever jusqu’à soi, élever tous les jours jusqu’à l’improbable âge adulte. Et pour ceux là, il faut leur apprendre, ne jamais les laisser, leur promettre toujours, être les murs d’une indestructible maison, être refuge et évasion.  Et pour ceux là, il faut être tout.

Il y a ceux qui aiment pour rien. Et sans jamais tendre la main. Ceux là marchent seuls, le cœur trop plein. Ils aiment en silence, comme si le dire faisait peur, comme si les mots faisaient fuir, comme si l’évidence ne pouvait être que muette. Ceux là fuient les effusions, les déclarations qui perdent l’amour propre, ils aiment l’amour qui se sait sans mot dire et craignent le mensonge de la vie qui dépasse. Ils noircissent des feuilles pour que les choses durent. Ils aiment par écrit, ne parlent d’amour qu’avec les yeux et ne veulent rien en échange.

Il y a ceux qui aiment à en pleurer, devant l’écran et dans la vie, qui aiment malgré eux et contre toute raison.Ceux là ont perdu le chemin entre bonheur et chagrin. Ils pêchent par soumission et laissent leurs émotions couler. Ils sont sans pudeurs et supplient pour qu’on les garde. Ils menacent et ils grondent, ils attentent à leur vie, en font un marchandage. Ils aiment plus que tout, de mal en pis et croient être seuls à aimer. Ils sont ceux qu’on quittent, ils sont ceux qu’on trompent, ils sont ceux qui piègent.

Il y a ceux qui aiment pour toujours.

Il y a ceux qui n’aiment jamais.

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Alcools

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Apollinaire par Marie Laurencin

"Alcools" est le premier grand recueil poétique d'Apollinaire qui n'a publié, avant 1913, qu'un seul ouvrage de poésie: le Bestiaire ou Cortège d'Orphée (1911), mince plaquette tirée à cent vingt exemplaires et illustrée par des gravures de Raoul Dufy. Alcools rend compte toutefois d'un long trajet poétique puisque le recueil rassemble des textes écrits entre 1898 et 1913, que l'auteur retravaille et modifie souvent pour la publication en volume. La critique fut en général peu enthousiaste, voire très agressive - Georges Duhamel, dans le Mercure de France du 15 juin 1913, taxe le recueil de «boutique de brocanteur» - et Apollinaire fut blessé de cette incompréhension à l'égard de son oeuvre.

 

Alcools s'ouvre sur un long poème écrit en 1912 et intitulé "Zone". Le premier vers de ce texte inaugural, riche et multiple, ancre d'emblée le recueil dans la modernité: «A la fin tu es las de ce monde ancien». Viennent ensuite "le Pont Mirabeau" puis "la Chanson du mal-aimé", longue complainte divisée en six sections. Les vingt-sept poèmes suivants, de longueur et d'inspiration variées, se présentent comme une succession d'unités autonomes, mais les titres laissent présager la présence d'images et de thèmes récurrents: "Saltimbanque" et "la Tzigane" se font écho et suggèrent à la fois le voyage et l'errance - de même que "le Voyageur", "l'Adieu" ou "le Vent nocturne" -, la solitude et la marginalité - tout comme "l'Ermite" ou "le Larron". Le déclin et la mort sont inscrits dans des titres tels que "Crépuscule", "la Maison des morts" et "Automne", auquel s'associent "les Colchiques"; un univers légendaire se dessine à travers "la Blanche Neige", "Salomé" et "Merlin et la Vieille Femme"; des noms féminins tels que "Annie", "Clotilde", "Marizibill", "Marie", "Salomé" et "Rosemonde" jalonnent la progression du recueil.

 

Ce dernier comporte ensuite une section intitulée «Rhénanes» et composée de neuf textes d'inspiration germanique parmi lesquels figure le célèbre poème consacré à "la Loreley". Après trois poèmes assez brefs - "Signe", "Un soir" et "la Dame" -, le long poème "les Fiançailles", divisé en neuf parties dépourvues de titres, évoque de façon poignante la fuite du temps, la solitude et le dénuement.

Le recueil propose de nouveau deux textes brefs - "Clair de lune" et "1909" - puis un long poème en six parties, "A la Santé", issu de la triste expérience de la détention effectuée en septembre 1911 par Apollinaire à la prison de la Santé. Enfin, "Automne malade", "Hôtels" et "Cors de chasse" précèdent l'ultime poème du recueil, "Vendémiaire", dans lequel le poète éternise son chant: «Hommes de l'avenir souvenez-vous de moi.»

 

Apollinaire avait d'abord songé à intituler son recueil Eau-de-vie. Alcools est toutefois plus net, provocant et moderne, et rapporte l'acte poétique, dans la continuité de Baudelaire et de Rimbaud, à un dérèglement des sens: «Écoutez mes chants d'universelle ivrognerie» ("Vendémiaire"). Les références explicites à la boisson enivrante sont fréquentes dans le recueil: «Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie / Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie» ("Zone"), «Nous fumons et buvons comme autrefois» ("Poème lu au mariage d'André Salmon"), «Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme» ("Nuit rhénane"). De même, l'univers d'Alcools est jalonné de nombreux lieux pourvoyeurs de boissons: des «tavernes» ("Zone"), des auberges - celle du "Voyageur" est «triste» et celles des "Saltimbanques" sont «grises» -, des brasseries -«Beaucoup entraient dans les brasseries» ("la Maison des morts"), «Elle [...] buvait lasse des trottoirs / Très tard dans les brasseries borgnes» ("Marizibill"). D'un symbolisme multiple, que le pluriel du titre élargit encore, l'alcool désigne l'universelle soif du poète, le paroxysme de ses désirs: «Je buvais à pleins verres les étoiles» ("les Fiançailles"), «Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers / [...] Écoutez-moi je suis le gosier de Paris / Et je boirai encore s'il me plaît l'univers» ("Vendémiaire"). Extrême et intarissable, cette soif, souvent euphorique, court toutefois le risque de demeurer inassouvie: «Mondes [...] / Je vous ai bus et ne fus pas désaltéré» ("Vendémiaire"). L'alcool suggère en outre la transgression, la possibilité de faire fi des tabous et des normes, en somme les audaces d'une poésie novatrice et moderne.

