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Toutes les publications (84)
un autre espace vers l'ailleurs
je ne sais pas si je franchirai l'arcade des illusions
Ce n'est pas un miroir
c'est un mirage
AA
installation Vladimir Skoda dans la cour de l'hôtel de Caumont Aix en Provence
L'âme lasse somnole quand dure le silence,
Si l'esprit ne s'arrête à aucune pensée.
Au cours des ans, se fit indolore l'absence.
Les regrets dilués parurent insensés.
L'âme lasse somnole quand dure le silence.
La rêverie émeut le solitaire âgé.
Parfois lui vient l'envie de partir en voyage,
Se sentant libéré, unique passager.
Ô la saveur du sel marin sur une plage!
La rêverie émeut le solitaire âgé.
Les premiers souvenirs, traces de l'existence,
Par bonheur, bien souvent, demeurent savoureux:
Fous rires, exaltation, bruyante exubérance,
La poésie, ouvrant un monde fabuleux.
Les premiers souvenirs, traces de l'existence!
Lors du vieillissement, on ne sent plus de liens.
Désirable souvent parait l'indifférence.
Resurgissent pourtant des émois, puis plus rien.
Personne ne comprend ce qu'est l'inexistence.
Lors du vieillissement, on ne sent plus de liens.
29 juin 2017
Aphrodite Niképhoros de la villa de Thésée,
Nea Paphos, marbre, 2e/3e s. av. J.-C.
(musée de Chypre, Nicosie)
Et là sur cette plage d’Achni qui vit émerger Aphrodite, au Rocher du Grec, les Achéens s’en revinrent de Troie et débarquèrent. La boucle était bouclée.
Ou presque… Permettez encore que je file la métaphore tant la légende est belle.
(marbre du 1er siècle découvert à Soli, musée de Chypre, Nicosie)
Aphrodite la dorée, qui fait naitre l’amour
Et met en émoi la création entière.
Dorée comme un Titien, une certaine morgue aux lèvres.
Son galbe est parfait, mais ne lui dites pas qu’elle est la plus belle hellène, irascible, elle pourrait se méprendre et vous poursuivre de sa vindicte.
A Chypre toujours, un jeune sculpteur pétri de talent, Pygmalion, se prit à créer une statue qu’il voulut divine. Chaque jour il passait et repassait son ciseau jusqu’à atteindre la forme suprême de l’art, l’art vivant qui fait oublier le geste, qui fait oublier le reste. Tant et si bien qu’il s’éprit de sa création, d’un amour sans retour.
Aphrodite s’en émut. Et la statue ne demeura pas de marbre, ou d’ivoire, ni sans défense.
« De son sein il approche une amoureuse main… Pygmalion sent des veines tressaillir… Alors, transporté d’allégresse, il rend grâces » à la déesse*1.
Il appelle l’œuvre de chair Galatée, qu’il étreint aussitôt.
N’y voyant pas offense,
« La vierge sent ses baisers et rougit, elle ouvre à la lumière un œil craintif, et voit à la fois le ciel et son amant. »
Anne-Louis Girodet de Roucy-Trioson (1767-1824)
« Elle rougit parfois, parfois baisse la vue ;
Rougit, autant que peut rougir une statue. »,
La Fontaine
(musée du Louvre, Paris)
Là, la voyez-vous frémir ?
Mais je dois à la décence ne pas en dire plus.
Toutefois « quand la lune eut vu neuf fois son croissant se remplir, Paphos naquit », qui donna son nom à la cité qui chaque année célèbre Aphrodite.
Cypris est d’ailleurs le nom souvent donné à Aphrodite par les Cypriotes.
A Chypre où, comme à Rhodes ou Cythère (Cythérée), elle comptait ses plus fervents adeptes.
Cypris voyant Cypris à Cnide s’écria
Hélas, hélas ! Où Praxitèle m’a-t-il vue nue ?
