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Descriptif de la Mise en Scène Végétale Historique

Ornant les pièces du domaine en hommage

à l’Hiver, Saison de l’Art Serein, 

et à Noël, Fête de la Lumière.

 

Célébration se plaçant sous les auspices

d’un trio de tonalités :

Blanc, Vert et Or

 

(hormis une exception se singularisant du panorama général,

la Cuisine et son âtre rougeoyant…)

 

De la blancheur immaculée au dégradé verdoyant

rehaussés de poudre d’or nimbant

ces Heures Solennelles de réjouissances,

Minuit chrétien rejaillissant sur un Minuit profane

 

Cheminement des Appartements du Logis

 

 I)

            Les Intérieurs intimes de Léonard de Vinci :

Art Floral civil de style Belle-Époque :

 

Variations hivernales autour de verts branchages « éternisés », d’un noble calice, le lys candide,

et d’une belle exotique semblant on ne peut mieux conservée, mystérieusement préservée du temps

écoulé…Magnolia, qui, depuis le coucher de l’été, traverse l’échelonnement des semaines,

sans guère subir, ô prodige inouï, de dommages !

                            En ouverture du cheminement ornemental des visiteurs traitant à travers le biais de ce

fleurissement léger, de l’exil de la grande végétation, la Chambre et le Cabinet de travail du Maître, protégé

du Roi de France, François I er et  figure naturaliste épris de fleurs de simples, se plaisent à accueillir les

hôtes privilégiés séjournant au sein de sa dernière demeure terrestre, en leur offrant quelques raretés,

compositions calquées d’après nature, selon les dons avaricieux, pour lors, de celle-ci, hibernation oblige !

                           Lorsque des rameaux « immortels » ou presque…fiers de leur langage bénéfique, forment

un cadre d’élection  propitiatoire…à la réception de précieux fleurons échappant aux frimas…

 

Illustration poétique :

Ô neige, toi la douce endormeuse des bruits

Si douce, toi la sœur pensive du silence,

Ô toi l’immaculée en manteau d’indolence

Qui gardes ta pâleur même à travers les nuits.

Douce ! Tu les éteins et tu les atténues

Les tumultes épars, les contours, les rumeurs. […]

Georges Rodenbach.

 

 II)

 

 Oratoire de la Reine Anne de Bretagne

Art Floral sacré de style fin XIXème siècle :

 

 

                              Variations hivernales consacrant la gloire de Marie Fleur du ciel et de son fils, où

comment à l’heure où tout s’endort dans l’environnement naturel, à quelques exceptions près, l’avènement

du Divin – Enfant, baptisée de Lumière du Monde, également proclamée de Prince de la Paix, nous inspire

de pures et lumineuses « broderies » ouvragées, s’épanouissant au cœur d’un écrin de verdure et d’une

floraison d’essences botaniques riche de pieux symboles liés à la mystique chrétienne, conviant nos âmes

« d’humbles créatures » à se prosterner en dévotion et à se réjouir devant la solennité et la magnificence

de l’instant fécond…

                             Ici, l’austérité, le dénuement originel s’efface au profit d’une évocation d’un jardin clos paradisiaque.

                            

                             Tandis qu’une « litière » et une enceinte de ramures persistantes forment un rempart

protecteur pour le doux Jésus et la Sainte-famille, guirlandes, gerbes de pétales d’une blancheur

immaculée, louent à l’unisson, les vertus virginales de la Madone, cette Rosa mundi  [1] mère du Sauveur,

tels le Lilium candidum, dit aussi lys de l’Annonciation, grappes d’œillets, petites roses grappes et Rosa

alba en majesté, dévolus à entonner le cantique marial, de la très bonne et belle qui porta en ses flancs

bénis/Le Dieu qui précéda les siècles infinis !

                             Ambassadeurs botaniques, qui nous enjoignent à rallier leur cause…

 

Illustration poétique :

Ah ! De sa tige d’or quand cette fleur du ciel

Tomba pour embaumer les vallons d’Israël,

Que les vents étaient doux qui passaient dans les nues ! […]

 

Le parfum oublié de l’antique jardin,

Comme un cher souvenir et comme une promesse,

Des enfants de l’exil adoucit la tristesse,

Et de célestes voix, en chants harmonieux

Dirent ton nom, Marie, à l’univers joyeux.

Terre ! Oublie en un jour ton antique détresse !

Ô cieux ! Comme les mers, palpitez d‘allégresse ! […]

 

Le mystique Rosier va parfumer les airs !

L’étoile matinale illumine les mers !

Saluez, bénissez, créatures sans nombre,

Celle que le Très-Haut doit couvrir de son ombre. […]

Charles Leconte de Lisle.[2]

 

 

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Plan général de l'Ornementation florale d'Expression sacrée

Chapelle de la reine Anne de Bretagne

  

III)   

                      

  Grand Salon XVIII ème siècle

Art Floral profane de style Belle Époque :

 

 

                              Variations hivernales dédiées aux filles uniques de l’hiver, parrain de la fête, tendres

corolles d’ellébores (Helleborus niger) communément désignées roses de Noël escortées d’un bulbe fleuri

de la famille des Liliacées, Amaryllidacea, précisément, pouvant s’enorgueillir de détenir un joyau à

l’imposant port altier, répondant à l’appellation d’Amaryllis, illustre descendant de l’Amaryllis-belladona, à

la pâle carnation, introduite d’Afrique du Sud pour rejoindre le Château de la Malmaison, où plutôt les

collections botaniques inédites de Joséphine de Beauharnais, immortalisées en leur temps grâce à la

palette de Pierre Joseph Redouté, auteur de nombreux herbiers picturaux légués pour la postérité.

                             Roses de Noël et amaryllis qui assurément, n’excluent en rien l’apparition de leur

épineuse consœur, la Reine des fleurs attribuée à Vénus et donc emblème de beauté et d’amour, assortis de

la figuration constante de résineux et feuillages non-caducs lourds d’un manteau poudreux, cultivés ou

spontanés, comme l’ Hedera helix (lierre) réputé d’une fidélité exemplaire,si l’on en croit son blason : Je

meurs ou je m’attache

                             Le tout ordonnancé en corbeille dite glaneuse  [3], vase à l’antique et maints contenants

déclinant à l’envie de mélancoliques effluves de rêves anciens telle la jardinière-bouquetière, pique-fleurs

blanc-bleu, reproduction d’une faïence de Rouen…

 

Illustration poétique :

 

La Neige qui s’amasse et tombe dans la neige,

Du ciel, à gros flocons, sur la terre descend,

Et, comme pour les pas d’un triomphal cortège,

Son glorieux tapis rayonne éblouissant.

D’autres regrettent, devant cette richesse,

Les pourpris que l’Aurore arrose de ses pleurs,

Le gazon aplani pour des pieds de duchesse,

Et le rose printemps des oiseaux et des fleurs ;

Et de ne plus revoir, au soleil d’or qui baise

Les grands coquelicots, orgueil mouvant des blés,

 

Les gammes de Rubens et de Paul Véronèse

Tourbillonner en chœur devant leurs yeux troublés.

Mais moi, j’aime à songer devant cette harmonie,

Et toutes, les blancheurs de rêves anciens

Mettent d’accord leurs voix pour une symphonie,

Et leur rythme plaintif me prend dans ses liens. […]

Théodore de Banville.[4]

 

 

 IV)

Grande Salle de Réception renaissance :

Art Floral profane de style Années Folles :

 

 

                             Variations hivernales ou Improvisations sous le feu d’une plante tropicale, hôte de

prestige, fascinante orchidée quintessence du raffinement et du lustre au XIXème siècle jusqu’à l’aube des

années 1930.

                            Une fois n’est pas coutume, puisqu’un vent de folie sévit et s’empare du Maître de céans

présidant au cérémonial des agapes du réveillon ; c’est la raison pour laquelle, succombant lui aussi, à la

fièvre de l’Orchidomania, ce dernier en orchidophile éclairé, séduit par l’exubérance des espèces plus

éclatantes les unes que les autres, a émis le souhait de voir moult de leurs « épis » aux inflorescences

nacrées, rivaliser entre-eux de luxuriance, afin de dispenser aux convives de la table d’apparat

envoûtements et sortilèges…

                            En digne héritière hybridée de sa lointaine aïeule appartenant au genre Phaleanopsis

amabilis conçue aux aurores du Romantisme [5](vers 1825), notre orchidée-papillon ou du moins sa

mutation, prodigue ainsi force amabilités aux prunelles de l’assemblée, et de toute sa superbe sans égale,

sonne le « la » de cette soirée de joie et de partage, gage de pacifisme !

                           Pour parfaire la magie aux parfums d’antan de cet entablement, une fratrie de branches

de conifères emperlées de gouttes de givre et flocons neigeux, poursuit ce message d’hospitalité et nous

distille son souffle d’une autre veine féerique, scénographie de Natures-mortes remémorant aux membres

de la parenté réunie combien il fait bon de se trouver à l’abri des fantaisies de l’hiver, alors que dehors,

bien des démunis en font les frais…et ne peuvent hélas, profiter du déploiement festif de  ce rituel, dont le

mythique sapin de Noël, représente le centre paroxystique incontournable, d’une telle célébration, que l’on

soit croyant, agnostique ou même athée, restant malgré tout conscient que devenues profanes pour

certains, ces réjouissances de la Noël dérivent sans conteste, du culte chrétien, en conformité de ce

remplaçant d’épicéa, substitut « moderne » de chroniques bibliques, attribut christique ô combien

« parlant ».

                          Près de notre Roi des forêts apprêté d’artifices [6] au diapason du manteau hivernal

habillant dame Nature, une Scène d’Enfant [7], ou village miniaturisé, est dressée comme pour mieux

inciter petits et grands à s'enquérir d'un autrefois révolu, partant ainsi, À la recherche d’un temps perdu…,

vers une Vie antérieure !

 

 

 

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Ornementation florale d'expression profane

Plan rapproché  de la table d'apparat ...

La Grande Salle de réception renaissance à l'heure de 1930

et de la vogue de belles exotiques...

 

 

Illustration poétique :

a)

 

  La Neige a rompu, ce matin,

Les murs de saturne et d’étain

Où s’enfermaient ses cataractes.

 

Elle défeuille lentement

Des roses froides, endormant

Tout sous sa fourrure compacte.

Les rouges-gorges affolés,

Désertant les buissons gelés,

Cherchent un toit qui les protège.

Silence et deuil, mort et blancheur !

La ville dort sous la fraîcheur

Assoupissante de la neige.

 

Il faut boire et, sur le foyer,

Poser, afin de s’égayer,

Les sarments d’où jaillit la flamme,

Attiser, loin de tout bruit vain,

Le feu vermeil et, dans le vin,

Réchauffer son corps et son âme.

Laurent Tailhade.[8]

 

 b)

 

 L’air est glacé, mais la nuit est sereine,

Les astres clairs nagent en un ciel pur ;

J’entends gémir les eaux de la fontaine ;

Le firmament étale son azur. […]

 

Nuit de Noël, derniers jours de l’année,

Oh ! Que de jeux, de paix et de plaisirs,

Vous rappelez à mon âme fanée !

Et tout a fui sous de nouveaux désirs !

 

Comme d’un rêve aussi doux que rapide,

Il me souvient de ce bonheur passé.

Bonheur d’enfance, imprévoyant, avide,

Que la raison a si vite effacé… […]

 

Jacques Imbert-Galloix.[9]

 

 

 

 

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Vue d'ensemble de l'Ornementation florale d'expression profane

La Grande Salle de réception renaissance à l'heure de 1930

et de la vogue de belles exotiques...

  

V)                

La Cuisine de Mathurine :

Art Floral profane de style début XXème siècle :

 

ou lorsque une Parenthèse Flamboyante vient se glisser

au milieu de la tonalité immaculée de ces Variations hivernales.