 

La poésie d'Alcools se déploie en effet souvent dans la fantaisie et la rupture à l'égard des normes, mais elle se plie également à certaines règles. C'est ce mélange de nouveauté et de tradition, de surprise et de reconnaissance qui fait l'originalité du recueil. Si, sur le plan prosodique, Apollinaire conserve en général la rime et la régularité métrique - avec une nette prédilection pour l'octosyllabe et l'alexandrin -, c'est en raison d'une nécessité interne à sa poésie et non par souci d'obéir à une quelconque contrainte extérieure. La poésie d'Alcools s'enracine dans le chant qu'elle cherche à rejoindre par son souffle propre. Les enregistrements qui demeurent du poète témoignent d'ailleurs de cette parenté: Apollinaire, lisant ses textes, semble chanter. Or la rime et le mètre ne sont pas seuls à contribuer à la musicalité du recueil. La répétition, savamment agencée, confère à de nombreux poèmes un rythme qui les rapproche du cantique. "Le Pont Mirabeau", par la reprise du refrain - «Vienne la nuit sonne l'heure / Les jours s'en vont je demeure» - et celle, juste avant la dernière occurrence du refrain, du premier vers - «Sous le pont Mirabeau coule la Seine» - a l'aspect d'une litanie tragique et conjuratoire. Dans "la Chanson du mal-aimé", la reprise d'une strophe majestueuse par son adresse et solennelle par la référence biblique qu'elle contient - «Voie lactée ô soeur lumineuse / Des blancs ruisseaux de Chanaan» - donne au poème une dimension incantatoire. Ailleurs, la répétition, plus légère et joyeuse - celle par exemple de la tournure, elle-même répétitive, «Le mai le joli mai» dans "Mai" -, confère au poème des allures de chanson populaire, voire de comptine.

 

Toutefois, rien n'est jamais stable dans cette poésie qui refuse le confort mélodique et préfère l'incertitude. Le poème intitulé "les Colchiques" installe la régularité de l'alexandrin tout en y inscrivant de subtiles fractures: la disposition graphique démembre le mètre - «Les vaches y paissant / Lentement s'empoisonnent» -, certains vers ont plus de douze syllabes - «Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica» - si bien que, finalement, la lecture hésite face à d'autres vers dont on peut faire des alexandrins, au prix de quelques élisions audacieuses - par exemple: «Qui batt(ent) comme les fleurs battent au vent dément» -, mais que l'on peut également considérer comme irréguliers. De même, dans "Marie", un alexandrin unique vient soudain perturber la régularité du poème par ailleurs entièrement composé d'octosyllabes. La prosodie d'Alcools cultive la discordance qui déstabilise, ébranle, introduit comme un déchirement. A l'échelle du recueil pris dans son ensemble, le poème "Chantre", constitué d'un vers unique, qu'Apollinaire appelait drôlement «vers solitaire» - «Et l'unique cordeau des trompettes marines» - produit un effet similaire.

 

Ces fractures sont à l'image de l'expérience, le plus souvent douloureuse et angoissée, qui se dévoile à travers Alcools. Divers poèmes sont d'ailleurs, de l'aveu d'Apollinaire lui-même, directement liés aux circonstances biographiques. Ainsi "la Chanson du mal-aimé" exprime le désarroi du poète dans son amour malheureux pour une jeune Anglaise, Annie Playden. Toutefois, la matière poétique transcende l'anecdote, notamment grâce à la richesse des images. Certaines, récurrentes dans le recueil, contribuent à son unité, voire à l'envoûtement qui en émane peu à peu lors d'une lecture continue. Ainsi, le flux de l'eau est fréquemment, mais de façon toujours renouvelée, associé au temps qui passe, à la fois irréversible -«Passent les jours et passent les semaines / Ni temps passé / Ni les amours reviennent / Sous le pont Mirabeau coule la Seine» ("le Pont Mirabeau") - et immuable - «Je passais au bord de la Seine / Un livre ancien sous le bras / Le fleuve est pareil à ma peine / Il s'écoule et ne tarit pas / Quand donc finira la semaine» ("Marie").

 

L'automne, saison fascinante et tragique, évoque le déclin de toute chose - «Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs / Les fruits tombant sans qu'on les cueille / Le vent et la forêt qui pleurent / Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille / [...] La vie / S'écoule» ("Automne malade") -, la séparation des amants -«Sais-je où s'en iront tes cheveux / Et tes mains feuilles de l'automne / Que jonchent aussi nos aveux» ("Marie") - et la mort - «L'automne a fait mourir l'été» ("Automne"). Ces images sont certes traditionnelles mais la poésie d'Alcools les renouvelle par le traitement qu'elle leur réserve. Amplement utilisée, la comparaison engendre un monde propre qui transmue le poème en vision, souvent violente: «Le soleil ce jour-là s'étalait comme un ventre / Maternel qui saignait lentement sur le ciel / La lumière est ma mère ô lumière sanglante / Les nuages coulaient comme un flux menstruel» ("Merlin et la Vieille Femme"). Ailleurs, la métaphore, dont l'allitération renforce l'efficacité, transfigure ce même spectacle initial d'un coucher de soleil en une scène de décapitation: «Soleil cou coupé» ("Zone").

 

L'univers d'Alcools est en outre résolument ancré dans la modernité, singulièrement celle du monde urbain. La grande ville est présente dans "la Chanson du mal-aimé" - «Un soir de demi-brume à Londres» - ou dans "le Pont Mirabeau" dont le titre évoque explicitement Paris. Le ton est donné dès le premier poème, "Zone", aux références et à la terminologie très contemporaines: «les automobiles», «les hangars de Port-Aviation», «les affiches», «cette rue industrielle», «des troupeaux d'autobus», «le zinc d'un bar crapuleux». Quant au dernier poème, "Vendémiaire", il dresse une sorte de panorama urbain universel: «J'ai soif villes de France et d'Europe et du monde / Venez toutes couler dans ma gorge profonde.»