Epigramme de l’Anthologie grecque
Consacrés à Aphrodite, les poissons rouges (le cyprin doré) étaient élevés en son honneur à Athènes. Quant aux disciples d’Hippocrate, drôles de carabins, ils ont donné à une sécrétion, manifestation du désir sexuel, le nom de cyprine. J’en rougis comme cuivre, mais tout de même, tout ce que l’on apprend sans jamais oser le demander*2 ! Comme aurait dit Freud, je prends sur moi, « Ҫa laisse sans bras ! »
Cyprin doré dans un bassin du musée archéologique de Rhodes
Collection Borghèse
(marbre, IIe siècle, complétée au XVIe ; musée du Louvre, Paris)
Ah, elle en fit tomber des chefs notre Aphrodite Niképhoros, « porteuse de victoires », la Vénus Victrix des Romains ! Car même si d’Arès (Mars) elle accoucha d’Harmonie, je crois que jusqu’à Vercingétorix on en paya le prix, que toujours, n’en déplaise à Brennus, Vénus commande aux choses de la chair que malignement elle mêle à l’esprit.
Découverte en 1651 à Arles, copie romaine d’après Praxitèle,
restaurée par Girardon.
Elle tient la pomme de Pâris, tout en réfléchissant face à sa psyché.
L’entendez-vous fredonner cette lointaine mélopée :
« Au-delà des mers, là-bas sous le ciel clair… mon pays et Pâris
… pour eux toujours mon cœur est ravi… »
(musée du Louvre, Paris)
Jules César lui-même, par l’entremise de sa tante Julia, qui eût Anchise comme aïeul, se prétendit parent d’Aphrodite.
Aphrodite, en effet, d’Anchise, jeune et beau berger apparenté à la famille royale de Troie, enfanta Enée*3. Enée, fuyant Troie saccagée par les Grecs, revenu des Enfers, finit par s’installer dans le Latium, devenant l’ancêtre de Romulus et Remus, fondateurs de Rome. Enée, dont descendent les Julii, la gens Julia. C’est ainsi que se bâtissent les empires. Et qu’Aphrodite est au fondement de notre civilisation.
La Mère de l’eau (Vandmoderen)
Kai Nielsen (1882-1924)
(Copenhague, glyptothèque Carlsberg)
Quelle lignée tout de même que celle de notre Vénus Genetrix !
Une mère figurée dans un drapé moulant et suggestif. Tentatrice, elle nous apostrophe.
M’imagine-t-on en nourrice ? au gynécée…
En effet on ne la voit guère au foyer, vaquant aux tâches ménagères, la marmaille sur les bras. Portant un enfant, c’est pourtant ainsi que se présente l’Aphrodite courotrophe.
Rare et sage image d’une déesse-mère, car ce n’était pas l’instinct maternel qui prédominait chez elle, trop mariolle pour s’encombrer d’une progéniture certes pléthorique. Famille nombreuse, famille heureuse, peut-être, mais seul son petit Eros préféré savait lui procurer toute la félicité.
Bien plus que deux amours, elle avait cependant deux vertus. Celle que l’on prêtait à Aphrodite Apostrophia de faire oublier les amours contrariés. De changer les cœurs et de vous purifier, un don d’Aphrodite Verticordia que l’on invoquait.
« Dis à ta déesse qui tu veux que sa force plie à ton amour. »,
Sappho (ca 630-580 av. J.-C.)
Copie romaine d’après un bronze de Callimaque.
Callimaque était surnommé le catatexitechnos, le « trop minutieux ».
Mais comment lui reprocher, et ne pas frémir devant ce drapé « mouillé », être tenté par cette pomme à croquer ?
(marbre de Paros ; musée du Louvre, Paris)
Nous suivrons encore la versatile, les poètes ne me contrediront pas, la matière est fertile.
avec Eros monté sur un dauphin.
(copie romaine d’après Praxitèle ; marbre ; musée du Louvre, Paris)
Et nous accompagnerons encore, par parenthèses, sa parentèle.
« Celui qui est touché par l’Amour ne marche jamais dans l’ombre. »,
Platon (ca - 427/- 348)
Attention toutefois au fripon Cupidon car « son jeu est cruel.
Son cœur est méchant mais sa langue est de miel.
Ne touche pas aux traîtres dons du plus beau des dieux immortels.
Son trait est petit, mais il atteint le ciel. »
(IIe s. ap. J.-C., marbre, musée du Louvre, Paris)
Torse d’Aphrodite du type de la Vénus d’Arles
(Ecole de Praxitèle ; musée archéologique de Rhodes)
A suivre…
En attendant, vous aimerez peut-être retrouver ici la première partie de ce billet :
Michel Lansardière (texte et photos)
*1 Que le poète latin Ovide, à qui l’on doit ces citations, nomme bien sûr Vénus.
