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Regards croisés : Carrier-Belleuse et Rodin.

12273051280?profile=originalCarrier-Belleuse : Bacchante, marbre (détail, 1863).

"La peinture et la sculpture peuvent faire mouvoir les personnages."

"L'inclination d'un front, le moindre mouvement de sourcils, la fuite d'un regard révèlent les secrets d'un coeur."

Auguste Rodin.

Injustement oublié, Carrier-Belleuse (1824-1887) fut pourtant adulé sous le Second Empire, lui le Républicain dans l'âme, et la Troisième République.

C'est vrai qu'il fut profondément marqué par les oeuvres de la Renaissance, Michel-Ange ou Jean Goujon (voir le billet sur "La fontaine des Innocents") en tête, et le XVIIIe siècle, Canova (1757-1822) notamment.

Pourtant, s'il s'inscrit dans une longue tradition, il ouvre aussi à la modernité. Touche-à-tout de génie, cet infatigable modeleur fut un novateur, comme nous le verrons, et un formateur (Dalou, Falguière, Rodin l'assistèrent) respecté de ses élèves et praticiens.

12273051491?profile=originalRodin : Carrier-Belleuse, terre cuite patinée, 1882.

Né Albert-Ernest Carrier de Belleuse en 1824 dans une famille désargentée mais gardant un certain entregent, il travaille à 13 ans comme apprenti ciseleur, chez Beauchery, puis entre chez les orfèvres Fannière Frères. Habile au ciseau, il sut aussi activer ses réseaux tout en continuant à apprendre et à travailler. Les frères Arago le guident avec bienveillance (François, le scientifique, soutint aussi Daguerre, contribuant activement au lancement de la photographie en 1839). Il cotoie David d'Angers (Pierre-Jean David, 1788-1856, dit), sculpteur installé, ou les cercles républicains. Il est reçu en 1840 à l'Ecole des Beaux-Arts, la grande porte, mais préfère la "Petite Ecole" (qui devint l'Ecole des arts décoratifs) où il se lie avec Charles Garnier.

Mais son ambition c'est d'exposer au Salon, étape obligée pour réussir dans la carrière. Il y figure dès 1850 et ne cessera, ou presque, d'y exposer jusqu'en 1887.

La même année 1850, il part pour cinq ans en Angleterre comme directeur de la manufacture de céramique de Minton. Puis, à son retour en France, collabore avec des maisons d'art décoratif.

Notre homme est un travailleur, il faut qu'il dessine, cisèle, modèle, qu'il pétrisse, sans oublier sa vie personnelle, avec sa femme Anne-Louise il aura huit enfants.

12273052287?profile=originalCarrier-Belleuse : Entre deux amours, 1867.

Un marbre plus tendre que la porcelaine, exquis comme un biscuit, plus fondant qu'un bronze.

La glaise, le plâtre, le kaolin, le marbre, le bronze, rien ne l'arrête, sculptures, vases ou torchères ne lui font pas peur (l'escalier d'honneur de l'Opéra de Paris, c'est lui).

12273052681?profile=originalCarrier-Belleuse : buste d'Honoré Daumier, terre cuite, 1862.

Carrier-Belleuse perce ici avec une acuité folle la puissance du regard, lucide, féroce parfois, désabusé souvent par les travers la société, et finalement altruiste et doux, de Daumier.

"C'est un satirique, un moqueur,

Mais l'énergie avec laquelle

Il peint le Mal et sa séquelle

Prouve la beauté de son coeur."

Charles Baudelaire.

On n'a trop souvent vu de lui que le caricaturiste, ses portraits-charges sont restés. Mais ce fut aussi un sculpteur et un dessinateur de talent, un peintre de la taille d'un Goya.

"Ce gaillard  a du Michel-Ange sous la peau."

Balzac. On est en bonne compagnie.

Par son traitement, son regard perçant, mobile, ce buste est a rapprocher de la "Jeune fille au chapeau fleuri" (Rose Beuret, 20 ans lorsque Rodin la rencontre en 1864. La même année Rodin débute chez Carrier-Belleuse et nait Camille Claudel), la célèbre terre cuite de Rodin (Rodin qui sut retenir la leçon de Carrier, l'oeil du maître, pour mieux capter le regard de Rose fraîche, modeler la glaise pour faire naître à la vie une jeune fille en fleur à la pupille papillonnante) exécutée certainement en 1865, et de la photographie de Nadar (Gaspard Félix Tournachon, dit) qui présente la même attitude avec cette pose légèrement de côté.

C'est un entrepreneur, il dirige un atelier où travaillent cinquante ouvriers et praticiens. D'une énergie folle, il assiste, supervise, organise avec bienveillance.

C'est un novateur. Il travaille pour les grandes maisons d'orfèvrerie, Froment-Meurice ou Christofle, quel que soit le matériau, noble ou vulgaire, argent ou zinc, oeuvre unique ou création industrielle, édition limitée ou production en série, biscuit ou galvanoplastie, statue monumentale (Hébé endormie, 2,07 m, la déesse de l'éternelle jeunesse qui eut deux fils d'Héraclès, ou Bacchante, 1,80m, dont vous avez le détail) ou théière.

En 1876 il devient Directeur des Travaux d'art de la Manufacture de Sèvres.

12273053072?profile=originalRodin : Diane, marbre, entre 1875 et 1879.

Si avec son carquois et son joli minois Diane, Déesse-Lune, ne vous perce pas c'est que vous êtes vous aussi de marbre !

C'est un formateur. Rodin lui doit beaucoup. Sortis tous deux de la Petite Ecole, ils se sont fâchés, en Belgique (en 1871 Carrier l'appelle à Bruxelles où ils travaillent au décor de la Bourse ; dès 1879 ils collaborent à nouveau à Sèvres), on les a opposés, n'empêche l'un a soutenu l'autre, le second a défendu le premier. Car même si Rodin a dit : "J'ai reçu une éducation du XVIIIe siècle", il reconnait qu'il faut "Aimez dévotement les maîtres qui vous précèdent." Voyez le buste qui rend hommage à celui qu'il respecte ou le vase "Les Eléments" réalisé à quatre mains.

12273053652?profile=originalCarrier-Belleuse et Rodin : Les Eléments.

Manufacture de Sèvres, 1878, porcelaine dure et bronze (détail, le vase mesure 1,15 m !).

Collaboration entre Carrier-Belleuse et Rodin pour la Manufacture de Sèvres, difficile de demêler l'apport de l'un et de l'autre. On peut dire cependant qu'il fut créé sur une forme inventée par Carrier-Belleuse avec un décor "pâte sur pâte" conçu par Rodin.