 

Les lieux où se déploie cette poésie sont cependant variés, car le voyage est l'un des thèmes dominants d'Alcools. Des titres de poèmes tels que "le Voyageur" ou "Hôtels" en témoignent. Ceux que l'on appelle les «gens du voyage» sont également présents dans les titres - "Saltimbanques", "la Tzigane" - et dans les poèmes - «Un ours un singe un chien menés par des Tziganes / Suivaient une roulotte traînée par un âne» ("Mai"); «Des sorciers venus de Bohême» ("Crépuscule"). Le voyage est en outre fréquemment rapporté à l'expérience personnelle: «Maintenant tu es au bord de la Méditerranée / [...] Tu es dans le jardin d'une auberge aux environs de Prague / [...] Te voici à Marseille au milieu des pastèques / Te voici à Coblence à l'hôtel du Géant / Te voici à Rome assis sous un néflier du Japon / Te voici à Amsterdam avec une jeune fille [...]» ("Zone"). Le voyage dans l'espace va de pair avec celui dans le temps. Le passé du poète est représenté - Alcools se plaît à l'évocation, souvent pathétique, des souvenirs - mais aussi celui de l'humanité, par le biais des mythes, nombreux dans le recueil. Ces mythes sont de sources très diverses - la Bible, les contes populaires, les légendes gréco-latines, orientales, celtiques, germaniques, etc. - et contribuent, par leur exotisme et leur étrangeté, au charme mystérieux et nostalgique qui émane d'Alcools.

 

Spatial ou temporel, le voyage est signe de liberté et peut donc être associé à la fête et à la richesse: les saltimbanques «ont des poids ronds ou carrés / Des tambours des cerceaux dorés» ("Saltimbanques"). Il signale la toute-puissance de l'imagination poétique: «Vers le palais de Rosemonde au fond du Rêve / Mes rêveuses pensées pieds nus vont en soirée / [...] mes pensées de tous pays de tous temps» ("Palais"). Or cet aspect positif du voyage, qui abolit limites et entraves, a son envers négatif. Dépourvu de but déterminé, le voyage est avant tout errance, symbole d'une douloureuse méconnaissance de soi: «Temps passés Trépassés Les dieux qui me formâtes / Je ne vis que passant ainsi que vous passâtes / Et détournant mes yeux de ce vide avenir / En moi-même je vois tout le passé grandir» ("Cortège").

 

Grâce à la richesse de sa prosodie, de ses constructions et de ses images, Alcools exerce une indéniable fascination. Celle-ci ne doit pourtant pas faire oublier le caractère fondamentalement pessimiste et désespéré du recueil.

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CLIN D'OEIL D'EMBALLEMENT

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  Et tandis que Christo emballait le Pont Neuf en 1985 ....

Dame Eipère dans ses bois empaquetait une branche

Travail éphémère en oeuvre d'Art ,que l'oeil du promeneur caresse et garde en mémoire ou en image

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les méduses que l'on voit danser

Il serait peut-être 5 ou 7 h du matin.

 Le silence ne dit rien sur le temps qui passe ici sur la cote Est de l'île de Öland.

C'est le soleil ou les étoiles qui rendent les filles d'ici si blondes, blondes comme des Scandinaves. filles de vikings vite enrobées du quotidien, l'aura qui les entouraient et maintenant de fait de lourdes fesses.. trop souvent.

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La plage ici sur la cote Est de l'île

Comme si elles aussi étaient devenues mangeuses de potatis.. Ce qui est le cas, la patate est reine ici, et les vikings sont morts..

 Restent les épaves de drakkars, les moulins et les phares. Quelques méduses inoffensives font le guet, assoupies dans l'eau de la Baltique elles se dandinent.

  

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fleurs de manet brouillon

Dès 1862 et jusqu’à sa mort en 1883, Edouard Manet ne cessa de peindre des fleurs. Elles accompagnent toute une partie de l’œuvre du peintre, tour à tour symbole de féminité, témoin d’un sentiment amoureux, figure de l’amour vénal et emblème de la mort. 

La pivoine, symbole de l’agonie 

La même fleur est très présente dans les peintures de Manet. L’écrivain André Fraigneau commente : « Le vase aux pivoines de Manet (1862) est le récit de la mort d’une fleur, ou pour employer un terme médical, plus précis dans sa cruauté : sa courbe d’agonie ». Françoise Cachin [1] poursuit : « ... du bouton de droite aux fleurs épanouies du haut du bouquet et de la gauche pour terminer la volute au centre où les pivoines sont sur le point de s’effeuiller, la dernière ayant déjà perdu une partie de ses pétales ».

Le vase aux pivoines, Edouard Manet,1865
Le vase aux pivoines, Edouard Manet,1865

Dans Branches de pivoines blanches et sécateur, il développe le thème du cérémonial funéraire, avec ses simples fleurs et leurs pétales étalés, prêts à être jetés, nouvelle version ici du thème des Vanités.« Toute une part d’ombre se dessine dans la peinture de Manet. Le sens du drame, les images de mort apparaissent bien avant que la maladie ne vienne l’assombrir » explique Françoise Cachin.

Branche de pivoine blanche et sécateur d'Édouard Manet
Branche de pivoine blanche et sécateur d’Édouard Manet
Musée d’Orsay

Les fleurs : symbole de son amour des femmes

Mais réduire les fleurs de Manet à l’image de la mort se révélerait inexact. Les fleurs symbolisent également son amour des femmes ; un amour peint dans Le déjeuner sur l’herbe et l’Olympia qui fera scandale en 1863. S’il s’agit du même modèle (Victorine Meurent), les messages de ces deux peintures sont pourtant différents. Le déjeuner sur l’herbe symbolise la femme libre, sans fleur ni bijou qui « après un rapide et gai déshabillage irradie » écrit Michel Déon de l’Académie française. « On s’attarde plus sur son visage que sur sa violente nudité tant ce visage si parlant s’amuse de notre surprise » poursuit l’académicien.