*2 Cyprine… En conchyliologie, c’est aussi le nom donné à un coquillage, du genre vénus évidemment ; en minéralogie à une variété cuprifère de vésuvianite (ou idocrase) utilisée comme pierre fine. Quant aux « cheveux de Vénus », ce sont des cristaux aciculaires de dioxyde de titane, une forme de rutile donc, que l’on trouve en inclusions dans le quartz. Cette dernière appellation est aussi donnée, en botanique, à la nigelle de Damas.Sabot de Vénus étant une petite orchidée poussant dans nos Alpes.
*3 Curieuse analogie, Enée, Æneas en latin, signifiant de cuivre (ou d’airain, bronze). Chypre tient également son nom du cuivre natif, cyprium, dont elle détenait de fabuleux gisements, que l’on trouve mentionnés dans des inscriptions mésopotamiennes du IIe millénaire évoquant le cuivre d’Alasia (aujourd’hui Enkomi, ou Tuzla pour les Turcs). Par contre, pas de marbre à Paphos comme sur le reste de l’île, il venait donc de Paros. Et Cypris est un autre nom d’Aphrodite, j’y reviendrai…
La terre respire avec bonheur
Desséchée, craquelée, brûlée
Elle reprend enfin ses couleurs
Elle avale à grandes goulées...
La pluie transparente a coulé
Ses pleurs rafraîchissent la vitre
On regarde l'herbe pousser
Et les escargots faire le pitre!
Tant de gris qui succède au bleu
Quand belle nature s'adoucit
C'est un temps pour être amoureux
Tu me regardes... et je souris!
J.G.
Désubstancé, son toucher de mots lutte
Pour l'équilibre de ses stances au passage de la pensée.
De verbes sans nom aux accords disparus,
Elle étire les cris de ses trésors blancs
Aux portes des aveugles.
Tandis que sa plume imbue à la rosée
D'un breuvage glacé emperle les caractères,
L'esquisse de sa mise en abîme prend jour
Dans l'ombre de l'obscurité.
Habile, l'ardeur furieuse de sa main
Libère d'incontrôlables éclats de syllepses
Liant au vertige de la trame la racine frêle
D'une œuvre se nourrissant des larmes qui la borde.
Combien de lueurs vaines, attachées aux linéaments dialectiques de ses doigts
Se sont dressées en ondes infrangibles, qui, muées aux heures
Incandescentes de la volonté et du pouvoir de la matrice,
Ont madéfié les pages du dessein imperceptible des lexèmes et des morphèmes qui l'absorbent.
Alors qu'elle s'exile dans le mouvement de son idiosyncrasie,
Entendez-vous seulement gémir le poids de ses fers...
Entre les enchantements artificiels et demi-mots en prose
Subodorez-vous les maux de son cœur...
Enfin, trouverez-vous la clé de vos paupières avant que ne l'emporte le Grand faucheur.
Nom d'auteur Sonia Gallet
recueil © 2017
La pluie est au rendez-vous. Droite, froide, elle tombe délicatement et éclabousse le sol.
Rien de comparable à cette averse violente, qui d’un seul coup changea le sens de sa vie et la sépara de son compagnon. Emporté dans un tourbillon barbare, il lâcha sa main dans un cri de désespoir et disparu. Accrochée à une branche, elle resta là des heures la mort à ses côtés.
Chaque pluie lui rappelle ce passage terrible de sa vie. Ce souvenir la hante et la côtoie. Elle redoute ce ciel déversant des litres d’eau.
La voiture emportée commença à tanguer et à se déporter comme une vieille barque sans fond. D’un geste fort, il ouvrit la portière et sortit. Elle fit de même, s’accrochant au capot. Il réussit à lui prendre la main un instant, la serrant pour la rassurer et lui dire qu’elle n’avait rien à craindre. Son visage apeuré criait des mots forts et puissants. Et malgré cette eau qui se déversait sur eux, il lui sourit.
Ensuite, la voiture a disparu, enchevêtrée dans des arbres arrachés. Des flots d’une eau trouble s’installèrent et des tourbillons assassins les emportèrent.
De ce moment terrible, lui reste le goût terreux de cette eau sale dans la bouche. Quand l’angoisse revient la visiter, un besoin irraisonné de se rincer la bouche l’obsède.