"Avant tout travail de décor, le vase a été recouvert à l'éponge d'un engobe de pâte blanche. Les sujets ont été dessinés sur cru par enlèvement de l'engobe blanc, au moyen d'un rifloir ]...[ Le fond rose, réapparaissant aux endroits où l'engobe a été gratté, forme les ombres du dessin. Les parties claires ont été accentuées, comme sur les émaux limousins, ou à la manière des dessins en blanc et noir de Prud'hon, par une surcharge de pâte blanche rapportée au pinceau."

Roger Marx, 1907.

Comme cela semble couler de source...

12273054258?profile=originalCarrier-Belleuse et Rodin : Les Eléments, détail de la frise.

En continuateur de Carrier-Belleuse, Rodin poussa la sensualité à son paroxysme en "Dieu Pan faisant frémir ses troupeaux de lignes, il avait l'air d'aspirer l'âme de l'argile ainsi qu'on conquiert un baiser", Antoine Bourdelle. Quitte à se métamorphoser en bélier pour bousculer les conventions. Pan ! Faut bien tuer le père. Et Pan séduit les Ménades de Dionysos.

 

12273054291?profile=originalCarrier-Belleuse : Bacchante (détail), 1863.

Pleine de vie et de sensualité, avec cette prunelle puissante comme un alcool, cette bacchante vous invite à fêter l'automne, ses derniers beaux jours, vous sussure des mots doux d'une voix d'ange, à vous faire danser aux vendanges... une bourrée c'est sûr !

"Cours, Bacchante au pied léger !

Auprès de Dionysos empourpré

Compagnon des Ménades*

A la torche enflammée"

Convenons tout de même que Carrier-Belleuse, le "Clodion du Second Empire" (en référence, et condescendance, à Claude Michel, 1738-1814, dit Clodion aux belles bacchantes et aux satyres) qui fut, avec Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), le sculpteur le plus connu du XIXe siècle valait bien un coup d'oeil.

Mais, chut ! refermons la porte...

Michel Lansardière (texte et photos).

* Ménades, autre nom des Bacchantes.

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DANS UNE JOLIE BOITE...

Dans une jolie boite aux couleurs de l'espoir

Ai déposé pêle-mêle les désirs, les envies

Je vais donc y puiser quand le ciel se fait noir

Un peu de déraison pour retrouver la vie!

Cette mémoire cuisante qui creuse le destin

Réserve inépuisable de couleurs et d'idées...

C'est le meilleur remède qu'ait trouvé mon instinct

Pour retrouver beauté, jusqu'en une fleur fanée!

J.G.

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Espace de paix

Haïkus

Immense linceul

manne d'or sur le gazon

il pleut tendrement.

...

Un parapluie rouge

une dame âgée sourit

sur son pas de porte.

...

Espace de paix

immobilité silence

faible vent de vie

...

Jardins désertés

enfants et parents ailleurs

heureux ou soumis

...

Sans mélancolie

confiance et liberté

grâce du hasard.

...

23 octobre 2014

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Miroir JGobert

Même vie, même destin, unies dans le temps et dans l’espace, elles ont vécu, ressenti beaucoup de sentiments très différents et si souvent semblables. Ensemble à réagir dans la même émotion, chaque évènement a eu sa propre intensité, sa propre histoire.

De l’adolescence où l’innocence, l’incertitude, parfois l’incompréhension les laissent dépourvues de repères à la vie d’adulte qui se révèle rapidement compliquée. Chaque décision, agréable ou teintée de doute, d’ambigüité oblige l’une ou l’autre à corriger, à rectifier avec peu ou beaucoup d’enthousiasme le pourquoi, le comment. A cet instant précis, le besoin de décider pousse l’une ou l’autre dans ses retranchements. La décision choisie ne satisfait qu’une et laisse l’autre insatisfaite.

Le quotidien n’est pas simple dans ce partage continu des actes, des idées et des rêves. Les conflits sont fréquents, légions. Le caractère sédentaire, casanier de l’une et volontaire, intrigant de l’autre mettent souvent la discorde dans l’ordinaire et les antagonismes internes sont tumultueux voir retentissants.  

Pour l’une, une vie ordonnée, une jolie maison, de beaux enfants et un travail régulier la satisfont agréablement alors que l’autre attend toujours plus de la vie. Elle rêve constamment d‘un grand amour, de voyages, d’aventures, valise à la main, la vie commence demain.  

L’une tire l’autre qui se laisse diriger et admet parfois que le bonheur, trop lointain, peut surgir de petites choses de la vie. Elle se laisse envahir, endormir par cette routine bien orchestrée pour s’abandonner à la facilité. 

Pour celle qui trouve la vie belle, facile et bien organisée, les petits soucis d’ordre domestique,  voir sentimental ne la préoccupent pas. Elle n’a pas besoin de preuves pour savoir si elle est heureuse. Elle vit activement, intensément le scénario qu’elle a mis en place et s’en accommode allègrement.

Un jour vient où elle se rend compte, suite à plusieurs déconvenues, et à l’inventaire de cette vie parfaite, que quelque chose ne va pas,  lui échappe. A cet instant seulement, elle comprend beaucoup de choses. Elle est peut-être passée à côté du bonheur et réside dans l’erreur. 

L’autre, en éveil, se met à son tour à énumérer les imperfections de leur vie. Bohème, originale dans l’âme, elle se sent tout à coup libérée de ce chemin trop bien tracé et souvent contraignant qu’elle vit depuis si longtemps. Elle n’hésite pas à vouloir changer les choses. Une énergie inavouée, inattendue l’envahit.  L’entourage ne comprend pas ces changements d’attitude. Effrayé, Il essaye de remettre en place les codes qu’il connait mais en vain.

Notre rêveuse, libérée, se révèle surprenante. Refusant tout à coup le quotidien, les habitudes, elle cherche, trouve enfin l’aventure et l’extravagance. Elle se réalise dans de multiples activités artistiques, se libère dans des voyages. Elle parcourt et vit enfin le monde. Un soir, elle croise un être qui la conduit droit à l’amour. Elle n’en croit pas ses sentiments. 

La première, très choquée de tout ce changement, la met en garde et refuse inconsciemment ce destin trop facile. Elle repousse l’idée d’entrer dans ce jeu. Ces plaisirs qu’elle trouve faciles, artificiels ne lui plaisent pas et elle freine avec force notre aventurière.

Mais rien n’y fait. Conquise, la seconde a enfin ce qu’elle cherche depuis toujours. Elle est enfin amoureuse et se sent enfin vivante. Elle est heureuse à sa manière, d’exprimer, d’entendre les sentiments, les mots, de les écrire et les recevoir pour combler ce vide, ce manque qu’elle ressent depuis toujours. Gardant la tête froide malgré tout, elle promet momentanément à la première de ne rien détruire, ruiner et de laisser en l’état la vie passée.

Rapidement déçue, elle se rend compte que ce beau roman n’aboutit à rien et désillusions en tête, la mort dans l’âme, toute perdue, elle se referme sur elle-même laissant son calque reprendre les choses en main. Elle a échoué finalement mais garde un goût exquis de ces moments hors de la routine.

