Mise en scène Florale Historique
Placée sous le sceau
De l’Hiver, Saison de l’Art Serein [1]
Et d’un trio de tonalités :
Blanc, Vert et Or.
Ier Volet
Blancheur immaculée évoquant les paysages hivernaux enneigés,
Dégradé verdoyant revêtant la forme de lourds rameaux
de Persistants, symboles de vie et de pérennité,
Le tout constellé de poudre d’or, dédiée à nous remémorer
la féérie et la luxuriance de l’évènement…
Cheminement des Appartements du Logis rehaussé
de vivants tableaux dits Natures-Mortes destinés à honorer
tant un Minuit Chrétien qu’un Minuit Profane,
Heures Solennelles et intimes génératrices d’allégresse...
Parures végétales ou en trompe-l’œil inspirées
des traditions ancestrales de notre civilisation occidentale,
reposant sur un lustre d’antan, situé,
aux confins du XIXème siècle jusqu’à l’aube des Années Folles (1930).
Avant – Propos préparatoire
au Parcours festif :
Sous le pâle et rugueux brouillard d’un ciel d’hiver
Le froid gerce le sol des plaines assoupies.
Émile Verhaeren.
Tandis que depuis la nuit des temps, dame Nature convoque de manière immuable
faune et flore à un doux endormissement telles des Belles au bois dormant appelées à jouer aux fières
engourdies feignant une paresse de circonstance, afin de se protéger des rigueurs obligées dispensées par
un émissaire du calendrier effeuillant ses pages, nous nous apprêtons, en plein cœur des jours aux heures
déclinantes, là où Le ciel pleure ses larmes blanches sur les jours roses trépassés [1bis],Heures claires, se
raréfiant davantage au fur et à mesure que nous progressons vers le solstice d’hiver (du moins concernant
nos contrées de l’hémisphère nord) à révérer tout relief emblématique de clarté, comme nous le
recommande l’incarnation de la lumière, Sainte Lucie [2], l’une des héroïnes de ces réjouissances, dont
l’étymologie du prénom a quelque lien avec le nom de ce domaine, attributs voués à compenser, sinon à
nous soustraire de l’obscurité [3] imposée au gré des desiderata de Messire December, revêtant pour lors,
son manteau de vent, de froidure et de pluye…[4]
Houppelande givrée guère plaisante, il est vrai, à nos yeux d’hédonistes égotistes, plus
enclins à chanter les attraits forts seyants du seigneur Primavera et de sa livrée de verdure, gages de futures
savoureuse Cornes d’abondance, tant étéales qu’automnales, qu’à louer le dépouillement austère des
atours plutôt frustres, dignes d’un ermite, de cet Yver qui n’est qu’un villain puisque constamment escorté
de sa suite de courtisans favoris, constituée de nege, vent, puye et grezil, phénomènes épisodiques parfois
violents, comblant plus que modérément, osons l’avouer, nos sens d’Européens goûtant les mérites d’une
atmosphère tempérée !
Néanmoins, n’en déplaise aux partisans de Monseigneur l’astre solaire, frileux exilés de
l’été répugnant aux frimas, à l’instar de notre éminent chantre médiéval de la dynastie des Orléans [5]
appartenant au noble escadron des voix lyriques du temps jadis, au service du culte de Polymnie [6]et, qui
nous livre ici ses impressions de sensitif, sensible au rayonnement fertile printanier, auquel il sacrifia
auprès de ses frères humains, en adoptant ses coutumes…de Coeur d’Amour espris [7] s’adonnant au rituel
galant du Mai…, chaque période de notre environnement naturel demeure étroitement liée, solidaires les
unes des autres, à tel point, que si un membre de ce quatuor d’inséparables venait à manquer à son rôle
prépondérant, l’équilibre biologique serait aussitôt rompu.
C’est la raison pour laquelle, impuissants à endiguer pareille calamité, ne doutons pas
que l’on verrait, dans les plus brefs délais, fondre comme neige au soleil nombre de trésors de notre
écosystème présidé par la divine Gaia, mère nourricière fondamentale, veillant dès leur enfantement, sur
la multitude de créatures vivantes évoluant au centre du cosmos, de notre planète terre, et dont l’ample
biodiversité devrait engendrer émotions et évènements continuels, sans parler d’incessants
questionnements de notre part, qu’elles fassent partie de l’espèce animale, végétale ou humaine.