Quand le ciel eut fini de déverser, de répandre cette eau tueuse et qu’au loin, elle vit arriver des secours, seule, détrempée, éperdue de douleur, elle hurla sa peur, déchirante, affolante.
D’un geste assuré, une autre main la souleva de cet endroit boueux et la colla contre lui. Sur ses joues se dessinèrent des sillons de chagrin, de tourment qu’elle n’arrive pas à effacer.
Terrible souvenir d’un jour de pluie d’un été trop chaud.
L'énergie joue des tours, engendre des présages,
Crée des embûches étant évitables ou non.
Les personnes âgées, généralement sages,
Ne boudent l'évidence, écoutent la raison.
L'énergie joue des tours, engendre des présages.
Les jeunes, très souvent, pensent à leur futur,
Espèrent que leur vie deviendra savoureuse.
En doutent cependant, comment en être sûr?
Déjà la providence leur sembla hasardeuse.
Les jeunes, très souvent pensent à leur futur.
L'acharnement est nécessaire bien des fois.
Un animal, pris dans un piège, s'en délivre,
Ne se résout à renoncer, n'a pas ce choix.
Il fait des efforts inouïs, paraissant ivre.
L'acharnement est nécessaire bien des fois.
Je regarde le ciel, certes par pure grâce,
Ses rivières et lacs, dorés par le soleil.
Je m'installe en l'instant, mon âme s'y prélasse.
Écoutant ma pensée, je n'étais en éveil.
Je regarde le ciel, certes par pure grâce.
27 juin 2017
Jadis, un petit être m’est apparu. Sorti d’un conte de fée, il gambadait sur le rebord de ma fenêtre ouverte. Oh, je sais. Difficile à admettre, à accepter pour les esprits blasés, fatigués d’autres réalités, à la recherche constante du palpable, du matériel et qui n’acceptent plus les songes éveillés, les chimères émerveillées.
Il était là, devant moi, nullement effrayé, le regard vif et un petit sourire aux lèvres. Je compris vite que cette rencontre imprévue n’allait pas s’arrêter là. Il sauta sur le rebord intérieur de la fenêtre et je fis un pas en arrière. Sourire narquois, il me dévisagea et je sentis dans ce regard une pointe de bonté inconnue, une douceur cachée que je n’avais jamais ressentie auparavant.
Il descendit vite de ce rebord et fit le tour du propriétaire. Rien ne lui échappait et avec délicatesse, il se posa sur un livre ouvert. Il tourna les pages d’un ouvrage beaucoup trop grand pour lui. Il s’arrêta sur la photo d’un enfant et me dévisagea pour me faire comprendre quelque chose. Il continua à tourner les pages s’émerveillant sur certaines gravures. Merveilles, légendes de fées, chants de fleurs, vents des plaines, il passa en revue ce livre avec délice.
D’un autre bond, il vient jusqu’à moi, son regard noir plongé dans le mien. Un courant délicieux, un fluide intemporel me parcourut. L’impression de ne faire qu’un avec lui et il finit par partir dans un saut digne d’acrobates.
Ma journée était ainsi illuminée, radieuse d’un je ne sais quoi d’irréel, de fabuleux, de mythique. Je ne tenais plus en place. Quand mes proches sont arrivés, excitée, mon récit ne fut pas accueilli avec plaisir. Trop de désapprobations dans les regards me forcèrent à me taire. Tant pis, ce sera mon secret à moi seule.
Le livre entrouvert est toujours là, posé au même endroit et par beau temps, la fenêtre est entrebâillée, et je reste là parfois des heures à attendre celui qui ne vient pas.
Maman, ferme la fenêtre… Je t’en prie, tu vas prendre froid. Je m’exécute pour ne pas créer de tension. Mais dès que ma fille chérie a le dos tourné, j’ouvre vite cette fenêtre avec l’espoir furtif de l’improbable retour de l’hôte d’un autre monde que j’affectionne tant. Venant de l’univers parallèle où je me plonge les jours tristes de disette affective, de pénurie de tendresse. Un monde où je cherche le souvenir de ses beaux yeux noirs.
Un soir d’été, alors que doucement la lumière du jour s’éteint et qu’un petit vent frais se lève, j’entends un bruit, un son familier. Mon cœur s’arrête de battre.
Et si c’était lui. Et s’il était revenu. Je deviens subitement incontrôlable et je m’élance vers ce que j’ai entendu, perçu.
