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journal de bord, dimanche 10 juillet 2011

La chaleur caniculaire (qui ne s'éternise jamais trop) a, certains jours, de fortes répercussions sur les humeurs et la manière dont on reçoit ce qui nous arrive.

 

Juillet (ou l'été, en général, peut-être) a ses revers.

 

Un p'tit aperçu ...

 

Mardi ou mercredi dernier ...

 

Sur le coup de seize/dix-sept heures, peut-être ...

 

Avenue des Celtes, Etterbeek. Je traverse. Je franchis les bandes blanches. Les voitures qui passent ne sont pas trop dang'reuses.

Je tombe sur une personne que je connais. Sympa. Avec laquelle le courant passe franch'ment, quand je la croise. Je me réjouis, rien qu'en l'apercevant. Je crie son prénom. Elle me répond en souriant. Elle s'arrête. On se fait la bise.

Et voilà que ...

Brusquement, elle me dit au revoir. Dans un moment où je n'ai pas le temps de terminer la dernier bout de phrase que je lui adressais. Elle s'en va. Sans se retourner. Elle file même d'un pas ... décidé.

 

Je reprends ma route. Faut dire : j'ai ma guitare et mon ukulélé sur le dos. Je m'entraîne, pour la deuxième journée consécutive, en vue des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, que je (re)démarrerai lundi prochain. J'ai décidé de marcher jusqu'au Parc du Cinquantenaire, de le contourner, de monter peut-être ensuite jusqu'à la rue des Tongres. Pour la suite, on verra bien. J'ai mes sandales aux pieds. J'ai retiré mes chaussettes. Je porte le short et le tea shirt de service. Les trottoirs d'Etterbeek deviennent, par la force des choses, des chemins de Compostelle. Psychologiqu'ment, ça me fait du bien. Allez, HUgues, encore deux jours de boulot, et ensuite, les voies de la liberté s'ouvriront à toi.

 

Et je monte l'avenue des Celtes.

Et j'arrive au Parc du Cinquantenaire.

 

Et ... cette personne qui est partie brusquement, sans se retourner, évidemment, j'y pense. J'ai mal au coeur. Encore une que je trouvais sympa, en qui je voyais une future pote et ... je suis tombé, une fois de plus, sur un bec de gaz. Ca ne m'empêche pas de marcher, d'avancer. Je sais que le climat et mes huit heures de boulot ne sont pas innocents, non plus, dans cette espèce de "mal au coeur" que je me suis (une fois de plus) enfilé. Bon, ça pass'ra. Y en aura d'autres.

Et ... je dois surtout me préparer aux futurs chemins de Compostelle, où ce type de scénario, que je connais en long et en large, se répétera, à l'occasion, d'une manière ou d'une autre, à Rocroi, ou à Signy l'Abbaye, ou à Reims, ou à Vézelay. D'accord, d'accord. Ca fait partie de la vie. D'accord, d'accord.

 

Mais voilà. Faut avoir le coeur solide. Surtout que ... la douleur ressentie, suite à cette "personne sympa qui m'a tourné le dos", elle me travaille, au fur et à mesure que je marche. Dans le Parc du Cinquantenaire, que je contourne, j'aperçois plein de jeunes assis sur l'herbe. Dans le Parc du Cinquantenaire, que je contourne, je vois des gens assis sur des bancs. Plein de visages, plein d'horizons, peut-être. J'aurais tell'ment besoin, en ce moment, que l'un(e) d'entre eux (ou d'entre elles) se retourne sur mon passage et me souhaite la bienv'nue. J'ai beau tendre mon regard vers l'un ou l'autre, personne ne réagit à ma présence. Mais non : je suis un prom'neur parmi tant d'autres. Basta, Hugues !

 

Et ... le sac-à-dos, que j'ai fixé à ma guitare, avec des tendeurs, semble faire des siennes, derrière.

 

Je quitte le Parc du Cinquantenaire. J'arpente la rue des TOngres. Ca monte. Les boutiques sont toujours ouvertes.