Et ce n’est pas non plus une raison de mésestimer, voire de dénigrer cet épisode de
léthargie salutaire, promesse de réveils prochains, d’éclosions foisonnantes de vies, en vertu du simple
motif, que la tonalité des attraits de ce dernier est aux antipodes des teintes chatoyantes, fort flatteuses,
inhérentes aux fructueuses germinations consacrant ensuite l’empire de Flore et Pomone, récoltes
déversant leur provende de moissons, vendanges et autres cueillettes médicinales prolifiques,
indispensables au patrimoine de l’humanité perpétuellement en quête de sources bienfaitrices, et qui,
globalement prédisposée à se conduire en ingrate égocentrique irrespectueuse, puise en elles, hélas,
aveuglément, sans se préoccuper qu’elles puissent à l’avenir se tarir et priver de ce fait, ses descendants !
N’oublions jamais que se fier aux seules apparences représente un leurre d’une légèreté
inouïe, si ce n’est d’une extrême dangerosité par la méconnaissance qui en découle, en corrélation de cet
adage proverbial qui nous certifie que tout ce qui brille n’est pas or…, et si, impérieuse, la souveraine
Natura exige à la fois de la végétation, à la fois du bestiaire qu’ils cèdent à ses instances en se retirant du
monde actif durant les semaines nécessaires à leur « reviviscence », se ressourçant respectivement grâce à
leur sommeil hibernal dans la perspective d’une résurrection tant attendue, en analogie du Phénix
renaissant de ses cendres, et que les passionnés de naturalisme épient avec gourmandise, n’est-ce pas, (en
dehors de leur vocation à poursuivre leur destin primitif, croître et se multiplier), pour faire montre d’un
vertueux dessein : tenter de nous surprendre encore et toujours, au-delà du ravissement sensuel procuré,
au cours de ces rendez-vous inaugurant l’effloraison de la botanique, rencontres jubilatoires enluminant ce
cycle éternel des quatre saisons, auquel il ne faudrait point s’habituer, nous souvenant que :
Rien n’est jamais acquis à l’homme
Ni sa force, ni sa faiblesse, ni son cœur ? ...[8]
et que :
l’Indifférence est une paralysie de l’âme,
Une mort prématurée [9].
Indifférence ou insensibilité majeure fort dommageable et révoltante à l’endroit de cette
Alma mater déroulant sa maturation en similitude des quatre âges de notre propre destinée, comme l’a si
bien saisi un orfèvre ciselant les vers de ce Lied [10] quintessence du Romantisme français :
Au mois d’avril, la terre est rose
Comme la jeunesse et l’amour ;
Pucelle encore, à peine elle ose
Payer le Printemps de retour.
Au mois de juin, déjà plus pâle
Et le cœur de désir troublé,
Avec l’été tout brun de hâle
Elle se couche dans le blé.
Au mois d’août, bacchante enivrée,
Elle offre à l’Automne son sein,
Et roulant sur la peau tigrée,
Fait jaillir le sang du raisin.
En décembre, petite vieille,
Par les frimas poudrée à blanc,
Dans ses rêves elle réveille
L’hiver auprès d’elle ronflant.
Paysage d'Hiver sur fond de sapinière de Caspar David Friedrich.
Ainsi, nimbant leur infini labeur ténébreux d’un voile de pudeur à la façon d’une chaste
épousée de l’ère romantique, maintes ramures à feuilles caduques, maints joyaux vivaces fugaces,
s’éclipsent momentanément, s’inclinant devant la sentence implacable prononcée, nous laissant en
l’occurrence, orphelin de leur présence charismatique, alliant beauté, senteur et saveur…irremplaçables,
hormis une palette restreinte de plantes entrant en résistance contre un tel diktat, qui, invariablement, du
haut de ce pouvoir absolu, ordonne de perdre pourpoint chlorophyllien et robe diaprée !...Mais,
Patience, patience
Patience dans l’azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr !
Donc, Calme, calme, reste calme ! ami ; écoute, je te prie, la tendre supplique de
l’auteur de Narcisse parle [11]qui te convie, toi et les tiens, à connaître le poids d’une palme portant sa
profusion ; crois en sa sage expérience, tout vient à point nommé en faveur de l’heureux élu philosophe
qui sait attendre ; aujourd’hui, certes, tu te lamentes, mais c’est pour mieux te préparer à vibrer une fois de
plus, demain, en contemplant les merveilles effectuant leur apparition par ordre d’entrée de jeu, réglé
avec maestria, suivant les dispositions mystérieuses et volontaires de ce metteur en scène, régisseur du
verdoiement. Or, il est indéniable que :
Ces jours qui te semblent vides
Et perdus pour l’univers
Ont des racines avides
Qui travaillent les déserts [12]
et ceci, assurément, en sourdine, dégagé du moindre signe ostentatoire, dans l’ombre, au contraire, d’une enveloppe charnelle, et les profondeurs souterraines de l’invisible…
Et puisqu’il nous est donné de nous exprimer par l’intermédiaire de cette célébration de
Noël [13] dont l’Avent [14]marque le point crucial des étapes chrétiennes conduisant à l’Épiphanie, scène
conclusive de l’Adoration, mettant un terme à ce périple rendant hommage à la Nativité de la Lumière du
Monde [15], suivant une appellation de Saint Jean, qu’il nous soit permis de saluer comme il se doit, et ce
pour la énième fois, cette pause hivernale salvatrice, autant à l’égard de l’humble commun des mortels,
qu’à l’adresse de moult familles hétérogènes peuplant notre globe, pause propice à la méditation, à la
ferveur et au partage, préparant dans une saine émulation, cette veillée étoilée.
Nuit magique aux parfums nostalgiques et reflets d’antan, qui repose sur un paysage en
état de latence, au lent tempo, solennel adagio de l’hiver, annoncé par l’andante mélancolique et gracieux
de l’automne [16], cadre quasi dénudé jusqu’à l’instant opportun où il reverdira, refleurira petit à petit, en
complicité ou en rivalité, habits de feuillus donc, manquant à l’appel, exceptés ceux, naturellement, du
genre sempervirens, florilège de feuillages conservant sa toison irriguée de sève et pigmentée d’émeraude,
de jade, de céladon, de pers…incluant des nuances argentées, sans omettre un bataillon « d’originales »,
essences florales défiant la norme et surtout les intempéries, afin de s’illustrer, les rebelles, par cette
généreuse offrande, et par cette intercession, éveillant en nous la jouissance que suscite leur esthétisme
imprégné de messages sous- jacents, d’une grande complexité.
Comment, dites-moi, pourrions-nous œuvrer, en ces festivités de Noël façonnées d’usages
religieux infusant les mœurs profanes, précédant un cérémonial civil lui aussi détenteur d’historicité, celui
de l’avènement d’un nouvel an baptisé d’après une locution colettienne, de Fête glacée [17] synonyme de
l’ancien rite des Étrennes, tombé en désuétude de nos jours, oui, comment ferions-nous si nous devions
soudainement renoncer à nos chères ramées au langage fécond, ambassadrices de vie, de pérennité
chargées d’une double mission riche de sens : assurer notre « protection spirituelle », tout en éloignant les
mânes de nos défunts venus nous visiter, secondés par les âmes des démons en errance [18]?
Tribu de résineux ou conifères arborant crânement, en continu, de piquantes aiguilles, (du
1er Janvier au 31 Décembre) composée de cyprès, ifs, pins, sapins blancs ou vrais, sapins rouges, mélèzes,
thuyas, séquoias, etc. ...qui vient renforcer la prégnance de notre légendaire Roi des forêts en bonnet
pointu 19 bis, ce fameux épicéa d’autrefois, emblème de nos sapins actuels, ornements fétiches des
maisons qui, dépourvues de son altière silhouette véhiculant une symbolique prééminente ne
proposeraient au regard qu’une bien piètre possibilité de liesse. Il est d’ailleurs notable que notre beau
sapin populaire, n’en est pas moins l’héritier de coutumes chrétiennes dont les Mystères du Moyen-âge [19]
se feront l’écho, se substituant de par ses qualités de vigueur, alors que tout, dans la nature, semble figé,
comme en costume de « demi-deuil », à l’Arbre du Paradis du péché originel d’Adam et Ève, intitulé en
conséquence, Arbre de la Connaissance, Arbre du Bien et du Mal…Figure christique par excellence, d’autre
part, il nous traduit, ce Picea, l’arbre généalogique du Sauveur, cette fleur des fleurs métaphorique de
l’Arbre de Jessé.
