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Braises huile 30x60 

Braises huile 30x60  huile d’Andrée HIAR

 

Boum ! Quand le p’tit cône fait boum !

 

le cœur de la terre est en fureur et éclate sa lave rouge sang, qui s’écoule purifiant tout sur son passage destructeur et régénérateur d’une Vie nouvelle à venir.

Rouge colère, rouge rancœur, rouge brûlure, rouge de fougue, elle transporte la passion de son appétit de saccager les natures étranges, sous la menace de son magma en fusion.

Rouge enflammé, couleur du sang que font couler les despotes, les Nérons à la harpe et les anges noirs qui brûlent la liberté au nom de leur Art autocrate.

Geyser sans but, inconscient, führer stupide.  Cheminées du feu de l’enfer qui  embrase les mots qui refroidissent en durcissant. M’avez-vous reconnu, caché dans ce brasier ?  Je suis le petit cône qui fume en paix son panache, jusqu’à l’explosion brutale du chef du centre de la terre : le Diable.

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES

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Vertes amours.

 

Julie et moi, nous étions devenus amants six mois environ après qu’elle se soit séparée de Bernard. Nous nous connaissions depuis longtemps. Nous étions libres tous les deux.

Notre liaison durait depuis près de un an, et Julie souhaitait qu’elle continuât le plus longtemps possible.

- Pour toujours, hein, pourquoi pas ?

Julie avait cinquante-trois ans, l’âge des déchirures souterraines. De celles qui corrodent la texture des chairs, et apparaissent un jour à la surface de la peau en substituant aux lignes de vie des lignes de mort. Chaque matin elle contemplait son visage avec une attention douloureuse.

Son mari avait quitté Julie, il y avait trois ans déjà. Il avait dit que ce n’était plus possible, mais elle ne savait pas ce qui lui était devenu insupportable après tant d’années de vie commune. Parfois, elle souhaitait le revoir ne fût-ce que pour le lui demander. Même son départ,  elle le lui aurait pardonné s’il lui en avait donné la raison. Elle pensait que c’était à cause de son apparence physique. Une femme n’a que sa beauté, disait-elle. Le jour où elle cesse de plaire, elle cesse d’exister.

Lorsque son mari  avait quitté Julie, elle était restée prostrée de nombreux mois, incapable de mettre quelques idées en place : elles lui paraissaient aussi incongrues les unes que les autres sans rapport aucun avec la réalité. C’était à peine des bouts de pensée aussi inconsistants que les cercles que font dans l’eau les galets jetés par des enfants.

Puis, elle s’était efforcée de se reprendre comme on dit.

Elle eut quelques aventures. De celles qui naissent et se défont tout aussi vite à partir d’un regard plus appuyé, presque par lassitude, pour ne pas dire non ou parce qu’on a envie de dire oui à quelqu’un.

Et parce que son corps, elle voulait s’en persuader comme si c’était le signe du début de sa délivrance, avait à nouveau ses exigences. Elle en avait éprouvé un bien-être ambigu.

Le premier homme avec lequel elle s’était lié véritablement ce fût Robert. Ils ne s’étaient pas revus depuis plus de vingt ans. En ce temps là, ils étaient adolescents et il était amoureux d’elle.  

Finalement, cela avait été une expérience qui l’avait laissée insatisfaite sans qu’elle puisse dire pourquoi. Un jour où Robert lui avait proposé de divorcer pour refaire sa vie avec elle, Julie avait pris peur. Elle lui avait demandé de réfléchir encore.

- Pourquoi ? Il y a plus de six mois que nous sommes ensemble. Nous ne pouvons pas continuer de nous voir une ou deux fois par semaine comme s’il n’y avait rien d’autre entre nous qu’une aventure.

Il avait insisté :

- C’est toi, la première, qui a parlé de divorce.

Julie avait baissé la tête.

- Je ne sais pas, avait-elle dit.

C’est vrai qu’elle ne savait pas. A partir de ce moment  leurs relations ont commencé à se dégrader. D’abord, ils se sont rencontrés moins souvent sous toutes sortes de prétextes qu’elle inventait sans souci réel de vraisemblance. Au téléphone, la voix de Julie si chaleureuse naguère, était devenue froide, conventionnelle, celle d’une étrangère qu’on dérange. Ils avaient eu une dernière entrevue. Sereine et raisonnable comme devaient en avoir les adultes qu’ils étaient, c’est l’expression qu’elle avait utilisée. Ils avaient cessé de se voir.

Un jour, nous avons décidé de partir en vacances. Elle avait dit que ce serait l’occasion de mieux nous connaître, de nous voir tels que nous étions à toutes les heures du jour et de la nuit. Seuls. Sans personne autour de nous.

J’ai dit en riant :

- Ce sera un voyage de noces ou un examen ?

- Ne ris pas, a-t’elle répondu. Je crois que c’est important.

Nous sommes partis quelques jours plus tard. Pendant qu’elle faisait ses bagages, Julie n’avait pas cessé de plaisanter. Elle disait que je l’ennuyais à tourner autour d’elle mais elle était ivre de joie. Cette nuit-là, à l’étape, nous avons fait l’amour comme si ça avait été la première fois, et ce n’est que longtemps après que nous nous sommes endormis.

Durant tout le trajet, Julie avait parlé d’elle-même, de son mari, de sa famille et de sa jeunesse. D’une seule traite, elle voulait tout me découvrir d’elle.  

Mais les jours suivants, l’euphorie du départ s’était inexplicablement dissipée. L’humeur de Julie s’était assombrie, je la sentais préoccupée.

- Tu as un souci ?

- Tout le monde à des soucis un jour ou l’autre, tu ne crois pas ?

- Je voulais t’aider, dis-je.

Elle m’a regardé en souriant.