 

Je m'arrête pour vérifier le problème de mon sac-à-dos. En effet, il est tout de travers. Le ukulélé, que j'ai mis dedans, qui dépasse d'une tête, peut tomber à tout moment.

En plein dans la rue, au vu des passants, je prends le temps de réajuster, sur le trottoir, le sac-à-dos et la guitare.

Mouis : un second tendeur ne serait pas de trop.

 

Je me remets en route. Je m'arrange pour passer à un distributeur de banques et prendre des sous. Je marche, je marche. Je croise des gens. Sans plus.

Je commence à fatiguer. Allez, HUgues, juste le temps de rentrer chez toi et de refaire la route en sens inverse !

 

Je n'ai pas spécial'ment faim, non. Mais ... lorsque j'aperçois, Place Saint-Pierre, un resto avec des tables à l'extérieur, j'ai besoin de m'arrêter. Faut dire : marcher sur une rue et une avenue en une traite (même si ça ne fait même pas un kilomètre), ça paraît parfois si long, si épuisant, parfois. Faut trouver des haltes, des repères pour respirer, se détendre. Un repas, ça y contribue vach'ment, parfois !

Manque de pot : la table du resto, où je m'assieds en général quand je passe, est occupée.

Manque de pot : les autres tables, non occupées, sont recouvertes de parasols. Manque de pot : je ne supporte pas les parasols, ça me donne un sentiment d'étouff'ment, de cloche à fromage.

Manque de pot : la seule table libre, sans parasols, à côté de l'entrée du resto, est un peu en diagonale et ne tient pas beaucoup. Oui, elle est ... bancale.

Comme je suis épuisé, comme il faut que je m'asseye le plus vite possible (oui, ça d'vient une urgence), je choisis encore la solution la "moins mauvaise" : je m'assieds à la table "un peu en diagonale qui ne tient pas beaucoup". Oh, je peux me débrouiller ! Suffit de faire attention aux mouv'ments de pied ! Et je m'arrange pour poser ma guitare et mon sac-à-dos dans un axe où je peux ... les surveiller.

 

Une serveuse sort et me balance : "Mais, monsieur, il ne faut pas vous mettre là ... allez près des parasols !".

Merde merde merde. J'aime pas qu'on me donne des conseils. J'aime pas qu'on me commande. J'aime pas qu'on me dise ce que je dois faire.

Elle peut pas comprendre, la serveuse ?

Non, Hugues ! Elle est de bonne foi. Elle agit en commerçante logique, qui ne connaît pas l'histoire personnelle des clients, et qui, par habitude, par déformation professionnelle, lance des formules générales, de formules bâteau ... a priori adaptées à la moyenne des clients.

N'empêche que ... ça m'énerve. N'empêche que ... ça me gonfle. N'empêche que ... ça me met au bord de l'explosion.

 

Les secondes, les minutes passent. Voilà que ... la table, qui était occupée quand je suis arrivé, où je m'assieds toujours quand je passe dans ce resto, se libère.

Je trouve (encore) le cran, l'énergie de déplacer mon assiette, mon verre, mes couverts, ma guitare, mon sac-à-dos jusque là.

L'éclaircie revient, oui. Le TRès Haut pense quand même à ses enfants, de temps en temps.

Cinq, dix minutes se passent. L'escalope que j'ai commandé ne va pas tarder à v'nir.

 

Trois personnes (des jeunes) arrivent. S'arrêtent à la table (sous parasol) à côté de moi. Ils ont faim, j'imagine.

Spontanément, je retire ma guitare et mon sac-à-dos (qui se trouve dans leur axe), pour leur laisser le loisir de s'asseoir.

L'un des trois me fait un signe, qui semble me dire : pas la peine.

Donc, je retourne à ma place.

