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   VERONICA BARCELLONA : VARIATIONS SUR UNE DEMARCHE EMPIRIQUE

 

Du 20-03 au 10-04-13, l’ESPACE ART GALLERY (Rue lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles) nous propose les œuvres de Madame VERONICA BARCELLONA, une artiste Italienne dont les œuvres, de par leur originalité et leur pertinence, ne manqueront pas de vous interpeller.

L’œuvre de VERONICA BARCELLONA résulte d’un regard sur l’absurdité du monde contemporain. « La démarche n’est pas nouvelle ! » direz-vous. En effet, elle n’est pas nouvelle. Néanmoins, par sa persistance à dénoncer, l’Art démontre qu’il est en pleine vitalité ! Si l’on se donne la peine d’apporter un regard rétrospectif, on remarquera que les œuvres les plus singulières, du moins en Histoire de l’Art, participent d’un discours dénonciateur. Que ce soit dans la peinture réaliste du 19ème siècle au regard du registre social, montrant par exemple des indigents aux pieds sales, comme dans LES BAIGNEUSES de Gustave Courbet (1853) (l’œuvre avait scandalisé la société de l’époque parce que la saleté corporelle était assimilée à la saleté morale), en passant par l’URINOIR de Duchamp, par rapport à la perception esthétique, l’œuvre d’art porte en son sein le germe de la dénonciation, parce qu’il charpente la pensée sociale. Il la rend contemporaine. Il lui apporte un signifié qui s’inscrit dans l’imaginaire, c'est-à-dire dans l’expression la plus tangible de la culture individuelle et collective.

Pour illustrer notre propos d’un exemple significatif, VERONICA BARCELLONA  refuse d’utiliser le terme de « sculpteur » ou de « peintre » afin de se définir pour utiliser celui d’ « artiste plasticienne », plus total à ses yeux pour inscrire son œuvre dans sa démarche. Elle va même jusqu’à pousser le défi en utilisant le terme d’anartiste (inconnu jusqu’à aujourd’hui) pour mettre mieux en exergue son discours créateur. Ce néologisme personnel, l’artiste le déploie jusqu’à la perception de l’œuvre mise au monde : elle ne parle pas de « création » mais bien d’expérience. Là, elle rejoint le discours philosophique dans ce qu’il a d’ultime concernant la définition même de l’Homme, en ce sens que le terme « expérience » est, de nos jours, extrêmement galvaudé. En effet, ce terme est aujourd’hui bien souvent usité pour définir un parcours à l’intérieur duquel nous nous trouvons toujours, sans l’avoir jamais quitté.

En réalité, une « expérience » est une étape de notre vie dans laquelle nous entrons, dans laquelle nous évoluons et de laquelle nous sortons, précisément pour la raconter. Dès lors, une prise de distance critique s’avère nécessaire entre nous-mêmes et l’objet auprès duquel nous avons vécu une « expérience ». 

Autre détail d’ordre philosophique, l’artiste aborde son discours de façon « cynique », au sens grec du terme, à savoir par une emphase volontaire du propos dans le but d’en dégager son absurdité. Cette absurdité est stigmatisée par le paraître en masquant le réel par le futile, d’où une mise en scène de l’œuvre, exposée (suspendue, à proprement parler) au bout d’un fil tel un mannequin au jugement du regard social.

Elle structure ses thématiques non pas par des « séries » mais par des collections qu’elle illustre plastiquement par des exemples articulant son discours.

NE M’ACCOSTE PAS, JE PIQUE ! (sculpture sur papier de soie et résine – 120 x 52 x 25 CM)

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est une œuvre « mobile ». Un corps pendu et perclus de dards dans une attitude d’évitement humain. Cette oeuvre a ceci de paradoxal, à savoir qu’elle aborde un sujet grave tout en l’ornant d’une agressivité ludique. Car l’œuvre de VERONICA BARCELLONA est avant tout ludique ! Sa force consiste dans le fait qu’elle baigne dans une profonde joie de vivre. Le chromatisme de ses créations (de ses expériences!) le confirme. Cette sculpture fait partie de la collection : APPELLATION D’ABSURDITES CONTROLEES. On peut en savourer la qualité du millésime !

 

Parmi les collections présentées, ETRES PAS SI BETES est centrée sur les rapports entre humains et animaux.

LA NATURE DU SCORPION (100 x 100 cm – technique mixte et résine - 2013)

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est une étude très intéressante sur la forme. Mieux, sur son évolution. On peut comprendre cette œuvre comme une mosaïque où chaque tesselle annonce la suivante vers une progression spatiotemporelle, évoluant à l’intérieur du cadre, aboutissant à la forme achevée.

 

L’HEGEMONIE DE L’ELEPHANT (69 x 63 x 41 cm

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– technique mixte et résine) nous démontre le talent de l’artiste plasticienne en tant que sculpteur.

Ses sculptures ont ceci de particulier qu’elles demandent au regard d’évoluer autour d’elles pour en saisir chaque aspect du volume. Ses formes sont ramassées, concentrées sur l’essentiel, méthodiquement déployées et mises en exergue pour en recueillir l’essence primitive de l’animal.  Mais pour saisir tout cela il importe que le visiteur tourne autour de la pièce dans un dialogue partagé autour d’un même espace.

Avec FOLLIA CROMATICA (100 x 100 cm – technique mixte et résine – 2012)),

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nous assistons à un rapport dialectique entre « ordre » et « désordre ». Rationnel et irrationnel. Le rationnel se manifeste par la rigueur géométrique à souhait de la forme. L’irrationnel, lui est exprimé par un cadre « composé » par l’étalement dans l’espace de cette même forme.