L’autre, perdue également dans ce tumulte, arrive à expliquer certains évènements à son entourage, à justifier ce comportement improbable et inhabituel.  Elle recolle, rapièce les morceaux avec difficultés. Elle s’en veut de n’avoir pas été plus rigoureuse, de n’avoir pas pu éviter cet échec. Elle reprend le quotidien en main, renoue et dissipe peu à peu les péripéties navrantes et marquantes de cette aventure.

Ce duo irréel se retrouve ainsi imprégné par cet épisode qu’une ne voulait pas et que l’autre désirait tant. L’apaisement vient avec une tristesse infinie pour ce bonheur entrevu qui ne les quittera pas.

L’existence reprend son parcours, son chemin. Chacune à l’écoute de l’autre avec plus de tendresse et de sagesse. Au fil des jours, un nouvel équilibre s’installe, oubliant les fêlures du temps et les désillusions.

Quand le soir vient, ce beau souvenir hante notre aventurière qui, du fond de son âme, rêve toujours à ce bonheur enfoui.

 



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Lettre d'Isabelle à Pierre,

 

Mon Cher Pierre,

 

Ce matin j'ai reçu de vous,

 

 un regard amoureux,

 

Cet entrebâillement de vous vers moi ;

 

ce léger basculement.

 

L'immatériel baiser donné,

 

à toute allure,

 

 par crainte de ne pouvoir un jour me l'offrir.

 

Vos yeux en étaient pleins !

 

Les miens, ont fait comme s'ils ne voyaient rien ;

 

la peur sans doute,

 

toute blanche, fébrile.

 

Pourtant ils ne rêvent,

 

ne désirent que les vôtres.

 

Isabelle.

 

 

 

Ma chère Isabelle,

 

Puissent-ils ne jamais

 

 se détacher des vôtres

 

 Isabelle !

 

Ce baiser vagabond,

 

un peu pressé,

 

aurait péri sans vous,

 

étant  aux dimensions du vôtre,

 

c'est-à-dire infinies !

 

Celui que j'imagine,

 

 à chaque instant,

 

recevoir de vous.

  

Pierre.

 

NINA

 

 ;

 

 

 

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Oeuvres petits formats

Travaux 30 x 40 cm techniques diverses : sur bois, cartons toilés cartons , papiers (cartons et papiers sous verre) jusque au 31 Décembre 2014, réduction de 10 à 20% suivant les œuvres me contacter en MESSAGE PRIVE œuvres visibles en mon atelier ou au Château de Vierset pour les personnes peu éloignées. ou par envoi postal ou colis, frais d' envoi non compris. Vous trouverez ces œuvres sur ma page Face Book Michel Marechal Photos - Album créations : petits formats, quelques exemples...12273050458?profile=original petits formats

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Réminiscence,

 

Cette jeune rose, pâle et close,

me fait songer,

à un petit poing d'enfant,

emmitouflé dans un lainage vert ;

au dessus d'elle,

un impressionnant chapeau bleu,

 ourlé de coton blanc,

puis l'arborescence d'une mère,

étincelante, chantante,

dont les yeux sont très verts.

Depuis ma fenêtre,

 je contemple,

touchée, paisible,

mon somptueux rosier blanc.

Les feuillages pourpres ,

s'éveillent et se balancent,

dans l'absolu silence.

il pleut un peu ;

je bois mon café noir,

reposée et assise,

près de mon chat rêveur,

sur son coussin soyeux.

 Je contemple mon rosier blanc ;

jusqu'à ce que ressurgisse,

à petits pas dansés,

ma prime enfance,

mêlée au blond visage de ma mère !

L'ondée s'est arrêtée.

NINA

 

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Le voyage du bleu : la Source bleue

Lorsque je demande à l’une ou l’un de mes collègues aquarellistes pourquoi elle ou il privilégie dans sa palette telle ou telle couleur, elle ou il est souvent bien incapable de me l’expliquer : c’est me répond-on question d’habitude et de goût personnel, d’affinité particulière avec ses couleurs parce qu’on réussit mieux ses effets avec (mais sans savoir exactement pourquoi), ou même quelquefois par « effet de mode », de publicité, ou parce que son fournisseur habituel est tributaire de telle marque ou de telle autre…

Hors, la réponse à cette question est capitale si l’on veut obtenir des résultats encore meilleurs, et aborder des problématiques nouvelles aptes à élargir notre créativité, à mieux nous épanouir dans ce qui nous pousse à nous exprimer dans un domaine particulier de l’aquarelle plutôt qu’un autre (il devrait en être de même pour toutes les autres techniques artistiques utilisant la couleur) !

En réalité, il faut savoir qu’une même couleur ne réagira pas sur un papier identique d’un fabricant à l’autre, qu’une couleur bien précise du même fabriquant ne réagira pas non plus de la même façon selon la nature du papier qui la reçoit (avec une même préparation palette et une dépose papier identique), que des couleurs du même fabriquant, mais aux nuances proches dans la même gamme colorée (les bleus par exemple et bien qu’ils soient légèrement différents sur le nuancier), pourront rendre (pures ou en mélange et selon la concentration pigmentaire de leur préparation) des effets visuels ou optiques sensiblement identiques à l’œil sur des papiers différents alors qu’elles sont différentiées sur le nuancier, etc.

À cette problématique de base se rajoute celle des qualités pigmentaires des couleurs (capitales pour toute réussite en aquarelle – mais pas seulement - en termes de luminosité, de vibration et d’atmosphère) : limpidité, vivacité, fraîcheur, brillance, transparence, intensité, etc.

Aussi, avant de continuer cette approche du bleu en aquarelle, même sans aller trop loin dans nos souvenirs de physique et chimie, une petite révision théorique s’impose : nous savons que la couleur (citation Wikipédia) : « est la perception subjective par l'œil d'une ou plusieurs fréquences d'ondes lumineuses, avec une (ou des) amplitude(s) donnée(s) »

« On distingue :

  • les couleurs pigmentaires, dites chimiques, car produites par la présence dans la matière de colorants ou de pigments qui absorbent une partie de la lumière blanche et ne réfractent que certaines longueurs d'onde,
  •  
  • les couleurs structurelles, dites physiques, provoquées par des phénomènes d'interférence liés à la structure microscopique de l'objet qui diffracte la lumière reçue. Les couleurs pigmentaires sont généralement instables, tandis que les couleurs structurelles sont pérennes et iridescentes. »

Nous savons aussi que la décomposition de la lumière blanche à travers le spectre lumineux permet de visualiser toutes les couleurs perceptibles par l'œil (pensons à l’arc-en-ciel). Chaque couleur correspond donc à une longueur d’onde électromagnétique particulière exprimée en nanomètre (1 nm = 0,000 000 001 m).