- Tu es gentil, je suppose que ça ira mieux tout à l’heure.

Nous sommes allés nous promener en voiture, nous nous sommes à peine parlés, nous regardions la route. Mais l’après-midi, au marché de la ville voisine, parmi la foule des acheteurs, Julie s’était rassérénée.

Le soir, après être rentrés, je lui ai demandé si elle était déçue.

- De quoi ?

- Ca n’a pas l’air de commencer très bien, nous deux.

Elle a haussé les épaules :

- A quoi est-ce que tu t’attendais, un jour n’est pas l’autre.

Elle m’a caressé la joue. Puis, elle a évoqué des événements de notre passé avec tant d’émotion et d’exubérance qu’elle m’a donné l’impression qu’elle se sentait mieux à nouveau. A l’aide de deux vies différentes, elle s’efforçait de reconstituer un passé qui nous était commun.

Le lendemain, nous reposions côte à côte,  je lui avais dit que je me sentais bien, que je la trouvais belle, et j’avais ajouté, Dieu sait pourquoi, en suivant de la main le contour de ses lèvres :

- J’aime tes rides. Ce sont les blessures de ta vie.

Julie avait le visage de ses émotions. Il était devenu blême et dur.

- Tu le fais exprès ? C’est quoi aimer ? Tu ne comprends rien à rien.

Elle était au bord des larmes.

C’est précisément cela qui la terrifiait. Ces rides, ces rougeurs, cet amollissement prévisible de la chair. Ce corps nouveau dans lequel elle se moulait peu à peu au point qu’un jour elle ne se reconnaîtrait même plus comment est-ce que je pouvais dire que je l’aimais ?.

- Tu me fais peur, je me demande si tu réfléchis avant de parler, si tu te rends compte de la portée de tes paroles.

Nous avons fini la nuit dans des chambres différentes.

Nous avons décidé de rentrer. Nous avons roulé toute la journée. Le soir nous étions à Paris. Dans la chambre d’hôtel nous nous sommes serrés l’un contre l’autre comme si nous avions peur de nous perdre.

Nous sommes rentrés chez nous, et nous avons cessé de nous voir.

 

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Bibart - La Bibliothèque du livre d'artiste

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ll était attendu, il était annoncé ... il est arrivé avec la nouvelle année, le nouveau site internet de BIBART. Découvrez-le sur www.bibart.org
Le premier site internet exhaustif dédié au livre d'artiste : un contenu riche (définitions, éditions, activités, vidéo, agenda, ...) et surtout la base de données complète de nos collections contenant des centaines de livres de près de 400 artistes ! BIBART.org est un site en perpétuelle évolution, en développement permanent. N'hésitez pas à nous rendre visite régulièrement pour suivre toute l'actualité du livre d'artiste. Bonne visite !

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Exposition Art et Math - ULB

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Exposition Art et Math



Il existe aujourd'hui de nombreuses œuvres artistiques (sculptures, gravures, peintures, dessins, littérature, art digital, photo, vidéo, installations, etc.) dont le fondement mathématique est profond, original... et pourtant totalement incompris, ou tout simplement invisible aux yeux du public. Le manque de proximité de la majorité d'entre nous avec les mathématiques n'y est bien entendu pas étranger.
C'est à ce paradoxe que l'exposition "Art&Math" tentera de donner une réponse: une réponse aussi innovante, qu'agréable et accessible à tous.
Elle dévoilera en effet les liens profonds qu'entretiennent certaines œuvres visuelles avec des concepts non triviaux des mathématiques. Un équilibre entre art et math sera assuré par un dialogue entre les œuvres et des commentaires sur les mathématiques qui sont sous-jacentes aux œuvres présentées.
Les cimaises de l'exposition mettront à l'honneur des auteurs et des plasticiens de renom, comme Raymond Queneau, Jean-Pierre Maury, Philippe Decelle, François Huon, Robert Kayser, Jean-François Diord, Philippe Geluck, Luc et François Schuiten, Thierry et Paul Gonze... pour ne citer qu'eux. Des artistes en devenir, encore étudiants en académie, seront également accueillis, de façon à offrir un pont entre les générations artistiques. Au total, une septantaine d'artistes seront réunis autour de la thématique.
> En pratique: Vernissage le 16 janvier 2014, à 18h, en présence des artistes. Du 17 janvier au 1er mars 2014 - Salle Allende - ULB - campus du Solbosch.
Lu et Ma/12h>14h-Me au Ve/12h>18h et Sa/14h>18hEntrée libre Informations et réservations: gdemeur@ulb.ac.be
Cette exposition est portée par Gisèle De Meur, professeur de mathématique et directrice de MATsch, le Laboratoire de recherche en mathématiques et sciences humaines de l'ULB (Faculté des Sciences sociales et politiques) ; en collaboration avec ULB Culture (Département des Services à la communauté universitaire).

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Nos hivers québécois

SWP 6476

                                             Doux ami,

Si tu voyais ici, comme c'est beau l'hiver!
Les érables géants, sculptures délicates,
Étalent leurs ramures noircies sur de la nacre.

La neige immaculée s'amoncelle partout.
Sur les toits, les sapins, en bancs sur le gazon.
Pour qui s'y aventure, elle est sable mouvant.

Les rues, ensoleillées sont des tableaux vivants;
Des ombres y varient selon l'humeur du temps,
En symétrie fidèle, au tout commencement.

L'air frais, froid ou glacé, est chargé d'énergie.
Si l'on veut s'attarder il faut se rendre actif
Lors, ce n'est qu'à l'abri qu'on devient nonchalant.

Derrière d'immenses baies, fasciné, on contemple,
Dans l'éblouissement, en pleine nuit souvent,
Des haies de blanc corail, des buissons de cristal.


17/12 2003

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SEDUCTION...