 

INUTILICONES (80 x 80 cm - 2009)

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est une œuvre, en quelque sorte « interactive » composée d’un ensemble de cubes multicolores, à l’intérieur d’un carré tenant lieu de cadre. Chaque cube est amovible. Ce qui permet au visiteur de les interchanger à sa guise. INUTILICONES est une œuvre « cinétique » dont le but est à la fois d’embrouiller le regard du visiteur tout en lui faisant prendre conscience du danger des « applications » en Informatique, c'est-à-dire de ces petites « icônes » que l’on trouve notamment dans les ordinateurs, les gsm et les IPAD, lesquelles sont souvent payantes, dont le but est à la fois de tout savoir sur les utilisateurs pour les inciter à consommer au maximum. INUTILICONES est donc l’adéquation lexicale entre l’ « inutilité » et l’ « icône », considérées comme moyen de pression psychologique pour inciter l’individu à la consommation. L’artiste s’exprime ici dans la voie de l’engagement politique en « dépolluant » l’esprit d’une des (trop) nombreuses souillures que nous infligent le Capitalisme et la Mondialisation.  

 

VERONICA BARCELLONA a une formation en Arts Plastiques. Elle est éducatrice et travaille dans le socioculturel, notamment dans la réalisation d’ateliers créatifs à destination des jeunes.

Cette plasticienne s’est engagée dans la liberté totale pour vivre une expérience et la produire à la conscience du visiteur dans un voyage introspectif, baigné de couleurs ludiques.

Cette expérience est un segment de vie partagé entre la plasticienne et le visiteur dans lequel l’on entre pour en savourer la lucidité magique.

On ne peut en sortir que grandi, c'est-à-dire conscient de la fragilité du Monde.

François L. Speranza.  

Arts 
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N.-B.: 

Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, administrateur général d'Arts et Lettres

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administrateur théâtres

12272880100?profile=originalJe l'ai écoutée hier soir au théâtre du Parc, je transmets avec sa permission:

Journée Mondiale du Théâtre 2013 / Message national d’Anne-Marie Loop

 

Chaque année, depuis 1962, le 27 mars est célébrée la Journée mondiale du Théâtre. L’ITI demande, pour l’occasion, à une personnalité du monde du Théâtre de proposer un message international.

En 2012, le Centre IIT Wallonie-Bruxelles a décidé de demander à une personnalité du théâtre Belge de rédiger également un message national. Après Jean-Marie Piemme, l’IIT a demandé à Anne-Marie Loop de s’adresser à nous cette année.

Voici son texte:

Raconter des histoires encore et toujours

Il se pourrait bien que le mot progrès, qui résume à lui seul notre désir d’avenir, qui sous-entend une amélioration nécessaire, continue et sans limites de la condition humaine, n’ait été inventé que pour nous consoler de la fuite du temps. C’est le philosophe Francis Bacon, au 17e qui déploie, dans son ouvrage Du progrès et de la promotion des savoirs, la conception moderne du progrès, imaginé comme un développement sans fin du savoir, un accroissement du pouvoir de l’homme sur la nature et une progression vers le bonheur. Il encourage le savoir et le règne de l’homme sur la nature. Car savoir, c’est pouvoir. Cinq cents milliers d’années ont séparé l’invention du feu de celle de l’arme à feu, mais six cents ans ont suffi pour passer de l’arme à feu au feu nucléaire. Et aujourd’hui, qu’il s’agisse d’outils, d’ordinateurs ou de voitures, les nouveautés sont vite mises au rebut, et rares sont les fabricants qui ne proposent pas chaque année une nouvelle génération de leurs produits. Ainsi, porté hors de lui-même par cette ivresse chronique, notre monde échappe à toute forme d’arrêt et de repos.  Il y a, sans doute, progrès, systématiquement, mais nous ne savons plus ni le désigner ni même le reconnaître. Cette angoisse latente nous pousse parfois à affirmer que le progrès est une idée, non pas déclinante, mais tout simplement morte. A cette seule éventualité, nous sommes pris de vertige et angoissés plus encore.

12272880663?profile=originalNous vivons dans de bien sombres temps.  Nous entendons si souvent des discours inquiets et lancinants, on peut toujours avancer des facteurs objectifs, ils sont partout constamment commentés : disparition des repères stables, fin des certitudes, mort des idéologies, crise du lien social, isolement et individualisme, inégalités grandissantes, tyrannie de la technique et mondialisation, régression de la pensée…Ceux-ci contribueraient-ils à l’angoisse qui délabre nos humeurs, qui englue nos espérances et engrisaille le présent ? Du coup, la pensée se porte-elle sombre ? Comme toute question, on peut simplement essayer de la cerner, de ressentir ce qui lui donne sa force, sans jamais, jamais, lui chercher une réponse toute faite. Les réponses sont toujours un peu ridicules... Partout des politiques de restriction et d’austérité comme piste débattue, critiquée mais appliquée, pour sauvegarder les finances publiques. Les cibles sont là, à portée de main, en apparence démunies dans leur totale dépendance à la subvention publique. Les secteurs n’émanant pas de la logique du quantitatif, comme l’enseignement, la recherche, les travailleurs sociaux, les soins de santé et, bien entendu, la culture sont touchés de plein fouet. Cette dernière est fortement mise à mal et, par voie de conséquence, la place de la créativité dans notre société est remise en question.

Le spectacle est un phénomène social universel. Il a été conçu comme un service public. C’est une exigence de dépassement qui arrache l’homme à sa mesquinerie. C’est peut-être là qu’on trouve un moment d’arrêt et de repos ? Un temps suspendu. Comment la culture va-t-elle pouvoir encore s’exercer dans notre monde en crise ? Va-t-elle accroître l’ignorance ou augmenter le savoir ?

Nos burlesques dans les années 1920 nous faisaient tellement rire quand ils avançaient précautionneusement pour ne pas chuter. Quand ils luttaient contre le vent et les tempêtes, quand ils s’échappaient par une porte dérobée. Ils tentaient de trouver l’équilibre dans quelque chose qui est instable. Ils nous présentaient une image d’un homme, un moins que rien, inadapté, au monde moderne. Ils inventaient des stratégies pour se sortir de ces coups du sort incessants. Ils trébuchaient bien sûr, mais par une série de moulinets, ils arrivaient toutefois à se maintenir debout. Comment être debout aujourd’hui ?