Le livre, depuis toutes ces années, est toujours à sa place et assis sur une page, mon doux songe est là. Dans un grand fracas, je prends mon pied dans le tapis, trébuche et maudissant cet endroit, je m’écrase par terre. Après avoir repris mes esprits, assisse par terre, mes larmes coulant de dépit, de colère, mais surtout de déception, de tristesse.
Comme dans un mauvais rêve, je faillis revoir ce petit être que mon imagination, ma fantaisie a enfanté des années auparavant. Mais il avait disparu.
L'écriture conserve, en des mots, des émois et pensées intimes.
Ils y demeurent congelés sans perte de leur énergie.
Quelquefois une muse en fit des poèmes aux riches rimes.
Par la lecture, sans délai, on leur rend le souffle de vie.
L'écriture conserve, en des mots, des émois et pensées intimes.
L'art épistolaire permet de s'exprimer avec talent.
Le pratiquaient des gens connus, respectueux des confidences.
Or quelques-unes de leur lettres sont accessibles à tout venant.
L'intimité n'est plus sacrée, elle subit bien des offenses.
L'art épistolaire permet de s'exprimer avec talent
.
Une amitié amoureuse eut des effets insoupçonnables.
La survivante est le témoin d'une romance qui prit fin.
Des nombreux écrits conservés se sent devenue responsable.
Les avait tendrement rangés, gardés à portée de la main.
Une amitié amoureuse eut des effets insoupçonnables.
Il existe certes une cause à son étrange indifférence.
Elle aime croire, en éprouvant un retour de son énergie,
Qu'elle avait cessé d'exister mais qu'une nouvelle naissance
L'a placée métamorphosée dans le grand jardin de la vie.
Il existe certes une cause à son étrange indifférence.
26 juin 2017
Emergeant d'un camaïeu violet- violine
Elle avance , telle une déesse lointaine
Et soudain s'affaisse dans ses multiples plis
Ephémère beauté
AA
où je pourrais penser paisiblement
à la lueur de la chandelle.
Toute lueur a son ange.
Ce qui est éteint ne peut plus mourir.
Le temps où toute chose était sacrée
n’est pas révolu.
Le temps où chaque geste était un sacrement nous parle encore dans l’encre des images peintes.
Il m’arrive de m’attarder au seuil de ces lueurs fugaces, de revivre dans les essences, tels le promeneur au coeur de son périple matinal.
Tant de voix m’habitent.
Le peintre des racines, le peintre des angelots, le peintre des choses inertes.
Je vis dans les odeurs de résines,
d’huiles, de vernis colorés.
Je combat des ombres au fond de la fosse.
Le nom de mon ennemi est difficile à prononcer.
Les mots me manquent, les lignes se figent.
Enfermé dans mon atelier, je vis reclus, j’accomplis la mission qui me fut dévolue.
Soyez indulgents envers celui qui cherche,
par approximations, par divisions,
par touches successives.
A force de se soustraire de l’inutile,
On finit par ne plus parler qu’au travers de songes qui s’effacent à chaque fois que la lueur se consume à la mèche de son propre corps.
Accompagnent l'adieu des larmes de tristesse
Mais il est doux à l'âme de l'être qui s'en va
Quand il entend des mots débordant de tendresse.
Jusqu'à son dernier souffle, il ressent qu'ils sont là.
Accompagnent l'adieu des larmes de tristesse.
Il sait qu'il va mourir le parent que l'on veille.
Il a vécu longtemps, sur différents rivages,
En ayant contemplé les monts et les merveilles
Puis s'était préparé à l'ultime voyage.
Il sait qu'il va mourir le parent que l'on veille.
Des enfants qu'il chérit, il reçut de l'amour.
Ils sont dans la douleur en ce dernier adieu.
La fin d'une existence doit arriver un jour,
Même s'il est tardif, il parait odieux.
Des enfants qu'il chérit, il reçut de l'amour.
La providence fait que l'apaisement vient.
Il surprend quelques fois; d'autres chagrins perdurent.
Si l'on ne souffre plus, sans cesse on se souvient.
On pense à des instants de joies qui étaient pures.
La providence fait que l'apaisement vient
.
24 juin 2017
La cavalcade de vos yeux de loup,
sur la chute de mon cou,
ruisselant de cheveux roux,
je soupçonne et désire, en un éclat de
rire pudique et tapageur.