Une attitude et un regard...

Une élégance ou un hasard?

Une courtoisie de chaque instant

Dans un siècle où c'est détonnant!

La voix posée, presque en sourdine

Et le banal se fait intime...

Les mains soignées si paresseuses

Et les pensées se font rêveuses!

Des phrases rares à bon escient

Le désir se fait pertinent!

Le cœur s'emballe comme en folie

Même la laideur se fait jolie!

Comment décrire et détailler

Les petits riens qui font aimer?

Voilà qu'on pense à séduction...

Qui peut rimer avec passion!

J.G.

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Une fleur qui pique

 

fleur-qui-pique042.jpg

Dessin d'enfant

Si le monde devient pollué et méchant,

Il poussera sur le béton,

                                                             D’étranges fleurs asymétriques

Et les hommes étonnés

S’y piqueront le front.

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administrateur partenariats

La plupart des partenariats entre la poésie et la peinture sont issus du travail du poète.

Mais certaines peintres ont à leur tour irisé leur palette des mots d'un(e) poète ...

Voici , dans l'ordre chronologique, le florilège des peintures

offertes par les peintres aux poètes !

" Démonia."

Aquarelle de Adyne Gohy

sur un poème de Claudine Quertinmont , mars 2013

Jeune fille gothique

Duo plume-peinture.

 

Sourire  carnassier,  elle  mord  dans  la  vie,

Vêt de noir ses cheveux et son corps révolté,

Arbore ses penchants  comme assurance-vie,

Montre des choix mortels pour ne pas s’adulter.

 

Pour heurter l’opinion,  se fringue gothique,

Dans  un  exorcisme,  symphonie  à  la  mort,

Elle  crée  son  look,  garde-robe  unique,

Squelettes et cryptes à la gloire des morts.

 

Les  poupées  fétiches  fardées  de  ténèbres,

Ont  de  jolis  habits portés  mignardement,

Les bouts de dentelles  et  résilles funèbres,

Dans l’esprit médiéval les couvrent éloquemment.

 

Affligé  du  présent,  l’Ange  de  la  cité,

Revêt un long manteau pour foutre le glacis,

Aux gens de la norme croisés sans ambiguïté,

Sur  sa  route  obscure  parsemée  de  lacis.

 

Minuit étend son voile sur ces enfants perdus,

Le  Seigneur  de  la  nuit  les berce doucement,

Jusqu’au  petit  matin  sur  le  chemin  ardu,

De  l’adolescence  à  son  adoubement.

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.

" L'hiver "

Peinture de Liliane Magotte

sur un poème de Rebecca Terniak , décembre 2013

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Cher Saule,

Dans ta tourmente, solitaire,

Jeune arbre, pensif, te tiens dressé.

Saule d'or tendre, de pluie amère,

Dans ton hiver, tu t'es noué.

A la terre dure, ton tronc fige.

En lui, toute sève occultée.

De l'espace -temps morne et glacé

Et à venir, tu as vertige ...

Las, fi de bourrasque et froid cruel !

De ton front haut, défies le ciel !

Nul Dieu de ta fin se rira,

Ni ton combat te dictera.

Seule virevoltante, folle et rebelle,

De mille morts souffrants trépas,

Ta chevelure se tord et ploie

Et se relève, fière à l'Appel !

Rébecca Lily Terniak - 1981

" Amour Rose d'automne "

Aquarelle de Adyne Gohy

sur un poème de Claudine Quertinmont , décembre 2013

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Amour Rose d'automne

Il était une rose transie d'un frêle amour,

Pour un papillon bleu, aux ailes si douces

Qui lui rendait visite, lui faisait des mamours,

Il était une rose transie d'un frêle amour,

Son parfum voletait de pétale en frimousse,

Des boutons ravissants de ses jeunes pousses.

Il était une rose transie d'un frêle amour,

Pour un papillon bleu, aux ailes si douces.

Peu à peu l'été s'endormit et son coeur se givra,

Embrasant les feuilles, les incendiant de feu,

Couvrant la nature de robe d'apparat.

Peu à peu l'été s'endormit et son coeur se givra,

Rose et doux papillon se firent de longs adieux,

Le coeur las et brisé, des perles pleins les yeux.

Peu à peu l'été s'endormit et son coeur se givra,

Embrasant les feuilles, les incendiant de feu.

Claudine Quertinmont

"Fabienne sur scène"

Aquarelle de Adyne Gohy

sur une musique de Fabienne Coppens , décembre 2013

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Eugénie

Personne ne l'attend

Elle rêve pourtant

Que quelqu'un l'attend...

Pour rentrer chez elle

Elle s'invente des ailes

Elle voit sa vie en grand

Dans les journaux du vent

Se répète les mots

"Amour et braséro"

Un ange, à ses côtés

L'empêche de tituber

...Une présence née

De son solo salé

Alors, Eugénie appelle son génie pour alléger sa vie Eugénie...

Par les lignes de ses mains

Elle sait que quelqu'un vient

Elle parie juste un peu

Avec son coeur en deux

Qu'elle trouvera le feu

Qui brûlera ses maux

Ses fards (phares) et ses bobos

Fini de garder pour elle

Ses joies et ses querelles

Quand on est seul tout le temps

Il en faut du talent

Pour s'offrir du bon temps

Et loué de l'allant...

Alors Eugénie appelle son génie pour alléger sa vie

Elle n'est pas vraiment elle

Avec personne à elle

Y'a des bouts de sa vie

Qui manquent de folie...

Personne ne l'attend

Elle rêve

pourtant

Fabienne Coppens

" Adam et Eve "

Aquarelle de Jacqueline Nanson

sur un poème Claudine Quertinmont , décembre 2013

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FEUILLES D'OR AUTOMNALES.