Et les foyers de mécréants les plus farouchement réfractaires, hostiles aux récits bibliques,
à de telles croyances, se doutent-ils seulement en l’accueillant chez eux à quelles annales ils font
référence ?
Au début du XXème siècle, un chercheur [20] exalte la signification octroyée à ce géant
sylvestre ; écoutons son témoignage d’homme pieux : Partout l’arbre est regardé comme un symbole de
vie, d’abondance et de prospérité […] Tout éclatant de lumières, tout chargé de jouets et de friandises, cet
arbre merveilleux est pour les cœurs innocents le symbole de celui qui est la Lumière du monde et la source
de tout don céleste…
Scène de l'Adoration des Mages
de Jean Bourdichon (1457ou1459-1521)
Cependant, en concomitance de ces cimes qui s’élèvent vers des sphères que nous ne
pourrions prétendre atteindre, le terreau, même amoindri de rayons fertilisants, n’est pas complètement
démuni, ni encore moins stérile : quelques « tentatrices », ô combien appréciées, restent disposes, en dépit
de l’inclémence saisonnière, et se soumettent à notre loi d’épicuriens avides de profiter d’elles, sobre
pléiade de rameaux de buis, d’olivier, de palme, branches de laurier noble, de houx, de gui, guirlandes et
touffes de lierre (réputées, impérissables, tant elles s’évertuent à s’attacher au support sur lequel elles ont
jeté leur dévolu et qui les nourrit) étoffant de fragiles corolles qui osent braver la froidure pour perdurer à
exister, semblablement aux calices indigènes ou de culture répondant au nom d’amaryllis, camélia,
orchidée, mimosa, bruyère, pensée, ellébore ou rose de Noël, soignés par des mains expertes de jardinier
amateur ou d’horticulteur chevronné, aux côtés de leurs « sœurs » de serres chaudes devenues des
« classiques » de la floriculture tout au long de l’année, telles que roses, lys, œillets, mini arums,
orchidées…
Pensez-vous qu’il soit impossible que certains jardins clos privilégiés, bénéficiant d’une
exposition et d’un microclimat exceptionnels, ne puissent se parer d’inflorescences précoces ? C’est
toutefois la charmante surprise que nous ont réservé des parterres protégés…d’une falaise de tuffeaux
faisant écran aux bourrasques d’Éole [21] et divers méfaits climatiques ; en effet, quel ne fut pas notre
étonnement de voir s’épanouir des bouillées de violettes blanches, de surcroit odoriférantes, à l’heure où
Saint Nicolas distribue ses présents, Viola alba odorata renommée sous la Renaissance pour éclore en Mars,
si l’on en croit un poème d'un certain prieur de Saint-Cosme en l’Isle.[22]
Et si intrépides, les températures en déclin ne vous rebutant guère, vous allez porter vos
pas vers des sentiers bucoliques, au seuil de Février, vous risquez au détour d’un bois, d’une prairie, de
faire la découverte de « galantes » clochettes d’une blancheur immaculée, qui de leurs frêles tiges, fendent
la couche de terre, les ensevelissant jusque là, « perce-neige » révélateur d’une aube nouvelle, nous
incitant à guetter le lever de rideau d’un spectacle agreste, investissant de façon imminente la scène de
nos théâtres de verdure à l’architecture spontanée ou savamment élaborée selon l’inclination de mains
vertes spécialisées.