De "nous" toute entière je suis faite,
dès lors que vos lèvres cavalières,
sur mes épaules frêles, y glissent,
dégringolent jusqu'à se perdre floues,
dans le jour tout défait !
La nuit, ample et belle, de ses yeux
étoilés, contemple tout cela, nous
enveloppe, nous mêle !
NINA
Les muses, par leur présence,
Favorisaient la transcendance,
Révélaient une poésie,
Souvent pleine de fantaisie.
Les poètes de grand talent,
Animés d'un heureux allant,
Accueillaient, de lieux mirifiques,
Des personnages idylliques.
Leur langage voluptueux
Entretenait le merveilleux.
Il était facile de croire
À leurs émouvantes histoires.
De nos jours, pour sortir de l'ombre
Hommes et femmes, en grand nombre,
Devenus poètes par choix,
Sûrs d'eux, font entendre leur voix.
Ont-ils aussi l'envie de plaire,
Si difficile à satisfaire?
La poésie, un art mineur,
Cause pourtant des coups de coeur.
23 juin 2017
Le ciel s'étend , l'air circule , blond et léger SISLEY est un peintre des , ciels vastes et tranquilles du rose au bleu tendre L'air palpite et l'eau s'irise en touches fébriles comme des instants fugitifs SISLEY est un paysagiste pur et simple Matisse disait " que
Cézanne était un moment de l'artiste Sisley un moment de la nature"
Ravissement ce dernier mardi à AIX en Provence Hôtel de Caumont
Face à la nuit, peu souvent noire,
J'ai quelques fois la nostalgie
D'une sublime griserie
Que garde vive ma mémoire.
À moi-même souvent laissée,
Je contemplais l'immense espace
Où toujours à la même place,
Les étoiles m'éblouissaient.
Je n'aurais pu imaginer
Être privée de cette extase,
Que j'exprimais avec emphase.
Ô l'incertaine destinée!
Nous sont données et puis reprises
Des possibilités d'aimer.
On voit des portes se fermer.
Même en été souffle la bise.
23 juin 2017
La Chypre imaginaire de Shakespeare est une riche possession vénitienne, bastion entre l’Islam et la chrétienté orientale. Priorité à la structure et aux couleurs : les notables festoient sur l’esplanade d’un palais vénitien dans un déluge de tenues d’apparat, dignes de tableaux renaissance de Véronèse : Les noces de Canna (1562)? On ne peut qu’être remplis d’admiration pour ces costumes rutilants faits de tissus et soieries tellement raffinés -“Stuff dreams are made of” - et signés par le fidèle créateur de L’opéra Royal de Wallonie: Fernand Ruiz. Ceux-ci, tous différents, font presque passer au second plan les colonnades antiques du palais où se déroule l’action après la bataille de Lépante…
Cette histoire Shakespearienne encensée par Verdi avait été écrite en 1603-1604 après la publication d’un édit royal de 1601 ordonnant l'expulsion de tous les Noirs d'Angleterre. Otello, le général maure de l’armée Vénitienne est en extase devant sa jeune épouse Desdemona qu’il a épousée contre le consentement de ses parents. Cependant, son conseiller de confiance, Iago, commence à laisser entendre que Desdemona est infidèle. Il veut causer la perte d’Otello et le pousser au crime passionnel. Qui des deux, Otello va-t-il croire : son perfide et envieux compagnon d’armes ou son innocente femme? Avec une exactitude presque mathématique, on assiste au développement du sentiment de jalousie, depuis sa naissance à peine perceptible jusqu’à son fatal paroxysme. Les chœurs toujours dirigés par Pierre Iodice sont somptueux et constituent un renouvellement ininterrompu de tableaux vivants de l’époque Elisabéthaine!
Otello se confond impeccablement avec la ligne ascendante implacable de la jalousie, depuis la confiance extatique au premier acte, jusqu’à l’instant où naît le soupçon infusé avec machiavelisme par Iago, celui où commence la traque de la trahison imaginaire dans une passion qui s’exaspère jusqu’à la folie bestiale. Et puis, devant le constat de son crime et l’innocence certaine de la victime, il se précipite dans l’abîme du désespoir et de l’inutile repentir. Le ténor argentin José Cura, formé par Domingo Placido explore sa partition avec vigueur brûlante et profusion de couleurs. Son «Abbasso le spade!» clamé avec autorité contraste pleinement avec son duo avec Desdemona, qui clôt le premier acte. Il diffuse parfaitement sa perception de la volatilité du bonheur lorsqu’il dit vouloir mourir dans l’extase de l’étreinte de sa compagne. «Già nella notte densa» déborde de tendresse. Les dieux seraient-t-ils jaloux de ce pur bonheur?