 

 

                           Nous voici parvenus au seuil de cette Mise en Scène Florale évocatrice d'histoire ; de Tout

un Monde lointain [10] aussi, pour clore ce parcours « costumé » d’une blancheur laiteuse, vierge de toute

flétrissure reflétée par la nature aimant à se couvrir d’une houppelande candide, et surtout afin de conjurer

l’infini du morne hiver, la nudité des bocages et l’absence de feuilles ainsi que la fausse impression de

désolation se dégageant des paysages agrestes en sommeil, l’antichambre de la grande salle de réception

vouée aux préparations culinaires festives incluant les délices sucrés réservés aux fins gastronomes et dont

le Maître-queue du logis conserve jalousement le secret de générations en générations, revêt, pour la

circonstance sa Robe de parade [11]  confectionnée sur mesure (comme les autres œuvres cousues mains

ponctuant les appartements du château…), robe resplendissante, chatoyant de pourpre et de rubis relevé

d’émeraude et d’un soupçon de poudre d’or, si ce n’est neigeuse

 

                           Et puisqu’il nous semble que tout doit concourir à l’heureux accomplissement de ce Carpe

diem fugace entourant la veillée étoilée, chantant l’avènement du Divin-Enfant et celle des douze coups de

minuit du fameux gui l’an neuf, conduisant, la lèvre affriandée [12], au matin des traditionnelles étrennes

(coutume, hélas, plus guère usitée de nos jours…), de menus présents fraîchement élaborés attendent

d’être attribués à leurs destinataires méritants, telle cette savoureuse pyramide entremêlée de fruits

comestibles et ornementaux qui convoque, en irréductible séductrice nos sens en émoi, à nous partager

ses faveurs (du moins en songe…) dôme pyramidal rejoint de modestes douceurs d’autrefois non moins

exquises tels des bonbons habillés de papillotes dorées, de pommes d’or, fétiches et précieuses (oranges,

mandarines) en chemises d’argent ou de soie, et différentes confiseries de nos chères provinces françaises,

sans oublier la contribution légendaire d’accessoires « divinatoires » et prolifiques, noix, noisettes « lisant »

l’avenir, assortiments de fruits secs surnommés mendiants en raison de la notoire trêve de Noël scellant la

réconciliation des quatre ordres mendiants, aisément identifiables selon la couleur affichée de leur bure ;

les « oléagineux » amandes blanches et noisettes symbolisant de part et d’autre Carmes et Augustins,

raisins et figues déshydratés, figurant de leur côté, Dominicains et Franciscains…

 

                        Outre les pâtes d’amandes dégustées telles quelles ou en « farce » à l’intérieur de

pruneaux, dragées, pastilles et caramels prennent le relais, suivis de gâteaux de l’Avent comme celui

typique de Noël, pain d’épices décliné sous de multiples contours, cœur, Saint Nicolas, figurines d’Adam et

Ève croquant la pomme défendue, maison de la sorcière du conte Hansel et Gretel, etc…

                         Temps de l’Avent  indubitablement marqué par l’emblématique couronne munie de ses

quatre bougies [13] correspondant au nombre de dimanches nous séparant de la nuit du 24 Décembre,

bougies dont il est de bon ton de souffler la flamme à partir de la Saint André (30 Novembre), lors de

chaque repos dominical…

                        Mais que les adeptes de la botanique modelée en compositions de style se rassurent, ils

auront de quoi sacrifier à son culte ; rameaux d’aiguilles persistantes parsemés de sommités florales se

distingueront volontiers, parmi cette Corne d’abondance goûteuse…sur le plan visuel !

 

Illustration littéraire

 

En guise de témoignages d’us et coutumes chez les humbles  de ce Monde  :

 

                       Il y a quelques décennies encore de cela, que certains de nos augustes ainés, vivants

témoins de ce temps jadis, ont connu, l’orange représentait le cadeau de Noël suprême, si ce n'est rêvé et

l’un des plus recherchés. Il faut dire que les enfants de souche modeste n’avaient guère le choix, ne

connaissant qu'une pléiade infime d’objets plus sophistiqués, ne convoitant aucunement les jouets de luxe

garnissant le sapin de leurs camarades de la bourgeoisie ou de la haute société…Et le cœur pur, simples,

ils contemplaient cette magnifique offrande, inestimable sphère odorante fleurant bon les pays chauds, que

l'on se contentait de recevoir seule, ou plus rarement, accompagnée d'un livre pour les foyers plus fortunés :

 

                         Noël, dans mon enfance, c’était le jour où on me donnait une orange et c’était

un grand évènement. Sous la forme de cette pomme d’or, parfaite et brillante, je pensais tenir

dans mes mains le bonheur du monde.

                       Je regardais ma belle orange ; ma mère la tirait de son papier de soie ; tous les

deux, nous en admirions la grosseur, la rondeur, l’éclat ; je prenais dans le buffet un de ces

beaux verres à pied en cristal qu’on achetait alors dans les foires. Je le renversais, le mettais

à droite, au bout de la cheminée, et ma mère posait dessus la belle orange. Pendant des mois,

elle nous assurait par ses belles couleurs, que le bonheur et la beauté étaient de ce monde.

Quelquefois, je la palpais, je la tâtais. Il m’arrivait d’insinuer qu’elle serait bientôt mûre.

                     -Attends encore ! répondait ma mère, quand nous l’aurons mangée, qu’est ce qui

nous restera ?

                      Nous attendions. En avril, en mai, il fallait la jeter, parce qu’elle était gâtée. Je n’ai

pas de souvenir d’avoir jamais mangé l’orange de Noël…

 

Jean Guéhenno.[14]

 

 

                         Une deuxième souvenance, fruit d’une Faunesse native de Saint Sauveur en Puisaye, nous

relate sur un ton empreint de poésie et de mélancolie, à quel point le rite du jour de l’an, fête glacée, tant

attendue, annonciatrice de distribution des étrennes, était synonyme de gestes charitables dénués

d’affectation, respirant la joie authentique de faire plaisir à plus défavorisé dans ce bas-monde que soi…

 

                        Vides, elles l’étaient quasi, les poches et les mains de qui me venaient pourtant 

toutes grâces et toutes libéralités. Mais elles accomplissaient des miracles à leur portée.

                        L’aube du premier janvier, rouge au ras de la neige, n’était pas née que les cent 

livres de pain, cuites pour les pauvres, tiédissaient la cuisine carrelée de ma maison natale,

et  les cent décimes de bronze sonnaient dans une corbeille. Une livre de pain, une décime,

nos pauvres d’autrefois, modestes, s’en allaient contents et me saluaient par mon nom de

jeune fille.

                       Debout, juchée sur mes sabots et grave, je distribuais le pain taillé, le gros sou ; je

flairais sur mes mains l’apéritive odeur de la miche fraîche ; à la dérobée, je léchais sur le

ventre en bouclier d’un pain de douze livres, sa fleur de farine. Fidèlement, l’odeur de pain

accompagne, dans mon souvenir, le cri des coqs sous la barre rouge de l’aube, en plein hiver,

et la variation de baguettes, jouée par le tambour de ville devant le perron, pour mon père.

                      Qu’il est chaud à mon cœur, encore, ce souvenir d’une fête glacée, sans autre

cadeaux que quelques bonbons, des mandarines en chemises d’argent, un livre…La veille au

soir, un gâteau traditionnel, servi vers dix heures, saucé d’une brûlante sauce de rhum et

d’abricot, une tasse de thé chinois, pâle et embaumé, avait autorisé la veillée. Feu claquant et

dansant, volumes épars, soupirs de chiens endormis, rares paroles – où donc mon cœur et

celui des miens puisait-il sa joie ?

                       Et comment le transmettre, ce bonheur sans éclat, ce bonheur à flamme sourde,

à nos enfants d’aujourd’hui [15] ?

 

Colette.

 

 

Conception artistique de Valériane d’Alizée

Chercheur – historienne de la Flore

Auteur-interprète du patrimoine naturaliste

 

Tous droits de reproduction réservés.



[1] : Expression latine désignant par une métaphore la Vierge Marie cette rose du monde

[2]  Fragments de la poésie Ah ! De Sa Tige D’Or, extrait du recueil Derniers Poèmes.

 [3]  La glaneuse en vannerie provient du verbe glaner et nous retrace la charmante inclination de la Reine

Marie-Antoinette, pour le naturel, qui, au cours du siècle des Lumières aimait à se retirer du monde civilisé imposé, au sein de son domaine intime du Petit Trianon, jardin secret abritant des fleurs champêtres dans la mouvance des jardins anglais et de la pensée d’un promeneur solitaire, Jean-Jacques Rousseau, fleurs sauvages ou du moins en ayant l’apparence, qu’elle prenait le soin d'admirer, et que la souveraine récoltait donc, à l’aide de ce panier-glaneuse

[4]  Extrait du poème La Symphonie de la Neige, issu du recueil Les Stalactites.

 [5]   Phaleanopsis amabilis est la création, ou l’obtention en langage horticole, du directeur du jardin botanique de Leiden en Hollande,

Carl Blume . Cette orchidée parfumée nous provient de Malaisie, de Nouvelle-Guinée et d’Australie, où elle croît à l’état indigène, sur les arbres, dans les forêts humides à l’intérieur des terres, ou près des régions côtières

[6] 

 Notre Picea remplacé aujourd'hui par plusieurs sapins hybridés, véhicule à lui seul une histoire ô combien étoffée, et qui, une fois, paré

d’éléments décoratifs voit sa mission symbolique amplifiée par l’apport notamment de suspensions en forme de sphère nous évoquant la redoutable pomme tentatrice de l’Éden, Paradis originel accueillant notre mystique Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal

[7]  Emprunt au titre d'un cycle pour piano du compositeur romantique, Robert Schumann.

[8]  Odelette Hiémale provenant du recueil Poèmes Élégiaques

 

[9]  La Nuit de Noël  recueil  Poésies.

[10]  Détournement d'une œuvre musicale  pour violoncelle et orchestre du compositeur Henri Dutilleux, portant ce titre.

[11]  Emprunt d'une formule poétique d'Albert Samain, Recueil Au Jardin de l' Infante.

[12]  Expression empruntée à Arthur Rimbaud dans son texte  Les Étrennes des Orphelins.

[13]  Le temps de l’Avent est inauguré par l’exposition symbolique de la couronne dite de l’Avent (à ne pas confondre avec sa rivale profane

de l’hospitalité fleurissant l’huis de nos demeures et de source anglo-saxonne, premier tiers du XXème siècle) nimbée de son quatuor lumineux et qui tend à perpétuer un rite ancestral provenant de l’Europe du Nord, inspiré de la fête de la Lumière célébrée le jour de la Sainte Lucie le 13 Décembre, et imprégnant depuis le XVIème siècle l’Allemagne orientale avant de transiter plus tardivement chez les luthériens et catholiques germaniques pour nous parvenir enfin aux environs de 1930. Quant à notre légendaire sapin de Noël, aux origines similaires,- venant des régions de Scandinavie pour s’implanter en territoires germaniques-il faudra patienter afin de contempler sa figure charismatique au centre de nos foyers, puisque c’est seulement vers 1837 au cours du règne du Roi Louis-Philippe qu’il fit son entrée magistrale , sous l’initiative d’Hélène  de Mecklembourg, belle-fille du souverain, en souvenir des usages de son enfance…Mais rien qu’à lui tout seul, le roi des forêts mériterait bien des pages contant ses chroniques historiques !

 [14]  Prose tirée du roman Changer la vie aux éditions Fayard.

[15]  Fragment en prose extrait du Voyage égoïste.

 

 

 

 



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Mise en scène Florale Historique

Placée sous le sceau

De l’Hiver, Saison de l’Art Serein [1]

Et d’un trio de tonalités :

Blanc, Vert et Or.

 

Ier Volet

 

 

Blancheur immaculée évoquant les paysages hivernaux enneigés,

 Dégradé verdoyant revêtant la forme de lourds rameaux

de Persistants, symboles de vie et de pérennité,

Le tout constellé de poudre d’or, dédiée à nous remémorer

la féérie et la luxuriance de l’évènement…

 

Cheminement des Appartements du Logis rehaussé

de vivants tableaux dits Natures-Mortes destinés à honorer

tant un Minuit Chrétien qu’un Minuit Profane,

Heures Solennelles et intimes génératrices d’allégresse...

 

Parures végétales ou en trompe-l’œil inspirées

des traditions ancestrales de notre civilisation occidentale,

reposant sur un lustre d’antan, situé,

aux confins du XIXème siècle jusqu’à l’aube des Années Folles (1930).