Le Déjeuner sur l'herbe, Edouard Manet, 1863
Le Déjeuner sur l’herbe, Edouard Manet, 1863

En 1865 L’Olympia est exposée au salon . 
Le scandale est ainsi résumé par Emile Zola : « Ce n’est plus la Vénus d’Urbin de Titien que Manet avait copié à Florence sept ans plus tôt, mais Victorine Meurent, son modèle du Déjeuner sur l’herbe, cette fille de nos jours, une fille de 16 ans que vous rencontrez sur les trottoirs et que l’artiste a jeté sur la toile dans sa nudité jeune et déjà fanée […] ». Quant à Paul Valéry, il parle de « vestale bestiale vouée au nu absolu ».

Les fleurs participent à ce scandale. La fleur d’hibiscus dans les cheveux ainsi que le bouquet fraîchement apporté en font « une fille vénale à n’en pas douter » écrit Michel Leiris.

Olymoia, Edouard Manet, 1863
Olymoia, Edouard Manet, 1863

L’aspect vénal est également présent dans Le bal masqué à l’opéra, peint en 1873. Des hommes aux chapeaux haut-de-forme viennent apporter des fleurs aux danseuses dans l’espoir d’obtenir leurs faveurs.

Les fleurs sont aussi le symbole de sa passion pour Berthe Morisot. Dans Le bouquet de violette en 1872, il s’adresse à elle personnellement. Le tableau figure un bouquet de violettes posé sur son éventail et une lettre qu’elle devrait pouvoir lire. Il peint également Berthe Morisot au bouquet de violettes. Paul Valéry traduit cette fusion entre la peinture et le sentiment : « La peinture, c’est avant toute chose le noir, le noir absolu, le noir d’un chapeau de deuil […] Le désordre des mèches, les brides, des joues et du mur du fond »
Pour l’anecdote, cette passion pour Berthe Morisot restera platonique. Cette dernière décidera de se marier avec le frère d’Edouard Manet...

Le bouquet de violettes, Edouard Manet, 1873
Le bouquet de violettes, Edouard Manet, 1873

Un an avant sa mort en 1882, Edouard Manet peint Le bar aux Folies Bergère. Là encore les fleurs demeurent omniprésentes. Deux fleurs dans un verre, sur le marbre au premier plan entre les bouteilles et les fruits, juste devant le modèle. La serveuse a le regard absent, mélancolique. Un autre petit bouquet est accroché au corsage ; un intermédiaire entre le bouquet du bar et Suzon, le modèle. Malraux écrivit à ce sujet : « Ce que Manet apporte, non de supérieur, mais d’irréductiblement différent, c’est le vert duBalcon [2], la tache rose du peignoir d’Olympia, et la tache framboise du bar des Folies Bergère. C’était la tradition ramenée au plaisir de peindre ».

Un bar aux folies bergères, Edouard Manet, 1881-82
Un bar aux folies bergères, Edouard Manet, 1881-82

En 1882, son état de santé s’aggrave. Il n’a de cesse alors de peindre un jour sur deux des fleurs : fleurs coupées, fleurs en pot... 
Il peint ses derniers bouquets pour l’art de peindre. Il oppose les fleurs aux tiges, compare les couleurs des pétales à celle du mur ou d’un bord de table, oppose la transparence d’un verre et celle de l’eau…. DansFleurs dans un vase de cristal en 1882, l’enchevêtrement des tiges, leur mélange et la superposition des reflets redessinent un nouvel espace abyssal.

Fleurs dans un vase de cristal, Edouard Manet, 1882
Fleurs dans un vase de cristal, Edouard Manet, 1882

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un trèfle à quatre feuilles

Deux petits cumulus dans son regard bleu gris

Mélancolie tremblante dans sa voix suave

Le jour se lève et le rayon corail se répand dans l’azur

Au cœur d’une touffe d’herbe fraîche

Je cueille un trèfle à quatre feuilles

Nos mains se retrouvent dans l’instant éphémère

À l’autre bout du Mont des Arts

Nous errons au flot des passants

 12/07/11

Nada

 

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Les poètes surréalistes ou pshychotiques

 

 

 

    Je suis fascinée par les écrits de ce jeune homme trouvé mort dans sa chambre d’hôtel à Paris alors qu’il avait vécu vingt-quatre années seulement.

Je parle du jeune Isidore Ducasse qui s’était baptisé comte de Lautréamont

et devenu célèbre, après sa mort, sous ce titre usurpé.

 

Je l’avais un peu oublié or voilà qu’un éclairage nouveau sur ses soliloques fantastiques m’aide à mieux comprendre son éloquence inimitable.

Je viens de trouver dans Les nervures de l’être, ouvrage que Quentin Ritzen a consacré  au cuisant désir de créer et particulièrement d’écrire, un passage qui concerne l’origine probable des chants délirants de Lautréamont.

 

L’auteur se réfère à une étude de Jean-Pierre Soulier qui explique  ce délire verbal pas les mots : génie et maladie mentale. Il conclut :  «Et telle est sans

doute l’union exceptionnelle d’une inspiration pathologique et d’un art étincelant ».

 

Je crois que prenant connaissance de ce qu’il avait écrit, Lautréamont a dû trouver que c’était remarquable et  méritait d’être édité, ce qu’il a tenté de faire au prix de grands efforts.

 

Cependant, il a vite réalisé que cette forme de littérature ne lui convenait pas. Il a condamné  véhémentement ses mécrits et formulé le désir d’écrire de la poésie. La fatalité ne lui en a pas donné le temps.

 

Je veux ajouter ici une distinction fondamentale que fait Jean-Pierre Soulier. Il affirme que les écrivains surréalistes essaient vainement de perdre le contrôle avec le réel tandis que le psychotique essaie en vain de se retrouver et de conserver le contact avec la réalité des autres.

 

27 juillet 2008

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Les fleurs-oiseaux

Les fleurs-oiseaux

   Antonia Iliescu

Venez au rendez-vous
Avec ces fleurs gracieuses,
Aux ailes-pétales rondes
Qui dansent dans la corolle
Neigeotant généreuses
Leur parfum sur le monde.