Mais la plage des longueurs d’onde perceptible par l’œil humain est très réduite (situé entre 380 et 780 nanomètres), imaginiez comment serait le monde si nous arrivions à percevoir les longueurs d’onde situées en deçà et au-delà du spectre lumineux qui nous est perceptible !

Le voyage du bleu : la Source bleue

Notre perception des couleurs est de surcroît conditionnée par la lumière ambiante (directe ou indirecte), l'environnement, les interprétations de notre cerveau en fonction du contexte, et naturellement la physiologie de notre vision elle-même, ce qui nous amène à ne pas voir forcément les mêmes couleurs qu’autrui dans un même contexte.

De plus, un œil exercé maniant la couleur en permanence percevra des couleurs « invisibles » au regard du plus grand nombre (élargissant la conscience des couleurs il est très important de le savoir, j’y suis régulièrement confronté dans le cadre de mes stages ou cours : parfois je dis « mettez ici tel rose ou tel jaune dans le bleu du ciel, car sa couleur en est considérablement modifiée en cet endroit » et on me répond « - mais où vois-tu cette couleur, je ne la vois pas ? », alors qu’elle est tout à fait « visible » et évidente pour moi) ! 

Aussi, pour pouvoir parler de couleur, il est nécessaire de comprendre ce qu'est la lumière et comment notre œil fonctionne.

Il faut aussi connaître pour bien comprendre la différence entre « couleur lumière » (structurelle) et « couleur pigment », les principes simples de la synthèse additive des couleurs : composition d’une couleur par addition de lumière (faire l'exercice du lien pour bien comprendre), phénomène propre aux objets émetteurs de lumière dans le cas des couleurs structurelles.
Ainsi que celui de la synthèse soustractive, principe consistant à composer une couleur par soustraction de lumière (déplacer idem les couleurs avec la souris dans l’animation de ce lien) : le mélange des couleurs « pigments » sur la palette ou le papier en aquarelle est le résultat d'une synthèse soustractive. L’étude des couleurs à travers la rose chromatique en est l’une des plus intéressantes applications théoriques, nous l’appliquons sans en avoir toujours conscience dans chacune de nos réalisations picturales…

En résumé, pour voir les couleurs, trois éléments sont indissociables : la lumière, la matière et l’œil, mais les nombreux facteurs évoqués ci-dessus vont en faire changer la perception qui à chaque instant peut paraître différente.

Par contre, pour traduire en aquarelle un effet ou un objet coloré (particulièrement s’il est perçu en terme de lumière structurelle – donc « couleur lumière » -), nous n’avons à notre disposition que des pigments (mais qui sont « matière » tout aussi bien élaborés soient-ils).

Il nous faudra donc être très attentifs dans la composition de nos palettes aux trois principaux éléments qui définissent la couleur que nous utilisons en tant que peintres :

  • a) la tonalité (rapport à la couleur dont elle se rapproche le plus, correspondance entre le nom et numéro des couleurs sur l’étiquette et leur teinte réelle dans la palette puis sur le papier une fois sèches),
  • b) la luminosité (valeur, intensité lumineuse, liée à la transparence de la couleur, ne vous fiez pas seulement aux indices de transparence donnés par le fabricant : testez vos couleurs sur le papier !),
  • c) la saturation (plus ou moins pure, éclatante, brillante ou terne, qualité de la couleur où les notions de valeur teintante, granulométrie / précipité, etc., jouent un rôle important, particulièrement dans les mélanges)…

D’où l’importance de la nature des pigments de nos demi-godets (ou de nos tubes) qu’il nous importe d’évaluer, tester, comparer, mémoriser pour en connaître parfaitement les caractéristiques dont limpidité, vivacité, fraicheur, brillance, transparence, intensité, le pouvoir colorant, l’aptitude au précipité ou à la granulation selon les fabricants, effets des mélanges selon les types de papier (toutes ces notions ainsi que celles d’autres éléments comme la durabilité, seront développées, expliquées et mises au service de votre créativité dans les cours en ligne sur lesquels je « planche », mais vous pourrez déjà en découvrir quelques-unes des implications les plus courantes dans cette série d’articles) .

C’est à partir de ce constat que nous pouvons en déduire la suprématie de l’aquarelle légère et rapide par rapport à de nombreuses techniques d’expression artistique pour son aptitude à saisir les scènes éphémères, les ambiances fugaces, les effets de lumière (et donc de couleurs) qui changent très vite (par exemple en extérieur en fonction de la météo, de l’écoulement du temps, ou de notre propre déplacement par rapport à nos sujets de prédilection).

Pour bien traduire les couleurs subtiles et nuancées de la Source bleue (couleurs structurelles « immatérielles » de l’eau), il conviendra donc de posséder dans sa palette les couleurs « optimales » les plus aptes à permettre de réussir leurs mélanges et obtenir les effets souhaités.

Pour cela 2 solutions :

  • soit on connaît parfaitement ses couleurs et on maîtrise tous les éléments évoqués ci-dessus (auquel cas on a déjà correctement disposé sa palette avec les « bonnes couleurs » - et je ne parle pas seulement des bleus -),
  • soit on découvre l’aquarelle, on est en phase d’apprentissage ou de perfectionnement, ou on travaille par « habitude » (au « feeling » en quelque sorte sans trop se poser de questions sur l’implication des couleurs dans l’optimisation de son travail), et là, il faut procéder avec méthode pour remanier sa palette et lui donner le potentiel apte à vous faire entrer dans d’autres dimensions de la « couleur lumière »,
  • Comment ?

En effectuant des tests et essais tout simplement (ou en se fiant à mes conseils et propres expériences - mais n’oubliez pas qu’il faudra les adapter à votre sensibilité et goût personnel - comme je l’explique sommairement ci-dessous à propos de la Source bleue) !

L’idéal quand on n’a pas une palette adaptée avec des bleus permettant de retrouver rapidement ceux de son sujet est d’apporter son nuancier des bleus pour les comparer à ceux de ce sujet, puis d’extraire les plus appropriés pour les rajouter à sa palette de travail…

L’idéal quand on n’a pas une palette adaptée avec des bleus permettant de retrouver rapidement ceux de son sujet est d’apporter son nuancier des bleus pour les comparer à ceux de ce sujet, puis d’extraire les plus appropriés pour les rajouter à sa palette de travail…

Les couleurs bleues et vertes de la Source bleue sont avant tout des couleurs structurelles provoquées par la diffraction de la lumière du jour interférant avec les particules des micro-précipités que son eau contient.