 

Avant – Propos préparatoire

au Parcours festif :

 

 Sous le pâle et rugueux brouillard d’un ciel d’hiver

Le froid gerce le sol des plaines assoupies.

Émile Verhaeren.

 

 

 

                              Tandis que depuis la nuit des temps, dame Nature convoque de manière immuable

faune et flore à un doux endormissement telles des Belles au bois dormant appelées à jouer aux fières

engourdies feignant une paresse de circonstance, afin de se protéger des rigueurs obligées dispensées par

un émissaire du calendrier effeuillant ses pages, nous nous apprêtons, en plein cœur des jours aux heures

déclinantes, là où Le ciel pleure ses larmes blanches sur les jours roses trépassés  [1bis],Heures claires, se

raréfiant davantage au fur et à mesure que nous progressons vers le solstice d’hiver (du moins concernant

nos contrées de l’hémisphère nord) à révérer tout relief emblématique de clarté, comme nous le

recommande l’incarnation de la lumière, Sainte Lucie [2], l’une des héroïnes de ces réjouissances, dont

l’étymologie du prénom a quelque lien avec le nom de ce domaine, attributs voués à compenser, sinon à

nous soustraire de l’obscurité  [3] imposée au gré des desiderata de Messire December, revêtant pour lors,

son manteau de vent, de froidure et de pluye[4]

                             Houppelande givrée guère plaisante, il est vrai, à nos yeux d’hédonistes égotistes, plus

enclins à chanter les attraits forts seyants du seigneur Primavera et de sa livrée de verdure, gages de futures

savoureuse Cornes d’abondance, tant étéales qu’automnales, qu’à louer le dépouillement austère des

atours plutôt frustres, dignes d’un ermite, de cet Yver qui n’est qu’un villain puisque constamment escorté

de sa suite de courtisans favoris, constituée de nege, vent, puye et grezil, phénomènes épisodiques parfois

violents, comblant plus que modérément, osons l’avouer, nos sens d’Européens goûtant les mérites d’une

atmosphère tempérée !

                            Néanmoins, n’en déplaise aux partisans de Monseigneur l’astre solaire, frileux exilés de

l’été répugnant aux frimas, à l’instar de notre éminent chantre médiéval de la dynastie des Orléans [5]

appartenant au noble escadron des voix lyriques du temps jadis, au service du culte de Polymnie [6]et, qui

nous livre ici ses impressions de sensitif, sensible au rayonnement fertile printanier, auquel il sacrifia

auprès de ses frères humains, en adoptant ses coutumes…de Coeur d’Amour espris [7] s’adonnant au rituel

galant du Mai…, chaque période de notre environnement naturel demeure étroitement liée, solidaires les

unes des autres, à tel point, que si un membre de ce quatuor d’inséparables venait à manquer à son rôle

prépondérant, l’équilibre biologique serait aussitôt rompu.

 

                            C’est la raison pour laquelle, impuissants à endiguer pareille calamité, ne doutons pas

que l’on verrait, dans les plus brefs délais, fondre comme neige au soleil nombre de trésors de notre

écosystème présidé par la divine Gaia, mère nourricière fondamentale, veillant dès leur enfantement, sur

la multitude de créatures vivantes évoluant au centre du cosmos, de notre planète terre, et dont l’ample

biodiversité devrait engendrer émotions et évènements continuels, sans parler d’incessants

questionnements de notre part, qu’elles fassent partie de l’espèce animale, végétale ou humaine.

                            Et ce n’est pas non plus une raison de mésestimer, voire de dénigrer cet épisode de

léthargie salutaire, promesse de réveils prochains, d’éclosions foisonnantes de vies, en vertu du simple

motif, que la tonalité des attraits de ce dernier est aux antipodes des teintes chatoyantes, fort flatteuses,

inhérentes aux fructueuses germinations consacrant ensuite l’empire de Flore et Pomone, récoltes

déversant leur provende de moissons, vendanges et autres cueillettes médicinales prolifiques,

indispensables au patrimoine de l’humanité perpétuellement en quête de sources bienfaitrices, et qui,

globalement prédisposée à se conduire en ingrate égocentrique irrespectueuse, puise en elles, hélas,

aveuglément, sans se préoccuper qu’elles puissent à l’avenir se tarir et priver de ce fait, ses descendants !

                            N’oublions jamais que se fier aux seules apparences représente un leurre d’une légèreté

inouïe, si ce n’est d’une extrême dangerosité par la méconnaissance qui en découle, en corrélation de cet

adage proverbial qui nous certifie que tout ce qui brille n’est pas or…, et si, impérieuse, la souveraine

Natura exige à la fois de la végétation, à la fois du bestiaire qu’ils cèdent à ses instances en se retirant du

monde actif durant les semaines nécessaires à leur « reviviscence », se ressourçant respectivement grâce à

leur sommeil hibernal dans la perspective d’une résurrection tant attendue, en analogie du Phénix

renaissant de ses cendres, et que les passionnés de naturalisme épient avec gourmandise, n’est-ce pas, (en

dehors de leur vocation à poursuivre leur destin primitif, croître et se multiplier), pour faire montre d’un

vertueux dessein : tenter de nous surprendre encore et toujours, au-delà du ravissement sensuel procuré,

au cours de ces rendez-vous inaugurant l’effloraison de la botanique, rencontres jubilatoires enluminant ce

cycle éternel des quatre saisons, auquel il ne faudrait point s’habituer, nous souvenant que :

 Rien n’est jamais acquis à l’homme

Ni sa force, ni sa faiblesse, ni son cœur ? ...[8]

 

 et que :                     

l’Indifférence est une paralysie de l’âme,

Une mort prématurée [9].

 

                              Indifférence ou insensibilité majeure fort dommageable et révoltante à l’endroit de cette

Alma mater déroulant sa maturation en similitude des quatre âges de notre propre destinée, comme l’a si

bien saisi un orfèvre ciselant les vers de ce Lied  [10] quintessence du Romantisme français :

Au mois d’avril, la terre est rose

Comme la jeunesse et l’amour ;

Pucelle encore, à peine elle ose

Payer le Printemps de retour.

 

Au mois de juin, déjà plus pâle

Et le cœur de désir troublé,

Avec l’été tout brun de hâle

Elle se couche dans le blé.

 

Au mois d’août, bacchante enivrée,

Elle offre à l’Automne son sein,

Et roulant sur la peau tigrée,

Fait jaillir le sang du raisin.

En décembre, petite vieille,

Par les frimas poudrée à blanc,

Dans ses rêves elle réveille

L’hiver auprès d’elle ronflant.

 

 

 

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Paysage d'Hiver sur fond de sapinière de  Caspar David Friedrich.

 

                               Ainsi, nimbant leur infini labeur ténébreux d’un voile de pudeur à la façon d’une chaste

épousée de l’ère romantique, maintes ramures à feuilles caduques, maints joyaux vivaces fugaces,

s’éclipsent momentanément, s’inclinant devant la sentence implacable prononcée, nous laissant en

l’occurrence, orphelin de leur présence charismatique, alliant beauté, senteur et saveur…irremplaçables,

hormis une palette restreinte de plantes entrant en résistance contre un tel diktat, qui, invariablement, du

haut de ce pouvoir absolu, ordonne de perdre pourpoint chlorophyllien et robe diaprée !...Mais,

Patience, patience

Patience dans l’azur !

Chaque atome de silence

Est la chance d’un fruit mûr !

                                Donc, Calme, calme, reste calme ! ami ; écoute, je te prie, la tendre supplique de

l’auteur de Narcisse parle [11]qui te convie, toi et les tiens, à connaître le poids d’une palme portant sa

profusion ; crois en sa sage expérience, tout vient à point nommé en faveur de l’heureux élu philosophe

qui sait attendre ; aujourd’hui, certes, tu te lamentes, mais c’est pour mieux te préparer à vibrer une fois de

plus, demain, en contemplant les merveilles effectuant leur apparition par ordre d’entrée de jeu, réglé

avec maestria, suivant les dispositions mystérieuses et volontaires de ce metteur en scène, régisseur du

verdoiement. Or, il est indéniable que :

 

Ces jours qui te semblent vides

Et perdus pour l’univers

Ont des racines avides

Qui travaillent les déserts [12]

 

et ceci, assurément, en sourdine, dégagé du moindre signe ostentatoire, dans l’ombre, au contraire, d’une enveloppe charnelle, et les profondeurs souterraines de l’invisible…

 

                           Et puisqu’il nous est donné de nous exprimer par l’intermédiaire de cette célébration de

Noël [13] dont l’Avent [14]marque le point crucial des étapes chrétiennes conduisant à l’Épiphanie, scène

conclusive de l’Adoration, mettant un terme à ce périple rendant hommage à la Nativité de la Lumière du

Monde [15], suivant une appellation de Saint Jean, qu’il nous soit permis de saluer comme il se doit, et ce

pour la énième fois, cette pause hivernale salvatrice, autant à l’égard de l’humble commun des mortels,

qu’à l’adresse de moult familles hétérogènes peuplant notre globe, pause propice à la méditation, à la

ferveur et au partage, préparant dans une saine émulation, cette veillée étoilée.

 

                         Nuit magique aux parfums nostalgiques et reflets d’antan, qui repose sur un paysage en

état de latence, au lent tempo, solennel adagio de l’hiver, annoncé par l’andante mélancolique et gracieux

de l’automne [16], cadre quasi dénudé jusqu’à l’instant opportun où il reverdira, refleurira petit à petit, en

complicité ou en rivalité, habits de feuillus donc, manquant à l’appel, exceptés ceux, naturellement, du

genre sempervirens, florilège de feuillages conservant sa toison irriguée de sève et pigmentée d’émeraude,

de jade, de céladon, de pers…incluant des nuances argentées, sans omettre un bataillon « d’originales »,

essences florales défiant la norme et surtout les intempéries, afin de s’illustrer, les rebelles, par cette

généreuse offrande, et par cette intercession, éveillant en nous la jouissance que suscite leur esthétisme

imprégné de messages sous- jacents, d’une grande complexité.

 

                       Comment, dites-moi, pourrions-nous œuvrer, en ces festivités de Noël façonnées d’usages

religieux infusant les mœurs profanes, précédant un cérémonial civil lui aussi détenteur d’historicité, celui

de l’avènement d’un nouvel an baptisé d’après une locution colettienne, de Fête glacée  [17] synonyme de

l’ancien rite des Étrennes, tombé en désuétude de nos jours, oui, comment ferions-nous si nous devions

soudainement renoncer à nos chères ramées au langage fécond, ambassadrices de vie, de pérennité

chargées d’une double mission riche de sens : assurer notre « protection spirituelle », tout en éloignant les

mânes de nos défunts venus nous visiter, secondés par les âmes des démons en errance [18]?

                       Tribu de résineux ou conifères arborant crânement, en continu, de piquantes aiguilles, (du

1er Janvier au 31 Décembre) composée de cyprès, ifs, pins, sapins blancs ou vrais, sapins rouges, mélèzes,

thuyas, séquoias, etc. ...qui vient renforcer la prégnance de notre légendaire Roi des forêts en bonnet

pointu 19 bis, ce fameux épicéa d’autrefois, emblème de nos sapins actuels, ornements fétiches des

maisons qui, dépourvues de son altière silhouette véhiculant une symbolique prééminente ne

proposeraient au regard qu’une bien piètre possibilité de liesse. Il est d’ailleurs notable que notre beau

sapin populaire, n’en est pas moins l’héritier de coutumes chrétiennes dont les Mystères du Moyen-âge [19]

se feront l’écho, se substituant de par ses qualités de vigueur, alors que tout, dans la nature, semble figé,

comme en costume de « demi-deuil », à l’Arbre du Paradis du péché originel d’Adam et Ève, intitulé en

conséquence, Arbre de la Connaissance, Arbre du Bien et du Mal…Figure christique par excellence, d’autre

part, il nous traduit, ce Picea, l’arbre généalogique du Sauveur, cette fleur des fleurs métaphorique de

l’Arbre de Jessé.