Il était une fois aux temps inexistants,

Du cycle des saisons, deux esprits incarnés,

Dans une chair rose aux sexes coexistant,

D’un hermaphrodisme par l’amour consterné.

Le Verbe créateur avait clos son rêve,

Dans un été constant, sans mois ni saison,

Eden parfait sans désir, si ce n’est pour Eve,

Démunie de secret et de contrepoison.

Frappé d’anathème au cœur de son jardin,

Dieu perçu ses blâmes, la soumit au péril,

De la fascination d’un fruit rouge gredin,

Qui éclata son sexe comme une fleur d’avril.

Chassés du Paradis dans l’effusion de sang,

Qui fit naître l’amour, nus en terre hostile,

Peu à peu le Seigneur décoléra céans,

Et créa l’automne, aux feuilles fertiles,

Pour couvrir d’un manteau son couple d’enfants.

Les saisons étaient nées, l’hiver allait suivre,

Pour gonfler leur toison d’un duvet cotonneux,

Etre forts et vêtus en quittant soufflegivre*,

Couverts de feuilles d’or sous des temps floconneux.

Il décida de bénir les choses et les gens,

Nomma le printemps, l’été, l’automne et l’hiver.

Elle s’appelait Eve, Il l’appela Adam,

Les destina à répandre, à propager l’Univers.

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.

 

" Féerie matinale "

Aquarelle de Adyne Gohy

sur un poème de Gil Def , janvier 2014

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"Et la lumière peint...encore"

Quand l'aube de chaque matin

Là s'en vient dans un encore

L'astre d'or poursuit les rêves

Se lève selon la saison

L'horizon change de lueurs

En couleurs en jaune en feu

Tout en bleu il peut l'orange

Mélange en transparence

Nuance le ciel la terre la mer

Les tons clairs estompe son trait

Disparaît la lune reste voile

Les étoiles se perdent dans l'espace

S'effacent le temps suit son cours

Chaque jour offre toujours nouveau

Un beau tableau comment ne pas y voir

L'espoir ou croire la beauté divine

Qui illumine cet encore en poésie

Et en vie...Une larme vient au bord des yeux

C'est merveilleux quand éclate la lumière

de Gil Def

Les partenariats d'

Arts
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Lettres

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Sans toit, à mi-voix

 

Sans toit, à mi-voix

 

Sur le sol, un corps presque inanimé.

Visage glacé, sans expression humaine.

La désinvolture, l’insuffisance, simplement survivre.

Un regard figé, mélancolie silencieuse.

 

Sur le sol, des piétons circulent allègrement.

L’indifférence totale, l’humain déshumanisé.

Peu de sagesse, l’incroyable réalité.

La recherche de comprendre un certain pourquoi.

 

Sur le sol, l’errance d’un esprit maladif.

Douleur, l’inaction, l’atrocité.

L’abandon, yeux clôturés, l’épilogue.

Sur le sol, vie anéantie à tout jamais.

 

André, épervier

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Souvenirs d'un vieillard

 

 

Se souvenir, c’est une activité de vieillard.

J’imagine que c’est pour prouver qu’ils ont vécu que les plus âgés d’entre nous sont incités à se souvenir. J’ai connu une femme qui les relatait avec beaucoup de précision, et qui les datait dans l’ordre duquel les faits évoqués s’étaient déroulés.

Ils étaient si nombreux et si détaillés qu’on pouvait croire qu’elle avait vécu deux fois. Ou alors c’est que certains d’entre eux, elle les avait vécus en même temps.

- Tu veux rédiger tes mémoires ?

J’ajoutais en riant pour me moquer d’elle :

- Ou alors tu veux écrire un roman ?

- Je veux me souvenir. J’en ai relus quelques uns. Je suis triste. Ce ne sont que des souvenirs agréables. A croire que ma vie n’a été qu’un enchainement de choses agréables.

Et moi ? N’ais-je connu que des choses agréables ? C’est impossible, je le sais. Mais les choses qui ne l’étaient pas je n’ai jamais désespéré ni de les surmonter ni d’en connaitre d’autres plus heureuses. Ou alors c’est que j’ai beaucoup oublié.

Parfois je me pose la question : et si je suis heureux tout simplement parce que j’existe ? Pourtant ce n’est pas vivre que de seulement exister. La plupart des penseurs le prétendent depuis la plus lointaine antiquité. Ce qui m’a toujours surpris, c’est que leur visage exprime de la tristesse.

Si comme cette amie je m’efforce de me souvenir, c’est parce que.je veux être le sujet d’une histoire moi aussi.    Une histoire dont je ne suis assuré du dénouement que depuis très peu de temps.

Les souvenirs sont souvent identiques chez chacun de  nous. C’est affaire d’imagination je suppose, ou d’obsession. Les miens évoquent toujours les femmes que j’ai aimées ou celles qui m’ont aimé. J’ai de la chance, j’ai toujours été aimé des femmes.

La première dont je me souvienne était la fille du docteur Adam dont le domicile se trouvait en face du nôtre. Nous nous connaissions depuis l’âge de douze ans mais notre premier baiser nous l’avons échangé à l’âge de seize ans dans le parc qui se trouve à côté de la gare des chemins de fer, et qui se prolonge jusqu’aux grands boulevards. C’est là que se rejoignaient les jeunes gens. Les sentiers y étaient étroits et sinueux. Peu de temps plus tard nous avons cessé d’être amoureux l’un de l’autre. Je voulais la caresser mais j’avais peur des aspects obscènes de l’amour. Ceux qui fascinaient le jeune homme que j’étais encore. Finalement, elle aurait probablement été heureuse si j’avais eu le courage de la bousculer comme j’avais deviné que le faisaient certains couples dissimulés dans les broussailles. Trop respecter une femme, je le sais aujourd’hui depuis longtemps, c’est la décevoir.  Reconnaissons-le, c’est lui manquer de respect.