Jose Cura © Lorraine Wauters
« Credi in un Dio cruel che m’ha creato simile a sè ! » Je crois à un Dieu cruel qui m’a fait à son image ! Le sulfureux Iago (Pierre-Yves Pruvot), humilié de s’être vu refuser une promotion, a engagé une machination infernale pour détruire celui qu’il s’est mis à haïr avec passion. Il est consumé par l’orgueil, la jalousie, l’envie et le désir de vengeance. Sa duplicité monstrueuse fascinante en fait une figure d’un charisme infernal qui force malgré tout l’admiration du public. Quelle prestation et quelle sonorité ! Le baryton Pierre-Yves Pruvot endosse le costume de l’hypocrisie avec une conviction et un talent vocal et théâtral exceptionnel. Ses moindres inflexions changeantes tantôt caressantes, tantôt menaçantes donnent froid dans le dos tant la fourberie est toxique!
Desdemona est remarquablement intense dans sa naïveté et son aveuglement amoureux, mais aussi d’une lucidité surnaturelle devant l’imminence de sa fin brutale. Cinzia Forte qui s’est illustrée sur la scène de l’Opéra de Wallonie plusieurs fois, ( Rigoletto, Le Nozze di Figaro, Fidelio et La Bohème) possède une voix pleine de fraîcheur de délicatesse et de rondeur. Ses aigus soulignés par la finesse des violons et en suite celle des bois sont super légers ! Son désarroi devant les accusations injustes est immensément touchant. « Atterré, je fixe ton terrible regard, en toi, parle une furie ! » « L’Eternel voit ma foi ! »L’orchestre est en délire et l’accompagne dans son sentiment d’injustice. Otello l’étouffe sur sa poitrine, elle fuit et les cordes soulignent son isolement. Plainte douloureuse, le soleil s’est éteint. On retrouve la hantise de l’antiquité grecque. Dans la fange amère et glacée, elle pleure son âme qui se meurt. Après son Ave Maria, « prega per noi ! » elle quitte le coussin sur lequel elle s’était agenouillée pour s’approcher du lit mortel. L’Amen est illuminé bordé de violons fins comme des cheveux d’ange Son jeu final d’oiseau pour le chat est pleinement attendrissant et semble penser : « Tue-moi mais fais vite !» « As-tu prié » demande Otello ! « Mon pacte est l’amour. » Tout est dit !
S’il visait l’excellence pour sa dernière représentation à L’Opéra de Liège, Paolo Arrivabeni, dont c’est la dernière saison, a atteint pleinement son but. Il confirme sa très fine et profonde connaissance de l’œuvre et son habileté pour traduire tous les sentiments. Il parcourt la triple tragédie dans les moindres détails, avec un sens aigu des variations d’atmosphères et un traitement époustouflant des orages annonciateurs de tempêtes de sentiments dont les humains sont victimes. La pâte sonore luxuriante semble monter comme un immense soufflé de haine, de jalousie et de désarroi d’une rare intensité. De la place où nous étions, nous avions une vue plongeante sur l’orchestre, de quoi pouvoir observer les moindres détails des interventions des instrumentistes. Joie musicale redoublée. Quatre notes de harpe disent la nuit qui descend, l’accompagnement du rire de Iago est fracassant et quand le doute pénètre Otello, les cordes en tremblent ! Le venin de la trahison imaginaire s’infuse dans les bois, la colère d’Otello bouillonne avec un orchestre en folie alors que genou à terre celui-ci fait un pacte avec le Diable! Les cuivres sont sanguinaires : « Comment vais-je la tuer » se demande Otello ! Et la munificence de la cour vénitienne déferle avec les chœurs qui saluent le vainqueur de Chypre. A la fin du 3e acte le chef a donné toute sa force et est épuisé par le paroxysme musical. A la fin du 4e acte, le dernier souffle de vie est expulsé par l’orchestre.