                          Et les foyers de mécréants les plus farouchement réfractaires, hostiles aux récits bibliques,

à de telles croyances, se doutent-ils seulement en l’accueillant chez eux à quelles annales ils font

référence ?

                         Au début du XXème siècle, un chercheur [20] exalte la signification octroyée à ce géant

sylvestre ; écoutons son témoignage d’homme pieux  :  Partout l’arbre est regardé comme un symbole de

vie, d’abondance et de prospérité […] Tout éclatant de lumières, tout chargé de jouets et de friandises, cet

arbre merveilleux est pour les cœurs innocents le symbole de celui qui est la Lumière du monde et la source

de tout don céleste

 

 

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Scène de l'Adoration des Mages

de Jean Bourdichon (1457ou1459-1521)

 

 

                          Cependant, en concomitance de ces cimes qui s’élèvent vers des sphères que nous ne

pourrions prétendre atteindre, le terreau, même amoindri de rayons fertilisants, n’est pas complètement

démuni, ni encore moins stérile : quelques « tentatrices », ô combien appréciées, restent disposes, en dépit

de l’inclémence saisonnière, et se soumettent à notre loi d’épicuriens avides de profiter d’elles, sobre

pléiade de rameaux de buis, d’olivier, de palme, branches de laurier noble, de houx, de gui, guirlandes et

touffes de lierre (réputées, impérissables, tant elles s’évertuent à s’attacher au support sur lequel elles ont

jeté leur dévolu et qui les nourrit) étoffant de fragiles corolles qui osent braver la froidure pour perdurer à

exister, semblablement aux calices indigènes ou de culture répondant au nom d’amaryllis, camélia,

orchidée, mimosa, bruyère, pensée, ellébore ou rose de Noël, soignés par des mains expertes de jardinier

amateur ou d’horticulteur chevronné, aux côtés de leurs « sœurs » de serres chaudes devenues des

« classiques » de la floriculture tout au long de l’année, telles que roses, lys, œillets, mini arums,

orchidées…

                          Pensez-vous qu’il soit impossible que certains jardins clos privilégiés, bénéficiant d’une

exposition et d’un microclimat exceptionnels, ne puissent se parer d’inflorescences précoces ? C’est

toutefois la charmante surprise que nous ont réservé des parterres protégés…d’une falaise de tuffeaux

faisant écran aux bourrasques d’Éole [21] et divers méfaits climatiques ; en effet, quel ne fut pas notre

étonnement de voir s’épanouir des bouillées de violettes blanches, de surcroit odoriférantes, à l’heure où

Saint Nicolas distribue ses présents, Viola alba odorata renommée sous la Renaissance pour éclore en Mars,

si l’on en croit un poème d'un certain prieur de Saint-Cosme en l’Isle.[22]

                           Et si intrépides, les températures en déclin ne vous rebutant guère, vous allez porter vos

pas vers des sentiers bucoliques, au seuil de Février, vous risquez au détour d’un bois, d’une prairie, de

faire la découverte de « galantes » clochettes d’une blancheur immaculée, qui de leurs frêles tiges, fendent

la couche de terre, les ensevelissant jusque là, « perce-neige » révélateur d’une aube nouvelle, nous

incitant à guetter le lever de rideau d’un spectacle agreste, investissant de façon imminente la scène de

nos théâtres de verdure à l’architecture spontanée ou savamment élaborée selon l’inclination de mains

vertes spécialisées.

                          En attendant, fébriles, d’être éblouis par la représentation de gala du « Renouveau » et de

boire jusqu’à la lie cet air juvénile qu’exhalent la remontée des sèves universelles et le bourgeonnement

de vertes frondaisons, en attendant troublés, de palpiter à l’unisson de mille et un semis de fleurettes à la

douce haleine émaillant prés et taillis, haies et clairières, plaines et vallons…en attendant d’être invités à

assister, de notre loge particulière, à la ronde enchantée et enchanteresse de timides et grêles pétales en

« convalescence », panachant nos enclos privatifs, parcs et jardins botaniques publics de nos cités, bref, de

frissonner et d’être, incontinents, saisis de vertiges devant ce flot ou plutôt cette débauche de semences en

germination, qui, telles de somptueuses bacchantes, éclatent enfin de vie, de splendeur, au grand jour,

dans une symphonie florale idyllique inégalée, rêvons à la blonde Cérès, au rougeoyant Bacchus, qui ont

chacun leurs rangs tenus [23] dans un passé récent, nous régalant de leur magnificence et qui gageons-le,

ferons bientôt de même, à l’horizon de notre espérance dénuée de chimères.

 

                           Mais étant donné que pour l’heure, nous ne pouvons nous dérober à la « froide humeur »

hivernale et de son ciel de traine, efforçons-nous de nous accommoder de la situation, en sachant

apprécier la vivacité des fidèles mentionnés au préalable, qui nous assurent de leur indéfectible soutien,

verte brigade [24] extrêmement sollicitée sinon enrôlée pour que nous nous réjouissions, encerclés de sa

plaisante compagnie (censée éloigner le mauvais sort) en l’honneur de cette Feste de la Noël aux effluves

magiques effervescents annonçant la venue du Prince de la Paix.[25]

                           C’est donc en connaissance de cause, ayant pleinement conscience du tempérament

foncier, du rythme intrinsèque à chaque saison conjugués à d’inlassables recherches historiques ne prenant

jamais fin, que l’on peut à notre humble avis, appréhender un tel sujet (thème aujourd’hui fort galvaudé et

dénaturé par un aspect clinquant commercial…) du moins tenter une approche sans en déflorer ni pervertir

la signification profonde, l’essence cachée qui l’habite, et dont surtout les chroniques séculaires de

naguère, l’ont intentionnellement nanti.

                          Pénétrées de ce brassage d’idées, d’une telle synthèse de convictions empreintes de

religiosité se répandant au faste séculier, nous, historienne et ornementaliste en « floralisterie » d’art,

dévouées à Flora, cette belle rommaine [26] associées, souhaitons-le, pour le meilleur, sommes animées

d’une prétention :  transmettre notre vision de femmes du XXI ème siècle, en engendrant autant que faire se

peut, en ces temps suprêmes de recueillement aboutissant à l’euphorie, quelques instants de délices,

subtilisés à la monotonie du quotidien, à l’Ombre des jours [27], faisant nôtre cette devise de  peintre, qui

proclame que :

Le but de l’art c’est la délectation [28] 

 

                           Quelle fatuité, argumenterez-vous dans votre for-intérieur, que d’aspirer à vouloir créer

chez autrui semblables sensations jubilatoires !

                           Que nenni ! N’y voyez, s’il vous plaît, nul miroir de suffisance, simplement le désir de

passer notre idéal à travers cette ornementation végétale entrelacée de reproductions en trompe-l’œil et

conçue dans le goût (et selon l’esprit de ce haut lieu) de Natures-Mortes en clair-obscur, nous efforçant de

ne jamais oublier d’intégrer au sein de notre ligne de conduite, l’émotion, puisque à notre sens, isolé de

l’affect, l’intellect ne traduit, en vérité, que le fruit d’un raisonnement froid et dur, de théories dogmatiques

allant à l’encontre de notre vœu, un rien utopique en cette société de plus en plus pragmatique, de faire

affluer une certaine jouissance, invoquant à notre rescousse celle que nous nommons en songe, la félicité,

élément fédérateur de notre engagement qui nous fait nous mouvoir avec « flamme » alimentant le feu de

notre fougue afin qu’il ne s’altère, en adéquation de cette maxime mystique qui préconise qu’ :

 

Il faut d’abord avoir soif.[29]

                               Soif d’exulter  à la pensée de recevoir une complice de choix illuminant notre

existence d’Hominem cultivant l’étoile filante du plaisir et qui nous fait nous exclamer :

Ô douce volupté, sans qui, dès notre enfance,

Le vivre et le mourir nous deviendraient égaux. 30bis

 

 

 

 

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Réédition de carte postale anglaise sous l'ère victorienne :

Deux anges viennent orner le sapin pendant le sommeil d'une chère tête blonde

rêvant sans doute aux bien beaux joujoux qu'il trouvera sous le roi des forêts...

 

 





[1] : Formule de Stéphane Mallarmé, extraite de la pièce Renouveau du recueil Poésies.

[1 bis]   Deux premiers vers du poème d’Albert Samain, Hiver issu du recueil Au Jardin De L’Infante.

[2]  Sainte Lucie, incarnation de la lumière fêtée le 13 décembre, nous vient de Scandinavie, plus précisément de Suède, pays initiateur

d’abondantes traditions…

[3]  Obscurité porteuse d’ombres néfastes ou un tantinet traversée de noirceur puisque selon des légendes de contrées nordiques, les âmes de

nos chers défunts s’y plaisaient à y roder dès les heures déclinantes de la tombée de la nuit.

Emprunt à un célèbre rondeau de Charles d’Orléans en hommage au retour du printemps…

6  Allusion au poète précité Charles d’Orléans…

7  Muse de la poésie lyrique escortant Apollon avec ses huit compagnes.

Titre d’un Roman d’amour courtois médiéval signé de René Ier d’Anjou dit le bon Roi René cousin du Blésois Charles d’Orléans avec 

lequel il rivalisa en joutes poétiques…

 [8 bis]   Citation de Louis Aragon provenant du poème  Il n’y a pas d’amour heureux, recueil  La Diane Française

[9] Devise d’Anton Tchekhov…

[10] Poésie de Théophile Gauthier, Lied tiré d’Émaux et Camées.

[11]  Allusion à Paul Valéry, auteur de Palme, Recueil Charmes.

[12]  Autre citation du poème Palme de Paul Valéry.

[13]  Le terme de Noël est une contraction du mot hébreu Emmanuel qui signifie : Dieu avec nous

[14]  L’expression Avent provient du latin, Adventus, locution aux racines profanes traduisant la venue dans le sens de l’avènement.

 [16]  Deux emprunts de George Sand situés au sein de l’Avant-propos de  François Le Champi.

[17]  Emprunt à Colette désignant le jour de l’an nouveau pris au cœur de son récit  Le Voyage Égoïste.

[18]  Une pléiade restreinte de végétaux entourée d’une myriade d’halos lumineux, sont chargées d’un rôle majeur, lors de cette période

sombre de l’année (au summum du manque de lumière durant les fameux douze jours réputés dangereux séparant Noël de l’Épiphanie),

celui d’éloigner les âmes trépassées…

 19bis  Les sapins en bonnet pointu, premier vers de Guillaume Apollinaire (Alcools) métaphore de ce roi des forêts : l’épicéa.

[19]     Donnés sur les parvis des églises, Les « Mystères » médiévaux que nous pouvons considérer comme l’ancêtre de la pièce de théâtre

moderne, avaient pour vocation d’évangéliser les fidèles illettrés par un procédé fort simple ayant recours au geste et surtout  à la

parole ; au cours de ces scènes « reconstituant » l’épisode de la Nativité, maints branchages toujours verts ornaient l’extérieur des

édifices précédant en cela le sapin à venir qui se substituerait à ces parures épurées…

[20]  Évocation des recherches sacrées de Monseigneur Chabot effectuées sur ce sujet et  aboutissant à la publication de son ouvrage de

1912, La Nuit de Noël dans tous les pays.

[21]   Le Dieu des vents dans la mythologie grecque, qui gouverne ses bons et ses mauvais sujets.

[22]   Allusion à Pierre de Ronsard en charge du Prieuré de Saint-Côme (Tours).

[23]  Citation de Jacques Pelletier du Mans, issu de son poème renaissance L’Hyver septième vers exactement introduit de la façon

suivante : Bacchus, Ceres et Venus ont chacun leurs rengs tenuz

[24]   Locution médiévale  et renaissance désignant de manière positive une troupe ou plutôt noble assemblée de gentilshommes, dans le

sens courtois du terme.

[25]   Formule due à Paul Claudel provenant de son poème Chant de Noël. (Source non identifiée)

[26]   Citation de François Villon puisée dans sa  Ballade des Dames du Temps jadis.  

[27]   Titre d’un recueil poétique de la poétesse Anna de Noailles.

[28]   Allusion au peintre classique Nicolas Poussin.

 [29]      Axiome de la mystique médiévale Sainte Catherine de Sienne.