Venez avec moi retrouver les bleus de la source en cliquant sur ce lien (vidéo)

Analysons notre sujet (une analyse globale, strictement picturale, simple et fonctionnelle est généralement suffisante pour la plupart des sujets, mais je ne m’intéresse ici afin de bien les comprendre qu’aux effets de lumière et de couleurs concernant le phénomène provoquant les bleus de cette source, du bleu très sombre du fond de la vasque, aux turquoises, verts et bleu gris des zones les moins profondes liées à l’étalement des eaux au départ du ruisseau) :

  1. – Analyse sommaire formelle du sujet :

À l’origine de ce phénomène physique de bleu extraordinaire dégagé par cette eau, un processus d’origine chimique lié à son caractère d'exsurgence d'eau karstique qui, après avoir traversé les calcaires des karts, s’est chargée d'ions HCO3-, et Ca++ en solution. En arrivant à la surface au niveau de la source, l’eau de la Source bleue relâche dans l'atmosphère une partie de son CO2. Cette perte de CO2 favorisée par la photosynthèse de bactéries photosynthétiques planctoniques provoque un micro-précipité de CaCO3 en suspension dans l'eau (2 HCO3- + Ca++<=> CO2 + CaCO3 + H2O).

Dans les conditions habituelles d’éclairage de la source à la lumière du jour, la configuration et la profondeur de sa vasque, les particules de ce micro-précipité ont la bonne dimension et la bonne concentration pour entraîner la diffusion de la lumière et lui donner ses exceptionnelles couleurs bleues.

Le voyage du bleu : la Source bleue

D’autres phénomènes physiques s’ajoutent aussi à ceux de la propagation de la lumière dans l’eau, de son absorption en fonction de l’indice de réfraction de cette eau, de sa profondeur, et de la nature du sable clair du fond de la vasque calcaire sur laquelle la lumière non absorbée se réfléchit.

L’intensité lumineuse diminuant avec la profondeur, les rayonnements rouges de la lumière étant d’abord absorbés avant le bleu et selon les principes de la synthèse additive des couleurs, la lumière émergente du fond de l’eau ayant perdu le rouge, on voit donc une eau de couleur cyan et verte dans les zones moins profondes, et d’un bleu plus foncé vers le fond de la vasque (au niveau de l’arrivée de la galerie noyée en forme de siphon environ 6 m de profondeur), où les rayonnements verts se sont également dispersés à leur tour (voir la vidéo d’exploration subaquatique de la Source bleue en suivant ce lien)…

Mon essai d’interprétation personnelle des effets du rayonnement de la lumière du jour dans la source bleue (si mes souvenirs scolaires de physique ne se sont pas trop évanouis…).

Mon essai d’interprétation personnelle des effets du rayonnement de la lumière du jour dans la source bleue (si mes souvenirs scolaires de physique ne se sont pas trop évanouis…).

En fait, la couleur bleue de la source qui arrive à nos yeux est le résultat de la combinaison de plusieurs des phénomènes de diffusion, transmission et réflexion sur le fond clair (la réflexion spéculaire du bleu du ciel à la surface de l’eau étant ici insignifiante à cause du couvert végétal) où la lumière du jour qui ressort en lumière diffusée est réémise dans toutes les directions après avoir suivi un trajet chaotique dans l’eau avant de ressortir dans des directions aléatoires après absorption selon la profondeur de l’eau des longueurs d’onde colorées de la gamme des jaunes aux rouges, ce qui ne nous laisse percevoir que les teintes allant du vert pâle au bleu profond.

  1. – Analyse d’interprétation picturale du sujet :

Bien que je n’aborde pas réellement ici l’analyse d’interprétation picturale de cette source (la réservant à mes cours et modules de formation en ligne ou à mes stages - mais on en a une idée à travers un passage de la vidéo -), je vais cependant en amorcer les principes, car, que cette analyse soit implicite (intuitive ou spontanée, liée à l’habitude et à l’expérience picturale du travail sur le motif) ou explicite (phases d’apprentissage ou de découverte), elle n’en est pas moins essentielle.

Les éléments qu'il est possible de prendre en compte dans l'analyse d’un motif sur le plan « pictural » sont multiples, variés et complémentaires, car ils définissent la construction même du travail à travers ses différentes étapes, et orientent l’interprétation créative du sujet.
Ce type d’analyse pour une réalisation en aquarelle ou croquis aquarellé (même rapide) doit bien évidemment être pensé en fonction des attentes espérées de ce travail.

Elle doit répondre aux questions :

  • Qu’est-ce que je vois ? – qu’est-ce que je garde et qu’est-ce que je « laisse » ? - comment je le traduis en terme de formes, de couleurs, de lumière, de graphisme, etc. ?- par quoi je commence et comment j’élabore mon motif ? – en combien de temps je pense le réaliser ? etc.

Globalement en carnet de voyage ou de terrain, ce questionnement doit tenir compte :

  1. - du contexte : tout ce qui n’est pas dans le sujet, mais qui contribue à sa perception, à son interprétation,
  2. – du réel exprimé : tout ce qu’on peut appréhender dans le sujet d’un monde absent mais qui m’est donné à voir (le référent).
  3. – des choix énonciatifs : ce qui, dans le sujet, dépend pour l’essentiel de l’acte de représentation et non du réel représenté (d’où que garde-t-on, que supprime-t-on ?).
  4. – de l’interprétation : c’est-à-dire la manière technique et créative permettant de relier les différents éléments analysés entre eux et avec la subjectivité de la perception pour donner un sens particulier à son motif.

La recherche des bleus et des verts les mieux appropriés faisant partie de cette analyse, je vais, une fois les deux ou trois bleus de ma palette des bleus sélectionnés et rajoutés à ma palette de travail, étudier avec quels jaunes (ou quelles autres couleurs pures) les mélanger pour obtenir sur le papier non seulement les couleurs se rapprochant le plus de la réalité, mais aussi celles aptes à répondre à mon intention créative (à commencer par l’atmosphère que je veux donner à cette aquarelle, aussi rapidement soit-elle réalisée).

Pour cela il n’y a pas « 36 solutions » en phase d’apprentissage, il faut faire ses essais de mélanges – échantillons des couleurs qui nous paraissent les plus correspondre à ce que je veux réaliser sur le même papier que celui de mon carnet de voyage (ou papier définitif d’exécution), voici quelques-uns de ces tests réalisés pour vous :

Test du mélange des bleus sélectionnés avec l’auréoline pour rechercher les verts, + l’alizarine cramoisie pour la couleur de l’eau profonde sous le fond de voûte.

Test du mélange des bleus sélectionnés avec l’auréoline pour rechercher les verts, + l’alizarine cramoisie pour la couleur de l’eau profonde sous le fond de voûte.

J’ai choisi comme première base de bleus : turquoise Rembrandt, outremer clair Blockx, indanthrène Rembrandt, bleu d’Anvers Winsor / Newton, bleu Winsor W-N (base ramenée après essai à 3 bleus seulement : turquoise Rembrandt, outremer clair Blockx, indanthrène Rembrandt), comme base de jaunes auréoline W-N et or vert (Winsor / Newton également), et en couleur annexe (pour réaliser le bleu très sombre sous le porche de la source), l’alizarine cramoisie W-N.

Je rappelle que pour traduire un effet de couleurs structurelles toutes ces couleurs doivent être plutôt transparentes intenses, pigments purs ne précipitant pas !