En attendant, fébriles, d’être éblouis par la représentation de gala du « Renouveau » et de
boire jusqu’à la lie cet air juvénile qu’exhalent la remontée des sèves universelles et le bourgeonnement
de vertes frondaisons, en attendant troublés, de palpiter à l’unisson de mille et un semis de fleurettes à la
douce haleine émaillant prés et taillis, haies et clairières, plaines et vallons…en attendant d’être invités à
assister, de notre loge particulière, à la ronde enchantée et enchanteresse de timides et grêles pétales en
« convalescence », panachant nos enclos privatifs, parcs et jardins botaniques publics de nos cités, bref, de
frissonner et d’être, incontinents, saisis de vertiges devant ce flot ou plutôt cette débauche de semences en
germination, qui, telles de somptueuses bacchantes, éclatent enfin de vie, de splendeur, au grand jour,
dans une symphonie florale idyllique inégalée, rêvons à la blonde Cérès, au rougeoyant Bacchus, qui ont
chacun leurs rangs tenus [23] dans un passé récent, nous régalant de leur magnificence et qui gageons-le,
ferons bientôt de même, à l’horizon de notre espérance dénuée de chimères.
Mais étant donné que pour l’heure, nous ne pouvons nous dérober à la « froide humeur »
hivernale et de son ciel de traine, efforçons-nous de nous accommoder de la situation, en sachant
apprécier la vivacité des fidèles mentionnés au préalable, qui nous assurent de leur indéfectible soutien,
verte brigade [24] extrêmement sollicitée sinon enrôlée pour que nous nous réjouissions, encerclés de sa
plaisante compagnie (censée éloigner le mauvais sort) en l’honneur de cette Feste de la Noël aux effluves
magiques effervescents annonçant la venue du Prince de la Paix.[25]
C’est donc en connaissance de cause, ayant pleinement conscience du tempérament
foncier, du rythme intrinsèque à chaque saison conjugués à d’inlassables recherches historiques ne prenant
jamais fin, que l’on peut à notre humble avis, appréhender un tel sujet (thème aujourd’hui fort galvaudé et
dénaturé par un aspect clinquant commercial…) du moins tenter une approche sans en déflorer ni pervertir
la signification profonde, l’essence cachée qui l’habite, et dont surtout les chroniques séculaires de
naguère, l’ont intentionnellement nanti.
Pénétrées de ce brassage d’idées, d’une telle synthèse de convictions empreintes de
religiosité se répandant au faste séculier, nous, historienne et ornementaliste en « floralisterie » d’art,
dévouées à Flora, cette belle rommaine [26] associées, souhaitons-le, pour le meilleur, sommes animées
d’une prétention : transmettre notre vision de femmes du XXI ème siècle, en engendrant autant que faire se
peut, en ces temps suprêmes de recueillement aboutissant à l’euphorie, quelques instants de délices,
subtilisés à la monotonie du quotidien, à l’Ombre des jours [27], faisant nôtre cette devise de peintre, qui
proclame que :
Le but de l’art c’est la délectation [28]
Quelle fatuité, argumenterez-vous dans votre for-intérieur, que d’aspirer à vouloir créer
chez autrui semblables sensations jubilatoires !
Que nenni ! N’y voyez, s’il vous plaît, nul miroir de suffisance, simplement le désir de
passer notre idéal à travers cette ornementation végétale entrelacée de reproductions en trompe-l’œil et
conçue dans le goût (et selon l’esprit de ce haut lieu) de Natures-Mortes en clair-obscur, nous efforçant de
ne jamais oublier d’intégrer au sein de notre ligne de conduite, l’émotion, puisque à notre sens, isolé de
l’affect, l’intellect ne traduit, en vérité, que le fruit d’un raisonnement froid et dur, de théories dogmatiques
allant à l’encontre de notre vœu, un rien utopique en cette société de plus en plus pragmatique, de faire
affluer une certaine jouissance, invoquant à notre rescousse celle que nous nommons en songe, la félicité,
élément fédérateur de notre engagement qui nous fait nous mouvoir avec « flamme » alimentant le feu de
notre fougue afin qu’il ne s’altère, en adéquation de cette maxime mystique qui préconise qu’ :
Il faut d’abord avoir soif.[29]
Soif d’exulter à la pensée de recevoir une complice de choix illuminant notre
existence d’Hominem cultivant l’étoile filante du plaisir et qui nous fait nous exclamer :
Ô douce volupté, sans qui, dès notre enfance,
Le vivre et le mourir nous deviendraient égaux. 30bis
Réédition de carte postale anglaise sous l'ère victorienne :
Deux anges viennent orner le sapin pendant le sommeil d'une chère tête blonde
rêvant sans doute aux bien beaux joujoux qu'il trouvera sous le roi des forêts...