Venez voir les oiseaux
captifs sur des tiges
Fines, longilignes, légères,
Aux plumages bariolés
Oiseaux muets, figés
Dans un lambeau de terre
Perdu dans une forêt.

On les connaît à peine
Ces fleurs modestes sans nom ;
Accélérez le pas,
Dépêchez le regard,
Demain elles périront…

11. 07. 2011

 

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Poème " de la Plume aux Rêves"

LE VENT DE LA POUSSIERE

 

 

Faites de la poussière et de cendres

Que le vent souffle

Vers les flots vides de nos mémoires

Engourdies de sanglots

Où je suis venue mourir

Pour cette nuée de pluie

Qui reluit, là

Sur la rose aux pétales brisés

En éclats de glace

Qui se fond

En étoffe de neige

Où seul en ses yeux

Je vois  s’évanouir un souvenir lointain

Qui prépare déjà

Les nuits éternelles

Que les roses se ferment

Sur leurs mémoires

Qui ont souffert .

 

Vide de nos espaces

Et du néant profond de nos vies enfuies

Où vent de poussière

Qui ouvrent les portes des ombres

De l’inconnu

 

Lumineux qui habille de ciel

Et de feu qui s’éclore en bouquet

D’étoiles

 

 Viviane Demol.

 

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Lettre ouverte

 

 

A Léon  (Mon papa)

 

 

 

Non, il n’est pas mort,

 il est juste parti un peu plus loin.

 

Mais il reste près de toi, éparpillé tout autour,

                                               dans ce jardin qu’il regardait

avec tant d’amour et de fierté le matin.

 

-Quand la pluie ruissellera sur ton visage,

 elle sera comme des larmes sur tes joues…

les tiennes, et les siennes mêlées.

 

-Quand une fleur s’ouvrira, ce sera son sourire

 

-quand le brouillard viendra,

ce sera comme son haleine sur ton visage.

 

-Quand il neigera,

          les flocons seront des baisers un peu froids.

 

-Quand tu marcheras pieds nus sur la pelouse,

                                               ce sera comme la caresse de ses doigts !

 

Non, il n’est pas mort.

                                   On ne sait pas mourir tant

                                               qu’une personne ici bas pense à nous

et continue de nous aimer.

 

 

Eric Wynants ( mal-entendant)

(j’ai écris cette lettre pour la femme de mon papa)

 

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LA MEMOIRE DES PIERRES

 

LA MEMOIRE DES PIERRES                                       

 

 

De longs murs de pierres,

Enserrent les cimetières

Où dorment les martyrs,

Pierres, croix du souvenir,

Tombées à même le sol.

Murs de pierres, en protection,

Remparts contre les invasions.

Pierres brutes des maisons,

Murs comme une prison !

 

Menhirs, kerns, Dolmens

Lieux de recueillement,

Calvaires, bornes des champs.

Gisants abandonnés,

Recouverts de lichens,

Ou enfouis sous le lierre

Pierres grises des églises,

Dressées vers le ciel.

Un appel, un cri, une prière !

 

Pierres blanches des carrières,

Rongées par les vents,

Marquées par les pluies,

En rigoles rougeâtres,

Coulant comme du sang

Au long des façades vieillies,

Aux statues d’albâtre,

Surgissant du passé,

Fantômes de la mémoire !

 

Toutes ces vieilles pierres

Sont chargées d’histoire,

Mémoires de tant de vies,

Témoins de moult conquêtes,

De jours de deuil, de jours de fête.

Ces pierres sont l’Espérance

En des jours meilleurs,

Pour bâtir des Empires,

Protéger l’innocence,

 

A la fois si fragiles et résistantes.

Certaines ont traversé le temps,

De nombreuses tourmentes,

Pour parvenir jusqu’à nous.

Souvent meurtries, parfois détruites,

Ces pierres sont des témoins vivants 

Ne dit on pas « Marquer ce jour d’une pierre blanche ?

Afin de nous rappeler leur existence !

 

                                                                                             

 

Micheline de Lavansy

 

 

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The darkest room

Nattfäk en Suédois, The Darkest room en anglais, et l'Echo des morts en Français.. Je ne sais pas encore le titre en Italien ou Espagnol, Chinois Russe et Javanais.. Peu importe..Je suis bien sur l'île ou fut écrit ce noir  bouquin qui a inspiré cette expo en Suéde.

 Je l'avais imaginé un peu comme cela, pas déçu vraiment.. juste un peu désappointé par l'aspect bocage Normand de la partie centrale de l'île. La cote est comme je l'ai peinte, le soleil en plus.. Le livre se passe en hiver , nous somme en été. 
 L'eau de la Baltique était à 21° quand nous somme arrivés..!

 Aujourd'hui, je l'ai testé à 16°..! Suis pas resté longtemps dans l'eau..! et vite un ptit coup d'aquavit..

 Beaucoup de passage , les touristes Scandinaves déambulent sagement sans bruit, de la part de certains, le regard s'attarde  sur une vision de l'île qui semble leur correspondre.. Bons contacts dans l'ensemble.

 Je crois que je ne vais pas m'ennuyer pendant ces 2 semaines d'expo. Je vous reparle de l'atmosphère bientôt.

 Qqes images du lieu à Himmelsberga, un centre culturel avec musée et galerie.. 

juste avant le vernissage.

a galerie sur l'île de Öland

la galerie sur l'île de Öland

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Billet de la semaine : Evasion furtive

 

J’écoute les nouvelles, je m’énerve, je vois mourir mon pays…  Mais non, cette semaine je ne parlerai pas de cette situation dramatique, ce serait trop facile.

Comme souvent quand je veux me changer les idées, je prends ma voiture pour nulle part, me laisse guider au grès de mes coups de cœur et des invitations du paysage.   Je parque mon véhicule et continue mon chemin à pieds, suivant les détours d’un chemin rocailleux.  Je n’ai plus qu’une envie, faire le vide, oublier ce monde de fou.  Je repense soudain au film d’Yves Robert, et à l’instar de Philippe Noiret dans son rôle d’Alexandre, je me surprends à observer une fleur, à la faire tournoyer dans un rayon de soleil, et à me dire que finalement la vie cela devrait être beau et simple comme cette fleur.

