Je suis fascinée par les écrits de ce jeune homme trouvé mort dans sa chambre d’hôtel à Paris alors qu’il avait vécu vingt-quatre années seulement.
Je parle du jeune Isidore Ducasse qui s’était baptisé comte de Lautréamont
et devenu célèbre, après sa mort, sous ce titre usurpé.
Je l’avais un peu oublié or voilà qu’un éclairage nouveau sur ses soliloques fantastiques m’aide à mieux comprendre son éloquence inimitable.
Je viens de trouver dans Les nervures de l’être, ouvrage que Quentin Ritzen a consacré au cuisant désir de créer et particulièrement d’écrire, un passage qui concerne l’origine probable des chants délirants de Lautréamont.
L’auteur se réfère à une étude de Jean-Pierre Soulier qui explique ce délire verbal pas les mots : génie et maladie mentale. Il conclut : «Et telle est sans
doute l’union exceptionnelle d’une inspiration pathologique et d’un art étincelant ».
Je crois que prenant connaissance de ce qu’il avait écrit, Lautréamont a dû trouver que c’était remarquable et méritait d’être édité, ce qu’il a tenté de faire au prix de grands efforts.
Cependant, il a vite réalisé que cette forme de littérature ne lui convenait pas. Il a condamné véhémentement ses mécrits et formulé le désir d’écrire de la poésie. La fatalité ne lui en a pas donné le temps.
Je veux ajouter ici une distinction fondamentale que fait Jean-Pierre Soulier. Il affirme que les écrivains surréalistes essaient vainement de perdre le contrôle avec le réel tandis que le psychotique essaie en vain de se retrouver et de conserver le contact avec la réalité des autres.
27 juillet 2008
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