Test du mélange des bleus sélectionnés avec l’or vert W-N pour les zones d’eau de faible profondeur, et pour la teinte de l’eau en fond de voûte mélange outremer clair + bleu Winsor + l’alizarine cramoisie (donne « Teinte fond de voûte n°1 »)

Test du mélange des bleus sélectionnés avec l’or vert W-N pour les zones d’eau de faible profondeur, et pour la teinte de l’eau en fond de voûte mélange outremer clair + bleu Winsor + l’alizarine cramoisie (donne « Teinte fond de voûte n°1 »)

Au premier coup d’œil après séchage, le constat que l’on peut faire est que, même si certaines des nuances obtenues sont très proches les unes des autres dans les verts et verts / turquoises, c’est avec  l’or vert qu’elles paraissent plus nuancées, naturelles et subtiles, c’est donc cette dernière couleur que j’utiliserai pour aller des turquoises aux verts.

Il est également à remarquer si l’on compare le mélange auréoline W-N / bleu outremer clair  Blockx, que ce mélange devient vite sale et très granuleux sur papier à grain (même fin comme le Montval), alors qu’il précipite très peu en restant assez transparent et fluide sur papier satiné ou à grain très fin (donc, bien faire ses tests couleurs avec le même papier que le papier définitif !) :

Mélange bleu outremer clair Blockx + auréoline W-N sur papier Montval 300 g

Mélange bleu outremer clair Blockx + auréoline W-N sur papier Montval 300 g

Mélange identique sur papier Sennelier 180 g à grain très fin

Mélange identique sur papier Sennelier 180 g à grain très fin

Ne pas hésiter à comparer les mélanges de plusieurs couleurs proches (ou identiques) provenant de fabricants différents, cela permet de trouver le mélange le mieux adapté au papier de son carnet, exemple pour la couleur de l’eau sous le fond de voûte de la source :

Teinte de fond de voûte n°2 : le bleu de phtalo vert Sennelier donne sur mon papier Montval après mélange avec le bleu outremer clair Blockx et l’alizarine cramoisie W-N, un bleu plus profond et lumineux tout en restant aussi transparent, qu’avec le bleu Winsor (nuance verte) W-N, c’est donc le mélange que je privilégierai.

Teinte de fond de voûte n°2 : le bleu de phtalo vert Sennelier donne sur mon papier Montval après mélange avec le bleu outremer clair Blockx et l’alizarine cramoisie W-N, un bleu plus profond et lumineux tout en restant aussi transparent, qu’avec le bleu Winsor (nuance verte) W-N, c’est donc le mélange que je privilégierai.

Le voyage du bleu : la Source bleue

Les couleurs ci-dessus (de l’eau de la source) préalablement préparées sur la palette, sont passées en humide par glacis (dans toute la surface concernée mouillée à l’eau claire) par-dessus les galets et cailloux du fond bien secs (réalisés en un premier temps), pour favoriser leur mélange sur le papier et obtenir les effets de transparence.

La Source bleue, motif terminé.

La Source bleue, motif terminé.

Si vous voulez en savoir plus sur la source bleue, sachez qu’elle a été explorée et que son siphon est devenu un « classique » de la plongée souterraine.

Elle conserve cependant encore une grande part de ses mystères et réservera probablement de nouvelles surprises aux futurs explorateurs.

Quant au plus célèbre peintre de la région (Courbet), il a peint cette source dans un tableau où je ne vois guère de bleu !

Mon interprétation personnelle du panneau placé à l'entrée du sentier de la Source bleue

Mon interprétation personnelle du panneau placé à l'entrée du sentier de la Source bleue

Enfin, pour terminer ce deuxième billet consacré au bleu, je voudrais partager avec vous ce très beau passage du livre de Thierry Lenain, "Loin des yeux près du cœur", 1997, Ed Nathan "Les couleurs pour un aveugle" :

"…ça la troublait que je ne connaisse pas les couleurs. Je lui avais pourtant affirmé que ce n'était pas grave, que ça m'empêchait ni de vivre, ni d'aimer... Elle tenait pourtant à me les apprendre.

Alors il y eut le jaune comme le soleil qui chauffe sur la peau, le vert comme le parfum de l'herbe mouillée le matin, le bleu comme l'océan quand tu es devant. 

"Tu t'es déjà tenu devant l'océan, pour écouter les vagues et sentir le vent sur ton visage ? M’avait-elle demandé. Eh bien le bleu, c'est comme ça."

Et elle le répétait inlassablement: ça, c'est jaune comme le soleil qui chauffe la peau, ça vert comme le parfum de l'herbe mouillée le matin, et ça bleu comme l'océan quand tu es devant.

C'étaient nos couleurs. Les couleurs de notre amour. "

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Jardin secret

La poésie n'arrive pas par hasard un jour de septembre.

Elle vient de très loin, d'un jardin oublié.

D'un jardin bien enfoui au fond de moi.

Un jardin secret que j'ai cultivé loin des regards indiscrets.

Loin de ceux qui ne comprennent pas.

Un jardin merveilleux que j'ai caché de peur qu'on le saccage.

Un jardin comme un trésor qui m'a aidée à survivre.

Un jardin peuplé de mots, de livres, de musique et de poètes.

Aujourd'hui, ce jardin apparaît au grand jour.

Un jardin qui peut fleurir en toute liberté

puisque la survie fait partie du passé.

On sous-estime la force et la valeur d'un jardin secret.

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FALSIFICATION DU REGARD

Peindre ou photographier ce que l'on voit ...Cela parait banal

Mais la composition importe toujours plus que la représentation

Une image peut détruire ou donner  un tout autre sentiment

Tel Bergotte l'Ecrivain dans la " Recherche " qui tombe de sidération et meurt  devant

la Vue de Delft  de Vermeer et ne voit que le Petit Pan de mur jaune

Cette intensité lumineuse qui dirige tout le tableau  digne du génie du peintre contraste évident par rapport à son manque d'inspiration persistant

" La Recherche " pour le jeune Proust devient  évidente par les émotions ,  le souvenir de la tasse de thé et des madeleines  bien sûr, mais ce désir inassouvi  de ne plus pouvoir écrire est présent par la vue de ce tableau  par l'intermédiaire  du personnage de l'écrivain ( selon l'étude de Philippe Boyer1987 Seuil /Essai )

Chaque regard apporte une autre version

Si je vois Stanley découpé en ombre chinoise...

 des griffes de panthère en talons sur le pavé ...

ou le tigre rugissant sur un paisible touriste...