Je m’étends sur l’herbe, je laisse le vent me caresser et les odeurs de l’été m’enivrer.  Les grillons m’offrent leur mélopée.  Soudain je me sens envahi par un sentiment de bien-être.   Je ne suis plus cet homme révolté par cette société en déroute, mais bien l’enfant poète et émerveillé qu’au fond je n’ai jamais cessé d’être.

Je ferme les yeux, j’ai 10 ans, je courre à travers champs !

Quelques longues minutes plus tard, retour à la réalité, j’ai bien 40 ans…  mais à jamais un regard d’enfant rêveur…

 

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journal de bord, dimanche 10 juillet 2011

La chaleur caniculaire (qui ne s'éternise jamais trop) a, certains jours, de fortes répercussions sur les humeurs et la manière dont on reçoit ce qui nous arrive.

 

Juillet (ou l'été, en général, peut-être) a ses revers.

 

Un p'tit aperçu ...

 

Mardi ou mercredi dernier ...

 

Sur le coup de seize/dix-sept heures, peut-être ...

 

Avenue des Celtes, Etterbeek. Je traverse. Je franchis les bandes blanches. Les voitures qui passent ne sont pas trop dang'reuses.

Je tombe sur une personne que je connais. Sympa. Avec laquelle le courant passe franch'ment, quand je la croise. Je me réjouis, rien qu'en l'apercevant. Je crie son prénom. Elle me répond en souriant. Elle s'arrête. On se fait la bise.

Et voilà que ...

Brusquement, elle me dit au revoir. Dans un moment où je n'ai pas le temps de terminer la dernier bout de phrase que je lui adressais. Elle s'en va. Sans se retourner. Elle file même d'un pas ... décidé.

 

Je reprends ma route. Faut dire : j'ai ma guitare et mon ukulélé sur le dos. Je m'entraîne, pour la deuxième journée consécutive, en vue des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, que je (re)démarrerai lundi prochain. J'ai décidé de marcher jusqu'au Parc du Cinquantenaire, de le contourner, de monter peut-être ensuite jusqu'à la rue des Tongres. Pour la suite, on verra bien. J'ai mes sandales aux pieds. J'ai retiré mes chaussettes. Je porte le short et le tea shirt de service. Les trottoirs d'Etterbeek deviennent, par la force des choses, des chemins de Compostelle. Psychologiqu'ment, ça me fait du bien. Allez, HUgues, encore deux jours de boulot, et ensuite, les voies de la liberté s'ouvriront à toi.

 

Et je monte l'avenue des Celtes.

Et j'arrive au Parc du Cinquantenaire.

 

Et ... cette personne qui est partie brusquement, sans se retourner, évidemment, j'y pense. J'ai mal au coeur. Encore une que je trouvais sympa, en qui je voyais une future pote et ... je suis tombé, une fois de plus, sur un bec de gaz. Ca ne m'empêche pas de marcher, d'avancer. Je sais que le climat et mes huit heures de boulot ne sont pas innocents, non plus, dans cette espèce de "mal au coeur" que je me suis (une fois de plus) enfilé. Bon, ça pass'ra. Y en aura d'autres.

Et ... je dois surtout me préparer aux futurs chemins de Compostelle, où ce type de scénario, que je connais en long et en large, se répétera, à l'occasion, d'une manière ou d'une autre, à Rocroi, ou à Signy l'Abbaye, ou à Reims, ou à Vézelay. D'accord, d'accord. Ca fait partie de la vie. D'accord, d'accord.

 

Mais voilà. Faut avoir le coeur solide. Surtout que ... la douleur ressentie, suite à cette "personne sympa qui m'a tourné le dos", elle me travaille, au fur et à mesure que je marche. Dans le Parc du Cinquantenaire, que je contourne, j'aperçois plein de jeunes assis sur l'herbe. Dans le Parc du Cinquantenaire, que je contourne, je vois des gens assis sur des bancs. Plein de visages, plein d'horizons, peut-être. J'aurais tell'ment besoin, en ce moment, que l'un(e) d'entre eux (ou d'entre elles) se retourne sur mon passage et me souhaite la bienv'nue. J'ai beau tendre mon regard vers l'un ou l'autre, personne ne réagit à ma présence. Mais non : je suis un prom'neur parmi tant d'autres. Basta, Hugues !

 

Et ... le sac-à-dos, que j'ai fixé à ma guitare, avec des tendeurs, semble faire des siennes, derrière.

 

Je quitte le Parc du Cinquantenaire. J'arpente la rue des TOngres. Ca monte. Les boutiques sont toujours ouvertes.

 

Je m'arrête pour vérifier le problème de mon sac-à-dos. En effet, il est tout de travers. Le ukulélé, que j'ai mis dedans, qui dépasse d'une tête, peut tomber à tout moment.

En plein dans la rue, au vu des passants, je prends le temps de réajuster, sur le trottoir, le sac-à-dos et la guitare.

Mouis : un second tendeur ne serait pas de trop.

 

Je me remets en route. Je m'arrange pour passer à un distributeur de banques et prendre des sous. Je marche, je marche. Je croise des gens. Sans plus.

Je commence à fatiguer. Allez, HUgues, juste le temps de rentrer chez toi et de refaire la route en sens inverse !

 

Je n'ai pas spécial'ment faim, non. Mais ... lorsque j'aperçois, Place Saint-Pierre, un resto avec des tables à l'extérieur, j'ai besoin de m'arrêter. Faut dire : marcher sur une rue et une avenue en une traite (même si ça ne fait même pas un kilomètre), ça paraît parfois si long, si épuisant, parfois. Faut trouver des haltes, des repères pour respirer, se détendre. Un repas, ça y contribue vach'ment, parfois !

Manque de pot : la table du resto, où je m'assieds en général quand je passe, est occupée.

Manque de pot : les autres tables, non occupées, sont recouvertes de parasols. Manque de pot : je ne supporte pas les parasols, ça me donne un sentiment d'étouff'ment, de cloche à fromage.