Un autre souvenir date de plus tard. Une jeune espagnole m’avait entraînée le long du fleuve et elle avait glissé la main dans mon pantalon. Hélas, j’avais joui presque tout de suite de sorte que depuis elle sortait avec le fils du marchand de meuble, une sorte de rustre qui se vantait de ses conquêtes.

La seule femme à laquelle je n’associe pas les gestes de l’amour physique, c’est ma femme. L’épouse avec laquelle j’ai vécu plus de vingt ans avant qu’elle ne meure.

Puis après une période de célibat que ma conscience me dictait, j’ai rencontré cette amie qui relate aujourd’hui  ses souvenirs si méticuleusement. Ils sont tous attachés aux amours qu’elle a connus. Je me demande si elle leur attribue des notes ou des points ?

Souvent les vieillards trient les photos qu’ils avaient entassées sans beaucoup d’ordre dans des boites à chaussures. Elles sont souvent datées à l’arrière. Ils les étalent sur la table et s’apprêtent à les mettre dans un album. Question de mémoire… ou de manque de mémoire.

Cette amie était à cette époque une femme à qui les jeux du sexe étaient nécessaires. Question de culture, disait-elle. Comment initier de jeunes couples aux jeux de la nuit si nécessaires à leur épanouissement. Certes, cela n’évite pas les ruptures mais généralement les ruptures se consomment durant le jour.

Nous avons comparé nos souvenirs.

C’est drôle, elle et moi n’avions que deux souvenirs en commun. Le premier datait des premiers jours de notre rencontre. Le second de la dernière nuit. Je m’en souviens parfaitement, c’est au petit déjeuner qu’elle a tenu à me beurrer mes tartines.

Le temps a fait son œuvre comme on dit. Ou l’âge.

 C’est quoi les souvenirs d’un vieillard ?

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administrateur théâtres

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Récit de la servante Zerline

Hermann Broch

La Servante

Du 07 au 25.01.2014

Au théâtre des Martyrs

Prise dans l’étau de deux musiques sentimentales

Couple amoureux aux accents méconnus
Le violon et son joueur me plaisent.
Ah ! j’aime ces gémissements tendus
Sur la corde des malaises.
Aux accords sur les cordes des pendus
À l’heure où les Lois se taisent
Le cœur en forme de fraise
S’offre à l’amour comme un fruit inconnu.

(Louise de Vilmorin, Fiançailles pour rire, 1939)

 

Ce poème  pourrait sûrement se murmurer sur la musique d’ouverture de la pièce…tant l’invitation sentimentale est vive. Mais c’est tout le contraire qui accueille le spectateur. Voici au lever du rideau une pièce vide comme une cellule, ouverte sur une baie vitrée dont les châssis chuchotent le mot grille!  Jacqueline Bir apparaît dans la croisée, dure, austère épave rhumatisante presque émaciée, les cheveux collés au crâne, voûtée dans son tablier blanc dans les poches duquel elle ne cesse de plonger les mains pour retrouver le fil de son histoire. Une histoire lâchée soudain à un locataire muet, affalé au pied du mur.

 

Pendant tout le huis clos elle circule comme une figure naturaliste peinte par Daumier entre trois chaises grand siècle… trois personnages absents qui ont étayé sa pauvre vie. Sa parole contenue pendant des années explose enfin. On est loin d’ « Un cœur simple » ! Voici un cœur rebelle ! "Je suis intelligente!"  Elle est servante humiliée depuis l’enfance, objet domestique privé depuis le plus jeune âge de toute  vie affective qu’elle a passé une vie à composer et recomposer librement. Enfermée à jamais dans la folie  de la perversité. Comment mieux symboliser d’ailleurs le délabrement des valeurs de la société dans laquelle vivait Hermann Broch ?  Cet écrivain autrichien créa l'image d'« Apocalypse joyeuse » pour désigner le sentiment de désastre imminent et d'effondrement prochain de l'Empire austro-hongrois au début du XXe siècle. Une lecture  prémonitoire de délabrement des valeurs en ce début de  XXIe siècle? Sauf qu’ici l’apocalypse n’a rien de joyeux.

D’un bout à l’autre, la voix posée de l’actrice dissèque sa vie perdue, son absence de mariage et son manque d’enfants, ses infâmes machinations contre tous : son seigneur et maître le président de cour d’assises, son amant Von Janu qu’elle partage avec sa maîtresse haïe,  et l’enfant, Hildegarde,  fruit illégitime de celle-ci  et de cet « autre homme ».

Vindicative, elle étale avec passion et sans relâche la décadence, l'hypocrisie sociale, les dénis de justice, les complaisances douteuses, les silences coupables, les petites lâchetés et les grandes chimères qui tissent sa vie de domestique. Elle revit sa folle passion, son désir et son extase de dix jours, l’abandon de son amant et sa sombre vengeance. Les mots sont sa vie, pour se sauver de la perdition. Grâce à eux, elle affiche son indépendance amoureuse, sexuelle et morale. En amour  «  Des mains un peu rouges valent mieux que tout ce vacarme cérébral manucuré. »  D’un bout à l’autre du spectacle, elle glace le public par les violents aveux de ce monologue lucide et impitoyable. Les éclairages de Philippe Sireuil , le metteur en scène soulignent à merveille  la sombre et féroce confession qui fuse des lèvres de  notre toute grande comédienne belge qui réapparaît, souriante et mutine pour saluer un public mesmérisé après le deuxième morceau de musique qui conclut l’histoire.

Crédit photos 1 à 4: ZVONOCK

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece4.html

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L'austère Dame qu'on vénère

 

Elle fait naître tant d’émois,

Ce courage qu'entraîne la foi!