Le jeu de la suivante, Emilia n’est pas moins convainquant « Je suis ta femme, pas ton esclave ! » assène-t-elle à Iago. Alexise Yerna a été entendue sur la même scène dans Manon, Luisa Miller, Rigoletto, Ernani, Il Barbiere di Siviglia, Lucia di Lammermoor, La Traviata et Orphée aux enfers. Les deux femmes sont à la pointe de l’intimité, elles s’entraident avec la ferveur du désespoir. Leur duo tendre souligné par les hautbois est un moment d’émotion intense et lumineuse. C’est elle qui expliquera avec détermination la félonie de son mari à l’ambassadeur de Venise (notre cher Roger Joachim). Et Cassio, le jouet du destin, c’est Gulio Pelligra (dans Nabucco en octobre dernier) qui l’habille d’une très belle humanité.
SAISON : 2016-2017
DIRECTION MUSICALE : Paolo Arrivabeni MISE EN SCÈNE : Stefano Mazzonis di Pralafera CHEF DES CHŒURS : Pierre Iodice ARTISTES : José Cura, Cinzia Forte, Pierre-Yves Pruvot, Giulio Pelligra, Alexise Yerna, Roger Joakim, Papuna Tchuradze, Patrick Delcour, Marc Tissons
NOMBRE DE REPRÉSENTATIONS : 6DATES : Du vendredi, 16/06/2017 au jeudi, 29/06/2017
http://www.operaliege.be/fr/activites/otello
Crédit photos: Lorraine Wauters
Lorsque deux manques se rencontrent
Et que surgit une étincelle
C'est un miracle, comme dans un conte
Tout à coup la vie devient belle!
On redécouvre à la tendresse
Sa part de sensualité
Elle est combien douce l'ivresse
Il n'est plus question de péché!
On a mâché sa part de terne
On déguste enfin le soleil
La vie ne veut plus être en berne
Sa densité nous émerveille!
N'est jamais tard pour un bonheur
L'adolescence en toile de fond
On a su garder ses valeurs
Et c'est l'amour qui donne le ton...
J.G.
Il s'agit d'un recueil de poèmes de Francis Jammes (1868-1938), publié en 1898. Le poète s'adresse à Dieu et lui confie les rêves les plus chers de son âme contemplative: il souffre, mais ne cesse d'aimer son créateur à travers les splendeurs de la nature. La vie des humbles, la vie de tous les jours est le sujet de son inspiration: elle cèle ses trésors au profane, mais les révèle à celui qui sait voir la vérité avec des yeux purs. Notre journée est une aventure qu'il faut considérer selon la foi divine: chaque geste s'insère dans la vie universelle et confère aux sentiments, aux aspirations, la certitude d'une réalité. Dieu seul peut nous donner la faculté de connaître la vie: dans la paix du monde, le plus sûr moyen d'y parvenir est la prière. Les voies du Seigneur sont parsemées de bienfaits: si l'homme sait approcher les choses de la création avec un coeur sincère, il en connaîtra les secrets. Il est deux miracles quotidiens dans l'existence du chrétien: l' aube, si douce dans sa splendeur, si tendre sous les premiers rayons de soleil, et le crépuscule où le bleu du ciel fait place à la clarté lunaire et au silence de la nuit. Les fleurs, les plantes, les lacs, les prés, les glycines, les glaïeuls et les lilas exhaltent une douce mélancolie. Tout est miracle pour qui sait contempler les choses avec innocence: un simple animal ("J'aime l' âne..."), la pensée de la mort et le souvenir de la femme aimée ("Lorsque je serai mort..."), même la vue du logis et de ceux qui nous sont chers ("La maison serait pleine de roses..."). Le poète évoque la rencontre d'une pauvre malade qui attend vainement un miracle ("J'allai à Lourdes"); il pense à des mots d'amour entendus ("Que je t'aime"); il admire la vie subtile de la nature qui, par une loi unique, transforme sans cesse toute chose ("Une feuille morte tombe..."). Bien d'autres poèmes révèlent toute la douceur élégiaque de Jammes; on trouve même une petite comédie symbolique, en vers, sur "La naissance" et "La mort du poète", cet être qui possède le don de comprendre l'univers. Ce recueil découle d'un seul motif: l'amour de la nature. Il éternise les thèmes poétiques de Francis Jammes et le caractère agreste de sa muse.
N. B. à voir aussi: "
L'âne culotte où les promesses du ciel sont annoncées par les Dons de la Terre I C I
un roman d'Henri Bosco...