Le théâtre raconte des histoires, ce n’est, bien entendu, pas une religion.  Cet art qui présuppose la coprésence physique, concrète, d’acteurs et de spectateurs dans un même espace-temps est un outil de regard. Ce qui fait le spectacle, c’est le regard. « La plus grande révolution humaine, c’est peut-être le théâtre » a dit un jour Tadeusz Kantor. Parce qu’un jour et l’on ne sait pas quel jour, quelqu’un et l’on ne sait pas qui, est venu devant les autres et a dit : « Je me suis levé et je me suis mis en face de vous. J’ai une tête, deux bras, deux jambes, un sexe, comme vous et je suis là pour vous raconter des histoires. Parce que vous qui êtes dans la salle, vous allez peut-être reconnaître la vôtre, celle de vos voisins, celle de vos ancêtres et, en voyant l’histoire, à distance, vous allez peut-être mieux la comprendre, mieux l’analyser… Pour se transformer et, en conséquence, transformer le monde ou du moins, modifier, complexifier, échanger, bouleverser, agiter, réviser, altérer, renouveler, ranimer, déranger, la perception que l’on en a. » Comment se lever aujourd’hui ?

Depuis bientôt, oh ! fort longtemps, je travaille à raconter des histoires. Que ce soit comme actrice, enseignante ou directrice d’acteurs, dans les théâtres dit de « répertoire », des créations (collectives ou non) de jeunes compagnies, dans le théâtre pour l’enfance et la jeunesse… que les histoires soient celle du roi Lear ou d’un groupe de femmes de la Louvière, je veux encore et toujours participer à cet acte déraisonnable, qui consiste à se lever du cercle des hommes pour leur raconter leurs histoires. J’espère ainsi contribuer à combattre et à interroger l’ignorance, l’apathie, l’anesthésie, la brutalité et la barbarie des hommes oublieux de leur sensibilité et de leur intelligence. Je désire faire du théâtre pour que l’homme soit une aide pour l’homme. Nous avons besoin d’îlots de résistances, nous avons besoin d’imaginaire collectif. Nous avons besoin de créativité.

Anne-Marie Loop Février 2013

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L'homme qui riait aux larmes

À propos de la légende de Rabbi Nahman de Bratzlava

Dans une chambre, solitaire,

Un homme qui riait, riait,

Comme nul ne le fit jamais.

La cause paraît un mystère.

Or cet homme portait en lui

Les drames de tous ses semblables,

Devenus cibles vulnérables,

Résignés, se sentant détruits.

Réaction spontanée, le rire

Éclate en des moments joyeux.

Ceux, dont le sort est douloureux,

Ont perdu le goût de sourire.

Pour ne pas se sentir pécheur,

Le croyant juif devait, parfois,

Se trouvant dans le désarroi,

Chasser la tristesse et la peur.

Face aux atteintes à déplorer,

Il se disait que rien ne dure,

Que viendraient des grâces futures.

Rire l'empêchait de pleurer.

27 mars 2013

 

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Soudain

Depuis ce jour où tout a basculé, où il a appris sa déconvenue, tout son être s’est tourné vers cette envie de départ,  vers cette vie, qui à force d’être rêvée, inventée est devenue réalité et qui est maintenant à porter de main.  Enfin, il a osé faire ce pas vers sa nouvelle destinée.
Leur abandonner son passé, se débrouiller avec ses souvenirs et errer à travers son absence. C’est ce qui veut leur laisser pour toutes ces années de doute, de tristesse et de peine.   Oui, qu’il l’oublie pour que lui se sente libéré à son tour, qu’il puisse ôter de sa peau la misère qui s’y colle, muer de cette vie qu’il a tant détesté.
Rien ne pourra le faire changer d’avis. Dés ce soir, le billet en poche, il part. De sa vie passée, il ne gardera qu’une photo, qu’une lettre.
Après avoir claqué la porte et jeté la clé, ses pas l’emportent léger et joyeux vers cet endroit sur la terre où il a rêve sa vie.
Un bout de terre et d’eau entouré de forêts.

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Merveilles âgées.

12272879100?profile=originalHommes et femmes que l'on appelle "personnes âgées".
Hors circuit et trop souvent rapidement mises sur le coté. 
Ces personnes expérimentées qui ont construit dans le passé. 
Ces gens de sagesse que l'on devrait admirer, tant oubliées.
De vieilles personnes que l'on devrait appeler merveilles âgées. 
Un honneur, un hommage à ces sages qui on connu la guerre. 
Dans l'ancien temps les enfants respectaient pères et mères.

Ben2013

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Jusqu'à ma mort.

12272879684?profile=originalJ'aurais voulu te connaître par corps. 
Observer ta façon d'être tout d'abord.
Puis frôler ce que tu portes, mais encore. 
Poursuivre, peut-être en tirant au sort.
Une femme d'exception, un être en or. 
Et rester à tes cotés jusqu'à ma mort. 
Oui, jusqu'à ma mort...

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administrateur théâtres

Au théâtre de la Vie, Un Rêveur sombre dans la raison

 « C’était une nuit de conte, ami lecteur, une de ces nuits qui ne peuvent guère survenir que dans notre jeunesse. Le ciel était si étoilé, le ciel était si clair que lorsque vous leviez les yeux vers lui, vous ne pouviez, sans même le vouloir, que vous demander : Est-il possible que, sous un ciel pareil, vivent toutes sortes de gens méchants et capricieux ? »

Le monde appartiendrait-il aux rêveurs ?  On le souhaiterait  bien sincèrement ! Le tout jeune metteur en scène Olivier Lenel  rêve lui d’un renouveau théâtral. Il entre en compagnie de la traductrice Katia Vandenborre  dans le vif du  texte russe  du roman, sans passer par une traduction figée par des droits d’auteur. De concert, poétiquement soutenus par la création pianistique de Julien Lemonier et Félix Ulrich,  ils transposent ensemble l’essence  russe du roman en dialogues scéniques vivants, étonnamment modernes. Cela implique un gommage de l'esthétique romantique de la traduction existante, et la capacité de renouer avec  la puissance et la force des mots bruts. Réinventer une ponctuation syncopée  qui colle à cette tragi-comédie et  fabriquer une oralité étourdissante.  Entrer dans les représentations mentales des personnages, les pousser à bout et les faire exploser comme cela explose les nuits de printemps…