Est-elle muse ou bien déesse?

On lui bâtit des forteresses,

Que l’on appelle des Palais,

Auxquels tous les gens ont accès.

Dame Justice règne en ces lieux

Mais invisible comme Dieu.

La grande dame n’intervient

Que si l’on a assez de bien

Pour honorer ses auxiliaires,

Indispensables intermédiaires.

Elle n’écoute que leur voix,

Lors on se tait, faute de choix.

Et pourtant l’on garde en son coeur

L’espoir de la trouver ailleurs.

20 janvier 2006

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J U S T I C E

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("La sentence", huile sur bois)

Qui dira les poids respectifs

Des deux plateaux de la balance

Lorsque la Justice balance

Entre le libre et le captif

 

 

Lorsqu'elle enlève son sous-tif

Qui dira quel sein entre en danse

Donnant raison à la jactance

Du plaideur le plus incisif

 

 

Noires défroques des acteurs

Et palais en décor de foire

- Peine rendue exécutoire -

 

 

Et sous sa toge rit le diable

Cette fois la Justice instable

A commis encore une erreur

(inédit)

 

 

 

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"Féerie matinale"

 

Une aquarelle d'Adyne Gohy

 

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 Inspirée par une poésie de Gil Def

 

"Et la lumière peint...encore"

 

 

Quand l'aube de chaque matin

Là s'en vient dans un encore

L'astre d'or poursuit les rêves

Se lève selon la saison

L'horizon change de lueurs

En couleurs en jaune en feu

Tout en bleu il peut l'orange

Mélange en transparence

Nuance le ciel la terre la mer

Les tons clairs estompe son trait

Disparaît la lune reste voile

Les étoiles se perdent dans l'espace

S'effacent le temps suit son cours

Chaque jour offre toujours nouveau

Un beau tableau comment ne pas y voir

L'espoir ou croire la beauté divine

Qui illumine cet encore en poésie

Et en vie...Une larme vient au bord des yeux

C'est merveilleux quand éclate la lumière

 

de Gil Def

 

Un partenariat
Arts
 
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Lettres

 

 

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sourire

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Ton sourire est un des plus beaux moments à vivre. Ton regard s’illumine, il respire, il vit…

Ou il revit !

Fini ce masque de tristesse qui ne sera plus présent que pour te rappeler le passé…

Jusqu’au moment où il sera comme ces fantômes, aux oubliettes !

Regarde-les, ils se posent des questions, pourquoi enlever ce masque ?

Le moment est propice, la foule admire leurs copies, eux, bien vivantes mais nous n’en avons rien à faire, nous sommes pressés…

Pressés de vivre, de sourire, de rire, pressé de vivre une autre vie ! 

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Pages d'écrivains..

Aujourd’hui, c’est jour de repos, un jour où j’ai décidé de ne rien faire. Non que je sois épuisée, fatiguée par mes nouvelles activités mais parfois j’éprouve le besoin de me replonger dans ce qui a fait ma vie durant de nombreuses années : les mots.

Ceux qui se lisent avec bonheur, sans lassitude, ceux que j’écris avec magie, enchantement, ceux que j’attends avide de les parcourir, de les déchiffrer et de m’en imprégner avec un certain contentement. Indispensables à ma vie comme l’air que je respire, je les cherche, les recherche sans fin.

Installée confortablement, mon esprit déjà s’évade, part, et court vers d’autres horizons. Dés cet instant, je vole vers cet espace qui n’appartient qu’à moi et qui est peuplé de héros, d’histoires, de vies que j’endosse par moment.

Vies qui me font traverser des mondes peuplés d’hommes et de femmes, où le quotidien n’est pas forcement agréable et où la réalité se nourrit de faits parfois réels. Souvent aussi comblées d’histoires d’amour où les déchirures laissent des traces, des rides ineffaçables que le temps continue à creuser interminablement. Parcourir le monde par les écrits de personnages inattendus rend le quotidien plus viable.

Tous ces récits me bercent et me font rêvasser à chaque instant. Chaque livre, chaque histoire devient unique et c’est souvent tristement que je referme le dernier chapitre d'un livre avec la promesse d’y revenir dés que le temps le permettra.

C’est une grande joie de pouvoir s’évader dans ces pages d’écrivains, d’artistes qui en ont fait un art si profond que l’on peut s’y noyer à volonté.

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CFC-Editions

 Ce samedi 11 janvier à 12 h

Les Caves de la Gestapo à Bruxelles
Reconnaissance et conservation


Avec Daniel Weyssow, chargé de projet à 
Mémoire d’Auschwitz asbl et
André Dartevelle, historien et cinéaste







Chargé de projet à Mémoire d’Auschwitz ASBL, Daniel Weyssow exposera la problématique de la reconnaissance et de la sauvegarde des inscriptions murales conservées dans les caves des 453 et 347 avenue Louise. Son invité, l’historien et cinéaste André Dartevelle, rappellera sa découverte des caves en 1995 et la publication qui s’ensuivit réalisée avec Isabelle Ponteville, Avenue Louise 347Dans les caves de la Gestapo, Bruxelles, Centre de Recherches et d'Études historiques de la Seconde Guerre mondiale, Buch Édition, 1996.

Les objectifs de la Gestapo consistaient essentiellement à arrêter les résistants et opposants politiques, et à déporter les Juifs et les Tsiganes vers les camps de la mort. De nombreux récits témoignent de ce qui se déroula dans les immeubles occupés par la Sipo-Sd avenue Louise, aussi bien aux étages que dans les caves. On aurait pu songer, à l’issue de la guerre, à y transformer un appartement en mémorial doté d’une exposition évoquant le rôle et les brutalités de la police SS. Un accès aux caves, alors couvertes de graffitis comme l’atteste le seul cliché retrouvé de celles du 347 pris par l’armée canadienne à la Libération en septembre 1944, aurait débouché sur un témoignage particulièrement fort et éclairant. Loin de cette perspective, cette mémoire a été abandonnée et laissée aux seuls soins des propriétaires et locataires. Avec les conséquences que l’on imagine mais aussi quelques surprises. Est-il imaginable qu’en 2014, soixante-dix ans après qu’elles aient été tracées, ces inscriptions ne puissent faire l’objet d’un simple recensement?