[29] bis: Vers de Jean de La Fontaine tirés de son  Éloge De la Volupté  extrait des Amours de Psyché.

 

 

 

 



 


 

 

 

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ADMINISTRATEUR GENERAL

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Manolo Yanes

"Mythochromie"

Peintures

Exposition du 05/09 au 23/09/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 05/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

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Angela Magnatta

"Femmes-combats et rêves"

Affiches

 Exposition du 05/09 au 23/09/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 05/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

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Jean-Pierre Mazubert

"De pierre et de mer inconnue"

Sculptures

Exposition du 05/09 au 23/09/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 05/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

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Olivier Filleul alias Ofil

"De pierre et de mer inconnue"

Peintures

 Exposition du 05/09 au 23/09/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 05/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

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Bernadette Reginster

"Artiste plurielle"

Peintures et sculptures

 Exposition du 26/09 au 14/10/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 26/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

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Bernadette Reginster

"Artiste plurielle"

Sculptures et peintures

Exposition du 26/09 au 14/10/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 26/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

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Françoise Van Hauwaert

"Buladudi"

Sculptures

 Exposition du 26/09 au 14/10/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 26/09/2012

De 18h 30 à 21h 30

Et qui sera agrémenté d'extraits de musique celtique

interprétée par la harpiste Françoise Marquet

 

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Marylise Grand’ry

"Espace-Temps"

Peintures

 Exposition du 17/10 au 04/11/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 17/10/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

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 Jean-François Motte

"Gouttes en série"

Peintures

 Exposition du 17/10 au 04/11/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 17/10/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

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Marcus Boisdenghein

"Eléments de vie"

Peintures

Exposition du 17/10 au 04/11/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 17/10/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

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Xavi Puente

"Bois et entrelacs"

Sculptures

 Exposition du 17/10 au 04/11/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 17/10/2012

De 18h 30 à 21h 30

 

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Bettina Massa

"Oeuvres sur papier"

Peintures

Exposition du 07/11 au 25/11/2012

De 11h 30 à 18h 30

Vernissage le 07/11/2012

De 18h 30 à 21h 30

Et qui sera agrémenté d'extraits de musique celtique

interprétée par la harpiste Françoise Marquet

 

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Une fontaine humanisante

 

 

Certes, les habitudes changent,

En déroutant les attardés,

Qui apparaissent démodés,

Osent, parfois, parler des anges.

...

Ce qui désole les aînés,

Est la singulière attitude

De jeunes, ayant fait des études,

Se tenant, soudain, éloignés.

...

Ceux-ci ne prennent la parole,

Que s'ils doivent répondre, mais

Ne se montrent pas animés

Et se soucient peu d'être drôles.

...

Pour ne pas sembler romantique,

Au Je, on préfère le On,

Qui suit la foule, s'y confond;

Les goûts paraissent identiques.

...

Or, immergée dans le silence,

L'âme en peine, ou épanouie,

Peut découvrir, grâce inouïe,

Une fontaine humanisante.

...

Surgie d'ailleurs et d'autrefois,

La poésie qui se révèle,

Restée immuablement belle,

Charrie la beauté et la foi.

...

31 août 2012

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MESSAGE...

Viens...

Je te dirai les mots...

J'inventerai les instants

J'effacerai les maux

J'embellirai le temps!

Je chanterai la vie...

Soufflerai du bonheur

Au creux de tes envies

J'effacerai la peur!

Viens...

Au fond de mon désir

J'oublierai mon ego

Je créerai le plaisir

Et tu seras plus beau!

Je comblerai les vides...

Pour protéger tes pas

Et ne serai avide

Que de toi ici-bas!

 

Viens...

Je saurai m'effacer...

Si un jour pour ton bien

Tu devais t'éloigner

Et rompre le lien!

 

Je vais colorier la pluie...

Et réchauffer la neige

Et si survient l'ennui

Créerai des sortilèges!

 

Viens...

Je ferrai le printemps beau

J'écouterai sur ton coeur

le chant doux des oiseaux...

Pour rêver au bonheur!

J.G.

 

 

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L'indifférence et la décence

Soliloque

 

Il me parait presque certain

D’avoir perdu toute importance.

S'est enfermé dans le silence,

Mon merveilleux ami lointain.

...

D’avoir perdu toute importance,

Pour mon correspondant câlin,

Mon merveilleux ami lointain.

Il m'instruisait avec brillance.

...

Pour mon correspondant câlin,

Que je suivais en ses errances.

Il m'instruisait avec brillance.

Pris d'indifférence, soudain

...

Que je suivais en ses errances.

Au tout début, main dans la main,

Pris d'indifférence soudain.

Que me demande la décence?

9 décembre 2010

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Le cimetière juif de Prague

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Sous le lierre obscur de la maison des morts, le crépuscule rougit le soulèvement des pierres gravées de lions et de couronne

 

Sur le cœur de la nuit privé d’étoiles, au-dessus du chemin qui mène à Theresienstadt, les bourreaux ont cousu des étoiles de David..

 

La main du rabbin Löw ne bénit plus le ghetto de Josephov. La Mort était cachée dans les plis d’une rose. La force du golem fut rendue à l’informe quand il eut effacé l’Aleph de son front.


Et le Dieu de leurs pères fut leur seul défenseur.

 

Le lierre obscur du cimetière juif et le regard hanté de Kafka. Il erre dans les ruelles de Mala Strana…

 

Ils ont brisé les vitres de la synagogue

Ils ont ouvert les portes de l’enfer.

 

Sous le lierre obscur de la maison des morts, le crépuscule rougit le soulèvement des pierres et les fleurs d’amandier sur le chandelier d’or…

 


                                                 La menora des morts

                                                  Eclaire les vivants

 

 

                             Au creux de la mémoire des morts sans sépulture.

 

 

Si c'est un homme

Vous qui vivez en toute quiétude

Bien au chaud dans vos maisons,

Vous qui trouvez le soir en rentrant

Le table mise et des visages amis,

Considérez si c'est un homme

Que celui qui peine dans la boue,

Qui ne connaît pas de repos,

Qui se bat pour un quignon de pain,

Qui meurt pour un oui pour un non.

Considérez si c'est une femme

Que celle qui a perdu ses cheveux

Et jusqu'à la force de se souvenir,

Les yeux vides et le sein froid

Comme un grenouille en hiver.

N'oubliez pas que cela fut,

Non, ne l'oubliez pas :

Gravez ces mots dans votre coeur.

Pensez-y chez vous, dans la rue,

En vous couchant, en vous levant ;

Répétez-le à vos enfants.

Ou que votre maison s'écroule,

Que la maladie vous accable,

Que vos enfants se détournent de vous.

(Primo Levi, épigraphe de Si c'est un homme)

 

 

 

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Exposition Alain MARC à Millau, peintures (1).


Si vous ne pouvez la visiter voici quelques toiles de cette exposition .
D’elle vous savez par l’article précédent quel en est le sujet, mais je vais aujourd’hui vous emmener de l’Aven Noir à l’évocation du groupe des Treilles .
Je fais allusion à cette civilisation chalcolithique des Grands Causses (-3.300 / - 2 200 av JC) dans plusieurs des toiles qui seront exposées à Millau .
En voici donc quelques-unes (et des extraits du carnet auxquelles elles sont « liées »)…
Peut-être vous souvenez-vous de ma rencontre avec les « Revenols » ?
C’est en prospectant autour de l’Aven Noir que cette incroyable aventure m’est arrivée, (j’en explique l’épilogue dans l’article qui suivait celui de ma rencontre avec cette communauté, n’hésitez pas à y revenir)  .
En tout cas la première des toiles l’évoquant ici fait allusion aux parures à éléments de cuivre (généralement martelé à froid) où les hommes complètent l’usage d’un outillage principalement en pierre par des objets en cuivre .


Fibule

« Fragment chalcolithique », poudre de cuivre, acrylique et sable de dolomie sur toile .
Premiers supports décoratifs … Ces objets en cuivre martelé à froid, gravé, incisé, étaient-ils également peints ? … Si oui, avec quoi ?  - Quel était leur rôle ? -
Ils préfigurent déjà dans mon imaginaire la beauté des objets de cuivre émaillé qui firent la richesse des arts décoratifs quelques millénaires plus tard et ont plus de  beauté plastique pour moi que bien des bijoux contemporains .


Revenols-2-Parures des "Revenols", extrait de la page du carnet auxquelles les peintures de cette série peuvent être rattachées (je me suis inspiré des collections archéologiques des musées Fenaille et de Montrozier consacrées aux civilisations chalcolithiques du Rouergue et des grands causses) pour la réaliser.
Revenols urnes«Mémoire campaniforme» Acrylique, pigments et sable dolomitique sur toile.


Rares sont les archéologues, préhistoriens, qui ne se sont pas intéressés au phénomène campaniforme . «Le terme de campaniforme s’applique avant tout à une série d’objets archéologiques et principalement à un gobelet de céramique dont le profil en S, lui conférant une forme de cloche à l’envers, lui a donné son nom…

C’est encore par association récurrente que d’autres objets - non céramiques - ont pu être qualifiés de campaniformes… Un autre élément de définition du Campaniforme a longtemps été donné par les contextes de découvertes de ces objets, car pendant plusieurs décennies alors que l’archéologie du Néolithique s’intéressait particulièrement au domaine funéraire, c’est bien dans des sépultures que ce mobilier spécifique a été mis au jour…» (voir contexte archéologique ici)
C’est la question de la rencontre du campaniforme lors de son expansion avec les modes culturels du groupe des Treilles que j’ai voulu évoquer dans cette toile .
RevenolsLes "Revenols" du groupe des Treilles tels que je les ai «visualisés» dans mon rêve de juillet 2010... (Extrait du carnet d’exploration)


De l'âge du bronze«De l’âge du bronze» Acrylique, pigments et poudres bronze et de marbre sur toile.


Apogée et fin de l’âge du bronze (de -2200 à - 800), fin de la civilisation des Treilles et du campaniforme, premier âge du fer…

Transition , transformation et évolution des sociétés c’est déjà le basculement de la préhistoire à l‘histoire : «…de profondes évolutions touchent tous les aspects de la société : innovations technologiques, refonte des réseaux commerciaux et intensification des échanges, apports démographiques, accroissement de la hiérarchisation sociale, basculement, à partir du VIe siècle dans l'orbite culturelle et économique du monde méditerranéen, émergence de la ville et d'une économie monétaire, mise en place de pouvoirs politiques centralisés…»
Cette toile évoque cette évolution charnière, ces basculements irréversibles perçus dans la symbolique du feu transformant le métal et fusionnant les alliages par l’alchimie rougeoyante des creusets et des forges …

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Chanson d'une bergère de Savoie ( Extraits)

Réveille-moi, coq matinal,redouble ton chant bizarre. Je veux jouir du lever de l'aurore. Et je dirai alors à l'étoile qui

brillera sous le firmament :" Je te salue, astre de nos bergers, je te salue; sois toujours le signal favorable qui

m'annonce l'arrivée de Mirtil.

Et je te consacrerai mes chansons du matin: elles me seront inspirées dans la plus belle heure de ma vie."

 

Fleurs qui venez d'éclore, oiseaux qui gazouillez d'un ton ton si doux, aubépine parfumée, verdure couverte de perles

transparentes, et vous, nuages azurés, vous m'annoncez un nouveau bienfait du ciel: en vous voyant, je goûte le

plaisir d'être et mon coeur s'agite dans mon sein comme le jeune ramier au retour de sa mère.

 

...Existence précieuse, il faut savoir, sans murmurer, vous rendre à l' Eternel; mais loin de nous, l'homme cruel qui cherche à précipiter votre fin: ses derniers regards porteront l'effroi dans le coeur innocent.

 

...J'entends les pipeaux rustiques; ils précèdent les moissonneurs.

Aimable gaîte, compagne du berger vertueux, viens toujours l'aider dans ses travaux. Et toi, fidèle amitié, fais-le reposer dans tes bras et essuie son front brûlant avec des feuilles de roses.

 

Quel changement dans la nature, une seule aurore a produit !