Il y a un esprit différent dans le fait même de la représentation

L'Automne sera " Sauvage "

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Va me dit-elle

Va me dit-elle promène toi

Sort un peu de chez toi

Profite du soleil, qui réchauffe la ville

Ballade toi, l’esprit tranquille***

Comment veut-elle, elle le sait bien

Que je puisse aller le cœur serein

Seul, sans sa main dans la mienne

Pour nous deux, pas de cela qui tienne***

J’aurais tellement voulu, sa naissance

Ou il n’y ait pas cette intolérance

Ou pouvoir s’aimer, est interdiction

Si l’on n’a pas, la même confession***

Alors je préfère, rester sous mon toit

Ou à ma guise  je pense à toi

Que faire du soleil et du ciel bleu

Qui à l’âme, me mettent que des bleus***

 Si un jour, je n’entendais plus

 Que mes yeux perdaient la vue

Seul, me viendrait le son de ta voix

Mes yeux morts suivraient ta voie***

Si ma mémoire se disloquait

D’avoir beaucoup trop pensé

Tu serais mon immortel souvenir

Toujours présente à mes désirs***

Et puis un jour, peut-être enfin

Je quitterai de la vie le chemin

Pour que je ne sais où, mon âme

S’envole, joyeusement de mes flammes***

S’il y a quelle que chose après la mort

Je sais que je t’aimerai encore

Mais là encore, je serai loin de toi

Car en Dieu moi je ne crois***

Tu es mon amie la plus fidèle

J’espère cette amitié éternelle

Je t’aime ce n’est pas une nouvelle

Mais grâce à Dieu, que c’est cruel

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administrateur théâtres

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A l’occasion de la présidence italienne du Conseil de l’Union européenne, SIENNE* s’expose cet automne et SIENNE s’impose comme un rendez-vous artistique incontournable à Bruxelles ! Du 10 septembre 2014 au 18 janvier 2015 se tient  au PALAIS DES BEAUX ARTS  de Bruxelles une merveilleuse exposition d’œuvres en provenance de la prestigieuse Pinacoteca Nazionale di Siena et le Musée des Beaux-Arts de Rouen, ville qui accueillera d'ailleurs l’exposition, après Bruxelles.

Un juste  hommage est rendu à  cette ville  d’art  italienne qui jouit d’une grande tradition picturale après Florence.  Les 80 chefs-d’œuvre  exposés qui datent de l'époque gothique ont rarement quitté leur port d’attache. C’est grâce aux moyens de la plus haute technologie  élaborés ces dix dernières années que ces œuvres ont pu  enfin quitter Sienne et voyager  dans des conditions de sécurité valables. Les œuvres d’une fragilité extrême et toutes restaurées impeccablement  témoignent d’un art révolutionnaire qui, entre le XIIIe et le XVe siècle, fut notamment exercé par les frères Lorenzetti, Duccio di Buoninsegna, Simone Martini et Sano di Pietro.

Car forts de leur maîtrise picturale, ces artistes comme Duccio, Simone Martini, les frères Lorenzetti, Sassetta, Sano di Pietro, Giovanni di Paolo et tant d'autres vont véritablement inventer un nouveau type de récit, avec la création de modèles iconographiques. Ils renouvelèrent l’utilisation du paysage à l’arrière-plan grâce à l’introduction de la perspective et eurent recours à une palette de couleurs inédites par leur brillance et leur vivacité. A chaque arrêt devant les œuvres, on touche au sublime. Il est  fait de naïveté, de spiritualité, d’espérance et de beauté. La dynamique de chaque œuvre, ses lignes maitresses fulgurantes,  ses coloris, la perfection des visages, le galbe des corps, la fluidité des drapés,  le rendu des tissus et des  matières  ont  de quoi  émerveiller et de quoi  donner à notre société orgueilleuse  et impudente, un  bienfaisant  regain d’humilité. A chaque arrêt devant l’œuvre on se tait, touché par la grâce picturale et la vibration des couleurs. Un antidote contre la grossièreté ambiante!  

 Quant au  titre de l’exposition, s’il  parle d’ars narrandi  c’est que chaque œuvre  raconte une histoire biblique ou religieuse locale pour que le peuple peu éduqué puisse être édifié. Pour nous, visiteurs du 21 e siècle,  il s’agit d’une communion sans paroles avec notre histoire et parfois avec une indicible émotion. Chaque fois un petit miracle se renouvelle: on entre de plein pied dans des enluminures grandeur nature.  Cet art narratif et didactique d’une extrême finesse  est illuminé d’humour et d’expression d’émotions d’une grande humanité. Il est révolutionnaire, parce qu’il abandonne l’iconographie rigide de de l’art byzantin tardif et crée un monde vivant fait de scènes de la vie quotidienne, de  paysages réels comme décor, et de personnages très expressifs.

*"Sienne fut un carrefour en Europe La situation de Sienne sur la Via Francigena, l’itinéraire qui menait les pèlerins d’Europe du Nord vers Rome et, au-delà, vers les ports d’Italie méridionale et les Lieux Saints, a fait de la ville un important carrefour commercial et a favorisé les échanges artistiques. Les peintures, souvent de petits bijoux faciles à transporter tels que diptyques, retables portatifs et miniatures, ont été diffusés le long de cet itinéraire de pèlerinage. De la sorte, ils ont également fasciné les autres centres de l’Italie et marqué de leur empreinte l’Europe entière."

photo.jpg?width=175L’exposition, vous pouvez aussi l’emmener chez vous. Sous la forme d’un magnifique livre intitulé « Peinture de Sienne - Ars narrandi dans l’Europe gothique » dont les planches et les textes  témoignent de la dévotion artistique des collaborateurs.

Mario Scalini, Anna Maria Guiducci Collectif

http://www.bozar.be/activity.php?id=14090

Du 10 septembre 2014 au 18 janvier 2015
Palais des Beaux-Arts (Bruxelles)
Rue Ravenstein 22
1000   Bruxelles
http://www.bozar.be  Ouvert: De mardi à dimanche: 10h > 18h (Jeudi: 10h > 21h)
Fermé: Lundi

 

 

 

 

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Le chat,

Il était arrivé un matin de septembre: la vie de chat de ferme ne lui convenait pas. Il voulait un foyer, des câlins, quelqu' un avec qui parler le soir au coin du feu, des genoux sur lesquels faire la sieste.

La vieille dame l' avait nourri, il était un peu maigre; ils s'étaient regardés, apprivoisés, aimés.

Le chat était intelligent, il avait très vite compris que devenir un chat de maison impliquait quelques compromis comme  apprendre la politesse et ne pas monter sur la table.

La vieille dame n' était plus seule: quand roulé en boule sur ses genoux ou le ventre offert à ses caresses il ronronnait, elle oubliait sa retraite trop mince, ses enfants trop loins, la solitude, le silence de ses jours. Elle parlait, le chat répondait: des oreilles, de la queue, de la voix, du regard et la vieille dame s'émerveillait de tant d' amour dans ses yeux.

Le chat bien sûr menait aussi sa vie de chat tout comme la vieille dame menait sa vie de vieille dame. Il partait en visite un jour ou deux puis fidèlement revenait tout frétillant et affamé.