Librairie Quartiers Latins
14, Place des Martyrs
1000 Bruxelles 
www.cfc-editions.be 

P.A.F : 5 €
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L'histoire véritable de Jésus de Galilée.

 

 

Il n’y avait plus beaucoup de convives à table.  Après que Jésus se soit levé, Judas s’était levé à son tour. Ils s’éloignaient en se parlant. Judas avait entouré les épaules de Jésus. Pierre avait toujours soupçonné qu’il lui portait une amitié trop marquée.

Il faisait torride. Dès le milieu de l’été, Bethléem est un véritable chaudron. Impossible de sortir, la tête découverte.

 Il se demandait de quoi ils pouvaient parler. Jésus faisait de grands gestes. Il marchait à grands pas. De temps en temps, il se retournait pour parler à Judas qui avait peine à suivre. Pierre  ne les aimait pas beaucoup ni l’un ni l’autre.

Au début, Jésus et les siens n’étaient rien. A peine un groupuscule qui n’inquiétait pas Jean-Baptiste, le plus entreprenant de tous les leaders qui s’opposaient aux autorités hébraïques.

- Rejoins-nous ; disait-il à Jésus.

Il l’avait demandé à plusieurs reprises mais à chaque fois, Jésus riait.

- Continue de te laver les pieds.

 Il fût un temps où Pierre, l’intendant de Jésus,  s’était demandé si Jean-Baptiste n’était pas plus habile que Jésus. S’il ne valait pas mieux le suivre. Puis, parce que même les romains ne s’en préoccupaient pas,  il avait conclu qu’il ne représenterait jamais rien auprès des hébreux non plus.

Jésus, il le voyait bien, avait une autre allure. Ce n’était pas seulement un tribun dont la voix portait loin mais son discours était original.

- Après la mort, vous serez devant mon père. Il vous jugera. Ceux qui sont les premiers aujourd’hui et ici seront les derniers alors que les plus pauvres, les plus nombreux d’entre nous, seront les premiers, et à la droite de mon père.

Jésus pensait que ce qu’il disait correspondait à la réalité. Il était le fils de Dieu et le roi des juifs.

- Tu ne crois pas sérieusement que ce que tu dis est vrai ?

Judas pensait que Jésus voulait juger de sa rhétorique. Parfois cependant, il avait le sentiment que Jésus était convaincu de ce qu’il disait. Il refusait de n’être que le fils d’un charpentier ?

Il y avait des classes sociales différentes en Palestine. Des marchands, des ouvriers et des paysans, des pauvres et des riches. Des autorités civiles et religieuses. Et des artistes qui, le soir venu, à la lueur d’un feu, amusait un auditoire mélangé qui leur jetait des pièces de monnaie.

Tout le monde se plaignait de la présence des romains qui occupaient le pays. Ils se mêlaient peu cependant de la vie des hébreux. Mais il s’agissait d’occupants dont les distractions étaient différentes de celles qu’appréciaient les hébreux hormis les courses qui réunissaient tous les amateurs dans de vastes stades. Les mêmes stades où se réunissaient les autorités militaires lorsque le représentant de Rome se livrait à des proclamations qui confirmaient son autorité.

Pierre était un fils de marchands. Ce sont souvent les fils de marchands qui sont heurtés par la facilité apparente avec laquelle leur père a gagné l’argent que les fils dépensent si aisément. Ils disent que c’est cet argent qui est la base de toutes les injustices sociales. Les moins nantis cependant, il en était convaincu, c’était leur désintérêt pour l’argent qui était la cause de leur misère. La preuve, c’est qu’ils ne cherchaient pas une meilleure condition.  

Jésus considérait Pierre comme un de ses fidèles parmi les plus dévoués. Judas, c’était autre chose.

Peut- être parce que Judas connaissait la liaison qu’il entretenait avec Myriam ? Et qu’il n’en avait jamais parlé avec quiconque. Même avec Jésus. On peut être le fils de dieu, on en est pas moins un homme. Myriam était belle.

Pierre, lui aussi, était amoureux de Myriam. Peut être voulait-il simplement jouir d’elle ou en faire sa compagne et la mère de ses enfants, qui le sait ? Ce qui est sûr, c’est que la présence d’un autre constitue bien plus qu’une injure qu’on essuie de la main. La jalousie amoureuse, le sentiment qu’un autre jouit de ce qu’on considère comme sa propriété, provoque une haine véritable qui obscurcit le cerveau. Seule la mort du rival permet de jouir aussi fort que ne le fait la possession de celle qu’on désire.

Depuis quelques temps Jésus hésitait entre une carrière politique qu’il devinait croissante et Myriam qui lui devenait indispensable.

Il la prenait par la main, et ils s’éloignaient tous les deux sans prévenir qui que ce soit. Ou bien, il marchait à la tête de ce peuple dont il était désormais le seul roi, un bâton à la main. Il hésitait et jouissait de chacune de ces situations, tour à tour, durant la nuit. La nuit, les rêves n’engagent à rien.

Pierre de son côté  était déterminé à parler avec Myriam.

- Oui ou non, Myriam. Veux-tu être ma compagne ?

- Pierre, tu sais bien que j’en aime un autre.

- Et lui, est-ce qu’il t’aime ?