 C'est l'histoire d'un homme qui se surnomme le Rêveur. Une nuit, il se souvient. Il rencontre la bondissante Nastenka (Marie du Bled) qui lui raconte sa réclusion sous le toit d’une grand-mère abusive, son attente fiévreuse d’un fiancé, son rêve de bonheur inaccessible. Ému pour la première fois de sa vie, le rêveur se laisse aller au rêve de l’amour et finit par se déclarer quand ledit fiancé ne revient pas le jour dit.  Faute de mieux, Nastenka, affolée de ne pas voir revenir le chevalier de ses rêves, vire de bord et accepte la déclaration d’amour du Rêveur. Un amour désintéressé, idéal,  qui célèbre le total oubli de soi et le bonheur de l’autre. Fugace instant de béatitude : le Rêveur et Nastenka soudain se rejoignent, le bonheur est presque là, parfait comme dans un rêve.  Puis la réalité fracasse soudainement ces minutes d’éternité  car la capricieuse Nastenka s’est jetée dans les bras du fiancé venu enfin la rechercher. Nastenka, cruelle et inconsciente, ingénue et égoïste daigne garder son amitié pour le Rêveur éconduit.

 Le Rêveur alors doit choisir : s’installer dans la minute rêvée ou accepter de vivre avec la réalité. Il est reconnaissant qu’un  moment de grâce ait illuminé sa vie. Life is but a dream, “a dream within a dream” dirait Edgar Poe. La réalité beaucoup moins belle et beaucoup plus triste a réveillé l’artiste rêveur en sursaut mais au fond de lui, il garde son trésor. « Petit poucet rêveur, j’égrenais dans ma course… des étoiles. » La jeune dame exaltée a fui vers son inaccessible étoile, sera-t-elle heureuse pour autant ? Le rêveur a laissé couler les grains d’or dans ses mains et garde, par l’écriture, le souvenir de son éblouissement.

Les scènes, oniriques et sombres,  sont d’un  réalisme étonnant vu le contexte  et l’absence de décor, à part le mur de briques où va s’écraser le rêve en question. Les émotions s’enchaînent comme dans une partition musicale. Les confessions chaotiques  commencent tout doucement et s’enflent en paroxysmes fantastiques. Plusieurs interprètes du Rêveur, modulent de soir en soir le texte du Rêveur autour de la jeune ingénue. Nous avons vu Vincent Huertas, fascinant par la mobilité de ses émotions et la variété de son jeu. Les débordements de l’imagination sont un ferment de bonheur. Foin de romantisme lourd et lent, le texte est haletant, rythmé, saccadé par les émotions. Les crises de larmes et les trépignements d’impuissance, l’hypersensibilité et l’immaturité de la jeune fille, sonnent juste aux oreilles  de l’an 2000. La musicalité française de la langue capte les émotions et les projette comme des claques.  Le Rêveur sera frappé de stupeur. Le spectateur aussi, par la dernière scène bouleversante et la théâtralité de la mise en scène. C’est grave  pour un cœur formidablement  enthousiaste, de devoir ravaler son rêve. Que le rêve soit russe ou qu’il soit autre.

"Les nuits blanches"   Création d'après Dostoïevski. Adaptation & mise en scène : Olivier Lenel

au Théâtre de la Vie Théâtre de la vie asbl
rue traversière 45
1210 Bruxelles http://www.theatredelavie.be/ 

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Poète et romancier, Francis Jammes ne quittera jamais son Béarn natal, et il y trouvera les sources de son inspiration. Après des études à Bordeaux, il s'installe à Orthez auprès de sa mère ; travaillant comme clerc de notaire, il mène la vie paisible d'un provincial en harmonie avec la nature et les hommes. Il se promène dans la montagne, discute dans les salons et écrit des poèmes. Sans aucun artifice de style, il dit la vie quotidienne et les menus incidents qui en modulent le cours. Il publie quelques plaquettes que Mallarmé et Gide remarquent, et le Paris littéraire commence à s'intéresser à ce poète qui, au déclin du symbolisme, exprime son amour pour la vie et pour la nature, sans redouter d'être désuet et presque en affectant de l'être. En 1895, Gide publie dans le Mercure de France  son poème Un jour  et provoque la mode du «jammisme». Mais Jammes lui-même ne se laisse pas aller à la recherche de cet effet de simplicité où, à Paris, on voit son originalité. Et le recueil de ses vers, De l'angélus de l'aube à l'angélus du soir  (1898), illustre surtout la liberté de son inspiration poétique. Il évoque son enfance, ses rêves d'aventure avec une ingénuité et une ironie insolites, il emprunte aux symbolistes le vers libre qui convient à son exubérance. Mais d'aucuns diraient que sa naïveté représente un parti pris d'enfantillage, que son vers-librisme est avant tout une prosodie complaisante. Cependant, le charme de ses premiers poèmes ne peut venir que d'une sincérité et d'une sensualité heureuses, sans qu'elles aient besoin de s'organiser en un art poétique de la gaucherie. Le Deuil des primevères  (1901) accentue parfois les aspects de ce lyrisme discret, au point que la gaieté semble quelque peu appuyée et narquoise.

