Sous le lierre obscur de la maison des morts, le crépuscule rougit le soulèvement des pierres gravées de lions et de couronne
Sur le cœur de la nuit privé d’étoiles, au-dessus du chemin qui mène à Theresienstadt, les bourreaux ont cousu des étoiles de David..
La main du rabbin Löw ne bénit plus le ghetto de Josephov. La Mort était cachée dans les plis d’une rose. La force du golem fut rendue à l’informe quand il eut effacé l’Aleph de son front.
Et le Dieu de leurs pères fut leur seul défenseur.
Le lierre obscur du cimetière juif et le regard hanté de Kafka. Il erre dans les ruelles de Mala Strana…
Ils ont brisé les vitres de la synagogue
Ils ont ouvert les portes de l’enfer.
Sous le lierre obscur de la maison des morts, le crépuscule rougit le soulèvement des pierres et les fleurs d’amandier sur le chandelier d’or…
La menora des morts
Eclaire les vivants
Au creux de la mémoire des morts sans sépulture.
Si c'est un homme
Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
Le table mise et des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme un grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre coeur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-le à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.
(Primo Levi, épigraphe de Si c'est un homme)
Commentaires
Très touchant ...à jamais.
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre coeur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-le à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.
(Primo Levi, épigraphe de Si c'est un homme)
Un poème d'une sensibilité extrême
Les mots, pour traduire mon émoi, me paraissent ceux de la tristesse mais empreinte d'une grandeur indéfinissable.