Il lui prit les mains. Il avait ce regard qui l’avait toujours subjugué.

- Je te trouve belle. Je ferai de toi une femme qui compte. Mon père et moi, nous nous partagerons les affaires. Tu seras fortunée, toi aussi.

Il l’avait prise entre les bras. Elle n’osa pas se refuser. Le sort de Jésus désormais était scellé. Qui donc trahit le mieux sinon celle qu’on aime ?

Il faut le reconnaitre, la plupart du temps l’amour est une comédie. Ce sont les grandes déclarations qui en font une tragédie à même d’émouvoir le peuple.

Pierre était le fils d’un de ces marchands qui occupaient les marches du temple.  Le jour du Shabbat les fidèles s’y pressaient. Les fidèles fortunés occupaient le siège qui leur était réservé durant toute l’année. Ils constituaient une clientèle qui aimait à montrer sa piété et son aisance. En outre, certains membres du Sanhédrin y recevaient  des sommes d’argent destinés à des œuvres. L’entente était bonne entre les uns et les autres.

L’époque était mûre pour la prolifération de véritables sectes dont les chefs haranguaient les fidèles, et se faisaient concurrence. En réalité, ce n’étaient que de boutons d’acné sur le visage imposant de l’empire romain.

 Toutefois, le plus gênant, le seul en vérité, était celui qu’on surnommait le Galiléen, le fils d’un charpentier qui promettait à ceux qui le suivaient de survivre après leur mort dans un paradis géré par son père. Le paradis pour demain : la formule, un véritable slogan, était belle ?

Judas lui disait :

- Fais attention, Jésus. Tu te fais des ennemis qui savent qu’ils ont pour eux, et leur conscience, et les romains.

- Les romains ? Judas, jamais les nôtres ne leur vendront l’un de nous.

- Ils les vendraient tous s’il s’agissait de sauvegarder leur autorité.

- Le monde n’est pas ce que tu crois, Judas.

- Vivement dans ce monde que tu promets. Ou tout le monde sera beau et gentil. Et recevra en retour tout ce qu’il aura donné ici.

- Tu n’y crois pas ?

-Judas secoua la tête.

- Et toi ?

- A en mourir.

- A en mourir ?

Judas regardait son ami avec commisération. Combien d’êtres humains sont-ils prêts à mourir en contrepartie de la gloire. Ont-ils raison, ont-ils tort ?  Lui-même y rêvait sans doute, ce pessimiste qui ne croyait à rien de ce qu’on lui avait appris de ces ancêtres qui avaient reçu les tables de la loi de Salomon lui-même. Gravées dans le marbre afin qu’elles durent plus longtemps sans doute.

 L’un d’eux,  un nommé Moïse,  leur avait fait traverser la mer rouge  pour les sauver.

Judas était un sceptique, il y en avait déjà un certain nombre. Et s’il accompagnait Jésus, ce n’était parce qu’il était crédule et tenait pour justes les harangues de son ami, presque son frère, mais pour le protéger. Trop de gens se prétendaient ses amis et ses disciples depuis que le succès lui faisait une sorte d’auréole.

Une dizaine d’entre eux se faisaient appeler ses apôtres et jouissaient de sa notoriété. L’un d’entre eux pour montrer son courage et sa dévotion n’hésitait pas à repousser ceux qui l’approchaient de trop près, un fils de marchands au langage châtié, un certain Pierre dont Judas se méfiait. Ses paroles coulaient de source sans aucune difficulté. Judas se méfiait des beaux parleurs.

A dire vrai, Pierre n’était pas celui qu’on croyait. L’amour qu’il portait à Myriam et la jalousie qu’il éprouvait à l’égard de Jésus l’avaient transformé. Qu’il retourne dans son royaume des cieux, pensait-il. Il le dit un soir qu’il était chez son père ébahi de retrouver ce fils dont il avait craint qu’il ne faille de nombreuses années avant que ne vienne la maturité. Cette maturité qui ne reconnait qu’un seul dieu sur terre : l’argent ! C’était l’époque durant laquelle Ponce Pilate, l’envoyé de Rome, dirigeait le pays des juifs.

Ponce Pilate n’aimait pas la mission que Rome lui avait confiée. Rome ? En réalité des rivaux qui de la sorte l’avaient éloigné du Pourvoir. La plupart du temps, il voyageait ou restait confiné dans sa luxueuse demeure

Entouré de ses serviteurs les plus proches et de quelques juifs qui lui relataient la chronique avec une sorte d’humour assez particulier, et qui le faisait rire même après leur départ. Le père de Pierre était l’un d’eux. Un jour, il se plaignit.  

- Ce Galiléen, une sorte de terroriste habile qui prétend être contre les marchands alors que ce sont ceux-ci qui nourrissent les pauvres. En réalité il combat les romains.  Il ne vaut pas mieux que les deux voleurs qui seront crucifiés demain.

- Pas mieux ?

Ponce Pilate méprisait ces juifs qui lui dressaient un tableau assez complet du territoire qu’il administrait. Il n’était pas assez naïf  pour croire tout ce qu’ils lui disaient mais un échange de propos anodins lui permettait de savoir l’essentiel.

Ici, semblait-il, il s’agissait de l’élimination d’un citoyen juif un peu trop bruyant au goût des autorités. Ponce Pilate décida de fermer les yeux puisque des juifs eux-mêmes, des citoyens parfaitement honorables, fermaient les leurs.

Il se leva pour se laver les mains, un tic qui le prenait à chaque fois qu’il tendait la main à baiser à certains d’entre eux.

Un certain Jésus, un galiléen dont il suffisait de faire courir le bruit qu’un des siens l’avaient dénoncé. Pour de l’argent. Trente deniers, disait-on. Il fût crucifié parmi d’autres voleurs.

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