Dans les nouvelles de cette période apparaissent d'ailleurs une préciosité et une mélancolie qui nuisent à la fraîcheur de son inspiration. A la suite de sa conversion, il trouve dans Clairière dans le ciel  (1906) plus de gravité pour exprimer sa foi. Sa vie intérieure n'aura jamais la profondeur ni l'originalité de celle des grands poètes chrétiens : Claudel, qui a obtenu sa conversion, ou Péguy. Les Géorgiques chrétiennes  répondent à un développement de sa foi, mais la constante présence de la terre et du monde paysan ne les sauve pas de la sécheresse et du didactisme. Il abandonne le vers libre au profit de l'alexandrin, forme classique pure, seule capable d'exprimer sa dévotion. Son sens de la musicalité et son plaisir des mots se retrouvent alors dans ses contes et récits en prose. Après la guerre, d'autres mouvements prennent le relais de l'avant-garde poétique, et les libertés de Jammes semblent alors bien modérées, d'autant plus qu'il s'érige à présent en censeur sévère des formes nouvelles. Le Livre des quatrains  (1923-1925), De tout temps à jamais  (1935) sont de longs poèmes narratifs écrits en décasyllabes, où se développe une sorte de dialogue avec la nature et avec un Dieu paternel et bienveillant ; ils n'évitent pas toujours la monotonie. Cependant, la fraîcheur et l'originalité de ses premières oeuvres leur gardent un charme certain.

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De l'angélus de l'aube à l' angélus du soir.

C'est le grand recueil de poèmes de Francis Jammes (1868-1938), publié en 1898. Le poète s'adresse à Dieu et lui confie les rêves les plus chers de son âme contemplative: il souffre, mais ne cesse d'aimer son créateur à travers les splendeurs de la nature. La vie des humbles, la vie de tous les jours est le sujet de son inspiration: elle cèle ses trésors au profane, mais les révèle à celui qui sait voir la vérité avec des yeux purs. Notre journée est une aventure qu'il faut considérer selon la foi divine: chaque geste s'insère dans la vie universelle et confère aux sentiments, aux aspirations, la certitude d'une réalité. Dieu seul peut nous donner la faculté de connaître la vie: dans la paix du monde, le plus sûr moyen d'y parvenir est la prière. Les voies du Seigneur sont parsemées de bienfaits: si l'homme sait approcher les choses de la création avec un coeur sincère,

il en connaîtra les secrets. Il est deux miracles quotidiens dans l'existence du chrétien: l' aube, si douce dans sa splendeur, si tendre sous les premiers rayons de soleil, et le crépuscule où le bleu du ciel fait place à la clarté lunaire et au silence de la nuit. Les fleurs, les plantes, les lacs, les prés, les glycines, les glaïeuls et les lilas exhaltent une douce mélancolie. Tout est miracle pour qui sait contempler les choses avec innocence: un simple animal ("J'aime l' âne..."), la pensée de la mort et le souvenir de la femme aimée ("Lorsque je serai mort..."), même la vue du logis et de ceux qui nous sont chers ("La maison

serait pleine de roses..."). Le poète évoque la rencontre d'une pauvre malade qui attend vainement un miracle ("J'allai à Lourdes"); il pense à des mots d'amour entendus ("Que je t'aime"); il admire la vie subtile de la nature qui, par une loi unique, transforme sans cesse toute chose ("Une feuille morte tombe..."). Bien d'autres poèmes révèlent toute la douceur élégiaque de Jammes; on trouve même une petite comédie symbolique, en vers, sur "La naissance" et "La mort du poète", cet être qui possède le don de comprendre l'univers. Ce recueil découle d'un seul motif: l'amour de la nature. Il éternise les thèmes poétiques de Francis Jammes et le caractère agreste de sa muse.

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PRIERE POUR ALLER AU PARADIS AVEC LES ANES

Lorsqu'il faudra aller vers vous, ô mon Dieu, faites 
que ce soit par un jour où la campagne en fête 
poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas, 
choisir un chemin pour aller, comme il me plaira, 
au Paradis, où sont en plein jour les étoiles. 
Je prendrai mon bâton et sur la grande route 
j'irai, et je dirai aux ânes, mes amis : 
Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis, 
car il n'y a pas d'enfer au pays du Bon Dieu. 
Je leur dirai : " Venez, doux amis du ciel bleu, 
pauvres bêtes chéries qui, d'un brusque mouvement d'oreille, 
chassez les mouches plates, les coups et les abeilles." 
Que je Vous apparaisse au milieu de ces bêtes 
que j'aime tant parce qu'elles baissent la tête 
doucement, et s'arrêtent en joignant leurs petits pieds 
d'une façon bien douce et qui vous fait pitié. 
J'arriverai suivi de leurs milliers d'oreilles, 
suivi de ceux qui portent au flanc des corbeilles,
de ceux traînant des voitures de saltimbanques 
ou des voitures de plumeaux et de fer-blanc,
de ceux qui ont au dos des bidons bossués,
des ânesses pleines comme des outres, aux pas cassés,
de ceux à qui l'on met de petits pantalons
à cause des plaies bleues et suintantes que font
les mouches entêtées qui s'y groupent en ronds.
Mon Dieu, faites qu'avec ces ânes je Vous vienne.
Faites que, dans la paix, des anges nous conduisent
vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises
lisses comme la chair qui rit des jeunes filles,
et faites que, penché dans ce séjour des âmes,
sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes
qui mireront leur humble et douce pauvreté
à la limpidité de l'amour éternel.
 

 

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Métiers de filles? de garçons?