Voilà que "celui des trois qui semblait me dire : pas la peine" prend ma guitare, la déplace, assez ... fermement. Je ne comprends pas. Mais ... je bouillonne toujours. Au quart de tour, je me lève, reprends mon instrument et l'installe ailleurs (moi-même). J'aime pas qu'on s'occupe de mes affaires. J'aime pas qu'on me mette le grappin d'ssus. Le gars essaie de s'expliquer avec moi, en gardant un ton ... ferme. J'aime pas beaucoup ça. Je réponds. Je rétorque. Je prends mes effets et les place ailleurs.

 

Mon plat est arrivé. A la table à côté, ça fulmine. Le gars, qui a voulu déplacer ma guitare, parle très haut. Il crie : "T'as entendu ce con ? Je le retrouve un autre jour, je lui casse la gueule". Il parle de moi, c'est clair. Ses copains lui disent "ça suffit". Ca dure cinq, dix minutes.

Délicat comme situation ! Oui, je me suis énervé (sûr'ment à tort) quand il a voulu déplacer ma guitare. On s'est sûr'ment mal compris.

Pendant que je mange, je me dis : et si tu allais présenter tes excuses !

Et quelque chose en moi n'y arrive pas. Il est tell'ment violent, en paroles, le gars. Je l'entends, assis à ma chaise, en m'efforçant de ne pas tourner l'oeil dans sa direction. Et puis, j'ai si souvent vécu des situations, dans ma vie, où j'ai voulu m'excuser et où ma demande n'a pas été entendue, reconnue. On a beau être humble, lucide, on n'est pas forcément prêt à recevoir un nouveau râteau dans la gueule.

Et quelque chose en moi n'y arrive pas. Il est tell'ment violent, en paroles, le gars. Même quand je cesse d'alimenter sa violence, je l'entends encore dire "C'est un con !" ou "C'est un imbécile !", lorsqu'il s'adresse à ses copains, en évoquant ... une autre situation ou quelqu'un d'autre.

Et vingt minutes plus tard, ils sont toujours là, les gars de la table à côté.

Et vingt minutes plus tard, à cette table, le "gars qui a déplacé ma guitare" réenfonce le clou du point de départ : "Ah, j'ai pas digéré ce con, t'as vu comme il m'a répondu, je le retrouve, je lui fous mon poing sur la gueule". J'ai compris. Ca me concerne.

 

J'ai passé donc tout un temps, en mangeant, à me recentrer, à me dire "Hugues, tiens bon !", respire, savoure ton repas, prends le temps qu'il faut. Au pire, si le gars venait te "casser la gueule", tu pourrais encore porter plainte.

Au final, je suis allé payer l'addition à l'intérieur du resto.

"Vous avez bien mangé, monsieur ?", m'a-t-on demandé.

"Oui, madame, absolument", ai-je du répondre.

 

Et ... je me suis dirigé vers "chez moi".

 

Et ... je suis retombé sur la fille sympa, que j'avais croisée, quelques heures auparavant, Avenue des Celtes, qui m'avait brusquement tourné le dos.

Je trouve la force de lui dire : "tu m'as fait mal au coeur, tout à l'heure ...".

Et ... elle m'explique que ... elle a reçu une lettre d'huissiers quelques heures auparavant, qu'elle doit payer (dans les vingt-quatre heures qui suivent) une histoire de 5000 euros (sans quoi ses meubles sont saisis), qu'elle n'était pas au courant de tous les paiements qu'elle devait faire depuis quelques années (on lui écrivait toujours à son ancienne adresse) ...

Je tombe, évidemment, sur le cul.

Brusquement : l'éclaircie. Quand elle m'avait tourné le dos, j'en avais fait une affaire personnelle. La pauvre, elle était dans une toute autre histoire !

Là, je me relâche. Là, même, j'en pleure. Son problème devient brusquement le mien. Je crie franch'ment à l'injustice, quand j'entends son cas. Et je ne sais rien faire. Sinon la ... rassurer un peu.

La pote était réell'ment une pote ... et le restera.

 

Elle est longue, la route qui m'attend !

 

 

 

 

 

 

 

 

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