Manque de pot : la seule table libre, sans parasols, à côté de l'entrée du resto, est un peu en diagonale et ne tient pas beaucoup. Oui, elle est ... bancale.

Comme je suis épuisé, comme il faut que je m'asseye le plus vite possible (oui, ça d'vient une urgence), je choisis encore la solution la "moins mauvaise" : je m'assieds à la table "un peu en diagonale qui ne tient pas beaucoup". Oh, je peux me débrouiller ! Suffit de faire attention aux mouv'ments de pied ! Et je m'arrange pour poser ma guitare et mon sac-à-dos dans un axe où je peux ... les surveiller.

 

Une serveuse sort et me balance : "Mais, monsieur, il ne faut pas vous mettre là ... allez près des parasols !".

Merde merde merde. J'aime pas qu'on me donne des conseils. J'aime pas qu'on me commande. J'aime pas qu'on me dise ce que je dois faire.

Elle peut pas comprendre, la serveuse ?

Non, Hugues ! Elle est de bonne foi. Elle agit en commerçante logique, qui ne connaît pas l'histoire personnelle des clients, et qui, par habitude, par déformation professionnelle, lance des formules générales, de formules bâteau ... a priori adaptées à la moyenne des clients.

N'empêche que ... ça m'énerve. N'empêche que ... ça me gonfle. N'empêche que ... ça me met au bord de l'explosion.

 

Les secondes, les minutes passent. Voilà que ... la table, qui était occupée quand je suis arrivé, où je m'assieds toujours quand je passe dans ce resto, se libère.

Je trouve (encore) le cran, l'énergie de déplacer mon assiette, mon verre, mes couverts, ma guitare, mon sac-à-dos jusque là.

L'éclaircie revient, oui. Le TRès Haut pense quand même à ses enfants, de temps en temps.

Cinq, dix minutes se passent. L'escalope que j'ai commandé ne va pas tarder à v'nir.

 

Trois personnes (des jeunes) arrivent. S'arrêtent à la table (sous parasol) à côté de moi. Ils ont faim, j'imagine.

Spontanément, je retire ma guitare et mon sac-à-dos (qui se trouve dans leur axe), pour leur laisser le loisir de s'asseoir.

L'un des trois me fait un signe, qui semble me dire : pas la peine.

Donc, je retourne à ma place.

Voilà que "celui des trois qui semblait me dire : pas la peine" prend ma guitare, la déplace, assez ... fermement. Je ne comprends pas. Mais ... je bouillonne toujours. Au quart de tour, je me lève, reprends mon instrument et l'installe ailleurs (moi-même). J'aime pas qu'on s'occupe de mes affaires. J'aime pas qu'on me mette le grappin d'ssus. Le gars essaie de s'expliquer avec moi, en gardant un ton ... ferme. J'aime pas beaucoup ça. Je réponds. Je rétorque. Je prends mes effets et les place ailleurs.

 

Mon plat est arrivé. A la table à côté, ça fulmine. Le gars, qui a voulu déplacer ma guitare, parle très haut. Il crie : "T'as entendu ce con ? Je le retrouve un autre jour, je lui casse la gueule". Il parle de moi, c'est clair. Ses copains lui disent "ça suffit". Ca dure cinq, dix minutes.

Délicat comme situation ! Oui, je me suis énervé (sûr'ment à tort) quand il a voulu déplacer ma guitare. On s'est sûr'ment mal compris.

Pendant que je mange, je me dis : et si tu allais présenter tes excuses !

Et quelque chose en moi n'y arrive pas. Il est tell'ment violent, en paroles, le gars. Je l'entends, assis à ma chaise, en m'efforçant de ne pas tourner l'oeil dans sa direction. Et puis, j'ai si souvent vécu des situations, dans ma vie, où j'ai voulu m'excuser et où ma demande n'a pas été entendue, reconnue. On a beau être humble, lucide, on n'est pas forcément prêt à recevoir un nouveau râteau dans la gueule.

Et quelque chose en moi n'y arrive pas. Il est tell'ment violent, en paroles, le gars. Même quand je cesse d'alimenter sa violence, je l'entends encore dire "C'est un con !" ou "C'est un imbécile !", lorsqu'il s'adresse à ses copains, en évoquant ... une autre situation ou quelqu'un d'autre.

Et vingt minutes plus tard, ils sont toujours là, les gars de la table à côté.

Et vingt minutes plus tard, à cette table, le "gars qui a déplacé ma guitare" réenfonce le clou du point de départ : "Ah, j'ai pas digéré ce con, t'as vu comme il m'a répondu, je le retrouve, je lui fous mon poing sur la gueule". J'ai compris. Ca me concerne.

 

J'ai passé donc tout un temps, en mangeant, à me recentrer, à me dire "Hugues, tiens bon !", respire, savoure ton repas, prends le temps qu'il faut. Au pire, si le gars venait te "casser la gueule", tu pourrais encore porter plainte.

Au final, je suis allé payer l'addition à l'intérieur du resto.

"Vous avez bien mangé, monsieur ?", m'a-t-on demandé.

"Oui, madame, absolument", ai-je du répondre.

 

Et ... je me suis dirigé vers "chez moi".

 

Et ... je suis retombé sur la fille sympa, que j'avais croisée, quelques heures auparavant, Avenue des Celtes, qui m'avait brusquement tourné le dos.

Je trouve la force de lui dire : "tu m'as fait mal au coeur, tout à l'heure ...".

Et ... elle m'explique que ... elle a reçu une lettre d'huissiers quelques heures auparavant, qu'elle doit payer (dans les vingt-quatre heures qui suivent) une histoire de 5000 euros (sans quoi ses meubles sont saisis), qu'elle n'était pas au courant de tous les paiements qu'elle devait faire depuis quelques années (on lui écrivait toujours à son ancienne adresse) ...

Je tombe, évidemment, sur le cul.

Brusquement : l'éclaircie. Quand elle m'avait tourné le dos, j'en avais fait une affaire personnelle. La pauvre, elle était dans une toute autre histoire !

Là, je me relâche. Là, même, j'en pleure. Son problème devient brusquement le mien. Je crie franch'ment à l'injustice, quand j'entends son cas. Et je ne sais rien faire. Sinon la ... rassurer un peu.