Après avoir créé le Centre d'Etude de Langues de la C.C.I. à Nancy en 1979, j'ai habité à Lunéville.
Mon compagnon y était chef d'entreprise et voulait embaucher des ingénieures (femmes). Il y en avait bien peu et nous évoquions souvent ce sujet. Notre conclusion était qu'il fallait motiver les jeunes filles dès leurs études secondaires. Comment? J'ai découvert que la traductrice de Newton, la flamboyante Madame du Châtelet, était morte au château de Lunéville et qu'on l'avait inhumée à l'église St Jacques. Il suffisait de faire connaître en Lorraine ce génie dont Einstein lui-même avait parlé.
Mais les alea de la vie ont bousculé ma destinée: je suis partie enseigner en Chine, au Japon au Soudan... sans avoir agi pour développer chez les étudiantes de Lorraine l'attrait pour les sciences et pour Madame du Châtelet.
A la soixantaine, après avoir défendu la cause des femmes là où c'est possible, me voici de retour en Lorraine sans avoir oublié ce projet.
Je constate alors que la brillante traductrice de Newton est, pour les quelques personnes qui la connaissent, juste l'ombre de Voltaire dont elle a été la compagne pendant quinze ans. Il vivait en effet chez elle, dans son château de Cirey.  Madame du Châtelet était une grande scientifique du 18ème siècle, une académicienne respectée dans le monde savant --mais moquée par les dames de la cour-- Or, même au vingt et unième siècle, il me faut bien admettre que, seule, subsiste sa réputation d'amoureuse exaltée, morte après avoir mis au monde un enfant qui n'était pas de son mari. Quelle tristesse!
Noblesse oblige, n'est-ce pas? Pédagogue et chevaleresque, je me devais de défendre les couleurs de Madame du Châtelet. Qu'on se rallie à ma bannière!
Avec un ami informaticien, j'ai donc créé un site web www.emilieduchatelet.net Cela ne suffisait pas. Une fête lorraine s'imposait.
C'est ainsi que, chaque 10 Septembre, depuis deux ans, un cortège se forme dans la cour du château de Lunéville pour se rendre --en chantant "Tout va très bien, Madame la Marquise" dont j'ai changé les paroles-- jusqu'à l'église St Jacques où Emilie du Châtelet repose sous une dalle noire anonyme.
Annie Jourdain, créatrice de l'atelier d'écriture femmes de génie à l'Université Populaire de Perpignan
POUR INFO:
Annie Jourdain fera une conférence sur Emilie du Châtelet au forum "En avant l'égalité ... Métiers de filles? de garçons?" organisé par le C.I.D.F.F. de Lunéville les 18 et 19 Avril 2013.
Elle en fera une autre au Kiwanis de Nancy le vendredi soir 19 Avril 2013.
On peut apprendre la chanson du 10 Septembre en allant sur youtube à "Tout va très bien, Madame la Marquise du Châtelet".
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A mon père

À mon père

antonia iliescu

Écoute-moi un instant, écoute, bon père,

Et ne pars pas avec l’ange gardien

Porté trop vite par ce rayon en pleurs

Qui t’arrache à ce monde de misère.

J’aimerais te dire… mais quoi te dire, bon père,

Quand entre nous il n’y a qu’une prière

Quand le bon songe s’égare estompé

Dans des mondes lointains, inconnus et cachés,

Où tu apaises ton âme blanche de fumée.

J’aimerais pourtant que tu puisses sentir

Tout c’que je n’arrive pas et je voudrais te dire

Avec mon âme qui pleure, agenouillée.

Et si jamais nous on se rencontrait
sur l’invisible lèvre d’une fragile onde,

Pour fusionner une toute petite seconde,

Je t’embrasserais fort encore une fois,

Et je déballerais sans pudeur devant toi

Toute ma réserve d’amour et mes non-dits. 

Je t’aime… Comme tu me manques papa… 

À bientôt, à l’une de ces étoiles de l’infini.

 

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Pâques.

 

Pour mon amie Rébecca Terniack, ainsi que pour tous les enfants de L’oiseau lyre.

Les  cloches  du  printemps sonnent  depuis  Rome,

Font  tinter  leur  battant  pour  fêter le renouveau,

Qui  chante  dans  les  bois  et  parmi  les  hommes,

Les  cloches  du  printemps sonnent  depuis  Rome,

Répandent leurs trésors sous les grands pieds-de-veau,

Ou  dans  les  pelouses  pour  la  joie  du  hameau,

Les  cloches  du  printemps sonnent  depuis  Rome,

Font  tinter  leur  battant  pour fêter  le renouveau.

 

Les grands lapins de Pâques ont beaucoup à faire,

Pour  cacher  les  poules  dans  leur  petit  panier,

Rempli  de  chocolats,   c’est  toute  une  affaire.

Les grands lapins de Pâques ont beaucoup à faire,

Pour  servir  les  enfants,  même  le  petit dernier,

Qui  fait  la  course  aux  œufs  avec  le  cuisinier.

Les grands lapins de Pâques ont beaucoup à faire

Pour  cacher  les  poules  dans  leur  petit  panier.

 

Les poules aux œufs dorés volètent en pondant,

Par-dessus  les  grilles  des  jardins  clôturés,

Caquètent de  plaisir  au  soleil  ascendant.

Les poules aux œufs dorés volètent en pondant,

Des  bonbons  en  sucre, et  lapins  peinturés,

Qui tombent en fondant chez monsieur le curé,

Les poules aux œufs dorés volètent en pondant,

Par-dessus  les  grilles  des  jardins  clôturés.

 

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.

ENSEMBLE LARGE - PACQUES   

 

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                         FRANCOISE CLERCX OU LA POESIE D’UN MOMENT

 

Du 20-03 au 07-04-13, l’ESPACE ART GALLERY (Rue lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles), expose les œuvres de Madame FRANCOISE CLERCX, une artiste Belge, dont l’intitulé est DETAILS ET FASCINATION.

Ce qui, au premier contact avec les œuvres de Madame FRANCOISE CLERCX, apparaît comme une évidence stylistique, est sa grande connaissance de la perspective, centrée à l’intérieur d’une géométrie rigoureuse, régissant l’ensemble de la composition où le détail prend, de par sa nature, une importance colossale. Tout est, en quelque sorte, « compartimenté », tout en se dévoilant de la façon la plus libre au regard.

Un second aspect concernant sa peinture se concrétise par la dimension du cadrage photographique, conçu comme support efficace de la mise en perspective des êtres et des choses.

De plus, son œuvre se distingue également par la mise en valeur d’un univers surréaliste perçu comme la charpente de l’entièreté de sa construction picturale. Cet univers est soutenu par des racines métaphysiques pour souligner ses états d’âme.

Enfin, il y a dans le trait géométrique de l’artiste, la nécessité de concevoir une architecture donnant un cadre scénique à son univers.

Quoi de plus normal, dès lors, de considérer que perspective, cadrage photographique, vocabulaire surréaliste et architecture, forment les piliers stylistiques soutenant l’édifice de l’œuvre de FRANCOISE CLERCX.