[1] : Formule de Stéphane Mallarmé, extraite de la pièce Renouveau du recueil Poésies.
[1 bis] Deux premiers vers du poème d’Albert Samain, Hiver issu du recueil Au Jardin De L’Infante.
[2] Sainte Lucie, incarnation de la lumière fêtée le 13 décembre, nous vient de Scandinavie, plus précisément de Suède, pays initiateur
d’abondantes traditions…
[3] Obscurité porteuse d’ombres néfastes ou un tantinet traversée de noirceur puisque selon des légendes de contrées nordiques, les âmes de
nos chers défunts s’y plaisaient à y roder dès les heures déclinantes de la tombée de la nuit.
5 Emprunt à un célèbre rondeau de Charles d’Orléans en hommage au retour du printemps…
6 Allusion au poète précité Charles d’Orléans…
8 Titre d’un Roman d’amour courtois médiéval signé de René Ier d’Anjou dit le bon Roi René cousin du Blésois Charles d’Orléans avec
lequel il rivalisa en joutes poétiques…
[8 bis] Citation de Louis Aragon provenant du poème Il n’y a pas d’amour heureux, recueil La Diane Française
[9] Devise d’Anton Tchekhov…
[10] Poésie de Théophile Gauthier, Lied tiré d’Émaux et Camées.
[11] Allusion à Paul Valéry, auteur de Palme, Recueil Charmes.
[12] Autre citation du poème Palme de Paul Valéry.
[13] Le terme de Noël est une contraction du mot hébreu Emmanuel qui signifie : Dieu avec nous…
[14] L’expression Avent provient du latin, Adventus, locution aux racines profanes traduisant la venue dans le sens de l’avènement.
[16] Deux emprunts de George Sand situés au sein de l’Avant-propos de François Le Champi.
[17] Emprunt à Colette désignant le jour de l’an nouveau pris au cœur de son récit Le Voyage Égoïste.
[18] Une pléiade restreinte de végétaux entourée d’une myriade d’halos lumineux, sont chargées d’un rôle majeur, lors de cette période
sombre de l’année (au summum du manque de lumière durant les fameux douze jours réputés dangereux séparant Noël de l’Épiphanie),
celui d’éloigner les âmes trépassées…
19bis Les sapins en bonnet pointu, premier vers de Guillaume Apollinaire (Alcools) métaphore de ce roi des forêts : l’épicéa.
[19] Donnés sur les parvis des églises, Les « Mystères » médiévaux que nous pouvons considérer comme l’ancêtre de la pièce de théâtre
moderne, avaient pour vocation d’évangéliser les fidèles illettrés par un procédé fort simple ayant recours au geste et surtout à la
parole ; au cours de ces scènes « reconstituant » l’épisode de la Nativité, maints branchages toujours verts ornaient l’extérieur des
édifices précédant en cela le sapin à venir qui se substituerait à ces parures épurées…
[20] Évocation des recherches sacrées de Monseigneur Chabot effectuées sur ce sujet et aboutissant à la publication de son ouvrage de
1912, La Nuit de Noël dans tous les pays.
[21] Le Dieu des vents dans la mythologie grecque, qui gouverne ses bons et ses mauvais sujets.
[22] Allusion à Pierre de Ronsard en charge du Prieuré de Saint-Côme (Tours).
[23] Citation de Jacques Pelletier du Mans, issu de son poème renaissance L’Hyver septième vers exactement introduit de la façon
suivante : Bacchus, Ceres et Venus ont chacun leurs rengs tenuz
[24] Locution médiévale et renaissance désignant de manière positive une troupe ou plutôt noble assemblée de gentilshommes, dans le
sens courtois du terme.
[25] Formule due à Paul Claudel provenant de son poème Chant de Noël. (Source non identifiée)
[26] Citation de François Villon puisée dans sa Ballade des Dames du Temps jadis.
[27] Titre d’un recueil poétique de la poétesse Anna de Noailles.
[28] Allusion au peintre classique Nicolas Poussin.
[29] Axiome de la mystique médiévale Sainte Catherine de Sienne.
[29] bis: Vers de Jean de La Fontaine tirés de son Éloge De la Volupté extrait des Amours de Psyché.
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