Il est parti comme cela un jour de décembre, le 12 pour être exact, et il n' est pas revenu.

La vieille dame comptait les jours. Au bout d'une petite semaine, prise de panique, elle a commencé à innonder les villages voisins, les fermes, tous les allentours d' affichettes amoureusement confectionnées. Tous les soirs pendant une heure ou deux, elle faisait les chemins et routes des alentours en appelant. Toutes les nuits elle entendait le chat dans son sommeil, il appelait à l'aide - puis il s' est tu.

Blessé par un piège, le chat à désespérément essayé de regagner son domicile, il a lutté, lutté, lutté ...

La vieille dame est de nouveau seule.12273053893?profile=original

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Oeuvres petits formats

travaux 30 x 40 cm techniques diverses : sur bois, cartons toilés cartons , papiers (cartons et papiers sous verre)
A partir de ce 20 Octobre jusque au 31 Décembre 2014, réduction de 10 à 20% suivant les œuvres me contacter en MESSAGE PRIVE œuvres visibles en mon atelier ou au Château de Vierset pour les personnes peu éloignées. Vous trouverez ces œuvres sur ma page Face Book Michel Marechal Photos - Album créations petits formats

POSSIBILITE de commande sur le net et D'ENVOI par colis postal ou autres, frais d' envoi non compris dans le prix, vu le coût peu élevé des créations envoi en Belgique, France, Québec etc..

Exemple : 

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Niki,

C'était une sacrée Nana,

magnifique, longiligne,

qui enfantait des femmes,

monumentales, multicolores,

plantureuses et somptueuses ;

comme autant de soleils

 dans un pays trop rouge,

qui serait, depuis elle,

gouverné avec talent et génie,

par la Féminité.

Mono-pouvoir,

 dénué de la moindre violence,

de cruauté, d'iniquité ;

ce serait alors,

une terre tout en couleurs,

en senteurs délicates,

dont les fleurs exubérantes

 ou sobres,

porteraient des prénoms

de "nana" , et grandiraient sans fin,

évincant même les arbres millénaires,

 indéracinables, monumentaux.

Une auréole multicolore,

respirerait, danserait,

 au dessus de la terre,

 depuis elle, devenue toute bleue !

Les carabines reposeraient en paix,

sous des montagnes vertes,

toutes fleuries par l'esprit de Niki.

Ce serait la permanence du "beau",

l'avènement de la féminité ;

fertilité créative pour chacune d'elles,

un Monde qui tournerait léger,

à son rythme, tout en musique !

Merci Niki.

 NINA

 

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Cadeau

J'ai reçu un cadeau.

Un de ceux qui ne s'achète pas.

Un petit oiseau chante au fond de moi.

J'ai reçu un cadeau.

Un de ceux qui se partage

les bras ouverts.

J'ai reçu un cadeau.

Un de ceux qui se propage légèrement

comme le semeur qui sème dans son champs.

J'ai reçu un cadeau

qui apporte douceur et joie de vivre.

J'ai reçu un cadeau

que je partage avec vous.

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administrateur littératures

Plus-value culturelle en péril?

  "...ils répondent plutôt à une logique commerciale et orientent vers des ouvrages plus fructueux à vendre...préférant une pratique de l'opacité...la visibilité est nulle..." lit-on dans un sérieux magazine littéraire au sujet d'une significative plateforme de vente en ligne d'ouvrages littéraires et autres produits de tout acabit. Faut-il s'en étonner? Avant tout la rentabilité, le profit, faire du chiffre, sinon c'est le Titanic assuré. Vraiment? Ne serait-ce pas une (simple) question de gestion pour pouvoir rendre le site de vente plus attractif et faire ressortir le meilleur du meilleur, c'est-à-dire la qualité? Qualité de style et de fond des ouvrages proposés?

  Les partenaires de la "chaîne du livre", éditeurs, libraires, critiques, bibliothécaires, se placent certes aussi dans une logique commerciale mais en y ajoutant une plus-value culturelle qui fait toute la différence. L'éditeur "travaille" le livre avec l'auteur et offre une information ainsi qu'une promotion du livre, parfois un pari sur le futur qui consiste à investir éventuellement à perte sur un auteur à l'avenir duquel on croit. Le libraire assure la visibilité du livre, propose une information, prodigue des conseils aux lecteurs. Le journaliste pose un regard critique. Le bibliothécaire assure l'accompagnement des lecteurs dans les multiples questions qu'ils se posent...bien, bien, ainsi la chaloupe de la plus-value coulera moins vite. Couler? L'invasion du numérique, de l'e-book, a porté un fameux coup à l'adorable livre papier dont on tourne les pages avec émotion et délice une fois en apnée avec l'oeuvre et son contenu souvent aussi riche que la faune et la flore marines réunies. Qu'ajouter à cela? Evolution, progrès, entend-on mais l'est-ce réellement?

  Réfléchissons-y sérieusement mais posément... Nos yeux par exemple ne vont-ils pas un jour se rétrécir au point de nous rendre inaptes à ouvrir un bel ouvrage littéraire parfumé? Les écrans sont partout: sur le téléphone portable, le smartphone, l'i-pod, la tablette, l'ordinateur, et n'oublions pas l'écran télé et l'écran ciné. Accro? On le devient aisément...et la littérature en fin de compte? Revenons-en à nos "mots-ons": préserver la chaîne éditeur-libraire-journaliste-bibliothécaire, avec la plus-value culturelle que celle-ci garantit (même si des adaptations de la chaîne seraient souhaitables), est un gage du maintien de la variété éditoriale, de la diversité créative aussi. Souvenons-nous en lorsque nous serons tentés, par facilité, de commander des livres chez un cybercommerçant douteux au lieu de privilégier ceux qui font réellement vivre le livre, et le saviez-vous? Les gros lecteurs achetant leurs livres sur la toile n'y découvrent qu'environ  7% de ces livres! Pour 93% de ces ouvrages de qualité, ce sont les libraires physiques, les journalistes, le service professionnel de l'éditeur et les bibliothécaires qui les ont informés, mais ce travail-là a malheureusement un coût. Il ne se brade pas. Tout d'un coup un Coelho apparaît dans une caisse à la brocante du coin? Foncez! Plongez! Des noms d'auteurs de qualité? Vous en voulez? Aucun ne sera cité ici, ce serait faire de l'ombre à tous les autres. Imaginez que je vous cite Eric-Emmanuel Schmitt, ce serait placer Amélie Nothomb à l'ombre. Et qu'est-ce qui fait le succès d'un livre ou d'un auteur au final? Trop d'éléments entrent en jeu ici, pas toujours les meilleurs... Se retrouver répertorié sur amazon.fr ou chapitre.com? Très bien mais ce n'est qu'une porte ou une fenêtre qui s'entrouvre. Les réseaux sociaux? Utiles essentiellement pour être suivi. A bon entendeur...

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