Que ce soit notamment dans PERSPECTIVES (77 x 67 cm),

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l’œuvre apparaît presque « désinvolte ». Mais, au fur et à mesure que le regard se rapproche, cette mise en valeur du détail par la perspective abolit cette « désinvolture » pour revêtir un aspect plus rigoureux, témoignant d’une grande maîtrise. Cette œuvre est un hommage vibrant à RENE MAGRITTE que l’artiste rend en « portraiturant » (le mot n’est pas trop fort) sa maison bruxelloise, tout en la transposant dans un cadre surréaliste, comme le titre l’indique, dans un plaidoyer pictural pour la perspective. Rarement une œuvre a foisonné de cardages en trompe-l’œil !

Rarement la présence de l’architecture a été scandée avec une myriade de facettes diverses, présentant chacune un aspect singulier, conçu avec une rigueur géométrique inégalée, placé à tel endroit en tant que parcelle d’un vaste univers, lui-même étant une totalité en soi.

Cette œuvre trahit le désir premier de l’artiste de devenir architecte.

LES MONDES PARALLELES (78 x 68 cm),

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est une mise en rapport entre diverses valeurs (ou plus exactement, de leur absence ressentie), lesquelles témoignent du malaise de notre époque. L’intérieur est un décorum rempli d’éléments, en apparence disparates, lesquels reliés entre eux, requièrent une interprétation philosophique de l’œuvre.

A l’arrière-plan, l’esquisse d’une église romane, témoin de l’univers des bâtisseurs de cathédrales, en tant qu’expression d’une ferveur. Contrastant, à l’avant-plan avec une série de fauteuils utilisés dans le milieu des conférences.

Une première opposition se fait sentir entre ces deux univers : l’une aux couleurs froides (celles de l’église romane), l’autre aux couleurs chaudes : le rouge des coussins des fauteuils.

Austérité fervente et chaleur (néanmoins apparente) du monde des conférences mondiales (où l’on ne résout pas grand-chose) s’affrontent, apportant à la lecture de l’œuvre un second contraste.

L’écran de la télévision posé sur les deux fauteuils, au centre de la composition, souligne les différents degrés d’incommunicabilité, régissant aujourd’hui les rapports interpersonnels de notre société. « Et le poisson rouge ? », direz-vous. Celui-là n’existe que pour renforcer l’impact du décorum dans lequel évoluent nos vies. De même que les troncs de bambous dressés à côté des colonnes. A l’arrière-plan, sur la gauche comme sur la droite, l’on devine un drapé noir. Un rideau ? Peut-être. Car nous entrons à l’intérieur de la scène d’un théâtre : celui du Monde.

 

HISTOIRE DE FEMMES (63 x 73 cm),

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est une étude sur le nu féminin. Modernisation d’un sujet millénaire, remontant à l’Antiquité Classique, cette étude est centrée sur le plaisir de la peau, exprimé par tout un jeu chromatique sur la luminosité aboutissant à la sensualité.   

La peau, pensée tel un vêtement, contraste avec la grâce du voile. L’artiste l’a conçu à partir d’une variation sur le gris, partant du blanc pour virer vers tout un dégradé aboutissant vers un gris tout en contrastes. Quant aux ombres, elles sont le fruit d’une monochromie basée sur le seul gris.  A l’arrière-plan, deux personnages féminins tournent le dos aux autres femmes ainsi qu’au visiteur. Leur féminité se manifeste par la longue sensualité des plis du drapé noir. L’Antiquité Classique, exprimée dans un vocabulaire moderne, se manifeste par le personnage central tendant les bras. Celui-ci porte une robe, laquelle revêt l’aspect du vêtement transparent actuel mais qui, au fur et à mesure de sa chute, se transforme à hauteur des jambes, en drapé translucide, offrant ce « mouillé » que l’on retrouve dans la statuaire antique.

De plus, ce même personnage relève légèrement la jambe droite, dans l’attitude classique de la Niké grecque.

L’artiste qui est passée par les Beaux Arts pour étudier le dessin, se considère comme une autodidacte, en ce sens qu’elle s’est formée toute seule en ce qui concerne l’étude de la peinture. Travaillant exclusivement à l’huile, elle organise son œuvre par un plan de départ pour s’engager, au fur et à mesure, dans les détails qui sont, en dernière analyse, la sève de la chose.

FRANCOISE CLERCX est une artiste dont la pensée oscille entre linéarité architecturale, exprimée par une géométrie rigoureuse et une bouffée de rêve surréaliste, teinté d’un voile métaphysique qui rappelle dans l’esprit la poésie d’un De Chirico, laquelle dicte le ton à l’ensemble de son œuvre. Un ton où la poésie de son être imprègne le mystère du moment.

François L. Speranza.

© Copyright 2013

Arts 
12272797098?profile=originalLettres

N.-B.: 

Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, administrateur général d'Arts et Lettres

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Soudain,

Soudain, un bruit le fit sursauter...

De son voyage inattendu dans le décor d'une nuit tombante, le ciel rougi par les vents et l'impression d'être seul au monde.

Il marchait depuis des heures et ne trouvait plus la raison profonde de cet état de chose. Mais c'est bien droit dans les yeux qu'il avait averti son entourage de son départ, sa compagne qu'il avait abandonné comme dans un roman. Son besoin insensé de liberté passait par cette fuite et il restait néanmoins blessé de ce geste.

Au bout de qq instants, il se rappela les pensées qui l'avaient poussé à partir. La découverte d'autres horizons lui trottait dans la tête depuis toujours.

Faire les valises, laisser le quotidien derrière lui, partir vers ce grand besoin d'espace qu'il aimait tant. Retrouver la solitude, l’indépendance, avoir l'éternité devant lui.

Enfin la résurrection de son être débarrassé de toutes ces contraintes qui depuis si longtemps l'enferment et l'isolent de son besoin de liberté, d'amour.

A force de marcher dans cette forêt aux couleurs d'automne, septembre lui semble plus serein et plus léger.