Hier, au coucher du soleil, la terre conservait encore une couleur sombre. Les arbrisseaux dépouillés de verdure n'offraient aux yeux que l'image de la privation; les hôtes aimables des bois essayaient leur gosier flexible, sans pouvoir

former un ramage agréable. L'oiseau de la tristesse, le noir corbeau planait encore, en croassant, sur nos plaines

arides et le berger ramenait son troupeau, sans égayer son retour par les chants du plaisir.

 

Cependant, l'aube du jour, plus active et plus brillante, répand sur l'horizon son éclat enchanteur. A mesure que le       sommeil abandonne mes paupières, je sens, dans tout mon être, un doux frémissement qui m'annonce une saison nouvelle. La piquante froidure ne me retient plus auprès de mon humble foyer. La voix bêlante de mes jeunes agneaux  s'est fait entendre aussi tôt que le chant du coq. Le réveil de la nature a rendu le mien facile. J'ai pris plus gaiement ma panetière et ma houlette, et mes pas ont été plus légers en courant à ma bergerie.

 

Quel spectacle ravissant s'offre à toi, fille d'un pauvre berger !                                                                                              Le roi de ta contrée n'est environné que des prodiges de l'art et tu jouis des trésors de la  nature. Ces biens se renouvelleront sans cesse; et le temps, qui ravage et réduit en poussière l'ouvrage de l'homme, ajoutera , s'il est possible, à l'ouvrage d'un dieu.

Quelle main bienfaisante a couvert nos vallons de fleurs et de verdure ? Quelle est cette nuance agréable qui distingue le rosier des autres arbustes qui l'entourent ? pourquoi le lilas précoce offre-t-il déjà l'espoir de ses fleurs odorantes, tandis que la vigne sauvage donne à peine l'essor à ses premiers bourgeons?

 

Secrets d'un Etre tout-puissant, est-ce à une simple bergère à vouloir pénétrer ? Et l'homme orgueilleux qui interroge la nature n'annonce-t-il pas plus d'ingratitude que d'intelligence ? Soumets ton esprit présomptueux, homme superbe !

Jouis, bénis sans cesse, ferme ton oeil curieux et n'ouvre ton coeur qu'à la tendre reconnaissance !

 

Marie-Emilie de Montanclos

(1736-1812)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Alvéoles (25)

Au moment où son corps s'était mis à s'agiter avec frénésie, Judith avait entendu de nombreuses voix. Elle avait senti tous ses muscles se révolter contre le venin, en même temps qu'une évidence s'imposait à son cerveau en pagaille : malgré sa violente réaction, elle n'allait pas reprendre conscience. Pourtant elle entendait la voix de Dominique. Elle percevait son inquiétude, jusque dans chacune de ses intonations. Mais Judith n'était plus aux commandes. Elle ne pouvait rien dire, ne pouvait rien faire. Les fils de communication entre son mari et elle – et Dieu sait qu'ils étaient nombreux – avaient été arrachés d'un seul coup.
Une colère noire vint amplifier les désaccords de ses membres, et dans un long râle désespérément muet, Judith faillit tomber de la table.
La jeune femme se sentit très rapidement maîtrisée par un nombre indéfinissable de mains. Mais malgré les appels au calme combinés à ses propres pensées, elle sentit son système nerveux envoyer une giclée d'adrénaline aux quatre coins de son corps. Son genou heurta avec violence un visage, dont elle sentit avant même qu'il ne pousse un cri que c'était celui de Mimmo. La colère débridée qui l'animait jusqu'alors se figea dans ses veines, clouant tout son corps dans une immobilité boueuse et glacée.
 
*
 
Milos enrageait. Ce n'était pas tant la fuite qui lui posait problème – il en avait vu d'autres, dans bien des pays – mais l'idée de retourner à sa vie de cyber-maquisard ne lui plaisait pas du tout.
Il avait préparé le strict nécessaire. Sur son iPod ne figurait qu'une dizaine de chansons, mais dans un répertoire invisible pour un utilisateur ordinaire, se trouvait la copie conforme du disque de son ordinateur portable. Avant de partir, il avait procédé méthodiquement à la destruction de tout ce qui pourrait le compromettre. Milos était allergique à l'idée de conserver le moindre papier. Tout ce qui le concernait en tant que citoyen et habitant – factures, notes, extraits de comptes bancaires, jusqu'à sa (fausse) déclaration fiscale – tout était scanné et sauvegardé sur son ordinateur. Pour Milos, « faire le ménage » s'était limité à mettre la pagaille sur son disque dur. Inutile de tenter de l'effacer : le Centre était déjà en possession de l'essentiel. Milos avait lancé à tout hasard une routine écrite par ses soins : si pour une raison ou une autre la police s'emparait de sa machine, elle y trouverait quelque chose d'incompréhensible : non seulement toutes les données y étaient cryptées, mais chaque bloc de données au sein du système de fichier était désormais relié à un autre bloc pris au hasard sur la surface de son disque. C'était un peu comme si Milos avait pris le contenu de la Bible, et avait tout mélangé : versets, phrases, mots, jusqu'à chaque lettre. En moins de dix minutes, le contenu bien ordonné de son portable s'était retrouvé sans dessus dessous.
Il avait ensuite tenté d'occuper les deux hommes qui observaient son appartement depuis leur Opel Vectra bleu foncé et bien lavée, qui contrastait avec le patchwork de véhicules en mauvais état qui coloraient le quartier. Saisissant son téléphone portable muni d'une carte pré-payée, il composa quelques numéros sauvegardés quelques semaines auparavant.
Quelques minutes plus tard, quatre livreurs s'approchèrent du véhicule. Pizza, durums, mezze, coucous. Commande pour deux personnes, dans le véhicule immatriculé 854HYZ juste en face de la rue de Bulgarie, numéro 75. Avec un peu de chance, la police suivrait très rapidement. Milos observa les deux hommes. Comme il le redoutait, c'étaient des professionnels. Au lieu de tenter d'éconduire les livreurs et de prendre la fuite – ce qui leur aurait fait perdre sa trace – ils se partagèrent rapidement le travail : l'un paya les livreurs tandis que l'autre se dirigea immédiatement vers l'entrée de son immeuble.
Milos descendit les escaliers quatre à quatre jusqu'à l'appartement de sa voisine du dessous. Il relevait son courrier et nourrissait ses quelque six cent poissons, répartis dans huit aquariums, lorsqu'elle rendait visite à sa sœur à la côte belge. Il ferma la porte derrière lui et attendit, le cœur battant. Moins d'une minute plus tard, il entendit des pas empressés monter les escaliers, puis s'arrêter juste au-dessus de lui. Milos se rendit compte qu'il tentait de contenir sa respiration. En partie pour tendre l'oreille, et en partie aussi, supposait-il, pour ne pas se faire repérer. Il entendit la porte de son appartement s'ouvrir. Le mec qui était là-haut savait parler aux serrures. Milos fit glisser le verrou de sécurité d'une main peu assurée. Pourvu qu'il ne passe pas en revue tous les appartements.
Milos se dirigea vers l'arrière de l'appartement. Le petit balcon donnait sur une cour fermée. Il n'y avait rien à tenter de ce côté. Tu le savais déjà, imbécile, tu habites au-dessus, se dit le pirate en sentant la panique gagner du terrain. Il s'immobilisa et tendit l'oreille. Les pas se déplaçaient calmement au-dessus de sa tête. Il s'approchèrent de l'endroit où se trouvait son portable, sans ralentir. Puis ils continuèrent en direction de sa chambre.
Il n'en veut pas à mon ordi, souffla-t-il d'une voix contrainte. Il n'en a rien à caler. C'est moi qu'il cherche.
La panique monta d'un degré. Instinctivement, le pirate recula en direction de la petite cuisine, dont le balcon s'approchait du mur gauche de la cour. Inutile de s'imaginer atterrir à pieds joints dessus : même s'il était sportif et plutôt bien bâti, il se briserait à coup sûr les genoux sur un si petit espace. Mais il pouvait toujours tenter d'y rebondir avant de se jeter dans l'herbe du jardin voisin.
Le petit carré vert bordait le cabinet d'un médecin installé en demi sous-sol. Et une fois là, tu fais quoi ? Tu dis bonjour au toubib et tu t'en vas ? Avec un peu de chance, il serait en visite. Avec un peu de chance, une fenêtre serait ouverte.
Tu rêves. Autant demander au bon Dieu de te transformer en poisson.
Au plafond, les pas se dirigèrent avec nonchalance vers la porte d'entrée, puis descendirent lentement les marches de l'escalier.
Milos sentit le piège se refermer sur lui.
 
*
 
Dominique restait immobile, assis sur sa chaise, dans un couloir rendu au silence. Ses membres lui donnaient l'impression d'être en cire. S'il ne se calmait pas, ils ramolliraient et finiraient par refuser de lui obéir.
Qu'importe. Sa femme était là, à quelques mètres à peine de lui, allongée, immobile, peut-être pour de longues heures encore, des jours, peut-être pour plus longtemps, même s'il refusait d'y penser. La révolte de Judith n'avait rien de conscient, avait dit le médecin. Son corps était en guerre contre un poison qui pour elle – et pour si peu de personnes sur cette terre – était un ennemi mortel.
Le bourdonnement dans sa tête ne cessait pas. Il sentait encore tournoyer les abeilles autour de lui, planter leur dard dans sa peau. Ses gonflements à lui étaient maîtrisés. Pourvu que ceux de sa femme disparaissent vite.
— Monsieur ?
Il était venu avec le médecin, laissant la maison aux pompiers. Qu'avaient-ils fait de l'essaim ?
Il allait retrouver la maison dans un état lamentable. Que dirait son ami ? Il fallait le prévenir. Pourquoi ne s'était-il pas méfié du bruit étrange qu'ils avaient entendu ? Ils en auraient été quittes pour une grosse frayeur. De quoi raconter leurs aventures à leurs amis, à l'issue du repas de fête.
— Monsieur Mastrochristino ?
Au lieu de cela Judith souffrait, il le sentait bien. Elle était perdue au fond de son inconscience, prisonnière de son corps allergique, mise aux fers de par son propre système nerveux.
Et la voix de cette femme, à son oreille, juste à droite de lui. La maman avec la petite fille.
— Laissez-moi, dit Mimmo d'une voix trop calme à son goût.
— Je suis venue m'excuser. J'ai paniqué, j'ai craint le pire pour mon mari.
Qu'est-ce que j'en ai à faire ?
Dominique releva la tête et fixa le mur face à lui.
— Où est votre fille ?
— Elle est de retour dans sa chambre. Elle dort, maintenant. Elle s'est calmée dès que j'ai rejoint mon mari.
Dominique tenta d'évaluer depuis combien de temps il était assis sur sa chaise, la tête dans les mains. Peine perdue.
— Et votre médecin ?
— Il va arriver, dit Faustine, avec des nouvelles pour vous. Il m'a suggéré de venir vous voir. Mais je l'aurais fait de toute façon. Je suis vraiment désolée pour tout à l'heure.
— Laissez tomber. Vous n'êtes pas pour grand chose dans ce qui est arrivé à ma femme.
— Vous habitez la région ? Oui, je suppose, puisque nous avons le même médecin.
— Vous supposez mal. Nous logeons chez un ami. Lorsque ma femme s'est fait attaquer, j'ai appelé le premier nom dans le répertoire.
— C'est tout de même bizarre que les abeilles aient attaqué...
— Écoutez, madame, coupa Dominique, je me fous de savoir s'il est normal ou non de se faire agresser par un essaim. C'est arrivé. Ma femme est allergique. Elle peut en mourir. J'aimerais avoir de ses nouvelles. Je n'en ai pas. Et à mon avis, vous n'êtes pas là pour m'en donner.
Faustine encaissa la décharge de mauvaise humeur sans sourciller. Quelques secondes s'écoulèrent en silence, durant lesquelles Dominique tenta de se calmer.
— Excusez-moi, dit-il. Nous nous sommes croisés en de mauvaises circonstances. Nous n'aurions pas dû être là, et je suppose que vous pensez la même chose à propos de votre mari et de votre fille. Nous nous sommes emportés. J'accepte vos excuses, je vous présente les miennes. Maintenant, si cela ne vous dérange pas, j'aimerais rester seul.
Faustine se leva sans rien dire, fit quelques pas, puis revint vers Dominique, dont les mains en coupe cachaient à nouveau le visage. Elle lâcha :
— Je vous laisse.
— Merci.
— Je m'appelle Faustine.
— J'ai entendu tout à l'heure.
— Et je vous le répète : se faire attaquer ainsi, ce n'est pas normal.
Dominique se leva, bien décidé à donner congé à la jeune femme, mais par dessus son épaule, il aperçut le médecin qui avançait vers eux. Il se ravisa et dit d'une voix calme :
— Quelle importance ?
— Pour votre femme, cela peut en avoir.
— Comment ça ?
Le médecin qui arrivait à leur hauteur prit la parole :
— Faustine a des ruches.
Dominique jeta un regard interloqué au médecin puis se tourna vers la jeune femme. Face à son regard courroucé, elle se défendit immédiatement :
— Ce n'est pas ce que vous croyez ! Les abeilles qui ont attaqué votre femme ne viennent pas de chez moi. J'habite à plusieurs dizaines de kilomètres. D'ailleurs, mes ruches... je ne les ai pas depuis longtemps. C'est un de mes voisins qui m'a initiée à l'apiculture. Je n'y connais pas encore grand chose, mais je sais que le venin des abeilles a une composition chimique différente selon que l'essaim est installé ou non. Or Gérard m'a dit que vous l'aviez entendu arriver ?
— Il y a eu un bruit bizarre, en effet. Je suppose que c'était cela. Mais qu'est-ce que cela change ?
— En connaissant cela, dit le médecin, nous pouvons adapter le traitement de votre femme, et diminuer les effets néfastes de sa réaction allergique.
Dominique regarda Faustine avec gratitude.
— D'après vous, pourquoi ces abeilles s'en sont-elles prises à ma femme ?