La pote était réell'ment une pote ... et le restera.

 

Elle est longue, la route qui m'attend !

 

 

 

 

 

 

 

 

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Au gré du vent

 

Quand seulette, j’écris pour capter un instant,

Les mots, en s’assemblant d’eux-mêmes, me surprennent.

Ma mémoire, en éveil, les a chosis sans peine.

Ils deviennent tableaux ou murmures chantants.

 

Les mots, en s’assemblant d’eux-mêmes, me surprennent.

Engendrent, quelquefois, un fabuleux élan.

Ils deviennent tableaux ou murmures chantants.

Je me sens habitée par une joie sereine.

 

Engendrent, quelquefois, un fabuleux élan.

Plongée dans l’harmonie naturelle, si saine,

Je me sens habitée par une joie sereine.

Mes vers, en liberté, s’en vont au gré du vent.

 

Plongée dans l’harmonie naturelle, si saine,

Je savoure, ravie, des plaisirs émouvants.

Mes vers, en liberté s’en vont au gré du vent.

Je les sais recueillis sur des rives lointaines.

 

9 juillet 2011

 

 

 

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journal de bord, samedi 9 juillet 2011

J'ignorais que les Pyrénées, vis-à-vis de la Belgique, étaient aussi rapprochés en kilomètres.

 

Faut dire : les rêves ont leur logique.

 

Et arriver aussi loin, en quelques heures, en restant frais, le soir, c'est peut-être normal dans certaines zones du cerveau.

 

Ceci dit, dans le rêve en question ...

 

Quand on se rappelle qu'on avait, le lendemain (ou le surlendemain), autour de midi, un engagement (à Bruxelles) qu'on ne souhaitait pas vraiment honorer (pour des raisons encore obscures), brusquement la loi des kilomètres rejoint.

 

Symbolique !

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Dans LE NON-DIT n° 92, juillet 2011

Itinéraire d'une Bruxelloise : un véritable bonheur !

 

Le parcours de Jacqueline De Clercq est somme toute bien ordinaire : "Désormais éloignés de Bruxelles, berceau de ma filiation ascendante et descendante, d'une vingtaine de kilomètres, c'est en traversant la forêt de Soignes que nous retrouvons nos habitudes et itinéraires familiers.."

 

D'où nous vient donc ce "fumet" particulier que dégagent les vingt-trois pages de cette sorte de carnet de voyage où les Bruxellois vont nécessairement se retrouver, voire s'identifier ? Mais de la vérité du propos, pardi ! D'une connaissance intime des pavés de Bruxelles, des strotjes maroliennes aux beaux quartiers ! Sans oublier le premier baiser sur une plateforme de tram bondé !

 

L'auteur trouve naturellement la parole juste quand il associe son lieu de naissance au "temps de l'occupation nazie" mêlant ses propres souvenirs à des images de rafles nocturnes, de bombardements par les V1, ces bombes volantes qui visaient les travaux de la Jonction toute proche... L'écriture, volontairement familère, est mue ici par une énergie libératrice et réjouissante. Bruxelles nous est contée par une succession de tableaux vivants articulés autour d'une famille et de son destin. On fait la connaissance d'une grand-mère maternelle "qui tenait une mercerie dans la quartier du Jardin Botanique, le Bota actuel" et on apprend que la boutique était une " île aux trésors avec ses murs couverts de petits tiroirs sur la face apparente desquels étaient accrochés des dizaine de boutons de toutes formes, grandeurs et matières, d'agrafes, de pressions, d'aiguilles à coudre, d'épingles, d'échantillons de fil, de coton à broder, de laine, de rubans, de galons, de brandebourgs, de dentelles et même... de petites plumes d'oiseaux à manipuler avec d'extrêmes précautions." Presque un inventaire à la Colette ! Et puis, la libération et la reconstruction, l'Expo'58, les maisons de quartiers et de tant d'autres choses, la construction européenne...

 

Le lecteur sera sensible aux accents libertaires qui balisent le récit d'une jeune fille bien élevée dans un lycée bruxellois de renom, niché dans le quartier du Sablon : "Connue comme le loup blanc dans cet établissement scolaire que je fréquentais depuis la première année primaire, et par ailleurs bonne élève, je m'y sentais en terrain familier et y pris l'une ou l'autre privauté qui fut peu appréciée". (...) Et puis, Mai 68, "son printemps libertaire, ses pavés sous lesquels se devinait la plage, ses assemblées libres marathoniennes dans l'université que nous occupions nuit et jour, son parfum révolutionnaire d'utopie en voie de réalisation, ses slogans" et "ses expériences alternatives de vie communautaire où le communisme des biens se doublait de celui des corps". On la suit avec passion, cette jeune fille rebelle : "... je laissai mes parents à leurs rêves de petits bourgeois satisfaits dans leur prestigieux hôtel de maître pour m'installer à Saint-Gilles, un retour aux sources bien dans l'air du temps, avec mon copain gauchiste, assistant comme moi à l'ULB et fils d'amis très proches de mes parents, ce qui permit aux deux familles de se lamenter de concert sur l'ingrate trahison de leur rejeton respectif..."

 

Encore et encore... Mais le présent culmine après la plongée dans un passé collectif qui nous déconstruit si voluptueusement Bruxelles, "ville aimée et d'autant mieux appréciée depuis que je vis en sa proche banlieue campagnarde. Là où mes voisins wallons m'ont surnommée la Brusseless..." Merveilleuse histoire, toute sonore  encore des courses de Tintin, des colères de Vaneigem, des marteaux-piqueurs qui retentissent du Juste Lipse à Schuman, du passage à l'euro, des imprécations politico-communautaires... Sans oublier le dernier mot de ce petit livre palpitant : "Non, peut-être !..."

 

Michel Joiret, in LE NON-DIT, n° 92, juillet 2011.

Itinéraire d'une Bruxelloise, Jacqueline De Clercq, éd. MaelstrÖm, coll. de booklegs, Bruxelles se conte, 2011 (3 €).  

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