 Le plus difficile lui paraît accompli. Il a décidé de sa vie et le bonheur est fourni avec. Le bruit de son sang dans les oreilles, sa vie prend une autre dimension, son cœur bat plus fort et il se sent désormais vivant.

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Apaisement

 

 

Jamais plus n'aurai l'espérance

Qui m'envahissait au printemps,

Et me faisait croire en la chance.

Ce jour resplendit tout autant.

Recevant la lumière intense,

Venue d'un ciel voluptueux,

Je soupire dans le silence,

Le corps et l'esprit paresseux.

Semble du sucre sur les toits,

La neige amassée qui y brille.

Certes elle fond sans qu'on le voie,

Sous les rayons qui la titillent.

S'en vont au loin tous les nuages,

Suivant un courant clandestin,

Ne laissant rien de leur passage.

L'air est apaisant, ce matin.

25 mars 2013

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Un pas de deux

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Voici quelques photos et une petite vidéo (captée avec un matériel des plus rudimentaires mais çà donne une idée) du spectacle "Sur un nuage" ce 23 mars à la salle des fêtes de Thirimont.  J'y dédicaçais mes ouvrages et exposait quelques dessins tandis que Marielle mettait tout son talent sur la scène. Nous étions vraiment "Sur un nuage".

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Un pas de deux :

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=i8ek9TT-c6Q

Je m’étais mis

quelques rides histoire de faire front avec mon passé ; elle s’était mise quelques cernes, histoire de rassembler ses nuits : nous étions faits pour nous rencontrer

Tes mesures mes démesuresMes censures tes blessuresTu me dis tricote-moi12272883085?profile=originalUn verbe qui tient chaudTes lueurs mes lenteursMes coups d’états nos feuxFollets et nos peursTu me dis esquisse-moiUn brasier en fleurUn pas de deuxUn cœur qui danseCe corps en feuL’esprit en transeUn pas de deuxUn cœur qui danseCe corps en feuL’esprit en transe12272884069?profile=original…AmoureuxNos étés qui démangentNos peaux qui se mangentTu me disDe l’hiver au LéthéIl n’y a qu’une failleM’y oublieras-tuNos étés qui démangentNos peaux qui se mangentTu me disDu Léthé à l’hiverIl n’y a qu’une failleM’y oublieras-tuM’y oublieras-tuUn pas de deuxUn cœur qui danse12272884871?profile=originalCe corps en feuL’esprit en transeUn pas de deuxUn cœur qui danseCe corps en feuL’esprit en transe…Amoureux

Paroles : Pascal Feyaerts ; musique et interprétations : Marielle Vancamp

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Un poème d'Anna de Noailles

Matin, j'ai tout aimé, et j'ai tout trop aimé;
À l'heure où les humains vous demandent la force
Pour aborder la vie accommodante ou torse,
Rendez mon coeur pesant, calme et demi-fermé.

Les humains au réveil ont besoin qu'on les hèle,
Mais mon esprit aigu n'a connu que l'excès;
Je serais tel qu'eux tous, Matin! s'il vous plaisait
De laisser quelquefois se reposer mon zèle.

C'est par mon étendue et mon élan sans frein
Que mon être, cherchant ses frères, les dépasse,
Et que je suis toujours montante dans l'espace
Comme le cri du coq et l'ouragan marin !

L'univers chaque jour fit appel à ma vie,
J'ai répondu sans cesse à son désir puissant
Mais faites qu'en ce jour candide et fleurissant
Je demeure sans voeux, sans voix et sans envie.

Atténuez le feu qui trouble ma raison,
Que ma sagesse seule agisse sur mon coeur,
Et que je ne sois plus cet éternel vainqueur
Qui, marchant le premier, sans prudence et sans peur,
Loin des chemins tracés, des labours, des des maisons,
Semble un dieu délaissé, debout sur l'horizon...

Anna de Brancovan, comtesse de Noailles

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Poésie (suite)

Peau de la terre, regard changeant sur elle du ciel ;

des hommes, des femmes parfois la frôlent, osent y faire jaillir un souffle, une voix, parfois un chant :

Bref aller plus loin en elle, la tatouer de fleurs d'encre, bleues ou noires, comme ça l'honorer !

Acte d'amour qu'est celui d'écrire, invisiblement dans sa tête, puis sur un blanc-lumière,

infini sur une table claire, verte ; tout au bout d'elle, une petite fille découvre, apprend ses premiers mots,

en les écrivant tout doucement, en les apprivoisant : Elle apprend à faire pousser ainsi de petites fleurs dans sa tête, d'étranges fleurs savantes, naissantes. Elles grandiront, pousseront en même temps qu'elle.

Plus tard, à son tour, l'enfant s'éprendra de la peau de la terre,

y retrouvera cet originel parfum que la vie a laissé, ses palpitations secrètes, intactes, à l'instar des premières ;

sa plume en sera pleine, toute solaire. 

Bleue ciel.

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Mes fous rires d'antan

 

 

L’hilarité d’antan est sourde à mon appel

Effarouchée, je crois, par dame Poésie,

Qui, rôdant près de moi, s’active épanouie,

Pareillement les jours de chaleur ou de gel.

Or, j’ai envie de rire, aux éclats, s’il se peut.

La muse qui m’inspire est une grande dame,

Généreuse, en éveil, prenant soin de mon âme,

Sans la moindre folie. Ô présent ennuyeux!

J’avais le don, jadis, d’animer la maison.

Me suffisait de rire, merveilleux artifice.

Lors mes deux soeurs, ravies, dépourvues de malice,

Se pâmaient aussitôt, sans rime ni raison.

Notre mère, intriguée par nos débordements,

Était intéressée à en savoir la cause.

Sans tarder, je trouvais à dire quelque chose,

Qui l’égayait aussi, mais plus discrètement.

L’exubérance, hélas! qui me poussait au jeu,

S’est retirée de moi qui n’ai plus de complices.

Elle engendrait le rire qui faisait mes délices.

Je m’y expose encore autant que je le peux.

31 janvier 2006

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