Alvéoles est disponible en texte intégral ici...

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Le jeu du contentement

 

Quand l’insomnie me force à rester en éveil,

alors que toute attente a désormais cessé,

souvent pour m’occuper, je reviens en arrière.

...

En soulevant les couches de ce qui a été,

je retrouve, à peu-près, le meilleur et le pire,

également noyés dans mon indifférence.

...

Pour avoir, à douze ans, rencontré Pollyanna ,

J’ai depuis pratiqué, sans m’abuser moi-même,

le jeu réconfortant dit «du contentement».

...

Pour l'accepter, je crois, je devais être prête,

Savoir me consoler, simplement en rêvant.

Souvent, on ne peut rien contre un chagrin d'enfant.

...

Mes efforts continus m’ont amenée au port,

enfin libre, toujours réceptive à la joie.

Sans avoir désormais le besoin de prétendre.

...

J’accueille les plaisirs d’un confort mérité,

et ce qui, chaque jour, par la vie, m’est donné,

Sans jamais oublier que tout est éphémère.

3/4/2000

 

 

 

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Cachez donc les poètes ! ...

Cachez donc les poètes

 

[…] Certes, quand on voit une assemblée de poètes, c’est toujours un 

mauvais moment à passer. On peut évidemment vénérer le miracle, le détour 

par lequel tant de rabougris, de prognathes, d’égoïstes, de barbus, de 

podagres, de rentiers, d’asthmatiques, de pédérastes, de bigles et de 

menteurs sont tout cela et poètes, sans parler de cette sous-classe 

bilieuse, rancuneuse, vert-de-grisée, pingre et médisante où se recrute le 

poète catholique. Et c’est un grand poète. Et le bedonnant nous parle 

d’amour comme personne. Et le mondain jaunâtre, grinçant et monoclé, nous 

parle de la solitude. Et le millionnaire nous parle du dénuement. Et le 

partisan, de la liberté. Et la vieille tante, de la pureté. Et ils 

n’inventent pas, ils sont véridiques, on ne peut pas leur en vouloir. 

Seulement, comme leur vue risque de causer des dommages irréparables à 

l’image qu’on s’est faite de leur personne, comme on n’a pas tous les jours 

un Lorca qui ressemble à ce qu’il écrit, comme on risque à chaque instant 

de tomber sur l’affreuse photo d’Apollinaire en tourlourou 1900, ou 

d’apercevoir dans le métro les bajoues et les mamelles de la grande lyrique 

dont vous rêviez, un remède s’impose: cachez donc les poètes!

 

  Oui, je rêve d’un anonymat complet de la poésie, aussi inavouable que 

l’appartenance aux services secrets, aussi dangereuse, aussi numérotée. 

(«Avez-vous la dernière plaquette du 1173? – Non, il ne donne plus signe de 

vie. Par contre, le 1414 s’affirme comme un de nos meilleurs agents. 

Lisez-le donc. – Et le 7521? – Il est brûlé.») […]

 

 

  Chris Marker

  (Revue Esprit n° 162, décembre 1949)

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administrateur théâtres

Opéra en plein air: les Contes d'Hoffmann

"La nouvelle production d'Idée Fixe : "Les Contes d'Hoffmann". L'opéra fantastique d'Offenbach, narrant les aventures sentimentales de ce jeune poète ivre d'amour (et d'alcool) regorge d'airs connus, dont la célèbre Barcarolle, et est annoncé comme "un spectacle total, rempli de belles choses", par Cédric Monnoye chez Idée Fixe."12272832688?profile=originalL’occasion de revisiter les fulgurances de l’opéra du siècle passé. En opéra sonorisé devant les portes d’un château, dans la féerie des étoiles d’une soirée estivale. Un public nombreux a poussé les portes d’une autre musique que celle de l’air du temps. Pari gagné, le spectacle a plu.  Et Jacques Offenbach n’est pas mort. L’équipe artistique dirigée par Julie Dupardieu et Stephan Druet est percutante.

 On est dans la taverne de maître Luther, cabaretier quelque part en Allemagne …luthérienne sans doute, à l’époque de l’histoire. On y rencontre le  poète, éponyme de celui des contes ( Ernst Theodor Amadeus Hoffmann), source d’inspiration des librettistes d'Offenbach.   Hoffmann,  flanqué  de son fidèle  Nicklausse - qui n'est autre que la Muse de la Poésie travestie en étudiant - raconte ses trois vies. Ses trois rencontres illusoires  de femmes aux noms italiens qui font rêver. Olympia, poupée mécanique, Antonia, jeune fille maladive  et Giulietta, la courtisane. Ses trois désenchantements: leurs fantastiques trahisons, volontaires ou non,  deviennent de plus en plus infernales. Le mal est partout: le   Diable en personne et sa voix extraordinaire de baryton sous les traits du conseiller Lindorf, de Coppélius,du docteur Miracle, et du  capitaine Dapertutto qui prétendent que la femme est bien pire que le diable.

 Victime du mythe des amours contrariées puis de la Machine Infernale,  voilà le poète échoué à la case départ. Une autre femme l’attend. Stella, prima donna.  Réalité et Idéal. La femme au miroir qui lui rendra son âme ?  Hoffmann, homme de désespoir la rejette avec colère. Puis plutôt que  de retrouver l’appel vibrant de sa muse, le ténor envoûté et envoûtant  la renie aussi et sombre corps âme et plume dans le désespoir, le délire de cette taverne Tango-Vino qui l’emprisonne à jamais. Hotel California des temps anciens. On ne peut s’empêcher d’y penser.

 Par sa mise en scène, Julie Depardieu dépoussière cet opéra qui a fait la gloire du Paris fin de siècle.  La taverne s’accroche au parvis d’un château lissé par la verdure, flanqué de quatre tours majestueuses, glorieusement belge puisqu’il appartenait avant à la famille Solvay.   Une foule de danseurs va et vient et s’évapore. Sweet Summer Sweat. Une chorégraphie que l’on sent millimétrée malgré son apparente liberté de mouvements. Un tapis roulant pour les amours qui se croisent mais ne se rencontrent pas et pour les gondoliers de Venise où l’antique Charron mène sa barque invisible. Des airs connus chantés par les gorges de nos grands-mères d’après-guerre nous frissonnent les oreilles et sont portés par le vent aux confins du domaine  et du cœur pour faire le nid de notre plaisir musical. Les costumes des solistes sont dignes du festival de Venise. Ceux des danseurs figurants flirtent avec un 21e siècle gothisant.   Les voix aux accents mélangés étonnent enchantent  et divertissent. La belle Antonia est d'un romantisme déchirant.  Le spectacle ne manque pas d’inventivité ni de souffle. Veut-il étourdir ? Mais la satire est présente car  pour Nicklausse,  c’est une Fin de partie.  Veritas in Vino-Tango…pauvre nouveau siècle déjà désabusé.

Difficile de résister au plaisir de resaluer toute l’équipe de la première nocturne du Château de la Hulpe et de lui souhaiter un bel avenir:  

EQUIPE ARTISTIQUE

Mise en scène

Julie Depardieu et Stéphan Druet

Direction musicale

Yannis Pouspourikas

Orchestre

Nuove Musiche

Chef des chœurs

Matteo Pirolà

Costumes et décors

Franck Sorbier et Guy-Claude François

Conception lumières

Philippe Lacombe

Chorégraphie et assistance à la mise en scène

Sophie Tellier

DISTRIBUTION

Hoffmann

Mickael Spadaccini

Les Diables

Nabil Suliman

La Muse, Nicklausse et la voix d’outre-tombe

Camille Merckx

Olympia

Anna Pardo Canedo

Antonia

Sabine Conzen

Giulietta

Lies Vandewege

Spalanzani  

Axel Everaert

Luther, Crespel & Schlemil

Thierry Vallier

http://www.ideefixe.be/

Lieux / Dates :

- Du 23 août au 24 août (à 21:00) - Cercle de Wallonie (Namur) - infos - Du 29 août au 1 septembre (à 21:00) - Château de la Hulpe (La Hulpe) - infos - Du 6 septembre au 8 septembre (à 21:00) - Château d'Ooidonk (Deinze) - infos

 

 

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Extrait du livre "SEL"

 

LIVRE  SEL       Parution 2012    90 pages    illustration de l'auteur

http://wwww.pierre.rive.cowblog.fr

 

LE VENT

 

Des mèches lumineuses
Se subdivisent au front.

La face changeante
Dans l’exaltation
Dans l’ombre des cœurs meurtris
Et dans la renaissance du verbe.

Les sourcils
Pareils à des prédateurs nocturnes
Sous les blancheurs des lunes
Et les paupières rêveuses
Entrebâillées par les cils du souffle.

Il respire l’instant de ses narines singulières
Semblable à une bête
Couverte de sueur et de poussière.

Sa bouche se libère
Insufflant l’esprit
Aux arbres incurvés
Aux pierres érodées
Et aux doigts créateurs.

Un foulard d’embruns
Et de cumulus
Tissé par les ondoiements du sel
Affiche son cou.

Des cohortes de plumes crient sa fougue
Dans le tournoiement des ailes.

Et les plaques écumeuses de la mer
Implorent les îles
Les rivages de la quiétude
Contre les tempes des rochers.

Revoici le vent
Sur cette petite sphère
Noyée dans un océan d’étoiles.

Revoici le vent
Sans visage et sans âge
Qui offrit des corbeilles de fruits
Aux bottes des dieux.

 

Il siffle sous les portes
Frappe les fenêtres.
Et les coquillages vides
Pleurent les vergers de l’enfance ;
Les oreilles attentives
Qui se posaient sur les antres.

La poitrine poudrière
Tant de fois modelée
Dans le flux du temps.

Tel un scorpion
Sous le roc du ciel
Subrepticement
Il sort de son refuge
Jusqu’aux jambes de la nudité

Il s’immisce dans les mémoires
Et dans les désirs enfouis.
Ses membres serpentent
Dans les ruelles de la vie
Où s’attablent les regrets
Les bonheurs fugaces
Et les abcès crevés.

Au loin
Dans le tumulte des flots
Malgré la soif des bateaux
Et l’entrave des filets
Les mammifères chantent
Ses prairies.

Revoici le vent
Sur cette petite sphère
Noyée dans un océan d’étoiles.

Revoici le vent
Impalpable
Avec ses masques inachevés.

Le vent
Qui viendra se perdre dans les méandres
Du silence
Aussi, tel un rituel séculaire
Sur le cuir des mortels.

 

Des mèches lumineuses
Se subdivisent au front.
Des syllabes s’envolent
De ses lèvres démesurées.

Revoici le vent
Au-dessus des dunes
Et des déserts de sable.

 

 

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Une certitude attristante

 

   

Soliloque

Durant la seconde guerre mondiale, un patriote avait écrit:

«La France ne décline pas, elle sommeille.

En attendant qu'elle se réveille

et reprenne son pas de déesse,

les peuples étonnés de ne plus la voir

marchant à leur tête,

se demandent pourquoi, dans le monde, il y a tant de nuit.»

Or, le jour se leva, accablant. La déesse, se réveillant, avança mais péniblement, dépouillée de son élégance, dépourvue des savoureuses offrandes, qui confirmaient sa renommée.

Ce sont les anciens troubadours et les poètes, en abondance, dans tous les endroits du terroir qui

lui méritèrent sa gloire.

Leurs champs sont désormais en friche, leurs héritiers les ont quittés et s'activent à d'autres projets. L'art d'écrire reste difficile, même à ceux qui ont du talent. Cependant il attire encore.

La France ne sommeille pas, elle décline, mais aux yeux des seuls nostalgiques,

qui n'ont plus très longtemps à vivre.

29 août 2012

 

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Jean Linard, l'artisan de joie

jean-linart-copie-1.jpg  

 Jean Robert Linard (11 juin 1931 à La Marche - 17 février 2010 à Bourges) était un céramiste, sculpteur, peintre et bâtisseur français.

 

Il disait de bien jolies choses, Jean Linard : que nous sommes tous des anges, que le chemin du paradis passe par celui du cœur, que l'éternité est dans chaque instant, que la vie est belle, que le monde a été créé dans la joie, que la Terre est petite et que nous avons de yeux pour voir.

Voilà quelqu'un qui n'engendrait pas la mélancolie et qui ne puisait pas son inspiration dans la tristesse !

"L’œuvre d'art, disait-il aussi, ce n'est pas que la peinture, la sculpture ou l'architecture, c'est aussi les gens qui s'aiment, le vigneron amoureux de sa vigne, qui la soigne et qui fait bien son vin, le forgeron qui fait bien son travail... Je crois qu'un artiste c'est quelqu'un qui fait quelque chose qu'il aime... Quand on aime, il se passe toujours quelque chose."

Jean Linard avait commence à construire sa maison en 1961, sur une vieille carrière de silex en bordure de forêt près de La Borne et de Neuvy-les-deux-clochers et plus récemment une "cathédrale œcuménique" : "200 mètres d'un ailleurs mystique peuplé de gargouilles, mi-anges, mi-démons".

Il ajoutait sans cesse une pierre à son édifice multicolore, au gré de son inspiration et de l'actualité. Il promettait de faire un plan... quand il aurait fini !

Jardins et clairières sont peuplés de ses créations extraordinaires, d'une originalité indescriptible ; il faut le voir pour le croire !

Cet émule de saint François d'Assise et du Facteur Cheval aimait les animaux, surtout les vaches. Les siennes prennent les formes les plus étranges, mais elles ne sont pas folles. Elles vous regardent avec de petits yeux bleus langoureux derrière leurs longs cils.

Jean Linart aimait la terre des potiers : "celle que tu sors du sol, disait-il, et que tu transformes en pichet, en bol, en chat, en oiseau... Ça passe par la tête, par le cœur et par le bout des mains... J'aime faire chanter la terre."

jean-linart-linart.jpg


Jean Linart aimait les maisons biscornues et colorées, les formes circulaires, les bonshommes et les totems rigolos qui vous regardent en souriant...

Jean Linart aimait les émaux clairs, les bleus, les blancs pâles, les terres fraîches et joyeuses, orangées de préférence...

Ses matériaux de prédilection ? Le métal, le bois, le contreplaqué, les carreaux de faïence de toutes les couleurs, vives de préférence : rouge, vert, jaune, orange, un peu de noir par-ci, par-là, des morceaux de miroir...

Jean Linart aimait bien les gens, mais pas les gens sévères, les émaux sévères, les couleurs sévères. Il préférait les acrobates !

Jean Linart ne se prenait pas pour le Bon Dieu ("quand tu regardes le ciel, le soleil, tu t'aperçois que c'est un sacré truc, nous, c'est des petits trucs, mais enfin..."), à peine pour un "artiste" (il n'aimait pas ce mot),  plutôt pour un artisan...

Jean Linart, l'artisan de joie.

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cadou.jpg René Guy Cadou : des écoles et des bibliothèques portent ce nom qui chante "comme un bruissement d'eau claire sur les cailloux".

 

Ce très grand poète, trop tôt disparu, n'a vécu que pour la poésie, pour ses amis, et pour Hélène, son unique amour.

 

René Guy (sans trait d'union !) Cadou est né le 15 février 1920 à Sainte-Reine de Bretagne (Loire-Atlantique) où son père était instituteur. Enfant imaginatif et sensible, il connaît une enfance heureuse dont les souvenirs féconderont son inspiration. En 1936, un ami, Michel Manoll, lui fait connaître les milieux poétiques, notamment Max Jacob et Pierre Reverdy. La publication des Brancardiers de l'Aube, en 1937, inaugure des années de poésie ardente traversées d'épreuves : la mort du père, la guerre, la débâcle... Mobilisé en juin 1940, Cadou se retrouve à Navarrenx, puis à Oloron-Sainte-Marie où, malade, il est hospitalisé. Réformé le 23 octobre, il regagne la région nantaise, où il devient instituteur suppléant.

 

Autour de René Guy Cadou et de Jean Bouhier, fondateur de l'Ecole de Rochefort, se retrouvent, en cette sombre période où règnent la mort et l'esclavage, de jeunes poètes qui chantent la liberté et la vie.

Le 17 juin 1943, sans doute le jour le plus important de sa courte vie, il rencontre une jeune fille de Nantes, Hélène Laurent. Il l'épousera en 1946 et la célébrera dans Hélène et le règne végétal.
Nommé à Louisfert, près de Chateaubriant, en octobre 1945, Cadou s'installe dans la "maison d'école" et mène la vie simple d'un instituteur de village "en sabots et en pélerine". La classe terminée, une kyrielle de copains, "les amis de haut bord", viennent saluer le poète. Les poètes Michel Manoll, Luc Bérimont, les peintres Roger Toulouse, Jean Jégoulez, Guy Bigot, Yves Tréverdy, témoigne Hélène Cadou, se souviendront de l'automne à Louisfer comme on se souvient de son enfance.

"La poésie l'habitait tout entier, témoigne son ami Michel Manoll dans la préface de Poésie la vie entière, elle irriguait cette âme inquiète et toujours en alerte. Elle fut au centre de sa destinée et son souci de tous les instants..."

"... L'image du pays natal ne cesse de se projeter dans son oeuvre tout entière, ce "pays plat", perdu dans les solitudes aquatiques de la Brière, avec son poids d'humus et de tourbe, cette lumière tamisée issue d'un ciel chargé de mouvantes nuées et de pluies erratiques... Il était d'un abord direct et sa chaleur, sa vivacité, son entrain, son enjouement, la verve drue de ses propos, l'éloignaient de la moindre affectation... Pourtant René portait en lui une brisure."

Cadou eut toujours le pressentiment qu'il quitterait le monde prématurément. "Je ne ferai jamais que quelques pas sur cette terre." La maladie fait son œuvre, malgré deux interventions chirurgicales, en janvier et mai 1950, et une période de rémission qui ne dure que le temps d'un été. Quelques jours après avoir terminé Les Biens de ce monde, René Guy Cadou meurt dans la nuit du 20 mars 1951, entouré d'Hélène et de Jean Rousselot qui était venu le voir par hasard. Il n'avait que 31 ans. "Continuez ! Le Temps qui m'est donné que l'Amour le prolonge.", a-t-il écrit en guise de testament spirituel.

 
Celui qui entre par hasard
 
Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète
Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque nœud du bois renferme davantage
De cris d'oiseaux que tout le cœur de la forêt
II suffit qu'une lampe pose son cou de femme
A la tombée du soir contre un angle verni
Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles
Et  l'odeur de pain frais des cerisiers fleuris
Car tel. est le bonheur de cette solitude
Qu'une caresse toute plate de la main
Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes
La légèreté d'un arbre dans le matin.


Pour découvrir Cadou : Poésie la vie entière, œuvres poétiques complètes, préface de Michel Manoll, aux éditions Seghers, René Guy Cadou, par Michel Manoll, collection Poètes d'aujourd'hui, aux éditions Seghers - Mon enfance est à tout le monde, préface d'Hélène Cadou, aux éditions du Rocher - La maison d'été, roman, aux éditions du Castor astral.
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J'ai le plaisir de vous annoncer qu'à partir de ce jour, les chefs-d'oeuvre classiques d'auteurs belges seront disponibles dans leur version originale sur le réseau

Disponibles actuellement:

 

Max Elskamp: Dominical propitiatoirement orné par Henry Van De Velde, 1892

12272830663?profile=original
Emile Verhaeren: Les ailes rouges de la guerre, 1916
12272830097?profile=original
Clément Pansaers: L'apologie de la paresse, 1921
12272830700?profile=original
Emile Verhaeren: Les Aubes, 1898
12272831267?profile=original 
Odilon-Jean Périer: Le passage des anges, 1926.
12272831060?profile=original 
Odilon-Jean Périer: La vertu par le chant, poèmes, 1920
12272831488?profile=original
André Baillon: Histoire d'une Marie, préface de Charles Vildrac, 1921
12272831501?profile=original 
Camille Lemonnier: Le petit homme de Dieu: roman, 1903
12272831073?profile=originalGeorges Eekhoud: Le cycle patibulaire, 1892
12272831280?profile=original
Georges Rodenbach: Bruges -la-morte (1892)

12272831664?profile=original

H. G Moke: Histoire de la Belgique, 1843

12272831086?profile=original


Emile Verhaeren: Les blés mouvants, 1912

12272831860?profile=original

(Cette liste de titres sera complétée journalièrement au fur et à mesure de leur disponibilité)

 

Si vous souhaitez accéder à la lecture de ces œuvres originales dans leur entièreté, il s'agira expressément de me demander l'adresse du lien donnant accès vers le fichier concerné, par voie de courrier interne du réseau arts et lettres.

Le fourniture de ce lien est évidemment gratuite pour les membres.

Le lien ne sera fourni exclusivement qu'aux membres du réseau et ne sera pas renseigné aux lecteurs non membres.

Le(s) fichier(s) dont vous obtiendrez l'adresse se trouve(nt) sur un de mes serveurs privés. Une fois que vous aurez procédé au téléchargement, vous pouvez sauvegarder le(s) document(s) sur votre ordinateur.

 

Cordialement

Robert Paul


Arts 
12272797098?profile=originalLettres

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Arts et lettres n'offrira jamais de renvois vers des offres casino, n'étudiera jamais vos statuts afin de vous envoyer  ad nauseam des publicités  (souvent d'un marketing de mauvais goût) vous dirigeant vers des "marques" censées vous faire "cracher au bassinet"...

 

Ici, l'on sait encore ce que signifie l'humanisme.

Je crois sincèrement que l'investissement humaniste est tout le contraire d'un très délétère "retour sur investissement" mercantile, avide, cupide, irrespirable.

Je pense que vous forcer à patauger dans des publicités ou "applications" indésirables est non seulement irritant, peu pertinent mais encore indécent.

Le seul but devrait être de vous offrir du contenu (modéré) mature et crédible, comme certains des membres s'efforcent ici de le faire.

Ceci sera probablement le seul billet en style télégraphique que je publierai pour ne pas m'abaisser au niveau de certains autres réseaux "sociaux" que d'aucuns utilisent sans aucun discernement pour bavasser. Cependant, je constate souvent avec plaisir que sur A&L beaucoup de membres s'intéressent sincèrement aux oeuvres des autres.


Je me permettrai seulement de mettre cette petite "paperolle d'humeur" en évidence, de temps à autre, comme une devise à laquelle je me plairai de me référer. 


Robert Paul

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